INNOCENT VI

Etienne Aubert naît à Beyssac (Corrèze), en 1282, dans une famille aisée.
Après un doctorat en droit canonique à l'université de Toulouse, il est avocat, juge-mage, puis conseiller du roi de France Philippe de Valois et Pair de France.
Evêque de Noyon (1338) puis de Clermont (1340), il est cardinal en 1342.
Elu le 18 décembre 1352, il choisit le nom d'Innocent ; il est intronisé le 30.
Il porte la barbe.
Innocent VI restaure le pouvoir de la papauté dans ses Etats et mène une politique d'économie après les fastes de son prédécesseur CLEMENT VI.
Il fonde la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.
Il entame quelques négociations avec Jean Paléologue pour la soumission de l’Eglise grecque.
Il meurt à Avignon le 12 septembre 1362.

Prophétie de Malachie : De montibus Pammachii (Des monts de Pammaque).


1352. 18 décembre, élection du pape.

1353. Innocent VI concède à l'ensemble des pays rattachés au Saint Empire romain germanique la Fête de la Sainte Lance, fixée au deuxième vendredi après Pâques. 6 mars, Berne devient un Canton et rejoint la Confédération suisse (8 Cantons). 27 avril, mort (peste) de Siméon Ier de Russie, Grand-prince de Moscou et de Vladimir : son frère, Ivan II de Russie dit le Débonnaire, lui succède. Le pape décide de faire appel à Cola di Rienzo dit Rienzi pour remettre de l’ordre à Rome, mater la noblesse et préparer le terrain à son énergique légat, le cardinal Albornoz, vicaire général de toutes les possessions de l’Église, chargé de les ramener sous l’autorité du Saint-Siège qui en a perdu le contrôle depuis son installation en Avignon, malgré les efforts de Jean XXII. 3 juin, à Valladolid, mariage de Pierre Ier de Castille (Pierre le Cruel) avec Blanche de Bourbon, la nièce du roi de France ; le roi de Castille abandonne son épouse dès le lendemain et la fait jeter en prison. 20 juin, fondation de la collégiale de Lirey (Champagne) par le chevalier Geoffroy de Charny (le 16 avril 1349, Geoffroy de Charny a écrit au pape Clément VI pour lui faire part de son intention de construire l'église Sainte-Marie de Lirey en remerciement pour son évasion alors qu'il était prisonnier des Anglais) ; des bulles du pape Innocent VI, datées de janvier et février 1354, approuvent la fondation et consentent quarante jours d'indulgence à tous ceux qui visitent l'église aux quatre fêtes principales de la Vierge (Geoffroy de Charny mourra le 19 septembre 1356 à la Bataille de Poitiers où il sera enterré ; c'est en 1357 que la collégiale de Lirey sera le cadre de la première ostension connue du Linceul de Lirey, lequel, après maintes péripéties, deviendra le Saint-Suaire de Turin ; Geoffroy de Charny tenait-il la relique des reliques du roi Philippe VI de Valois dont il fut le conseiller, comme le prétendent la plupart des sources ? Ou bien, était-elle la propriété de Jeanne de Vergy, la dernière épouse de Geoffroy de Charny ?). 29 août, Bataille navale d'Alghero : Venise vainc Gênes. 23 septembre, les Statute of Praemunire, votés par le Parlement anglais, interdisent aux sujets anglais de recourir à une justice étrangère (en particulier à celle de la Papauté). 10 octobre, la République de Gênes se place sous la protection du seigneur de Milan, Jean Visconti, qui est élu doge de Gênes.

1353-1355. Peste en France.

1354. Mal des ardents en Picardie et en Artois. 8 janvier, Charles le Mauvais, roi de Navarre, fait assassiner le connétable Charles de La Cerda et lui ravit le comté d’Angoulême. 22 février, Traité de Mantes entre Jean II de France et Charles II de Navarre qui obtient de nombreux territoires sur le sol français. 2 mars, après avoir pris pied en Europe, dans le fort de Jinbi sur la côte de l'Hellespont, en 1353, les Ottomans prennent Gallipoli sur la rive européenne du détroit des Dardanelles ; le sultan ottoman Orhan intervient en Europe pour aider son beau-père Jean VI Cantacuzène, usurpateur du trône byzantin, contre son rival Jean V Paléologue soutenu par les Serbes. 13 mars, à Metz, Charles IV du Saint-Empire érige le Luxembourg en duché en faveur de son frère Venceslas Ier. 1er août, Cola di Rienzo dit Rienzi, libéré par Innocent VI et paré par le cardinal Albornoz du titre de sénateur, à la tête d’une petite troupe, fait une entrée triomphale à Rome d'où il chasse le tyran Francesco Baroncelli ; le 8 octobre, à l’issue d’un règne arbitraire et incohérent et d’un soulèvement populaire suscité par les Colonna, il est exécuté à la hache, son cadavre est brûlé et ses cendres jetées dans le Tibre 2. 28 août, 10 villes alsaciennes forment une ligue, La Décapole ; elles échappent ainsi a l'autorité des Habsbourg ; Strasbourg devient ville libre. 3 novembre, Bataille de Porto-Longo ou de Sapienza : la flotte de Gênes vainc celle de Venise. 22 novembre, Jean V Paléologue entre à Constantinople. 10 décembre, Jean VI Cantacuzène abdique ; Jean V Paléologue gouverne seul.

1355. 2 janvier, Charles Grimaldi achète Roquebrune. 5 janvier, le Traité de Paris, signé entre le roi de France Jean II le Bon et le comte de Savoie Amédée VI, établit la limite entre la Savoie et le Dauphiné. 6 janvier, Charles IV du Saint Empire, roi de Bohême dès 1346, puis roi de Germanie à partir de 1349, est couronné roi des Romains ; il deviendra empereur du Saint Empire Romain Germanique le 5 avril. 7 janvier, le roi Alphonse IV de Portugal fait assassiner Inés de Castro mariée clandestinement à son fils Pierre. 17 avril, le doge de Venise, Marino Faliero, est décapité pour complot contre la République. Deux inquisiteurs sont tués par les vaudois de Provence. 10 septembre, Traité de Valognes entre Jean II le Bon et Charles le Mauvais (Charles II de Navarre). 16 octobre, à la mort de Louis Ier de Sicile, son frère Frédéric III de Sicile, 14 ans, lui succède ; sa sœur, Euphémie de Sicile, assure la régence. 8 novembre, les bandes conduites par le Prince Noir 4 (Édouard de Woodstock, prince de Galles, comte de Chester, duc de Cornouailles et prince d'Aquitaine, fils aîné d'Édouard III d'Angleterre et de Philippa de Hainaut) investissent la ville de Narbonne ; la Cité, solidement fortifiée et bien défendue, parvient à résister, mais le Bourg tombe rapidement : pendant plusieurs jours, les incendies et le pillage le dévastent presque entièrement. 2 décembre, à Paris, réunion des Etats généraux de langue d'oïl : vote de l'impôt gabelle, d'un impôt sur les ventes de marchandises et d'une subvention exceptionnelle au roi Jean II le Bon pour l'effort de guerre contre les Anglais ; le 28 décembre, vote de la Grande ordonnance qui limite les pouvoirs du roi de France. 20 décembre, mort (empoisonné ?) d'Étienne Douchan, premier empereur de Serbie sous le nom de Stefan Uroš IV Dušan : début du règne de son fils Stefan Uroš V (Étienne Ouroche).

1356. 10 janvier, à Francfort, l'empereur Charles IV promulgue la première partie de la Bulle d’Or préparée par la Diète de Nuremberg ; le texte, comprenant 31 articles, détermine les règles de transmission de la charge d'empereur : notamment, le roi doit être élu par un Collège électoral de princes-électeurs composé de trois archevêques et de quatre aristocrates. 20 janvier, fils du roi exilé Jean d'Écosse, Edouard Balliol abdique toute revendication au trône d'Écosse au profit d'Edouard III d'Angleterre. 3 mars, les villes brabançonnes imposent au duc de Brabant la Charte de la Joyeuse Entrée. 24 mars, les Etats Généraux de Langue d'oc à Toulouse votent la Grande ordonnance limitant les pouvoirs royaux. 5 avril, Jean II le Bon fait emprisonner l’intrigant roi de Navarre, Charles le Mauvais. 8 août, Guerre des deux Pierre : suite à l'attaque de navires marchands génois par des troupes aragonaises dans le port castillan de Sanlúcar de Barrameda, Pierre Ier de Castille, surnommé Pierre le Cruel, déclare la guerre à Pierre IV d'Aragon. 19 septembre, Bataille de Poitiers : Jean le Bon est battu par les archers anglais et capturé par le Prince Noir (prince de Galles) et emmené à Bordeaux avec son fils Philippe le Hardi ; son fils Charles (futur Charles V), le dauphin (premier à porter le titre de Dauphin du Viennois), devient Régent du royaume ; le chevalier poitevin Geoffroi de Charny, né vers 1300-1306, est tué (il a écrit le Livre de chevalerie vers 1350). 3 octobre, début du Siège de Rennes par le duc de Lancastre, pendant la Guerre de Succession de Bretagne (fin le 5 juillet 1357). 15 octobre, à Paris, pour lever de nouveaux impôts afin de payer la rançon de son père, le Régent convoque des Etats généraux (ses adversaires seront Etienne Marcel, prévôt des marchands de Paris et les paysans révoltés par le pillage des compagnies de mercenaires). 17 octobre, en Suède, Erik XII Magnusson engage une guerre contre son père, Magnus Eriksson, afin d'accéder au pouvoir ; Erik XII, soutenu par les seigneurs, remporte la victoire et oblige son père à gouverner avec lui. 18 octobre, à Bâle, tremblement de terre (300 morts). 2 novembre, renvoi des Etats-Généraux par le dauphin (futur roi de France Charles V). 10 décembre, à Paris, le Dauphin promulgue une série de mandements monétaires. A Noël, à Metz, l’empereur Charles IV promulgue l'intégralité de la Bulle d’Or qui précise les règles déterminant l’élection des rois germaniques en passant sous silence sa confirmation par le pape.

1357. 5 février, à Paris, réunion des Etats Généraux par le dauphin (futur Charles V de France) : réforme de la monnaie, vote de subsides pour la délivrance du roi Jean II prisonnier, refus de nouvel impôt, promulgation de la Grande Ordonnance le 3 mars. 23 mars, Trêve de Bordeaux entre la France et l'Angleterre : après la bataille de Poitiers, où il a été fait prisonnier, Jean II le Bon signe une trêve de deux ans avec le Prince noir, avant d'être envoyé en Angleterre, où il demeurera en captivité pendant trois ans. 24 mars, les Etats généraux de langue d'oc, réunis à Toulouse, votent à leur tour, après les états généraux de langue d'oïl la Grande Ordonnance limitant les pouvoirs royaux sur le modèle de la Magna Carta, grande charte anglaise de 1215. 29 avril au 1er mai, à Fano, un parlement convoqué par le cardinal Egidio Albornoz, légat et vicaire général des États pontificaux, approuve les Constitutions dites égidiennes (Constitutiones Sanctæ Matris Ecclesiæ), un recueil de lois en six livres, qui divise les États pontificaux en 7 provinces (Rome, la Campanie, la Marittima, le Patrimoine de saint Pierre en Toscane, la Sabine, la marche d'Ancône et le duché de Spolète), chacune contrôlée par un gouverneur (en vigueur jusqu’en 1816). 28 mai, mort d'Alphonse IV de Portugal auquel succède son fils Pierre Ier de Portugal, surnommé le Justicier ou le Cruel, et notamment connu pour sa relation adultérine avec Inès de Castro assassinée en 1355 sur les ordres de son père ; il fit exécuter les meurtriers, exhumer Inès de Castro qu'il fit placer sur un trône et couronner reine du Portugal. 29 mai, bataille de Catane : victoire navale sicilienne d'Artal de Alagón sur la flotte du roi de Naples. 20 juin, bataille d'Acireale : les forces napolitaines doivent lever le siège de Catane et subissent des pertes considérable pendant la retraite ; la noblesse sicilienne se rallie à Frédéric III de Sicile et Messine sera reprise avant 1359. 5 juillet, échec du Siège de Rennes mené par le duc de Lancastre, pendant la Guerre de Succession de Bretagne ; Bertrand Du Guesclin participe à la défense de la ville. Assassinat de Djanibeg, khan de la Horde d'or : son fils, Mohammed Berdibeg, lui succède. En Corse, un mouvement populaire, dirigé par Sambucuccio d’Alando, éclate. 23 décembre, Louis Ier de Hongrie prend Zara à Venise. 28 décembre, ratification de la Grande Ordonnance. L’archevêque d’York publie Lay Folks Catechism.

1358. En janvier, premier Traité de Londres : signé par Édouard III d'Angleterre et Jean II de France, il prévoit que l’Angleterre récupère l’ensemble de ses anciennes possessions d’Aquitaine et une rançon de 4 millions d’écus sans renonciation à la couronne de France ; il règle la guerre de succession de Bretagne par une alliance du duché avec l'Angleterre. 22 février, le chef de la Municipalité de Paris, ETIENNE MARCEL (appuyé par Charles le Mauvais, roi de Navarre), qui conduit la révolution communaliste des Parisiens coiffés du chaperon bleu et rouge, pénètre dans l’hôtel du dauphin et fait assassiner les maréchaux de Champagne et de Normandie, conseillers du roi ; le dauphin (futur Charles V), en l’absence du roi Jean II (le Bon) prisonnier des anglais depuis le 19 septembre 1356, est contraint d’arborer les couleurs parisiennes et de renouveler l’ordonnance de mars 1357 associant les bourgeois à la gestion du royaume ; il prend le titre de régent dans l'attente de la libération de son père. 17 mars, le Dauphin cherche refuge auprès des nobles de Picardie et d'Artois. 4 mai, Etats Généraux à Compiègne. 21 mai, à Saint-Leu-d’Esserent près de Beauvais, éclate une Révolte de Jacques (nom dérivé de Jacques Bonhomme, nom collectif donné à la paysannerie par les milieux possédants), provoquée par un incident entre des soldats et quelques paysans excédés par les taxations royales et seigneuriales (il faut alors payer la rançon du roi Jean le Bon, prisonnier des Anglais) ; la Grande jacquerie s’étend ensuite rapidement dans la plaine de Flandre, en Picardie, en Normandie, en Champagne, en Brie et en Ile-de-France : des châteaux sont pillés et incendiés, des nobles tués. 9 juin, à Mello près de Clermont en Beauvaisis, les jacques 3, menés par un ancien soldat, Guillaume Carle (Karl) dit Bonhomme 3 ou le Sot, sont massacrés par le roi de Navarre, Charles le Mauvais : 7 000 paysans tués, 20 000 exécutés en 2 semaines. 27 juin, création de la république de Raguse à la suite du Traité de Zara. 31 juillet, devant la porte Saint-Denis, alors qu’il s’apprête à livrer les clés de la ville à Charles le Mauvais et aux troupes navarraises et anglaises, Etienne Marcel est assassiné par Jean Maillard, ce qui permet au dauphin de retrouver sa capitale. 16 août, mort d'Albert II le Sage, duc d'Autriche et de Styrie, de la maison de Habsbourg : il laisse à l'Autriche un patrimoine politique important, notamment une règle de succession ; ses fils sont déclarés corégents des biens des Habsbourg, l’aîné, Rodolphe IV le Fondateur, duc d’Autriche et de Styrie assure le gouvernement et promulgue le Privilegium Maius pour assurer l’indépendance de l’Autriche ; Albert II annexa les duchés de Carinthie et de Carniole et fut sollicité par le pape Benoît XII et par Philippe VI dans la résolution de conflits avec l'empereur Louis. Un moine chroniqueur, Richard Lescot, redécouvre la loi salique ; elle sera utilisée pour justifier la légitimité des Valois.

1359. 24 mars, devant le pouvoir grandissant du Dauphin et la fin de la trêve signée en 1358, Jean le Bon signe le Traité de l'Endenture (second Traité de Londres), afin de récupérer son trône : il accorde à Edouard III les anciennes possessions d'Aquitaine, les anciens fiefs anglais ; le duché de Bretagne passe sous souveraineté anglaise ; le Traité, parvenu à la Cour des comptes le 27 avril, est refusé par les Etats généraux 1. 21 août, Traité de Pontoise : au mépris du Traité de l'Endenture, le dauphin Charles, régent du royaume, rend à la Navarre les forteresses perdues au profit de la France, et attribue une rente et une indemnité en compensation des dommages ; Charles II de Navarre renouvelle son hommage au Dauphin qu'il assure de sa loyauté. 13 novembre, mort d'Ivan II de Russie, le Débonnaire : au détriment de son fils, la Horde d'Or place sur le trône Dimitri III de Souzdal. 4 décembre, Édouard III met le siège devant Reims (fin le 11 janvier 1360). Le Grand Ferré, un « paysan d’une force de membres incroyable, d’une corpulence et d’une taille énormes, plein de vigueur et d’audace, se distingue à la défense du château de Longueil-Sainte-Marie face aux Anglais : armé de sa seule hache et accompagné de ses frères paysans, il réussit à mettre en déroute une armée anglaise composée de deux cents hommes ; ayant contracté une pneumonie après avoir apparemment bu de l'eau froide et avoir été emmené à son chalet de Rivecourt pour se rétablir, il meurt peu de temps après non sans avoir tué à coups de hache 5 Anglais qui pensaient pouvoir le surprendre pendant son sommeil, tandis que les autres s'enfuyaient...

1360. Récurrence de la peste en Europe ; l'Angleterre perd 22,7 % de sa population. 11 janvier, Édouard III d'Angleterre tente sans succès d'entrer dans Reims pour s'y faire sacrer ; il est mis en fâcheuse posture par le dauphin Charles qui refuse obstinément le combat par la stratégie de la terre déserte. 8 mars, signature d'un Traité de paix entre la France (Jean le bon) et l'Angleterre (Édouard III) pour mettre fin à la guerre de Cent Ans (mais la guerre reprendra 9 ans plus tard). 10 mars, Traité de Guillon ou Traité des moutons d'or entre Philippe de Rouvres, duc de Bourgogne, et le roi d'Angleterre, Edouard III : les Bourguignons, battus, acceptent de payer 200 000 deniers d'or (garanti par des otages volontaires) et la libre circulation des Anglais sur leur territoire. 12 avril, Édouard III lève le siège de Paris et prend la direction de la Beauce. 13 avril, Black Monday : alors que l'armée anglaise est quelque part dans le territoire l'actuelle Yvelines, une terrible tempête éclate ; un orage de grêle tue les bêtes et les gens, détruit les chariots, les vivres et l'armement. 8 mai, Paix de Brétigny, Edouard III d’Angleterre, qui a accepté la médiation des légats du pape, renonce à revendiquer le trône de France ; l’Anjou et la Normandie restent à la France ; des délais de paiement de la rançon (ramenée de 4 à 3 millions d’écus) du roi de France Jean II le Bon (prisonnier des Anglais depuis 1356), sont accordés contre remise d’otages (Jean le Bon sera libéré le 8 juillet) ; la France cède des terres au nord entre Calais et le Ponthieu et au sud, l’Aquitaine ; le dauphin Charles (V) permet le retour des Juifs contre paiement d’une taxe destinée à payer la rançon du roi Jean II le Bon. 28 juin, après avoir fait assassiner son prédécesseur, Ismaïl II, Mohammed VI al-Ahmar devient le dixième émir nasride de Grenade. En août, le pape adresse à Barnabé Visconti seigneur de Milan une première accusation d'hérésie (en1359, Barnabé tenta de reprendre Bologne que Giovanni Visconti d'Oleggio avait cédé au pape) ; l'année suivante, c'est l'empereur Charles IV qui, en accord avec le pape, émettra un décret de condamnation de son vicaire impérial milanais. 24-26 octobre, le Traité de Brétigny est ratifié à Calais par les rois Jean II de France et Édouard III d'Angleterre. 25 octobre, libération de Jean le Bon. 5 décembre, l’Ordonnance de Compiègne crée l’impôt royal et, pour fêter la libération de Jean le Bon, le franc (franc à cheval). Nuit du 27 au 28 décembre, les Grandes compagnies prennent la ville de Pont-Saint-Esprit ; en hiver, les Grandes Compagnies (soldats mercenaires démobilisés par le dauphin Charles suite à la Paix de Brétigny, appelés écorcheurs en Bourgogne et tard-venus dans le Lyonnais) pillent la vallée du Rhône (même le pape est rançonné dans Avignon qu'il fait ceinturer de remparts ; les paysans s’organisent en pacifères pour se défendre) ; les méfaits des Grandes compagnies dureront jusqu’en 1365.

1361. Au début de l'année, réapparition de la peste à Paris, à Avignon et à Londres ; les troupes de mercenaires apporteront avec elles la peste en Lombardie (1362) et en Aragon. 13 avril, fondation de l'Université de Pavie par l'empereur Charles IV. 16 juin, à Strasbourg, mort du dominicain Jean Tauler, appelé Docteur illuminé : mystique, théologien influencé par les néo-platoniciens et prédicateur, il était un disciple de maître Eckhart. 16 juillet, Lorenzo Celsi est élu doge de Venise. Les Tard-Venus (une des grandes compagnies de mercenaires démobilisés) ravagent la Champagne et la Bourgogne, puis les régions riveraines de la Saône et du Rhône. Murat Ier prend Andrinople (Edirne) qui deviendra capitale en 1365 : les Ottomans affirment par ce choix leur intention de demeurer en Europe. 7 septembre, Traité de Greifswald entre le roi Magnus VII de Suède, son fils le roi Haakon VI de Norvège et la Hanse contre Valdemar Attertag de Danemark ; Magnus VII se rétablit sur le trône de Suède mais doit associer au pouvoir son fils Haakon VI, qui rétablit l'Union. 23 décembre, à Dijon, à la mort de son beau-fils, Philippe de Rouvres, duc de Bourgogne (21 novembre), Jean le Bon réunit à la couronne le duché de Bourgogne, au profit de son fils cadet Philippe le Hardi (septembre 1363).

1362. 8 janvier, reddition de la ville de Cahors au capitaine anglais John Chandos. 6 avril, Bataille de Brignais au sud de Lyon, les Tard-Venus, une compagnie de routiers, après avoir ravagé la Champagne et la Bourgogne, puis les régions riveraines de la Saône et du Rhône, défont l'armée royale et tuent plusieurs barons, dont Jacques de Bourbon. 26 mai, mort du roi de Naples, Louis de Tarente ; sa veuve, Jeanne de Naples, résolue à régner par elle-même, cache sa mort pendant plusieurs jours. 19 juillet, le roi d'Angleterre, Edouard III, fait de la Guyenne la principauté d'Aquitaine à la tête de laquelle il place son fils Edouard, le prince de Galles, surnommé le Prince Noir. 12 septembre, mort du pape Innocent VI. 13 septembre, Hugues Roger, frère du pape Clément VI et camerlingue du Sacré Collège (1361), est élu pape, mais il refuse la charge papale. 28 septembre, élection du pape Urbain V.


Notes
1 http://www.linternaute.com/histoire/jour/evenement/24/3/1/a/60731/0/
second_traite_de_londres_l_endenture.shtml
2 http://fr.wikipedia.org/wiki/Cola_di_Rienzo
3 Le chroniqueurJean Froissart, dépeint, sous le terme de Cruautés des JACQUES BONHOMME, un tableau des méfaits de ceux qu'il qualifie de chiens enragés (Gallica, Les chroniques de sire Jean Froissart). JACQUES BONHOMME est le nom attribué par Jean Froissart à Guillaume Caillet, Callet, Cale, Carle ou Karle dit Bonhomme ou le Sot. En réalité, derrière l'expression Jacques Bonhomme, les sources de l'époque désignent l'ensemble des révoltés de la Grande Jacquerie de 1358. Elle vient de l'ancien français jacques, qui désigne les paysans du fait du port d'une veste courte du même nom, la jacque. La chronique de Jean de Venette précise que ce sobriquet de Jacques Bonhomme fut attribué par les nobles aux paysans, pour les tourner en ridicule. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Bonhomme)
4 On raconte que le PRINCE NOIR, mort en 1376, portait au combat une rare armure de couleur noire qui ne faisait que renforcer sa réputation de guerrier brutal et sans pitié. Imaginez maintenant que ce ténébreux combattant, arme au poing, assoiffé de victoire, chevauchait un cheval… pas plus grand qu’un poney. Voilà la drôle de conclusion à laquelle est parvenue une équipe d’archéologues et d’historiens de l’Université d’Exeter, en Angleterre. Dans un article publié le 22 décembre 2021 dans l'International Journal of Osteoarchaeology, les chercheurs expliquent avoir analysé le plus grand ensemble d’ossements de chevaux anglais, couvrant une période de 300 à 1650 après J.-C. et réparti sur 171 sites archéologiques distincts. Leur conclusion est sans appel : les chevaux de guerre médiévaux étaient loin d’être les bêtes massives et puissantes que le cinéma et les séries d’aujourd’hui mettent volontiers en scène. Ils mesuraient souvent à peine plus 1,40 mètre de hauteur au garrot (https://www.sciencesetavenir.fr/animaux/chevaux/au-moyen-age-les-chevaux-de-combat-n-etaient-pas-plus-grands-que-des-poneys-conclut-une-etude_160560).

Sources


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Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 01/03/2024

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