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Le 4 mai 1945, à 18 h 20, au poste de commandement du maréchal Montgomery à Lüneburg (Allemagne), l'amiral von Friedeburg signe la capitulation des forces allemandes du nord-ouest pour le 5 mai à 8 heures. Le 7 mai 1945, à 2 h 41, à Reims, au Q.G. du général Eisenhower installé au Collège moderne et technique de la rue Jolicoeur (aujourd’hui lycée Roosevelt), la reddition sans condition des armées allemandes est signée par le général allemand Alfred Jodl, le général Walter Bedell Smith (États-Unis) et le général Ivan Sousloparov (Union soviétique), en présence du général François Sevez, chef d'état-major du général Juin (France). Le général Jodl signe l'acte de capitulation entouré à sa droite du commandant Oxenius et à sa gauche de l'amiral Friedeburg L'acte de reddition prévoit la fin effective des hostilités sur les deux fronts à 23 h 01 (heure d'Europe centrale) le 8 mai : "ACTE DE REDDITION MILITAIRE 1. Nous soussignés, agissant au nom du Haut Commandement Allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandant Suprême des Forces Expéditionnaires Alliées et, simultanément au Haut Commandement Soviétique, de toutes les forces de terre, de mer et de l'air qui sont à cette date sous contrôle Allemand. 2. Le Haut Commandement Allemand transmettra immédiatement à toutes les autorités militaires navales et aériennes Allemandes et à toutes les autorités militaires sous contrôle Allemand, l'ordre de cesser de prendre part aux opérations actives à 23 heures 01 heure d'Europe Centrale le 8 mai et de rester sur les positions qu'elles occuperont à ce moment. Aucun navire ni avion ne sera sabordé et aucun dégât ne sera fait à leur coque, à leurs machines ou à leur équipement. 3. Le Haut Commandement Allemand adressera immédiatement aux commandants des forces intéressées tous les ordres donnés par le Commandant Suprême des Forces expéditionnaires Alliées et par le Haut Commandement Soviétique, et s'assurera de leur exécution. 4. Cet acte de reddition militaire ne préjuge pas de l'avenir et sera remplacé par tout autre instrument général de reddition qui sera imposé par ou au nom des Nations-Unies et applicable à l'ALLEMAGNE et aux forces armées Allemandes dans leur ensemble. 5. Dans le cas où le Haut Commandement Allemand ou certaines forces sous son contrôle manqueraient d'agir conformément à cet acte de reddition, le Commandant Suprême des Forces Expéditionnaires Alliées et le Haut Commandement Soviétique prendront toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeront appropriées. Signé à Reims France à 2 heures 41, le 7 mai 1945. Au nom du Haut Commandement allemand, Signature du général JODL Au nom du Commandant Suprême des Forces Expéditionnaires Alliées, Signature du général BEDELL-SMITH Au nom du Haut Commandement Soviétique, Signature du général SOUSLOPAROV Général Armée française (témoin), Signature du général SEVEZ" Truman, Churchill et De Gaulle décident d'attendre le 8 mai à 15 heures pour proclamer officiellement la victoire. 1 Churchill au balcon de Whitehall, le 8 mai 1945 Dans l'après-midi, en Bavière, douze SS français, faits prisonniers dans les premiers jours du mois, sont fusillés sur ordre du général Leclerc. Le 8 mai à 23 h 01 pour l'Occident (le 9 mai à 1 h 01 pour les Soviétiques), à la demande de Staline, l’acte définitif de capitulation est signé au Q.G. du général Joukov à Berlin par le maréchal Wilhelm Keitel, von Friedeburg et Stumpff, devant A. W. Tedder (au nom du Haut Commandement des Forces expéditionnaires alliées), G. Joukhov (au nom du Haut Commandement de l'Armée rouge), Carl Spaatz (Commandant des Forces stratégiques aériennes des E. U.), et J. De Lattre Tassigny (Général commandant en chef de la 1ère Armée française) : "ACTE DE CAPITULATION MILITAIRE 1. Nous, soussignés, agissant au nom du Haut Commandement Allemand, déclarons par la présente que nous offrons la reddition sans condition au Commandement Suprême de la Force expéditionnaire Alliée et simultanément au Haut Commandement Suprême de l'Armée rouge, de toutes les forces terrestres, navales et aériennes qui sont à cette date sous contrôle allemand. 2. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement l'ordre à toutes les autorités militaires navales et aériennes allemandes et à toutes les forces sous contrôle Allemand de cesser leurs opérations actives à 23 h 01 heure d'Europe centrale le 8 mai, de rester sur les positions qu'elles occupaient à ce moment et de se désarmer complètement, remettant leurs armes et équipement aux commandants ou officiers alliés locaux ou désignés par les représentants des Commandants Suprêmes Alliés. Aucun bateau, navire ou avion ne devra être détruit, ni aucun dommage fait à leur coque, machinerie ou équipement, ainsi qu'aux machines de toutes sortes, armement, appareils et tous les moyens techniques permettant de poursuivre la guerre en général. 3. Le Haut Commandement allemand transmettra immédiatement aux commandants intéressés et assurera l'exécution de tous nouveaux ordres publiés par le Commandement suprême de la Force Expéditionnaire Alliée et par le Haut Commandement suprême de l'Armée rouge. 4. Cet acte de reddition militaire ne préjuge en rien de tout instrument général de capitulation, concernant l'Allemagne et l'ensemble des forces armées allemandes, imposé par les Nations Unies ou en leur nom. 5. Dans le cas où le Haut Commandement allemand ou quelque force sous son contrôle manquerait d'agir selon cet acte de reddition, le Commandement suprême de la Force Expéditionnaire Alliée et le Haut Commandement Suprême de l'Armée rouge prendraient toutes actions punitives ou autres qu'ils jugeraient appropriées. 6. Le présent acte est établi en anglais, en russe et en allemand. Seuls les textes anglais et russe font foi. Signé à Berlin, le 8 mai 1945 Keitel von Friedeburg Stumpff au nom du Haut Commandement allemand A. W. Tedder au nom du Commandement suprême de la Force expéditionnaire alliée G. Joukov au nom du Commandement suprême de l'Armée rouge Signent comme témoins : J. De Lattre de Tassigny, Général commandant en chef de la 1re armée française Carl Spaatz, Général commandant des Forces stratégiques aériennes des États-Unis." La capitulation sans conditions de l’Allemagne met fin, en Europe, à la Deuxième Guerre mondiale. Pour qu'elle soit terminée dans le monde entier, il faudra attendre le 2 septembre 1945 avec la capitulation du Japon. Par le traité franco-soviétique de Moscou du 10 décembre 1944, De Gaulle a obtenu que le général de Lattre de Tassigny et le général Leclerc soient respectivement présents aux signatures de capitulation de l’Allemagne et du Japon les 8 mai et 3 septembre 1945. La loi du 7 mai 1946 fixe la commémoration de la victoire au 8, si c’est un dimanche, sinon au premier dimanche qui suit. Le 31 décembre 1946, le président américain Harry S. Truman proclame officiellement la fin de la Seconde Guerre mondiale. En 1951, le ministre de l’Intérieur, Henri Queuille, décide de fixer la commémoration de la victoire au 8 mai. La loi du 20 mars 1953 instaure le 8 Mai comme une fête nationale légale et un jour férié. Le général de Gaulle supprime le jour férié en 1961 (sauf en 1965 pour le vingtième anniversaire), la commémoration de la victoire étant fixée au deuxième dimanche du mois de mai. Le 8 mai 1975, le président Giscard d'Estaing décide de supprimer toute commémoration et de la remplacer par une Journée de l’Europe. La fête légale et le jour férié sont rétablis par le gouvernement Mauroy sous la présidence de François Mitterrand (loi du 2 octobre 1981). Les Anglais et les Américains ne chôment pas le 8 mai. Le 9 mai 2010, des forces armées du Royaume-Uni, de France et des États-Unis défilent pour la première fois sur la place Rouge à Moscou, à l'occasion du défilé du Jour de la Victoire (les Russes fêtent la capitulation de l'Allemagne nazie le 9 mai). Le 8 mai 2020, compte-tenu de la situation exceptionnelle liée à l’état d’urgence sanitaire (épidémie de la Covid-19) et aux mesures de confinement, une cérémonie, présidée par le Président de la République, a lieu le matin à Paris, à l’Arc de triomphe, en présence d’un nombre restreint d’autorités civiles et militaires. Le Président de la République demande aux Françaises et aux Français qui le souhaitent de pavoiser leur balcon aux couleurs nationales. Dans l’ensemble des départements ainsi que dans les territoires d’outre-mer, les Préfets et Hauts-Commissaires organisent une cérémonie, non ouverte au public, au monument aux morts de la commune chef-lieu dans un format restreint et en respectant strictement les mesures de distanciation. Dans les communes, les maires peuvent organiser, en format très restreint et en respectant strictement les mesures de distanciation, un dépôt de gerbe au monument aux morts. En 2022, deux cérémonies sont organisées : le président de la République, Emmanuel Macron, dépose une gerbe au pied de la statue du général de Gaulle, place Clemenceau (8e) puis ravive la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe. En 2023, le chef de l'État, Emmanuel Macron, préside deux cérémonies de commémoration du 78e anniversaire du 8 mai 1945 : le matin, à Paris il ravive la flamme du Soldat inconnu, puis l'après-midi, il se rend à Lyon, au Mémorial de Montluc, pour un "hommage à Jean Moulin, à la Résistance française et aux victimes de la barbarie nazie". En 2024, le président de la République dépose une gerbe au pied de la statue du général de Gaulle, place Clemenceau (8e) puis ravive la flamme du soldat inconnu sous l’Arc de Triomphe où a lieu une cérémonie officielle présidée par le chef de l'État. La deuxième guerre mondiale La deuxième guerre mondiale (la seconde pour les optimistes) éclate en 1939 sous la forme d’un conflit européen opposant principalement l’Allemagne à la coalition franco-britannique : l’armée allemande étant entrée en Pologne à l’aube du 1er septembre 1939, les Français et les Britanniques déclarent la guerre à l’Allemagne le 3. Sur 5 450 000 soldats mobilisés par la France, on compte 340 000 Nord-Africains, 68 500 Africains, 10 500 Malgaches et 10 000 Indochinois. Le conflit se généralise, impliquant presque toutes les nations du globe. Le 10 juin 1940, Mussolini déclare la guerre à la France et à l’Angleterre. 1 800 000 soldats français, faits prisonniers, seront gardés en Allemagne dans des Stalags ou des Oflags jusqu’en 1945. De Londres, le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son appel aux Français à s’unir dans l’action pour libérer la France. Le 22 juin 1940, la France et l'Allemagne signent la convention d’armistice dans le wagon de Rethondes (le wagon même où fut signé l'armistice de 1918) : l'armistice entre en vigueur le 25 juin. Benito Mussolini et Adolf Hitler lors d'une visite du dirigeant fasciste à Munich en 1941 Le 22 juin 1941, Opération Barbarossa : les troupes allemandes pénètrent en Union Soviétique. Le 7 décembre 1941, à 7 h 55, l’aviation japonaise attaque par surprise la flotte de guerre américaine basée à Pearl Harbor dans l’archipel d’Hawaï ; le Japon déclare la guerre aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, à l’Australie et au Canada ; la déclaration de guerre du Japon arrive aux Etats-Unis après l’attaque de Pearl Harbor. Le 8, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les Pays-Bas déclarent la guerre au Japon. A partir de 1941, 600 000 à 650 000 Français sont requis pour le STO (Service du travail obligatoire) et envoyés en Allemagne pour remplacer les soldats allemands expédiés au front. Avec environ 60 millions de victimes civils et militaires [dont 6 millions de Juifs victimes de la Shoah (catastrophe) et 4 à 5 millions de déportés politiques dans 203 camps dont 12 de concentration et 6 d’extermination], la Deuxième Guerre mondiale est la plus meurtrière de l’histoire. La journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation, le dernier dimanche d’avril, nous rappelle qu’il y a eu, en France, 76 000 déportés Juifs dont 3% ont survécu au génocide, et 86 000 déportés dits de répression (résistants ou politiques) dont 50% sont revenus (Livre Mémorial). Citations Une guerre entre Européens est une guerre civile. (Victor Hugo 1802-1885) La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre (Charles de Gaulle 1890-1970). NDLR : cette phrase ne figure pas dans l'Appel du 18 juin 1940 ; elle commence une proclamation affichée en Angleterre en juillet et en août. Ces guerres, des catastrophes naturelles parmi des milliers d'autres. Un moment où la bêtise se fait plus grande, où une partie de l'humanité refait son plein de vertus guerrières et de courage exalté pendant que l'autre dénonce les génocides. (Paul Ohl, Knockout inc., 1979) La guerre est un crime contre l'humanité. La guerre, violence collective légale, n’est justifiée, comme la violence individuelle, que par la stricte légitime défense. L’humanité dit qu’elle n’aspire qu’à la paix ; en fait elle ne rêve que de pouvoir et la quête de ce pouvoir sans partage génère forcément la guerre. (Jean-Paul Coudeyrette, Autocitations) Voir : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'Etat français et d'hommage aux Justes de France Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste Note 1 http://www.tresordupatrimoine.fr/1721395-8-mai-1945-la-capitulation.html Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 20/05/2024 |