Ma muse m’amuse… | ||||||||||||||||||||
1. TORNADE Les innocents petits drôles joignent gentiment leurs mains Et tournent leur ronde folle. Ils sont heureux, les gamins ! Ils mènent ces chers enfants Leur manège émerveillé Et la tendresse du faon Luit dans leurs yeux éveillés. Mais rôdent toujours, immondes, Des pédophiles d'enfer, Ignobles briseurs de rondes Que mille larmes indiffèrent. Et tournent aussi, atroces, Les minutes de silence, Aux enterrements des gosses Dont on viola l'innocence. 2. BRUITS DE BOTTES Escortée par ses chiens, elle marchait, inique ; Ils aboyaient d'un rien et dévoraient l'éthique. Entraînant les traîneurs, elle marchait, altière, Et minait les mineurs dans ses traces guerrières. Elle marchait encore dans les camps, les goulags, Pour faire œuvre de mort, en employant la schlague. Elle marchait, terrible, au but qu'elle ignorait, En aveugle invincible, renversant monts, forêts. Elle marchait en reine : monstre d’Apocalypse, Bête pétrie de haine, du Ciel faisant éclipse. Elle marchait, avide, se distinguant au sacre Des plus grands génocides et de tous les massacres. Elle marchait, canaille, sur les champs de bataille, Décernant des médailles aux morts sous la mitraille. L'humanité marchait sur des tas d'ossements, Voulant sur Dieu cracher sa rage et ses tourments. L'humanité marchait et les bottes marchaient... 3. L'IDIOT Rire comme il vit, Sans cesse et de tout, Vivre comme il rit, Sans gêne et partout. Rire de bon cœur, Rire toujours, rire. Rire du meilleur Et aussi du pire. Rire de ses chaînes, Rire chaque jour. Rire de la haine, Même de l'amour. Rire des rieurs Et de ceux qui crient De tous ceux qui pleurent Et de ceux qui prient. Rire à tue-tête, Rire sans raison, A en perdre tête, En toute saison. Bouffon qui réveille, On te tient pour niais ; Mais toi, sans pareil, Rira le dernier. 4. CLOCHES Les cloches sonnent à toute volée Sur les dos voûtés Des fidèles passifs. Benoît le benêt, le bedeau, Tire, tire, la cloche… La chaisière traîne un sourire radieux Et s'efface à petits pas Devant les fesses des barons. Le prêtre tente une génuflexion, Puis escamote une oraison. Benoît le benêt, le bedeau, Tire, tire, la cloche... Dans un recoin sombre D’une pauvre chapelle Où quelques chandelles vacillent, Fragiles lueurs dans la pénombre, Une cloche en guenilles, Christ humain qui chancelle Au soir de la Cène, Tire, tire, sa peine... 5. BENOÎT... (à la manière de Jacques Brel) Benoît le benêt, le bedeau, Dont les gens bien-pensants Se moquent soi-disant avec gentillesse, A mis son p'tit béret Et s'en va avec ces messieurs ; Car ces messieurs compatissants, Comme c'est Noël, Ont décidé en gloussant D’amener le bedeau puceau Au bordel... Benoît le benêt, le bedeau, A perdu son p'tit béret, l'idiot, Et il fuit désespérément vers la chapelle, Le cœur gros, Les joues baignées de pleurs, Poursuivi par les rires gras De ces messieurs qui le rappellent... Benoît le benêt, le bedeau, Sans son p'tit béret, l'idiot, Balance doucement, Grand et calme, Au son de sa cloche préférée. A ses pieds la masse anonyme Des curieux surexcités S’agglutine... « Nom de Dieu ! dit le curé, Fendant la horde, Alors quoi ? Coupez la corde ! » 6. NATALIS DIES Joyeux Noël ! Crie quelqu'un dans la rue. Un enfant est né, Dans les bas quartiers, Bas morceau, L'enfant du vin ; Un petit cœur qui tremble de peur, De peur d'avoir peur, Car il est né en vain, D’un deuxième lit, D’un deuxième lit de vin. “ Non ! Pas de ça ! Pas de ça chez moi !” Gémit l'ivrogne, livide, Du fond de sa bouteille vide. “ Non ! Pas de ça ! Pas d'enfant comme ça !” Et comme un vieux paquet, Un enfant difforme est jeté, Un enfant de troupe, Un enfant de troupe des litres, Un enfant contrefait est jeté, À travers les cartons sales De la fenêtre sans vitre. Joyeux Noël ! Crie quelqu'un dans la rue. Une loque sanglote. Un enfant n'est plus. Une épave humaine Disparaît entre les flics qui l'emmènent. Un enfant n'est plus. Dans les quartiers vils de la ville, La vie continue... 7. L'ADORATION DES BERGERS Bien avant que les mages à l’Enfant rendent hommage En offrant la myrrhe, l’or, l’encens en témoignage, Les bergers, sur le champ, présentèrent leur fromage, Tandis que sous l’Etoile chantait le chœur des anges... 8. MAL D'AMOUR Satan conduit le bal, le bal des mal-aimés. J'adopte le faciès du soudard en conquête. Les accords déchirants qui me tournent la tête Ajoutent au frisson de tes seins animés. Je rêve que tu veux bien me laisser te toucher ; Mais, belle sans pitié, tu écartes ma main. Et si, heureux hasard, la trompette bouchée Fait rencontrer nos fronts : tu t'enfuis. A demain ! Cupidon se démène. Orphée remue l'enfer. Hercule, déchaîné, lutte contre les dieux. Et tandis qu'en mon corps, brûlant, Bacchus s'affaire, Zeus lance des éclairs à travers tes grands yeux. Que de lambeaux de deuil au roncier de la vie ! L'impassible Destin s'amuse avec les Parques Et le passeur lugubre mène en la triste barque Un fantôme docile à l'air presque ravi. Il faut savoir subir la ténébreuse nuit Où l'être squelettique fouette ses noirs coursiers ; Car malgré la distance et son air émacié, Fidèle au rendez-vous, la Bonne Etoile luit... 9. THEME ASTRAL Sur la carte du ciel se pencha l'astrologue. Le curieux consultant se redressa soudain : Son thème allait parler. Du tyran démagogue montrera-t-il la rage, la haine et le dédain ? « Ainsi, dit l'astrologue, ton chemin est tracé ! Continue ton combat, le fleuve suit son cours. Poursuis cette croisade sans être influencé Par tous ceux qui feront de stériles discours ! Je te connais, pendant, un immense projet. N'attends pas plus, va, fonce, au mépris des dangers, Accomplis ton destin sans aucune vergogne ! » Le mois suivant, Hitler envahit la Pologne... 10. X FILES Sans détaler Ni s’étaler Dans les dédales, Mulder est allé S’atteler À étaler L’identité Des tas D’antithées Létales Dans l'entité De l’Etat laid. 11. CLAIR DE DUNE Un front d'enfant sous la lune. Un peu de vent sur la dune. Un bruissement de ramure. Le doux appel de Nature. Un corps à corps sans combat Entre contrainte et douceur, Et des ébats sans débat Entre regrets et bonheur. Un bruissement de feuillage. Un peu de vent sur la plage. Un peu de sang sur la dune. Une femme sous la lune. 12. DROLE D'OISEAU (Miniconte) Un oisillon doré tomba un jour du ciel aux pieds d'un pauvre hère ; celui-ci lui fit incontinent un nid douillet de son vieux chapeau sale. Les nouveaux amis longèrent le fleuve. Un rayon de soleil caressait l'onde frémissante. Le vagabond s'installa sous l'arche d'un pont. Il se mit en quête d'un endroit confortable et sûr où poser convenablement le salutaire couvre-chef et son précieux contenu. Au cours de ces investigations, il découvrit, à proximité d'un cageot vide, parmi de vieux cartons, un portefeuille ventru. Il le saisit fébrilement, le retourna, ébahi, entre ses mains sales et gonflées ; puis, le souffle court, l'ouvrit : des billets de banque s'échappèrent... Fou de joie, le veinard, laissant là son protégé, s'éloigna en sifflotant. Un peu plus tard, il revint au pont, manifestement ivre après maintes libations ; l'oiseau, inquiet, ne le reconnut point. L'individu, titubant, maugréant, s'avança tout au bord du quai et, par jeu sadique, lança vers le fleuve le vieux chapeau mou. Mais, contre toute attente (ô merveille !), celui-ci s'envola à tire d'aile et disparut dans le soleil… Au bout de trois semaines, le cadavre d’un clochard fut repêché : on ne trouva sur lui qu'un luxueux portefeuille vide… Chaud et confortable mais combien fragile est le nid de l'amitié ! Que de solitude et d'infortune chez l'homme fortuné ! 13. LE LOUP, LA BREBIS ET L'AGNEAU (Miniconte) Au pré l'agneau est sans crainte Auprès de sa mère. Mais le loup, de retour, Rôde alentour… Bouche bée, bêlant, tremblant, Blême et trébuchant, Bébé mouton se blottit dans l'herbe Qui moutonne au vent de la pluie, Puis se couche au couchant. Maman brebis, en éveil, Veille et surveille. Elle s'inquiète, respire, soupire, Enquête, transpire, craignant le pire. Enfin le monstre qui a faim, En quête de nourriture, Montre sa denture. Sous l'empire du pire appétit qui empire, Il s'approche, féroce, La dent dure, Et négocie la chair du cher gosse. Refusant le marché atroce, Maman brebis, À bout de nerfs, réagit. Elle fait face à l'animal Mâle et sanguinaire, Et offre le cuir de sa gorge À l'étau de fer, Donnant ainsi à sa progéniture Le temps de fuir dans la nature. Miraculeux effet de l'amour qui les lie ! "Oh ! L’amour d'une mère, amour que nul n'oublie !"* *ce vers est de Victor Hugo (Les Feuilles d’Automne) 14. SUR LE MONT DU CRANE Un roulement de tonnerre Fuit en l'infini spatial. Le Ciel épouse la Terre Qui offre son lit nuptial. Des cortèges d’autres mondes Défilent en l'air épais, Tordant leurs membres immondes Ensanglantés par l'épée. Une main de feu dévore Le rideau du Temple Saint. Des tombeaux rendent leurs corps : La terre tremble en son sein. Un vieil Eole bouffi Maquille une lune mauve. Et l’Homme du grand défi Crée la nuit sur le mont chauve. 15. DÉPART A LA RETRAITE Or donc voici venue l'échéance attendue ; Période difficile, brutale est la rupture. On se retrouve à nu, en tant qu'individu. Le fruit reste le fruit, même sans épluchure. On vous ôte sur l'heure, d'une lourde carrière, Le corset oppressant comme une camisole. La scène terminée, s'arrêtent là vos rôles. Vous croyez perdre un monde ? Vous gagnez l'univers. Bien sûr il faut subir ce bouleversement, L'accepter, s'adapter et puis reprendre haleine, Parce que tout esclave libéré récemment Eprouve inconsciemment le regret de ses chaînes. L'un s'en va l'autre vient, c'est la règle implacable. Pour vous pas d'illusion : nul n'est indispensable. L'aiguille a fait un tour à l'horloge ironique Et bouclé vos carrières à l'instant fatidique. C'est plus qu'un au revoir : un adieu à demi. Vous laissez des collègues, aussi quelques amis. Mais, chassons la tristesse, pas de mine défaite ! A tous, bonne santé et heureuse retraite ! 16. CORBEAU Croassant aujourd’hui, Le corbeau, a dit : "Je crois que tout le monde croit. Il y a ceux qui croient qu’ils croient Et ceux qui croient qu’ils ne croient pas. Il y a même ceux qui ne croient pas qu’ils croient, Et ceux qui ne croient pas qu’ils ne croient pas. Les croyants savent qu'ils croient, Les athées croient qu'ils savent". 17. APOCALYPSE (À la manière de Jacques Prévert) Ils dirent : « Que notre vérité soit la Vérité ! » Et ils imposèrent leur vérité. Et ils dirent que cela était bon. Ils étaient tous là, assis sur leur nuage confortable. Ils étaient tous là : les puissants, les potentats, Les impotents et les omnipotents, Les majestés, les tristes sires, les altesses, Les saintetés et leurs odeurs, Les éminences et les protubérances, Les excellences, les révérends, Les vénérables et les grand maîtres, Les maîtres étalons et les maîtresses à talons, Les consuls et les consultants, Les prêtres à rire et les maîtres à panser, Les pères blancs et les pervers, Les frères et les confrères, Les docteurs de ceci et de cela, Et même les honoris causa, Les ministres sinistres, les gardes des sots, Les tas de secrétaires d'état, Les grands esprits, les petits génies, Les machiavéliques, les angéliques, Les chantres du politiquement correct, Les tourneurs de langue de bois, Les manipulateurs, les mystiques mystificateurs, Les propagandistes, les désinformateurs, Les démagogues et les pédagogues, Les monarques et les énarques, Les hommes providentiels, les sauveurs, Les pharaons et les nababs, Les sardanapales, les machiavéliques et les talleyrands, Les opportunistes et les fumistes, Les exploiteurs, les esclavagistes, les nihilistes, Les sybarites et les hédonistes, Les libertaires à terre, les tolérants intolérants, Les anars nanars, les républicains monarchistes, Ceux qui vendent des châteaux en Espagne Et vantent des pays de cocagne, Ceux qui font des référendums pour un oui ou pour un non Ceux qui s'enflamment avec la torche olympique Et ceux qui se torchent avec la flamme olympique... Ils étaient tous là : Les réformateurs et les réformés, les informaticiens difformes, Les refondateurs, les bien-fondés et les fondés de pouvoir, Les membres des conseils d'administration Et leurs rejetons de présence, Les self-made-men, les alter ego, les arrivistes et les parvenus, Les banquiers usuriers, les boursiers boursouflés, Ceux qui se perdent en conjectures sur la conjoncture, Les assureurs avec beaucoup d'assurance, Les cupides, les prédateurs, les esclavagistes, Les média et les médiums, Les hypnotiseurs et les endormeurs de tout acabit, Les astrologues désastreux, les devins en vain, Les mages et leurs mirages, les prosélytes du paranormal, Les adulés de frais, les sectateurs sectaires, Les grands prêtres à rire et les dieux du stade, Les dealers et les dopeurs, Les mentors menteurs, Les acolytes alcooliques, Les tabagiques fumeux, Les mafieux fameux, Les maniaques du compromis et du consensus, Les adorateurs du nombril et les contemplateurs de l'anus, Les luxueux et les luxurieux, Les agnostiques hystériques et les cathos scatos, Les call boys et les cow girls, Les faiseurs d'anges et d'idoles, Les créateurs de symboles, Les détourneurs d'obole, Les trafiquants d'influence et d'armes, Les producteurs d'alarmes de crocodile, Les signataires d'accord de désarmement universel Qui arment les terroristes et désarment leurs victimes potentielles, Les géniteurs de génocides, les chefs d'état frères et ta sœur.. Ils étaient tous là : Les pédophiles, les exhibitionnistes, les bourreaux d'enfants, Les maniaques, les paranoïaques et les hypocondriaques, Ceux de l'état nazi et de l'euthanasie, Les familles décomposées et recomposées, Les affameurs et les initiateurs d'épidémies, Les amants de l’amiante, Les marchands de sang et d'hormones empoisonnés, Ceux qui ne se faisaient pas de bile Pour le nuage de Tchernobyl, Ceux qui font manger de la vache enragée Et bouffer de la vache folle, Les responsables non coupables et les coupables irresponsables, Ils étaient tous là : Les incendiaires et les preneurs d'otages, Les prêteurs de serments d'hypocrites, Les doctrinaires et les endoctrinologues, Les esthéticiens et les siliconards, Les psychotrucs et les psychomachins, Les mandarins et leurs mandarines, Les cléments et leurs clémentines, Les hystériques et les dogmatiques, Les cagots et les bigots, les faux dévots, Les odieux au Dieu, Les lanceurs d'anathèmes et d'excommunications, Les djihadistes et leur coranovirus, Les labos laborieux et leurs coronavirus, Les graisseurs de patte, les engraissés et les dégraisseurs, Les combinards, les cumulards, les pistonnés, les planqués, Les philosophes de cour, les intellectuels de salon ; Les créateurs de régimes minceur qui font grossir leurs portefeuilles, Les végètes ariens, Les prêcheurs du dessert, les sableurs du désert, Les associatifs hâtifs, les éducateurs sans éducation, Les profs grincheux, les maîtres à ruban rouge, Les officiers d'honneur qui sont légion, Les donneurs de leçons Et même les formateurs des formateurs d'écoles de formation... Ils étaient tous là : Les lécheurs de bottes, les thuriféraires, Les sycophantes, les courbés jusqu'à terre, Les bélîtres et les bellâtres, Ceux qui branlent du chef, Ceux qui théorisent, ceux qui thésaurisent, ceux qui terrorisent, Ceux qui tranchent dans le vif du sujet à grands coups de machettes, Ceux qui font des effets de manches et les manchettes des journaux, Les papes et les soupapes, Les fifres et les sous-fifres, Les exécuteurs et les exécutants, Les juges des flagrants dénis et les transfuges, Les notaires à terre, les clercs pas clairs, et les avocats caquetants, Les notables et leurs chaises à porteurs, les vénéneux et les vénérables, Les gens « bien », les gens « comme il faut », Les chefs de basses œuvres en péril, les tortionnaires en exil, Les généraux en général, les commissaires à rien, Les états-majeurs, les stratèges de salon, Les rats musclés et les flics musqués, Les idées fixes et les polices parallèles, Ceux qui fichent et s'en fichent Ils étaient tous là : Ceux qui écoutent et n'y entendent rien, Ceux qui pendent, suspendent, stipendient et vilipendent, Les cerbères des cellules de l'Elysée, Les services spécieux et les sévices spéciaux, Les hommes de main, les mains du destin, Les mains dans le sac, les mains sur le cœur, Les serins sereins, les affidés, Les hommes liges et les ligueurs, Les gros bras et les bras droits, Les corps de garde et les gardes du corps, Les reîtres et les traîtres, Les spadassins assassins, Les escarpes et les petites frappes Les brigands et les routiers, Les grandes compagnies en mauvaise compagnie, Les barbouzes, les barbus, les estafiers, Les soudards et les salopards, Les ostrogoths et les saligauds, Les vandales et les que-dalle, Les sbires, les séides, les sicaires, les nervis, Les gorilles et les acolytes de tout acabit ; Les grands capitaines et les petits soldats, Les grands traîtres et les grands prêtres, Les félons et les faux-frères, Les ministères désarmés et leurs déclarations de guère, Les paras ordinaires et les paranormaux, Ceux qui n'ont qu'une parole et trop de mots, Ceux qui n'ont pas de parole mais une langue bien pendue, Les violeurs de traités, les traités de violeurs, Les vrais et les faux-semblants... Ceux qui trouvent des tas de raisons à la raison d'Etat... Ils étaient tous là : Les vampires qui se font du mauvais sang, Les gourous qui crient au loup, Les centristes excentriques et les contorsionnistes, Les tortionnaires et les totalitaires, Les exterminators et les dictateurs de tous bords, Les initiateurs et les exécuteurs Des camps de la mort, du goulag et du laogaï, Ceux qui raflent, rafalent et raffolent de remplir les stades et de vider les places, Les idéalistes, les fanatiques, les politiciens, les démagogues, Ceux qui font des référendums pour un oui ou pour un non, L’ONU et ses résolutions sans solution, L’OTAN en emporte le vent, Les continentaux incontinents et les insulaires insolents, Les indépendantistes dépendants, Les humanistes étrangement xénophobes, Les humanitaires sans droit d'ingérence, Les profanateurs et les inquisiteurs, Les multiples et les pluriels menant des battues aux singuliers... Ils étaient tous là : Les bêtes de somme qui additionnent, Les soustracteurs frauduleux et les diviseurs patentés, Les physiciens faisant la bombe propre et sans dégât, Les gars des gaz et leur horrible alchimie, Les biologistes et toutes leurs cloneries, Les généticiens sans gêne, les sans gêne sans madame, Ceux qui se rient des tueries de bactéries, Les têtes vides, les têtes avides, Les têtes chercheuses et les têtes creuses, Les têtes folles et les têtes molles, Les chercheurs qui ne trouvent rien mais s'en trouvent très bien, Les fossoyeurs de déchets radioactifs, Les requins mazouteurs des mers, Les enfouisseurs de produits chimiques, Les empoisonneurs d'atmosphère, Les surproducteurs à grand renfort de pesticides, D’insecticides et d'engrais toxiques, Les zélateurs de Mammon, les fondeurs de veau d'or, Ceux qui mondialisent et qui globalisent, Les héros, les hérauts, les zorros, les zéros, Les heureux de l'Europe et de l'euro, Ceux par qui l'euro est arrivé, Les escrocs légaux, les tisseurs de réseau, Les groupes de pression et d’influence, Les capitalistes sauvages et les sauvageons des capitales, Les magouilleurs, les spoliateurs, les thésauriseurs, Les épargnants qui n'épargnent personne, Les spéculateurs qui spéculent sur tout sauf sur l'avenir, Les loups de la finance et leurs poils aux pattes Qui hantent des EHPAD "au poil" Les prétentieux, les narcissiques et les autosatisfaits, Les concupiscents et les pissant aux culs des cons... Ils étaient tous là et ils dirent : “ Que le monde soit à notre image ! ”. Et ils firent le monde à leur image. Et ils trouvèrent que cela était bon. Ils créèrent une sphère énorme indispensable et nécessaire. Et sur ce globe ils bâtirent leur monde idéal. Un monde immonde, ignoble, inique, menteur, poussif, Bourré d'idées reçues, de poncifs et de pontifes. Un monde sale, repoussant, exécrable, abominable. Un charnier planétaire, un immense tas de fumier pestilentiel, Une gigantesque poubelle nauséabonde. Un monde avec des jours sans jour et des nuits d'encre, Un air irrespirable, une eau imbuvable, une terre souillée. Un monde inhumain et inhabitable. Un monde pourri. Ils virent tout ce qu'ils avaient fait. Et ils soutinrent que cela était bon... Alors, venue du fin fond de l'univers, Une plume d'ange, éclatante de lumière, S’approcha de la sphère qu'elle frôla. A son contact, incontinent, le globe implosa... C'est ainsi que la planète appelée Terre Quitta le ring solaire, Vaincue par chaos... N.B. Les individus ou les groupes d'individus présentés dans ce récit de fiction sont totalement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes vivantes ou décédées ne serait que le fruit du hasard… comme la plume d’ange ! 18. RONDE (Aux orphelins de policiers) Les innocents petits drôles Joignent gentiment leurs mains Et tournent leur ronde folle. Ils sont heureux, les gamins ! Ils mènent ces chers enfants Leur manège émerveillé Et la tendresse du faon Luit dans leurs yeux éveillés. Mais rôdent toujours, immondes, Monstres dyssociaux, cyniques, D’ignobles briseurs de rondes : Les lâches tueurs de flics. Et tournent aussi, plombées, Les minutes de silence : Bel hommage à ceux tombés Pour le Devoir et la France. 19. UN POLICIER REPOSE (Aux orphelins de policiers) Un policier repose : son âme s'est enfuie. Les yeux fixant le ciel aux nuages de poudre, Un policier repose, son arme dans l'étui, Tel un arbre meurtri, terrassé par la foudre. Que de lambeaux de deuil au roncier de la Vie ! L'impassible Destin s'abouche avec les Parques Et le passeur lugubre mène en la triste barque Le spectre de celui qu'aux siens on a ravi. Le rosier a des fleurs mais aussi des épines. L'homicide jouit du fruit de ses rapines. Si notre Terre aveugle se refuse à punir, Il ne restera plus au Ciel qu'à en finir. Il faut savoir subir la Ténébreuse Nuit Où l'Etre Squelettique fouette ses noirs coursiers. Car malgré la distance et son air émacié Il est en quelque part une Etoile qui luit. Un policier repose, imposant le respect. Drapée de dignité, encadrée de discours, La famille, vidée, ne crie plus au secours. Ci-gît un policier sur l'autel de la Paix. 20. ORPHELIN... (A l'Orphelinat de la Police Nationale) Cierge fragile dont la flamme vacille, Victime innocente de la folie des dieux ou des hommes, Angelot gracile à qui le Sort aveugle a rompu les ailes, Tout au creux de ma dextre, enfant, blottis ta main ! Je veux être et ta mère et ton père : Mère pour consoler, père pour protéger. Etre à la fois le bras qui enlace et la poigne qui rassure, Le bouclier et le glaive, le sucre et le sel. Je veux être le sein qui nourrit, la verge qui corrige, La poitrine qui reçoit, le tuteur qui rend droit, Le miel sur la tartine, le baume sur le cœur Et le phare qui guide au milieu des récifs. Je veux être l'astre de tes jours, la veilleuse de tes nuits, La lampe dissipant les spectres du noir chagrin, L'éclaireur attentif assurant ta démarche : Fier de tes succès, meurtri par tes échecs. Je veux être l'allié indéfectible, Le Cœur hospitalier grand comme une Maison, L'inépuisable manne pour ta faim d'Amour, L'intarissable puits pour ta soif de Vivre, Le mouchoir toujours prêt qui doucement recueille Les larmes amères au coin de ton œil. Je veux être et ton père et ta mère : La tape sur l'épaule et la caresse sur le front. Tout au creux de ma dextre, enfant, blottis ta main ! Si tu n'es pas de moi, tu es devenu MIEN ! Car la poésie est l'étoile Qui mène à Dieu rois et pasteurs. (Victor Hugo, Les rayons et les ombres) La poésie est le miroir brouillé de notre société. Et chaque poète souffle sur ce miroir : son haleine différemment l'embue. (Louis Aragon) Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr. Reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 21/09/2024 |