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Jacques Fournier, fils d’un boulanger ou d'un meunier, naît à Saverdun (Ariège) vers 1285. Moine cistercien et docteur en théologie, il est abbé de Fontfroide en 1311. Evêque de Pamiers en 1317 puis de Mirepoix en 1326, il est un inquisiteur plutôt modéré qui fait périr sur le bûcher 5 hérétiques albigeois de Montaillou. Nommé cardinal par Jean XXII en 1327, il est surnommé le cardinal blanc parce qu'il conserve l'habit blanc des cisterciens. Elu pape à l’unanimité (24 cardinaux) le 20 décembre 1334 après un conclave de 7 jours, il choisit le nom de Benoît par rapport à la règle de saint Benoît ; il est intronisé le 26. Benoît XII fait construire le palais des papes, réorganise l’Eglise, lutte contre la commende, la simonie et le népotisme (il aurait refusé les nobles alliances que l’on proposait à ces nièces). Il essaie de mettre un terme au schisme grec. Il ajoute une troisième couronne à la tiare pontificale. Prophétie de Malachie : Frigidus Abbas (l’abbé froid). 1334. 20 décembre, élection du pape. 1335. 4 février, révolte des Gibelins à Gênes : ils chassent le vicaire du roi Robert de Naples et la plupart des Guelfes (papistes). 2 avril, mort d'Henri de Goritz : la Carinthie et la Carniole passent aux Habsbourg ; le 2 mai, Othon d'Autriche devient duc de Carinthie. Disette en Languedoc. 12 juillet, Benoît XII promulgue sa constitution Fulgens sicut stella matutina par laquelle il rend les études universitaires obligatoires pour les moines cisterciens, en même temps qu’il pourvoit à une meilleure organisation financière des monastères et au maintien de la simplicité de vie. En août, le roi mérinide (berbère) Abu al-Hasan ben Uthman, en guerre contre les Abdalwadites prend Nedroma dont il massacre la garnison, puis commence le deuxième siège de Tlemcen au Maghreb central. 24 août, Jean Ier de Bohême renonce au trône de Pologne à la conférence de Trenčín. 12 novembre au 3 décembre, Congrès de Visegrád : alliance entre les rois Casimir III de Pologne, Jean Ier de Bohême et Charles Robert de Hongrie ; suzeraineté de la Bohême sur la Silésie ; accords économiques entre la Bohême et la Pologne, décidant le boycott de Vienne ; les marchands allemands ont une voie directe à l'or hongrois par Wrocław et Brno. 1335-1336. Réforme cistercienne et bénédictine. 1336. 24 janvier, mort d'Alphonse IV d'Aragon : son fils, Pierre IV, lui succède. 29 janvier, la bulle Benedictus Deus propose un enseignement sur la vie après la mort : paradis, enfer et purgatoire. A Erfurt, le bégard Constantin est exécuté pour avoir soutenu qu’à l’égal du Christ il était le fils de Dieu, qu'Augustin d'Hippone, les docteurs de l’Église, le pape et les clercs trompaient les hommes, et que les sacrements n’étaient qu’une fiction entretenue par les prêtres pour satisfaire leur cupidité 2. 4 juillet, Bataille de Minatogawa : le clan Ashikaga vainc les troupes loyales à l'empereur japonais Go-Daigo qui est forcé de s'enfuir de la capitale. 9 août, dans la rue de la Montagne-Sainte-Geneviève à Paris, fondation du collège de Hubant par Jean de Hubant, conseiller du roi et président de la Chambre des Enquêtes au Parlement de Paris. 28 novembre, la bulle Redemptor noster condamne les fraticelles et prescrit aux Franciscains l’uniformité des vêtements et l’assiduité aux offices divins ; elle insiste sur la formation des missionnaires dont la foi et la science doivent avoir été vérifiées avant le départ. 1337. 1er janvier, Philippe VI fait frapper un nouvel écu (4,5 g d’or fin). De Paris, Guillaume d’Occam (dit Dialogus), excommunié et menacé d’arrestation, s’enfuit à Pise. A Venise, les spirituels Francesco de Pistoia, Lorenzo Gherardi, Bartolomeo Greco, Bartolomeo da Bucciano, Antonio Bevilacqua et dix autres moines franciscains sont brûlés vifs. A Laon, Révolte des serfs du domaine du chapitre de la cathédrale. 24 mai, suite aux pressions économiques que le roi d'Angleterre Édouard III exerce sur les Flandres, Philippe VI décrète la saisie de Bordeaux et du duché de Guyenne qu’il envahit avec ses armées. 7 juin, mort de Guillaume Ier de Hainaut, comte de Hainaut, de Hollande et de Zélande ; il mit fin aux abus du clergé et de la noblesse en matière de levée d'impôts sur ses sujets ; il prit parti pour son gendre Édouard III, le roi d'Angleterre, contre son beau-père, Philippe VI de Valois, le roi de France. 25 juin, mort du roi de Sicile, Frédéric II : son fils, Pierre II de Sicile, lui succède. 7 octobre, à l'abbaye de Westminster, le roi d’Angleterre, Édouard III revendique publiquement le trône de France occupé par son cousin, Philippe VI ; Édouard III, fils d’Isabelle (la fille du dernier roi de France Philippe le Bel), se déclare héritier légitime du trône de France. 1er novembre, l’évêque de Lincoln apporte au soi-disant roi de France, Philippe VI de Valois, les lettres de défi écrites le 19 octobre par le roi d'Angleterre Édouard III, lequel somme son adversaire de renoncer à un royaume acquis indûment : la rupture est officielle, c’est le début de la Guerre de Cent Ans. 15 novembre, l'empereur germanique Louis IV donne à l'Ordre Teutonique le privilège impérial leur confiant la mission de conquérir la Lituanie et la Russie. 28 décembre, le roi d'Angleterre pousse les habitants de Gand, capitale du Comté de Flandre, à la révolution contre les français : mais, menés par Jacob van Artevelde, ils déclareront leur neutralité dans le conflit franco-anglais et s'administreront eux-mêmes jusqu'en 1345. 1338. 3 janvier, Jacob van Artevelde prend le contrôle de l'Insurrection des Gantois et assume le gouvernement dans le comté de Flandre. 17 mai, Louis IV de Bavière proclame le manifeste Fidem Catholicam selon lequel l'autorité impériale procède directement de Dieu et non du pape. Incursions chinoises dans les royaumes himalayens de l'Inde ; une armée entière du sultan de Delhi est perdue dans une expédition au Garhwal, dans l'Himalaya, anéantie par les Tibétains ; le Bengale en profite pour faire sécession. 16 juillet, les électeurs réunis à Rhense approuvent par une loi (Weistum) le Fidem catholicam : le pape n’a aucun droit à nommer un roi en Allemagne et l’élu des princes est ipso facto empereur. 6 août, la Diète de Francfort promulgue la constitution Licet juris utriusque testimonia et l’assortit de commentaires assez violents contre la papauté. 23 septembre, Bataille navale d'Arnemuiden aux Pays-Bas : victoire des Français sur les Britanniques. 31 octobre, le pape, après avoir reçu une ambassade mongole le 13 juin, désigne quatre légats, dont Jean de Marignolli, pour se rendre en Chine auprès du grand Khan Shundi ; ils quittent Avignon en décembre. 1339. 21 février, Bataille de Parabiago dans l'actuelle province de Milan entre les troupes milanaises d'Azzon Visconti, conduites par son oncle Luchino, et la Compagnia di San Giorgio de son autre oncle Lodrisio, prétendant à la seigneurie de Milan : la victoire est remportée par les Milanais. 12 mai, le dauphin Humbert II de Viennois fonde l'université de Grenoble. 28 juin, à Séville, Traité entre Alphonse IV de Portugal et Alphonse XI de Castille. 21 juin, Bataille de Laupen : les troupes de Louis IV de Bavière, l'empereur du Saint Empire romain germanique, sont vaincues par les forces des seigneurs féodaux du canton de Berne. 23 septembre, à Gênes, une révolte populaire porte au pouvoir Simone Boccanegra, le premier doge 3 de Gênes, avec le titre de doge à vie. 3 décembre, Traité entre Édouard III et les insurgés flamands qui le reconnaîtront comme roi de France le 6 février 1340. 1340. 23 janvier, à Gand, Édouard III d'Angleterre prend le titre de roi de France. 31 mars, mort d'Ivan Ier de Russie : son fils aîné, Siméon Ier de Russie, dit le Fier ou le Superbe, lui succède. 1er avril, Niels Ebbesen, un seigneur jutlandais, assassine le comte Gérard III de Holstein, régent du Royaume du Danemark, dont le pupille, Valdemar IV de Danemark, dit Le Restaurateur, sera couronné roi du Danemark le 21 juin. 15 juin, mort de l'empereur byzantin, Andronic III Paléologue : son fils, Jean V Paléologue, 9 ans, lui succède ; Jean Cantacuzène, cousin du défunt, assure la régence. 24 juin, Bataille navale de l'Ecluse (Bruges) : Edouard III détruit la flotte française. 26 juillet, Bataille de Saint-Omer : victoire française sur les troupes anglaises. Alphonse XI de Castille fonde un monastère dédié à la Vierge de Guadalupe. A partir de cette année 1340, l’université de Montpellier reçoit, tous les deux ans puis tous les ans, le cadavre d’un supplicié pour organiser une dissection. A Aurillac, Jean de Roquetaillade 1, en raison de ses sympathies pour les Fraticelles, fait l’objet d’une première mise en garde de l’Inquisition. 25 septembre, Edouard III d'Angleterre signe la Trêve d'Esplechin-sur-Escaut avec le roi de France Philippe VI. 30 octobre, les armées coalisées luso-castillanes repoussent les envahisseurs marinides (Berbères) à la bataille de Tarifa (Andalousie). 1341. 8 avril, au Capitole, le sénat romain décerne à Francesco Petrarca (Pétrarque) la couronne de laurier d'Apollon qui récompense les grands savants. 30 avril, mort du duc Jean III de Bretagne dit Le Bon, sans héritier direct ; Jeanne de Penthièvre et Jeanne de Flandre (Guerre des deux Jeanne) se disputent l'héritage pour leurs maris respectifs : Charles de Blois et Jean de Montfort. Au concile de Constantinople, Barlaam dénonce la doctrine de Grégoire Palamas qui met une distinction entre l’essence et l’opération de Dieu, mais c'est Barlaam qui est condamné. A Aix-en-Provence, les Juifs sont tenus de résider dans un quartier spécifique. 15 juin, mort de l'empereur byzantin, Andronic III Paléologue : son fils de 9 ans, Jean V Paléologue, lui succède ; Jean Cantacuzène, cousin du défunt, devient de facto régent. 7 septembre, par l'Arrêt de la Cour des pairs à Conflans, le roi Philippe VI de France reconnaît duc de Bretagne Charles de Blois dont le rival, Jean de Montfort, est soutenu par les Anglais : début de la Guerre de Succession de Bretagne. Fin septembre, avec 5 000 hommes, le fils du roi de France, Jean II de France dit Le Bon, envahit la Bretagne ; Jean de Montfort, qui avait remporté le duché de Bretagne contre Charles de Blois, se rendra à Jean le Bon, à Nantes, en novembre. 8 octobre, élection de Jean Cantacuzène au trône impérial par la noblesse d'Andrinople ; il est couronné le 26 ; le peuple se révolte contre les nobles pour soutenir l’empereur légal Jean V Paléologue ; Alexis Apokaukos, amiral en chef et commandant de la flotte byzantine, déclenche une guerre civile (qui durera jusqu'en 1347) contre Jean VI Cantacuzène ; en 1345, Apokaukos sera tué par des prisonniers révoltés. 1342. 20 mars, ordonnance royale instaurant la gabelle, impôt sur le sel, qui provoque de nombreux remous. En avril, une lettre de Philippe VI atteste que lors des cérémonies de la confrérie de Saint-Nicolas, le bâtonnier de l’ordre des avocats porte le bâton de saint Nicolas. 25 avril, à Avignon, mort du pape. Notes 1 JEAN DE ROQUETAILLADE, auteur du Traité De la quintessence (De quinta essentia ; De consideratione quintae essentiae rerum omnium, vers 1350), est né en Catalogne et a fait ses études à Toulouse où il s’initia aux travaux de l’alchimiste Arnaud de Villeneuve. Frère mineur du couvent d'Aurillac, prédicateur et missionnaire, théologien, alchimiste et prophète, il parcourut l’Europe, prêchant jusqu’à Moscou. Hostile à la corruption de l’Église et à la politique du pape Jean XXII, il proclama que Rome sera dépouillée du superflu dont elle a abusé. En 1340, à Aurillac, en raison de ses sympathies pour les Fraticelles, il fit l’objet d’une première mise en garde de l’Inquisition. Il fut emprisonné au couvent franciscain de Figeac, en décembre 1344. Le 1er août 1346, à Toulouse, il fut jeté dans un horrible cachot où il crut perdre la vie ; un an plus tard, il fut transféré à la prison de Rieux où il parvint à convaincre ses gardiens de le conduire à Avignon auprès du pape Clément VI pour lui présenter une requête. Il fut assigné à résidence à Avignon. De juin à décembre 1365, le pape Urbain V lui fit envoyer des subsides, alors que, malade, il était hospitalisé au couvent des Frères Mineurs d’Avignon. Jean de Roquetaillade, mort à Avignon entre 1366 et 1370, ne serait donc pas mort en prison comme l’a dit Froissart, mais au couvent des Frères mineurs d’Avignon (https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Roquetaillade). 2 Marie-Madeleine DAVY, Raoul VANEIGEM (Encyclopédie Universalis) 3 du latin dux, ducis = chef Sources Liste des papes Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 25/05/2024 |