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Le gallicanisme est la doctrine religieuse et politique qui tend à affirmer l'indépendance de l'Église de France par rapport à la papauté. On distingue le gallicanisme ecclésiastique, le gallicanisme royal et le gallicanisme parlementaire : - le gallicanisme ecclésiastique estime que les décisions du concile œcuménique prévalent sur l'avis du pape, que ce dernier n'est pas infaillible, et que tous les évêques sont les successeurs des apôtres, - le gallicanisme royal revendique l'indépendance absolue des rois de France par rapport à Rome dans toutes les affaires temporelles, - le gallicanisme parlementaire, plus radical, prône la complète subordination de l'Église française à l'État et, si nécessaire, l'intervention du gouvernement dans les affaires financières et disciplinaires du clergé. Les prémices Charles Martel (v. 688-741) commence à distribuer à ses leudes les terres de l'Église. Au cours de l'hiver 993/994, le roi Robert II (associé au pouvoir par son père le roi Hugues Capet) préside le synode de Chelles au cours duquel Gerbert d'Aurillac (futur pape Sylvestre II), et de nombreux évêques français prennent position pour l'indépendance de l'Eglise de France vis-à-vis de Rome. En juin 995, au concile de Mouzon (Ardennes) présidé par Léon, légat du pape, Gerbert reconnaît la primauté du pape mais affirme que celui-ci n'a pas à intervenir directement dans les affaires de province qui relèvent des conciles provinciaux dont le rôle a été défini par le Concile de Nicée. En 1078, le roi de France, Philippe Ier, s’octroie la régale du chapitre de Notre Dame, privant l’évêque de ses revenus : celui-ci réplique en mettant le diocèse en interdit. Bernard de Clairvaux écrit au pape Eugène III (1145-1153) : « Vous pouvez tout, mais rien ne convient mieux à la puissance que la règle ; vous êtes non pas le seigneur des évêques, mais l'un d'eux. On ferait un monstre du corps humain, si l'on attachait immédiatement à la tête tous ses membres. » Louis IX (saint Louis), roi de France de 1226 à 1270), décide : « Les prélats, patrons et collecteurs de bénéfices, jouiront pleinement de leurs droits, des droits consacrés par le temps et que le pape revendique ; les cathédrales et autres églises du royaume feront librement leurs élections ; le crime de simonie sera banni de tout le royaume ; les promotions et les collations seront faites selon le droit commun et les décrets des conciles ; les exactions intolérables par lesquelles la cour de Rome a misérablement appauvri le royaume cesseront d'avoir lieu, si ce n'est pour d'urgentes nécessités, et du consentement du roi et de l'Église gallicane ; les libertés, franchises, immunités, droits et privilèges accordés par les rois aux églises et aux monastères sont confirmés. » Formulation de la doctrine gallicane La doctrine du gallicanisme est formulée pour la première fois par les légistes de Philippe IV le Bel (1285 à 1314) lesquels, en lutte contre ce qu'ils considérent des abus de la justice spirituelle, justifient l'indépendance du pouvoir temporel par rapport au pouvoir spirituel, d'abord sur le plan judiciaire, ce qui entraîne un conflit aigu entre le roi de France et le pape Boniface VIII, qui, par la bulle Unam Sanctam du 18 novembre 1302, affirme les pleins pouvoirs de l'Eglise, tant sur le plan temporel que sur le plan spirituel : « Il est de nécessité de salut de croire que toute créature humaine est soumise au pontife romain : nous le déclarons, l’énonçons et le définissons. » En 1329, Philippe VI réunit l'assemblée de Vincennes afin d'avoir un avis sur les conflits entre la justice temporelle et la justice spirituelle. Pierre de Cuignières défend la supériorité de la justice du roi dans le domaine temporel de la Couronne. Le 22 mai 1398, à Paris, l'assemblée du clergé se prononce pour la soustraction d'obédience à Benoît XIII et affirme l’indépendance temporelle du roi, la liberté de l’Église gallicane et la supériorité des conciles généraux sur le pape ; la décision est confirmée par l'édit royal du 27 juillet. Le 28 mai 1403, la France restitue son obédience au pape ; Jean de France, duc de Berry, s’oppose en vain à la restitution d’obédience de la France à Benoît XIII, décidée sous l’influence du régent, le jeune Louis d’Orléans, frère du roi. Le 11 septembre 1406, le Parlement de Paris déclare annates, menus et communs services, procurations et autres taxes apostoliques abolis à partir du 27 juillet 1398. Le 14 janvier 1407, l’Église gallicane reconnaît l’autorité du pape au spirituel seulement. Le 18 février, l'Université de Paris, avec l'appui du duc de Bourgogne et du Parlement de Paris, décide une nouvelle soustraction d'obédience temporelle à l'égard de Benoît XIII. En 1408, le concile de Paris édicte des décrets sur le gouvernement de l'Église gallicane. Durant la première moitié du XVe siècle, les Armagnacs, qui soutiennent Jeanne d’Arc, sont partisans des gallicans, les Bourguignons des papistes. Au concile de Constance (1414-1418), Gerson, chancelier de l’Université de Paris, de concert avec les nations, fait un discours montrant la supériorité du concile au-dessus du pape. Le concile affirme par le décret Sacrosancta qu’il tient son pouvoir directement du Christ pour la réforme de l’Église et adopte le décret Frequens instituant que l’Église serait désormais dirigée par des conciles périodiques. Le 7 juillet 1438, Charles VII, poussé par les actions du concile de Bâle, publie, avec l'accord du clergé français réuni à Bourges, la Pragmatique sanction de Bourges. Elle établit certaines libertés au sein de l'Église de France qui entraînent la diminution des pouvoirs du pape et supprime les annates. Elle déclare la suprématie des conciles généraux sur le Saint-Siège. La libre élection des évêques et des abbés par les chapitres et les monastères est rétablie. Par la Pragmatique sanction, Charles VII élargit l'autonomie de la royauté et de l'Église de France par rapport à la papauté. Ses successeurs maintiendront les mêmes principes. Charles VII En 1450, le clergé de France tente de fonder ses libertés en s’appuyant sur une fausse pragmatique attribuée à saint Louis (IX). Sous Louis XI et Charles VIII, il parvient encore à empêcher la conclusion d’un concordat avec Rome. Le 8 janvier 1475 est publiée l'ordonnance de Louis XI stipulant que toute décision du pape doit être approuvée par le roi de France avec d'être présentée au Parlement de Paris pour enregistrement et devenir applicable en France ; le pape Sixte IV la condamne 1. Sous Louis XII, à qui l’appui de l’Église de France est nécessaire pour lutter contre Jules II, l’assemblée du clergé, réunie à Tours en septembre 1510, renouvelle l’affirmation des libertés gallicanes : elle récuse les guerres temporelles du pape contre les princes, autorise les combats royaux et nationaux contre le Vatican, annule toute excommunication pontificale et proclame la supériorité du concile général sur la papauté. Le concile gallican de Pise (Pise 1511 - Milan 1512), convoqué par Louis XII, dépose le pape Jules II pour divers motifs dont la sodomie. Les prélats quittent ensuite Milan et se retirent à Lyon où ils veulent continuer leur concile, mais sans succès. En 1517, ils sont contraints de présenter leurs excuses au pape. Le concordat de 1516 Le concordat de Bologne (18 août 1516), signé entre le pape Léon X et le chancelier Antoine Duprat pour le roi de France, François Ier, met fin à la Pragmatique Sanction de Bourges et tempère le gallicanisme. Il permet la mise en place dans le Royaume de France du régime de la commende : les évêques et abbés ne sont plus élus mais choisis par le roi de France ; après avoir été investis spirituellement par le pape, ils jurent fidélité au roi de France qui leur donne leur charge temporelle. François Ier obtient la suppression des évêchés de Bourg et de Chambéry et l'autorisation de prélever un décime (dixième) sur tous les biens de l'Eglise de France. Le concordat de Bologne, contenu dans la bulle pontificale Primitiva illa ecclesia, sera, jusqu'en 1790, la charte de l'Église gallicane. Le 3 juin 1591, le pape Grégoire XIV renouvelle l’excommunication d'Henri IV qu'il étend à tous ceux qui le soutiendraient : elle a pour effet de rallier au roi bon nombre de catholiques gallicans. L’ancien calviniste Pithou fait paraître, en 1594, ses Libertés de l’Église gallicane, ouvrage dédié à Henri IV. En 1611, Edmond Richer publie son De ecclesiastica et politica potestate libellus dans lequel il donne aux conciles l’autorité ecclésiale suprême et refuse au pouvoir pontifical une origine divine. Richer attribue au souverain le droit de décider si l’organisation de l’Église dans le royaume est conforme aux règles canoniques. Le Libellus est interdit par Rome et les synodes provinciaux. La censure du gallicanisme par le pape Paul V amène en 1614 la déclaration des États généraux (réunis le 27 octobre) affirmant que le roi tient sa couronne de Dieu seul. La même année, le concile de Bordeaux défend aux religieux de confesser sans la permission de l'évêque, malgré les indults qu'ils auraient obtenus de la pénitencerie romaine et refuse l'eucharistie à ceux qui se confesseraient hors de leur diocèse sans autorisation. Considéré comme dangereux par Richelieu, combattu par Mazarin, toléré puis poursuivi par Louis XIV, le jansénisme qui a pénétré en France, en particulier grâce à Jean Duvergier de Hauranne (1581-1643), abbé de Saint-Cyran, est un foyer d'opposition à l'absolutisme de la monarchie et le levain du gallicanisme parlementaire. En 1639, paraît le Traitez des droits et libertés de l’Église gallicane des frères Dupuy. Pierre de Marca, futur archevêque de Toulouse, puis de Paris, publie, en 1641, De concordia sacerdotii et imperii. Il abandonne le conciliarisme, mais maintient l’autorité souveraine des rois de France sur l’Église nationale : cette position devient la doctrine officielle du clergé français sous Louis XIV qui s’oppose violemment à Rome à propos de la régale 2. Un rapport doctrinal de la Sorbonne, établi en 1663, affirme : « Les papes n’ont reçu de Dieu qu’un pouvoir spirituel. Les rois et les princes ne sont soumis dans les choses temporelles à aucune puissance ecclésiastique ; ils ne peuvent donc pas être déposés en vertu du pouvoir des chefs de l’Église et leurs sujets ne peuvent pas être déliés du serment de fidélité. La plénitude de puissance du Siège apostolique est limitée par les décrets de Constance sur l’autorité des conciles généraux qui ont une valeur durable et non pas seulement pour l’époque du schisme. L’usage de la puissance pontificale est réglé par les canons de l’Église ; mais, à côté d’eux, les principes et les coutumes de l’Église gallicane qui existent depuis toujours doivent demeurer en vigueur. Dans les décisions sur les questions de foi, le pape a la part principale, mais sa décision n’est pas irréformable, à moins que n’intervienne le consentement de l’Église. » En 1667, le pape Clément IX condamne le Rituel publié par l’évêque d’Alet-les-Bains (Aude), mais vingt-neuf évêques français n’acceptent pas cette condamnation, estimant qu’ils sont juges en la matière : « Comme les évêques sont les vrais docteurs de l’Église, personne n’a le droit de s’élever contre leur doctrine, à moins qu’ils ne soient tombés dans des erreurs manifestes ». Déclaration des quatre articles Louis XIV a maille à partir avec la papauté ; mais, s'il semble s'incliner à propos de la Régale 2, la Déclaration des quatre articles sur la puissance ecclésiastique et la puissance séculière (votée le 19 mars 1682 par une assemblée générale extraordinaire du clergé de France) que lui-même et l'évêque de Meaux, Jacques Bénigne Bossuet (1627-1704), ont inspirée, reste une des sources du gallicanisme : « 1° Saint Pierre et ses successeurs, vicaires de Jésus-Christ, et toute l'Église même, n'ont reçu de puissance de Dieu que sur les choses spirituelles et qui concernent le salut, et non point sur les choses temporelles et civiles. Les rois et les souverains ne sont donc soumis à aucune puissance ecclésiastique par l'ordre de Dieu dans les choses temporelles. Ils ne peuvent être déposés ni directement ni indirectement par l'autorité des chefs de l'Église ; leurs sujets ne peuvent être dispensés de la soumission et de l'obéissance qu'ils leur doivent, ni absous du serment de fidélité. 2° La plénitude de puissance que le Saint-Siège apostolique et les successeurs de saint Pierre, vicaires de Jésus-Christ, ont sur les choses spirituelles est telle, que néanmoins les décrets du saint concile œcuménique de Constance, contenus dans les sessions IV et V, demeurent dans toute leur force et vertu, et l'Église de France n'approuve pas l'opinion de ceux qui portent atteinte à ces décrets ou qui les affaiblissent en disant que leur autorité n'est pas bien établie, qu'ils ne sont point approuvés ou qu'ils ne regardent que le temps du schisme. 3° Aussi l'usage de la puissance apostolique doit être réglé suivant les canons faits par l'esprit de Dieu et consacrés par le respect général ; les règles, les coutumes et les constitutions reçues dans le royaume et dans l'Église gallicane doivent avoir leur force et leur vertu, et les usages de nos pères demeurer inébranlables ; il est même de la grandeur du Saint-Siège apostolique que les lois et les coutumes établies du consentement de ce siège respectable et des Églises subsistent invariablement. 4° Le pape a la principale part dans les questions de foi ; les décrets regardent toutes les Églises et chacune en particulier ; mais, cependant, son jugement n'est pas irréformable, à moins que le consentement de l'Église n'intervienne. » Le 23 mars 1682, Louis XIV confirme par édit la Déclaration des Quatre articles, qui devient ainsi loi d’État. Le 11 avril 1682, par le Bref Paternae caritati, le pape Innocent XI annule la Déclaration du clergé de France mais se contente de refuser l’investiture aux évêques présents au synode ; le 6 mai, le clergé français réaffirme les libertés de l'Église gallicane après la protestation du pape à la suite de la déclaration du 19 mars. En 1687, Innocent XI excommunie Louis XIV qui a formé l'Église gallicane et fait occuper un quartier de Rome par 600 hommes pour maintenir les franchises ; la lettre sera gardée secrète jusqu'à sa découverte en 1913 dans les archives du Vatican (seul le marquis de Lavardin qui commandait la troupe fut excommunié officiellement). En 1690, Alexandre VIII déclare nulle et sans valeur la Déclaration sur les libertés de l'Église gallicane. Le 7 décembre, il condamne 33 propositions hérétiques, dont la 29e : « Le pouvoir du pontife romain au-dessus du concile, et son infaillibilité dans la décision des questions de foi, est une assertion futile et cent fois réfutée » ; cette proposition condamnée résume la pensée gallicane. En appuyant les évêques jansénistes qui en ont appelé (les appelants) contre la constitution Unigenitus (1713), le Parlement renforce le gallicanisme d'une partie du clergé français. En septembre 1718, Clément XI excommunie, par la bulle Pastoralis Officii, ceux qui refusent la constitution. Benoît XIII (1724-1730) provoque les protestations des gallicans en approuvant, pour le bréviaire romain, une notice sur Grégoire VII, où les prérogatives pontificales sont catégoriquement énoncées, mais n’en céda pas moins aux prétentions des régaliens en reconnaissant au roi de Sardaigne le droit de désigner les évêques, et au roi de Naples celui d’instituer dans son royaume un tribunal des affaires ecclésiastiques. Le 7 septembre 1731, le Parlement de Paris vote une Déclaration de Quatre Articles (cassée ensuite par le Conseil du Roi) qui va jusqu’à prévoir l’annulation des actes de l’autorité épiscopale. En 1736 est publié le bréviaire de l’archevêque Charles de Vintimille, dont les auteurs Vigier, Mésenguy et Coffin sont jansénistes : plusieurs diocèses l’adoptent (Blois, Évreux, Séez) ou s’en inspirent (Toulouse, Tours, Chartres, Vienne) et le Parlement de Paris l’approuve. En 1739, le Missale parisiense de Mésenguy remplace la liturgie romaine dans le diocèse de Paris. Benoît XIV (1740-1758), voyant un étranger qui ne fléchit pas le genou au moment où il donne la bénédiction papale selon l'usage de Rome, s'esclaffe : "Je pense que c'est un Français ; et je l'excuse, en vertu des libertés de l'Église gallicane." Le fébronianisme Clément XIII (1758-1769) défend les jésuites et condamne le fébronianisme, proche du gallicanisme. Le théologien allemand Johann Nikolaus von Hontheim (1701-1790), dit Justinus Febronius, a repris les idées du Belge gallican et janséniste, Zeger Bernard van Espen (1646-1728). Febronius soutient que le pouvoir du pape est limité par les canons conciliaires, qu’il reçoit son pouvoir par délégation des fidèles et que ses décisions n’ont de valeur qu’avec l’approbation de l’épiscopat. Son traité, intitulé De statu Ecclesiae et legitima potestate Romani pontificis, liber singularis ad reuniendos dissidentes in religione christianos compositus, publié en 1763, est mis à l'index en 1764. Finalement, Febronius se rétracte en 1778 et tente de se justifier dans Justini Febronii commentarius in suam retractationem (1781). Le fébronianisme fut un des efforts par lesquels, après le concile de Trente, le conciliarisme et l’épiscopalisme tentèrent de renaître. Le 23 avril 1762, le Parlement de Paris, favorable aux jansénistes, aux gallicans et aux philosophes irréligieux mais hostile aux jésuites antijansénistes et ultramontains, supprime la Compagnie de Jésus perverse, pernicieuse, séditieuse, attentatoire, etc. Louis XV, après des hésitations, finit par approuver, en décembre 1764, la sentence de dissolution ; les jésuites sont expulsés de France. Le 21 juillet 1773, par la bulle Dominus ac Redemptor noster, le pape Clément XIV, sous la pression des cours européennes (notamment des Bourbons) qui jugent l'influence des jésuites trop importante et ne supportent pas leur entier dévouement à la seule autorité du pape, et de celle du clergé (gallican et/ou janséniste) qui leur reproche leur engouement trop ouvertement affiché pour les réformes ecclésiastiques ainsi que leur art subtil de l’inculturation dans les pays de mission (Querelle des rites), prononce l’extinction de la Compagnie de Jésus. Pie VI (1775-1799) tente d'enrayer le fébronianisme. En septembre 1786, Léopold Ier, grand-duc de Toscane, organise un synode à Pistoia. Le synode est condamné par la bulle dogmatique Auctorem fidei de Pie VI car il approuve la réforme religieuse teintée de jansénisme, orientée contre le catholicisme romain et reprenant les idées du fébronianisme. La constitution civile du clergé Le gallicanisme parlementaire inspire, en 1790, la Constitution civile du clergé, qui est condamnée par Pie VI et provoque un schisme dans l'Église de France. Le concordat de 1801 Le 16 juillet 1801 à 2h00 du matin (27 messidor an IX), après de longues heures de discussion, le cardinal Consalvi (pour le pape) signe avec Joseph Bonaparte (pour le Premier Consul) un concordat qui abolit la loi séparant l'Église de l'État. Le pape Pie VII signe le traité le 15 août, Bonaparte le 8 septembre. Le Concordat, convention du 26 messidor an IX (1801), est ratifié par la loi du 13 germinal an X (loi du 8/4/1802 votée le 5). Le concordat de 1817 En 1817, Pie VII refuse d’approuver le nouveau concordat négocié avec les Bourbons restaurés, parce qu’il le juge trop gallican : le concordat de 1801, un moment abrogé par Napoléon (1812), restera en vigueur jusqu’en 1905. Ne revenant pas sur l’attribution des évêchés, le concordat de 1817 maintient le principal grief qui a déjà donné naissance à différents groupes de dissidents : stevenistes (Belgique), enfarinés (Aveyron), blanchardistes (Calvados), filochois (Indre-et-Loire), illuminés (Lot-et-Garonne), fasnieristes (Manche), clémentins (Seine Inférieure), purs (Montpellier), Petite Église (Lyon). Cette dernière dénomination va devenir dominante : la Petite Église compte, aujourd’hui encore, quelques groupes dans la région lyonnaise et dans l’ouest de la France. Sous Charles X, c’est encore le gallicanisme le plus traditionnel qui inspire les ordonnances de 1828 : elles excluent de l’enseignement les congrégations non autorisées, notamment les jésuites, et obligent à nouveau d’enseigner les Quatre Articles de 1682 dans les séminaires où le nombre d’élèves est limité. L’encyclique Mirari vos, publiée par Grégoire XVI, le 15 août 1832, renouvelle les condamnations contre le rationalisme et le gallicanisme, si vigoureusement dénoncés par Lamennais depuis quinze ans. Elle s’en prend au libéralisme sous ses différentes formes, cette maxime fausse et absurde ou plutôt ce délire, selon lequel on doit procurer et garantir à chacun la liberté de conscience, la liberté de la presse, liberté exécrable pour laquelle on n’aura jamais assez d’horreur et dont il est illusoire d’attendre d’heureux résultats, l’excitation à la révolte contre les princes et la séparation de l’Église et de l’État. Le clergé se tourne de plus en plus vers Rome, si bien que, au cours du XIXe siècle, le gallicanisme est remplacé, peu à peu, par l'ultramontanisme. L’encyclique Quanta cura, publiée par Pie IX le 8 décembre 1864, condamne le rationalisme, le gallicanisme, le socialisme, le libéralisme, etc. L'action centralisatrice de ce pape entraîne une réaction néogallicane d'évêques qui tiennent à sauver les libertés et traditions de l'Église en France. Le 25 février 1870, meurt Louis-Jacques-Maurice de Bonald, archevêque de Lyon, qui fut l'un des plus fervents défenseurs de l'ultramontanisme contre le vieux gallicanisme français. Le 18 mai 1880, meurt Louis-Edouard Pie, cardinal de Sainte-Marie-des-Victoires, qui fut l'un des principaux chefs ultramontains du XIXe siècle, défendant la primauté spirituelle et juridictionnelle du pape sur le pouvoir politique, en opposition au gallicanisme. La déclaration de la primauté de juridiction immédiate du pape sur toute l'Église et la proclamation de son infaillibilité par le concile Vatican I (1869-1870) puis la séparation de l'Église et de l'État (1905) mettent fin au gallicanisme. Cependant, le 3 décembre 1883, soutenu par les Vieux catholiques, le prêtre (excommunié) Hyacinthe Loyson obtient par décret du président de la République Française l'autorisation d'ouvrir un lieu de culte au nom de l'Église gallicane (rue d'Arras à Paris). Le 15 février 1916, à Gazinet en Gironde, est déclarée la constitution de l'Association cultuelle Saint-Louis à l'origine de l’Église gallicane dite de Gazinet. Vous pouvez tout, mais rien ne convient mieux à la puissance que la règle ; vous êtes non pas le seigneur des évêques, mais l’un d’eux. On ferait un monstre du corps humain, si l’on attachait immédiatement à la tête tous ses membres. [Bernard de Clairvaux au pape Eugène III (1145-1153)] Il est certain que le souverain pontife peut errer, même dans les choses qui regardent la foi. (Adrien VI, pape de 1522 à 1523) L'Eglise gallicane a été fondée par le sang d'une infinité de martyrs. (Bossuet + 1704) Ce n'est plus de Rome que viennent les empiétements et les usurpations ; le roi est, en réalité, plus le maître de l'Église gallicane que le pape ; l'autorité du roi sur l'Église a passé aux mains des juges séculiers ; les laïques dominent les évêques. (Fénelon + 1715) L'Eglise gallicane se trouva, pour ainsi dire, en naissant, la première des Églises nationales. (Joseph de Maistre + 1821) La congrégation de l'Oratoire fut gallicane, au risque d'entendre dire qu'elle était janséniste. (Charles François Marie de Rémusat + 1875) Notes 1 L'Histoire des Papes et des Saints, n°7, Ed. SENO 2 "La Régale ou droit de régale est l'ensemble des droits que le roi de France avait sur les diocèses catholiques qui temporairement n'avaient pas d'évêque titulaire. On distinguait la "régale temporelle" qui donnait au roi les revenus de l'évêché et la "régale spirituelle" qui permettait au roi de pourvoir pendant la vacance aux bénéfices qui étaient à la collation de l'évêque" (http://fr.wikipedia.org/wiki/Droit_de_r%C3%A9gale). Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 20/05/2024 |