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A Sandrine SOMMAIRE : LE ROI ARTHUR - L'Histoire et les légendes arthuriennes - Les Sarmates - Arthur - Merlin - Versions diverses - Importation de la légende en Petite Bretagne - Opéras - Films et séries télévisées LE GRAAL - La quête du Graal - La Table Ronde - Le Vase, le Chaudron, la Coupe, la Lance, la Tête et la Pierre - Pouvoirs et symbolisme du Graal - Les pistes du Graal - Citations L'Histoire et les légendes arthuriennes De 500 à 550, les Celtes de l’Ile de Bretagne parviennent à arrêter les envahisseurs anglo-saxons. C'est ici que se situe l'épisode légendaire du roi Arthur ou Arthus du celtique arzh = ours (qui aurait vécu de 470/475 à 537/542), attestant de la volonté des Bretons à sauver leur culture celtique et leur religion, chrétienne certes, mais plutôt faite d'un amalgame de christianisme et de croyances anciennes rémanentes. Une coalition de tribus celtes de Bretagne vainc les Saxons au mont Badon. La légende dit qu'Arthur est le héros de cette entreprise. Les historiens s'interrogent sur la localisation exacte et la date de cette victoire (493 ? 494 ? 500 ? 516 ?) qui témoigne de la résistance des Bretons chrétiens aux envahisseurs. Saint Gildas (+ en 569 ou 570), retiré sur l’Ile de Houat (Bretagne), écrit en 539 un Sommaire de l’histoire de l'Angleterre depuis la conquête romaine (De excidio et conquestu Britanniae) dans lequel il célèbre la victoire du Mont Badon, et ne mentionne pas Arthur mais Ambrosius Aurelianus. Un grand chef de guerre, Owain Ddantgwyn (Dantguin ou Ddanwyn ou Ddantgwyn qui signifie « Dent blanche »), surnommé L'Ours, mort vers 517, était un roi de Rhos (petit royaume du Pays de Galles) et peut-être également de Gwynedd. En 522, mort de saint Illtud (Illtut, Ildut, Iltut, Elchut, Ideuc) de Llantwit, fêté le 6 novembre. Parent du roi Arthur, il sert dans son armée. Abbé, il fonde, au Pays de Galles, dans le voisinage de Llan-carvan, une école monastique qui prend le nom de Llan-Illut ou Llantwit. Jordanès, historien goth de langue latine du VIe siècle, compose, en 551, son ouvrage intitulé De origine actibusque Getarum dans lequel il fait le récit de la campagne des Gaules d’un certain Riothamus, roi des Brettones (d'après Léon Fleuriot, le nom de Riothamus n'est qu'un terme signifiant grand roi) : s'agit-il d'Arthur ? Selon Geoffrey Ashe, reprenant la thèse de Léon Fleuriot, le légendaire Arthur est inspiré du personnage réel de Riothamus, qui aurait porté le titre de « roi des Bretons » entre 454 et 470. Celui-ci aurait fait campagne en Gaule au cours des années 468 et 469 pour appuyer les Gallo-romains contre les Wisigoths, avant d'être battu par ces derniers à la bataille de Déols. Le gallois Aneirin, qui écrit (v. 593) le poème Gododdin pour commémorer la bataille de Catraeth [Catterick], fait référence à Arthur lorsqu'il dit qu'un certain guerrier, Gwawrddur, était vaillant dans la bataille mais "n'était pas Arthur" [verset 1234]. Adomnan, dans sa Vita Columbae (VIIe siècle), évoque un grand guerrier du nom d'Arturius. En 858, Arthur est mentionné dans Historia Brittonum (Histoire des Bretons) attribuée au moine gallois Nennius. Nennius raconte qu’un chef guerrier (Dux bellorum = Chef de guerre), Arthur, à la tête des tribus celtes de Grande Bretagne (ou plus exactement de la Domnonée, région qui correspond, aux Iles Britanniques, au territoire actuel des Cornouailles, du Devon et du Somerset), aurait remporté une douzaine de batailles dont certaines en Irlande et sur le Continent lorsqu'il résistât à la fois aux légions romaines et à la poussée nordique des Angles et des Saxons : sa plus célèbre bataille étant la douzième, celle du Mont Badon (vers 516) où tombèrent en un seul jour 960 guerriers. Nennius raconte que dans le pays d’Arthur se trouvaient des curiosités remarquables, dont Cain Cabal, une pierre où l’on voyait l’empreinte de la patte de Cabal, le chien d'Arthur, et Licat Anir, le tombeau d'Anir, le fils d'Arthur, tué par son père (les dimensions du tombeau variaient : sa longueur était de 6, de 9, de 12 ou de 15 pieds). En 900, le poème gallois,The Stanzas of The Graves, mentionne Arthur, en disant, "la merveille du monde une tombe pour Arthur", c'est-à-dire qu'il a été enterré dans une tombe non marquée dont le site était inconnu. Le Butin d’Annwn (Preiddeu Annwn) est un poème gallois du Xe siècle mentionnant Arthur ; il relate son voyage accompagné de ses hommes jusqu’à Caer Siddi (Château des fées) pour en rapporter un chaudron magique 5. Les Annales Cambriae (Welsh Annals), enregistrement continu des événements du 5ème siècle au 10ème siècle qui commence en 445 et se termine en l'an 977, relatent une bataille remportée par Arthur en 516/517 (probablement au Mont Badon) au cours de laquelle il aurait porté durant 3 jours et 3 nuits la croix du Christ sur ses épaules et la bataille de Camlan lors de laquelle Arthur et Medraut [Mordred] sont tombés en 537/542. La légende celtique d'Arthur commence surtout à se répandre après la conquête de l'Angleterre par les Normands (1066). Il est fait mention d'Arthur dans : - le Livre Noir de Carmarthen (en gallois : Llyfr Du Caerfyrddin), écrit vers 1250, qui contient essentiellement des poèmes anonymes rédigés entre le IXe et le XIe siècle ; un des poèmes Élégie de Gereint, fils de Erbin, qui pourrait être attribué à Llywarch Hen, fait référence à la bataille de Llongborth, dont la localisation est perdue et mentionne la participation à la bataille du roi Arthur qui y est décrit non comme un roi mais comme empereur et directeur du combat (amherawdyr). - le recueil de contes gallois Mabinogion (v. 1100) où Guenièvre, la femme du roi Arthur et certains de ses chevaliers apparaissent pour la première fois, - dans trois Vies de saints gallois publiées en latin au début du XIIème siècle (celles des saints Cadoc, Paterne et Carentoc) et évoquant, dans divers épisodes, la figure d'Arthur ainsi que celles de quelques-uns de ses compagnons : Ké et Béduire, Les traditions et légendes, évoquant le roi Arthur, son entourage et la quête du Graal, sont assemblées par de nombreux auteurs : - Guillaume de Malmesbury : Gesta Regum Anglorum (1125) où apparaît le personnage de Gauvain, - Geoffroy de Monmouth, évêque de Saint Asaph (Galles du Nord) : Prophetiae Merlini (1134), Historia Regum Brittaniae (v. 1135), Vita Merlini et Le roman de Thèbes (v. 1150), - le poète anglo-normand Robert Wace : Le Roman de Brut (v. 1155) et Le Roman de Rou (1155/1160) ; - Benoît de Sainte-Maure : Le Roman de Troie (1155/1160) et Chronique des ducs de Normandie 1170/1175) ; - Thomas d'Angleterre : Tristan (1170/1175) ; - Chrétien de Troyes : Erec et Enide (v. 1165), Cligès ou la Fausse Morte, Lancelot ou le Chevalier de la Charrette, Yvain ou Le Chevalier au Lion (v. 1170/1180), Perceval ou Le Conte du Graal (v. 1181) ; les romans de Chrétien de Troyes sont adaptés en Allemagne par les poètes Hartman von Aue [Erec (v. 1185) et Iwein (avant 1205)] et Wolfram von Eschenbach [Parzival (v. 1210)] ; - Béroul : Tristan (1181) ; - Marie de France (seconde moitié du XIIe siècle) : Lai de Yonec, Lai de Frêne, Lai de Lanval ; - Layamon (fin XIIe siècle/début XIIIe) : Brut, adaptation en anglais médiéval du Roman de Brut de Wace. - Robert de Boron : Le Roman de l’Estoire dou Graal, Merlin et Perceval en prose (v. 1200/1210) et Joseph ; - Raoul de Houdenc : Méraugis de Portlesguez (v. 1210) ; - Païen de Maisières : La Demoiselle à la Mule (1200/1210) ; - Rusticello de Pise : Guiron le Courtois et Meliadus de Leonnoys ; - Gerbert de Montreuil et Manessier : Troisième et quatrième continuations du conte du Graal (v. 1230) ; - Jean Froissard : Meliador (1383/1388) ; - Geoffrey Chaucer : Les Contes de Cantorbéry (The Canterbury Tales) écrits à partir de 1387 ; - et de nombreux anonymes : Peredur (début du XIIe par un auteur gallois), Anseis de Carthage (1190-1200 ; convergence des gestes d'Arthur et de Charlemagne, fusion des traditions légendaires celtiques, franques et hispano-arabes), Le Livre de Caradoc, Première continuation du conte du Graal (v. 1200), Le Chevalier à l’épée (1200/1210), Durmart le Gallois (1200/1220), Perlesvaus ou Le Haut Livre du Graal, Le Roman de Jaufré (en occitan, 10 956 vers octosyllabiques, écrit à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle), Lancelot du Lac en prose ou Lancelot-Graal ou Cycle de la Vulgate ou encore Cycle du Pseudo-Map (1215/1230), Gliglois (v. 1225), La Quête du Saint Graal et La Mort le Roi Artu (v. 1230), Tristan en prose, Perceforest, Ysaïe le Triste (v. 1230), Cycle Post-Vulgate ou Suite Post-Vulgate (entre 1230 et 1240), Les Aventures de Ségurant le Brun, le chevalier au dragon (entre 1240 et 1279 en Italie du Nord ; ce roman en prose s’inscrit dans le vaste cycle des péripéties des chevaliers de la Table ronde) : Ségurant est un chevalier né sur une île située très loin d'Arthur. Très valeureux, il souhaite se rendre à la cour du roi pour devenir le meilleur chevalier du monde. Il entreprend donc de parcourir la mer et le royaume pour débarquer à Winchester là où la cour se réunit. A son arrivée, Ségurant est effectivement le meilleur chevalier. Il surpasse tous les chevaliers de son temps aussi bien en force qu'en courage. Et cela inquiète les fées Morgane et Sybille ; conscientes du puissant allié que ce chevalier représente pour Arthur et sa quête du Graal, elles ensorcellent Ségurant et lui confient une quête impossible : celle de tuer un dragon qui n’est qu’une illusion. Ségurant disparaît et Morgane réussit à faire croire à tout le monde qu'il n'était qu'un mirage... L’Atre périlleux (v. 1250), Tristan en prose 2ème version (v. 1250), Hunbaut, Les Merveilles de Rigomer, Claris et Laris (v. 1250/1275), Prophéties de Merlin (vers 1272-1273 en Italie, mais en ancien français), Blandin de Cornouaille (XIVe s.), Le Chevalier au Papegau (fin XIVe/début XVe). En Angleterre, au XVe siècle, sir Thomas Malory (+1471), écrivain et traducteur, reprend l’ensemble de ces œuvres et entreprend leur compilation en moyen français : Le Morte Darthur ou Le Morte d'Arthur (La mort d'Arthur). Au XIXe siècle, la légende inspire les Idylles du roi au poète anglais Tennyson, ainsi que Parsifal (= Perceval) drame musical du compositeur allemand Richard Wagner. En 1127, Henri Ier Beauclerc, roi d'Angleterre et duc de Normandie, offre Excalibur, l'épée d'Arthur, à Geoffroy V d'Anjou, dit le Bel ou Plantagenêt, lors de son adoubement. En 1140, Roger II de Sicile fait représenter Le roi Arthur sur le pavé de la cathédrale d'Otrante. En 1191, Richard Cœur de Lion, faisant escale à Palerme, fait don à Tancrède de Sicile de l'épée du roi Arthur. En 1194, Hugues de Morville, gentilhomme du Cotentin, apporte le motif du Lancelot à Ulrich von Zatzikowen, poète souabe, qui en fera le Lanzelet. Le roi d’Angleterre, Edouard III, inspiré par le roman du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde, fonde, en 1344, l’Ordre de la Jarretière, une compagnie très restreinte (40 chevaliers). Le révérend anglais John Whitaker, dans son Histoire de Manchester (1771-1775), admet l'existence d'Arthur, d'abord chef des Silures, puis roi des Bretons après qu'il les a secourus contre les Saxons. Il écrit que le légendaire roi Arthur a livré 4 batailles contre les envahisseurs saxons sur les bords de la rivière Douglas, dans et autour de Wigan dans le Grand Manchester. Les Sarmates De nombreux universitaires pensent que les croyances et les traditions sarmates ont influencé la saga du roi Arthur. Vaincus par l’empereur Marc Aurèle en 176, les Sarmates sont installés dans les avant-postes de l’Empire les plus éloignés : 3 000 partent ainsi pour l’île de Bretagne. Les Sarmates sont autorisés à conserver leurs propres coutumes et leurs dieux ; ils adorent notamment une épée plantée dans un rocher. Les troupes sarmates se battent sous une bannière représentant un dragon. Féroces et fiers guerriers, s’estimant toujours égaux, leur réputation est légendaire chez les Bretons. Ils combattent les Pictes et les Saxons sous la direction de Lucius Artorius Castus, un officier romain, née d’une mère bretonne. Kemp Malone a estimé avoir retrouvé le vrai Arthur dans le personnage de Lucius Artorius Castus. La parenté de nom est en effet assez troublante. Ce préfet romain, installé à York, a commandé (l'épigraphie l'atteste) la VIe Légion Victrix, chargée de combattre les Calédoniens (peuple de l'actuelle Écosse) au-delà du mur d'Hadrien. Il a remporté contre eux (et non contre les Saxons) une suite de victoires entre 183 et 185 apr. J.-C. Il semblerait que des unités sarmates soient restées en Bretagne après que les Romains eurent décidé de quitter l’île en 410. Différents éléments archéologiques établissent la présence d’un contingent sarmate au fort de Camboglanna, que l’on considéra longtemps comme le site de la dernière bataille d'Arthur à Camlan (537/542), et même comme le Camelot original. ARTHUR ou ARTUS (= l'Ours) est la personnification du génie héroïque des Celtes, l'emblème de la résistance des vieux Bretons contre l'invasion des Saxons 7. Arthur est né en Cornouailles à Tintagel (qui s'appelait Trevena - du cornique Tre war Venydh - jusqu'en 1850), vers 470, d'Ygerne, épouse du duc Goloët (ou Gorloès) ; mais Uterpendragon (Uter à Tête de Dragon), chef des Bretons, qui a pour bouclier l'arc-en-ciel, est son véritable père. En effet, l'Enchanteur Merlin (Myrddin) organise l’adultère en ayant fait prendre à Uterpendragon la forme d’un nuage avec les traits de Goloët et à condition que tout enfant né de cette liaison lui soit remis. C'est ainsi qu'est engendré Arthur, justement surnommé le fils de la Nuée. Caché pendant son enfance, il est éduqué par Merlin (qui occupe les fonctions typiques d'un druide, prêtre de la religion celte) dans son château situé sur l'île de Bardsey, au large de la pointe de la péninsule de Lleyn dans le nord-ouest du Pays de Galles ; ensuite Merlin confie Arthur à Auctor (ou Antor), un chevalier à la retraite (Antor demandera à celui qu'il a élevé comme un fils de lui attribuer une faveur en faisant de son fils Keu son sénéchal). Une légende raconte que le roi Uther Pendragon (Uterpendragon = Uter à Tête de Dragon) voulait construire un château mais que la terre tremblait et en détruisait sans arrêt les fondations. Merlin, qui avait le don de voyance, comprit que ce tumulte était causé par deux dragons : l'un, le dragon blanc, avait pris la place de l'autre, le dragon rouge, dans sa caverne. Le dragon rouge, qui représente métaphoriquement les Bretons, finirait par l'emporter sur l'envahisseur saxon, le dragon blanc (il est probable que cet emblème soit un reste de l'occupation romaine qui l'utilisait comme emblème de cohorte ; il est l'insigne royal du pays de Galles depuis 1901 et, depuis 1959, sur ordre de la reine, le drapeau le représentant sur un fond vert et blanc est le drapeau gallois officiel (http://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Galles). Devenu roi à la mort de son père, Arthur, âgé de 15 ans, est couronné à Silchester. La plupart des contes relatifs à Arthur placent le héros dans un contexte folklorique et mythique. Arthur combat des monstres, des géants ou des animaux surnaturels ; il doit terrasser Dinabuc, le géant du Mont-Saint-Michel, Rhitta, voleur de couronnes et coupeur de barbes, et même le Chapalu, chat géant du Lac de Lausanne… Par contre, Gargantua est un bon géant à son service. Dans certains textes du XIIe siècle, Arthur est le maître d'un royaume souterrain. Il apparaît souvent lui-même comme un géant. Il existe de nombreux rapprochements entre toutes ces histoires et la légende de Finn (lui aussi vu comme un géant, notamment dans la tradition populaire), le guerrier de la mythologie celtique irlandaise, également connu en Écosse et dans l'île de Man, et de ses compagnons. Arthur pourchasse Tourc'h, un sanglier blanc et magique, mais il ne peut ni le capturer ni le tuer car il est immortel. Arthur possède un navire magique : Pryten. Il porte une épée flamboyante : Kaledfwich (nom gallois qui signifierait Dur Eclair ou Dure foudre ou Dure Entaille), l’épée de souveraineté, forgée à Avalon, que lui seul, selon Robert de Boron, a pu extraire d’un rocher. Sa lame peut tout trancher et son fourreau rend invincible. Geoffroy de Monmouth l'appelle Caliburnus que les poètes français changeront en Excalibur (libéré du caillou) 17. Certains considèrent qu'Excalibur et l'Épée du Rocher (preuve du lignage d'Arthur) ne sont qu'une seule et même arme mais, dans la plupart des versions de la légende, ce sont bien deux épées distinctes : Arthur retire la première épée d'une "enclume au sommet de la pierre à quatre carrés" dans laquelle elle est enfichée, puis, lors d’un combat contre le roi Pellinor l’épée sera brisée. Arthur recevra alors une nouvelle arme de la Dame du Lac. Selon Sir Thomas Malory, Arthur est conduit par Merlin au bord d'un lac d'où émerge Excalibur portée par la main de la première Dame du Lac (qui aurait précédé Viviane). La divinité celtique des arts de la forge était Brigit ou Brigid ou Boand (Bride chez les Ecossais, Brigantia chez les Gaulois), déesse des poètes, des forgerons et des médecins, et patronne des druides. La Dame du Lac était peut-être une prêtresse de Brigid... et donc, une forgeronne... A moins que la déesse elle-même ait forgé Excalibur... Dans Le Chevalier au Papegau, l'épée magique s'appelle Chastiefol. Arthur mourant (armé de l’épée et de son fourreau, Arthur était invincible, mais Morgane a volé le fourreau, ce qui a rendu Arthur vulnérable) demande que son épée soit jetée dans le lac ; Excalibur y est jetée par le chevalier Bedivere. Dans La mort du roi Arthur, une main (celle de la seconde Dame du Lac, la fée Viviane, Niniane, Nyneve ou Nimue 9 10), sort du lac et s'empare de l'épée). Arthur lutte contre les Scots, les Pictes et les Saxons envahisseurs, conquiert l'Ecosse, l'Irlande, les Orcades, le Gotland, la Norvège, le Danemark, l'Islande, la France et Rome (ce qui lui vaut d’être couronné roi des Pictes, des Gaulois et des Romains) et bat les Sarrasins. Arthur est proclamé empereur du monde. Il rétablit le culte chrétien. Il se rend en Palestine d’où il rapporte la Croix du Christ. Il trouve même le temps d'épouser la belle Guenièvre (Gwenhwyfar), fille du roi Léodegan, qui le trahira en acceptant les hommages courtois de Lancelot du Lac (fils du roi Ban de Bénoïc et de la reine Élaine ou Ellan, né à Trèbe, sur la Loire, peu après la Pentecôte ; il fut enlevé à sa mère et élevé par la fée Viviane, la Dame du Lac, jusqu'à ses dix-huit ans à l'abri du Lac à Saint-Pierre-du-Lac en Anjou ; cf. Lancelot en prose écrit vers 1215/1230 ; à l'origine, Lancelot s'appelait Galaad, mais la Dame du Lac lui a par la suite donné le nom de Lancelot ; il donnera le nom de Galaad à son fils). En 516/518, Arthur institue l'Ordre des Chevaliers de la Table ronde et gouverne son royaume jusqu'à sa mort, en 537/542, dans l'île d'Avalon où il s'est retiré, gardé par neuf fées, après avoir été blessé à Camlan, lors de son dernier combat, par Mordred, ou Modred (en gallois : Medrawt), fils incestueux du roi Arthur et de sa demi-sœur, Morgane. Arthur a plusieurs résidences - Tintagel en Cornouailles (où il naquit ; des fouilles ont révélé qu'il existait bien, à Tintagel, un château de bois et d'ardoise au Ve siècle) ; une ardoise datée du VIe siècle porte l'inscription Arthnou. - Camelot (Camalot, Camaaloth, Camaalot, Caermaloyw où se trouve la cour du roi) à l’entrée du royaume de Logres : peut-être Cadbury Castle, un ancien fort romain, dans le Somerset, connu sous le nom de Cameletum en 1544 (les fouilles ont révélé qu'une forteresse existait à Cadbury au Ve siècle) ou Viroconium Corniovorum (selon des manuscrits de la British Library, le roi Arthur serait mort à Viroconium près du village de Wroxeter, cinq miles au sud-est de Shrewsbury dans le comté de Shropshire en Angleterre) ou le fort de Camboglanna (Castlesteads) dans le Grand Manchester où se trouvait une cohorte romaine ; - Carlion : Caerleon, à la frontière sud du pays de Galles, un ancien camp, très important, de la légion romaine (siège principal de la cour d’Arthur d'après Geoffroy de Monmouth) ; - Celliwig en Cornouailles, selon la tradition galloise (Culhwch ac Olwen ou les Triades galloises) ; les Triades mentionnent deux autres cours : Mynyw et Pen Rhionydd - Pennevoiseuse parfois situé près de Cardiff : peut-être Penzance en Cornouailles ; - Cardueil (ou Cardoel ou Carduel) sa résidence privilégiée, au Nord (peut-être Carliste en Cumberland) ou à la frontière entre le pays de Galles et l’Angleterre (Le Livre de Caradoc) ; - Edimbourg (capitale des Gododdin descendants des Votadini) ; au nord-est de Britannia. - Isneldone : une des résidences du roi Arthur dans le Roman de Tristan de Béroul, laquelle correspond à Stirling, en Écosse. - et même Windsor où Arthur a sa cour (Le Chevalier au Papegau). MERLIN Arthur est conseillé par Merlin (également connu sous la forme latine Merlinus, galloise Myrddin ou Myrdhin, bretonne Merzhin ou Mellin, ou cornique Marzhin ; d'après Martin Aurell, la forme latine Merlinus rapproche Merlin du merle blanc en lequel, avec ses pouvoirs chamaniques, il peut se métamorphoser). Des sources du Moyen Âge parlent d’un barde ou d’un poète gallois du 6e siècle, Myrddin (Merlin) Wyllt qui vécut à la cour de Gwendoleu, roi des territoires galoisants du sud de l’Écosse et du nord de l’Angleterre. Selon la légende, Gwendoleu fut tué en 573 lors de la bataille d’Arfderydd, et le carnage aurait rendu Myrddin fou. Ce dernier s’enfuit dans les forêts d’Écosse, où il aurait mené une vie d’ermite sauvage durant cinquante années au cours desquelles il ne s’exprima plus que par des vers cryptiques et acquit le don de prophétie. Myrddin Wyllt apparaît en tant que prophète dans un poème du 10e siècle, "Armes Prydein" (La Prophétie de Bretagne), qui prédit comment une alliance entre Celtes et Vikings du nord de l’Irlande allait chasser les Anglo-Saxons de Grande-Bretagne. Geoffroy de Monmouth, auteur gallois du 12e siècle, revisitant habilement la tradition galloise, fit de Merlin une figure centrale de ses trois livres : "Prophéties de Merlin", le poème "Vie de Merlin" et "Histoire des rois de Bretagne", son œuvre la plus connue. Le « nouveau » Merlin apparaît dans les "Prophéties" qui sont inclues dans le livre VII de son Histoire. Dans cette version toute personnelle, Merlin est un puissant sorcier qui permet au roi Arthur de s’emparer du trône d’Angleterre. Pour créer ce personnage, Geoffroy de Monmouth s’inspira de l’"Historia Brittonum", ouvrage attribué à Nennius, moine gallois du 9e siècle. Le livre de Nennius raconte l’histoire de Vortigern, roi malveillant et usurpateur du trône qui permit aux Saxons de s’installer sur l’île de Grande-Bretagne. Vortigern désire construire un château, mais chaque fois qu’il essaie, les fondations disparaissent. Ses magiciens lui disent que la seule façon de les stabiliser est de trouver un garçon sans père, de le sacrifier et de baigner les fondations dans son sang. Ils capturent donc un garçon, Ambrosius (Merlin), fils d’une nonne qui affirme être vierge. Le jeune homme se confronte aux magiciens et affirme que deux vers géants, l’un rouge, l’autre blanc, résident sous les fondations instables du château et se livrent une âpre lutte (Geoffroy de Monmouth changea les deux vers qui se battent en deux dragons qui ferraillent, l’un rouge et l’autre blanc ; Merlin explique que le dragon rouge représente les Bretons et que le blanc représente les Saxons ; selon Ambrosius, leur combat est un présage du conflit à venir entre Bretons et Saxons. Geoffroy de Monmouth fondit le personnage de Merlin, au sujet duquel peu de choses avaient été écrites à ce moment-là, avec celui du jeune Ambrosius de l’histoire de Nennius ; dans son récit, la mère de Merlin est toujours nonne, mais l’enfant a été conçu avec un incube, un démon masculin. Merlin, né de l’union d'un fætog (homme-fée en normand) et d'une jeune druidesse (l'écrivain Robert de Boron fera du premier un incube et de la seconde une nonne) 8, possède des dons puissants et défend les opprimés. On apprend avec Robert de Boron qu’à la naissance de Merlin, un conseil de démons a conspiré pour faire du bébé une sorte d’antéchrist, leur agent sur Terre. Leurs plans échouent, car l’enfant est baptisé par sa mère et parce qu’il devient chrétien, bien qu’il soit le fils d’un incube. Merlin est un personnage positif, malgré sa naissance démoniaque et malgré certains aspects qui le relient à la magie préchrétienne, comme la capacité à se métamorphoser à l’envi. Son père maléfique lui donne la capacité de voir le passé, sa mère touchée par la grâce de Dieu celle de voir l'avenir. Merlin fait ériger Stonehenge en l’honneur des guerriers morts au combat et crée la Table ronde. C’est également Merlin qui arrange la rencontre entre Uther et Ygraine, la femme du duc de Cornouailles. Leur union donne naissance à Arthur, dont Merlin sera le mentor. Le texte s’achève par l’épisode où Arthur remporte la couronne britannique après avoir réussi à extraire Excalibur de son rocher. Merlin peut revêtir beaucoup de formes : enfant, vieillard, bûcheron, homme sauvage, génie sylvestre, cerf, oiseau… Dans le Roman de Merlin, il apparaît au roi Arthur sous la forme d'un enfant de quatre ans pour lui reprocher d'avoir péché en faisant l'amour avec sa sœur Morgane, puis sous celle d'un vieillard où il annonce qu'un chevalier à naître (Mordred) causera la perte du royaume. Si la forêt de Merlin est située au Nord de la Britannia dans les plus anciens textes, elle est décrite au fil du temps comme étant la forêt de Paimpont-Brocéliande (siège et tombeau de Merlin). Merlin devient amoureux de la fée Viviane (dont les avatars sont la Dame du Lac et l'enchanteresse Nimue) qui vit en la marche de la Petite Bretaigne et lui enseigne les conjurations dont il sera lui-même victime. « A la fin, elle sut par lui tant de merveilles qu'elle put s'en jouer et l'enferma tout endormi dans une caverne au fond de la forêt périlleuse de Darnantes, qui touche à la mer de Cornouailles et à la forêt de Sorelois. C'est là qu'il demeura dans l'état où elle l'a mis... » 1 Merlin institue la Table Ronde durant le règne d'Uterpendragon ; c’est la troisième des trois Tables, la première étant celle de la Cène et la deuxième celle du Graal de Joseph d’Arimathie. Il y a 13 sièges autour de la Table Ronde pour 12 pairs, le treizième, le siège périlleux, est vide pour rappeler Judas mais, un jour, y prendra place le meilleur chevalier du monde (Perceval). Merlin enseigne ses pouvoirs à Morgause ou Morgane (Morgain, Muirgen), la demi-sœur d'Arthur (fille d’Ygerne et de Goloët, duc de Tintagel), dite fée de Montgibel (Papegau), qui finit par se retourner contre le roi en enfermant ses chevaliers dans le Val sans Retour. Elle veut les empêcher de partir à la recherche du Graal, le vase qui aurait reçu le sang du Christ. Puis les chevaliers de la Table Ronde sont libérés par Lancelot du Lac. Alors Morgane s'empare de son frère Arthur et l'emprisonne dans le château d'Avalon ou d'Avallach, un centre druidique, sur l'île des Pommiers (Aballon signifie pommeraie ; auallo ou avallo désigne la pomme ; Abelio, Abellio ou Abello est le Dieu des pommiers). Arthur y restera jusqu’à ce que son conseiller Merlin le délivre pour faire régner l'âge d'or sur le monde. L’Ile d’Avalon est identifiée avec Glastonbury Tor (dont l'ancien nom est Avallach) situé au milieu d'une plaine appelée Summerland Meadows, qui fait partie des Somerset Levels (cette plaine est un ancien marécage asséché au beau milieu duquel le tor se dressait autrefois telle une île). Henri II Plantagenêt y fit faire des fouilles en 1191. Deux squelettes furent identifiés comme étant ceux d'Arthur et de Guenièvre ; on aurait découvert une petite croix de plomb gravée : « Hic jacet sepultus inclytus Rex Arturius in insula Avalonia », mais son authenticité est contestée par des spécialistes. En septembre 1539, après l'ordre de dissolution des monastères donné par Henri VIII en 1536, l'abbaye fut dépouillée de tous ses biens et la tombe d'Arthur disparut. Versions diverses : - Arthur doit quitter son royaume pour combattre les Romains et il confie son épouse à son neveu Mordred (en fait, il est le fruit de l'inceste entre Arthur et sa demi-soeur Morgane). Arthur combat un géant autour du Mont Saint-Michel. La Baie du Mont Saint-Michel a conservé une solide réputation de passage vers le monde des invisibles. On célèbre toujours Samain, la fête celte des Immortels, dans cette région. Le Mont est effet considéré comme l'île des morts où les trépassés se donnent rendez-vous le 1er novembre. A Pleine Fougères, à 14 kilomètres du Mont, lors des obsèques, on a coutume de porter le cercueil du défunt sur une éminence surplombant la baie et de le tourner quelques instants vers le Mont. Arthur se dirige vers Rome quand il apprend que Mordred a pris sa femme (dans Perlesvaus, Guenièvre est morte de chagrin après le meurtre de son fils Lohot) et son royaume. Il fait demi-tour, affronte Mordred et les Saxons et le tue (peut-être près de la rivière Camlan, au sud-ouest de l’Angleterre, en 537/542). Il est lui-même mortellement blessé et amené sur l’île d’Avalon. Enlevé au ciel, Arthur réside dans la constellation qui porte son nom, le Chariot d'Arthur (la Grande Ourse), d’où il redescendra un jour sur la terre. - Arthur se rend sur le continent, conquiert le royaume de France et bat les Romains et les Sarrasins. Apprenant que son neveu Mordret a épousé sa femme et s’est couronné roi, Arthur retourne en Grande Bretagne combattre Mordret et les Saxons. Il poursuit Mordret jusqu’en Irlande et le tue. Arthur est blessé à mort car il a reçu un coup de lance en pleine poitrine, mais il dit à ses hommes : « Cessez vos plaintes car je ne mourrai pas. Je vais en effet me faire porter en Avalon, l’île des Pommiers, pour faire soigner mes blessures par Morgain ma sœur. » (Merlin et Perceval en prose) « En Avalon se fit porter pour ses blessures médiciner, encore y est, Bretons l'attendent. Rex Arturus, Rex Futurus. » (Wace). Dans les légendes celtiques, les pommiers jouent un rôle magique. Les pommes sont les instruments par lesquels les immortels jettent un charme sur les héros qu'ils veulent attirer dans leur séjour. La pomme nourricière, merveilleuse pomme de vie, conduit à l'Autre Monde et interdit tout retour à qui la consomme. Arthur, chef du monde héroïque, empereur des îles et du continent, n'est pas mort ; neuf fées le gardent dans l'île sainte d'Avalon, d'où il reviendra venger ses deux Bretagnes. En attendant, il se manifeste par de fréquentes apparitions. - (La Mort le roi Artu) Arthur apprend la liaison coupable de la reine et de Lancelot. Lancelot a fui en France et Arthur s’est lancé à sa poursuite. L’entêtement tragique d’Arthur et de Gauvain à poursuivre la lutte contre Lancelot et les siens, signe la fin du monde arthurien. Tandis que Gauvain meurt de la blessure que lui a infligée Lancelot, Mordret, le fils incestueux d’Arthur, s’empare du royaume. À la fin de la bataille de Salesbières (Salisbury dans le Wiltshire) où meurt l’ensemble de la chevalerie arthurienne, Arthur transperce son fils de son épée, mais il est gravement blessé. Arthur rend Excalibur à la fée Viviane, la Dame du Lac (selon le rituel funéraire des Celtes, l’arme du guerrier était jetée dans un lac puisque là se trouve l’entrée du monde d’en bas) puis il est emporté par Morgain et ses sœurs, huit fées, sur une nef, dans l’île d’Avallon où se trouve une chapelle pour les sépultures de Arthur, de Guenièvre et de leur fils Lohot, mis à mort durant son sommeil par Keu le Sénéchal, fils d’Antor, frère de lait d’Arthur (Perlesvaus). Sur l’Ile vivent neuf sœurs, toutes fées, dont l’aînée Morgain, la plus belle, connaît l’art de guérir, l’art de la métamorphose et de la divination (Vita Merlini). Lancelot meurt peu après, en odeur de sainteté, mais sans avoir jamais renié son amour pour la reine (La Mort le roi Artu). La Mort du roi Arthur par James Archer - À la cour, Guenièvre est faussement accusée d’avoir empoisonné un chevalier, puis apparaît aussi une fausse Guenièvre qui veut usurper la place de la reine et réussit à abuser l’esprit du roi. Chaque fois, Guenièvre est sauvée par Lancelot, et elle sera encore sauvée du bûcher quand Arthur la condamne pour adultère. Au cours de la guerre qui suit, Lancelot et Guenièvre, repentants, se séparent, et la reine, rendue à son mari, achève sa vie dans la pénitence. Il n’empêche que l’amour qu’elle inspire à Mordred pousse ce dernier à trahir Arthur en guerre contre les Romains sur le continent. Dans The tale of the Death of King Arthur de Thomas Malory, Guenièvre se fait moniale et Lancelot, ermite : « Puis il tomba à genoux et pria l’évêque de le confesser et absoudre. Ensuite il supplia l’évêque de l’accepter pour frère en religion. L'évêque lui dit : « Volontiers et avec joie ». Lors, il lui imposa l’habit, et céans Messire Lancelot servit Dieu jour et nuit dans les prières et les jeûnes. » - Lancelot du Lac, fils de Ban de Benoïc et d'Hélène, souverains de Bretagne armoricaine, a été élevé par la fée Viviane. Sa passion pour Guenièvre, épouse du roi Arthur, lui fait accomplir maints exploits narrés notamment dans Lancelot ou le Chevalier à la charrette de Chrétien de Troyes : Méléagant a capturé Guenièvre, Lancelot montera sur une charrette (sorte de pilori) pour la libérer. Capturé, il tuera finalement Méléagant. Méléagant est avant tout celui qui enlève la reine Guenièvre, chez Chrétien de Troyes comme dans Lancelot-Graal, également connu comme Lancelot en prose, Cycle de la Vulgate ou encore Cycle du Pseudo-Map. Dans tous les cas, il est l'instigateur de l'enlèvement de la reine Guenièvre, ou l'enlève lui-même, avant d'être vaincu par le chevalier Lancelot. Dans Le Morte d'Arthur de Thomas Malory, Méliagrance est le cousin du roi Urien ; cette version diffère des précédentes, puisque la motivation du félon pour enlever la reine est l'amour, non la fierté ; enfin, il est un chevalier de la Table ronde détenteur d'un château à Lambeth, près de Camelot. - Dans Le Roi Arthur du poète anglais Bulwer, Arthur, entouré de ses paladins, célèbre le printemps dans la vallée de Carduel ; tout à coup une forme surnaturelle (sa conscience) surgit à ses yeux, l'entraîne dans une forêt voisine et lui montre les hordes saxonnes envahissant peu à peu les montagnes des Kymris (Gallois). Le prince raconte sa vision au sage Merlin ; celui-ci lui apprend alors que la vallée de Carduel ne sera sauvée que s'il parvient à conquérir trois talismans : un glaive magique (symbole du patriotisme), le bouclier de Thor (symbole de la liberté), enfin une enfant aux doux yeux (symbole de l'amour) que le jeune roi doit trouver endormie devant les portes de fer de la mort. Les voyages d'Arthur à travers les provinces du royaume de l'impossible forment la principale partie du récit ; le héros breton ne s'arrête guère dans le domaine des réalités que pour passer quelques jours à la cour de Ludowick, roi des Vandales. Cependant, à l'exemple d'Hercule, le roi paladin accomplit tour à tour les douze travaux qui lui sont commandés, en dépit de tous les esprits conjurés contre lui. Pour s'emparer du glaive de diamant, il faut qu'il suive la dame du lac au fond de sa demeure humide, qu'il résiste à la tentation de cueillir les fruits d'or de l'ambition, et que, dans la grotte de rubis où trônent les princes du temps, il choisisse, entre trois avenirs déroulés devant lui, le sort du héros qui meurt pour tous, et qui, par sa mort, engendre une postérité héroïque. Du sein des eaux, nous sommes transportés au milieu des glaces du pôle. L'épisode du bouclier de Thor est comme la descente aux enfers du prince breton. Arthur pénètre au fond du cratère d'un volcan tout peuplé des plus terribles génies de la mythologie Scandinave et des cadavres géants des monstres antédiluviens. Ce n'est plus l'ambition et l'orgueil qu'il doit affronter, c'est la terreur. Le bouclier qu'il cherche est caché par-delà les siècles morts, derrière les rideaux qui enveloppent la couche du roi-démon de la guerre. Enfin il revient vainqueur de tant de périls. La dernière épreuve du jeune roi a pour théâtre un antique tombeau où il s'est endormi. En s'éveillant, il voit se déchirer le voile qui sépare le présent de l'éternité. Le temps, l'espace et la matière s'anéantissent pour lui ; il est en face de l'impalpable partout, de la zone du vide, qui n'est qu'un passage entre la mort et la résurrection. Un instant il a frissonné au souffle de la mort ; mais, en levant les yeux sur l'image de sa conscience qui lui apparaît toute rayonnante, il sent se dissiper ses terreurs et le charme s'évanouir. Le mortel se retrouve sur la terre, et devant lui il aperçoit une vierge endormie : c'est l'épouse promise qui n'est autre que Geneviève (la Guenièvre des romans de gestes), la fille des rois Saxons Merciens qui assiègent Carduel. Une fois maître des trois talismans, Arthur n'a plus à craindre la destinée. Sur tous les points, les Bretons remportent la victoire, et le jeune roi, pour prix de la paix qu'il offre au chef de ses ennemis, ne lui demande que la main de Geneviève… Importation de la légende en Petite Bretagne La légende arthurienne est transposée en Bretagne française dans les romans de la matière de Bretagne. On donne le nom de matière de Bretagne à un ensemble de légendes et de chansons, diffusées à l'origine par des jongleurs gallois et armoricains, et qui alimentèrent, entre 1150 et 1250 environ, un certain nombre de romans appelés romans bretons 14. Ces légendes celtiques, d'origine populaire, ont circulé sous diverses formes sur le continent dès le premier tiers du XIIe siècle. Des textes situent, en forêt de Brocéliande (la forêt de Huelgoat est un reste de l'antique forêt de Brocéliande), plusieurs hauts lieux et hauts faits, notamment le Val sans retour où Morgane piégea les hommes infidèles jusqu'à être déjouée par Lancelot du lac, et la fontaine de Barenton réputée pour faire pleuvoir. Brocéliande serait aussi le lieu de la retraite, de l'emprisonnement ou de la mort de Merlin. Le premier texte à la citer est le Roman de Rou, par le poète anglo-normand Robert Wace, autour de 1160 : Wace cite les chevaliers bretons qui participent à la conquête de l'Angleterre, et parmi eux Ceux de Brecheliant (sic) dont les Bretons disent maintes légendes… ; il cite aussi la fontaine de Barenton, qui a des propriétés merveilleuses : « La fontaine de Berenton/sort d'une part lez le perron… » Ensuite Chrétien de Troyes, dans Yvain ou Le Chevalier au Lion (v. 1170/1180), évoque Brocéliande comme une forêt merveilleuse dont la fontaine (qu'il ne nomme pas) est défendue par un chevalier invincible. Entre 1180 et 1230, Brocéliande est citée par divers auteurs : Huon de Mery, Guillaume Le Breton, Giraud de Barri, Alexandre Neckam, Robert de Boron... et apparaît aussi dans le Roman de Jaufré (écrit en occitan à la fin du XIIe siècle ou au début du XIIIe siècle). Aucun de ces auteurs n'indique la position exacte de la forêt. Au mieux, ils indiquent que la forêt se trouve en Bretagne armoricaine. Vers 1230, Robert de Boron est le premier à associer Merlin à Brocéliande. La première localisation physique de Brocéliande remonte au 30 août 1467 lorsque les Usemens et Coustumes de la foret de Brecilien sont écrits au château de Comper, par un certain Lorence, chapelain du comte de Laval. 12 Selon certains conteurs, le royaume d'Arthur s’étendait des deux côtés de la Manche ; ils précisent même que les tournois des chevaliers se déroulaient à Nantes. En 501, Arthur a tenu sa cour en Bretagne à Nantes et a réglé les affaires de ce pays et a conclu un traité avec son nouveau roi Hoel Ier "Le Grand" qui est devenu l'un des vassaux d'Arthur dont il a épousé l'une des demi-sœurs. Opéras - King Arthur, opéra d'Henry Purcell, 1691. - Parsifal, opéra de Richard Wagner, 1882. - Le Roi Arthus, opéra d'Ernest Chausson, 1903 - Myrdhin, opéra de Paul Ladmirault, 1902-1909. Films et séries télévisées Les mythes arthuriens ont été portés de très nombreuses fois à l'écran. Parmi une trentaine de films, deux sont particulièrement remarquables et fidèles aux contes et légendes traditionnels : - Excalibur, film culte de John Boorman, 1981, inspiré du roman de Thomas Malory La mort d'Arthur (Orion Pictures Corporation. Warner Bros. Entertainment) - Les Brumes d'Avalon (The Mists of Avalon), téléfilm de Uli Edel, 2001, d'après le roman éponyme de Marion Zimmer Bradley (Constantin Film Produktion. Stillking Films. Turner Network Television TNT. Warner Bros. Pictures. Wolper Organization) Le Graal est un objet mythique ou mystique de la légende arthurienne, objet de la quête des chevaliers de la Table ronde. Graal représente (milieu du XIIe s.) une forme occitane (gré, gréau ou grial en langue d'oc) et une forme provençale grasal issues du latin médiéval gradalis qui désignait un plat large et peu profond (1010). Gradalis pourrait provenir du latin populaire cratalis issu du latin classique cratis (= claie). On a proposé aussi pour étymons les mots classiques crater (coupe, vase, cratère) ou gradus (degré) parce que dans le récipient les morceaux sont disposés l'un après l'autre. On a supposé également qu’il s’agissait d’une altération de sangre real (= sang royal). Devenu nom propre vers 1200, le mot s'est spécialisé au sens de Plat de la Cène. Pour le moine Hélinand de Froidmont (début du XIIIe siècle), il s'agit d'un plat large et légèrement profond pour le service de table. Le Graal est parfois représenté par un simple plat creux porté par une pucelle : Élaine ou Ellan de Corbenic, fille de Pelleas ou Pellès, le Roi pêcheur, gardien du Saint Graal. "Nous l’appelons Graal parce qu’il agrée à tous les hommes de bien et à tous ceux qui peuvent rester en sa présence." 2 Le Graal est une énigme tantôt proche de la tradition celtique, tantôt christianisée. Les défenseurs de la thèse chrétienne veulent voir dans le Graal (qui, chez Chrétien de Troyes, n'est qu'un large plat creux où l'on sert une hostie) un ciboire ou un calice, dans le tailloir d'argent une patène, et dans la lance qui saigne la Sainte Lance. Selon les diverses thèses, le Graal est le plat qui a contenu l’agneau pascal ou la coupe qui a servi à la Sainte Cène le jeudi saint et/ou le plat dans lequel Pilate s’est lavé les mains et/ou le vase dans lequel Joseph d’Arimathie a recueilli des gouttes du sang du Christ crucifié. La première mention de l’existence d’un Graal physique date de 570 et figure dans un récit de voyage en Terre sainte anonyme écrit par un homme que les spécialistes nomment le « pèlerin de Plaisance ». À Jérusalem, il vit « l’éponge et le roseau dont parle l’Évangile ; nous bûmes l’eau de cette éponge. S’y trouvent aussi la coupe en onyx qu’Il bénit lors du [dernier] repas ainsi que bien d’autres merveilles ». La quête du Graal Chrétien de Troyes, en écrivant Perceval le Gallois ou Le Conte du Graal (1181), chapitres 8, 15 et 19, enrichit la légende arthurienne de Geoffroy de Monmouth (Historia Regum Britanniae, v. 1135) d’un nouveau thème : la quête du Graal Jeune homme innocent, Perceval cherche à devenir chevalier à la cour du roi Arthur. Au cours de son initiation, après des années d’épreuves, il découvre Corbenic, le château du Graal (on le nomme aussi Eden, Château de la Joie ou Château des Ames, car les âmes de ceux qui y meurent vont au paradis), résidence du roi Pêcheur renommé pour son habileté à capturer les poissons. Ce dernier, le roi Mehaignié (impotent : mutilé d’un coup de javelot dans les hanches qui l’a privé de l’usage de ses jambes) est le gardien du Graal et de la Lance du romain Longinus qui transperça le flanc droit du Christ sur la Croix 16. Dans le château, Perceval est le témoin d’une étrange procession : il voit passer un valet tenant une lance blanche d'où tombe une goutte de sang, puis deux autres valets munis chacun d’un lustre d’or, suivis par deux vierges, l’une portant le Graal d'or pur, serti de pierres précieuses, et l’autre un tailloir (sorte de plat sur lequel on découpait la viande) en argent. Le cortège disparaît dans une chambre. Etonné, Perceval est resté muet. Il a échoué. Par le silence (dû au péché qu'il a commis en causant la mort de sa mère) qui l'empêche de poser les bonnes questions devant la procession dont il est le témoin, Perceval laisse passer l'occasion de guérir le roi et son royaume. Il ignore qu’il lui aurait suffi de demander à quoi servait le Graal et qui l’on servait pour que le bon roi guérisse de son infirmité. Après avoir erré pendant 5 ans, le jour du vendredi saint, Perceval apprend par un ermite que le Graal est servi à son oncle depuis 15 ans et que d’une seule hostie qu’on lui porte dans le Graal ce saint homme soutient sa vie. (Perceval le Gallois). Dans Perlesvaus (1215-1230, anonyme), le roi et l’oncle ne sont qu’une seule et même personne : "le Roi Pêcheur était son oncle…" Perlesvaus décrit l'hébétude de Gauvain, le neveu d'Arthur, qui vient de remettre au roi Pêcheur l’épée avec laquelle saint Jean fut décapité : devant le spectacle de la lance d'où tombe le sang vermeil, devant le Graal dans lequel il croit apercevoir un enfant puis le Christ en croix, Gauvain est bouleversé et ne peut prononcer aucune parole. Avec Gauvain interdit de parole, Chrétien de Troyes (Perceval le Gallois ou le Conte du Graal), a inscrit au cœur de la fiction arthurienne un questionnement : que dire du Graal, comment en retracer le parcours et en épuiser le sens ? Lancelot (dit du Lac car à la mort de son père, le roi Ban de Benoïc, il fut emporté par la Dame du Lac, et élevé par elle) échoue également dans sa quête : le Graal ne se montre pas à lui à cause de son amour adultère pour la reine Guenièvre. Le roi Pêcheur meurt, le roi du Château Mortel s’empare du château du Graal qui cesse aussitôt d’apparaître. Mais Perlesvaus reprend le château et le méchant roi se suicide. Alors "Le saint Graal réapparut dans la chapelle ainsi que la lance à la pointe qui saigne et l’épée dont saint Jean avait été décapité"… Après de nombreuses aventures, Perlesvaus se retire dans le château du Graal. Une voix divine lui demande de confier les reliques aux ermites et lui annonce que le saint Graal n’apparaîtra plus en ces lieux, mais vous saurez bientôt où il se trouve. Une nef volante vint chercher Perlesvaus et l’emporta ; "personne au monde ne sut ce qu’il était devenu". (Perlesvaus). Dans Merlin et Perceval en prose, au château du Graal où il est reçu par Bron le Roi Pêcheur (beau-frère de Joseph, père de 12 fils dont Alain le Gros des Vaux de Camaalot le père de Perceval ; Bron est donc le grand-père de Perceval), Perceval voit passer devant lui un jeune homme portant la lance avec laquelle Longin frappa Jésus-Christ sur la croix 16, un autre jeune homme portant ce vase que l’on appelle le Graal, c’est là, sachez-le, qu’est le sang qui sortait de Ses plaies, dont le flot coulait jusqu’à terre et que Joseph a recueilli et une jeune fille portant deux petits plats d’argent. Perceval n’ose pas poser de question lors de sa première visite et sa quête échoue. Il erre pendant 7 années puis revient au Château et demande cette fois à quoi servent ces objets que je vois ici porter. Le Roi Pêcheur qui ne pouvait remuer ni pied ni main est aussitôt guéri de son infirmité. Il meurt au bout de trois jours et est emporté par des anges. Perceval devient le Maître du Graal. Dans Le Roman de l’Estoire dou Graal (1200-1210) de Robert de Boron, le Graal apparaît bien comme la relique précieuse qui a servi au Christ. Il faut faire revivre le rituel qui redit la Cène et qui se perpétue, après la mort de Joseph d'Arimathie ou d’Arimathée, par le Roi Pêcheur. Quand Joseph d’Arimathie vit le divin Maître sur la croix, il se transporta chez Simon le Lépreux, auquel il acheta l'écuelle dont le Sauveur et ses douze apôtres s'étaient servis pour la Cène. Il voulut rendre à Jésus les honneurs de la sépulture. A cet effet, il alla trouver Hérode et obtint sans difficulté le corps du crucifié (selon les évangiles Joseph demanda le corps de Jésus à Pilate : Matthieu 27,57-60 ; Marc 15,42-46 ; Luc 23,50-55 ; Jean 19,38-42). Joseph d’Arimathie mit le corps du Christ dans le sépulcre, après avoir recueilli le sang des plaies dans l'écuelle. Les Juifs, courroucés contre Joseph, l'enlevèrent de nuit et le conduisirent à cinq lieues de Jérusalem, dans une obscure prison. Le Sauveur, après sa résurrection, vint le visiter et lui apporta le vase dans lequel avait été recueilli le sang divin. Joseph d'Arimathie resta dans cette prison pendant 42 ans, sans prendre aucune nourriture (chaque jour une colombe lui apportait une hostie pour le réconforter). La 42ème année de son emprisonnement, il arriva que Titus, fils de l'empereur Vespasien, devînt lépreux, et fût guéri par la vertu miraculeuse d'une pièce de toile où la face de Jésus-Christ était miraculeusement empreinte. Titus fit vœu alors d'aller à Jérusalem venger la mort de Jésus-Christ sur tous ceux qui y avaient eu part. Il tint parole et fit brûler tous les meurtriers et persécuteurs du Messie. Dans cette occasion, il apprit la captivité de Joseph d'Arimathie et le fit mettre en liberté. Le Sauveur apparut ensuite à Joseph d'Arimathie, lui commanda de se faire baptiser, et d'aller vers l'Euphrate pour prêcher la foi nouvelle. Avant de partir pour cette expédition, Joseph persuada Titus lui-même de recevoir le baptême avec tous les siens. Joseph rassembla ensuite tous ses parents, leur donna également le baptême, puis, se mettant à leur tête, il s'achemina vers l'Euphrate. Joseph d'Arimathie vécut jusqu'à l'invasion de la Grande-Bretagne par les Saxons. Il aurait amené le Graal en Grande-Bretagne où il est gardé par Gwioi, le chef des nains ; ou bien il aurait transporté la lance 16 et la sainte coupe (Perlesvaus) en Angleterre dans les Vaux d’Avalon où elles se seraient transmises de génération en génération dans la descendance de Joseph (à commencer par son fils Joséphé). Joseph d'Arimathie est le fondateur de la lignée des rois gardiens du Graal, les rois-pêcheurs, qui habitent en Extrême Occident, en Avalon, l'île des Pommes de la légende arthurienne, où il serait enterré. Pour d’autres, Joseph, porteur du précieux Graal et de la Sainte Lance, a débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Renouant avec les sources de Chrétien de Troyes, Wolfram von Eschenbach, poète épique allemand, donne en 1210 Parzival, l’une des plus belles versions de la quête du Graal (25 000 vers) dans laquelle Parzival (Perceval) devient chevalier arthurien et roi du Graal. L'ermite Trevizent, oncle de Parzival, lui révèle que le Graal est une pierre, apportée du ciel par une troupe d’anges (selon une tradition ésotérique, le Graal a été taillé par les anges dans l’émeraude tombée du front de Lucifer pendant sa chute) et dont le nom ne se traduit pas : lapsit exillis. L'objet magique dispense là aussi nourriture et boisson à volonté et il est source de vie, vertus qui lui sont conférées par l'hostie que dépose sur la pierre tous les vendredis saints une colombe. La pierre est ainsi la quintessence de toutes les perfections du Paradis. Eschenbach situe le château du Graal lisse et rond comme s’il venait d’être poli sur un lac à Munsalvaesche (traduit par Montsalvat = Mont du Salut ou Mont Sauvage). Il existe quelque part en Europe, un Château de la Connaissance dans lequel le Roi du Graal, souverain d’un ordre secret, est chargé de dispenser une certaine connaissance. Evoquons aussi le Château au Cercle d’Or (devant lequel passe Lancelot) qui conserve, coulée dans l’or, la couronne d’épines du Christ. Chrétien de Troyes et Eschenbach indiquent que Perceval est le fils de la Dame Veuve, veuve de Julain le Gros (ou Alain le Gros) et nièce de Joseph d’Arimathie, que le Seigneur des Marais a dépossédé des Vaux de Camaalot (ne pas confondre avec la résidence d’Arthur) d’où Perceval /Perlesvaus (= Perd-les-Vaus). « Le Graal apparut pendant le mystère de la messe sous 5 formes différentes que l’on ne doit pas dévoiler (…) Le roi Arthur vit toutes les transformations du Graal : à la fin, il apparut sous la forme d’un calice…» (Perlesvaus, anonyme) Dans La Queste del Saint Graal d’un auteur anonyme (v. 1230), l’acteur principal de la quête devient Galaad, le fils de Lancelot et d'Elaine ou Ellan de Corbenic, la jeune fille vierge qui porte le Graal lors de ses apparitions (elle est la fille du roi Pellés ou Pelleas, le roi Pêcheur, gardien du Graal ; dans d'autres versions, Pellès est le frère du roi Pêcheur Méhaigné) ; victime d'un enchantement qui lui fait croire qu'Elaine est la Reine Guenièvre, Lancelot la connaît charnellement et ils conçoivent Galaad, l’un des chevaliers du roi Arthur, le Bon Chevalier, qui partira avec ses compagnons à la recherche du Graal. L'évêque Joséphé, fils de Joseph d'Arimathie, a établi la table du Saint Graal en réservant une place vide, et prévenu tous ceux qui voudraient s'asseoir à cette table que nul ne pourrait, sans péril, occuper cette place vide, jusqu'à ce que Dieu eût suscité un chevalier de la race de Joseph d'Arimathie, qui s'appelle Galaad. Ce dernier ne se présente qu’au temps d'Artus, roi de la Grande-Bretagne, qui institue les chevaliers de la Table Ronde à l'instar de celle qu'a instituée Joseph, l'évêque, avec réserve aussi d'une place vide pour le Saint Graal. Mais il manque à cette table le Saint Graal même, qui est gardé à la cour du roi pêcheur, et à la conquête duquel se lancent Galaad, Perceval et Bohort (cousin de Lancelot). Galaad, Bohort et Perceval participent à une messe dite par Joséphé, au cours de laquelle Jésus-Christ leur apparaît et assistent aux mystères du Graal et de la lance qui saigne si fort que les gouttes de sang tombent dans un coffret 16. Un homme nu, tout sanglant, apparaît : « C'est l'écuelle où Jésus-Christ mangea l'agneau le jour de Pâques avec ses disciples. C'est l'écuelle qui a servi à leur gré tous ceux que j'ai trouvés à mon service. C'est l'écuelle que nul impie n'a pu voir sans en pâtir, et parce qu'elle agrée ainsi à toutes gens, elle est à juste titre appelée le saint Graal. » Le roi Pêcheur guérit de sa blessure à la cuisse après avoir reçu la visite de Galaad. A bord de la nef de Salomon, les trois chevaliers emportent le Graal, la Lance et la Table Ronde au Moyen-Orient, à Sarras. Galaad en sera le roi, il verra les secrets du Graal, puis mourra ainsi que Perceval. Seul Bohort reviendra à Camaalot pour relater les prodiges. Galaad, seul admis à contempler l'intérieur du Vase et qui a vu les choses spirituelles qui s'y trouvent, a été ravi au ciel. « Depuis lors, il n'y a jamais eu aucun homme, si hardi fut-il, qui aie osé prétendre qu'il l'avait vu ». Galaad est le vrai chevalier, le désiré, le promis, sorti du haut lignage du roi Salomon et de Joseph d’Arimathie, celui qui mènera à bien la quête du saint Graal et achèvera les temps aventureux. Plutôt qu’une épopée physique, la quête du Graal, entreprise par les chevaliers, est une aventure mystique, une recherche de l’intériorité visant à une transformation radicale de l’esprit et du cœur. La Table Ronde Le roi Arthur fonde l'Ordre de la Table Ronde en 516/518. Les Chevaliers de la Table Ronde, dont la première trace écrite se trouve dans le Roman de Brut écrit par le poète normand Wace en 1155, ont pour mission de lutter contre les félonies et traîtrises, de garantir la paix et la prospérité. Leur cri de ralliement est : « Un royaume, un roi, une foi ! ». Leur principal objectif est d'apporter au royaume le Graal, symbole d'immortalité. Leur nombre (toujours symbolique) et les noms varient selon les textes. Les premières sources en recensent 24, 36 ou 72. Pour Robert de Boron, chez qui la Table Ronde est une réplique de la table de la Cène, ils sont 50. Dans d'autres versions comme Le Morte d'Arthur de Thomas Malory, ils sont 150 (« Trois fois cinquante » est une expression que l'on trouve souvent dans les textes gallois ou irlandais, qui signifie « un très grand nombre », voire « incommensurable »). Le livre Les Blasons des chevaliers de la Table ronde en donne 170, le livre de Michel Pastoureau, Les Chevaliers de la Table ronde : Histoire d’une société imaginaire en recense 239 (sur quatre générations) à travers des sources françaises du XIIe jusqu'au XVe siècle (https://fr.wikipedia.org/wiki/Chevaliers_de_la_Table_ronde). La Table ronde d'Arthur, image de l’Univers, symbolise un centre spirituel inspiré du cénacle des apôtres. Le Graal doit être placé en son centre comme symbole de la Rédemption. C'est Galaad, qui trouve le Graal, le rapporte à la Table ronde et s'assied dans le siège périlleux. Ce retour du Graal à la Table ronde marque la fin des Temps Aventureux, la fin de la quête. Le 19 janvier 1344, le roi Édouard III (1312-1377) d’Angleterre crée la compagnie des Chevaliers de la Table Ronde. A la fin du XVème siècle, on peut admirer, au château de Winchester, une vaste table ronde en chêne de dix-huit pieds de diamètre accrochée aux murs. Vingt-quatre rayons peints en vert et blanc y alternent avec une rose rouge centrale surmontée de la figure d’Arthur. Elle est le signe de la commémoration par la dynastie anglaise du sacrifice de la Cène en tant que troisième témoin (institué par Merlin), les deux premiers étant la Table du Christ, puis celle de Joseph d'Arimathie. Toujours visible à la cathédrale de l'endroit, elle appartient aux objets de prestige dont les rois d'Occident se réclamaient au Moyen Age pour affirmer leur héritage judéo-arthuro-chrétien et leur souveraineté. Lors du convent maçonnique de Paris en 1785, le baron Gleichen déclare, citant des sources rosicruciennes, que les maçons seraient venus en Angleterre sous le roi Arthur. Un écrit de la loge de Saint Louis des Amis Réunis à Calais indique que l'on donnait autrefois le grade de Chevalier de la Table Ronde du Roi Arthur dans un rituel primitif de cette loge. L'usage d'une Table Ronde serait indispensable à certains travaux de hauts grades du Rite Ecossais. La Table Ronde évoque le cercle formé par les guerriers celtes à l’intérieur de la hutte des délibérations. Principaux chevaliers de la Table ronde : Le roi Arthur, grand chevalier de la Table ronde et roi de Logres ; Bédivère, chevalier qui restitue l'épée Excalibur à la Fée Viviane (ou Dame du Lac) ; Bohort, cousin de Lancelot, frère de Lionel, un des chevaliers à réussir la quête du Graal ; Caradoc Freichfras, personnage central du livre La Vie de Caradoc ; Claudin, fils de Claudas de la Terre Déserte, il achève la quête du Graal dans le Lancelot-Graal ; Cligès, héros du roman de Chrétien de Troyes Cligès ou la Fausse morte ; Érec, fils du Roi Lac, époux d’Énide, héros du roman Érec et Énide où il est « le second de tous les bons chevaliers » ; Galaad ou Galahad, fils de Lancelot du Lac, un des chevaliers qui contemplent le Graal ; Gareth ou Gahériet, fils du roi Lot d'Orcanie, frère de Gauvain, et neveu du roi Arthur ; Gauvain, fils du roi Lot d'Orcanie et neveu du roi Arthur, l'un des principaux chevaliers de la Table Ronde, cité comme le premier d'entre eux dans Érec et Énide ; Girflet ou Jaufré, fils du roi Do, héros du Roman de Jaufré ; Hector des Mares, fils illégitime du roi Ban de Bénoïc, demi-frère de Lancelot ; Keu le sénéchal, frère nourricier d'Arthur ; Gliglois, dans le roman éponyme ; Lancelot du Lac, le meilleur chevalier du monde, fils du roi Ban de Bénoïc et de la reine Hélène; cousin de Lionel et de Bohort ; Léodagan, roi de Carmélide, père de la reine Guenièvre ; Lionel, fils de Bohort de Gaunes et frère de Bohort le Jeune ; cousin de Lancelot ; Mordred, fils adultère d'Arthur et de sa demi-sœur, assassin de son père ; Perceval le Gallois, un des chevaliers qui trouvent le Graal ; Tristan, héros du conte Tristan et Iseut ; Yvain le Preux, le Chevalier au lion, fils du roi Urien. Chevaliers secondaires : Accolon (Accolon de Gaule), amant de la fée Morgane dans Merlin et Le Morte d'Arthur Agravain, second fils du roi Lot d'Orcanie et de la reine Morgause, frère de Gauvain et neveu du roi Arthur reconnu pour être le mangeur de la cour ; Alexandre. Dans Cligès ou la Fausse Morte, il est le fils de l'empereur de Grèce et de Constantinople, également nommé Alexandre, et de Tantale. Il a un frère cadet nommé Alis. Il se rend en Bretagne, à la cour du roi Arthur, pour y trouver gloire et honneurs. Il capture le traître Angrès de Windsor pour le compte du roi. Il tombe amoureux de Soredamor avec qui il a un fils baptisé Cligès. Après la mort de l'empereur, Alis, qui croit son frère disparu dans un naufrage, prend la succession. Apprenant la nouvelle, Alexandre retourne en Grèce avec femme et enfant pour réclamer son dû. Lorsque Cligès est en âge d'être fait chevalier, Alexandre l'envoie à son tour à la cour d'Arthur. Sir Benie, fils d’Alphonse des terres brûlés, il réussit à libérer dame Keith en tant que héros du roman chrétien La Face brûlée ; Blanor de Gaunes, le fils de Nestor et frère du chevalier Bliobléris dans le Lancelot en prose. Il est donc un cousin de Lancelot du Lac. Il défie le roi Anguisshe d'Irlande mais est battu par Tristan. Quand Lancelot et la reine Guenièvre sont accusés de trahison, Blanor prend le parti de Lancelot Calescalain (ou Gallessin) ; Calogrenant, cousin germain d'Yvain le Preux ; Dagonet ou Daguenet le Couard, à la fois chevalier et fou du roi ; Elyan le Blanc (ou Hélain le Blanc), fils de Bohort et de Claire, fille du roi Brandegoris ; Gaheris ou Guerrehet, fils du roi Lot d'Orcanie, frère de Gauvain, et neveu du roi Arthur ; Galehaut, dans le Tristan en prose et Lancelot-Graal ; Gornemant de Gorhaut, cité dans Lancelot ou le Chevalier de la charrette, il dispense à Perceval son éducation à la chevalerie dans Perceval ou le Conte du Graal et Les Merveilles de Rigomer. Cité comme le quatrième meilleur chevalier dans Érec et Énide (Gonemant de Gort) ; Hoël, roi de Petite Bretagne ou duc d'Armorique selon les versions ; Hunbaut, chevalier calme et réfléchi dans le roman éponyme ; Lamorak de Gulis, frère aîné de Perceval le Gallois ; Lanval, dans un des Lais de Marie de France ; Lohot, le fils d'Arthur et de Guenièvre ; Méliant du Lys, chevalier vaillant et hardi, élevé par Thibaut de Tintagel dans Perceval ou le Conte du Graal, orthographié Mélian du Lis dans Merlin de Robert de Boron. Fils du Chevalier du Gaste Manoir et neveu du roi Claudas, allié à Brian des Îles dans Perlesvaus. Il est cité comme le septième des meilleurs chevaliers dans Érec et Énide ; Méraugis, fils du roi Marc'h (Marc de Cornouailles) et cousin de Tristan, ami et rival de Gauvain dans Méraugis de Portlesguez de Raoul de Houdenc ; Mériadeuc, ancien écuyer de Gauvain, héros du roman Le Chevalier aux deux épées ; L’Orgueilleux de la Lande, défait par Perceval (Le Conte du Graal, Chrétien de Troyes), il se met au service du roi Arthur (Érec et Énide, Perlesvaus) ; Palamède (ou Palamydes), rival puis le compagnon du chevalier Tristan Pellinor de Listenois, le père de Perceval, Lamorak, Agloval et Dornar Pharamond (ou Faramon), roi gaulois ; Sagremor le Desrée, petit-fils de l'Empereur Adrien de Constantinople, chevalier impétueux ; Ségurant le Brun, personnage principal de Ségurant, le chevalier au dragon, chevalier très fort qui, à la cour du roi Arthur, se lance à la poursuite d’un dragon ; Yder, Ydier du Mont Douloureux, Hyder ou Edern, roi de Cornouailles, fils de Nut, présent dans l'Historia regum Britanniae, Érec et Énide, L'Âtre périlleux, Le Livre de Caradoc, Hunbaut, et surtout Le roman d'Yder, où ses aventures sont contées ; Ulfin Ridcaradoch ou Ulfius, compagnon d'armes d'Uther Pendragon puis d'Arthur ; Wigalois, le fils de Gauvain et de sa nièce Florie, est le héros du poème courtois allemand du XIIIe siècle de Wirnt von Grafenberg, Wigalois, le chevalier à la roue. Wigalois, qui ne connaît pas son père, est élevé par celui-ci à la chevalerie. Il vit ensuite une série d'aventures dont il sort triomphant. Son fils, Lifort Gawanides, devient lui aussi un preux chevalier. Cette histoire connaît un grand succès dans les pays de langue allemande. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_Chevaliers_de_la_Table_ronde). Le Vase, le Chaudron, la Coupe, la Lance, la Tête et la Pierre De nombreux récits d'Irlande et du pays de Galles évoquent un récipient magique, une écuelle ou un chaudron d'abondance qui possède la vertu magique de dispenser boisson et nourriture à volonté. La lance 16 elle aussi apparaît fréquemment dans le domaine celtique, celle du dieu Lug, celle du dieu Oengus, la lance rouge et noire de Mac Cecht, la lance de Celtchar, enfin la lance du roi Arthur, capable de faire saigner le vent. La Quête du Graal, chez les Celtes, participe des attaques de l'Autre Monde pour en rapporter le chaudron inépuisable que le héros civilisateur Cuchulainn conquiert deux fois. Le barde Taliesin décrit le vol d'un VASE précieux par Arthur. Chez les Tuatha des Dannan, en Irlande, le chaudron de Dagda, qui fait partie des trésors de ces demi-dieux, est capable de nourrir toute une armée sans se vider. En Galles, le chaudron de Bran fait revivre les guerriers tués au combat. Dans les Mabinogion, le chaudron de Coridwen procure sagesse et inspiration. Le panier (en gallois Mwys qui a donné muid = mesure) de Gwyddno Gahanhir nourrit des centaines d'hommes avec le casse-croûte d'un seul. Dans l'Antiquité scandinave, le chaudron à hydromel de Ymir contient pouvoir d'inspiration, de sagesse et opère des transformations. Dans Peredur (début du XIIe) d’un Gallois anonyme, le Graal est une TETE d'homme baignant dans son sang ; sur la LANCE 16, perle une goutte de sang qui se change en torrent coulant sur le poing du jeune homme qui la porte... Cette version serait très proche des sources populaires du Pays de Galles. Dans le Parzival de Wolfram Von Eschenbach, un écuyer porte une lance qui saigne 16 et de nombreuses femmes le suivent portant des accessoires. C'est enfin la reine qui ferme le cortège tenant un coussin sur lequel resplendit un graal d'émeraude verte. « Le Graal était la fleur de toute félicité, une corne d'abondance de tous les délices du monde, si bien qu'on pouvait presque le comparer aux splendeurs du Paradis ». Le Graal est gardé à "Munsalvaesche par de vaillants chevaliers qui ont leur demeure auprès du Graal. Ces Templiers livrent combat afin d'expier leurs pêchés.... Leur nourriture, ils la reçoivent d'une PIERRE qui, en son essence, est toute pureté, on l'appelle lapsit exillis. Elle leur donne une telle force que leur corps garde la fraîcheur de la jeunesse. Cette pierre est ainsi nommée le Graal". Dans cette version, le Graal est un Graal/Pierre qui fait pendant au Graal/Tête de la version galloise. La pierre de Fâl ou pierre de souveraineté des traditions irlandaises pousse des cris lorsque le roi qui doit régner y pose le pied. Il y a eu christianisation progressive et discontinue du mystère du Graal : des significations religieuses sont venues surdéterminer des motifs, des lieux et des noms celtiques. De nombreux éléments de l’histoire du Graal, notamment le héros et le vase sacré, apparaissent comme issus d’un cycle celte, repris par des auteurs chrétiens en vue de l’édification des fidèles. Dans l’ancien poème gallois, Le Butin d’Annwfn, le héros se rend dans l’Autre Monde, le monde d’En-Bas, également appelé la Cité de Carousal, où il combat dragons et démons et s’empare du chaudron magique du royaume des Morts qui contient un vin pétillant qui guérit tout et fournit tout en abondance. Le Graal est l’héritier sinon le continuateur de deux talismans de la religion celtique préchrétienne : le chaudron du Dagda et la coupe de souveraineté. Le CHAUDRON est un vaisseau de métal dans lequel on fait chauffer, bouillir ou cuire. Ce qu’on y fait, c’est avant tout le bouillon et les confitures, mais aussi les cuisines magiques (d’où les chaudières du diable et les chaudrons de sorcières de nos légendes). La littérature celtique décrit trois types de chaudrons : - Le chaudron du Dagda, le dieu-druide, le dieu Efficace Seigneur de la science, un chaudron d’abondance que personne ne quitte sans être rassasié. Il contient non seulement la nourriture matérielle de tous les hommes de la terre, mais toutes les connaissances. - Le chaudron de résurrection dans lequel, selon le récit gallois du Mabinogi de Branwen, on jette les morts afin qu’ils ressuscitent le lendemain. - et Le chaudron sacrificiel : le roi déchu y est noyé dans le vin ou la bière, en même temps qu’on incendie son palais, lors de la dernière fête de Samain de son règne. En Gaule, les témoignages tardifs des Scholies Bernoises (IXe s.), recopiant presque certainement des sources antérieures perdues, mentionnent un semicupium dans lequel on noyait rituellement un homme, en hommage à Teutatès. Le chaudron de Kerridwen (ou Ceridwen, Cerridwen), magicienne, déesse galloise de la mort et de la fertilité, des poètes, des forgerons et des médecins, était un centre d’inspiration et de pouvoirs magiques. Reine de l'Occident, de l'Eau et de l'Automne, elle est l'initiatrice de toute magie et reine des sorcières dans la mythologie galloise. Ceridwen garde la porte de l'Ouest avec Fal pour le Nord, Lug pour l'Est et Nuada pour le Sud. Son animal est le serpent. Ne parvenant pas à tolérer le handicap de son fils Afangddu (le plus laid de la terre), Ceridwen fit bouillir dans un chaudron une potion de connaissance pendant un an et un jour afin de lui permettre de devenir sage et respecté (https://fr.wikipedia.org/wiki/Ceridwen). Le bassin de Gundestrup dit « chaudron de Gundestrup », est un récipient datant du Ier siècle av. J.-C. Chaudron de Gundestrup "La majorité des chaudrons mythiques et magiques des traditions celtiques (leur rôle est analogue dans les autres mythologies indo-européennes) ont été trouvés au fond de l’Océan ou des lacs. Le chaudron miraculeux de la tradition irlandaise "Murios" tire son nom de "muir", la mer. La force magique réside dans l’eau, les chaudrons, les marmites, les calices sont des récipients de cette force magique, souvent symbolisée par une liqueur divine, ambroisie ou eau vive ; ils confèrent l’immortalité ou la jeunesse éternelle, transforment celui qui les possède (ou qui s’y plonge) en héros ou en dieu" 3. Parfois, dans la Rome antique, le chaudron, rempli d'huile ou de poix bouillante, servait d'instrument de supplice. Le symbolisme très étendu de la COUPE se présente sous deux aspects essentiels celui du vase d’abondance (équivalent de la corne d’abondance) et celui du vase contenant le breuvage d’immortalité. Le symbolisme le plus général de la coupe s’applique au Graal médiéval, vase qui recueillit le sang du Christ et qui contient à la fois la tradition momentanément perdue et le breuvage d’immortalité. La coupe contient le sang, principe de vie : elle est donc l’homologue du cœur. Or le hiéroglyphe égyptien du cœur est un vase. Selon l'antique mythologie persane, le roi Djmashêd, souverain de l'Univers, possède une coupe dans laquelle il peut contempler le reflet du Cosmos tout entier. Les rois de l'Iran se faisaient représenter avec une telle coupe, insigne de leurs prétentions universelles. Le Graal était encore désigné comme le Vaissel : symbole du navire, de l’arche contenant les germes de la renaissance cyclique, de la tradition perdue. A noter que le croissant de lune, équivalent de la coupe, est aussi une barque. Dans le monde celtique, la coupe remplie de vin ou d’une boisson enivrante (bière ou hydromel) qu’une jeune fille tend au candidat-roi est un symbole de souveraineté. Selon une tradition chaldéenne, c’est le sang divin, mêlé à la terre, qui donna la vie aux êtres. La coupe eucharistique exprime un symbolisme analogue à celui du Graal : « Qui mange ma chair et boit mon sang possède la vie éternelle, et moi, je le ressusciterai au dernier jour » dit Jésus (Jean 6,54). Le rite communiel auquel elle est destinée, et qui réalise la participation virtuelle au sacrifice et à l’union béatifique se retrouve en diverses traditions, notamment dans la Chine ancienne. Il y est surtout rite d’agrégation, d’union consanguine (ainsi dans le serment du sang des sociétés secrètes), mais aussi symbole d’immortalité. La coupe, dans la tradition chrétienne, s’est confondue avec le chaudron du Dagda, si bien que le saint Graal est à la fois le continuateur de la coupe de souveraineté et l’héritier du chaudron du Dagda. 4 Pouvoirs et symbolisme du Graal Dans les traditions relatives aux chevaliers de la Table Ronde, le Graal a le pouvoir d’offrir à chacun de ceux-ci le plat de viande qu’il préfère : son symbolisme rejoint ici celui de la corne d’abondance. Il est décrit comme coupe d'abondance dans le Roman en Prose lorsque, les Chevaliers de la Table Ronde étant réunis le jour de la Pentecôte, apparaît un vieillard en robe blanche tenant un jeune chevalier vêtu d'une armure couleur de feu (Galaad), qui annonce au Roi et à ses compagnons la venue du Graal, lequel, se manifestant dans les airs, remplit la palais de parfums et charge les tables de mets succulents. Parmi ses innombrables pouvoirs le Graal possède, outre celui de nourrir (don de vie), celui d’éclairer (illuminations spirituelles), celui de rendre invincible, de frapper de cécité les pécheurs et de rendre muets les impies. Pour Jung, le Graal symbolise la plénitude intérieure que les hommes ont toujours cherchée. La Quête du Graal exige des conditions de vie intérieure rarement réunies. Les activités extérieures empêchent la contemplation qui serait nécessaire et détournent le désir. II est tout près et on ne le voit pas. C’est le drame de l’aveuglement devant les réalités spirituelles, d’autant plus intense qu’on croit plus sincèrement les rechercher. Mais on est plus attentif aux conditions matérielles de la recherche qu’à ses conditions spirituelles. La Quête du Graal inaccessible symbolise, au plan mystique qui est essentiellement le sien, l’aventure spirituelle et l’exigence d’intériorité, qui seule peut ouvrir la porte de la Jérusalem céleste où resplendit le divin calice. La perfection humaine se conquiert, non pas à coup de lance comme un trésor matériel, mais par une transformation radicale de l’esprit et du cœur. Il faut aller plus loin que Lancelot, plus loin que Perceval, pour atteindre à la transparence de Galaad, vivante image de Jésus-Christ. En 1872, le monde du sport a fait de la coupe un trophée. Les pistes du Graal Le Graal, trouvé par Seth au paradis terrestre (cette coupe aurait été taillée par les anges dans une émeraude tombée du front de Lucifer lors de sa chute, fut confié à Adam dans le Paradis terrestre, mais que, lors de sa chute, Adam la perdit ; son fils Seth obtint de rentrer dans le Paradis terrestre et put ainsi la récupérer), aurait été tantôt transporté par Joseph d'Arimathie en Angleterre ou aux Saintes-Maries de la Mer, tantôt par Nicodème à Fécamp, retrouvé par le comte de Toulouse aux croisades, tombé aux mains des Génois lors de la prise de Césarée, mêlé à la tragédie albigeoise, à celle des Templiers (auxquels on attribue également l'invention de l'Arche d'Alliance), découvert en 1917 par l’abbé Saunière à Rennes-le-Château (Aude) et mystérieusement réapparu en 1921 lors des fouilles de Baalbek, etc. Une légende raconte que le vase dans lequel Jésus-Christ célébra la cène avec ses disciples la veille de sa passion fut emporté par les anges dans le ciel et gardé jusqu'à ce qu'il se trouvât sur la terre une lignée de héros dignes d'être préposés à sa garde et à son culte. Le chef de cette lignée était un prince de race asiatique, nommé Pérille, qui vint s'établir dans la Gaule où ses descendants s'allièrent par la suite avec les descendants d'un ancien chef breton. Titurel fut celui de l'héroïque lignée à qui les autres apportèrent le Graal pour en fonder le culte. Le prince élu pour ce grand et mystérieux office fit bâtir, sur le modèle du temple de Salomon à Jérusalem, un magnifique temple dans lequel fut déposé le Graal. Il y avait dans la forme extérieure du Graal quelque chose de mystérieux et d'ineffable, que le regard humain ne pouvait bien saisir, ni une langue humaine décrire complètement. Du reste, pour jouir de la vue même imparfaite du Saint Vase, il fallait avoir été baptisé ; il était absolument invisible aux païens et aux infidèles. Les biens spirituels attachés à la vue et au culte du Graal se résumaient tous en une certaine joie mystique, avant-coureur de celle du ciel. Les biens matériels, effets de la présence du saint vase, étaient toute nourriture terrestre et tout ce que pouvaient souhaiter ses adorateurs de rare et d'exquis. Il les maintenait dans une jeunesse éternelle et leur assurait encore bien d'autres privilèges non moins merveilleux. Il existait une milice guerrière instituée pour la garde et la défense du Graal. Les membres de cette milice se nommaient les templistes, c'est-à-dire les chevaliers ou les gardiens du Temple. Ils étaient sans relâche occupés, soit à des exercices chevaleresques, soit à combattre les infidèles. Pour être admis dans l'ordre des chevaliers du Graal, la première condition était de rester chaste de corps et d'esprit. Tout amour sensuel et le mariage lui-même étaient interdits. Par contre, le ciel était assuré à tout chevalier du Graal, et, sur la terre même, dans les combats qu'il était constamment obligé de livrer, il jouissait de privilèges surnaturels. S'il combattait le jour même où il avait vu le Graal, il ne pouvait être blessé ; s'il combattait dans un intervalle de huit jours à partir de celui où il s'était trouvé en présence du vase saint, il pouvait être blessé, mais non tué. Depuis les années 1050, la basilique San Isidoro de LEON dans le nord de l'Espagne, abrite un calice orné d'or et de pierres précieuses. Formé de deux coupes réunies par le pied, le calice de la basilique San Isidoro est connu depuis des siècles comme celui de Doña Urraca, fille de Ferdinand Ier le Grand, roi de Leon de 1037 à 1065. Margarita Torres, professeure d'histoire médiévale à l'université de Leon, et José Miguel Ortega del Rio, historien de l'art, affirment que le calice de la princesse espagnole est bien celui de la Cène ; seule sa partie supérieure, la coupe, constitue la relique légendaire, restée durant sept siècles dans l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem et finalement offerte à Ferdinand Ier par un émir arabe d'Espagne qui voulait sceller la paix avec lui. L'historienne prétend que le calice de Jésus est l'intérieur de la coupe et que le reste est une décoration médiévale du XIe siècle ; la partie originale serait donc le pot en pierres foncés, un récipient en onyx que les scientifiques s'accordent à dire qu'il date du temps de Jésus ; les pétrologues et les experts en histoire de l'art l'ont daté du Ier siècle 13. La coupe est mentionnée dans la chronique de Lucas, évêque de Tuy, au XIIIe siècle.11 Les croisés ont-ils trouvé le Graal ? En 1101, Baudouin Ier prend Césarée et croit trouver dans le butin le vase dont le Christ s’est servi lors de la Cène : le Sacro Catino (= bassine sacrée en italien) est un plat, exposé actuellement à la cathédrale Saint-Laurent de Gênes, en verre coloré vert et de forme hexagonale, qui passait pour être en émeraude et pour avoir été offert par la Reine de Saba à Salomon et avoir servi lors de la Cène. Selon l'Histoire d'Outremer de Guillaume de Tyr (vers 1170), les Génois le choisirent comme butin dans une mosquée lors du sac de Césarée par les croisés. Jacques de Voragine dans sa Chronique de Gênes (Chronicon januense, fin du XIIIe siècle) dit que Jésus et ses disciples mangèrent dans un plat d'or ou d'émeraude lors de la Cène, et que, selon certains livres anglais, Nicodème utilisa pour recueillir le sang du Christ, un vase d'émeraude appelé Sangraal. On raconte aussi que les croisés ont ramené une ampoule contenant le sang du Christ. Le Saint Vase, pris en 1204 par les croisés dans la basilique Sainte-Sophie de Constantinople, est conservé à Troyes jusqu’à ce qu’il soit emporté par la tourmente révolutionnaire en janvier 1794. En 1150, quand Henri II Plantagenêt prend possession du Maine, il fait des offrandes à saint Julien du Mans : parmi ses présents, une coupe ornée de pierreries… Une tradition orale rapporte qu'au Ier siècle, un coffret de plomb contenant une fiole de cristal, renfermant quelques gouttes coagulées du précieux sang recueilli par Nicodème qui embauma le corps de Jésus, se serait échoué à Fécamp. Une fontaine jaillit à cet endroit et le culte du Précieux Sang, encore vivant de nos jours, se développa rapidement, à tel point que l'abbaye de la Sainte Trinité fut le premier lieu de pèlerinage normand avant le Mont Saint Michel. Construite de 1170 à 1220, soit à l'époque même de la rédaction des récits majeurs du cycle arthurien, elle fut un lieu de vie intellectuelle intense et accordait même une protection spéciale aux trouvères chargés de glorifier la précieuse relique. Après la crucifixion, Nicodème, qui accompagnait Joseph d'Arimathie, reçut le corps du Christ, et les deux hommes procédèrent à son ensevelissement. Selon la tradition gnostique, il semble que Nicodème soit un des derniers hommes à avoir eu un contact physique avec la dépouille mortelle du Christ. Il l'aurait vue et touchée, aussi, il aurait été à même de devenir le pourvoyeur de la précieuse relique. Il aurait recueilli des particules ou les gouttes de sang christique récupérées par Joseph d'Arimathie. À la suite d'un périple miraculeux, les gouttes du sang, qui se trouvaient dans une boîte de plomb, auraient été portées par le tronc d'un figuier jusqu'au rivage de Fécamp. Un deuxième récit fait état d'une autre origine : le Précieux Sang serait apparu à Saint-Léonard (aujourd'hui dans la banlieue de Fécamp) au cours d'une messe célébrée à la fin du xe siècle : le prêtre vit le vin de messe se changer en sang. La relique du Saint Sang est toujours conservée dans une fiole à l'abbaye bénédictine de la Sainte-Trinité à Fécamp. Pour certains, le Graal est la coupe sacrée détenue par saint Pierre et de pape en pape jusqu’à Sixte II qui, sous la persécution de Valérien, la confie en 258 à son diacre Laurent lequel, avant d'être martyrisé, l'expédie à ses parents, dans sa ville natale, Loret, près de Huesca (Espagne). En 713, les Maures recherchent le Saint Calice ; la cathédrale de Huesca n’étant plus un abri sûr, l’évêque Acisclo quitte la ville avec le Saint Calice, voyageant vers les Pyrénées du Sud, en passant par plusieurs chapelles, églises et monastères. En 1071, l’évêque de Jaca, Don Sancho Ier, place le Saint Calice au monastère de San Juan de la Peña, où il a été moine 6, et qui se trouvera, un siècle plus tard, sur le chemin de Saint-Jacques de Compostelle en Galice. Le Santo Graal (en galicien) apparaît pour la première fois comme identifiant les rois de Galice dans un document anglais en 1282. Armoiries de la Galice Le 26 septembre 1399, à la demande du roi d’Aragon Martin Ier l’Humain soutenu par l’antipape Benoît XIII, le Saint Calice est transporté à la chapelle du Palais Royal (l’Aljafería) de Saragosse. Plus tard, il est transféré dans la chapelle de la résidence du roi à Barcelone. En 1416 (ou 1424), Alphonse V d'Aragon emmène le Saint Calice dans son Palais Royal à VALENCIA. Selon l'acte du notaire Jaume Monfort, le 18 mars 1437, Jean II d'Aragon, au nom de son frère Alphonse V, remet à la cathédrale de Valencia le calice de pierre, taillé dans une agate verte, sur support d’or et socle d’onyx, et portant l’inscription La Florissante en arabe, qui est placé sous la garde de la Confrérie du Saint Calice de la Cène et enchâssé dans la chapelle du Saint Calice. La couronne d’Aragon a ensuite voulu reprendre cette relique et la cathédrale de Valence a dû donner au royaume d'Aragon 40 000 ducats d’or pour la conserver perpétuellement. 6 Selon la présentation qui en est faite à la cathédrale de Valence, la coupe, datant du premier siècle avant Jésus Christ, a été ornementée au fil des siècles. En 1960, Antonio Beltran, chef du département d’archéologie de l’université de Saragosse, en collaboration avec d’autres collègues européens, fait une étude complète du Saint Calice qui lui permet de déterminer que la coupe a été fabriquée entre le IVe siècle av. J.‑C. et l’an 1 6. La relique elle-même est le gobelet en agate polie qui se trouve au sommet et qui a été sculptée dans un atelier oriental en Égypte, en Syrie ou en Palestine. Les recherches montrent que le pied est un vase égyptien ou califal du Xe ou XIe siècle, ajouté à la coupe vers le XIIe siècle, et que les perles et les pierres précieuses qui l'ornent sont ultérieures et ont pu être superposées lorsque le Saint Calice était vénéré à San Juan de la Peña. La probabilité que le Saint Calice conservé dans la cathédrale de Valence soit le célèbre Saint Graal est renforcée par les conclusions de l’étude réalisée par un professeur de l’Université polytechnique de Valence, Gabriel Songel. Dans son livre El cáliz revelado, présenté le mardi 25 février 2020, Songel explique avoir trouvé dans un document du XIe siècle la première référence au Saint Calice valencien. Selon El País, l’universitaire corrobore les informations qui rendent plus probable qu’il s’agisse de l'authentique Saint Graal 15. Quatre papes ont reconnu et attesté que le calice de Valence, icône de la foi chrétienne, était le calice du dernier repas : plusieurs cérémonies en présence de Jean XXIII, Jean-Paul II, Benoît XVI et Francois témoignent de son importance. Certains ont prétendu que la Coupe d’agate des Habsbourg qui se trouve à la Hofburg à Vienne, était le Graal, mais elle ne date que du IVe siècle. Le Calice d'argent d'Antioche conservé au Metropolitan Museum of Art à New York, qui fut présenté comme le Saint Calice, date du VIe siècle. En 1933, Otto Rahn, l'archéologue de l'Ahnenerbe, groupe de recherches créé par Himmler, cherche vainement le Graal à Montségur. Le 23 octobre 1940, Himmler se rend en Espagne, dans l’abbaye de Montserrata près de Barcelone, mais n'y trouve pas le Graal. Créée en 1937 la Société des Amis de Montségur et du Saint Graal de Sabarthès et d’Occitanie cesse d'exister en 1942. Citations Le Graal représente à la fois, et substantiellement, le Christ mort pour les hommes, le vase de la Sainte Cène (c’est-à-dire la grâce divine accordée par le Christ à ses disciples), et enfin le calice de la messe, contenant le sang réel du Sauveur. La table sur laquelle repose le vase est donc, selon ces trois plans, la pierre du Saint-Sépulcre, la table des Douze Apôtres, et enfin l’autel où se célèbre le sacrifice quotidien. Ces trois réalités, la Crucifixion, la Cène, l’Eucharistie, sont inséparables et la cérémonie du Graal est leur révélation, donnant dans la communion la connaissance de la personne du Christ et la participation à son Sacrifice Salvateur. (Albert Béguin 1901-1957) Dans un monde où les croyances religieuses s'effritent, où les idéologies négligent la recherche de l'absolu, la psychanalyse remplace peut-être la quête du Graal. (Dominique Frischer, Les analysés parlent, 1977) Le mystère du Graal affirme au cours des siècles, une présence, mais la présence d'un non dicible, d'un indicible qui exige cependant d'être questionné (...) car ce creux, ce cri paroxysmique de l'âme, ce Très Saint Trésor essentiel est l'archétype même du religieux : c'est ce qui en assure l'universalité tant de fois signalée chez les Celtes, chez les Iraniens, les Latins, les Grecs, les Arabes et bien entendu dans le corpus de l'Occident chrétien.. C’est quelque chose apporté du Ciel sur Terre. (Gilbert Durand, Les structures anthropologiques de l'Imaginaire, 1985) Notes 1 Lancelot du Lac, Les enfances, d'un auteur anonyme, vers 1220, adapté par Jacques Boulenger, 1922 2 Merlin et Perceval en prose (1200/1210) 3 Eliade Mircea, Traité d'histoire des religions, 1949 4 Ogam. Tradition celtique. Rennes 1948 5 http://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_de_Taliesin 6 http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint_Calice 7 http://fr.wikipedia.org/wiki/Pays_de_Galles 8 http://fr.wikipedia.org/wiki/Merlin_(magicien) 9 Dans Le Cycle d'Avalon de Marion Zimmer Bradley, la Dame du Lac est le titre de la grande prêtresse détenu à la suite de Viviane par Niniane puis par Morgane. Nimue est le nom d’une autre jeune prêtresse qui séduit Kevin le Barde (successeur de Merlin). http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9e_Viviane 10 En Grande-Bretagne, de nombreux sites prétendent être le domaine de Viviane : Dozmary Pool et Loe Pool (Cornouailles), Llyn Llydaw sur les flancs du mont Snowdon et Llyn Ogwen (Pays de Galles), Pomparles Bridge, Loch Arthur, Aleines... http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%A9e_Viviane 11 https://es.wikipedia.org/wiki/C%C3%A1liz_de_do%C3%B1a_Urraca 12 https://fr.wikipedia.org/wiki/Broc%C3%A9liande 13 https://fr.aleteia.org/2014/03/27/le-saint-graal-se-trouve-t-il-a-leon/ 14 https://fr.wikipedia.org/wiki/Mati%C3%A8re_de_Bretagne 15 https://www.courrierinternational.com/article/espagne-la-quete-du-graal-sarrete-t-elle-valence 16 La LANCE DE LONGINUS. Une tradition chrétienne veut que le soldat romain, originaire de Cappadoce, qui a percé le flanc du Christ sur la Croix à l’aide de sa lance (lance de la Passion appelée en latin dominica hasta ou sacra hasta) se nommait Longinus (en français Longin), d’où le nom latin de la relique : Lancea Longini. La tradition veut que cette lance ne cesse jamais de saigner à sa pointe. Jean (19:34) raconte le moment où les soldats romains vérifient si Jésus est bien mort : "L'un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l'eau". Le nom de Longin n’apparaît qu’avec l’Évangile de Nicodème, un apocryphe du IVe siècle qui nous apprend le plus de choses : il aurait été un centurion, à moitié aveugle, et qui serait devenu chrétien au moment où une goutte du sang de sa lance serait tombée sur son œil et lui aurait rendu la vue. Devenu chrétien, il serait devenu Saint Longin, avant de mourir décapité par un gouverneur sur lequel il avait envoyé les démons. Le 24 octobre 614, la Sainte Lance est envoyée à Constantinople. La lance passe aux divers empereurs du Saint-Empire romain germanique qui la font transférer à la cathédrale de Magdebourg, fondation d’Otton le Grand. Connue sous le nom de lancea sacra imperialis, elle devient le symbole de leur investiture et du transfert de pouvoir. Elle est intégrée au rituel de leur sacre. En l’an 1098, pour prouver qu’il a découvert la Sainte Lance, le moine Pierre Barthélémy traverse un chemin enflammé avec la lance à la main mais il meurt des suites de ses brûlures... En 1350, l’empereur Charles IV la transfère dans la chapelle de la Sainte-Croix du château de Karlštejn (cette chapelle renferme des reliques insignes, un fragment de la Vraie Croix, un clou et un morceau de lance) et obtient, en 1353, du pape Innocent VI le droit de faire célébrer dans tout son empire une Fête de la Sainte Lance. La lance est ensuite transférée à Nuremberg à partir de 1424, par ordre de l’empereur Sigismond qui déclare : « C’est la volonté de Dieu que la couronne, le globe, le sceptre, la croix, l’épée et la lance du Saint-Empire romain ne quittent jamais le sol de la Patrie ». Cette collection est appelée Reichskleinodien (regalia impériaux). Les Reichskleinodien, comprenant la Sainte Lance dont Hitler s'était emparé, sont restitués officiellement à l’État autrichien, par un enquêteur des Monuments Men, le colonel américain Andrew Carnduff Ritchie, le 4 janvier 1946. Les joyaux impériaux sont aujourd’hui conservés au palais de la Hofburg à Vienne, où l’ensemble est visible dans la Chambre du Trésor. La Sainte Lance est recouverte d’une feuille d’argent et d’une feuille d’or. On peut lire, sur la feuille d’argent, l’inscription datable de 1084 : « clavvus + heinricvs d(ei) gr(ati)a tercivs romano(rum) imperator avg(ustus) hoc argentum ivssit fabricari ad confirmatione(m) clavi lancee sancti mavricii + sanctvs mavricivs » : « Clou + Henri par la Grâce de Dieu Troisième empereur des Romains Auguste a ordonné que soit faite cette bande d'argent pour attacher solidement le Clou et la Lance de Saint Maurice + Saint Maurice ». Une expertise faite au début du XXe siècle conclut qu’il s’agit d’une lance lombarde du VIIIe ou IXe siècle. On suppose qu’il s’agissait à l’origine d’un insigne royal burgonde, lié au culte de saint Maurice, d’où la légende tardive qui voulait que Maurice, soldat romain de la légion thébaine, sous la Tétrarchie, ait utilisé la Sainte Lance de Longin pour combattre (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sainte_Lance). Le 31 mai 1492, le pape Innocent VIII reçoit solennellement à Rome une Sainte Lance que le Sultan a remise aux chrétiens ; cette relique n'a depuis jamais quitté Rome, où elle est conservée sous le dôme de Saint-Pierre (Encyclopédie catholique) La Sainte Lance de Paris disparaît pendant la Révolution française (après avoir échappé au sac de Constantinople en 1204, cette pointe est revendue en 1244 par Baudouin II, empereur latin de Constantinople, à Louis IX et transportée à Paris ; le roi la dépose dans la Sainte-Chapelle à côté de la Couronne d’Épines), celles du Vatican et d’Arménie sont conservées respectivement à Saint-Pierre de Rome et au musée Manougian d’Etchmiadzin ; après bien des péripéties, celle des empereurs germaniques est aujourd’hui conservée au palais du Hofburg, à Vienne. Lorsque Hitler a annexé l'Autriche au Reich allemand en 1938, il aurait réussi à mettre la main sur la relique ; la Sainte Lance a ensuite été envoyée à l'église Sainte-Catherine de Nuremberg ; la légende veut que les Américains s'en soient emparés, mais ils ont démenti. En résumé, il existe plusieurs lances de par le monde, plusieurs variantes de la même lance : la Sainte Lance de Jérusalem, le fragment de Paris, la lance de Saint-Pierre de Rome, la Sainte Lance d’Antioche, la Lance de Beyrouth, la Sainte Lance de Smyrne, la Sainte Lance du Saint-Empire romain germanique ou même la Sainte Lance de Cracovie... 17 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Excalibur). Sources La légende arthurienne. Robert Laffont. 1989 Dictionnaire des symboles. Jean Chevalier- Alain Gheerbrant. Ed. R. Laffont. 1995 http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9gende_arthurienne et autres... Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 18/09/2024 |