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Gaulois, Galates et autres Celtes
A Grégory

SOMMAIRE

I. Histoire chronologique des Celtes et d'autres peuples 6. Fêtes : Samain, Imbolc, Beltaine, Lughnasad, Yule, Litha, Ostara, Mabon
II. Peuples celtes, langues celtiques, écriture 7. Vie économique. Sciences, techniques et arts
III. La Gaule et les Gaules - Carte de la Gaule 8. Habitat
IV. Civilisation et société gauloises V. Guerre des Gaules
1. Portrait des Gaulois VI. Théonymes (divinités du panthéon gaulois)
2. Vie politique VII. Cités et tribus celtes et autres peuples anciens
3. La famille VIII. Anciens noms de localités ou de lieux
4. Les guerriers IX. Vocabulaire
5. Religion. Druidisme X. Citations


I. HISTOIRE CHRONOLOGIQUE DES CELTES ET D'AUTRES PEUPLES

Celtes, Galates et Gaulois

Le nom grec de Keltoi (Celtes), désignant les peuplades résidant au nord des Alpes, est employé par l’historien Hécatée de Milet (vers -500) et Hérodote (vers -450).


Hérodote

Pausanias le Périégète, géographe et voyageur grec (115-180), rapporte que ces populations se donnaient elles-mêmes ce nom. Il viendrait de l'indo-européen keletos (= rapide) ou kel-kol (= habitant, colon). Les Celtes sont ensuite identifiés aux Hyperboréens 24 mythiques. Les Grecs et les Romains les qualifient de Barbares du Nord.

Le mot Galatai (= Ceux d'ailleurs ou Envahisseurs) apparaît dans la littérature grecque en 279 av. J.C., et Galli (traduction latine de Galatai) apparaît pour la première fois en 168 av. J.-C. dans les Origines de Caton l'Ancien (234 à 149 av. J.-C.), homme politique et écrivain romain.


Caton l'Ancien

Pausanias nous explique que d'après les écrits de Polybe qui a vécu, pour sa part, deux siècles avant l'ère chrétienne, le peuple galate « habite aux extrémités de l'Europe, au bord d'une mer immense (l'océan Atlantique) qu'on ne peut traverser jusqu'à l'autre rive. Pausanias écrit qu'à l'origine, [les Galates] étaient appelés Celtes [Keltoi] aussi bien chez eux que chez d'autres peuples. 25

A partir du Ve siècle av. J.-C., on nomme Gaulois les habitants de la Gaule (ils la nomment Keltiia) un territoire compris entre la Garonne et le Rhin. César et Tacite les considèrent comme des Germains, cependant César est le premier à utiliser le terme de Gallia pour définir l'espace qu'il conquiert pendant sa campagne (de 58 à 51 avant J.-C.). Selon Plutarque (vers 46-120), ils font partie de la race celtique correspondant aux Belges. Timagène, sous le règne d’Auguste (27 av. J.-C. -14 ap.), rapporte une tradition druidique selon laquelle une partie de la population gauloise est indigène tandis que l’autre provient des îles lointaines et des contrées transrhénanes. Au IIe s. ap. J.-C., Dion Cassius traduit Gaulois par Galates et Celtes par Germains.
La Galatie est le nom de la province d'Asie Mineure (Anatolie) où les Celtes fondèrent un royaume.

Les noms Celtes (en grec Keltoi, en latin Celtae) ou Gaulois (en grec Galatai et en latin Galli ou Galatae) désignent le même groupe de peuples dont le berceau serait, selon toute vraisemblance, la région du Haut Danube, la Bavière et l’Autriche, et dont la domination se serait étendue au continent européen. Certains les disent originaires de la région située entre l'Oural et le Caucase.
Leurs dialectes, assez proches des dialectes italiques, présentent suffisamment de similitudes pour que l'on puisse les grouper sous le nom de langues celtiques et les ranger dans la grande famille des langues indo-européennes.

Bien que leur expansion fasse encore l'objet de controverses, il semble toutefois que l'on puisse parler de Celtes dès l'âge du bronze, époque à laquelle ils auraient déjà atteint la Gaule, la Bretagne et l'Ibérie, et que l'on puisse affirmer que certains groupes celtiques ont été porteurs de la civilisation hallstattienne (1 000 à 700 av. J.-C.).
L'expansion historique des groupes celtiques en Occident a coïncidé avec l'apparition de la civilisation de La Tène (deuxième âge du fer, environ 500 avant J.-C.) et a atteint son apogée au IIIe siècle avant J.-C. Leur dynamisme est exceptionnel : leur esprit belliqueux, joint à des impératifs économiques, les entraîne à de multiples migrations.
Par une succession de mouvements tumultueux, coupés d'accalmies, ils essaiment dans toute l'Europe occidentale, de l'Italie aux îles Britanniques et à la péninsule Ibérique, mais aussi dans les Balkans et jusqu'en Russie méridionale et en Asie Mineure (où ils fondent le royaume des Galates en Anatolie). Leur principale résidence reste toutefois la Gaule proprement dite.

Les Celtes représentent la première manifestation dans l'histoire du monde antique de forces civilisatrices issues de l'Europe continentale ; à cet égard, leur rôle peut être comparé à celui des Grecs en Méditerranée et on a pu, assez justement, les surnommer les pères de l’Europe. Mais, à la différence des Romains et des Grecs, les Celtes vivent à l'état tribal, sans véritable structure citadine, du moins jusqu'à la conquête romaine.
Une absence de véritable organisation politique se traduit par une certaine décadence dont Rome profite pour soumettre les Celtes, du IIe siècle avant J.-C. au 1er siècle après J.-C. ; elle est notamment exploitée par César lorsqu'il conquiert la Gaule (58 à 51 av. J.-C.).

Dès les années 1950, J. R. R. Tolkien – professeur de vieil anglais à Oxford – ne voyait dans la notion de peuple celte unique qu’une absurdité, “un sac à malices” et un “crépuscule légendaire”, avant de faire d’eux d’adorables Hobbits. À partir des années 1990, l’anthropologue Malcolm Chapman décréta que les Celtes avaient été inventés “pour combler un vide chronologique”.

Chronologie historique

- Le peuplement des territoires d'Europe occidentale s'est fait par deux principales vagues migratoires successives. La première remontant au début du néolithique vers - 8000, originaire d'Europe centrale, a de toute évidence suivi le sillon du Danube. L'autre, intervenue à l'âge du bronze (entre - 3000 et - 1000 avant notre ère), s'est mélangée avec des populations du pourtour méditerranéen. 25

- une tradition galloise fait remonter l’ère druidique en 2373 avant Jésus-Christ.
- un deuxième système de datation fait remonter l'ère druidique à la bataille de Mag Tured (Irlande), aux alentours de 1870 avant Jésus-Christ.

-entre 2000 et 1700 : les Goidels (ou Gaëls) s'installent dans les îles Britanniques (on a vu en eux une première vague d'expansion celtique, mais certains récusent aujourd'hui cette appartenance). Ils colonisent l'Irlande, puis une de leurs branches, les Scots, occupent l'Ecosse.

-vers 1800-1600 ans avant notre ère : « tombe princière » de l’âge du Bronze armoricain découverte en 2020 à Giberville (Calvados) et contenant un long poignard en bronze, à six rivets, apanage des hommes adultes entre 1950 et 1750 avant notre ère. La tombe du prince de Giberville renvoie sans conteste à la « culture des Tumulus armoricains » que l’on connaît mieux à l’ouest de la péninsule bretonne.

-1600 : IIIe période du bronze. Les Protoceltes (?) de Bohême créent la civilisation d'Unetice et l'industrie européenne du bronze. Ils se différencient des autres Indo-européens occidentaux, les futurs Italiotes, restés longtemps leurs compagnons (groupe italo-celtique), et les Germains. Armement : poignard de bronze triangulaire d'Unetice. Sépultures : guerrier enterré avec ses armes et objets en bronze sous un tumulus atteignant parfois 6 m de hauteur (d'où le nom de civilisation des tumuli).

-entre 1600 et 1300 : les Protoceltes (?), venant des régions entre le Rhin et le Danube, s'infiltrent progressivement dans l’Est et le centre de la Gaule.

-1250 : naissance de la civilisation des Champs d'urnes en Europe centrale. Les gens des champs d'urnes (des Protoceltes ?), venant de l'Est, succèdent aux bâtisseurs de tumulus. Vivant dans des clairières défrichées où il y a peu de place pour les grandes sépultures, ils brûlent les cadavres et mettent leurs cendres dans des urnes regroupées dans des cimetières collectifs hors des villages ; plus tard, ils reprendront l'usage des tumuli pour les chefs.

-1200 : apparition des premiers champs d'urnes en Allemagne du Sud et dans l’Est de la France. Voir Belges.

Vers -1000 : la culture celtique naît le long du fleuve Danube supérieur, en Europe centrale. Plutôt qu’un seul peuple unifié, les Celtes sont un mélange de peuples : de nombreux historiens pensent qu’ils partageaient des systèmes de croyance et une même langue (dont certaines versions sont encore parlées en Europe de l’Ouest).

-1000 à -700 : les Celtes de l'Allemagne du Sud créent la civilisation du fer, dite de Hallstatt [bourgade proche de Salzbourg (Autriche) ; nécropole de tumuli (-1000 à -500) découverte en 1846 par un ingénieur des salines, Georges Ramsauer] ; grande épée de fer de Hallstatt I ; sépulture de Hochdorf en Allemagne ; tombeau de la princesse de Vix en Côte d’Or. Ils utilisent le minerai en Bohême, Bavière, Autriche. Ils exploitent les mines de sel en Autriche.

-950 : les Celtes chassent les Ligures d'Allemagne de l'Ouest.

-800 : les Celtes chassent les Ligures de l'Est de la France ; en Lorraine, ils exploitent les mines de sel. Ils franchissent la Manche pour occuper les Iles Britanniques.

-753, 21 avril : date mythique de la fondation de Rome à l'emplacement du mont Palatin sur le Tibre par Romulus.

Vers -700/-600 : réapparition des inhumations sous tumulus, multiplication de petits oppida.

-700 : une partie des Celtes traverse la France ligure d'Est en Ouest et fonde l'Espagne celtique (civilisation hispano-hallstattienne de Galice).

Après -700 : épée courte, de Hallstatt II ; mors de cheval en fer.

Entre -700 et -500 : les Celtes se fixent entre la Seine et la Garonne.

-650 (vers) : les Bretons envahissent l’Ile de Bretagne qui prend leur nom.

-600 : les Celtes exploitent les mines de fer du Centre qui s'ajoutent à celles de Lorraine et de Bourgogne. Des Ibères en Aquitaine ? Des Grecs, chassés de Phocée (Asie Mineure), fondent Massalia (Marseille) ; en -565 ils fondent Aléria en Corse.

-550 : le Gaulois Bellovèse franchit les Alpes et s’installe dans la vallée du Pô (Gaule cisalpine).

-540 : en Corse, bataille navale au large du port d’Alalia, l’actuelle Aleria, opposant les Étrusques et leurs alliés Carthaginois aux Phocéens qui y ont établi un comptoir commercial en -565. Défaits par la coalition étrusque et carthaginoise, les Phocéens quittent la Corse en direction de ce que l'on appelle la Grande Grèce, soit le sud de l'Italie où ils fondent la cité antique d’Elée, au sud de Naples, près du golfe de Salerne.

-539 : le 12 octobre, Babylone tombe aux mains des perses de Cyrus, elle ne s’en relèvera jamais.

Vers -500 : l’historien Hécatée de Milet est le premier à mentionner l'existence des Celtes en indiquant que Narbonne est une ville celte alors que la colonie grecque de Massalia (Marseille) est une ville de la Ligurie, près de la Celtique.

-500 à -400 : les Celtes occupent la Gaule au nord d'une ligne Carcassonne/Genève.

Vers -475, au deuxième âge du Fer, les Celtes fondent la civilisation de La Tène ou laténienne (nom d’un village entre les lacs de Bienne et de Neuchâtel en Suisse ; site découvert en 1856 par le colonel Friedrich Schwab et fouillé en 1881 par Emil Vouga : on y a trouvé les premières tombes contenant des chars à 2 roues). Architecture : lieux cultuels et maisons en majorité en bois et terre [exceptionnellement en pierre à Entremont et Glanum (en Provence) ; en os humains à Ribemont-sur-Ancre (Somme)] ; Gournay-sur-Aronde (Oise), fossé rempli de 3 000 os d'animaux et de 2 000 armes volontairement tordues ou cassées. Armement : char de combat et casque. Art gaulois ancien : reproduction d'animaux.

Vers -450/445 : Hérodote (v. 484-425 av. J.-C.), dit, dans l'un de ses Commentaires, que le Danube prend sa source dans le pays des Celtes près de la ville de Pyréné. Selon Hérodote, les Celtes habitent les régions qui vont des Colonnes d'Hercule jusqu'au Danube, c'est-à-dire de la péninsule Ibérique à la Roumanie en passant par la France, la Belgique, le nord de l'Italie, le sud de l'Allemagne, la Bohême, la Moravie, la Slovaquie, la Slovénie, l'Autriche (traditionnellement reconnue comme étant la région d'origine des Celtes du Hallstatt) où la présence de populations à caractère celtique est attestée, et la Hongrie.

-400 (vers) : Les Belges (au Nord du Main en Allemagne), poussés par des tribus germaniques, émigrent sur la rive gauche du Rhin. Au sud du Main, les Celtes construisent des forteresses et résistent aux Germains jusqu’en 113 av. J.-C.

-400 : Marseille la phocéenne est attaquée par le chef Catumandus (nom celtique caractérisé).

-396 : Dictature de Marcus Furius Camillus (Camille) qui prend la cité étrusque de Véies. Apparition des Gaulois aux confins de l'Etrurie. D’après Tite-Live, le mythique Ambigatus (Roi suprême), chef des Bituriges (Rois du monde), envoie ses deux neveux, Ségovèse et Bellovèse, à la conquête de la forêt hercynienne et de l'Italie du Nord, où sera fondée la ville de Mediolanum (Milan).

-391 : exil de Camille par la plèbe qui lui reproche une trop grande rigueur dans le partage du butin.

-390 : les Sénons assiègent Chiusi (Étrurie).

-387 : 18 juillet, défaite des armées romaines face aux Sénons (qui ont envahi l’Etrurie) sur les bords de l'Allia, affluent du Tibre (la date est instituée jour néfaste).

-386 : Prise de Rome (Tite-Live donne la date de -390, les Grecs celle de -386 ; on n'a trouvé aucune trace archéologique de destructions correspondant à la période). Brennos [Brennos désigne chez les Gaulois le "chef des guerriers" ; forme latine Brennus, forme gauloise Brennos], chef des Celtes Sénons, après avoir vaincu les Romains sur les rives de l'Allia, un affluent du Tibre, entre dans Rome. Après avoir massacré les sénateurs, les Gaulois pillent la ville sauf le capitole alerté par les cris des oies sacrés ; on pense généralement que cette histoire a été inventée de toutes pièces par les Romains désireux d'effacer la honte subie et de redorer l'image de l'armée romaine et que la garnison romaine, commandée par le consul Marcus Manlius, arrêta les assaillants à demi-hauteur et les rejeta au pied de la colline. Après 7 mois de siège, le sénat décide d'acheter le départ des envahisseurs. Brennos accepte une rançon de 1 000 livres pesant d'or [environ 325 kg. Le tribun militaire Quintus Sulpicius est chargé d'exécuter le marché, mais, raconte Tite-Live (Hist. rom., V, 48), les poids apportés par les Gaulois sont faux et, comme le tribun les refuse, le Gaulois a l'insolence d'ajouter aux poids son épée en s'écriant : "Vae victis !" (Malheur aux vaincus !) [.] Soudain, Camille les prend à revers et les taille en pièces au point que le sang gaulois, coulant à flots, efface les traces de l'incendie]. Tite-Live rapporte un second combat (« plus régulier » selon ses propres dires) remporté par Camille sur le chemin de Gabies. Pour Strabon et Polybe, les Gaulois quittent Rome avec la rançon, et sont défaits en Étrurie par l'armée de Caeré, qui restitue la rançon aux Romains. Suétone garde le souvenir d'une tradition plus ancienne revendiquée par la famille des Livii Drusi : il affirme que les Gaulois sont partis avec la rançon qui n'aurait été récupérée que près d'un siècle plus tard, par le propréteur de Gaule cisalpine Drusus, lors de la campagne contre les Sénons menée par Publius Cornelius Dolabella en 283 av. J.-C.

-369-368 : des mercenaires celtes à la solde de Denys l’Ancien de Syracuse combattent en Grèce pour secourir les Spartiates.

-368 : Camille repousse une incursion gauloise dans le Latium.

-365 : descente gauloise dans la vallée du Tibre et en Apulie ; victoire de Camille sur les Gaulois.

-361 : nouvelle incursion gauloise près de Rome.

-358 : renouvellement du traité d’alliance entre Romains, Latins et Herniques contre le danger gaulois.

-350/-349 : une incursion des Gaulois dans la vallée du Tibre, en Campanie et en Apulie en territoire romain est repoussée : défaite gauloise dans le Latium face à Popillius Lenas et dans le Pontine face à Camille.

-335 : Alexandre le Grand reçoit une ambassade celtique au cours de sa campagne sur le Danube ; vers cette même date, paix de 30 ans entre les Gaulois et Rome.

-331 : 1er octobre, Alexandre bat les Perses à Gaugamèles.

-324 : des ambassadeurs celtiques rejoignent Alexandre (+ 323) à Babylone.

-310 : des milliers de guerriers celtes, menés par le chef Molistomos, envahissent l'Illyrie et en chassent les Antariates qui se réfugient chez le roi Cassandre de Macédoine (fondateur de Thessalonique vers 315/316 av. J.-C.).

-307 : Agathocle de Syracuse entraîne en Afrique des mercenaires celtes.

-300 : les Belges descendent la vallée du Rhône, jusqu’au voisinage de Marseille. Nouvelles incursions celtes en Italie du nord.

-298 : expédition celtique en Thrace : les Celtes sont battus dans les montagnes de l’Haemus (ou Hémus) par Cassandre, le roi de Macédoine.

-295 : les Gaulois (avec, dit-on, 1 000 chars) sont battus par les Romains à Sentinum (dans les Marches, près de l'actuelle ville de Sassoferrato).

-283 : Britomar, chef des Senons, s'allie aux Etrusques, écrase l'armée romaine sous les murs de la ville d'Arretium (Arezzo) et fait égorger les députés romains venus en délégation. Victoire des Romains sur les Étrusques et les Gaulois au Lac Vadimon ; les légions du consul Dolabella ravagent le pays des Senons [Sena Gallica (Senigallia) est fondée sur leur territoire] et les pays des autres Gaulois d'Italie, faisant prisonniers les femmes et les enfants qui seront revendus comme esclaves.

-280 : Trois groupes de Celtes marchent successivement sur les Balkans : les Celtes de Kerethrios envahissent le territoire des Triballes et la Thrace, ceux de Bolgios (ou Belgios) l’Illyrie et la Macédoine, les troupes de Brennos (Brennus est la forme latine, Brennos la forme celte ; le mot signifie chef de guerre) et Akichorios la Péonie.

-279 : En février, le roi de Macédoine, Ptolémée Kéraunos, est tué en luttant contre les Galates de Bolgios qui ont envahi les Balkans 1. Un corps d'armée celtique (20 000 hommes) conduit par le chef Brennos atteint la Thessalie, la Grèce et Delphes. Brennos, blessé, se suicide. Les Celtes envahissent l'Étolie de l'est et prennent Kallion qu'ils détruisent, avant d'être repoussés et écrasés par les Étoliens.
Début du système de datation druidique appelé Ere de Belgios & Brennos.

-277 : défaite des Galates à proximité de la péninsule de Gallipoli par Antigonos Gonatas. Une partie des Galates fonde en Thrace, à l’est de la Maritza, le royaume de Tylis (capitale Tylé) dont le premier roi est Comontorios (dernier : Cavaros). Les Scordisques (confédération de Celtes, Pannoniens et Illyriens) s'établissent entre la Save et le Danube : fondation de Belgrade (Singidunum). Une seconde partie des Galates (Tolistobogioi, Tectosages et Trocmoi) s’établit en Asie Mineure.

-277/-276 : révolte des mercenaires celtes au service de Ptolémée II Philadelphe d'Egypte.

-275 : victoire d'Antiochos Soter Ier de Syrie, roi des Séleucides, sur les Galates auxquels il concède un territoire qui prendra le nom de Galatie.

-274 : des mercenaires celtiques font partie de l'armée d'Antigonos Gonatas (roi de Macédoine) battue par Pyrrhus (roi d’Epire) qui a également des Celtes dans son armée.

-270 : nouvelle victoire d'Antiochos sur les Galates.

-268 : fondation d'Ariminum (Rimini), porte romaine sur la Cisalpine.

-265 : révolte de mercenaires celtes à Mégare.

-262 : les Carthaginois recrutent des Celtes pour leur armée de Sicile.

-250 :
- Nouvelles incursions celtes en Italie. Les Belges conquièrent le sud du Massif central et le Languedoc : Volques (Tectosages de Toulouse, Arecomices de Nîmes).
- début de la période climatique chaude qui durera jusqu'en 400. Elle favorise le peuplement, le trafic et l’économie.

-241 : défaite infligée aux Galates par Attale Ier de Pergame (suivie par d'autres victoires entre 240-232). Victoire décisive de Rome sur Carthage à la bataille des Îles Égades. Traité entre Rome et Hamilcar : fin de la Ière guerre punique et annexion de la Sicile par Rome.

-241/-237 : à Carthage, grande révolte des mercenaires, surtout des Celtes, commandés par Autaritos.

-238 : At et Gall, chefs boïens, tentent de soulever contre Rome les peuples gaulois des Alpes. Troubles intérieurs chez les Boïens cisalpins après un appel à l'aide aux Transalpins.

-232 : Lex Flaminia (partage du territoire sénon). Nouvel appel des Boïens aux Transalpins.

-227 : le débarquement des armées romaines en Sardaigne provoque la colère de Carthage. Le chef celte Kommontorios bat les Thraces et s'installe près de Byzance qui doit lui payer un tribut de 80 talents par an.

-227/-226 : un tremblement de terre détruit le colosse de Rhodes (merveille du monde) ainsi qu'une grande partie de la ville de Rhodes.

-225 : l'armée coalisée des Taurins, Lingons, Boïens, Gésates, Anamans et Insubres (20 000 guerriers), conduite par les chefs Concolitan, Anéroeste et Britomar (Concolitanus, Aneoestus et Britomartus), passe les Alpes et entre en Étrurie [les Gaesati combattent nus (on sait que quelques peuples gaulois ôtaient leurs vêtements pour combattre), les Insubres et les Boïi sont vêtus de braies et de saies]. Les Romains sont vaincus à Clusium. Les Celtes sont battus à Télamon par le consul Aemilius Papus : Anéroeste se tranche la gorge, Concolitan, fait prisonnier, est exécuté à Rome.

-224 : campagne des Romains chez les Boïens et les Lingons. 1 000 Galates figurent dans l’armée d’Antigone, roi de Macédoine.

-223 : tentative romaine de franchir le Pô.

-222 : Bataille de Clastidium : victoire romaine sur les Insubres, les Boïens et les Gésates, commandés par le roi des Gésates : Viridomarus. Celui-ci est tué en combat singulier par le consul Claudius Marcellus ; prise de Milan ; traité de paix ; fondation de Placentia (Piacenza) et Cremona.

-221 : assassinat d'Hasdrubal Barca : son neveu HANNIBAL BARCA (en phénicien, le prénom Hanni-baal signifie qui a la faveur du dieu Baal et le nom Barca = foudre), né en 247 av. J.-C. à Carthage, prend la tête de l'armée carthaginoise.

-220 : Indortés, chef des Celtibères Celtici, lève une armée de 50 000 hommes, mais ne parvient pas à battre les Carthaginois (il est fait prisonnier et crucifié). Achèvement de la Via Flaminia (Rome-Fano-Rimini). Des Tectosages servent dans l’armée d’Antiochus III, roi de Syrie.

-220/-219 : Kauaros de Tylis sert de médiateur entre Byzance (qui lui payait un lourd tribut) et Prusias de Bithynie, allié à Rhodes.

-219 : HANNIBAL prend Sagonte, ville ibérique contrôlée par Rome.

-218 : des Celtes de Thrace, nommés Aigysages, passent en Asie Mineure sur l'invitation d'Attale Ier, roi de Pergame. HANNIBAL, à la tête d’une armée composée de 70 000 fantassins (dont les fameux frondeurs de Majorque), de 8 000 cavaliers et de 52 éléphants, franchit le Rhône sur des radeaux le 25 août à la hauteur de Caderousse (près d'Orange), passe les Alpes par le Col de la Traversette et pénètre en Cisalpine. Après le passage des Alpes (1 000 morts par jour), il ne reste à Hannibal que 37 000 soldats, surtout espagnols et africains et 37 éléphants qui seront décimés par le séjour dans les marais de Toscane, alors que l’armée se repose avant de mener l’assaut sur Rome ; le dernier éléphant survivant sera la monture personnelle de Hannibal (selon Yann Le Bohec, spécialiste d'histoire militaire romaine). Hannibal, auquel se sont joints les Gaulois cisalpins, remporte la victoire sur Scipion au Tessin (novembre/décembre) et à la Trébie (21/22 décembre).

-217 : 21 juin, victoire au lac Trasimène (Etrurie) d'HANNIBAL (10 000 cavaliers et 40 000 fantassins dont 25 000 Gaulois, notamment des Volques, qui servent comme mercenaires dans son armée.

-216 : 2 août, dans le sud de l’Italie, Bataille de CannesHANNIBAL (10 000 cavaliers et 40 000 fantassins) anéantit 45 000 soldats romains sur 80 000 et en capture 15 000 (la plus grande défaite romaine). Le général carthaginois n’a perdu que 6 000 hommes dont 4 000 Gaulois. Hannibal va aux portes de Rome, il regarde la ville mais ne met pas le siège, estimant la ville imprenable ; il préfère attendre que Rome se soumette. Capoue se rallie à Hannibal. Des cavaliers galates font partie de l’armée de Philippe V de Macédoine, allié à Hannibal. Les Aigysages révoltés s'installent sur la rive asiatique de l'Hellespont et sont battue par Prusias de Bithynie.

-215 : les Romains assiègent Syracuse.

-214 : les Romains reprennent Sagonte.

-213 : fin probable du prétendu royaume de Tylis en Thrace. HANNIBAL prend Tarente.

-212 : mise à sac de la ville de Syracuse, en Sicile, par les Romains du consul Claudius Marcellus, après un siège de 3 ans (le savant Archimède est tué).

-211 : les Romains reprennent Capoue où HANNIBAL a attendu en vain des renforts d’Afrique. Hannibal lance un raid sur Rome qui s’affole [Hannibal ad portas est = Hannibal est à nos portes] et s'empresse de renforcer ses murailles, mais les Carthaginois sont épuisés et manquent de machines de siège. Dans la péninsule Ibérique, le général Publius Cornelius Scipio assiège Carthagène, place forte vitale pour le camp punique.

-210 : les Romains reprennent Capoue.

-209 : Publius Cornelius Scipio prend Carthagène. Les Romains reprennent Tarente.

-208 : Scipion bat Hasdrubal Barca (frère d'Hannibal) à Baecula. HANNIBAL est battu par les armées romaines à Salapia.

-207 : Hasdrubal parvient presque à soulever toute la Gaule contre Rome, mais, le 23 juin, il est battu, sur les bords du lac Métaure, avec ses alliés gaulois, par les consuls Livius Salinator et Claudius Néron, et est tué. Les Romains battent HANNIBAL à Grumentum.

-205 : fin de la conquête romaine de l'Espagne.

-204 : le consul Publius Cornelius Scipio s’installe près d’Utique et s’allie avec le roi numide Massinissa.

-203 : HANNIBAL est rappelé à Carthage encerclée.

-202 : 29 octobre, près de Zama (Numidie), victoire définitive du consul romain, Scipion l’Africain (Publius Cornelius Scipio), et de ses nouveaux alliés, les cavaliers numides, sur HANNIBAL dont il a refusé la proposition de paix.

-201 : Traité de paix entre Carthage et Rome : fin de la IIème guerre punique.

-200 : Les Cénomans, les Ligures, les Boïens et les Insubres, soulevés par Hamilcar, s'emparent de Placentia et Cremona. Hamilcar est battu devant Crémone.

-197 : soumission des Cénomans.

-196 : soumission des Insubres. Les Insubres s'allient aux Romains pour attaquer les Boïens de Bologne.

-195 : exil d'HANNIBAL.

-194 : défaite des Boïens et des Insubres, soutenus par des isolés carthaginois, dans 2 batailles à proximité de Mediolanum (Milan).

-192 : soumission des Gaulois de la plaine du Pô.

-191 : soumission des Boïens dont une partie a repassé les Alpes.

-189/-188 : les Galates sont vaincus par le consul romain Manlius Vulso, la Galatie est conquise par Rome. Fondation de la colonie latine de Bononia (Bologna).

-187 : achèvement de la Via Aemilia (de Rimini à Piacenza).

-186 : les Carni apparaissent au nord de la Vénétie.

-186-185 : un corps gaulois participe en Egypte au siège d'Abydos par les Lagides.

-183 : fondation des colonies romaines de Mutina (Modène) et Parma sur la Via Aemilia. Intervention romaine contre les Carni. Menacé d'être livré aux Romains par le roi Prusias II de Pergame qui le trahit, HANNIBAL l’exilé se donne la mort en s'empoisonnant à Libyssa sur la côte orientale de la mer de Marmara (près de Bursa en Turquie actuelle) ; l'année exacte de sa mort reste imprécise : -183, -182 ou -181.

-181 : fondation d'une colonie romaine à Aquileia (Aquilée dans la région du Frioul-Vénétie julienne en Italie). Les Marseillais appellent à l’aide les Romains pour lutter contre la piraterie ligure qui sévit dans la région de Nice.

-179 : dernière descente des Transalpins en Italie.

-178/-177 : conquête de l'Istrie par les Romains.

-171 : entrée des Romains en Illyrie.

-166 : soulèvement réprimé des Galates contre la tutelle de Pergame.

-154 : Les Ligures assiègent Nice. Première expédition romaine (Marseille les a appelés à l'aide) contre les Salyens, Déciates et Oxybiens celto-ligures : les tribus de la côte sont battues par l'armée de Quintus Opimius dans la région d’Antibes.

-150 : révolte des Lusitani (partie de l'actuel Portugal au sud du Douro et la région de l'Extremadura de l'Espagne actuelle) : le propréteur d'Hispanie ultérieure Galba et le proconsul Lucullus prennent les Lusitaniens révoltés en tenaille ; les Lusitaniens demandent la paix ; Galba accepte de traiter, propose à leurs chefs de nouvelles terres, et quand ils ont accepté, les dispersent en trois groupes pour qu'ils s'y établissent ; mais ses légionnaires massacrent traîtreusement 9 000 Lusitaniens désarmés et en réduisent 20 000 en esclavage ; un berger, Viriate (Viriathe, Viriatus, Viriathus ou Viriato), qui a échappé au massacre, prendra ta tête de la révolte à partir de 147

-149 : Le Sénat romain déclare la guerre à Carthage.

-147 : Le préteur d'Hispanie ultérieure Caius Vetilius, à la tête de dix mille fantassins et treize cents cavaliers, est battu et tué à Tribola, au sud d'Osuna, en Turdétanie.

-146 : mars ou avril, après un siège de 3 ans, la cité de Carthage est rasée par Scipion Emilien (fils adoptif d'un fils de Scipion l'Africain) : fin de la 3ème guerre punique.
Le préteur d'Hispanie Caius Plautius, à la tête de dix mille hommes d'infanterie et treize cents chevaux, est battu à son tour par les Lusitaniens ; Plautius rattrape Viriathe mais est de nouveau battu et se réfugie vers le sud pour prendre ses quartiers d'hiver en plein été. Viriathe s'empare de Segóbriga par ruse ; il bat la même année le gouverneur d'Hispanie citérieure, Claudius Unimanus.

-143 : Le préteur Laelius (ou Nigidius) est envoyé en Hispanie citérieure, le préteur Quinctius en Hispanie ultérieure où il obtient quelques succès contre les Lusitaniens révoltés, mais Viriathe envahit la Bastétanie (région de Grenade) et Quinctius doit se retirer à Corduba ; le consul Metellus arrive en Citérieure avec 30 000 hommes pour combattre le soulèvement des Celtibères, encouragés par les succès de Viriathe ; il prend Contrebia, Nertobriga et Centobriga dans la vallée du Jalón pour isoler Numance.

-142 : Le consul Servilianus est envoyé en Hispanie ultérieure pour lutter contre Viriathe avec 18 000 fantassins et 1 600 cavaliers ; il échoue à chasser Viriathe de Tucci (Martos), après que six mille Lusitaniens aient attaqué une de ses colonnes ; il se retire, reçoit le renfort de 300 cavaliers numides et de dix éléphants et après avoir construit un camp fortifié, inflige une défaite aux Lusitaniens.
En juillet, Guerre de Numance : le proconsul Metellus combat les Vaccéens dans la vallée du Duero et détruit leur récoltes pour les empêcher de fournir du ravitaillement aux habitants de Numance. En août : Metellus attaque Numance et la ville voisine de Termentia, sans pourvoir mener à bien ce double siège.

-141 : Quintus Pompeius est envoyé en Hispanie citérieure pour relever le proconsul Metellus dans la guerre en Celtibérie. Il prend Termentia (Tiermes) et Lagni (près d'Almazán), mais échoue devant Numance.
Guerre lusitanienne : le proconcul Fabius Servilianus en Hispanie ultérieure est battu par Viriathe alors qu'il assiège Erisana (Azuaga) en Béturie. Encerclé, il doit négocier un traité de paix, qui reconnait Viriathe comme ami du peuple romain et permet aux Lusitaniens de conserver les terres qu'ils occupent. Le Sénat ratifie le traité.

-140 : Le consul Caepio est envoyé en Hispanie ultérieure relever son frère Fabius Servilianus ; il reprend la lutte contre Viriathe au mépris du traité ; Viriathe réussit à gagner la Lusitanie ; Caepio attaque alors ses alliés Vettons pour lui couper le ravitaillement et pour la première fois pénètre dans le pays montagneux des Gallaeci.

-139 : les Lusitaniens, épuisés par la guerre, demandent à Viriathe de négocier avec le consul Laenas ; celui-ci réclame que les soldats romains déserteurs lui soient livrés et la reddition des armes ; la première condition est acceptée, et les malheureux son amputés de la main droite (supplice appris des Espagnols) ; Viriathe, qui s'oppose à la seconde, envoie trois émissaires, Audax, Ditalkon et Minuros pour poursuivre les négociations ; mais ceux-ci sont soudoyés par le consul et, à leur retour, ils assassinent Viriathe pendant son sommeil.

-135 : les Romains infligent une défaite aux Scordisques au sud de l'Haemus.

-133 : chute de Numance.

-125 : Conquête de la Narbonnaise par Rome ; seconde campagne romaine contre les Salyens (Marseille a demandé l'aide de Rome). L'armée romaine de Flavius Flaccus intervient près de Marseille. Création de la Provincia, province qui deviendra la Gaule Narbonnaise. Les Eduens traitent avec Rome.

-123 : prise d'Entremont et défaite des Salyens et des Voconces par Sextius Calvinus qui vend comme esclave la population d’Entremont. Fondation d'Aquae Sextiae (Aix-en-Provence). Alliance entre Romains et Éduens. Les Allobroges, alliés des Arvernes, attaquent les Eduens qui appellent Rome à l'aide. Conquête du Languedoc : le consul Gnaeus Domitius Ahenobarbus installe une garnison à Toulouse.

-122 : Le roi des Arvernes, Bituitos, fils de Luern, tente vainement de négocier la paix avec Ahenobarbus.

-121 : Ahenobarbus bat les Allobroges à Vindalium près de Sorgues, puis, non loin de la ville de Mauves (dans l’Ardèche actuelle), il défait l’armée des Arvernes et des Volques (qui compte des archers Ruthènes) commandée par l'arverne Bituitos (cuirassé d’or, sur son char argenté) et venue prêter main-forte aux Allobroges. Arvernes et Allobroges décident alors d’attaquer de concert les troupes du consul Quintus Fabius Maximus venues renforcer Ahenobarbus, mais, le 8 août, les Gaulois sont écrasés au confluent du Rhône et de l’Aigues, près d'Orange, et Bituitos se rend (emmené en captivité, il restera finalement en détention libre dans la ville d'Albe avec son fils Congentiatos) : Fabius Maximus y gagne son surnom d'Allobrogicus (Vainqueur des Allobroges). Cavares, Tricastins, Voconces et Memini sont pacifiés.

-120 : Les monnaies d'argent aux motifs romains sont adoptées par Eduens, Séquanes, Helvètes, Lingons, Bituriges, Santons.

-119 : début probable de la migration des Cimbres et des Teutons après un effondrement géologique marin qui provoque un gigantesque raz de marée sur les côtes du Jütland.

-118 : Cneius Domitius Ahenobarbus organise la voie domitienne (via Domitia) qui constituera pour toujours l’axe vital du Languedoc. Son fils crée la colonie de Narbonne (Narbo Martius) placée sous la protection du dieu Mars et décrétée capitale de la Provincia par décision du Sénat romain. La cité de Narbonne sera surnommée la fille de Rome au IIe siècle.

-114 : les Scordisques pillent Delphes une nouvelle fois.

-113 : les Cimbres germaniques infligent une défaite aux Romains (consul Papirius Carbo) près de Noreia. Les Helvètes du bassin du Main se replient au sud du Rhin (Suisse).

-109 : Les Romains refusent d'accorder des terres aux Cimbres : ces derniers, alliés aux Teutons, Ambrons et Tigurins, battent le consul Silanus. Les Teutons et les Helvètes franchissent le Rhin.

-107 : les Tigurins et les Volques Tectosages battent les Romains au nord de Toulouse.

-106 : victoire des armées consulaires de Servilius Caepio sur les Volques, prise de Toulouse, important butin constitué par l'aurum (or) tolosanum.

-105 : 200 000 Cimbres, Teutons, Ambrons et Tigurins descendent dans la vallée du Rhône et battent les Romains (80 000 légionnaires tués) près d'Arausio (Orange) le 6 octobre. Les Aduatuques, détachement de l’armée des Cimbres et des Teutons resté dans le nord de la Gaule, après la défaite de l'armée romaine commandée par Marcus Junius Silanus, en 109 avant Jésus-Christ, s’installent en Belgique dans la vallée de la Meuse.

-102 : Le consul Marius bat les Teutons près d'Aquae Sextiae (Aix-en-Provence).

-101 : Marius et Catulus défont les Cimbres près de Vercelli (Verceil), au nord du Pô, le 30 juillet. En Bohême et en Pannonie, les Marcomans et les Daces délogent les Boïens.

-90 : incursions de Belges dans l’Ile de Bretagne.

-89 : la loi, Lex Pompeia, donne droit de cité aux villes de la Gaule Cisalpine.

-86 : 1er mars, le général romain Sylla pénètre dans Athènes et la livre au pillage.

-85 : date approximative d'une importante victoire romaine sur les Scordisques.

-80 : le droit latin est accordé aux Insubres et aux Cénomans.

-78/-76 : Les Scordisques figurent en Macédoine comme alliée de Mithridate.

-76/-74 : répression romaine du soulèvement des Volques.

-75 :
- Arioviste, roi des Suèves, les entraîne de la vallée de l’Elbe à celle du Main.
- Un groupe de pirates ciliciens enlève le jeune Jules César et le retient sur l'île de Farmakonisi. L'historien Plutarque (46-125), décrit la réaction blasée de César à sa captivité de 38 jours : il participait à leurs jeux, leur lisait à haute voix ses discours et menaçait en riant de les tuer tous. « Les pirates en étaient ravis », écrit Plutarque, « et attribuaient l'audace de son discours à une certaine simplicité et à une joie enfantine. » Il s'est avéré qu'ils avaient fatalement sous-estimé leur captif. Une fois la rançon payée, il les pourchassa et les emprisonna. Un peu plus tard, « il fit sortir les pirates de prison et les fit tous crucifier, comme il leur avait souvent dit qu'il le ferait quand il était sur l'île sur le ton de la plaisanterie. » (nationalgeographic.com)

-73 à -71 : guerre servile initiée et menée par le gladiateur thrace Spartacus.

-71 : de retour d'Espagne, Pompée annexe la Vallée de la Garonne.

-70 : date approximative de l'apparition d'Arioviste dans l'Est de la Gaule à l'occasion d'un conflit entre les Séquanes et les Eduens : les Séquanes, alliés des Arvernes, ont fait appel à Arioviste.

-63 : Jules César est nommé Grand Pontife en mars. Pompée prend Jérusalem. Réorganisation de la Galatie à la fin de la guerre contre Mithridate.

-62/-61 : soulèvement des Allobroges, sous le commandement de Catugnat. Les négociants romains sont chassés et se réfugient chez les Éduens. La Provence est attaquée, et la ville de Valence prise. Les Romains contre-attaquent, sous la conduite du légat Lentinus, mais sont repoussés. Une armée de secours, commandée par Lucius Marius et Servius Galla, franchit le Rhône, ravage la terre des Allobroges et s’empare de Solonium (Solonion), l’oppidum le plus important (probablement l'oppidum du Malpas à Soyons). Catugnat, qui a dû rebrousser chemin pour défendre la forteresse, est vaincu sous les murs de Solonium. Les Eduens, vaincus par une coalition de Suèves, d’Arvernes et de Séquanes, font une nouvelle fois appel à Rome.

-61 : Jules César est nommé propréteur d'Espagne en avril. Août à septembre, campagne de Jules César contre les Lusitaniens. Conspiration d'Orgétorix, premiers préparatifs de la migration helvète. Gendre d’Orgétorix, le chef éduen Dumnorix incite les Helvètes à quitter leurs vallées stériles pour les riches plaines de la Gaule (bien que commandant pour Rome un corps de cavalerie gauloise, il favorise secrètement leur passage à travers le territoire des Séquanes).

-60 : Celtill, un noble Arverne, qui tente de rétablir l’hégémonie sur la Gaule, s'allie avec les Séquanes pour combattre les Eduens. Mais, accusé de vouloir restaurer la royauté, il est condamné par son propre frère Gobannitio et brûlé dans un mannequin d’osier, devant son fils Vercingétorix. Au sud de Dôle, le chef suève, Arioviste, bat les cavaliers de Dumnorix. Ennemis des Eduens qui entravent le commerce du jambon en établissant des péages sur la Saône, les Séquanes se liguent avec les Germains d'Arioviste. Le druide Diviciacos, frère de Dumnorix, et Lisc, le vergobret des Eduens, vont implorer le secours de Rome : Diviciacos est reçu dans la maison de Cicéron et prend la parole devant le Sénat romain.

-60/-59 : une partie des Boïens qui avait mis le siège devant Noreia est sollicitée par les Helvètes pour participer à la migration.

-59 : César est nommé proconsul des 2 Gaules : cisalpine (Plaine du Pô) et transalpine (Provincia) et de l’Illyrie. Arioviste fait reconnaître par le Sénat, son titre de roi et d’ami du peuple romain.

-58 : entrée en Gaule des Helvètes et de leurs alliés (inquiets de la proximité des Germains) ; le 9 avril, César leur refuse le passage en Gaule. Arioviste et ses Suèves sont battus probablement près de Cernay en Alsace (au lieu-dit Ochsenfeld) ; il s'enfuit en Germanie, abandonnant ses femmes et ses filles aux Romains 11. DEBUT DE LA GUERRE DES GAULES

-55 : 25-27 août, à Portus Itius (Boulogne), départ de la première expédition de César en Bretagne. 30/31 août, échec du raid de César dans l’Ile de Bretagne : sa flotte est détruite par la tempête.

-54 : Le chef éduen Dumnorix déclare à César que sa religion lui défend de le suivre dans l’Ile de Bretagne, fille sacrée du druidisme (Dumnorix essaie de s'enfuir avec les siens ; mais, poursuivi par la cavalerie romaine, il périt en se défendant). Fin Juin/30 août, deuxième expédition de Jules César en Grande-Bretagne (5 légions, 5 000 cavaliers éduens) : soumission de Cassivellaunos ou Cassivella Ier, roi breton qui a raté son attaque contre la flotte romaine, et des Bretons de la vallée de la Tamise. En septembre, Jules César revient en Gaule sans avoir fait de conquête territoriale en Bretagne.

-51 : en mai, près de Compiègne, César liquide l'insurrection des Bellovaques. Mi-septembre : César prend Uxellodunum, au Puy-d’Issolud près de Vayrac (46). Septembre : Fabius soumet les Carnutes et les Armoricains. Labienus soumet les Trévires. César pacifie l'Aquitaine. La Gaule est pacifiée.

-53 : au début de l’été 53 av. J.-C., les légionnaires romains se retrouvent confrontés pour la première fois à un ennemi doté d’une arme dont ils ont tout au plus entendu parler jusqu’alors : l’arc courbe composite constitué d’une structure en bois sur laquelle des tendons d’animaux sont appliqués avec de la colle. L’historien romain Dion Cassius [155-235] décrit comment les Parthes ont transformé la campagne du Romain Marcus Licinius Crassus en désastre : “Les flèches, volant comme un essaim et tombant de tous les côtés à la fois, en blessaient mortellement un grand nombre, ou les mettaient hors de combat ; enfin, elles les frappaient aux yeux, ou se faisaient jour à travers leurs armes jusqu’aux mains et dans toutes les parties du corps […]. Ils [les Romains] ne savaient pas même s’ils devaient se mouvoir ou se tenir immobiles.”. Près de trois légions et leurs unités auxiliaires, soit environ 20 000 hommes, perdent la vie à Carrhes, dans le nord de la Mésopotamie [aujourd’hui dans le sud de la Turquie], et 10 000 sont faits prisonniers. Crassus lui-même, membre, avec Pompée et César, de ce que l’on a appelé le premier triumvirat, périt.

-50 : année approximative de la victoire des Daces conduits par Burebistas sur les Boïens de Pannonie. 6 décembre, Jules César est sommé par le Sénat, sous la pression de Pompée, d’abandonner son commandement et son armée. 16-17 décembre (11-12 janvier du calendrier romain) : Alea jacta est ! : Jules César franchit le fleuve Rubicon entre Ravenne et Rimini avec son armée, limite de la Gaule cisalpine, et marche sur Rome.

-49 : Fin septembre : César est de retour à Marseille qui capitule : FIN DE LA GUERRE DES GAULES. Jules César octroie la citoyenneté romaine à tous les habitants des villes de Gaule cisalpine. Le peuple fait désigner César dictateur 8.

-48 : en janvier, César est élu consul.

-46 : 6 février, victoire de César à Thapsus (Afrique) contre les partisans de Pompée : la Legio V Gallica (Vème légion gauloise), surnommée Legio Alaudae (Légion des Alouettes), fait montre d’une grande bravoure face à une charge d'éléphant ; cet animal devient alors son emblème officiel. En juin, Vercingétorix est étranglé dans son cachot de la prison Mamertine, puis son corps est exposé sur le forum. 21 septembre, la cité d'Arles (Arelate) devient une colonie romaine (Colonia Julia Paterna Arelate Sextanorum) et César y établit les vétérans de la sixième légion.

-45 : 17 mars, victoire de César à Munda (Espagne) contre les derniers partisans de Pompée : la Légion des Alouettes s’y illustre particulièrement. César est nommé dictateur pour dix ans ; il reçoit le nom de Liberator et le titre d’Imperator (à titre militaire) transmissible à ses descendants 8.

-44 : 14 février, lors d'une séance du Sénat, Jules César, âgé de 55 ans, est déclaré officiellement dictateur perpétuel 8. 15 février, aux Lupercales, Antoine présente le diadème royal à César qui ne l’accepte pas. 15 mars, alors qu’il prépare une grande guerre contre les Parthes, Jules César est assassiné par Marcus Junius Brutus (fils de sa maîtresse Servilia, il n'est pas officiellement son fils adoptif), Caius Cassius Longinus et 21 autres conjurés. 17 mars, le Sénat vote une loi d'amnistie pour les meurtriers de César. 19 mars, ouverture du testament de César : son fils adoptif posthume Octave est désigné comme héritier principal.

-43 : 6 juin, première référence écrite au village de Cularo, la future Grenoble. 9 ou 10 octobre, Lucius Munatius Plancus, proconsul de Gaule, fonde une ville destinée à abriter les citoyens romains chassés de Vienne par les Allobroges, à la confluence d’un rivière et d’un fleuve, le Rhône et la Saône, qu'il baptise "Colonia Copia Felix Munatia", c’est-à-dire "la Colonie prospère et heureuse de Munatius" ; puis on change le nom de la ville, pour la métisser de mythologie gauloise : elle devient Lugdunum (Colonia Copia Lugudunum), la colline en hommage à Lug, le plus vigoureux des dieux gaulois (le terme de Lugdunum se retrouve sur d'autres sites et, à Lyon, il a été utilisé autant que le terme voisin de Lugudunum. Son étymologie fait débat : s'il est acquis que le terme de dunum vient du gaulois "forteresse", celui de Lug/lugus n'est pas tranché par les spécialistes, qui hésitent entre le dieu celte Lug et le mot gaulois leucos = « lumineux »). 27 novembre : le Sénat adopte le Triumvirat (Antoine, Octave et Lépide). 7 décembre, le sénateur romain, Marcus Tullius Cicero, dit Cicéron, est égorgé près de sa villa de Formia par les hommes de Marc-Antoine ; sa tête et ses mains sont exposées sur la tribune [depuis son accession au pouvoir avec Octave et Lépide (triumvirat du 11 novembre), Marc-Antoine n'a de cesse de punir ceux qui ont comploté contre César : une centaine d'orateurs seront assassinés au même titre que Cicéron].

-42 : Bataille de Philippes : Brutus et Cassius sont vaincus par Marc Antoine et Octave. Traité de Philippes accordant à Antoine le Gouvernement de toutes les Gaules, à Octave l'Espagne et à Lépide l'Afrique. Rattachement de la Gaule Cisalpine à l'Italie.

-40 : Octobre, traité de Brindes accordant la Gaule et l'Occident à Octave, et l'Orient à Antoine ; Lépide conserve l'Afrique.

-38/-37 : Agrippa combat les Aquitains révoltés.

-35 : campagne d'Octavien en Illyrie où la frontière romaine s'avance jusqu'au Danube.

-31 : 2 septembre, près d’Actium au large de la Grèce, deux flottes se font face : d’un côté, 250 navires de combat romains et égyptiens commandés par le consul Marc Antoine et son alliée Cléopâtre, reine d’Egypte, de l’autre, 400 bâtiments de guerre sous les ordres d’Octave, autre consul de Rome. La quasi-totalité de la flotte égypto-romaine est détruite en quelques heures par les galères d’Octave.

-30 : Août : suicide de Marc-Antoine, puis, le 12, mort de Cléopâtre VII, reine d'Egypte ; suicide ou peut-être meurtre.

-29 : Nonius Marcellus châtie les Trévires en rébellion.

-28 : le sénat confère à Octave le titre de Princeps senatus (Premier du sénat), ce qui signifie qu'il est le premier à prendre la parole devant l'assemblée.

-28/-27 : Valerius Messala soumet définitivement les Aquitains : Auguste (Octave), au cours d’un long séjour, réorganise la contrée.

-27 : 13 janvier, au terme d’un long discours au Sénat, Octave se voit attribuer le pouvoir proconsulaire pour dix ans. 16 janvier, Octave, en recevant le titre d'Auguste, devient le chef officiel de l’État romain : IMPERATOR•CAESAR•DIVI•FILIVS•AVGVSTVS. La République romaine prend fin, après presque un siècle de guerres civiles, l'accession au pouvoir d'Octave lui est permise par sa victoire militaire à la bataille d'Actium (le 2 septembre 31 av. J.-C.) lors de la dernière guerre civile de la République romaine, consacrant la fin de la carrière politique de Marc-Antoine, et la déchéance de Cléopâtre VII. La victoire d'Octave, alors revêtu de nombreux pouvoirs constitutionnels et militaires du fait de sa position de triumvir, lui permet de briser les dernières résistances au sein du parti conservateur romain et d'instaurer un nouveau régime politique, le principat, ou Empire, dans lequel l'essentiel de la vie politique romaine, l'armée, la politique monétaire et religieuse, sont contrôlées par un seul homme, désigné par le titre d'Auguste : l'empereur romain.

-27-25 : pacification des tribus alpines.

-27-13 : Auguste divise la Gaule en 4 provinces : la Gallia narbonensis (Gaule Narbonnaise), s’étendant des Alpes aux Cévennes, l’Aquitania, barrée au nord par la Loire et incluant 14 tribus de plus que l’Aquitaine originelle établie par César, la Gallia lugdunensis (Gaule Lyonnaise), comprenant le territoire entre la Loire, la Seine et la Sâone et dont le nom provient de la ville de Lugdunum (Lyon) et la Gallia belgica (Gaule Belgique) entre la Seine et le Rhin jusqu’à la mer du Nord.

-25 : Soumission des Salasses. La Galatie devient province romaine.

-23 : Auguste se fait attribuer la puissance tribunitienne (tribunicia potestas) à vie.

-16 : incursions de Tenctères, Sicambres et Usipètes, dans l'Empire.

-15 : Tibère et Drusus font campagne en Germanie.

-14 : soumission des Ligures.

-12 : conquête de la Pannonie par les Romains. Auguste est élevé au titre de Grand Pontife. 1er août, Drusus réunit une assemblée provinciale des chefs de la Gaule à Lugdunum (Lyon), la capitale des Gaules : à la colonie romaine située sur la colline de Fourvière vient se juxtaposer, sur la colline de la Croix Rousse, l’agglomération fédérale de Condate où se tient désormais, non loin de l’autel de Rome et d’Auguste, le Conseil des Gaules. Présidé par un prêtre de Rome et d’Auguste élu par ses pairs, le Conseil est constitué des délégués des 60 cités des 3 Gaules. Les Vellaves, qui constituent désormais une cité indépendante des Arvernes, sont représentés (Pline IV, 105-109).

-11 : campagne de Drusus contre les Usipètes en Germanie.

-9 : l’armée romaine conquiert le pays des Suèves, des Chattes, des Chérusques et atteint l'Elbe ; Drusus meurt au cours de la campagne.

-8 : campagne de Tibère en Germanie.

-2 : 5 février, Auguste reçoit du Sénat le titre de Pater patriae (Père de la patrie).

1 : au début de l'ère chrétienne, la population mondiale est d'environ 250 millions d'individus (elle doublera 14 siècles plus tard), celle de la Gaule de 5 millions et demi. Caius Caesar, petit-fils d'Auguste, qui l'a adopté pour qu'il lui succède, reçoit l'imperium proconsulaire et part en mission extraordinaire pour le Moyen-Orient où il commande une armée.

2 : Caius César signe un traité de paix avec le roi des Parthes Phraatès V (Phraatecès) sur l'Euphrate. En juillet, rappel de Tibère à Rome par l'empereur romain Auguste afin de le déclarer son héritier et futur empereur. 20 août, Lucius, petit-fils d'Auguste, meurt à Marseille (peut-être empoisonné sur ordre de Livie).

3 : Caius César intervient en Arménie et porte Ariobarzane II sur le trône.

4 : 21 février, Gaius Caesar, second petit-fils d'Auguste, meurt à Limyra en Lycie des suites d'une blessure durant une opération militaire. 27 juin, Auguste adopte Tibère et Agrippa Postumus, le dernier fils posthume d'Agrippa, âgé de 16 ans, et impose à Tibère l'adoption de Germanicus. La Lex (loi) Aelia Sentia régit l'acte privé de libération des esclaves ; elle défend qu'aucun esclave marqué d'un fer rouge, ou qui aurait subi la torture, ne puisse jamais obtenir la citoyenneté romaine ; elle établit que pour pouvoir affranchir, il faut être âgé de vingt ans au moins, et que, pour pouvoir être affranchi, il faut avoir trente ans accomplis.

5 : campagne de Tibère en Germanie : soumission des Chauques et des Lombards. Arrivée à Rome d'ambassadeurs des tribus germaniques Cimbres, Charydes et Semnons, qui sollicitent l'amitié et l'alliance du peuple Romain.

6 : la Corse et la Sardaigne sont séparées ; la Corse devient province impériale.
L’empereur Auguste crée à Rome un corps de vigiles urbains dont l’une des missions principales consiste à éteindre les incendies nocturnes provoqués par les fourneaux, les bougies et les torches : composée de quelque 3 000 hommes recrutés parmi les esclaves affranchis, cette troupe est répartie en sept cohortes stationnées dans autant de casernes, couvrant chacune une zone urbaine.

7 : campagne de Tibère en Germanie, en Dalmatie et en Pannonie. Avec des troupes d'Italie, Germanicus est envoyé en renfort en qualité de questeur contre les Dalmates et les Pannoniens révoltés. Les légions de Aulus Caecina Severus, venues de Mésie, et celles de Marcus Plautius Silvanus, venues d'Asie, tombent dans une embuscade dans la vallée de la Save, dont elles sortent victorieuses, et parviennent à faire leur jonction avec Tibère.

8 : 3 août, victoire de Tibère en Illyrie lors de la grande révolte illyrienne ; le chef des rebelles de Pannonie, Bato le Breuce, accusé de trahison après avoir livré des otages aux Romains, est capturé et exécuté par ordre de Bato de Dalmatie ; Marcus Plautius Silvanus ravage la Pannonie et obtient la soumission de plusieurs tribus.
Les deux souverains bretons Dumnovellaunus (roi des Coritani) et Tincomarus (roi des Atrébates), chassés par leurs sujets, fuient à Rome demander de l'aide à l’empereur Auguste.

9 :
- à Andretium en Dalmatie (auj. Klis en Croatie), les Dalmates et les Breuces, menés par Baton le Dalmate, se rendent à Tibère et au légat Marcus Aemilius Lepidus.
- A la fin de l'été, le préfet des troupes auxiliaires chérusques et fils du chef chérusque Ségimerus, Caius Julius Arminius (Hermann) parvient à constituer une alliance avec les autres tribus germaniques de la région (Marses, Chattes et Bructères) ; il attire les troupes romaines dans la forêt de Teutoburg et bat finalement les 3 légions romaines du général Publius Quintilius Varus qui se suicide en se jetant sur son épée. En 16, à Idistaviso (Angrivarierwall) sur la rive droite du fleuve Weser, Germanicus vainc Arminius dont il capture la femme, Thusnelda. Arminius est assassiné en 21 par des membres de sa famille amis de Rome.
- Cunobelin, roi des Catuvellauni, fait la conquête de Camulodunum (actuelle Colchester) en Bretagne aux dépens des Trinovantes.

10 : Campagne de Germanicus en Dalmatie et en Rhétie ; l'Illyrie est divisée en deux provinces, la Dalmatie et la Pannonie.

11 : Campagne de Tibère et de Germanicus en Germanie.

12 : l’éduen Vercundaridubius devient pontife du sacerdoce des flamines augustales pour l'inauguration du temple de Rome et d’Auguste à Lugdunum (Lyon). 23 octobre, triomphe de Tibère à Rome pour célébrer ses victoires en Pannonie et en Germanie.

14 :
- 11 mai, le recensement dénombre 4 937 000 citoyens romains.
- D'après les témoignages de Suétone, Dion Cassius ou Auguste dans les Res Gestae, Rome compte un million d'habitants.
- 19 août, à Nola, Auguste meurt en désignant son successeur : Tibère.
- L’armée romaine compte plus de 300 000 légionnaires et auxiliaires qui assurent la Pax Romana dans tout l’Empire 7.
- Septembre-octobre : les légions romaines du Rhin et Pannonie se révoltent après la mort de l'empereur Auguste (Legio XXI Rapax, Legio V Alaudae, Legio I Germanica, Legio XVI Gallica, Legio XIV Gemina, etc.) ; Germanicus (neveu et fils adoptif de Tibère) et Drusus répriment la rébellion.
- Sur le Rhin, destruction du sanctuaire de la déesse Tanfana ou Tamfana. Tacite parle de ce temple qui lui était dédié par les tribus des Chérusques, des Chatti et des Marsi, sous le nom de Tanfanae templum.

15 : 10 mars, Tibère est élu Pontifex maximus. Au printemps, Germanicus dévaste le pays des Chattes dans la région du Taunus, massacre la population et retourne vers le Rhin pour délivrer Ségeste, germain allié de Rome, assiégé par Arminius.

16 : En été, à Idistaviso (Angrivarierwall) sur la rive droite du fleuve Weser, Germanicus vainc Arminius dont il capture la femme, Thusnelda ; Arminius sera assassiné en 21 par des membres de sa famille, amis de Rome.

17 : 26 mai, Rome, triomphe de Germanicus pour sa campagne de Germanie. Début du soulèvement numide (fin en 24) ; la tribu des Musulames des Hauts-Plateaux en Maurétanie, dirigés par le Numide Tacfarinas, ancien membre des troupes numides auxiliaires et déserteur de l'armée romaine, se révoltent, entrainant les Maures ; les insurgés revendiquent les terres les plus fertiles dont ils ont été spoliés par la colonisation romaine ; le proconsul Marcus Furius Camillus, à la tête de la Legio III Augusta, bat Tacfarinas au cours d'une bataille rangée.

18 : Germanicus place Artaxias III Zénon, fils de Polémon du Pont et de Pythodoris de Trallès à la tête du Royaume d'Arménie ; il réduit la Commagène et la Cappadoce en province romaine.

19 : 10 octobre, à Epidaphné (Syrie), mort de Germanicus ; sur son lit de mot il a accusé Pison, gouverneur de Syrie, de l'avoir empoisonné ; Cneius Pison se suicidera à Rome en 20. Tibère fait expulser les Égyptiens et les Juifs de Rome et déporter 4 000 jeunes juifs en âge de porter les armes en Sardaigne.

20 : Construction de l'Arc d'Orange pour commémorer les victoires de Germanicus.

21 : Julius Sacrovir, noble gaulois, Eduen et citoyen romain, et le Gaulois Trévire Julius Florus, lui aussi de grande naissance, mènent une révolte gauloise contre les Romains, sous le règne de l'empereur Tibère. Sacrovir organise le soulèvement. Florus, vaincu, se donne la mort. Sacrovir parvient à s'emparer d'Autun. Son armée est nombreuse, 40 000 hommes, dont 8 000 seulement équipés pour la guerre. Les autres, des paysans, des étudiants (d'Autun), sont presque sans armes. En face, le légat romain Silius, commandant 12 000 hommes aguerris, en vient à bout malgré le sacrifice héroïque des 8 000 légionnaires de Sacrovir qui se font tuer sur place. Sacrovir s'enfuit avec ses principaux lieutenants jusqu'à sa maison. Il se poignarde dans sa maison en flammes, tandis que ses compagnons s'entretuent. Quelques cohortes suffisent à calmer, Andes et Turons à l’Ouest et Séquanes à l’Est.

22 : Le rebelle numide Tacfarinas envoie une ambassade à Rome pour réclamer des terres en échange de la paix ; Tibère refuse et donne l'ordre au proconsul Blaesus d'accorder une amnistie générale aux insurgés mais de poursuivre Tacfarinas dans ses retranchements.

24 : Le proconsul Publius Cornelius Dolabella attaque Tacfarinas par surprise dans son camp à Auzia près de Thusbascum (Algérie actuelle) : Tacfarinas, vaincu, est tué au combat.

27 : L'empereur Tibère est retiré dans son palais de l'île de Capri d'où il gouverne l'Empire.

28 : Rébellion des Frisons contre Rome, suite aux exigences du primipilaire Olennius ; le propréteur de la Germanie inférieure Lucius Apronius envoie une armée qui est battue ; un autre corps de neuf cents hommes est massacré dans la forêt sacrée de la déesse Baduhenna ; trois cents Romains, qui se sont retranchés dans la villa d'un frison nommé Cruptorix, subissent le même sort.

29 : Agrippine l'Aînée est écartée dans l'île de Pandataria ; son fils Néron Julius César, déclaré ennemi public par le Sénat, est exilé sur l'île de Ponza où, selon Tacite, il meurt de faim.

31 : 17 et 18 octobre, à Rome, arrestation de Séjan, seul préfet du prétoire depuis l'an 15 ; Tibère, alerté par Antonia Minor, mère de Germanicus, a écrit au Sénat romain pour dénoncer Séjan, qui a commis l'erreur de comploter contre le probable successeur de Tibère, Gaius César (Caligula) ; Tibère donne secrètement le commandement de la garde prétorienne à son confident Macron, qui organise l'arrestation de Séjan, lequel, livré au sénat, est tué avec toute sa famille.

32 : Tibère approche de Rome sans entrer dans la ville et fait exécuter les amis de Séjan.

34 : à la mort du tétrarque Philippe, la Batanée, la Trachonitide et l'Auranitide sont rattachés à la Syrie.

36 : Le roi nabatéen Aretas IV défait le roi juif Hérode Antipas ; Tibère fait envoyer les troupes de Vitellius en représailles dans le royaume nabatéen mais l'expédition sera interrompue par la mort de l'empereur en 37. A la fin de l'année, Pilate fait massacrer les Samaritains rassemblés autour d'un faux messie sur leur mont sacré Garizim qu'ils tiennent pour le nombril du monde ; comme traditionnellement les Samaritains sont fidèles à Rome, dès que Vitellius, légat de Syrie, reçoit leur plainte, il suspend Pilate de sa charge et l'envoie à Rome pour qu'il s'explique auprès de l'empereur (fin 36 ou début 37, au plus tard à la fin février).

37 : 16 mars, à Misène dans la villa de Lucullus en Campanie, mort de Tibère (mort naturelle ou peut-être assassiné par le préfet du prétoire Macron qui l'aurait étouffé sous des couvertures ou par Caligula qui l'aurait empoisonné ou étouffé avec un coussin). 18 mars, le Sénat casse le testament le Tibère qui faisait de Caius César et Tiberius Gemellus ses héritiers et proclame seul empereur Caius Caesar surnommé Caligula (= petites bottes car il a de petits pieds) : Caligula adopte Gemellus (il le fera assassiner).

38 : Août-septembre : à Alexandrie, massacre de Juifs (peut-être le premier pogrom) déclenché par le passage du roi des Juifs Hérode Agrippa Ier ; le préfet d'Égypte Flaccus, qui a laissé faire les persécutions, est arrêté, jugé à Rome et banni à Andros.

39 : Le tétrarque de Galilée, Hérode Antipas, essaie de se faire donner le titre de roi par Caligula à l'instar d'Hérode Agrippa Ier ; Caligula le dépose et l'exile à Lyon avec sa femme Hérodiade et donne sa tétrarchie à Hérode Agrippa (40). En octobre, Galba et Caligula luttent sur le Rhin contre les Germains. En décembre, Caligula, venant de Germanie, entre dans Lyon.

40 : En janvier, début du consulat de l'empereur Caligula, qui donne à cette occasion des fêtes à Lyon ; il fait assassiner son invité Ptolémée, fils du roi Juba II de Maurétanie, dont le royaume est annexé par Rome. En mai, retour de Caligula à Rome.

41 : 24 janvier, le tribun Chéréas poignarde l'empereur Caligula. Galba bat les Chattes en Germanie.

42 : Rome achève la conquête de la Maurétanie (Maroc et ouest de l'Algérie actuels), divisée en deux provinces : la Maurétanie Césarienne (capitale : Caesaria ou Cherchell) et la Maurétanie Tingitane (capitale : Tanger).

43 à 47 : les Romains conquièrent l’Angleterre : Première Guerre de Bretagne. Débarquement de 4 légions romaines sous le commandement d'Aulus Plautius dans le Kent (Richborough). Prise de Camulodunum (Colchester). Combats contre les Icènes.

43 : Les Romains fondent la ville de Londinium (Londres) à l'emplacement de Llyn-Din (Fort du lac), un village de pêcheurs. Conquête de la Lycie (Asie Mineure) par les Romains.

44 : Rattachement de l'île de Rhodes à l'Empire romain. La Maurétanie est divisée en deux provinces romaines : Maurétanie Césarienne et Maurétanie Tingitane.

Vers 45 : Claude interdit la religion druidique.

46 : Après le meurtre de son roi Rhémétalcès III, la Thrace devient une province de l'Empire romain ; Rome et la frontière nord-est de l'Empire romain sont réunis par la Route du Pô au Danube.

47 : 15 mars, le recensement indique qu'il y a 5 984 000 citoyens romains. En automne, révolte de tribus bretonnes, dirigée par le Catuvellauni Caratacos, contre l'interdiction qui leur est faite de porter des armes (fin au printemps 48). Le général et consul Corbulo lance une offensive contre les Frisons révoltés, mais est rappelé par Claude sur le Rhin pour combattre les Chauques.

48 : à la demande de l’aristocratie gauloise, l’empereur Claude (né à Lyon) propose de faire entrer au Sénat romain les notables des Gaules. Admission des Eduens au Sénat romain. Claude accorde aux Gaulois qui sont déjà citoyens romains l’accès à la magistrature (un exemplaire de l’édit a été retrouvé au forum de Lyon).

49 : A la suite de troubles, Claude chasse de Rome les Juifs qui s'agitent à l'instigation de Chrestus (Judaeos impulsore Chresto assidue tumultuantes Roma expulit) selon Suétone (Vie de Claude, La vie des Césars 25,4) ; ils ont vite l'autorisation de revenir.

50 : Les troupes romaines de Pomponius Secundus, aidées d'auxiliaires Vangions et Némètes, repoussent les Chattes sur le Rhin. En Bretagne, le Catuvellauni révolté Caratacos, à la tête des Ordovices et des Silures, est battu par les forces romaines de Publius Ostorius Scapula au fort de Caer Caradoc, sur la haute vallée de la Severn dans le Shropshire ; il parvient à fuir chez la reine des Brigantes, mais son frère Arviragus doit se rendre avec le reste de l'armée ; sa femme Eurgein, enceinte, et sa fille Gwladys sont capturées et envoyées comme otage à Rome. Construction des arènes de Lutèce (5 000 habitants).

51 : Cartismandua, reine des Brigantes, dans l'actuel Yorkshire (G.B), est confirmée dans ses fonctions par l'empereur Claude, après avoir livré Caractacos, le rebelle trinovante, à Rome ; orgueilleuse et débauchée, imposée par Rome, elle sera chassée par son peuple, menée par son ex-époux Venutius en 69.
Suétone explique comment l'empereur Claude, ayant un jour, pendant une disette causée par une série de mauvaises récoltes, été retenu en plein Forum par une foule qui l'accablait d'injures, mais aussi de croûtons de pain, de sorte qu'il put à grand-peine rentrer au Palatium, et seulement par une porte de derrière, [...] imagina toutes les mesures possibles pour faire arriver des convois de blé, même en hiver.

52 : 1er août : mise en service de l'Aqueduc de Claude à Rome.

54 : Corbulo prend la direction des opérations à la frontière de l'Arménie pour lutter contre les Parthes (fin en 64). Violences à Césarée à propos du statut de la ville et des droits civique des Juifs : Juifs et Syriens s'affrontent ; la garnison romaine, composée de Syriens, se range aux côtés des siens ; les Juifs, armées de gourdins et d'épées, se réunissent sur la place du marché ; le procurateur de Judée Antonius Felix ordonne à ses troupes de charger ; on demande l'arbitrage de Néron, qui tranche en faveur des Syriens, reléguant les Juifs au rang de citoyens de deuxième classe. Dans la nuit du 12 au 13 octobre, l'empereur Claude meurt empoisonné par son épouse Agrippine la Jeune dont le fils Néron lui succède au détriment de Britannicus (14 ans), son propre fils.

55 : 11 février, Néron fait empoisonner Britannicus qu'Agrippine menace de mettre au pouvoir. Révolte en Arménie au début de l'année contre Rhadamiste qui doit fuir, laissant pour morte son épouse Zénobie, enceinte, qui sera recueillie par Tiridate ; Tiridate Ier est replacé sur le trône par son frère Vologèse Ier, lequel, occupé en Perse par la révolte de son fils Vardanès, traite avec le romain Corbulo et lui envoie des otages ; la paix dure jusqu'en 58.

58 : au printemps, début de la campagne d'Arménie (fin en 63) : victoire de Corbulo contre Tiridate Ier d'Arménie et Vologèse Ier, roi des Parthes ; après le massacre de la garnison parthe de Volandum et la prise d'Artaxata, les armées romaines hivernent en Arménie.

60 : au printemps, campagne d'Arménie : Corbulo renverse Tiridate Ier et place Tigrane VI de Cappadoce sur le trône d'Arménie. En Grande-Bretagne, révolte de Boadicée (ou Boudicca), veuve du roi Prasutagus, reine et druidesse des Icènes qui vivent dans ce qui constitue aujourd'hui les comtés de Norfolk et du Suffolk ; en mourant, Prasutagus a légué à Néron et à ses deux filles tous ses Etats, à la condition que sa veuve lui succède et transmette ensuite le sceptre à ses filles ; il espérait ainsi préserver son royaume de l'envahissement des armées romaines ; l'empereur accepta l'héritage, mais, au lieu de protéger la reine, il l'abandonna aux violences des généraux et des soldats romains ; le territoire des Iceni fut ravagé ; les richesses de Prasutagus furent dispersées, et Boadicée dut supporter les plus indignes traitements ; elle fut livrée avec ses filles à une troupe de soldats, qui lui arrachèrent ses vêtements, la frappèrent de verges, et lui offrirent le spectacle le plus affreux pour une mère : le viol de ses deux filles. Alors, la nation entière se soulève : les Trinovantes et autres peuples, qui supportent avec peine leur esclavage, se joignent aux Icéniens ; Boudicca, à la tête d’une importante armée, détruit la colonie romaine de Camulodunum (Colchester), met à sac Londinium et Veralamium (Londres et Saint-Albans) et, selon l'historien romain Tacite, tue 70 000 Romains.

61 : Sous prétexte de faire cesser les sacrifices humains (selon Tacite, les autels étaient arrosés du sang des victimes et les dieux étaient consultés dans les entrailles humaines), les Romains massacrent les druides réfugiés dans leur grand centre de l'île de Mona (Anglesey). A Lichfield, le long de la voie romaine appelée Watling Street, le général romain Suetonius Paulinus, gouverneur de l'île de Bretagne, vainc la reine Boadicée (Boudicca) ; on dit qu'elle se serait empoisonnée avec ses filles.

62 : Les Parthes reprennent la guerre en Arménie après l'échec de leur ambassade à Rome ; le légat Paetus ravage l'Arménie, puis prend ses quartiers d'hiver à Rhandeia, où il est battu par Vologèse Ier.

63 : après la défaite infligée aux Romains de Paetus par les Parthes en 62, le traité de Rhandeia (Cappadoce) fixe la frontière romano-parthe sur l'Euphrate et accorde le trône d'Arménie à Tiridate Ier. L'empereur Galba donne droit de cité à Lutèce.

64 : Nuit du 18 au 19 jusqu'au 27 juillet, incendie (probablement accidentel) de Rome, qui a débuté dans des entrepôts, près du Cirque Maxime : Néron, en séjour à la campagne, regagne précipitamment la capitale de son empire ; soupçonné (responsable selon Pline l'Ancien), il attribue ce crime aux chrétiens et leur fait infliger les supplices les plus atroces ; Lyon envoie une forte somme d'argent pour la reconstruction de Rome ; mais, pendant l'hiver 64-65, Lyon sera détruite à son tour par un violent incendie et Néron renverra leur participation aux Lyonnais.

66 : Fin avril/mi-juin : paix entre Rome et les Parthes ; Néron couronne Tiridate Ier (un parthe), roi d'Arménie (ce dernier initie peut être Néron au mithraïsme).

68 : en mars, Caius Julius Vindex, général romain d'origine gauloise (Aquitaine), propréteur de la Séquanaise, se révolte contre la tyrannie de Néron en faisant appel aux Gaulois : Séquanes, Éduens et Arvernes. Il proclame empereur Sulpicius Galba, légat d'Espagne citérieure. Cette décision déplaît aux légions qui défendent le Rhin, aux Trévires, aux Lingons et aux Rèmes. En mai, désireux de satisfaire ses troupes, le légat de Germanie supérieure, Verginius Rufus, met le siège devant Vesontio (Besançon). Vindex se porte au secours de la place. Les généraux parlementent mais un malentendu éclate entre les armées. Les Gaulois de Vindex sont massacrés par les légions de Rufus ; Vindex se suicide en se perçant le flanc d’un coup d’épée.

69 : Révolte du boïen Maric, simple paysan, qui, suivi par 8 000 compatriotes jusqu’à Autun, se proclame libérateur des Gaules ; capturé par l'armée romaine, il est jeté aux bêtes dans l’amphithéâtre de Lyon ; il n'est pas mis en pièces par les fauves et la foule le croit invulnérable ; Vitellius le fait mettre à mort. En août, le sac de Flevum (Velsen aux Pays-Bas) par la tribu des Canninefati marque le début de la révolte du batave Julius Civilis, commandant de troupes auxiliaires de Germanie, et du lingon, Julius Sabinus, qui, soutenu par les druides, soulève la Gaule contre Rome.

70 : le Batave Civilis, Sabinus, Classicus et Tutor, profitant des rivalités de Aulus Vitellius et de Vespasien (69-79), tentent de refaire une grande alliance gallo-germanique (autour de la prêtresse et prophétesse germaine Velléda de la tribu des Bructères) et s’installent à Cologne, mais les Bataves de l’embouchure du Rhin (conduits par Civilis) sont écrasés à Trèves par le général Petilius Cerialis, et les délégués (notables des cités), réunis à Reims en août, optent pour la fidélité à Rome et à l’empereur. Civilis rentre dans l’alliance romaine ; Velléda continue la lutte mais, vaincue, elle figurera au triomphe du général Cerialis à Rome. Julius Sabinus déclare qu’il va s’empoisonner et met le feu à sa maison, mais, avec sa femme Eponine, il se cache dans un souterrain près de Langres, jusqu'à ce qu'ils soient découverts en 78 et mis à mort en 79. Eponine, devenue chrétienne, insulte l'empereur Vespasien avant d'être exécutée : sainte Eponine est fêtée le 1er novembre.

71 : début de la deuxième guerre de Bretagne (fin en 84), les Romains construisent une forteresse à Eburacum (York).

74 : Vespasien et Titus font entrer au Sénat des notables originaires d'Italie et des provinces occidentales ; Vespasien accorde aux habitants des cités d'Espagne le droit latin mais il ne leur permet cependant pas d'accéder aux fonctions publiques (le droit latin, qui remontait au début de l’expansion romaine, fut réactivé par César qui accorda ce statut à plusieurs villes de la Narbonnaise ; la différence principale entre le droit latin et le droit romain, c’est le fait que, en droit latin, la citoyenneté romaine n’est pas attribuée à toute la population, mais seulement aux élites). En Germanie, les Romains occupent la vallée du Neckar.

76 : le Pays de Galles est rattaché à Rome.

77 : en Gaule, le cadastre, réalisé seulement dans les colonies romaines, est terminé.

82/83. Campagne romaine en Germanie contre des tribus révoltées.

83 : En été, en Grande-Bretagne, au Mont Graupius (Grampians), le général Agricola vainc les Calédoniens (Pictes) de Calgacus (Caledonia est le nom romain du nord de la Bretagne, désignant l’Écosse. Entre Rhin et Danube, les Romains construisent un rempart, le limes, contre les Germains. En Transylvanie, Diuppaneus parvient à unir les Daces dont il devient le roi.

87 : Lyon (Lugdunum) compte 50 000 à 80 000 habitants ; Lutetia (Lutèce), à son apogée (entre le 1er et le 3ème siècle), comptera entre 5 000 et 10 000 habitants.

89-90 : Poursuite de la conquête et de la colonisation des Champs Décumates (Agri Decumates), dans la Forêt Noire entre la vallée du Main et les sources du Rhin et du Danube : Rome y installe des Gaulois pauvres soumis à une dîme (d'où le mot décumates). Les champs Décumates sont conquis, fortifiés et colonisés progressivement de 80 à 180.

Entre 90 et 120 : Construction des arènes de Nemausus (Nîmes).

92 : Pour protéger la viticulture italienne, un édit de Domitien interdit de planter de nouveaux pieds de vigne dans toutes les provinces et impose l'arrachage de la moitié du vignoble (Probus, empereur de 276 à 282, permettra que des vignes soient réimplantées en Gaule). Entre Rhin et Danube, pendant 8 mois, Domitien combat les Sarmates, les Quades et les Marcomans (Germains) : une légion est détruite, Domitien reçoit cependant le surnom honorifique de Sarmaticus (Le Sarmatique, autrement dit le vainqueur des Sarmates).

107 : après 2 guerres, annexion de la Dacie à l'Empire.

115 : En Grande-Bretagne, la garnison romaine d'Eburacum (York) est massacrée par des indigènes ; les Romains sont contraints d'évacuer la Calédonie (Ecosse).

116 : 20 février, après la prise de Doura-Europos, la capitale parthe, Trajan reçoit du Sénat le titre de Parthicus.

121-126 : Hadrien voyage dans l'Empire : Gaule, Germanie, Bretagne, Gaule, Espagne, Grèce, Sicile, Afrique, Grèce, Cappadoce, Arabie, Egypte. Il fait renforcer le limes du Rhin : de Mayence à Ratisbonne, les champs Décumates sont protégés par un mur.

121-122 : A Lyon, Hadrien fait construire un nouvel aqueduc et restaurer le théâtre et l'amphithéâtre.

122 : 13 septembre, débute la construction du mur (limes) d'Hadrien contre les Pictes d'Écosse (fin en 127).

122/123 : Hadrien se fait sculpter nu à Vaison-la-Romaine.

122-138 : A Nîmes, Hadrien, de retour de la province romaine de Bretagne (l’Angleterre actuelle), fait construire la basilique plotine (en l'honneur de Plotine, épouse de l'empereur Trajan).

Vers 124 : L'Assemblée des trois provinces des Gaules décerne à Hadrien le titre de Restaurateur des Gaules.

141 à 143 : Grande-Bretagne, Antonin fait édifier entre le Forth et la Clyde, le mur de défense qui porte son nom.

167 : incursions de Quades et de Marcomans dans l’Empire.

186 : soulèvement de Maternus en Gaule.

196 : ralliement à Claudius Albinus des légions d'Espagne, de Germanie et de Gaule.

197 : 19 février, bataille de Lyon, Septime Sévère bat son rival Albinus qui se suicide.

212 : édit de Caracalla accordant la citoyenneté romaine à tous les hommes libres de l'Empire.

235 : Alexandre Sévère entame des pourparlers de paix avec les Alamans. 18 mars, Mayence, Alexandre Sévère est assassiné par ses soldats qui proclament empereur Maximin le Thrace.

251 : 1ère quinzaine d’août, mort de Dèce lors de la bataille d'Abrittus en Dobrogée, près de la mer Noire, contre les Goths du roi Kniva.

253 : incursions de Francs et d'Alamans en Gaule. Gallien fait des provinces gauloises le centre politique et militaire de l’empire et autorise officiellement le culte chrétien.

256 : Aurélien repousse les Francs.

257 : en août, persécution de Valérien : un édit ordonne aux évêques et aux prêtres de sacrifier selon le rite antique et interdit aux chrétiens de se réunir sur les tombes de leurs défunts sous peine de mort. Une bande d’Alamans, conduite par un roi nommé Chrocus, détruit le temple de Vassocaletus chez les Arvernes puis descend jusqu’en Arles où elle est neutralisée.

258 : nouvelle invasion de la Gaule par les Francs et les Alamans : des Francs traversent la Gaule et vont jusqu’en Espagne.

260 : Juin-juillet, le gouverneur des Gaules, Marcus Cassianus Postumus s'empare de Cologne et y proclame l'Empire des Gaules après l'élimination de Salonin ; les légions d'Espagne et de Bretagne lui apportent leur adhésion : début de l'Empire gaulois (fin en 274) qui comprend les Iles Britanniques et l’Espagne. Gallien abroge l'édit de persécution des chrétiens de 257.
Sponsian, commandant d’armée dans la province romaine isolée de la Dacie, se couronne empereur ; ce territoire, qui chevauche l’actuelle Roumanie, est coupé du reste de l’empire par de fréquents raids menés par des peuples hostiles voisins (Sarmates, Goths et Carpiens), une pandémie et une guerre civile couronnent le tout. Sponsian prend le titre d’imperator – commandant militaire suprême – qui était réservé à l’empereur. Il assurera le commandement jusqu’à ce que la province soit évacuée entre 271 et 275 (en 2022, une étude menée par Paul Pearson soutient l'existence réelle de Sponsianus ; les débats sur l’historicité de Sponsianus sont loin d’être terminés).

261 : Postumus remporte la victoire contre les Alamans.

265 : Gallien échoue dans sa tentative d’assiéger Postumus en Gaule.

268 : Postumus est assassiné par ses soldats devant Mayence et remplacé par Marius, éliminé à son tour par Victorinus. Autun, en révolte, demande le secours de Claude II le Gothique.

269 :
- En été, Révolte d'Augustodunum (Autun) contre l'Empire des Gaules ; la ville en appelle à Claude II qui envoie le préfet des Vigiles Iulius Placidianus en Narbonnaise ; il avance jusqu'à Cularo (Grenoble) sans pouvoir secourir Autun ; l'empereur des Gaules Victorinus assiège la ville pendant sept mois ; après sa prise, il la livre au pillage de ses troupes composées d'auxiliaires bataves (270).
- L'empereur Claude II, dit le gothique, rejoint Aurélien et marche contre les Goths qui abandonnent le siège de Thessalonique et marchent vers la Mésie. Claude II remporte une victoire décisive à la bataille de Naissus.
- L'Espagne et la Gaule lyonnaise passent sous le contrôle de Claude II.

270-273 : Tetricus (+ vers 275), d’origine gauloise, est sénateur et gouverneur d'Aquitaine lorsque Victorine, mère de l'empereur gaulois Victorinus, le désigne connue successeur de son fils décédé. Tetricus est proclamé Auguste à Bordeaux en 271. Sage administrateur, Tetricus peut donner un répit d'environ cinq ans à l'Empire des Gaules [Gaules, (Grande) Bretagne et Espagne] si durement malmené pendant cette période de folie générale et d'affreux désordres qu'est la fin du Haut Empire romain. C'est alors que surgit en Occident un second compétiteur en la personne d'Aurélien, successeur de Claude. A la bataille de Châlons en Champagne (273), les troupes de Tetricus sont écrasées ; Aurélien confie le gouvernement de la Gaule à Probus. Après l'avoir fait figurer dans son triomphe, Aurélien pardonne à Tetricus (dernier représentant de l'Empire gaulois qui a duré 15 ans) et le nomme gouverneur de la Lucanie. Si l'on en croit une certaine tradition, le vainqueur, s'entretenant avec le vaincu, l'appelle collègue. Installé dans un palais sur le mont Caelius, Tetricus y passera les deux dernières années de sa vie.

275 : incursions des Francs dans les vallées du Rhône et de la Sâone.

278-279 : campagne romaine contre les Burgondes, Vandales et Scythes.

281 : Proculus, riche propriétaire terrien qui a armé ses 2 000 esclaves, est proclamé empereur à Lyon puis, devant l'avancée des troupes de Probus, il fuit chez les Francs. Mais ceux-ci le livrent à Probus qui le fait exécuter.

285 :
- 1er janvier, troisième consulat de Carin qu'il partage avec Aristobulus ; Carin se dirige vers la Pannonie pour combattre l'usurpateur Marcus Aurelius Julianus, gouverneur de Vénétie qui a pris la pourpre à Siscia ; Carin bat et tue Julianus à Vérone, probablement à la fin de l'hiver, avant de marcher vers l'est pour négocier avec Dioclétien.
- En janvier-février 285, début du soulèvement des BAGAUDES (le mot latin Bagaudæ serait emprunté au gaulois et pourrait signifier combattants), bandes de paysans gaulois, en Gaule du Nord, entre Seine et Loire, sous la direction de deux chefs Aelianus, puis Amandus ; ce sont des paysans, des colons, des esclaves poussés à la révolte par la misère et la pression fiscale ; ils contrôlent une partie de la Gaule ; en novembre, le césar Maximien Hercule intervient en Gaule où il écrase les Bagaudes ; par une habile manœuvre, il réussit à les bloquer à Saint-Maur, dans la vallée de la Marne avant la fin de l'année (en 286, les Bagaudes sont refoulés dans les montagnes et les forêts ; ils réapparaîtront au Ve siècle et seront écrasés par Aetius entre 435 et 437 ; en 437, le général romain Litorius, envoyé par Aetius contre les Bagaudes, les vaincra et fera exécuter leurs chefs parmi lesquels Tibatto ; en 448, une révolte bagaude en Gaule centrale sera dirigée par un médecin nommé Eudoxe ; battu, il se réfugiera à la cour d'Attila ; en 453, Révolte des Bagaudes en Tarraconaise, sévèrement réprimée par l'aristocratie).
- 1er avril ?, bataille du Margus, en Mésie : Carin, victorieux, est assassiné par un tribun ; Dioclétien reste seul empereur.
- Dioclétien confie au Belge Carausius le soin de défendre les côtes de Belgique et d’Armorique contre les Francs et les Saxons.
- En novembre, Maximien intervient en Gaule où il écrase les Bagaudes ; par une habile manœuvre, il réussit à les bloquer à Saint-Maur, dans la vallée de la Marne.

286 : Le Belge Marcus Carausius, commandant de la Classis Britannica, auquel Maximien a confié la défense des côtes de Belgique et d’Armorique jusqu'à l'Atlantique contre les Francs et les Saxons, se proclame empereur de Bretagne. Le 1er avril, en Gaule, Maximien est élevé à l'Empire par Dioclétien ; il reçoit le titre d'auguste et est chargé de lutter en Bretagne contre l'usurpateur Carausius et de défendre le Rhin (il combat les tribus germaniques le long de la frontière rhénane).

288 : les Jutes, Varni, Angles, Saxons et Francs se mettent à la piraterie et ravagent les côtes de Belgique et de Gaule.

293 : 1er mars, Maximien adopte Constance Chlore ; Dioclétien nomme deux Césars, Galère et Constance Chlore, pour aider les deux Augustes à diriger l'Empire : c'est la première Tétrarchie. Carausius est assassiné par un de ses officiers, Allectus, duquel Constance Chlore, césar des Gaules, triomphera en 296.

299 : Constance bat les Alamans près de Vindonissa (Windisch) en Suisse.

3e siècle au 6e siècle : les Brittons, Celtes des îles Britanniques, chassés par les pirates Gaëls, les Danois et les Saxons, et abandonnés par les Romains, s’installent en Armorique qui prend le nom de Bretagne.

306 : 25 juillet, Constance meurt près de York lors d'une campagne contre les Pictes.

Vers 310 : Lutèce prend le nom de Paris.

320 : Crispus bat les Francs sur le Rhin.

322 : à Campona près d'Aquincum (Budapest), Constantin vainc les Sarmates.

333 : Constantin confie le gouvernement de la Gaule à son fils Constantin.

341 : Constant fait campagne contre les Francs sur le Rhin.

351 : Magnence élève son frère Decentius au rang de César et le charge de défendre la Gaule.

353 : 10 août, suicide de Magnence à Lyon. 18 août, suicide de Decentius à Sens.

356 : 24 juin, Julien chasse les Alamans qui assiégeaient Autun.

357 : 4 avril, Constance donne à Julien le commandement suprême des opérations en Gaule.

364 : Jovien bat les barbares près de Châlons-en-Champagne.

368 : septembre, Valentinien vainc les Saxons et les Francs.

369 : après la victoire de Valens sur les Goths, traité de paix avec leur chef Anthanaric.

vers 375 : les Ostrogoths, soumis par les Huns, pénètrent dans l'Empire d'Orient en tant que fœderati (« fédérés »).

378 : en mai, Gratien bat les Alamans à Argentovaria ou Argentaria (Horbourg - 68). 9 août, mort de Valens vaincu par les Goths à Andrinople (Thrace).

383 : près de Paris, les armées de Gratien se rallient à Maxime entré en Gaule à la tête des légions de Bretagne. 15 août, Gratien est capturé près de Lyon et égorgé le 25.

387 : Maxime nomme Auguste son fils Victor et lui donne le commandement de la Gaule.

388 : Victor est capturé et exécuté par le général franc Arbogast. Valentinien II s'installe à Vienne, préfecture des Gaules, et nomme Arbogast gouverneur de la Gaule en 389.

402 : le vandale Stilicon, chef de l'armée de l'empereur d'Occident Honorius, repousse d'Italie les Wisigoths d'Alaric.

406 : 31 décembre, des bandes de Vandales, Suèves et Alains franchissent le Rhin gelé, près de Mayence, et ravagent la Gaule 2.

Vers 407 : Angles et Saxons envahissent l’Armorique.

409 : Vandales, Alains et Suèves envahissent l'Espagne.

410 : 24 août, sac de Rome par le wisigoth Alaric.

413 : le roi wisigoth Athaulf pénètre en Gaule et s'empare de Narbonne, Toulouse et Bordeaux avant d'être battu par Constance.

418 : les Wisigoths, qui ne sont pas passés en Espagne, s’installent en Aquitaine : Toulouse devient leur capitale.

425 : Valentinien III, empereur romain d'Occident, nomme Félix commandant des armées et Flavius Aetius maître de la milice en Gaule.

434 : Aetius s'arroge le titre de commandant des armées. Traité d'amitié de Margum entre Rome et les Huns.

435 : Victoire d'Aetius sur Gondicaire, roi des Burgondes. 5 septembre, le consul Flavius Aetius est nommé patrice à Ravenne.

436 : en Automne, à Worms, défaite des Burgondes face aux troupes d'Attila, mercenaires de l'empire romain. Gondicaire, le roi des Burgondes, est tué. Le royaume burgonde du Rhin est anéanti.

437 : le général romain Litorius, envoyé par Aetius contre les Bagaudes, les vainc et fait exécuter leurs chefs (parmi lesquels Tibatto).

442 : Aetius déporte les Burgondes du Palatinat vers la Savoie.

448 : une révolte bagaude en Gaule centrale est dirigée par un médecin nommé Eudoxe ; battu, il se réfugie à la cour d'Attila.

451 :
- 7 avril, Attila, roi des Huns, s'empare de Metz puis se dirige vers Paris avant d'assiéger Orléans.
- 14 juin, le généralissime romain et patrice, Flavius Aetius, et les Wisigoths délivrent Orléans.
- entre fin juin et début juillet, à la bataille dite des "Champs Catalauniques", à Montgueux (venant de Mons Gothorum qui signifie mont ou colline des Goths) dans l'Aube, à 7,5 km à l’ouest de Troyes, en un lieu appelé Campus Mauriacus ou Campi Catalaunici, Attila est vaincu par Aetius (otage chez les Wisigoths puis chez les Huns où il fut l’ami du jeune Attila), allié au roi Wisigoth Théodoric Ier (tué au combat par l’ostrogoth Andages ; Thorismond est proclamé roi des Wisigoths) et au roi Franc salien Mérovée : 50 000 (?) Huns, Ostrogoths, Gépides, Hérules, Skires, Ruges et Pannoniens sont défaits par 60 000 (?) Wisigoths, Francs, Saxons, Sarmates, Alains, Burgondes, Armoricains, Bretons et autres Lètes (du germanique Laeten signifiant laissés qui désigne les membres de certaines tribus vaincues laissés en vie par l’armée romaine) plus quelques cohortes de Romains ; les Huns, encerclés, se retranchent au milieu de leurs chariots ; Attila fait dresser au milieu de son camp un bûcher où il veut se précipiter avec ses femmes et ses serviteurs ; Aetius le sauve, en arrêtant l’élan des troupes alliées ; Attila pourra ainsi évacuer les Gaules, après avoir perdu, selon les chroniques romaines, 165 000 hommes (?!).

453 : Théodoric II assassine son frère aîné Thorismond qui menaçait Arles et Narbonne et devient roi des Wisigoths.

455 : 9 juillet, Avitus, nommé empereur par la noblesse gauloise, reçoit les insignes impériaux à Arles.

456 : révoltes en Auvergne et en Narbonnaise suite à l’assassinat d'Avitus.

458 : les Burgondes s’installent près de Lyon.

463 : les Burgondes sont maîtres de Lyon et de la Viennoise.

466 : Théodoric II meurt égorgé par son frère Euric, arien zélé, qui lui reprochait d'être trop romanisé et d'être trop tolérant avec l'église catholique dans son royaume.

475 : le wisigoth Euric s'empare de l'Auvergne. Un traité de paix lui accorde l'Espagne et une partie de la Gaule.

476 : 4 septembre, le skire Odoacre (roi des Hérules et chef des mercenaires d’Italie, il a dirigé la révolte de l'armée impériale qui l’a proclamé roi des nations le 23 août) vainc le patrice Oreste qu’il tue, puis entre à Rome où il dépose le dernier empereur d’Occident, le jeune Romulus Augustule (Augustulus, le petit auguste, surnom méprisant donné par Zénon, empereur d’Orient) et envoie à Zénon les insignes impériaux, le reconnaissant ainsi comme le seul empereur (en échange Zénon lui donne le titre de patrice) : fin de l’Empire romain d’Occident, début du Moyen Age.

486 : le roi franc salien Clovis bat l’armée romaine de Syagrius à Soissons où il établit sa capitale ; il conquiert les régions entre la Somme et la Loire sauf l'Armorique occupée par les Bretons.

507 : Clovis, roi des Francs, conquiert l'Aquitaine et fait de Paris sa capitale.

508 : le Royaume franc (qui sera à l'origine de la France) est reconnu par l’empereur byzantin Anastase.

Philippe II dit Auguste (1165-1223) est le premier roi à faire porter sur ses actes Rex Franciæ ("roi de France"), au lieu de Rex Francorum ("roi des Francs").
La Constitution de 1791 confie le pouvoir exécutif à Louis XVI, "roi des Français" par la grâce de Dieu et la loi constitutionnelle de l'État.

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II. PEUPLES CELTES et LANGUES CELTIQUES

Peuples celtes de l’antiquité :

- continentaux : Celtes, Galates, Gaulois, Celtibères et Belges
- insulaires : Bretons, Irlandais (Hiberni), Scots (branche des Goidels) et Pictes (on s’interroge sur le degré de celticité de la langue de ces derniers ; selon certains historiens, les Pictes utilisaient peut-être une langue celte, du groupe brittonique. Ils connaissaient l'écriture oghamique, dérivée de l'écriture latine, mais les inscriptions qu'ils ont laissées sont généralement inintelligibles ; des études récentes semblent indiquer que la langue originelle des Pictes (du moins un important substrat linguistique de leur langue) ne faisait pas partie du groupe indo-européen.

Galatée

Selon la mythologie grecque, Galatée, dont le nom signifie blanche comme le lait, était l’une des Néréides (les 50 filles de Nérée, dieu de la mer antérieur à Poséidon, et de Doris, fille de l’Océan). Elle fut aimée du cyclope Polyphème avec qui elle engendra Galatos ou Galatès, Celtos et Illyrios, ancêtres des peuples qui portent leur nom : Galates, Celtes et Illyriens.

L’écrivain grec Diodore de Sicile (mort en 30 av. J.-C.) raconte qu'Héraclès parcourut la Celtique en abolissant des coutumes barbares comme celle de tuer tous les étrangers. Une foule d’hommes de toutes les nations vinrent guerroyer avec lui. Il bâtit une grande ville nommée Alésia (Diodore, IV, 19). Héraclès épousa la fille du roi de ce pays qui enfanta Galatès, fort et puissant comme son père. Galatès conquit une partie du pays limitrophe, appelant les habitants Galates ou Gaulois d’après son nom. (Diodore, V, 24).

Parthénios de Nicée écrit qu'Héraclès se trouvant dans le pays des Celtes, s’unit avec la fille du roi Brétannos, Celtiné, qui lui donna un fils, Celtos, de qui les Celtes ont pris le nom.

Langues celtiques :

Le mot celtique est avant tout un terme linguistique. Le gaulois est une langue de l'Antiquité cousine du latin, du grec, du germanique et du scandinave. Les régions dites celtiques sont les territoires d’Europe ou d’Asie mineure où furent parlées des langues celtiques apparentées, de l’Irlande jusqu’à la Turquie.
Parmi les langues celtiques, on distingue 2 grands groupes :

- Le goidélique
Le terme goidélique vient de Goedel Glas (Goidel le Bleu), ancêtre mythique des Irlandais et inventeur du gaélique, que certains apparentent à l’hébreu. Ce groupe comprend :
- irlandais (3 dialectes : Munster, Connaught et Donegal),
- erse ou gaélique d’Ecosse (usité dans les îles et les Hautes Terres),
- Manx (éteint dans la première moitié du XXe siècle).

- Le brittonique
Ce groupe comprend :
- gaulois ou celtique de l’Antiquité (éteint vers la fin du Ve siècle),
- gallois (2 dialectes : Nord et Sud),
- cornique (éteint à la fin du XVIIIe siècle),
- breton (4 dialectes : Léon, Tréguier, Cornouaille, Vannes).

La comparaison du celtique avec les langues des anciens peuples de l’Europe fait ressortir une parenté étroite avec certaines d’entre elles.
Des analogies existent avec les langues italiques, en particulier avec l’ombrien ; les plus remarquables sont : le génitif en « i », des thèmes en « o », le superlatif en « samo » et la formation d’un futur en « bo ». Ces analogies s’expliquent par le fait que les peuples italiques sont des envahisseurs venus, comme les Celtes, de l’Europe centrale.
Le gaulois offre à peu de choses près les mêmes voyelles et consonnes, les mêmes diphtongues et aspirations que le grec et le latin. Comme ces 2 langues, le gaulois était une langue à flexion comportant des déclinaisons avec cas et des conjugaisons, peut-être un article et des démonstratifs.

Diodore de Sicile décrit l’impression produite sur un Hellène par la langue des Gaulois : « Leur voix a un son grave et des intonations tout à fait rudes. Dans leurs discours, la parole est brève, énigmatique, procédant par allusions et sous-entendus, souvent hyperbolique quand il s’agit de se grandir eux-mêmes et de rabaisser les autres. Ils ont le ton menaçant, hautain, tragique. Ils ont l’esprit pénétrant et non sans aptitude pour le savoir. »

Langues néo-celtiques :

- Irlandais
Ce groupe comprend :
- vieil-irlandais: du VIIIe au XIe siècle.
- moyen-irlandais : du XIe au XVe siècle.
- irlandais moderne : du XVIe siècle à maintenant.

- Gallois
Ce groupe comprend :
- vieux-gallois : du IXe au XIe siècle.
- moyen-gallois : du XIIe au XVIe siècle.
- gallois moderne : du XVIIe siècle à maintenant.

- Cornique
Ce groupe comprend :
- vieux-cornique : du IXe au XIe siècle.
- moyen-cornique : XIVe et XVe siècles.
- cornique : XVIe et XVIIe siècles.
- néo-cornique : langue remise en usage au XXe siècle : langue celtique parlée en Cornouailles en Angleterre, le cornique était considéré comme éteint dans les années 1700 à cause du manque de locuteurs. Mais grâce aux efforts des militants de la langue, il a été revitalisé et est aujourd'hui parlé par plusieurs milliers de personnes.

- Breton
Ce groupe comprend :
- vieux-breton : du IXe au XIe siècle.
- moyen-breton : du XIIe au XVIIe siècle.
- breton prémoderne : de la fin du XVIIe siècle à la fin du XIXe siècle.
- breton moderne : depuis la fin du XIXe siècle. Le breton, langue celtique, est à la fois proche de l’ancien gaulois et des langues parlées dans les îles britanniques, le gallois et le gaélique.
Il n’existe qu’un seul breton. Mais, du fait de son histoire, la langue bretonne s’est dialectalisée, avec des variantes locales. Si le breton, langue celtique cousine du gallois et du gaélique, était traditionnellement parlé à l’ouest de la Bretagne (Basse-Bretagne), à l’est (Haute-Bretagne), la langue romane évolua vers ce qu’on appelle aujourd’hui le gallo.

L’écriture

Le Gaulois, si répandu en tant que langue parlée, est privé longtemps de l’appui de l'écriture. Ce sont les Grecs qui, sur ce point comme sur d'autres, sont les maîtres des Gaulois. L'occasion d'user de l'écriture vient du contact avec les commerçants de la côte provençale. L'introduction de l'alphabet remonte au moment où les rapports deviennent étroits entre Gaulois et Grecs de Marseille, c'est-à-dire au IIIe siècle av. J.-C.
"À partir du IIe siècle av. J.-C. l'écriture a commencé à faire son apparition dans la société gauloise, notamment en empruntant aux Grecs leur alphabet. Ces échanges ont donné naissance au gallo-grec. Plus tard, après la conquête romaine, ce sera l’alphabet latin qui sera utilisé" (Coline Ruiz Darasse, chercheuse au CNRS et responsable du projet RIIG, Recueil informatisé des inscriptions gauloises).
Au 1er siècle av. J.-C., l’alphabet grec est d’usage courant. Les druides, assure César, l’emploient pour rédiger les comptes publics et privés. Par contre, les Gaulois ont complètement ignoré la littérature : les auteurs anciens nous parlent de longs poèmes, traitant de la genèse du monde, des dieux et de l’histoire des Celtes, transmis oralement par les druides.
Outre le fait que la parole écrite est morte, Jules César note dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules que les vers appris auprès des druides ne doivent pas être écrits.
Les Gaulois, de tradition orale, n'utilisent pas un alphabet propre : ils empruntent celui des Grecs, des Étrusques (alphabet gallo-étrusque du gaulois cisalpin) ou des Latins, auxquels ils ajoutent des lettres, comme le tau gaulois, pour retranscrire les sons absents dans ces langues. 19
Les inscriptions gauloises, datées approximativement entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C., sont écrites d’abord en alphabet grec, puis en alphabet latin. Ce sont des inscriptions brèves qui se retrouvent notamment en poterie, céramologie, numismatique, sur des stèles religieuses (dédicaces à un dieu), sur des monuments funéraires et sur des objets de la vie quotidienne.
Le plus long document connu, un calendrier quinquennal, fondé sur le cycle lunaire, trouvé à Coligny, reste encore inintelligible pour l’essentiel et les découvertes récentes de Chamalières et de Lezoux sont encore très controversées.
Seuls les comptes de potiers de La Graufesenque sur la commune de Millau dans l’Aveyron, connus en 1922, ont permis un net progrès car les graffites gaulois avaient des parallèles en latin.
On a ainsi découvert les chiffres ordinaux gaulois : cintuxus (premier), alios (deuxième ou plutôt second, comme le latin alter), trit (troisième), petuar (quatrième), pimpatos (cinquième), svexos (sixième), sextumetos (septième), naumetos (neuvième) et decametos (dixième).

L'ogham (écrit aussi ogam, prononcé oh-am en irlandais, o-am en gaélique écossais, et oram en vieil irlandais), ou écriture oghamique, apparue entre le IIIe et le Ve siècle, est un alphabet antique utilisé principalement pour l'écriture de l'irlandais primitif (forme dite orthodoxe, du IVe au VIe siècle), et plus tard pour le vieil irlandais (forme dite scolastique ou scolaire, du VIe au IXe siècle). 18


III. LA GAULE ET LES GAULES

Le nom Gallia désigne l’ensemble des pays habités par les Gaulois (Galli ou Galatae en latin).

Aux premiers temps de l’expansion romaine, cet ensemble comprend, outre la France des frontières naturelles (Gaule transalpine ou ultérieure), la majeure partie de l'Italie septentrionale (Gaule cisalpine ou citérieure). Puis, peu à peu, jusqu'à l'époque de l'Empire romain, les limites d'emploi de l'expression Gallia tendent à se resserrer.

Les Romains distinguent plusieurs Gaules qualifiées par diverses épithètes, le monde celtique perd ses dernières apparences d'unité.

La conquête du bassin du Pô vers 200 avant J.-C. permet aux Romains d'assujettir à l'urbs les tribus celtiques cisalpines ; celles-ci sont regroupées dans une province unique que l'on appellera Gallia togata ou Gaule en toge.

L'an 118 marque l'achèvement d'une nouvelle conquête romaine, celle des rivages méditerranéens de la Transalpine. La région annexée reçoit d'abord l'appellation toute simple de Provincia. Elle deviendra plus tard la Narbonnaise, on la qualifiera souvent de Gallia bracata (Gaule en braies) pour l'opposer à la fois à la togata et à la comata (Gaule chevelue, hirsute ou boisée : soit le reste de la France et la Belgique).

En 51 avant J.-C., les campagnes de Jules César victorieusement achevées, toute la Gaule est déclarée province romaine et l'ancienne Provincia lui est agrégée.

Octave devenu empereur sous le nom d'Auguste le 16 janvier -27, modifie la division des Gaules opérée par César en créant la Gallia narbonensis (Gaule Narbonnaise), l’Aquitania, la Gallia lugdunensis (Gaule Lyonnaise) et la Gallia belgica (Gaule Belgique).

Durant la longue période qui s'étend du milieu du 1er siècle de notre ère au Bas-Empire (235-476), les différentes Gaules se morcellent : la Lyonnaise est partagée en Lyonnaise et Séquanaise, l'Aquitaine perd sa partie méridionale au profit de la Novempopulanie, une Germanie en deux morceaux séparés est créée en Belgique, la Narbonnaise forme trois provinces (qui sont, d’Ouest en Est : la Narbonnaise Première, la Viennoise et la Narbonnaise Seconde).

Au IVe siècle, la Gaule est constituée de deux diocèses : le diocèse des Gaules ou des dix provinces (les quatre Lyonnaises, les deux Belgiques, les deux Germanies, la Maxima Sequanorum et les Alpes Grées et Pénines) et le diocèse de Viennoise ou des sept provinces (la Viennoise, les deux Aquitaines, la Novempopulanie, les deux Narbonnaises et les Alpes Maritimes).

Les Gaules au temps de Jules César :

- LA PROVINCIA

Dans la Provincia (province qui deviendra la Gaule Narbonnaise), on trouve :
- les Helviens installés dans l'Ardèche ;
- le peuple nombreux des Volques qui s'étend depuis la Garonne moyenne jusqu'au cours inférieur du Rhône jusqu'au passage de Beaucaire. Ils sont subdivisés en Volques Tectosages (Toulouse) et Volques Arécomiques (Nîmes) ;
- les Salyens (Sud de la Durance. Aix-en-Provence, Entremont) ;
- les Cavares dans les riches plaines du Vaucluse ;
- les Allobroges, maîtres de la Savoie et d'une partie du Dauphiné [Vienne, Genève, Grenoble (Cularo)] ;
- les Voconces (Vaison) ;
- les Ceutrons en Tarentaise, les Médulles de la Maurienne, les Ucennes dans l'Oisans, les Caturiges dans la Haute Durance.

A l'arrivée de César, c'est la Gallia comata (Gaule chevelue), autrement dit la Gaule indépendante, qui constitue le pays des Gaulois par excellence.
La première phrase des Commentaires en donne une description restée classique : « Gallia est omnis divisa in partes tres, quarum unam incolunt Belgae, aliam Aquitani, tertiam qui ipsorum lingua Celtae, nostra Galli appellantur » (L'ensemble de la Gaule est divisé en trois parties : l'une est habitée par les Belges, une autre par les Aquitains, la troisième par ceux qui s'appellent eux-mêmes les Celtes et que nous appelons, nous, les Gaulois.)
Si l'on s'en tient au texte, la Gaule chevelue elle-même ne serait qu'en partie peuplée de Gaulois ; en fait, toute l'histoire de ce pays sous la domination romaine démontrera le contraire : Belges et Aquitains continueront à être considérés comme des Gaulois tant que la Gaule durera.

- L’AQUITAINE

A l'intérieur du triangle délimité par la côte atlantique, la Garonne et les Pyrénées, vit un groupe de peuples bien caractérisés.
Ils savent se grouper pour se défendre et mettent en déroute plusieurs fois les légions romaines.

La pénétration gauloise, tardive et partielle, n'efface point chez eux l'influence ibère [le nom d’une ville comme Elimberris (Auch) rappelle les occupants antérieurs] :
- les Tarbelles possédaient à Dax une station thermale déjà florissante ;
- les Benearni (ou Venarni) du Béarn et le peuple du Labourd étaient unis aux Tarbelles.
- les Bigerrions. Capitale : Bigorra Castrum (Saint-Lézer) puis Turba, Tarba (Tarbes)
- les Ausques ou Auscitains occupaient en partie le département du Gers ;
- les Convènes du Comminges, les Vasates de la région de Bazas, les Boïates du pays de Buch,
- les Bituriges Vivisques, rameau détaché des Bituriges Cubes du Berry, installés au confluent de la Garonne et de la Dordogne, tiennent le port de Burdigala (Bordeaux),
- les Garumni, sur la vallée supérieure de la Garonne. Garumna : nom latin de la Garonne,
- les Sotiates ou Sontiates, entre Arcachon et le département actuel du Tarn-et-Garonne,
- les Vascons (Basques), peuple non indo-européen, à l'ouest de la chaîne des Pyrénées.

Jules César qualifie d’Aquitains tous les peuples situés entre la Vendée, le territoire des Arvernes et le territoire des Vascons.

- LA CELTIQUE

Les nations les plus nombreuses et les plus puissamment organisées se rencontrent dans la Gaule centrale ; installées depuis longtemps, elles ont eu le temps de constituer de solides fédérations :
- les Ambarres : entre Rhône et Saône (Bresse, Bugey).
- les Ségusiaves : Forez.
- les Gabales : Gévaudan.
- les Vellaves : Velay.
- les Rutènes : bois et montagnes du Rouergue et de l'Albigeois.
- les Cadurques : Quercy.
- les Nitiobriges : Agenais.
- les Pétrocores : Périgord.
- les Lémovices : Limousin.
- les Santons : Charente, Saintonge avec Mediolanum (Saintes) pour capitale.
- les Pictons : seuil du Poitou.
- les Turons : Touraine.
- les Andes ou Andecaves : Anjou.

- les cités Armoricaines forment un groupe à part. Pénétrée tardivement par les Celtes, l'Armorique conserve une forte population primitive. Des traditions religieuses antérieures s'y sont maintenues. Elle comprend les Namnètes, les Vénètes, les Redons, les Coriosolites, les Cassitérides et les Osismes. Ces peuples possèdent une puissante marine. Celle des Vénètes est de premier ordre. Excellents navigateurs, ils vont, depuis des siècles, quérir l'étain en Cornouaille.
- les Namnètes : estuaire de la Loire avec leur port déjà ancien de Corbilo (probablement à Penhoët/St Nazaire).
- les Osismiens ou Osismes : Finistère.
- les Coriosolites : Côtes d’Armor.
- les Vénètes : Golfe du Morbihan, Vannes.
- les Cassitérides : Iles côtières de Bretagne (Scilly ou Sorlingues et autres îles de la côte du Morbihan)
- les Redons : Rennes.

- les Aulerques : Normandie. Leur nom se retrouve en Bourgogne et jusqu'en Italie. Confédération de peuples, dont : les Ambarres (Maine), les Arviens (Laval), les Brannovices (Entrains-sur-Nohain entre Loire et Seine), les Cénomans (Perche, Sarthe), les Sagiens (Sées, Exmes 61), les Diablintes (région de Jublains 53 = Noviodunum), les Eburovices (Eure et Perche), les Calètes (Pays de Caux et Pays de Bray), les Véliocasses (Vexin et Rouen), les Lexoviens (Lisieux, diocèse de Lieuvin), les Baïocasses (Bessin, Bayeux), les Viducasses (Orne, Calvados, Pays de Vieux 14), les Abrincates (Sud-ouest du Cotentin, Avranches 50), les Unelles (Cotentin), les Esuviens (Eu en Seine Maritime et partie du département actuel de l'Orne)
- les Parisiens (Parisii) sont un peuple de mariniers.
- les Sénons tiennent les passages qui conduisent rapidement vers les seuils de Bourgogne et la Saône. Ils vivent aussi de la batellerie et leur capitale est le port fluvial d'Agedincum (Sens).
- les Lingons se trouvaient à la source même de la Seine, comme aussi à celle de la Marne. Plateau de Langres (Andematunnum).
- les Tricasses (région de Troyes).
- les Séquanes : ouest du Jura ; capitale : Vesontio (Besançon).
- les Helvètes : dans la plaine suisse depuis peu. Les occupants primitifs se retrouvent peut-être dans de petites peuplades du Valais.

Au centre de la Celtique siègent les peuples les plus considérables :
- les Carnutes, gens résolus. Leur pays passe pour le cœur de la Gaule. Ils donnent plusieurs fois le signal de l'insurrection. Place : Autricum (Chartres), Cenabum (Orléans).
- les Bituriges Cubes passent pour avoir exercé jadis une sorte de prépondérance. En plus d'Avaricum (Bourges), l'une des plus belles villes de la Gaule, ils possèdent des bourgades importantes.
- les Eduens : immense domaine entre Loire et Saône. Au centre du pays se dresse le Morvan avec leur place principale aujourd'hui disparue, mais d'où le mont Beuvray tire son nom : Bibracte. Ports fluviaux : Cavillonum (Chalon sur Saône) et Matisco (Mâcon) sur la Saône et Decetia (Decize) sur la Loire.
- les Mandubiens : clients des Eduens. Ville sainte : Alésia.
- les Arvernes : vaste région du massif central. Peuple fort, âpre au combat, à l'âme indomptable. Retranchés dans leurs montagnes en des places défendues par la nature comme Gergovie.

- LA BELGIQUE

Le nord de la Gaule est occupé par des peuples, derniers arrivés parmi les Celtes, qui se donnent l'appellation générale de Belges :
- les Ambiens sur la Somme. Samarobriva : Amiens.
- les Morins et les Ménapes ou Ménapiens : Flandres marécageuses.
- les Atrébates : région d'Arras.
- les Nerviens ou Nerves : vallées de l'Escaut et de la Sambre.
- les Bellovaques : Beauvaisis.
- les Suessions : Soissonnais ; place du nom de Noviodunum.
- les Silvanectes : Région de Senlis, forêt de Compiègne.
- les Rèmes : Champagne. Durocortorum : Reims.
- les Catalauni : région de Châlons-en-Champagne.
- les Leuques ou Leuces : hautes vallées de la Meuse et de la Moselle, jusqu'aux Vosges.
- les Mediomatriques ou Mediomatrices : cours moyen de la Moselle.
- les Trévires : de la Meuse au Rhin.
- les Aduatuques : rive gauche du Rhin, venus avec les Cimbres et les Teutons.

Jules César donne le nom de Belges à tous les peuples situés au nord de l'Escaut.

Dans les basses vallées de la Meuse et du Rhin, la proportion des Germains est plus forte parmi 4 ou 5 peuples et dont le plus important est les Eburons. Cependant les chefs éburons portent des noms gaulois et ces peuples font cause commune avec les autres belges contre les envahisseurs d'outre-Rhin, comme aussi contre les conquérants romains : Ambiorix, chef des Eburons, fut un des adversaires les plus acharnés de César.

"Il fut un temps où les Gaulois, surpassant les Germains en valeur, portaient la guerre chez eux et envoyaient au-delà du Rhin des colonies parce qu'ils avaient trop de population et manquaient de terres pour la nourrir. C'est ainsi que les Volcae Tectosages s'étaient emparés des contrées les plus fertiles de la Germanie près de la forêt Hercynienne. Cette nation s'y est maintenue jusqu'à ce jour et jouit d'une grande réputation de justice et de valeur." (Jules César)

Les Gaules au temps d'Auguste :

Auguste, empereur le 16 janvier -27, modifie la division des Gaules :
- la Narbonnaise (Gallia narbonensis), ex-Provincia, change peu. Elle s’étend des Alpes aux Cévennes ; sa capitale est Narbonne. C'est la seule province sénatoriale, les autres sont des provinces impériales ;
- l'Aquitaine (Aquitania) s'étend au-delà de la Garonne, jusqu'à la Loire et au Massif Central, sa capitale est Bordeaux. Elle inclut 14 tribus de plus à l’Aquitaine originelle établie par César : 12 de la Celtique (Helvii, Vellavi, Arverni, Lemovices, Petrocorii, Nitiobriges, Cadurci, Bituriges Cubi, Santones, Pictones, Ruteni et Gabali) et 2 de la Provincia : Bituriges vivisci et Convenae. Au Ve siècle, la Notitia Galliarum (Notice des Gaules) donne huit cités pour l'Aquitaine Première, celles des Bituriges Cubes, des Arvernes, des Rutènes, des Albigeois, des Cadurques, des Lémovices, des Gabales et des Vellaves et six pour l'Aquitaine Seconde : Bituriges Vivisques (Bordeaux), Nitiobriges (Aginnenses), Ecolismenses (Angoulême), Santones, Pictones et Pétrocores ;
- la Lyonnaise (Gallia lugdunensis), entre Loire et Seine, de Lyon jusqu'en Armorique ; sa capitale est Lyon ;
- la Belgique (Gallia belgica), approximativement entre la Seine et le Rhin jusqu’à la mer du Nord ; sa capitale est Reims.

Les Germanies :

Auguste crée deux groupes d'armée : l'armée du Moyen-Rhin ou de Germanie supérieure et l'armée du Bas-Rhin ou de Germanie inférieure. Bien qu'ils soient officiellement aux ordres du gouverneur de la Gaule Belgique, ils sont en fait autonomes.
Tibère, empereur romain de 14 à 37, détache officiellement les Germanies de la Belgique.
Au début du IVe siècle, la rive gauche du Rhin est partagée entre trois provinces : la Germanie Première (Mayence, Worms, Spire et Strasbourg), la Germanie Seconde (Cologne et Tongres) et la Séquanie, intégrées au diocèse des Gaules.

Voir Liste des Cités et tribus.

Carte de la Gaule

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IV. CIVILISATION ET SOCIÉTÉ GAULOISES

1. PORTRAIT DES GAULOIS

D'après Amédée Thierry (1797-1873), les Gaulois ont les cheveux blonds, le teint blanc, la taille haute ; ils parlent fort et travaillent bien. Cette description est remise en question.

Polybe note leur perfidie.

Par contre, Strabon (IV, 5) les dit d’un naturel simple, franc et sans malice mais fanfarons, fous de parures. Par légèreté, ils sont arrogants dans la victoire, abattus dans la défaite. Il attribue à leur simplicité et à leur fierté personnelle (IV, 2) la facilité avec laquelle ils s’assemblent en nombre pour s’associer à quiconque leur paraît victime d’injustice (IV, 2). Il rapproche leur passé de l’état présent des Germains, plus sauvages, plus grands, plus blonds (VII, 2).

Cicéron leur refuse tout sentiment de pitié et de justice.

Par contre, César reconnaît que les Volques Tectosages ont une grande réputation de justice.

Il rend aussi hommage à l'esprit de sacrifice des guerriers, qui, lors du siège d'Avaricum, se relayant dans un poste dangereux où ils périront tous, ne cessent de jeter, pendant des heures, des brandons enflammés sur les ouvrages en bois des Romains.

Les Gaulois sont braves mais fanfarons, intelligents mais peu capables de discipline, enthousiastes mais prompts au découragement, généreux mais terriblement coléreux.

Lors de la grande levée de 52, les Bellovaques refusent de fournir leur contingent et ont le front de déclarer qu'ils feront la guerre contre Rome tout seuls et quand il leur plairait (après Alésia, ils tiendront cette formidable gageure).

Le moindre revers suffit à briser les courages et Vercingétorix doit déployer des prodiges d'éloquence pour maintenir un moral élevé parmi ses troupes comme aussi pour les empêcher de se risquer dans de folles équipées.

Peu de gens sont plus crédules que les Gaulois. Ils se laissent impressionner par les rumeurs.

Ils comptent parmi les mieux doués des barbares sous le rapport de l'intelligence. César vante leur habilité à imiter et à réaliser ce qu'ils ont vu faire aux autres.

Les Gaulois du 1er siècle ont perdu la furie guerrière qui a fait leur force : ils restent querelleurs et belliqueux mais ils ne tiennent plus dans le combat. César attribue cette décadence à la vie facile qu'ils mènent.

Timagène blâme leur arrogance et leur goût du vin, mais vante, outre leur vaillance, leur propreté, surtout chez les Aquitains.
L’intempérance des Celtes est célèbre ; on dit que c’est l’amour du vin qui les a attirés en Italie. Cicéron assure qu’ils croient que le mélange d’eau et de vin (pourtant habituellement pratiqué par les Romains) est un poison. "Pour les Gaulois, le vin rouge était l’équivalent du sang : c’était un breuvage magique, qui redonnait la vie et qui procurait aux guerriers la force et le courage dont ils avaient besoin avant le combat. L’ivresse que procurait le vin permettait, pensaient les Gaulois, de se rapprocher des divinités. À la différence des Romains qui le coupaient toujours d’eau, le vin était bu pur lors des cérémonies religieuses et des banquets où il coulait à flots" (Éric Birlouez).
Les Gaulois sont très hospitaliers : leur porte n’est jamais fermée et le passant est invité à partager leur repas.
Ils utilisent une serviette de table et, contrairement aux Romains, mangent assis.

Comme les Germains, ils fabriquent leur savon (sapo : invention celte selon Pline), un mélange de suif (graisse de chèvre) et de cendre de bouleau, qu’ils emploient pour décolorer leur chevelure. Le véritable savon était fabriqué et commercialisé par les Phéniciens, 1000 ans avant notre ère, à partir d'huile d'olive et de soude végétale. 14
Les Gaulois se rasent la barbe.
Certains gardent les chevaux longs et la moustache pendante ; la plupart ne portent pas de moustache et préfèrent les cheveux courts, en brosse, roussis à l’urine vieillie et fixés à l'aide d'un gel à base de farine.

Les dents sont nettoyées et brossées.
Pour se laver les dents, les Celtibères utilisent l’urine collective stockée dans un réservoir.

Les Gaulois utilisent des esclaves, mais peu, car les prisonniers sont en principe sacrifiés aux dieux. Les esclaves, dont le statut se transmet de père en fils, n'ont aucun poids politique mais jouent un rôle économique déterminant, en travaillant dans les champs, à l'entretien des biens de leur maître. Il peut aussi s'agir de prisonniers de guerre, précieuse monnaie d'échange dans les combats. 16

Les hommes libres comprennent, en dehors des druides, deux classes : l'homme du peuple (le brenn), à la fois guerrier et paysan, et les nobles ou chevaliers que César nomment equites.
L’absence de classe moyenne est un trait de la société gauloise.

Les Gaulois nobles servent à cheval. Des actions d'éclat, la faveur d'un puissant et plus simplement la fortune sont des moyens grâce auxquels on peut s'élever d'une classe à l'autre. Dans la noblesse existent plusieurs degrés : l'échelon le plus modeste est représenté par les hommes honorables, viennent ensuite les illustres, et enfin les très nobles.

Les ambacti (de ambi = autour) constituent l’entourage du maître. César raconte qu’en l’an 52, l’éduen Litaviccos, fuyant sa colère, est suivi par ses ambactes car il est jugé indigne chez les Gaulois d’abandonner son patron, même à toute extrémité.

Les Gaulois sont passés du régime de la propriété collective du sol à celui de la propriété privée (contrairement aux Germains). Tout porte à croire que le territoire national est réparti en grands domaines appartenant aux nobles.


2. VIE POLITIQUE

- TRIBUS et CITES

Après la conquête romaine, la Gaule entière compte une population estimée entre 8 et 10 millions d’habitants 9 répartis en plus de 400 tribus fédérées en 60 cités.
La tribu, appelée pagus par les Latins, est un héritage des Indo-européens (environ 2000 av. J.-C.). C’est la structure foncière des sociétés celtiques, structure de semi-nomades, cavaliers et éleveurs comme les gens des steppes, dont les Gaulois ont gardé le pantalon et les vestes à larges manches.
La désignation de certaines tribus est visiblement tirée d'un nom d’homme comme le pagus Verbigenus chez les Helvètes (sans doute le nom de l'ancêtre commun). Une tribu a généralement 4 sous-tribus qui, en temps de guerre, se regroupent autour d'elle. Chaque sous-tribu peut avoir son petit roi : le regulus. En 52 av. J.-C., les Arvernes regroupent Cadurques (Cahors), Gabales (Gévaudan) et Vellaves (Velay).

La cité (ou nation ou peuple), en latin civitas, est fondée dès le IIème siècle av. J.-C. : c’est une fédération de tribus qui ont conclu entre elles une entente permanente pour le temps de paix et le temps de guerre.
L'unité de certaines cités est chose fragile. Les Morins ne peuvent adopter une attitude unanime vis à vis de l'envahisseur romain : certaines tribus font leur soumission, les autres refusent d'entrer en rapport avec lui. Les Parisiens se séparent des Sénons avec lesquels ils formaient autrefois une seule nation. Chez les Eburons, formés de 2 petites tribus, 2 rois se partagent le pouvoir, dirigeant chacun leur tribu. Les nations gauloises les plus homogènes semblent être les plus anciennes : Carnutes, Bituriges, Eduens, Arvernes.
Presque toutes les cités comprennent à la fois des pays de hautes terres et des pays de terres basses. Les Allobroges tiennent les sommets des Alpes et la vallée du Rhône. Les Carnutes possèdent, avec la Beauce, les collines du Perche.
Les cités sont des unités économiques ; elles s'appuient toujours sur une vallée fluviale ou du moins sur une route majeure. Les Eduens, les plus avisés peut-être en politique, parviennent à dominer à la fois le couloir rhodanien, la vallée de la Loire et les passages de la Saône à la Seine.
Les limites des provinces de l'ancien régime, et même parfois celles des départements se superposeront à celles des cités gauloises.

Voir : Gaule. Carte de la Gaule. Liste alphabétique et détaillée des cités et tribus celtes et d'autres peuples anciens.

- LA ROYAUTE

Le roi (rix), élu dans certaines familles aristocratiques, est un chef militaire. En cas de conflit, il commande en personne les cavaliers de la tribu.
Les nobles n'obéissent pas au roi en temps de paix et l'institution royale tend à disparaître : au temps de César, il n'y avait qu'un seul roi tribal (Moritasgus) chez les Sénons (Sens) et un seul regulus sous-tribal, Teutomatus (ou Teutomatos), chez les Nitiobriges (Agen).
Des personnages, connus du temps de César, comptent des rois parmi leurs ascendants, tels que Tasgétius chez les Carnutes et Casticus chez les Séquanes.
Les grandes nations comme les Eduens et les Arvernes sont des premières à renverser leurs monarques. Les nouveaux gouvernements consacrent le triomphe de l'aristocratie. Celtill, père de Vercingétorix, est massacré parce qu'il essaie de rétablir la royauté à son profit. Vercingétorix réussira non sans peine à se faire proclamer roi des Arvernes en 52 ; les peuples confédérés le nommeront généralissime.
Les Gaulois ne sont pas gens d'humeur assez égale pour s'accommoder longtemps d'un même régime. César note en maintes circonstances leur penchant pour les nouveautés, sinon pour les révolutions. Une rumeur suffit à déchaîner la panique, à provoquer l'assassinat et des troubles publiques. Dès qu'un dirigeant déplait, on le renverse et on l'exécute. Lorsqu’un noble particulièrement influent et enrichi s'élève au-dessus de sa classe, il ne peut plus se contenter d'occuper des magistratures et il en vient bientôt à rêver du pouvoir absolu : c’est le cas de Celtill chez les Arvernes, de Dumnorix chez les Eduens et d'Orgetorix chez les Helvètes.

- LE VERGOBRET

Chez les Eduens et quelques autres peuples de la Gaule (notamment les Lexovii et les Santones), le vergobret [vergobretos de vergo (= jugement) et bretos (= efficace)], magistrat suprême réunissant une partie des prérogatives des anciens rois, cumule, semble-t-il, le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire. Cette magistrature est élective et annuelle. Le vergobret ne peut commander l'armée, mais lui seul peut prononcer une condamnation capitale. Il jouit en général de larges prérogatives, sous la protection et sans doute aussi sous la surveillance de l'ordre sacerdotal. Dans les fêtes publiques, il parait la barbe poudrée d'or.
L'élection du vergobret se fait suivant une procédure minutieusement réglée : le moment de l'année, le lieu de l'élection, sont consacrés, les modalités bien fixées. Le collège électoral comprend essentiellement les sénateurs, c'est-à-dire les chefs de tribus et sans doute les représentants de la noblesse. Le vergobret n'est donc que le porte-parole temporaire de l'aristocratie. Nous ne savons pas exactement comment le sénat était recruté. Le nombre des membres paraît avoir été élevé, si l'on en juge par le petit peuple des Nerviens qui avaient 600 sénateurs. Ce chiffre important donne à penser que la plupart des familles nobles est représentée. Par contre, chez les Eduens, 2 personnes de la même famille ne peuvent en faire partie simultanément.
Le Sénat est plutôt la réunion des chefs de village ou de districts, et de chefs actifs, capables à la fois de commander et payer d'exemple. C'est le sénat qui élit les magistrats et en particulier le vergobret. Les dirigeants de la politique, hormis le vergobret, ne différent pas des chefs militaires.

- CITATIONS

En Gaule, non seulement dans toutes les cités, dans toutes les bourgades et dans toutes les régions, mais aussi dans presque chaque famille, il y a des partis politiques opposés. A leur tête se trouvent des chefs choisis pour leur prestige. C'est à eux que les Gaulois s'en remettent pour trancher et régler tous les problèmes. Cette coutume remontant à des temps très anciens semble destinée à assurer la protection de chacun contre un plus puissant. En effet, un chef de parti ne permet pas qu'on attaque ou qu'on trompe ses fidèles, car, sinon, il n'a plus aucune autorité dans son parti. Cette même division se retrouve dans l'ensemble de la Gaule, dont tous les peuples sont divisés en deux grandes factions. (Jules César, Commentaires sur la guerre des Gaules, VI, 11.)

La monarchie, dans notre pays, est franque, elle n'est pas gauloise. (Proudhon)


3. LA FAMILLE

L’autorité du père de famille est absolue : il a le droit de vie et de mort sur sa femme et ses enfants.

La fidélité des femmes celtes est célèbre chez les anciens. Elles accompagnent leurs maris à la guerre. La polygamie pratiquée chez les Germains et la communauté des femmes admises chez les Bretons n’est plus en usage en Gaule au 1er siècle et il existe un véritable contrat de mariage. En vertu de ce contrat la femme apporte une dot d'argent (pecunia) ; le mari doit doubler ce capital par un apport de biens jugés équivalent. Les époux deviennent copropriétaires de ce capital commun. En cas de décès du mari, le droit de la femme ne s'exerce pas immédiatement et sans réserve. Un conseil de famille se réunit et délibère sur les circonstances de la mort. S'il y a doute, on n'hésite pas à soumettre la femme à la question et si elle est convaincue de crime on la fait périr au milieu des tourments.
La vie de l'enfant est la préoccupation unique des femmes jusqu’à l'âge du service militaire.

"Les Gaulois diffèrent des autres peuples en ce qu’ils ne permettent pas à leurs enfants de les aborder en public avant qu’ils n’aient atteint l’âge où ils sont capables du service militaire ; ils regardent comme une honte qu’un fils à l’âge d’enfant paraisse en public en présence de son père." (César).

D’après Aristote, les Celtes ont coutume de plonger les nouveaux-nés dans l’eau d’un fleuve.

Aristote, puis Diodore et Athénée accusent les Celtes de pédérastie, accusation qui n’est pas formulée par les écrivains romains. Il semble que les relations amoureuses entre hommes, au moins entre guerriers, étaient admises par la communauté.


4. LES GUERRIERS

Au début du second âge du fer (500/400 av. J.-C.), le char de guerre (essedum, covinnus ou carpentum selon le modèle) est l'instrument de combat le plus employé, surtout chez les peuples du Nord-Est. Il comporte une caisse en bois portée par 2 roues et tirée par 2 chevaux.
Le char tombe en désuétude au IIe siècle chez les peuples de la Celtique et semble alors être réservé aux grands dignitaires.
Au temps de César le char n'est plus en usage d'une manière systématique que chez les populations, plus conservatrices, de l'Ile de Bretagne. En Gaule, l'arme par excellence est devenue la cavalerie.

Le cavalier est un noble. Il monte un cheval non ferré, sans selle et sans étrier. Le noble préfère lancer le javelot, d’abord du haut de son char, puis, lorsque le char de guerre a cessé d’être en usage, du haut de son cheval.

Un rassemblement en armes a lieu avant chaque guerre. Tous les guerriers doivent se regrouper rapidement ; celui qui arrive le dernier est mis à mort.

D’après César, des soldurii vouent leur vie à un chef militaire.

L'entrée en campagne est précédée de sacrifices humains.

Les guerriers se lancent à la bataille en poussant le cri de guerre ; les carnyx, trompes de bronze au pavillon en forme de gueule monstrueuse, retentissent pour terrifier l’adversaire (le carnyx ou carnynx ou carnux) se présente comme une longue trompe ornée d’une de tête évoquant celle d'un sanglier ; il est utilisé sur les champs de bataille pour galvaniser les troupes et faire peur aux ennemis entre -200 et -80). Strabon remarque que les Celtes se jettent sur l’ennemi en masse et périssent aussi en masse.
Les Gaulois utilisent le casque, le bouclier, l’épée, la lance, la fronde, la hache, le poignard et la masse d'armes.
Les casques celtiques, qui portent des cimiers ou des cornes ou des têtes d'animaux (site de Tintignac) ou encore de petites roues symboliques, sont des casques d'apparat destinés aux cérémonies.
Le grand bouclier ovale ou hexagonal en bois est renforcé de pièces de métal au centre et sur les côtés ; le svastika apparaît très souvent sur les boucliers.
L'arc ne se répand qu'au moment de la résistance contre Rome : dans la Guerre des Gaules, César évoque à 4 reprises l'usage de l'arc par les Gaulois. D'après César, les Germains et les Gaulois répugnent à utiliser l'arc à la guerre : ils l'utilisent à la chasse, car selon leurs critères, la valeur d'un homme ne se mesure que dans un combat au corps à corps.
La masse d'armes est une massue de fer, suspendue à un bout de chaîne, que le cavalier gaulois accroche à l'arçon de sa selle.
Selon Varron, les guerriers, les nobles du moins, protègent leur corps avec la cotte de mailles qu’ils ont inventée, probablement au IIIe siècle av. J.-C. 16.

Pour se faire reconnaître de leurs alliés, les guerriers se découvrent l’épaule droite.

Les prisonniers, qui ne sont pas réduits en esclavage, sont immolés.

Le Gaulois victorieux se réserve la tête de son ennemi. Suivant une vieille coutume toujours observée, les vaincus sont décapités sur le champ de bataille même.
Les chefs victorieux rapportent, suspendues à leur cou ou au poitrail de leurs chevaux, les têtes de leurs ennemis. Elles restent ensuite clouées aux portes des maisons ou sont conservées comme symbole de triomphe et aussi comme fétiches protecteurs (la tête étant considérée comme le siège de l'âme immortelle).
Les têtes des ennemis illustres, conservées dans de l’huile de cèdre, sont montrées fièrement aux visiteurs.
Cette coutume horrible était un rite très répandu chez un grand nombre de peuples de l'antiquité.
Les Scythes, et après eux les Wisigoths, les Lombards et les Francs, pratiquaient la décapitation et aussi la scalpation.

L’épée qui accompagne le guerrier mort dans sa sépulture est rituellement pliée à chaud.
L'incinération prédomine dès le IIIe siècle avant J.C. Une ou plusieurs urnes ainsi que les cendres du défunt, sont déposées dans une cavité creusée dans la terre.

Chaque tribu se groupe autour de ses emblèmes, a son propre campement et manœuvre à part : les Helvètes passent la Saône tribu par tribu, ce qui permet à César de tailler en pièces les Tigurins demeurés en bloc sur la Rive Gauche.

A partir du Ve siècle av. J.-C., se développe le mercenariat : des guerriers combattent au sein de peuples étrangers, pour de l'argent ou des denrées convoitées telles que le vin.

"Les Celtes sont tout naturellement propres aux combats, mais ils valent mieux comme cavaliers que comme fantassins". (Strabon)

"Mars préside aux guerres. Quand ils ont résolu de livrer bataille, ils promettent généralement à ce dieu le butin qu’ils feront ; vainqueurs, ils lui offrent en sacrifice le butin vivant et entassent le reste en un seul endroit. On peut voir dans bien des cités, en des lieux consacrés, des tertres élevés, avec ces dépouilles" (J. César).


"Ut ad bella suscipienda Gallorum alacer ac promptus est animus, sic mollis ac minime resistens ad calamitates perferendas mens eorum est" (Si les Gaulois sont ardents et prompts à entreprendre une guerre, pour supporter les désastres, leur esprit est mou et sans résistance). (Jules César 100-44 avJC, La Guerre des Gaules, III, 19)


5. RELIGION. DRUIDISME.

Après César, Tite-Live considère la religiosité comme un traité distinctif du caractère gaulois. Le surnaturel tient une grande place dans la vie des Gaulois.

- LE CULTE DES MEGALITHES

Le culte des pierres, extériorisé aux temps néolithiques sous la forme des menhirs, reste vivace.
Les mégalithes d'Europe occidentale ont été construits entre 4 500 et 2 500 ans avant notre ère, au cours de la période néolithique et pendant une partie de l'âge du bronze (certains travaux récents sur les mégalithes de Bretagne suggèrent une origine plus ancienne, jusqu'à 6 000 ou 7 000 ans avant notre ère ; mais il y a bien eu des stèles et des pierres levées, plus modestes, érigées par les Gaulois).
Les mégalithes peuvent être classés en quatre catégories :
- les menhirs sont des monolithes dressés, c'est-à-dire des blocs de pierre isolés, généralement de grande taille et placés à l'origine verticalement (pierres levées). Le menhir serait l'incarnation indestructible d'un personnage avant apporté des bienfaits à la tribu. Il est également en relation avec la foudre (chute de la hache de pierre à travers les nuages).
- les alignements sont des rangées de monolithes dressés (à Carnac, ils ont près de 7 000 ans. Bien plus anciens que les grands monolithes de Stonehenge outre-Manche, érigés à l’âge du bronze, ils forment tout simplement l’un des premiers ensembles d’architecture monumentale au monde).
- les cromlechs sont des cercles composés de nombreux monolithes. Le plus célèbre est celui de Stonehenge en Angleterre.
- les dolmens (type de mégalithes le plus répandu en Europe occidentale) sont des chambres funéraires dont les parois et le toit sont constitués de monolithes. Les dolmens, étaient à l'origine, recouverts totalement par un tumulus de terre ou de pierraille. Protégés par les superstitions dont ils font l’objet, les dolmens n’en sont pas moins saccagés : les Romains commencent en puisant largement dans les tumulus protecteurs pour empierrer les routes.
Il reste près de 900 dolmens dans le sud de l'Ardèche, 1 000 dans l'Aveyron, alors que 550 mégalithes (menhirs compris) sont inventoriés dans le Morbihan ; une centaine de statues-menhirs localisées dans l'Aveyron, le Tarn et l'Hérault, datent de 3000 ans avant J-C.

- LES DRUIDES :

Les druides (du celtique dru-wides = les très savants, et non du grec drûs = chêne selon Pline l’Ancien) ont accepté l’héritage de la religion mégalithique et se servent des imposants monuments ; ils déclarent que ces énormes pierres sont là depuis que la terre existe.
Ils possèdent une science sacrée dont la compréhension se perdra. On sait cependant que leur doctrine proclame l'immortalité de l'âme et sa transmigration. Ils croient en un principe divin unique.
Les Anciens qualifient les druides de philosophes, entendant par là qu’ils ne se désintéressent d'aucune branche du savoir. À la fois dignitaires religieux, bâtisseurs, astronomes, mais aussi juges et guérisseurs, les druides constituent l'élite intellectuelle des tribus celtes.
"... ils [les druides] se livrent à de nombreuses spéculations sur les astres et leurs mouvements, sur les dimensions du monde et celles de la terre, sur la nature des choses, sur la puissance des dieux et leurs attributions, et ils transmettent ces doctrines à la jeunesse." (Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre VI, 14).

L’ordre des druides se divise en trois degrés correspondant à trois états d'initiation :
- les vates (en gaulois vatis, en irlandais faith = devin), devins et sacrificateurs, savants et médecins, qui ont en charge l'exercice pratique de la religion ;
- les eubages, adonnés aux sciences divinatoires, qui prophétisent ;
- les bardes (du gaulois bardos, irlandais bard, gallois bardd, breton barzh = poète), qui, par leurs chants, perpétuent les mythes où est contenu le savoir, et expriment la louange, le blâme ou la satire. Le barde a pour spécialité la poésie parlée, et surtout chantée. Il s’accompagne d’une sorte de lyre. Le barde est supplanté en Irlande par le file (voyant), qui remplit en même temps les fonctions de devin et de juge.

Le GUTUATER (pluriel : gutuatri), celui qui invoque (de gutu = voix), est chargé de chanter les prières car il a le pouvoir de s'adresser aux dieux. Ausone écrit qu’il est stirpe Druidarum satus (tout-à-fait druide d'origine). Selon Tacite, le gutuater remplit une fonction juridique et détient des pouvoirs magiques : c’est donc un vate. Le gutuater gaulois, qui prononce invocations et exécrations, bénédictions et malédictions, est l’équivalent du cainte irlandais.
Les dryades sont des devineresses. En 53 av. J.-C, Vercingétorix, avant de soulever la Gaule contre César, se rend chez les prêtresses de l'île de Sein pour consulter les âmes des héros morts 22.
Le terme Ban-drui (femme-druide) est attesté dans la littérature médiévale irlandaise, mais il apparaît qu’il n’y a jamais eu de véritables druidesses habilitées à pratiquer des sacrifices et des offrandes, mais seulement des femmes, consacrées à la divination (dryades) ou à la médecine (obstétrique et naturothérapie), que l’on qualifiera plus tard de sorcières.
C.-J. Guyonvarc’h et F. Le Roux écrivent (Les Druides p.40) : « La druidesse de l'imagerie romantique est en effet un leurre ou une illusion. Nous n'avons aucune trace sérieuse d'un sacerdoce féminin, surtout pas chez César qui, s'il avait existé des collèges de druidesses en Gaule indépendante, aurait dû le remarquer ».
Strabon (Géographie) cite les bardes, les vates et les druides.
Diodore de Sicile (Histoires) parle des bardes, des druides et des devins.
Marcellin dit que les Gaulois ont été civilisés par les bardes, les eubages et les druides.
César ne mentionne que les druides.
Diogène Laërce affirme qu’il y eut chez les Celtes et les Gaulois ceux qu’on appelle druides et semnothées ; semnothées désignant des hommes vénérables d’origine divine.
Aristocrates, les druides sont à la fois prêtres (culte des dieux naturels ; liturgie du gui toujours vert, symbole de l'immortalité de l'âme), guérisseurs, éducateurs (mainteneurs des poèmes héroïques récités ; l'école est cependant réservée aux classes privilégiées) et juges (ils prononcent la peine capitale : les exécutions sont rituelles et varient selon le crime ; par exemple, certains criminels voués au dieu Esus sont pendus à un arbre et saignés à mort, d’autres sont brûlés sur de grands bûchers).
Les condamnés qui ne se soumettent pas à la sentence encourent une véritable excommunication.
La durée du noviciat druidique est fort longue : elle peut aller jusqu'à 20 ans. La formation d'un druide comprenait l'étude de la philosophie, de l'histoire, de la poésie et des lois, ainsi que des techniques de divination et de guérison. Le célibat n’est pas imposé aux druides, à ce qu'il semble. Ils ne mènent pas de vie conventuelle. Ils ne sont pas astreints au métier des armes ni au paiement de l'impôt.
L'instruction de la jeunesse est une prérogative des druides ; les nobles seuls sont autorisés à recevoir l'enseignement. Les druides exaltent le courage et le mépris de la mort.
Les druides et les pythagoriciens ont des croyances métaphysiques communes : la non-représentation des dieux, l'intérêt pour les nombres et les lois mathématiques comme expression du divin, le goût de la divination et des augures, l’immortalité de l’âme, le cycle et la fin des réincarnations après une mort héroïque…
Diodore de Sicile écrit que l’opinion de Pythagore prévaut chez eux (les Celtes, ndlr).
La littérature, abondante mais orale, est transmise par les druides et les bardes.
Diogène Laërce attribue aux druides cette sentence : « Révérer les dieux, ne rien faire de mal et avoir du courage. »
Ce clergé est la seule institution supratribale si nous exceptons les rares assemblées fédérales dont Vercingétorix tenta de se servir pour organiser la résistance.
Le rôle des druides est multiple : conseillers des chefs de tribus, diplomates, juges, voire (s'il leur plait) chefs militaires, rien d'important n'est décidé en dehors d'eux. Diodorus Siculus et Strabon ont tous deux écrit que les druides étaient si bien considérés que leur seule présence suffisait à arrêter les batailles...
Avec le temps, l'autorité sacerdotale passe aux mains de la caste guerrière et il se fait un renversement qui brise ce gouvernement théocratique.
Les druides résument en eux-mêmes tout le savoir de leur civilisation.
Et ce savoir prétend exercer son empire sur les divers éléments : ils sont les maîtres du feu, commandent à l'eau et à la terre et se déclarent capables de déchaîner ou d'apaiser le vent.
Bien plus, ils répondent à l'attente essentielle de tous les peuples de l'Antiquité en dévoilant l'avenir : ils sont surtout des devins.
César écrit que les druides interprètent la volonté des Dieux : religiones interpretantur.
Guérisseurs, les druides connaissent la forêt, lieu sacré, et les plantes qui soignent. Ils fabriquent une potion pour stimuler les combattants. On leur attribue le pouvoir de rendre frais et dispos des guerriers blessés à mort. Ils pratiquent également la chirurgie à l'aide de scalpels et de lancettes. La verveine sert à tirer les sorts et à prédire l’avenir. L'eau lustrale (aspersion) chasse les maléfices. La fumée est bonne pour toutes les maladies des yeux. L’œuf de serpent fait gagner les procès et donne accès aux souverains.
Les druides jouent probablement du bodhran ou bohdron, le tambour celtique, instrument chamanique par excellence car il est censé agir directement sur le rythme cardiaque.
Les rites religieux sont célébrés dans de véritables sanctuaires, pas dans les forêts. L'archéologie est venue balayer cette idée reçue avec la découverte d'authentiques sanctuaires comme ceux de Gournay sur Aronde et Ribemont-sur-Ancre en Picardie, celui de Mirebeau-sur-Bèze en Côte-d'Or ou celui de Corent dans le Puy-de-Dôme.

Les druides des diverses cités, au moins ceux de la Celtique, forment une ample association et reconnaissent pour chef suprême l'un des leurs.
Strabon nous représente les druides comme des arbitres agréés par les plaideurs, mais non imposés. L'autorité des druides est peu respectée par les Etats.
Par un singulier paradoxe, ce sont les Gaulois, peuple le plus ergoteur et le moins enclin à accepter une discipline, qui nous offre la première image d'une cour d'arbitrage international.
Les Celtes ont gardé le souvenir de l'Empire celtique depuis le IVe s. av. J.-C. quand ils occupaient presque toute l'Europe et une partie du monde méditerranéen.
Aussi, chaque année, à l’occasion de la fête de Samain, en dépit de leur morcellement politique, ils se réunissent au nombril (en grec omphalos) de chacune de leurs grandes unités nationales : Gaule, Espagne, Bretagne, Pannonie, Asie, etc.
Pour la Gaule, le nombril est chez les Carnutes (peut-être dans leur capitale Sodobriga (Suèvres, Loir et Cher)], choix symbolique car le pays des Carnutes passe pour le centre de la Gaule.
"La Sologne, vaste forêt parsemée d'étangs, située au sud de la Loire, séparait deux importantes nations celtes : les Carnutes au nord et les Bituriges Cubi au sud. Elle correspond à ce vaste massif appelé par les auteurs anciens forêt des Carnutes, dans laquelle se trouvait localisé le principal nemeton (sanctuaire, ndlr) de la Gaule" 3. Des vestiges ont été découverts en Sologne, au lieu-dit les Frelats, sur les communes de Presly et d’Ennordres, dans le Cher.
Les réunions sont plus cultuelles que politiques, les participants étant en majorité des druides.
Néanmoins, leur président (sans doute un noble de lignée royale, constamment réélu) joue un rôle politique : il est considéré comme un empereur des Celtes ; c'est lui qui accrédite les ambassadeurs gaulois envoyés à Rome, en Grèce et dans les royaumes d'Orient.
Tite-Live désigne comme empereur des Celtes un roi biturige nommé Ambicatus.
En 61 av. J.-C., le druide éduen, Diviciacos (le Devin), vient en ambassade à Rome où il est reçu chez Cicéron qui évoquera dans un traité ses capacités divinatoires et ses connaissances des sciences de la nature.
D’après Jules César, le druide est à la fois prêtre, juge, enseignant et juriste : « Ce sont les druides qui tranchent tous les différends, publics et privés. Si un crime a été commis, s’il y a débat sur un héritage ou des limites (fines), ils décident, fixent peines (poenas) et récompenses (praemia) (…) Si quelqu'un, condamné, prétendait échapper à la sentence ils lui interdisaient les sacrifices, ce qui le transformait pratiquement en pestiféré. »
Les druides sont interdits par les empereurs Auguste, Tibère et Claude ; l'interdiction sera définitive vers 45.

- CROYANCES ET CULTES :

Dès l'époque de la pierre polie, certaines sources guérisseuses sont l'objet de la dévotion populaire. Les Gaulois les multiplient.
Parmi leurs stations thermo-minérales, bon nombre ont été exploitées par les Romains. Les fouilles révèlent, par-delà les installations perfectionnées des Romains, la trace des ingénieux captages des Gaulois ou les humbles offrandes des malades qui trouvèrent la guérison de leurs maux.
Les inscriptions des premiers siècles nous transmettent les noms régulièrement préromains des divinités auxquelles on rendait grâces comme Bormo ou Borvo à Bourbon-Lancy, Bourbonne-les-Bains ou La Bourboule.
Le culte solaire est important à la fin du IIe millénaire. Le soleil, après avoir achevé sa course diurne, navigue la nuit vers l'Orient sur une barque que porte le fleuve Océan dont les flots entourent la terre. Il est représenté par la roue et le svastika. Pour célébrer le printemps, les druides teignent des œufs en rouge en l'honneur du soleil.
Le couple le plus caractéristique est un couple dont le culte a pour centre le pays des Éduens : dans la déesse il est permis de reconnaître la Terre-Mère, c'est-à-dire la vieille divinité des temps préhistoriques ; son compagnon, dieu au maillet, ne peut être qu'un dieu-père, peut-être celui dont les Gaulois, au rapport de César, se disaient issus. Le dieu au maillet, Sucellus, qui est la figuration la plus répandue, est adoré dans les vallées du Rhône et de la Saône et dans les pays rhénans.
L'Etre divin, conçu sous une figure animale à l'origine, prend avec le temps des traits humains (les premières représentations de dieux à forme humaine sont bien antérieures aux Celtes : l'idole des grottes sculpturales de la Champagne nous reporte aux temps néolithiques, viennent ensuite les statues-menhirs de l’Aveyron).
Le dieu à posture de Bouddha, connu sous le nom de Cernunnos (= Cornu), porte des cornes de bélier ou des bois de cerf ; il est surtout répandu dans la Celtique du Centre.
La déesse Epona est considérée comme une ancienne déesse-jument.
Les Helvètes et les Trévires révèrent une déesse-ourse.
Les cultes du taureau et du sanglier sont plus généraux.
Certains peuples réservent la viande de sanglier aux dieux.
Chez les Bretons, l’oie, la poule et le lièvre sont tabous.
Les Gaulois envisagent des divinités associées en triades ou en couples.
De nombreux cultes de la Gaule sont de caractère ternaire : triades de déesses-mères, dieux à triple tête ou à triple visage.
Une triade divine figure sur le Pilier des Nautes, monument parisien, gallo-romain mais de haute époque : on relève trois images de dieux et les noms de Taran, Esus et Teutatès.
Teutatès formerait avec Ésus et Taranis une triade comparable à celle de Jupiter, Mars et Quirinus à Rome. « Et parmi ces divinités cruelles, Teutatès est apaisé par le sang funeste, le hideux Ésus l'est par des autels sauvages, et Taranis [n'est] pas plus doux que la Diane des Scythes » 4.
Le dieu à 3 visages se rencontre surtout dans la Gaule du Nord-Est et particulièrement chez les Rèmes (il serait une divinité d’origine rémoise).
Les déesses Brig ou Brigid ou Berecynthia (Brigantia chez les Gaulois) qui survivent dans le culte irlandais de sainte Brigitte, sont des sœurs et elles sont 3. On les rendait favorables en enterrant un poulet vivant au confluent de 3 cours d'eau.
D'autres déesses irlandaises, les Macha, forment également une triade, l'une représentant la fécondité, l'autre l'agriculture, la troisième la guerre.
Un taureau, surmonté de 3 grues (Tarvos Trigaranus), est représenté sur le Pilier des Nautes de Lutèce. Il existe aussi un taureau tricornu.
Les torques de la Tène comportent souvent des ornements ternaires.
Selon Aristote, trois est le nombre du tout parce qu’il comprend le commencement, le milieu et la fin.
Les dyades (couples) ou groupes de 2 divinités abondent dans toutes les parties de la Gaule.
Les Dieux-Frères (jumeaux), Dinomogetimaros et Divanos, sont assimilé aux Dioscures.
Parmi les génies des eaux : Grannos et Sirona, Luxovius et Brixia à Luxeuil, Borvo et Damona à Bourbon-Lancy.
Le dieu-cavalier à l'anguipède des Mediomatriques se présente comme le dieu du beau temps, des campagnes fécondes, et des fermes prospères.
Les récits héroïques tiennent une grande place dans la mythologie des Celtes. Ces héros sont des ancêtres qui se sont illustrés par des exploits guerriers ou par leur sagesse. Entrés vivants dans la légende, ils sont divinisés après leur mort.
Comme l'Irlande, la Gaule a ses héros : Ambigat, le roi vertueux de la Celtique et les conquérants Bellovèse et Ségovèse.
Les Gaulois croient en une vie après la mort et même en la réincarnation des défunts. Mais seules les âmes des guerriers morts courageusement rejoignent directement le monde des divinités.
Plutarque et Pausanias remarquent que les Gaulois ne pleurent pas les morts.
César, dans De Bello Gallico (VI, 14) résume ainsi le sentiment des Celtes vis-à-vis de la mort : "Les âmes ne périssent pas, mais passent après la mort d'un corps à un autre".
Selon le même César, il y a peu de temps, les Celtes de Gaule brûlaient ensemble les esclaves et les clients que les morts avaient aimés.
Méla note qu’on brûlait et enterrait avec les morts ce qui leur servait de leur vivant.
A l’époque du Bronze, les morts sont incinérés en Gaule, notamment au sud et au sud-est ; à l’âge du fer, ils sont inhumés sous des tertres (tumuli).
Les sépultures à inhumation et celles à incinération ont coexistées dans certaines nécropoles comme celle de Hallstatt ; les inhumés semblent avoir été plus pauvres que les incinérés.
A partir du IIIe siècle avant notre ère, l'incinération paraît supplanter l'inhumation selon des rythmes très différents suivant les régions.
Les druides croient que les Celtes sont nés de Dispater, le père, dieu des morts et de la nuit mais aussi dieu de l'eau et des fontaines, qui fera périr le monde par l’eau et le feu.
L’âme, considérée comme immortelle, retourne, après la mort, dans la terre où Dis Pater la conserve pour un temps indéterminé avant sa réincarnation 23. Pour les Gaulois, la Mort précède la Vie, de même que la nuit précède le jour ; c’est pour cela qu’ils comptent le temps par nuits et non par jours.
Certains pensent que les Celtes n’étaient pas réellement polythéistes mais plutôt monistes : c'est à dire que pour eux, le monde n'était constitué que d'un seul élément et que la pensée était donc elle aussi unique.
Et si tous les dieux des Celtes, adorés sous différents aspects, n’étaient en fait qu'un seul, Celui dont on ne prononce pas le nom, l’Etre Suprême, le Verbe dont le son est OIW, équivalent de l’AUM ou de l’AMEN des Orientaux, si l’on en croit les ésotéristes…
Dans les sous-sols de la cathédrale de Chartres se trouvait un sanctuaire dédié à la virgo paritura (la vierge qui doit enfanter) des druides 21. Collin de Plancy, dans les Légendes de la sainte Vierge (1845), parle d’un bocage des environs du Puy-en-Velay où les druides vellaves vénéraient une virgo futura Dei nascitur (une vierge devant donner naissance à un dieu).
Les forêts surtout passent pour accueillir les dieux et c'est dans les clairières que se tiennent les assemblées politiques et religieuses.
Cependant, vers la fin de la période de l'indépendance, les Gaulois édifient des enceintes sacrées (nemeton). Des sanctuaires importants ont été localisés : à Corent (63) chez les Arvernes, à Gournay sur Aronde (60) chez les Bellovaques et à Tintignac (Naves) en Corrèze chez les Lémovices.
Plutarque rapporte que les Arvernes suspendirent dans un temple l'épée de César dont ils avaient réussi à s'emparer (le vainqueur de la guerre des Gaules ne voulut pas récupérer cet objet consacré aux dieux).
La cloche est largement répandue dans l'Europe celtique depuis des temps reculés ; les Celtes l'emploient pour annoncer des événements et lui prêtent le pouvoir d'attirer les bons esprits et de chasser les mauvais.
Voir liste des théonymes

- GUI, HOUX ET BUIS :

Le gui, considéré encore aujourd'hui comme une plante portant bonheur et chassant les démons, joue toujours un rôle très important dans les mythologies. Le Troyen Enée ouvre le chemin des enfers avec une baguette de gui 5.
Le rameau d'or est la branche de gui dont les feuilles vert pâle se dorent à la saison nouvelle. Le rameau d'or est à rapprocher du rameau vert, symbole universel de régénérescence et d'immortalité.


La mythologie du gui est riche dans les pays celtiques et germaniques. Le gui passe pour avoir une puissance magique : il permet d'ouvrir le monde souterrain, d’éloigner les démons, de conférer l’invulnérabilité et l'immortalité et, détail propre aux Latins, il est inattaquable au feu.
Les druides se réunissent dans des lieux consacrés afin de recueillir la plante divine, le gui, ce parasite à feuillage persistant, considéré comme envoyé du ciel par les Gaulois car, n'ayant pas de racines dans le sol, il est censé bénéficier d'une relation particulière avec le monde d’en-haut. Les cérémonies sont accompagnées de sacrifices. Le culte est célébré devant un chêne rouvre élevé. L'existence de gui, extrêmement rare, sur un chêne, témoigne de la présence d'un dieu dans l'arbre. On lui accorde donc un pouvoir magique. Le gui du chêne est l’attribut du dieu Esus.
Le rameau ne doit pas être coupé avec un tranchant de fer (l'usage du fer est interdit dans la plupart des rites religieux, car il est censé chasser les esprits et il ôterait au rameau de gui ses propriétés magiques), aussi les druides ne le cueillent-ils qu'avec une faucille d'or (notons qu’aucune serpe d’or n’a été découverte à ce jour. L’or étant mou, il est d’ailleurs probable que la serpe devait être en bronze doré. L’or symbolise le soleil et la forme de la faucille la lune). A en croire certains, les druides crient « O ghel an heu ! » (Que le blé lève !), exclamation qui sera mal traduite par : « Au gui l'an neuf ! » 15. Puis ils prient en immolant deux taureaux blancs.
"On ne peut omettre en parlant du gui la vénération dont il est l'objet dans toutes les Gaules. Les druides, nom donné à leurs prêtres par les Gaulois, ne connaissent rien de plus sacré que le gui et que l'arbre sur lequel il croît, à condition que ce soit un chêne-rouvre. C'est dans les bois de chênes-rouvres qu'ils ont leurs sanctuaires, et ils n'accomplissent aucun rite sans leur feuillage. Le nom des druides... fait peut-être allusion à ce culte des chênes... Ils pensent que tout ce qui croît sur ces arbres est d'origine céleste et que la présence du gui révèle la préférence de la divinité pour l'arbre qui le porte. Le gui se rencontre très rarement sur un chêne ; quand les druides en ont découvert, ils le cueillent en grande pompe. Pour ce rite, ils choisissent le sixième jour de la lune, jour qui leur sert à fixer le début des mois, des années, et de leur siècle de trente ans. Ils pensent que, dès ce jour-là, elle a acquis une grande vigueur... Ils appellent le gui d'un nom qui signifie : celui qui guérit tout. Après avoir préparé un sacrifice au pied de l'arbre, on amène deux taureaux blancs dont les cornes sont liées pour la première fois. Vêtu d'une robe blanche, le prêtre monte à l'arbre, coupe avec une faucille d'or le gui qui est recueilli dans un linge blanc. Ils immolent alors les victimes en priant la divinité de rendre ce sacrifice profitable à ceux pour qui il est offert. Ils croient que le gui, pris en boisson, donne la fécondité aux animaux stériles et constitue un remède contre tous les poisons." (Pline, Hist. Nat. 16. 249).
"Chez nos Gaulois, le VIII Atenoux Riuri (4-5 janvier), avait lieu la cueillette du Gui sacré, plante lunaire toujours verte dont Pline a popularisé le rituel
." 6
La coutume veut, qu’après le réveillon, on s'embrasse sous le gui, plante censée protéger du mauvais sort, de la malchance, des maladies, des infidélités, mais aussi de la foudre et des incendies. Les nouveaux mariés gaulois s’embrassent déjà sous un bouquet de gui censé rendre fécond. Au Moyen Âge, on offre du gui en faisant le souhait : "Au gui l'an neuf !", formule qui sera remplacée par : "Bon an, mal an, Dieu soit céans !" (= Dieu soit dans la maison !) 20
Les Romains, qui cueillent aussi le gui, croient qu'il guérit la stérilité des femmes (Pline XXIV, 12).
Sous forme liquide, il est donné à boire aux animaux stériles.
Le gui, également utilisé comme contrepoison, passe pour une panacée, et l'on ne se contente pas de le prendre comme remède : on en orne les murs des temples et des habitations et on met la poudre de ses feuilles dans des sachets que l'on porte suspendus au cou en guise d'amulettes.
Dans l'ancienne médecine, le gui jouit d’une haute réputation qui se conservera dans un grand nombre de localités, avec certaines coutumes ou traditions superstitieuses : on suspend le gui au cou des enfants pour les préserver des maléfices et on en fait des chapelets contre l'épilepsie.
Il est aujourd'hui reconnu que le gui a des propriétés hypotensives, antispasmodiques, sédatives, diurétiques, antihémorragiques et cytostatiques (guérison de cancers cutanés non invasifs).
Le gui exerce également une influence stabilisatrice sur l'activité cardiaque. Il prévient l'artériosclérose et les rhumatismes et aide à combattre la stérilité.
On l'utilise en poudre, en extrait ou en infusion.

Chez les Celtes, le houx, aussi, est sacré : voir

Les Gaulois divinisent le buis, toujours vert et au bois très dur, qui symbolise l'éternité : voir.

- LE CHENE ET LE SAPIN :

Universellement considéré comme le symbole de la force et de la longévité, le chêne est aussi un arbre sacré (chêne de Sichem, Josué 24,26) et oraculaire : dans ses branches, Abraham entend la voix de l'Éternel à Mambré. La puissance du chêne est citée par Amos (2,9).
Dans l'Ancien Testament, chêne et térébinthe sont souvent confondus. Symboliquement, c'est dans la vallée du Térébinthe (ou du Chêne) que se déroule la bataille contre les Philistins au cours de laquelle David tue le géant Goliath (I Samuel 17,2).
Les druides célébraient leur culte, en plein air, devant un chêne rouvre élevé, arbre sacré symbolisant force et sagesse, traditionnellement associé à la foudre c'est-à-dire à la puissance du ciel, qui est un temple végétal. Les druides utilisaient l’écorce carbonisée par la foudre des chênes pour faire des amulettes protectrices à l’effigie du dieu Taranis.
Les Romains consacraient le chêne à Jupiter.
Le gland est réputé allonger la vie et atténuer les effets de la vieillesse.

Chez les Celtes, le sapin est l'arbre de l'enfantement. Ils associent l’épicéa au solstice d’hiver à partir duquel le soleil renaît. Voir

- OFFRANDES ET SACRIFICES :

La pratique des offrandes remonte aux âges de pierre où elle se traduisait par le dépôt de haches votives. Chez les Gaulois elle devient chose courante.
On offre aux dieux des colliers (torques) et des rouelles, et même des lingots, des bijoux ou de la monnaie (certain lac de Toulouse passe pour receler d'immenses richesses englouties).
Ailleurs les offrandes sont simplement entassées dans des lieux consacrés et personne n'ose porter sur elles une main sacrilège.

Le sacrifice est le privilège des druides. Il en existe trois types :
- la libation, au bénéfice de la classe productrice (lait, eau, boissons fermentées...),
- le sacrifice non-sanglant, au bénéfice de la classe sacerdotale (pendaisons, noyades),
- le sacrifice sanglant, au bénéfice de la classe guerrière (immolations, crémations).
On sacrifie des animaux (le cerf notamment). Soit l'animal (souvent vieux et jugé incomestible) est offert aux dieux dans sa totalité, soit hommes et dieux se répartissent une bête plus jeune dont on brûle les parties destinées aux dieux et dont on mange les autres morceaux à l'occasion d'un grand banquet.
On sacrifie même des humains. Les victimes sont parfois volontaires et pensent que c'est un honneur de mourir pour le bien de la société.
Lors de Samain, le roi déchu est noyé dans un chaudron sacrificiel rempli de vin ou de bière, tandis qu'on incendie son palais. En Gaule, les témoignages tardifs des Scholies Bernoises (IXe s.), recopiant presque certainement des sources antérieures perdues, mentionnent un semicupium dans lequel on noyait rituellement un homme, en hommage à Teutatès.
Les peuples celtiques de l'Europe du Nord ont coutume d'enterrer les morts dans les tourbières où ils se momifient. Les peuples celtiques sacrifient leurs rois. Le roi a un grand pouvoir mais également de lourdes responsabilités puisqu'il doit s'assurer de la prospérité de son peuple. Considéré comme lié à la déesse de la terre, il doit donc s'assurer de la productivité des terres, et si la météo a mal tourné ou si un fléau est apparu (peste, maladie de bétail, etc.), il en est tenu responsable et est sacrifié à la déesse.
Cicéron, en 75 av. J.-C., parle de la coutume atroce qu’ont les Gaulois de sacrifier des hommes.
César dit que les Gaulois croient que la vie d’un homme est nécessaire pour racheter la vie d’un autre homme et qu’on ne peut apaiser autrement les dieux.
Les Gaulois immolent aux dieux les prisonniers et les condamnés de droit commun ; le sacrifice des innocents n’est pratiqué qu'en cas de nécessité.
César parle dans De Bello Gallico de grands mannequins de bois aux membres d’osier tressé (simulacra) dans lesquels les Gaulois enferment des hommes et des animaux, et auxquels ils mettent le feu. Ou bien, selon Strabon, la victime reçoit un coup d’épée dans le dos et on prédit l’avenir d’après ses convulsions. Ou encore, la victime est tuée à coups de flèches ou crucifiée dans le temple.
En Gaule, ce sont probablement les vates qui font office de sacrificateurs. Pour prédire l’avenir, ils donnent un coup d’épée dans le thorax de la victime, au niveau du diaphragme. Ensuite, ils observent la manière dont le sang coule ou dont l’homme titube… et interprétent cela comme un signe leur permettant de prévoir l’issue d’une bataille 23.
Poséidonios (+ 51 av. J.-C.) décrit une fête se renouvelant tous les 5 ans et qui donne lieu à des sacrifices d’animaux enfermés dans une construction en bois à laquelle on met le feu.
Denys d’Halicarnasse (Antiquités romaines, 8 av. J.-C.) constate que les sacrifices humains sont encore en usage en Gaule (ils ne seront plus pratiqués vers l’an 40 de notre ère).

À l'époque gallo-romaine, pour obtenir la guérison d'un enfant, on offre à la divinité une statuette représentant l'enfant.


6. FETES CELTIQUES :

Les quatre grandes fêtes calendaires celtiques sont : Samain, Imbolc, Beltaine et Lughnasad.
Les solstices et les équinoxes sont également célébrés : Yule au solstice d'hiver, Litha au solstice d'été, Ostara à l'équinoxe de printemps et Mabon à l'équinoxe d'automne.

- SAMAIN

Halloween est la survivance de l’ancienne fête celtique de Samain (ou Samhain) ou Samhuinn (gaélique) ou Samonios (gaulois) qui signifie réunion.

Selon les croyances celtiques, le monde des vivants se rapproche de celui des morts pendant la nuit et quelqu’un né la nuit peut plus facilement voir fantômes et esprits.

Dans l'Irlande rurale, il est dit que celui qui sort la nuit peut rencontrer les petits hommes et retrouver parmi eux ses chers disparus. Les morts peuvent déranger les vivants à certaines époques de l'année.

En Ecosse, la fête d'Halloween est traditionnellement célébrée par des garçons au visage barbouillé de noir appelés guysers (épouvantails). Evoquant l'esprit des défunts, ils importunent tout un chacun afin de recevoir des présents.

Bien avant la conquête romaine et l'ère chrétienne, les populations celtes qui peuplent l'Irlande et la Grande-Bretagne, mais également le nord et l'ouest de la Gaule, célèbrent leur nouvel an, le Samain, autour de notre 1er novembre ; en effet, leur calendrier étant lunaire, le Nouvel An ne tombe pas toujours à la même date.

Cette fête, la plus importante, marque simultanément la fin de l'été, le début d'une nouvelle année et de la saison hivernale, l'achèvement des récoltes et le retour des troupeaux à l'étable.

La nuit tombée, les festivités peuvent commencer.

Les Celtes, qui ont éteint le feu dans l'âtre de leurs foyers, se rassemblent en cercle autour des druides.
Ceux-ci étouffent solennellement le feu sacré de l'autel, puis frottent des branches sèches du chêne sacré pour enflammer un nouveau feu afin d’honorer le dieu du soleil et d’effrayer les esprits diaboliques.
Le druide énonce ses prédictions pour l'année à venir et remet à chaque chef de famille une braise destinée à allumer, dans l'âtre familial, un nouveau feu qui doit brûler jusqu'à l'automne suivant. Ce feu sacré est censé protéger le foyer du danger tout au long de l'année.
Les chrétiens ont reporté au samedi saint cette cérémonie druidique de l'extinction et de la rénovation générale du feu : chaque année, pendant la veillée pascale, le prêtre allume et bénit le cierge pascal.

Un festin rassemble tout le village car chacun est tenu d’y d’assister.
Samain, bien plus encore que les trois autres fêtes calendaires celtiques (Imbolc le 1er février, Beltaine le 1er mai, et Lughnasa ou Lugnasad le 1er août) a un caractère obligatoire.
Fête totale et trifonctionnelle, elle regroupe les 3 classes : sacerdotale, guerrière et artisanale. C’est une cérémonie essentielle et fondamentale dont le manquement était puni par les sanctions les plus lourdes (parfois la mort).

La chère est bonne : sanglier et porc. Cependant, certains peuples interdisent la consommation du sanglier dont la viande est réservée aux dieux.

La bière et le vin coulent à flot.
Au cours de ces beuveries rituelles et obligatoires, hydromel et cervoise (bière d’orge à peine fermenté) sont associés afin de procurer une ivresse plus rapide.

La fête dure une semaine pleine, trois jours avant et trois jours après, et, pour être certains d'effrayer les esprits, les Celtes se griment et portent des costumes effrayants.

C’est lors du Samain que le roi déchu est noyé dans un chaudron sacrificiel rempli de vin ou de bière, tandis qu’on incendie son palais.

Pour les Celtes, pendant la nuit du Samain, la frontière entre le monde des vivants et celui des morts n'existe plus.
L'esprit des morts est alors libre de revenir sur Terre, pour rendre aux vivants des visites pas toujours amicales.
Les Celtes croient que les âmes des morts prennent forme animale et reviennent hanter les vivants.

Une des croyances associées à cette fête est de laisser de la nourriture aux portes des villages et de l'offrir aux fantômes afin de les dissuader d'investir votre maison ou de saccager vos récoltes.
Mais une cohorte d’esprits mauvais les accompagne.
Se déguiser d'une façon effrayante (avec des peaux de bêtes) est le moyen de passer auprès des revenants pour l'un des leurs.
Quand les Celtes doivent sortir, le soir, ils portent des navets dans lesquels ils ont découpé un visage terrifiant et placé une chandelle.

Chaque année, à l’occasion du Samain et en dépit de leur morcellement politique, les Celtes se réunissent au nombril (en grec omphalos) de chacune de leurs grandes unités nationales : Gaule, Espagne, Bretagne, Pannonie, Asie, etc.
Pour la Gaule, le nombril se trouve chez les Carnutes car leur pays passe pour le centre de la Gaule.

Les réunions sont plus cultuelles que politiques, les participants étant en majorité des druides.
Néanmoins, leur président joue un rôle politique : il est considéré comme un empereur des Celtes (sans doute un noble de lignée royale, constamment réélu) ; c'est lui qui accrédite les ambassadeurs gaulois envoyés à Rome, en Grèce et dans les royaumes d'Orient.

Le panthéon celtique n'est pas seulement composé de dieux individualisés, mais de populations surnaturelles contre lesquelles les peuples historiques ont dû se battre ou avec lesquelles ils ont contracté des alliances.
Le monde a commencé par un âge où le surnaturel était le naturel, où le prodige était normal.

D’après le Livre des Invasions de l’Irlande (Lebor Gabâla Erenn), écrit par des moines au IIIe siècle, qui raconte la préhistoire mythique de l'Irlande, six races d'envahisseurs se succèdent dont la dernière est celle des Celtes de l'histoire (les Gaëls) nommés Fils de Milid ou de Mile (dieu de la guerre, génie du combat).
Ces colons successifs sont tous aux prises avec les Fomôiré, forces des ténèbres, cyclopes autochtones, vivant sous terre et en particulier dans les nécropoles.
A la bataille de Mag Tured (ou Moytura) l'ogre Balor, roi des Fomôiré, a son unique œil crevé par une pierre lancée à la fronde par le dieu Lug.
Ainsi l'Irlande est colonisée d'abord par diverses tribus d'êtres surnaturels, seule la dernière, les Fils de Mile, est celle des hommes.
Quant aux tribus surnaturelles, elles semblent égales en droits et en dignités avec les tribus humaines. Ces êtres sont dits immortels car ils ne vieillissent pas, mais ils peuvent être tués au combat.
C'est à Samhain que le dieu Dagda s'unit à la déesse Morrigu, reine des spectres et des enfers, laquelle, un an avant la bataille de Mag Tured, lui a donné les indications pour détruire les Fomôiré.
Les envahisseurs de la 6ème race, les fils de Mile, débarquent dans le Sud-ouest de l’Irlande le premier mai, jour de la fête de Beltaine et luttent contre les dieux (Dagda, Lug et les autres Tuatha Dé Danann = Tribus de Dana du nom de la déesse-mère appelée également Ana ou Anann) et remportent la victoire finale à Tara.
Le poète Amairgen fait un partage égal entre les 2 camps : les dieux reçoivent tout le sous-sol (plus particulièrement les collines et le royaume des fées), les hommes la surface de la terre.
Lors de Samain, des nouveaux-nés sont sacrifiés à l'idole Crom Ruach ou Crom Cruaich, sans doute pour apaiser les puissances du monde inférieur et contribuer à la fertilité.

Le monde souterrain est conçu comme un éden bienheureux constamment égayé de chants d'oiseaux et dont les habitants resplendissent de jeunesse et de beauté.
L'entrée de ce monde s'ouvre dans certaines grottes, certains tertres, lacs et marécages.
Les mortels peuvent y pénétrer exceptionnellement et y résider des siècles en croyant n'avoir vécu que quelques jours...
Les deux mondes deviennent perméables une fois l'an, pendant la nuit qui précède Samain.
A cette occasion, les Celtes honorent leurs morts car ils croient que les esprits des défunts retournent ce soir-là dans leurs demeures terrestres.

La Baie du Mont Saint-Michel conserve une solide réputation de passage vers le monde des invisibles.
On célèbre toujours Samain dans cette région. Le Mont est effet considéré comme l'île des morts où les trépassés se donnent rendez-vous le 1er novembre.
A Pleine Fougères, à 14 kilomètres du Mont, lors des obsèques, on a coutume de porter le cercueil du défunt sur une éminence surplombant la baie et de le tourner quelques instants vers le Mont.

Avec la conquête romaine, le Samain se combine naturellement aux célébrations romaines du dernier jour d’octobre en l'honneur de Pomona (déesse des vergers et des fruits) qu’on remercie pour sa prodigalité (on se régale des dernières pommes et poires).
Le culte rendu à Pomone, nymphe étrusque des fruits et des fleurs, annexée par la religion romaine, a pour but de rendre les terres fécondes.
Pomone, dont le nom est tiré du terme pomum (fruit, pomme), est représentée assise sur un grand panier de fleurs et de fruits. Elle tient des pommes et un rameau. Elle est couronnée de pampres et de raisins, tandis qu'elle verse les fruits d'une corne d'abondance.
La déesse, jusqu’à la fin des temps, assurera la fructification des plantes et des arbres pour le plus grand bien des hommes.

Cette fête romaine des cueillettes (ou des récoltes) survit dans les jeux coutumiers anglo-saxons utilisant des pommes (fruit merveilleux pour les peuples antiques).

Au Moyen Age, la tradition de Samain (Halloween) s'éteint dans le royaume de France et se fait lentement oublier en Grande-Bretagne. Il n'y a qu'en Irlande qu'elle reste très vivace.
Le temps passant, les rites celtes laissent toutefois la place à d'autres pratiques : ce sont désormais les habitants les plus pauvres qui frappent aux portes des maisons du village pour quémander des soul cakes (gâteaux de l'âme), petits pains aux raisins, en échange desquels ils promettent de prier pour le repos de l'âme des morts de la famille du généreux donateur.

L'un des plats servis au dîner en Irlande à Halloween est appelé callcannon. A ce plat de purée de pommes de terre, de panais et oignons frits, sont mélangés une bague, un dé, une poupée en porcelaine et une pièce. Celui qui trouve la bague peut se marier dans l'année, celui qui trouve la poupée en porcelaine aura un enfant, celui qui trouve le dé ne se mariera jamais, et celui qui a la chance de trouver la pièce sera riche.

La citrouille sculptée est appelée Jack O'Lantern en souvenir de Jack, un légendaire irlandais, particulièrement avare et porté sur la bouteille, qui rencontre une nuit le Diable dans un pub irlandais.
Peu prompt à vendre son âme au Diable, Jack se moque de lui régulièrement au cours de leurs rencontres, ce qui lui interdit, au jour de sa mort, d’aller en Enfer. Et son avarice l’empêche de monter au Paradis.
Plongé dans le noir, Jack réussit à obtenir du Diable, pour éclairer sa route, un peu de charbon ardent qu’il place dans un gros navet évidé. Le voici donc condamné à errer dans les rues, une lanterne à la main, jusqu’au jugement dernier.
A Halloween, on dispose les Jack O'Lantern à l'entrée des maisons pour éloigner les mauvais esprits.

La légende veut que le 31 octobre corresponde au Nouvel An des sorcières.

Jusqu'au XVe siècle, les gens croient que des milliers de sorcières et de sorciers parcourent l'Europe durant cette nuit.
Elles s'enduisent d'un onguent magique qui leur donne le pouvoir de s'envoler sur leur balai pour rejoindre leur sauterie, à l'invitation du Diable en personne.
Pendant ce temps, leurs enfants gardent les troupeaux de crapauds dans les champs.

Le côté mystique (voire satanique) de la sorcière réserve à cette dernière une place de choix dans le folklore d'Halloween.
Elle participe à la ronde des déguisements et des masques (adoptés depuis l'époque celte pour tromper les mauvais esprits) avec son acolyte le chat noir, que l'on soupçonne d'être en fait une sorcière réincarnée.

Au début du XXe siècle, dans les campagnes de France, les enfants creusent encore betteraves, citrouilles et navets pour jouer aux fantômes, en ignorant qu’ils fêtent Samonios.

De nos jours, les lutins et les fées qui peuplent vitrines et Halloween parties sont directement issus de la tradition celte, tout comme les fantômes et les squelettes qui évoquent le retour des âmes défuntes, et les diables, l'Esprit du mal.

- IMBOLC

Le 1er février, au sortir de la période sombre de l’année, l'Imbolc fête la Grande Déesse, mère de tous les Dieux, qui présente au monde son enfant nouveau-né, le jeune soleil, Mabon ou Maponos.

C'est le temps de la renaissance : Reine de la nature, elle a le pouvoir de faire reverdir le bois mort.

Imbolc est une fête tournée vers la lumière, l’espoir, le grand retour du soleil, représenté par les nombreuses chandelles allumées en son hommage. La lumière pour réveiller la Terre Mère après l’hiver, la lumière pour dissiper l’obscurité. Ce rituel de la purification et de la renaissance intervient 40 jours après le Solstice d’hiver. Dans la tradition celtique, il est dit que Imbolc célèbre le rétablissement de la Déesse après avoir mis au monde le Soleil pendant le solstice d’Hiver. Sous les noms de Ana ou Dana, Belisama, Brigit, Cerridwen, Macha ou Epona, elle veille le feu sacré, le feu domestique, le feu de la forge. Elle protège les foyers, les poètes et les guerriers.

Imbolc est aussi une fête de purification par l’eau lustrale : les druides et les fidèles vont de manière symbolique se laver les mains, les pieds et la tête.

Fleurs et bougies sont présentes.

La célébration irlandaise de cette fête est consacrée à la déesse Brigit ou Brigid ou Boand (Bride chez les Ecossais, Brigantia chez les Gaulois), déesse des poètes, des forgerons et des médecins, et patronne des druides.
Brigit est une déesse triple. Elle est à la fois la déesse de la santé et de la fertilité, de la poésie, et de la forge.
Elle est souvent présentée comme une femme encore vierge, présidant aux premières unions (d'où son nom de Bride chez les Ecossais), et dotée d'une grande sagesse.
Elle détient les savoirs cachés qui lui permettent justement de guérir, d'utiliser les mots dans leur juste valeur, et de créer des armes magiques.
Elle crée Excalibur, l'épée du Roi, et la remet à Merlin pour restaurer l'ordre sur terre.

Malgré la christianisation des pays celtes, le culte de Brigit survit à travers celui de Sainte Brigitte la thaumaturge (+ en 525) fondatrice du premier monastère féminin d’Irlande (à Kildare), fêtée également le 1er février.
Dans le sanctuaire de Kildare, les nonnes célèbrent le cycle de Brigit durant des siècles en entretenant un feu, chacune à leur tour.
Le sanctuaire est mis à bas au XVIIIe siècle après qu’elles ont interdit à l'évêque l’entrée du couvent.
Depuis 1993, le feu, rallumé à Kildare, est entretenu par les sœurs Brigidines d'Irlande.

La présence de grands feux lors des célébrations d'Imbolc est attestée par de nombreux écrits.
Dans le cadre de la christianisation des rites païens, les feux sont remplacés par des cierges.

Un autre attribut de Brigit est le lait, symbole de fécondité.
Il est donc d'usage d'effectuer des offrandes et de boire du lait cette nuit-là.
Certains pensent qu’on peut traduire Imbolc par Oimelc (lait de brebis).

Durant cette même période sont célébrés les mystères d'Eleusis.
Ils ont pour base la célébration de Déméter, Déesse-mère, retrouvant sa fille Perséphone, après son séjour annuel aux enfers.
Perséphone, souvent représentée comme une semeuse, représente la fécondité.

La fête chrétienne de la purification de la Vierge Marie et de la Présentation de Jésus au Temple, connue sous son nom populaire de fête de la Chandeleur et instituée par le pape Gélase Ier (492-496), a lieu le 2 février, le lendemain du jour d'Imbolc.

- BELTAINE

Beltaine ou Beltène ou Beltan (= feu de Bel), le 1er mai, est la fête sacerdotale par excellence.

Au lever du jour, les druides allument deux grands bûchers purificateurs entre lesquels défilent les participants.
Afin de prévenir leurs troupeaux contre les maladies, les paysans les font également passer entre les feux.

"Beltaine, feu de bel, feu bénéfique, à savoir un feu que les Druides faisaient par leur magie ou leurs grandes incantations, et on amenait les troupeaux pour les protéger contre les épidémies chaque année à ces feux. Ils faisaient passer les troupeaux entre eux." (Glossaire de Cornac).

Au 1er mai, la nature est en plein épanouissement ; le temps est venu de libérer l'énergie vitale, les forces créatrices.

Beltaine est l'occasion de rassemblements festifs où les jeux de forces cohabitent harmonieusement avec l'art du chant et de la danse.

On célèbre les épousailles éternelles de la Reine de Mai et du Seigneur de la Lande, qui donneront les fruits et les blés.

Le chêne préside à la fête, mais la fougère, protectrice, est aussi à l'honneur.

Selon le Livre des Invasions, les Gaëls débarquent dans le Sud-ouest de l’Irlande, le jour de la fête de Beltaine.

Patrick allume lui aussi un feu à Beltaine, mais pour fêter les Pâques chrétiennes, et les druides disent alors au Roi Loegaire de Tara : « Ce feu que nous voyons, qui que ce soit qui l'ait allumé cette nuit, il s'éteindra jamais dans l'éternité. Il prévaudra en outre sur tous les feux de notre coutume, et celui qui l'a allumé (le règne survenant de celui qui l'a allumé cette nuit) nous vaincra tous. Il te soumettra et tous les hommes de ton royaume. Tous les royaumes tomberont devant lui. »

Le premier mai deviendra ensuite le jour de la fête de sainte Walburge ou Walpurgis, religieuse du VIIIe siècle (d’où le nom de Nuit de Walpurgis donné à la nuit du 30 avril au 1er mai durant laquelle les sorcières mènent grand sabbat).

- LUGHNASAD

Lughnasad ou Lugnasad (= Assemblée de Lug), le 1er août, est la fête du dieu Lug, le grand Roi solaire, garant de l'abondance, de la fertilité des troupeaux et de la prospérité, qui assure l’éternité des cycles de mort et de renaissance.

Pour illustrer la descente vers l’hiver, une roue enflammée est lancée sur une pente.

Fête des moissons et des récoltes, Lugnasad est aussi le temps des rassemblements, des mariages et de la trêve militaire.

Occasion d’assemblées, de réunions de toutes sortes, juridiques, administratives, c’est aussi une fête agraire, un divertissement collectif (foire, audition de poètes et de musiciens, jeux, compétitions sportives...) placé sous le signe des échanges et de l’amitié : on y vient sans arme.

Le Concilium Galliarum (Assemblée des Gaules), qui se tient à Lugdunum (Lyon) à la même date, est rapidement annexé au culte impérial d’Auguste.

Au Moyen Age, en Grande Bretagne, cette fête, christianisée, devient le Lammas Day [Lammas vient de laof-mass = la messe du pain]. En effet, ce jour-là, des miches de pain, fabriquées avec la récolte des premiers grains, sont déposées comme offrandes sur les autels des églises.


7. VIE ECONOMIQUE. SCIENCES, TECHNIQUES ET ARTS.

- HABILETE ET INVENTIVITE DES GAULOIS

Les artisans, notamment les charrons, les forgerons, les potiers et les charpentiers sont vite réputés pour leur habileté et, à partir du 1er siècle avant J.-C., inondent l'Occident de leurs produits grâce à un réseau de chemins de terre que Rome perfectionnera en l'empierrant.
Les Celtes se signalent au cours des siècles, par des innovations techniques : maîtrisant la technique compliquée d'extraction du fer, ils inventent la cotte de mailles, fabriquent des clous, des fibules, des ciseaux, des haches, des couteaux pliables et des casques... On leur doit notamment le casque celtique équipé de couvre joues qui offrait une protection précieuse lors des combats. Les Gaulois sont à l’origine des fers à cheval fixés aux sabots par des clous pour en limiter l’usure, une ingéniosité copiée ensuite par les Romains. Ils inventent l'éperon, la carruca (charrue) munie d'un puissant soc de fer, à bouts recourbés, en forme de pelle pointue (c’est en Rhétie gauloise qu’on a l’idée d’ajouter les deux petites roues), le moulin hydraulique, le matelas, la chaussure à tige et le tonneau. Ils réinventent la vis (pressoir à vis).
Les nombreuses forêts de Gaule ont fait des Gaulois des bûcherons et des charpentiers hors pair qui construisent maisons, chars, charrettes, bateaux et tonneaux. La tonnellerie est une invention des Celtes de la Cisalpine. Tandis que les Latins ne connaissent pour conserver les boissons que l'amphore en terre cuite, les Gaulois ont l'idée de se servir des tonneaux formés de douves de bois et cerclés.
De cette habilité à tailler le bois, à l'assembler au moyen du fer, les Gaulois donnent un exemple lors du siège d'Avaricum. Au fur et à mesure que les Romains élèvent leurs tours d'attaque, les Gaulois en dressent d'aussi hautes et les protègent contre le feu par des revêtements de cuir.
Pline attribue aux Celtes l'idée de faire reposer le timon sur 2 roues. La faux gauloise, utilisée pour récolter le foin, remarquable par ses grandes dimensions et maniée à 2 mains, diffère peu de nos faux actuelles. Les Gaulois emploient aussi des faucilles et des bêches.
La conquête n'arrêtera pas leur génie inventif et c'est dans leur domaine belge qu'apparaît, peu avant les grandes invasions, la toute première machine à moissonner (vallus) décrite par Pline. II s'agit d'une sorte de tombereau, porté sur roues et qu'un bœuf pousse devant lui. La partie antérieure du tombereau ouverte et rasant le sol est munie de dents qui attaquent les tiges ; les épis coupés tombent à l'intérieur de la caisse.
Ce sont les Gaulois de la civilisation dite de La Tène (IIe Age du Fer) qui répandent et généralisent l'usage du fer 16.

- AGRICULTURE. ALIMENTATION

Les gaulois cultivent divers blés (épeautre, engrain, amidonnier, froment), l’orge, le millet et progressivement l'avoine 12.
Au 1er siècle av. J.-C., la Beauce possède d'importants emblavements.
Le beau pain blanc de froment fait le régal des gaulois et la convoitise des autres peuples.
Selon Pline, le pain gaulois est très léger.
Pour fabriquer la farine, les Celtes adoptent rapidement la meule rotative hispanique.
Grands mangeurs de blé, les Gaulois sont aussi de grands buveurs de bière (cervoise) : après le blé, l'orge tient sans doute la plus grande place dans les champs.
Ils cultivent aussi choux, rave, lentille, pois, féverole, fève, caméline, pavot et lin 12.
Les Gaulois ont aussi cherché à amender les sols. Les agronomes latins ont noté l'intelligente utilisation de la marne chez les peuples belges et les Bretons, celle de la chaux chez les Eduens et les Pictons.
La plus ancienne production de vin reste celle de Saint-Jean-du Désert à Marseille, colonie installée par les Phocéens au VIe siècle avant notre ère. Son vin, réputé, rayonne, entraînant sous son influence une viticulture locale précoce. Tout le littoral méditerranéen de la Gaule converti à l'art de faire du vin en témoigne, à travers pépins de raisins et résidus de pressurage sur l'étang de Berre, à Nîmes et sur le site de Lattes (Hérault) entre le Ve et le IIIe siècle avant notre ère. Et même à l'intérieur des terres, loin des voies de communication, des récentes fouilles attestent d'une production dès - 500 à - 450 en Ardèche, notamment à Alba-la-Romaine. À partir du IIe siècle avant notre ère, les Romains inondent de vin le sud de la France, un siècle avant la conquête qui fonde la province narbonnaise. Les vainqueurs installent une viticulture de rapport, rapidement standardisée. Devant son succès, les courants commerciaux s'inversent : d'importatrice, la région devient exportatrice vers Rome. Les domaines, les villae et leurs ateliers de potiers fleurissent. L'amphore gauloise incarne cet âge d'or, où le vin coule à flots du Ier au IIIe siècle. Les récentes recherches archéologiques éclairent l'ampleur de cette viticulture antique. À côté des grands domaines de la plaine languedocienne, les fouilles préventives révèlent, dans le Biterrois et la vallée de l'Hérault, de tous petits établissements, des regroupements en hameaux viticoles, véritables centres de production à l'intérieur des terres. Un renom gallo-romain émerge lentement, que les auteurs latins feignent de ne pas connaître. « La réputation du vin de Béziers ne s'étend pas au-delà des Gaules », assène Pline l'Ancien, alors qu'il est retrouvé dans des cargaisons échouées à Fos-sur-Mer, ou dans les entrepôts de Rome. La Narbonnaise inonde de ses vins le monde méditerranéen et, bien au-delà, le golfe Persique, le sud de l'Inde. Sa capitale, Narbo Martius (Narbonne), deuxième port de l'Empire romain occidental après Ostie, conserve un labyrinthe souterrain unique servant de cave à vin à un horreum (entrepôt). À Lattes, une taverne ou auberge, sans doute la plus vieille de France (Ier s. avant notre ère), raconte le ralliement des Gaulois aux modes de vie latins. En 2021, un tronçon de la via Domitia, le grand axe de communication entre Rome et l'Espagne, ressurgit près de Sète. Une triple voie de circulation, large de 18 mètres, témoigne par son envergure du génie civil romain, mais aussi de l'intensité du commerce en Narbonnaise. Hors de la province romaine, le grand appétit des Celtes pour les vins se mesure aussi à Bibracte, place forte des Éduens dans le Morvan dès le IIe siècle avant notre ère. On y dénombrerait plus d'un million d'amphores ! Les apports actuels mesurent cette consommation à l'aune d'un élément de prestige pour les princes celtes, à l'image du cratère de Vix (Côte-d'Or), puis d'un usage politique lors d'immenses banquets. De consommateurs, les peuples celtes deviennent viticulteurs avec la conquête des Gaules par César (52 avant notre ère). Alors que nous ne disposions que de données parcellaires, des vignobles se matérialisent un peu partout grâce aux fouilles préventives. Les découvertes de villae dans la région lyonnaise (Saint-Laurent-d'Agny), en Auvergne (Martres-d'Artière), dans le Berry, les Pays de la Loire (Piriac-sur-Mer) ou en Île-de-France dévoilent un nouveau pan de cette histoire. Les fouilles liées à la construction de lignes TGV renseignent sur la viticulture antique dans le nord-est de la France, qui était ignorée, y compris en Champagne ! Une équipe de chercheurs en biologie évolutive y a étudié une série de 572 pépins à la faveur de fouilles à Reims et à Troyes. L'importance de la vigne dans l'Alsace gallo-romaine se mesure dans la région de Saverne. Aux frontières de l'Empire, le vin des vallées de Moselle et du Rhin, de Bretagne et de Normandie alimente les troupes stationnées. Les fleuves jouent un rôle considérable dans l'extension de vignobles. Ceux-ci s'installent près de l'axe Rhône-Saône, véritable autoroute du vin vers Rome du Ier au IIIe siècle. Le commerce sur la Loire installe une viticulture sur ses rives, notamment en Touraine. Des vignes, des bâtiments liés à la production de vin y sont répertoriés dès le Ier siècle (Veigné en 2020). À la périphérie de Bourges, villae et pépins de raisin à la fin du Ier siècle attestent enfin d'une viticulture des Bituriges Cubes, jamais évoquée dans les textes antiques. Une géographie des peuples celtes, englobés dans la terminologie de « Gaulois », fait jour, avec leurs savoir-faire. Loin de la douceur méditerranéenne, comment s'adapter à des conditions de production plus difficiles ? Textes anciens et dernières découvertes se complètent pour démontrer l'aptitude des Gallo-romains à relever ce défi cultural en faisant résister la vigne au froid, en l'orientant contre le vent, en créant des cépages. Rive gauche du Rhône, les Allobroges produisent un vin renommé à Rome. Plus au nord, chez les Éduens, les traces du premier vignoble antique de Bourgogne ont été mises en évidence à Gevrey-Chambertin (fin du Ier-IIIe siècle). C'est un vignoble de plaine humide, tout comme celui de Bruyères-sur-Oise (Val-d'Oise), implanté du IIe au IVe siècles dans une dépression. Les Gallo-romains y démontrent leur faculté d'adaptation. Ici un réseau de fossés de drainage a été installé pour contrôler l'humidité des lieux. Là, près de Bourges, une grande densité de plantation est observée, ainsi que le recommandaient les agronomes antiques pour les vignobles de régions humides. Le tonneau, dont l'origine serait attribuable aux Celtes, apparaît dans le monde romain dès le Ier siècle avant notre ère. Il est ensuite largement diffusé, ainsi que des cépages dont l'archéobotanique retrouve trace. (Florence Monferran, 2020, « Le Breuvage d'Héraclès » aux éditions Privat).
La culture de la vigne, au temps de la conquête ne s'est pas complètement répandue en Gaule.
Le vin italien est importé massivement en amphores. Le vin, boisson recherché, coûte cher : on échange un esclave contre une amphore. Pendant longtemps un préjugé a contrarié l'usage de cette boisson : on rangeait le vin parmi les aliments raffinés dont la consommation avait pour effet d'amollir les caractères et de briser le courage. Au Ier siècle, certains peuples belges tels que les Nerviens, prohibent encore l'importation du vin. Les Germains pensent et font de même.
Le 3 mars 2023, une étude impliquant près d’une centaine de chercheurs, publiée dans la revue Science, indique que la vigne n’a pas été domestiquée il y a 11 000 ans en Géorgie mais 3000 ans avant, à la fois dans le Croissant fertile au Proche-Orient, au niveau d’Israël, de la Palestine, du Liban et de la Jordanie, et dans le Caucase (Géorgie, Arménie et Kazakhstan modernes).

Les Gaulois échauffent leurs esprits en buvant de l’hydromel (alcool de miel).

La forêt est gérée par l'homme gaulois dont la présence et les activités façonnent fortement le paysage. Il existe de nombreuses fermes entourées de champs et de pâturages.

Les Gaulois pratiquent avec intensité l'élevage de leur petit cheval (1 m 30 au garrot) afin de posséder une nombreuse cavalerie guerrière : les Trévires, les Éduens et les Arvernes excellent à cet égard. Les juments gauloises sont réputées : les armées de Claude II en ramènent un grand nombre à Rome. L'élevage du cheval de trait n'est pas moins poussé ; chevaux et bœufs sont employés aux travaux des champs. Contrairement aux Romains, les Gaulois, particulièrement ceux du nord-est, mangent du cheval. La romanisation fera reculer l’hippophagie.
Les Gaulois consomment aussi du chien : ils élèvent une race de chiens spécialement destinée à la nourriture.
En Europe du Nord, 300 ans av. J.-C., les Celtes dressent de grands chiens pour protéger leur bétail des loups.
Les chiens celtes sont renommés surtout ceux des Morins, des Bretons et des Belges. Ils sont utilisés pour la guerre.
Le roi arverne Bituitos a une garde équipée de chiens.
Pline écrit que les Gaulois faisaient couvrir leurs chiennes par des loups et qu’ils dressaient les canidés issus de ses croisements à guider leurs meutes.
Les auteurs anciens parlent de bétail nombreux et varié : porcs (dont la viande est conservée par salage et fumage), boeufs, veaux, moutons, chèvres et volailles abondent.
Au temps de Strabon (58 av. JC - 24 ap. JC), les Gaulois, particulièrement les Sequani, font beaucoup de salaisons ; la charcuterie des Gaules (surtout le jambon) est très réputée à Rome. La graisse de porc sert d’huile.
Des transhumances sont organisées vers la Provence et les Alpes.
Les oies sont élevées en grand chez les Morins du Nord de la Gaule.
Produits laitiers : au Mont Beuvray (Bibracte), on a découvert de grands égouttoirs pour le fromage. Les fromages des vaches des Alpes et des Cévennes sont renommés.
La chasse du grand gibier des forêts (sangliers, ours, cerfs) reste une entreprise passionnante. Chez certains peuples, la consommation du sanglier dont la viande est réservée aux dieux, est interdite.
Les Ardennes recèlent des aurochs et des élans.
Le lièvre, partout répandu, est l’animal sauvage le plus consommé, sauf par les Bretons, à en croire César qui mentionne : « Le lièvre, la poule et l'oie sont, d’après eux (les Bretons, ndlr), nourriture interdite : ils en font pourtant l’élevage pour le plaisir. » (Guerre des Gaules V, 12. Trad. Germaine Rousset). Comme le lièvre ou le lapin vit sous terre, les Bretons le croyaient en relation avec le monde des morts et les lieux inférieurs. Ils pratiquaient la divination en se basant sur la course d’un lièvre.
Le poisson (de mer ou de rivière selon) est couramment consommé. Près des rivières et des côtes, le poisson et les coquillages sont appréciés. Seules, certaines peuplades armoricaines dédaignent les poissons qui pullulent près de leurs rivages.

- EXPLOITATION MINIERE

La Gaule, surnommée Gallia Aurifera, est réputée pour ses richesses aurifères ; pour les Romains, la Gaule est le pays où l'or foisonne. Les Arvernes, qui exploitent les mines d'or sur leur territoire, en Limousin et en Auvergne, exercent, grâce à leurs richesses, une hégémonie sur tout le sud de la Gaule.
Les mines d’argent se trouvent surtout dans les Pyrénées et dans les territoires des Gabali et des Ruteni.
Le plomb est répandu dans toute la Gaule et en Grande-Bretagne.
Le cuivre (on en trouve en aquitaine et chez les Ceutrones), le mercure et les métaux précieux sont importés d'Espagne.
La grande extraction gauloise est celle du fer (c'est l’épée de fer qui fait la puissance des celtes) connu depuis l’époque de Hallstatt (750 av. J.-C.). Les mines de Lorraine sont exploitées de bonne heure. Celles du Berry ne sont pas moins célèbres. La réduction du minerai est obtenue, suivant la méthode catalane, dans des fours à cavité de forme tubulaire, garnis de terre réfractaire 10.
Le fer, dans les sociétés gauloises, devient le matériau privilégié de l'outillage, qu'il soit agricole ou artisanal, tant pour le charpentier que pour le chirurgien. Matériau de construction des chariots, il devient indispensable à l'économie du transport. Il apparaît en masse dans le domaine domestique pour les ustensiles de la vie quotidienne mais aussi sous la forme de petite quincaillerie. Et il est très prisé dans le domaine de l'armement, sans oublier celui de la parure vestimentaire.
Certaines sépultures du Berry et de l'Auvergne ont livré des objets de fer d'une extrême variété qui donnent une haute idée du perfectionnement de l'outillage.
L’étain, associé au cuivre, permet de créer le bronze. Il n’y en a ni en Italie ni en Grèce, un peu dans le Morvan et le Massif central, mais surtout en Bretagne et en Angleterre. Le bronze, ce sont les armures, les armes, les statues…

César relate plusieurs fois les mécomptes que lui infligent les Gaulois grâce à leur habileté à établir des sapes, habileté acquise dans le travail des mines.

Du sel est produit en Lorraine, notamment à Marsal dans la vallée de la Seille.

- INDUSTRIE

L'industrie des conserves alimentaires, si renommée à l'époque impériale, existe avant la conquête.
Chanvre et lin permettent la réalisation de textiles légers. Les Gaulois tissent des étoffes en lin et en laine de mouton et confectionnent des vêtements, des couvertures et des tentures.
Pour Pline, les Gaulois sont les inventeurs des étoffes à carreaux et les Cadurci, les Ruteni, les Bituriges, les Caleti et les Morini produisent des toiles de lin très estimées.
La laine des brebis des Morins, malgré sa rudesse, sert à confectionner des tissus appelés laena.
Le costume gaulois est éminemment original et heureusement conçu. Les braies sont un pantalon à larges jambes, laissant bien libres les mouvements et descendant jusqu'à la cheville. Le pantalon ne semble pas d’origine celtique car il est inconnu des anciens Gaëls. La Narbonnaise seule porte le nom de Galla Bracata (= Gaule en braies). Dans l’antiquité, on trouve le pantalon en usage chez les Perses et les Scythes. Sur une tunique courte à manches, les Gaulois portent la saie ou le sayon (sagum) : un manteau à manches agrafé sur la poitrine, souvent pourvu d'un capuchon (cuculla) qu’on peut relever à volonté. C’est aussi le manteau des Ligures, des Germains et des soldats romains. Ces vêtements sont en laine.
Les Gaulois sont habiles à tanner le cuir. Ils en revêtent les boucliers et même les murailles des villes et les tours de bois qui les défendent. Ils font des fourreaux d'épées, des pièces de harnachement, des chaussures, des tabliers, des outres, des ceintures, etc. Les Vénètes emploient les peaux comme voiles des navires. Les Gaulois portent généralement des sandales de cuir à semelle épaisse que les Romains appellent gallicae (qui a donné galoches).
En ce qui concerne l'habitation, les Celtes sont en retard sur les peuples méditerranéens. Le bois seul entre dans la construction de la maison gauloise sous forme de poutres de soutènement et de clayonnage pour la revêtir. La couverture est généralement en chaume, parfois en roseaux ou en tuiles de bois (bardeaux). Les murs, sans fenêtre, sont faits de rondins ou de branches entrelacées enduites de torchis (terre et paille). Une seule pièce réunit la famille autour d’un foyer central. Selon Polybe, les Gaulois n’ont pas de mobilier et n’ont d’autre lit que le gazon. Poseidonios rapporte que les Celtes prennent leur repas, assis sur des bottes de foin autour d’une table de bois ronde. Diodore dit que les Gaulois couchent sur des peaux de bêtes. Pline l’Ancien écrit que les matelas et les lits rembourrés sont une invention gauloise. Des abris, destinés aux bêtes et au fourrage, jouxtent les habitations.
Le mur d'enceinte (murus gallicus) est une construction en terre solidifiée par un empilement en couches entrecroisées de poutres horizontales avec un parement de pierres sèches 13.
Les Gaulois font un large emploi des chariots. Plusieurs vocables, désignant les voitures de diverses catégories, sont empruntés par les Latins aux Gaulois : le lourd carrus (karros), la rapide reda, le petorritum, et, peut-être, le carpentum et l’essedum (char de guerre), passent pour des mots d’origine gauloise.

- COMMERCE

Au 1er âge du fer, les échanges ne sont plus limités aux matières premières. Mais le couloir rhodanien reste alors en dehors de ce grand mouvement commercial. C'est que le littoral, en dehors de Marseille et la basse vallée du Rhône est encore aux mains des Ligures peu sociables.
Ces tribus arriérées forment un écran entre le foyer de civilisation méditerranéen et la Celtique, dont les limites méridionales ne dépassent guère le confluent de Lyon.
Il faut attendre la descende des Gaulois vers les côtes de Provence pour que des relations s'établissent.
Les Gaulois vendent des céréales et des textiles aux Romains et aux Grecs, tandis qu’ils rapportent des poteries de luxe, du vin, de l’huile d’olive et les minerais qu’ils ne possèdent pas.
Dans la Gaule du dernier siècle apparaissent tous les témoignages d'un négoce actif.

- VOIES DE COMMUNICATION

Le commerce de l'étain a les plus fortes répercussions sur le développement routier. La localisation et la rareté des gisements déterminent les directions du trafic.
L'aménagement des routes et la construction de pont de bois pour franchir les rivières sont les grandes nouveautés qui, vers la fin de l'indépendance, caractérisent le réseau gaulois sur lequel circulent carrus, reda et petorritum.
Les Romains perfectionneront la chaussée gauloise, amélioreront les tracés, multiplieront les ponts, mais bien peu de communications nouvelles leur seront dues.
Des vaisseaux de haute mer, d'une robustesse inégalable, sont utilisés par les Vénètes. Le chêne et le fer entrent seuls dans leur construction.
La carène se termine, à la partie inférieure, par une surface presque plate qui permet au navire de s'échouer à marée basse sans se renverser.
De puissantes chaînes de fer et non des câbles soutiennent de lourdes ancres.
Les voiles sont en peaux brutes ou travaillées.
Mais ces lourds bateaux ne peuvent rivaliser de vitesse (l'énorme masse ne peut être déplacée à la rame) avec les fins navires méditerranéens.
Par contre, ils sont adaptés aux mers où ils évoluent et, grâce à eux, les Vénètes jouent un rôle de premier plan dans les relations entre la Gaule et la Bretagne insulaire (commerce de l’étain).
L'existence d'une batellerie fluviale nombreuse et active est affirmée par un grand nombre de textes anciens.
Les ports fluviaux sont prospères : Mâcon et Chalon (Cavillonum) sur la Saône, Roanne et Orléans sur la Loire, Melun et Lutèce sur la Seine, etc.
Le halage de petites embarcations, chargées de marchandises, est pratiqué le long des cours d’eau.

- ARTS

Les Gaulois sont de médiocres carriers et tailleurs de pierre.
L'architecture et la sculpture leur sont longtemps demeurées étrangers ; sauf l’architecture militaire.
Ils construisent des enceintes solides autour de leurs places fortes. Les fouilles révèlent parfois, à l'intérieur du rempart, la présence d'un noyau de chaux obtenu par calcination de bois préalablement introduit dans la masse.
Les Gaulois forment une ossature avec des poutres entrecroisées et reliées par de fortes fiches de fer. Puis le vide est rempli par de la terre et des moellons. Le parement extérieur du mur est fait de très grosses pierres logées dans l'intervalle des poutres (passées au feu pour devenir imputrescibles). César ne peut pénétrer dans Avaricum (Bourges) que par escalade.
L'éclosion d'un art gaulois est longtemps retardée par un préjugé qui interdit de représenter les animaux et la figure humaine.
Il existe une série de masques métalliques par lesquels les artistes celtiques ont essayés à représenter la figure humaine : ces têtes de dieux ou portraits d'homme proviennent de la région pyrénéenne ou du bassin parisien. La plus ancienne daterait du IIe siècle av. J.-C.
Les rares monuments en pierre, antérieurs à Jules César, appartiennent tous au midi méditerranéen ; il a fallu le contact avec le monde gréco-romain pour déclencher l'éclosion de la sculpture.
Les statues de la Roche-Pertuse (Bouches du Rhône) figurent des personnages assis sur leurs jambes croisées dans l'attitude bouddhique. Les détails des costumes, ornés de svastikas et de motifs géométriques, font présumer des divinités ou des prêtres.
Les Pierres d'Entremont (Bouches du Rhône) sont trois blocs cubiques destinés à être superposés et qui pouvaient constituer un pilier élevé en l'honneur de quelque chef indigène.
Les reliefs représentent des cavaliers armés d'une lance et d'une épée et des têtes coupées aux traits convulsés (têtes d'ennemis vaincus que, suivant la coutume gauloise, on décapite après les avoir mis à mort).
Le travail du bronze, loin d'être éclipsé par l'industrie du fer, ne cesse de se perfectionner.
Le bronzier fond du cuivre et de l’étain pour obtenir le bronze. Il fabrique, par moulage, des objets de parure et de toilette, des pièces de harnachement, des amulettes, des poignées d’épée, des tôles pour les chaudrons et les terrifiantes trompes : les carnyx.
Selon Pline, les Bituriges ont inventé l'étamage.
L'argenture se pratique à Alésia.
Dès l'an 121, Bituit, roi des Arvernes, possède un char entièrement revêtu de métal argenté, qui fait l'étonnement des Romains lorsqu’il parait au triomphe de son vainqueur, le consul Fabius Maximus.
Les objets ornés de corail (glaive, bouclier, casque) se retrouvent dans tous les pays celtiques (en Gaule, notamment chez les Remi).
Selon Pline, le corail est censé avoir des vertus curatives et une branche pendue au cou d’un enfant le protège.
Puis l'émail joue le rôle précédemment dévolu au corail.
L'émaillerie (inconnue à Rome) est une spécialité qui fait l'honneur des manufactures installées dans quelques grands centres industriels, en particulier chez les Eduens, au Mont Beuvrey.
Les orfèvres gravent et cisèlent l’or et l’argent pour créer des bijoux (colliers torques, bracelets et bagues) et des pièces d’apparat.
Le tour de potier apparaît en Gaule au Ve s. av. J.-C. Les poteries restent longtemps sans beauté. Pendant des siècles, l'usage du four est ignoré : il faut arriver à la fin du IIe siècle pour voir cette méthode se généraliser.
Il est vrai que la terre cuite ne tient pas une place essentielle dans la vaisselle des Gaulois : Posidonius rapporte que les Gaulois utilisent largement des plats de bois et des corbeilles d'osier. Les Gaulois importent de nombreuses céramiques d’Italie et de Grèce. Au derniers temps de la Tène, les vases peints se multiplient, les formes deviennent plus nombreuses et comprennent jusqu'à des assiettes et des plats. La situation exacte des ateliers n'est pas connue, mais la fréquence des trouvailles permet d'entrevoir des centres de fabrication dans la Gaule centrale, notamment dans la région de Roanne et de Lezoux, chez les Arvernes. D'autres trouvailles supposent un centre chez les Rutènes, près de Millau (Aveyron), au lieu-dit la Graufesenque. C'est précisément chez ces peuples que se retrouveront au 1er siècle, les plus grandes officines de la Gaule.
Les motifs de l’art décoratif gaulois sont géométriques.
Parmi les motifs formés de lignes droites, l'un des plus fréquents est le svastika, répandu sur les casques, les boucliers, et les fourreaux d'épée.
Un des monuments les plus anciens est à coup sûr le bloc de Kennaria (Finistère) : cette pierre offre la forme d'une pyramide ; sur chaque face sont gravés des motifs disposés en bandes horizontales ; en haut une sorte de grecque, au milieu le svastika, en bas des signes en « S ».
Signes en « S », svastikas, spirales, triskels (ou triskells, triskèles, triscèles) ont une signification mystique.


TRISKEL

Selon les sources grecques et romaines, la société gauloise fait une grande place à la musique qui accompagne tous les rassemblements populaires.

- METROLOGIE

Plusieurs vocables désignant les mesures gauloises, plus vivaces que la terminologie des Romains, sont passés dans la langue française.
La principale mesure itinéraire, la leuga (= lieue), d’une valeur de 2 222 mètres (soit 1 mille et demi), éclipsa le mille romain qui avait été imposé. Des archéologues du CNRS ont démontré l’existence d’une grande lieue gauloise (de 2 400 à 2 500 mètres).
Pour apprécier les surfaces les Gaulois se servaient de l’arepennis (= arpent) représentant 12 ares et demi.

- MONNAIE

Comme l'alphabet, l’exemple de la monnaie est venu des Grecs.
Les monnaies parviennent dans la Celtique par la voie du Danube et par celle du Rhône.
Les premières monnaies frappées en Gaule sont imitées des statères d'or macédoniens. Chaque peuple frappe sa monnaie. Les Arvernes et les Éduens paraissent avoir été les premiers à battre monnaie vers le milieu du IIème siècle av JC. Les statères d’or au nom de Vercingétorix contribuent à soulever la Gaule contre César.

- CALENDRIER

Les Gaulois savent mesurer le temps : les druides résolvent, de façon extrêmement approchée, le problème qui consiste à trouver le plus petit commun multiple à trois durées complexes : celle du jour solaire, celle de la révolution lunaire et celle de l'année solaire.
Il existe au moins trois systèmes de datation d'inspiration druidique :
- le premier se réclame d'une tradition galloise qui fait remonter l’ère druidique en 2373 avant Jésus-Christ,
- le deuxième fait remonter l'ère druidique à la bataille de Mag Tured, aux alentours de 1870 avant Jésus-Christ,
- le troisième, appelé Ere de Belgios & Brennos, commence en 279 avant Jésus-Christ.
Le seul calendrier gaulois connu date du 1er siècle av. J.-C. ; il a été trouvé en 1897 dans un champ aux environs de Coligny (Ain) et est exposé au Musée Gallo-romain de Lyon.
Ce calendrier lunaire est la plus longue inscription en langue gauloise qui nous soit parvenue.
Gravé dans une plaque de bronze, il n'est malheureusement pas complet.
La plaque se compose d'un ensemble de mois, tous dénommés selon leurs noms gaulois, et répartis en cinq années.
L’unité de base du calendrier gaulois est le nycthémère, c’est à dire une nuit suivie d’une journée ; le changement de date a lieu au coucher du soleil, et non à minuit comme dans le calendrier grégorien (ce que confirme César quand il écrit que les Gaulois mesurent la durée non pas en jours, mais en nuits).
Les mois lunaires ont une durée de 29 ou 30 jours (afin de tenir compte de la durée moyenne astronomique de la lunaison, soit 29,53058 jours) et sont divisés en 2 quinzaines.
L'année, qui comporte 12 mois, est divisée en deux périodes : la moitié sombre et la moitié claire ; elle est également divisée en quatre saisons. Les 12 mois sont : samonios, dumannios, rivros, anagantios, ogronios, cutios, giamonios, simivisonnios, equos, elembivios, aedrinios, cantlos 17. Le premier mois est samonios (l'équivalent de début novembre) et le dernier est cantlos (équivalent de fin octobre). La période sombre va de samonios (début novembre environ) à cutios (fin avril environ) ; la période claire de giamonios (début mai environ) à cantlos (fin octobre environ).
Rien ne permet d’affirmer, aujourd’hui, que les Celtes disposaient d'un calendrier dont les mois portaient chacun le nom d'un arbre.


8. HABITAT

- Lieux fortifiés

L'aristocratie militaire (utilisant le cheval de combat) habite un tertre fortifié et s'entoure de clients (des protégés, débiteurs ou anciens serfs) qui leur sont unis par des liens de vassalité (origine de la féodalité)
Il existe deux types de lieux fortifiés :
1°) ceux qu'ont occupés les Ligures : briga (peut-être enlevés de force et repeuplés, peut-être alliés et assimilés) ; le nom des habitants est devenu un prénom : Brixius, Brix ou Brice ;
2°) ceux qu'ont construits les Celtes : durum (c'est-à-dire porte ; germanique thür) ; le nom des habitants est devenu un patronyme : Duran ou Durand.

- Villages serviles

L’aristocratie fait cultiver les plaines avoisinantes par des serfs [étrangers dont on a conquis le pays, mais que l'on n'a pas exterminés (servus = épargné)].
On trouve deux types de villages serviles :
- commerçant : dunum (anglais : town) ; nom des habitants devenu patronyme : Dunan ;
- agricole : magos (de magos = marché, forum) ; nom des habitants devenu patronyme : Magan ou Mayen.
Les nobles font travailler leurs serfs dans des unités territoriales équivalant au canton actuel. En cas de surpeuplement, on défriche une zone forestière ; village de défricheurs : iolos (nom des habitants devenu prénom : Yolande).

- Types d’habitat

À la fin de l'âge du fer, aristocrates et paysans vivent dans une campagne soigneusement découpée en parcelles. L'habitat prend la forme d'un vaste maillage de fermes.
Puis, au cours des IIIe et IIe siècles avant notre ère, des bourgs se développent, où l'artisanat et le commerce prospèrent. Implantés stratégiquement sur les voies de communication, ces bourgs peuvent s'étendre sur plusieurs hectares.

On construit, plus tard, trois types d'habitats :
- les aedificia : demeures isolées en campagne ;
- les vici : petites agglomérations ;
- les oppida (places fortes) : grandes agglomérations (100 à 600 ha), là où se trouve généralement un sanctuaire (fin du IIe siècle av. J.-C.).

Les aedificia sont des demeures particulières. Elles servent de lieux de séjour aux grands propriétaires gaulois. D'autre part le même terme sert à désigner les habitations des cultivateurs gaulois. Il s'agit de fermes. Ce type d'habitat isolé s'explique par un certain goût de la solitude qui est naturel aux Gaulois.

Les vici sont des villages agricoles, le plus souvent. Ils correspondent à une habitude plus ancienne, celle de rester groupés pour être plus fort. Les Helvètes possèdent 400 vici.

Les oppida sont aussi appelées orbes (villes) par César. Ce sont des places fortes. Exemple : Avaricum, Gergovie, Alesia. Dans le cas le plus fréquent les oppida tiennent le sommet d'une montagne. Certaines oppida sont très étendues : Alésia peut donner refuge à une armée de 80 000 hommes. Dans les pays de plaine existe un autre type d'oppidum : la forteresse s'appuie à un cours d'eau ou à un marais, ou mieux encore s'abrite sur une île. L’oppidum est souvent protégé par le MURUS GALLICUS, rempart en pierre armé de poutres en bois entrecroisées et fixées entre elles par des clous de fer. Le murus gallicus est donc une construction en terre solidifiée par un empilement en couches entrecroisées de poutres horizontales avec un parement de pierres sèches. L'accès intérieur au rempart se fait par un remblai de terre tassée. Les archéologues ont répertorié également deux autres familles de murs : le mur vitrifié, semblable au murus gallicus, mais dont le parement extérieur a subi une vitrification et le mur à poteaux frontaux verticaux, qu'on retrouve le plus souvent en Europe de l'Est (https://fr.wikipedia.org/wiki/Murus_gallicus). A l'origine, les oppida constituaient non pas des villes à proprement parler, mais des lieux de refuge. Par la suite, elles commencèrent à recevoir une population sédentaire.
On y entasse des stocks de récoltes. Entrepôt et marché, l'oppidum est aussi un chef-lieu politique. Le sénat y tient ses assises. L'assemblée générale de la Gaule se réunit à l'oppidum de Bibracte en -52.


V. LA GUERRE DES GAULES

voir dossier

VI. THEONYMES GAULOIS ET CELTES

Voir dossier.


VII. CITES ET TRIBUS CELTES ET AUTRES PEUPLES ANCIENS

Voir dossier


VIII. ANCIENS NOMS DE LOCALITES OU DE LIEUX

Voir dossier


IX. VOCABULAIRE

Voir dossier


X. CITATIONS

Nous ne craignons rien sinon que le ciel ne tombe sur nos têtes. (Ptolémée 367-283 avJC, un des lieutenants d’Alexandre le Grand, rapporte ces paroles des Gaulois à son souverain qui les interrogeait sur ce qu'ils redoutaient le plus. Strabon et Arrien en font aussi mention).

Ut ad bella suscipienda Gallorum alacer ac promptus est animus, sic mollis ac minime resistens ad calamitates perferendas mens eorum est : Si les Gaulois sont ardents et prompts à entreprendre une guerre, pour supporter les désastres leur esprit est mou et sans résistance (Jules César 100-44 avJC, La Guerre des Gaules, III, 19).

Il fut un temps où les Gaulois, surpassant les Germains en valeur, portaient la guerre chez eux et envoyaient au-delà du Rhin des colonies parce qu'ils avaient trop de population et manquaient de terres pour la nourrir. C'est ainsi que les Volcae Tectosages s'étaient emparés des contrées les plus fertiles de la Germanie près de la forêt Hercynienne. Cette nation s'y est maintenue jusqu'à ce jour et jouit d'une grande réputation de justice et de valeur (Jules César).

Des contrées et des nations qu'aucune histoire, aucun récit, aucun bruit public ne nous avaient encore fait connaître ; notre général, nos troupes, nos armes les ont parcourues. Nous n'occupions auparavant qu'un sentier dans la Gaule ; le reste était aux mains de nations, ou ennemies de cet empire, ou peu sûres, ou inconnues, ou du moins féroces, barbares et belliqueuses.
[...] Enfin, est-il quelque chose qui paraisse sacré et digne de vénération chez ces hommes (les Gaulois) qui, même quand quelque motif de crainte les amène à penser qu'il leur faut apaiser les dieux, profanent leurs autels et leurs temples par le sacrifice de victimes humaines, si bien qu'ils ne peuvent pas même pratiquer un culte s'ils ne l'ont auparavant entaché de la souillure d'un crime ? Qui, en effet, ignore que ces hommes ont conservé, encore aujourd'hui, la pratique monstrueuse et barbare d'immoler des êtres humains ? (Cicéron 106-43 avJC).

Cum illi se in armis jus ferre et omnia fortium vivorum esse ferociter dicerent... : Les Gaulois répondirent fièrement que leur droit était dans leurs armes et que tout appartenait aux braves. (Tite-Live 59 avJC-17, Histoire romaine, V, 36). Les Romains avaient demandé aux Gaulois de quel droit ils réclamaient des terres à leurs propriétaires en les menaçant de leurs armes.

Dans son ensemble, la race qu'on appelle aujourd'hui soit gallique, soit galatique est à la fois éprise de guerre, impulsive et prompte à prendre les armes, mais par ailleurs dépourvue d'artifice et de vice. Voilà qui explique leurs conduites (…) II est vrai qu'aujourd'hui tous vivent en paix, asservis qu'ils sont et les actes de leur existence étant réglés par les ordres de leurs conquérants, les Romains, mais ce sont les temps anciens qui ont inspiré notre description ainsi que les usages qui persistent aujourd'hui encore chez les Germains. En effet, ils leur ressemblent aussi bien pour le physique que pour les institutions et ils sont les uns et les autres apparentés (Strabon 58 av. J.-C. - 21/25, Géographie, IV, 4, 2].

Grâce à eux (les Marseillais, ndlr), les Gaulois, après avoir déposé et adouci leur barbarie, assimilèrent des usages plus civilisés, apprirent l’agriculture, apprirent à entourer leurs villes de remparts, apprirent à vivre légalement et pas uniquement par la force des armes ; ils apprirent à planter la vigne et prirent l’habitude de greffer les oliviers, et une telle splendeur fut imposée aux hommes et aux choses que l’on croyait non point voir la Grèce émigrée en Gaule, mais la Gaule transportée en Grèce (Justin le Philosophe. IIe s. Histoires philippiques).

Les anciens Gaulois estimaient à extrême reproche d'avoir eu accointance de femme avant l'âge de vingt ans, et recommandaient singulièrement aux hommes qui se voulaient dresser pour la guerre, de conserver bien avant en l'âge leur pucelage, d'autant que les courages s'amollissent et divertissent par l'accouplage des femmes (Montaigne 1533-1592, Essais).

La gaminerie est une nuance de l'esprit gaulois. Mêlée au bon sens elle lui ajoute parfois de la force, comme l'alcool au vin (Victor Hugo 1802-1885, Les Misérables).

J'ai de mes ancêtres gaulois l'œil bleu blanc, la cervelle étroite, et la maladresse dans la lutte (Arthur Rimbaud 1854-1891, Une saison en enfer, Mauvais Sang).


Voir : Liste des peuples celtes. Théonymes celtes, Anciens noms de localités ou de lieux. Vocabulaire celte. Guerre des Gaules


Notes
1 Wikipedia
2 Chronique de l'humanité. J. Legrand SA. Ed. Chronique. 1986
3 Fabien Regnier, Keltia Magazine n°6
4 Lucain, La Pharsale I, 444-446
5 Virgile, Enéide, chant VI
6 racines.traditions.free.fr/festes/festes.pdf
7 LA LEGION ROMAINE est l’armée professionnelle la mieux entraînée et la mieux équipée.
Les légionnaires sont surnommés les mulets de Marius du nom du général qui, sous la République, en 107 av. J.-C., réorganisa l’armée romaine et en fit une armée de métier. Les légionnaires, âgés de 17 à 46 ans, sont enrôlés pour 20 ans, voire plus, et doivent rester célibataires (plus tard, Septime Sévère, empereur de 193 à 211, supprimera la règle du célibat). Ils perçoivent régulièrement une solde et reçoivent, à la retraite, un lopin de terre. Ils portent jusqu’à 40 kg d’équipement et parcourent au moins 30 km par jour (les bagages et équipements indispensables au fonctionnement d'une armée en campagne, mais qui gênent sa marche et ses mouvements, sont des impedimenta). Les fantassins portent une courte épée à double tranchant appelée gladius (glaive) ; d’autres, les hastaires (hastati), armés de javelots à pointe de fer (pilum) et munis de boucliers, sont placés au premier rang des carrés et forment avec les rangs suivants des tortues.
Une légion compte 5 500 à 6 000 légionnaires répartis en 10 cohortes. Avec les réformes de Marius (157-86 av. J.-C.), la centurie passe de 100 hommes à 80. Ainsi la cohorte typique compte 6 x 80 = 480 hommes et la 1ère cohorte, composée de soldats d’élite, compte 5 x 160 = 800 hommes ; 120 à 300 cavaliers servent d’agents de liaison, d’escorte, d’éclaireurs, et sont chargés éventuellement de poursuivre les fuyards ; les armes lourdes, arbalètes et catapultes, lancent flèches, pierres et bombes incendiaires.
Le contubernium est la plus petite unité militaire de l'armée romaine, constituée de 8 légionnaires ; sous la République, 10 légionnaires formaient une décurie (wikipedia.org/wiki/Contubernium). Dix contubernia font une centurie. Deux centuries forment un manipule. Six centuries forment une cohorte et 10 cohortes font une légion.
Les légions, au nombre de 28 sous Auguste et jusqu'à 33 sous le règne des Sévère, sont renforcées par des troupes, recrutées dans les Provinces ou à la frontière de l'Empire, qui conservent leurs armements et leurs usages de combats : les numéri.
Ces troupes auxiliaires sont généralement recrutées parmi les pérégrins (peregrini), c'est-à-dire les habitants des provinces de l'Empire romain qui ne sont pas des citoyens romains (la grande majorité de la population de l'Empire pendant les Ier et IIe s.). Les auxiliaires sont également recrutés parmi les barbares, nom donné aux habitants des territoires hors de l'Empire (on parle aussi de gentiles). Ils ont souvent le statut de dediticii (ni esclave, ni citoyen romain) et peuvent constituer des régiments complets (archers de Palmyre, cavalerie numide, etc.) qui passent sous l'influence de Rome à la suite de sortes de négociation avec des chefs barbares vaincus ou affaiblis (wikipedia.org/wiki/Troupes_auxiliaires).
La DECIMATION (du latin decimatio) était l'une des punitions les plus importantes et les plus sévères utilisées contre un groupe de soldats lâches ou rebelles dans l'armée romaine. La première décimation eut lieu en 471 av. J.-C. L'unité condamnée à être décimée (par exemple une cohorte) était divisée en groupes de dix soldats. Chacun tirait au sort (sortition) et celui qui échouait –qui avait la paille la plus courte– était tué par ses neuf compagnons à coups de pierre ou de bâton (fustuarium). Les survivants recevaient de l'orge au lieu de blé et étaient punis par des cantonnements supplémentaires à l'extérieur du camp fortifié jusqu'à ce qu'ils aient effacé leurs fautes au combat. L'empereur Macrin (qui régna en 217-218 de notre ère) introduisit une forme plus «légère» de décimation, la centesimatio, c'est-à-dire la mise à mort d'un soldat sur cent (https://www.slate.fr/story/249670/rome-antique-decimation-armee-fusillade-condamnation).
8 (wikipedia.org/wiki/Jules_C%C3%A9sar)
9 (wikipedia.org/wiki/Gaule_romaine)
10 Ce n'est qu'à partir du VIe siècle av. J.-C. que les régions du Nord de l'Ibérie, et surtout la région de la basse vallée de l'Èbre, commencent à prendre plus de visibilité sur le Sud, jusque-là favorisé par ses activités minières et ses relations commerciales avec les peuples puniques. Cette région septentrionale, comprenant l'actuel territoire de la Catalogne, jusque-là d'un caractère plutôt agricole en regard des territoires du Sud, miniers, connaîtra un développement singulier, avec le développement d'une civilisation proto-urbaine, l'entrée dans l'âge du fer et l'invention d'une écriture. Certaines agglomérations deviennent des cités importantes, notamment Ilerda (Lérida) à l'intérieur des terres, Biscargis (à l'emplacement inconnu mais situé au sud de la Catalogne actuelle ou au nord de la Communauté valencienne), Hibera (peut-être Tortosa) ou Indika (Ullastret). Les Ibères de cette région (dont les principaux peuples sont les Ilergetes, les Indigetes, les Lacétans ou les Cerretains) entretiennent également des relations avec les peuples du Nord de la Méditerranée : Gaulois, Grecs et, plus tard, Romains (wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Catalogne) (geologie-tournefeuille.com/images/_NosDocuments/PDF/mm_forges.pdf) (artefacts.mom.fr/Publis/Serneels_1998_%5bchaine_operatoire_siderurgie%5d.pdf) (halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01402609/document).
11 http://fr.wikipedia.org/wiki/Arioviste
12 http://www.gaulois.ardennes.culture.fr/flash#/fr/uc/03_01/t=Agriculture et subsistance
13 http://fr.wikipedia.org/wiki/Murus_gallicus
14 http://fr.wikipedia.org/wiki/Savon
15 A en croire certains, les druides criaient « O ghel an heu ! » (Que le blé lève !) : Histoire et mémoires de l'Académie royale des sciences, inscriptions et... Par Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Page 89. 1837
16 http://www.linternaute.com/actualite/histoire/les-gaulois-histoire-societe-religion-vie-quotidienne/les-inventions-gauloises.shtml
17 https://fr.wikipedia.org/wiki/Calendrier_de_Coligny
18 https://fr.wikipedia.org/wiki/Ogham
19 https://fr.wikipedia.org/wiki/Gaulois_(langue)
20 http://fr.wikipedia.org/wiki/Gui_(plante)
21 http://racines.traditions.free.fr/deevino/deevino.pdf
22 Le Morbihan, son histoire et ses monuments par François Marie Cayot-Délandre.
23 https://www.geo.fr/histoire/les-gaulois-se-consideraient-comme-les-fils-de-la-nuit-201802
24 Les Hyperboréens (Hyperbóreoi) sont un peuple mythique de l'Antiquité. Au sens étymologique, ce sont ceux qui vivent par-delà les souffles du froid Borée (le vent du nord).
25 Les Gaulois à l'œil nu (Dominique Garcia)


Sources
La Gaule. Ferdinand Lot. Librairie Arthème Fayard, Paris, 1947
Histoire des Gaulois. Amédée Thierry. 1828
Histoire des Gaulois. E. Thévenot. PUF 1971
Les Celtes. G. Dottin. Minerva. 1977
Les Celtes. A.Varagnac et R. Derolez. BLOUD AND GAY 1965
http://www.arbre-celtique.com/
http://www.arbre-celtique.com/etude/02-societe/peuples/peuples.php
http://oda.chez-alice.fr/dicogaulois.htm
http://www.melegnano.net/celti/francel01a089.htm
http://www.melegnano.net/celti/vocfrancel00.htm
http://bretagne-passion.forumactif.com/Histoire-Celte-f19/les-tribus-celtiques-t746.htm
http://bcs.fltr.ucl.ac.be/CAES/BGI.html (César Guerre des Gaules)
http://www.lexilogos.com/gaulois_peuples_lieux.htm
http://crehangec.free.fr/peuples.htm
http://michel-desfayes.org/villegaule.html
etc.


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.
Date de mise à jour : 01/05/2024

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