Benoît XIII

Pietro Francesco Orsini naît le 2 février 1649 à Gravina (Naples) dans une famille célèbre.
En 1667, il est religieux dominicain sous le nom de Vincenzo Maria.
Cardinal à 23 ans, en 1672, par la faveur de Clément X, son parent, il est évêque de Manfredonia en 1675, puis de Cesena en Romagne en 1680. En 1686, il est archevêque de Bénévent.
Elu pape le 29 mai 1724, il choisit le nom de Benoît et, après quelques jours d’hésitation, décide de signer Benoît XIII et non Benoît XIV, ce qui range officiellement parmi les antipapes Benoît XIII son prédécesseur d’Avignon. Il est intronisé le 4 juin.
Vertueux, doux et humble, Benoît XIII garde au Vatican son habit de laine et y fait porter son lit de religieux ; il vit avec la frugalité d’un anachorète et donne aux pauvres tout ce qu’il retranche de ses dépenses ; il défend aux prêtres de se prosterner devant lui, etc.
Il oblige les cardinaux à la résidence.
Il fait fermer les lieux de débauche de Rome et s’efforce de refréner les mauvaises mœurs du clergé. Mais il laissera trop de liberté au vénal cardinal Niccolo Coscia.
Il supprime la loterie dans les États pontificaux.
Il se montre inflexible sur la question des prérogatives du Saint-Siège.
Il se brouille avec la cour de Vienne en élevant des prétentions sur les duchés de Plaisance et de Parme.
Les affaires jansénistes dominent son pontificat : tout en reprenant à son compte les condamnations énoncées par la bulle Unigenitus (1713) de Clément XI, Benoît XIII s’efforce d’écarter l’interprétation excessive qui ferait de ce document une officialisation du molinisme, aussi approuve-t-il l’enseignement des augustino-thomistes sur la grâce efficace et la prédestination.
La déposition par le concile d’Embrun (1727) du plus résolu des adversaires de la bulle Unigenitus, l’évêque de Senez, Soanen, n’est qu’un succès apparent, de même que l’acceptation (1728) de la bulle par le cardinal de Noailles, archevêque de Paris.
Le pape provoque les protestations des gallicans en approuvant, pour le Bréviaire romain, une notice sur Grégoire VII, où les prérogatives pontificales sont catégoriquement énoncées, mais n’en cède pas moins aux prétentions des régaliens en reconnaissant au roi de Sardaigne le droit de désigner les évêques et au roi de Naples celui d’instituer dans son royaume un tribunal des affaires ecclésiastiques.
Benoît meurt le 21 février 1730.

Prophétie de Malachie : Miles in bello (soldat en guerre).


1724. 29 mai, élection du pape ; le nouveau pape, âgé, laissera gouverner le cardinal Coscia (sa scandaleuse vénalité lui vaudra, après la mort de son protecteur, dix ans d’incarcération au Château Saint-Ange). En Syrie, des melkites (ou melchites) s’unissent à l’Eglise romaine ; un patriarche melchite catholique est reconnu par Rome. 16 et 17 juillet, tumulte de Toruń (en allemand Blutgericht = jugement sanglant) : affrontement entre catholiques et protestants qui se conclut par l'exécution du maire et de plusieurs citoyens de la ville de Toruń (en allemand Thorn) par le gouvernement polonais le 7 décembre. 31 août, mort du roi d'Espagne, Louis Ier : son père, Philippe V, qui avait abdiqué le 15 janvier, remonte sur le trône. 14 septembre, Benoît XIII recommande vivement la récitation de l'Angélus. 24 septembre, fondation de la Bourse de Paris. 15 octobre, fondation de l’Eglise d’Utrecht ou Vieille-épiscopale (Eglise Vieille-catholique). 28 novembre, Pierre le Grand, Empereur de toutes les Russies, ordonne la décapitation publique de Willem Mons à Saint-Pétersbourg (Willem Mons est accusé de détournement de fonds et d'abus de confiance, mais le bruit court qu'il a une liaison avec la femme de Pierre le Grand, Catherine, dont il est le secrétaire privé).

1725. 26 janvier, le pape approuve l'institut des Frères des Ecoles Chrétiennes fondé par Jean-Baptiste de la Salle (1651-1719). 6 février, à Saint-Pétersbourg, début du premier voyage du danois Vitus Béring en Sibérie et dans l'océan Pacifique. 8 février (28 janvier du calendrier julien), à Saint-Pétersbourg, mort du tsar Pierre Ier le Grand des suites d’un bain glacé (il avait tenté de sauver un marin de la noyade en janvier) : son épouse Catherine Ire lui succède. 8 avril, en Perse, Mir Mahmoud, pris de démence, est exécuté sur l'ordre de son cousin Ashraf qui s'empare du pouvoir à Ispahan. 30 avril, Philippe V signe le Traité de Vienne avec Charles VI, traité d'alliance austro-espagnole : l'empereur Charles VI renonce à ses prétentions sur l'Espagne aux traités de paix, d'amitié et de commerce de Vienne, négocié par Juan Guillermo Ripperdá ; la main de l'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche est promise à l'infant Don Carlos ; l'Espagne reconnaît la Pragmatique Sanction ; la succession éventuelle du grand-duché de Toscane et du duché de Parme et de Plaisance est concédé à l'infant Don Carlos. 11 mai, Benoît XIII tient le concile de Rome qui confirme la bulle Unigenitus. 24 juin, création de la Grande Loge d’Irlande: le comte de Rosse est élu Grand Maître. 1er août, Capitulation de Tabriz en Azerbaïdjan assiégée depuis le 28 juillet par les Ottomans. 3 août, création de la Ligue de Hanovre entre la France, la Prusse et l’Angleterre. 5 septembre, à Fontainebleau, mariage de Louis XV avec Marie Leszczynska. 5 septembre, les Ottomans s'emparent de la forteresse géorgienne de Lori. 2 décembre, en Inde, Annexion de Mahé par la France. 27 décembre, la Loge maçonnique d'York s'institue Grande Loge d'Angleterre. Giambattista Vico : Principes de la philosophie de l’histoire ; il distingue trois âges dans l’histoire de chaque peuple et de chaque civilisation : l’âge divin, l’âge héroïque et l’âge humain.

1725-1726. Famine en France.

1726. 11 janvier, Charles de La Boische, marquis de Beauharnois, est nommé gouverneur de la Nouvelle-France : il dirige la colonie de 1726 à 1746 et tente de préserver le territoire face aux Anglais ; il mène une politique d'extermination contre la tribu des Renards. 16 et 17 mai, premier synode national (protestant) du Désert tenu clandestinement au fond d'une vallée du Vivarais. Suite à l’arrivée de nobles anglais fuyant les Stuart, création de loges maçonniques en France (200 en 1743) ; celle de Saint-Germain des Prés est l’une des premières à Paris. 15 juin, Louis XV donne la pourpre cardinalice à André Hercule de Fleury (1653-1743) et le nomme ministre d’Etat à la place du duc de Bourbon 1. 6 août (26 juillet du calendrier julien), le Saint-Empire et la Russie concluent à Vienne une alliance contre la Turquie ; la Russie accède au traité de Vienne (1725), signé entre l’empereur Charles VI et l'Espagne, et met 30 000 hommes à la disposition de ses alliés en échange de leur soutien en cas de guerre contre les Ottomans. 9 août, les Provinces-Unies adhérent au traité de Hanovre de 1725. 24 décembre, fondation de Montevideo (actuelle capitale de l'Uruguay) par les Espagnols.

1727. 22 février, l’Espagne met le siège devant Gibraltar : début de la Guerre entre la Grande-Bretagne et l'Espagne pour Gibraltar. 26 juin, Georges II, fils de Georges Ier décédé le 22 juin, monte sur le trône de Grande-Bretagne et d'Irlande. 23 août, Traité de Kiakhta entre la Chine et la Russie : il fixe la frontière entre la Sibérie et les terres chinoises de Mongolie et de Mandchourie et instaure des relations commerciales. En septembre, condamnation et expulsion de l’évêque de Senez, Jean Soanen, sympathisant janséniste, par le concile d’Embrun.

1727-1732. Affaire des Convulsionnaires du cimetière Saint-Médard. Le diacre François Pâris, fervent janséniste, mort en odeur de sainteté en 1727, est enterré dans le cimetière de Saint Médard à Paris. Des foules hystériques s’y précipitent car on raconte que des guérisons se produisent sur sa tombe.

1728. 23 avril, Jean-Jacques Rousseau, 16 ans, qui vient d'abjurer le protestantisme, est baptisé catholique. 24 février, Pierre II de Russie est couronné empereur de Russie ; trop jeune pour régner, il est sous l'autorité de Menchikov, ancien conseiller de Pierre Le Grand. 1er mai, Soulèvement militaire du Terço Velho au Brésil. Les francs-maçons français reconnaissent un grand maître des francs-maçons en France en la personne de Philippe, Duc de Wharton, qui séjourne à Paris et à Lyon de 1728 à 1729, et qui fut en 1723, grand maître de la Grande Loge de Londres ; à Londres, le frère Ephraïm Chambers publie son encyclopédie : Cyclopaedia ou Dictionnaire universel des arts et des sciences.

1729. 4 mai, mort du cardinal de Noailles (Louis Antoine de Noailles fut nommé archevêque de Paris par Louis XIV ; homme pieux et zélé, il fut nommé cardinal en 1700 par Innocent XII ; iI condamna les propositions de Jansénius mais se montra conciliant avec les jansénistes et intransigeants avec leurs adversaires, les jésuites, ce qui provoqua sa disgrâce). 17 juin, à Étrépigny, mort de Jean Meslier, dit le curé Meslier, philosophe matérialiste français 2. Louis XV offre au chapitre de Saint-Jean-de-Latran les revenus de deux prieurés dépendant de l'abbaye de Clairac : en remerciement, les chanoines décident de lui élever un monument (l'œuvre en stuc, marbre, lapis-lazuli et bronze doré est toujours conservée dans la sacristie au-dessus d'une porte de la chapelle Sainte Anne). 30 juillet, fondation de la ville de Baltimore dans le Maryland. 30 octobre, en Corse, Incident de Bustanico : le gouverneur de Corte décide de lever une taxe exceptionnelle alors que l’île subit une crise économique et malgré la décision de Gênes d'arrêter cette levée, ce qui provoque une révolte contre le pouvoir ; avec l’aide militaire française, Gênes croit pouvoir préserver son autorité, mais la République sera contrainte d’abandonner l’île à sa protectrice en 1768. 9 novembre, Traité de Séville entre France, Espagne et Angleterre ; l’Espagne renonce à Gibraltar qui reste aux Anglais.

1730. 30 janvier (19 janvier du calendrier julien), mort du tsar Pierre II de Russie : début du règne de l'impératrice Anna Ivanovna couronnée le 9 mai (28 avril du calendrier julien). 21 février, mort du pape.


Vacance du Saint-Siège jusqu'au pontificat de Clément XII le 12-7-1730

1730. En Arabie, le réformateur Muhammad ibn Abd al-Wahhab prêche contre le culte des saints, les arbres sacrés et le paganisme.


Notes
1 La courtoisie, l’élégance et la sérénité sont les armes efficaces du CARDINAL André Hercule DE FLEURY (1653-1743), ancien élève des jésuites, pour écarter rivaux et jaloux. Aumônier de la reine Marie-Thérèse, il est en 1683 celui du roi. En 1698, il est l’évêque de Fréjus et, en 1714, Louis XIV fait de lui le précepteur de son arrière-petit-fils. En 1726, celui-ci, devenu Louis XV, lui donne la pourpre cardinalice et le nomme ministre d’Etat. C’est aux vertus qui ont permis son ascension que le cardinal a recours pour gouverner la France. Il apaise, à plus de 73 ans, la colère des jansénistes que soutient le Parlement. Il parvient à équilibrer le budget et à stabiliser la monnaie (il laissera cependant le pouvoir fiscal aux fermiers généraux qui le garderont jusqu’à la Révolution). Par l’instauration de la corvée royale, il fait que les routes et les ponts de France soient les mieux entretenus de toute l’Europe. Il met en œuvre une politique de tempérance dans le domaine des relations extérieures, et écarte, en 1737, le secrétaire d’Etat Chauvelin qu’il estime trop belliqueux. Il est convaincu que la paix ne peut que favoriser le commerce. Aussi, avec la complicité du frère du Premier ministre anglais Walpole qui séjourne en France, fait-il tout pour sauvegarder l’alliance de la France et de l’Angleterre. Mais la querelle de succession au trône de Pologne fait basculer la France qui ne peut que vouloir défendre les intérêts du beau-père du roi dans une guerre contre l’Autriche. La paix de Vienne, signée en 1738, lui permet de conforter la place d’arbitre de la France au sein de l’Europe. Mais la mort de l’empereur Charles VI fait à nouveau, en dépit de la volonté du cardinal, plonger la France dans une nouvelle guerre, celle de Succession d’Autriche. Pour n’avoir pu l’empêcher, le cardinal de Fleury meurt de chagrin.
2 Le manuscrit du curé Meslier, connu sous le nom de Testament, diffusé clandestinement à partir de 1735, édité en partie par Voltaire (1762, 1768) puis par d’Holbach (1722), n’est intégralement publié qu’en 1864 à Amsterdam. Il dénonce un ordre social injuste, le fondement de cette injustice étant la propriété. Il élabore un système social fondé sur la communauté des biens.

Sources


Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 08/07/2023

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