Léon IV, pape

Léon naît à Rome.
Eduqué au monastère de Saint Martin, proche de la basilique Saint Pierre, il gravit tous les échelons de la cléricature (de moine à cardinal), avec tant de mérites qu’il est élu à l'unanimité pour succéder au pape Serge II le 27 janvier 847 et intronisé le 10 avril.
Léon IV doit souvent rappeler à l’obéissance les évêques d’au-delà des Alpes, en particulier Hincmar de Reims. Il a la même attitude envers le patriarche de Constantinople et sait garder assez d’indépendance à l’égard du pouvoir impérial. 1
Il combat Anastase, qu'il fait anathématiser à deux reprises (en 850 et en 853) par des synodes, et qui tentera de s'emparer du Saint Siège à sa mort.
Il embellit Rome et crée un nouveau quartier (la cité léonine).
Il mène à bien les travaux de fortification de la cité du Vatican (la muraille léonine) contre les invasions sarrasines, avec l’aide financière de toute la chrétienté : l’inauguration a lieu le 27 juin 852.
Il menace d’excommunication un abbé qui ne veut pas du chant grégorien dans son monastère.
Il meurt le 17 juillet 855.
Saint Léon IV est fêté le 17 juillet.


847. 27 janvier, élection du pape. Selon les fausses décrétales dites isidoriennes, le pape, garant de l’indépendance de l’Eglise face aux pouvoirs temporels, est le suzerain de la terre. Un capitulaire de Charles le Chauve ordonne aux hommes libres de se choisir un seigneur. Constitution du duché de France donné à Robert le Fort, ancêtre des Capétiens. L’empereur de Chine rouvre des couvents bouddhistes.

847-861. Califat de Jafar al-Mutawakkil (dernier abbasside) qui promulgue des décrets imposant aux dhimmis (non-musulmans) le port d'insignes divers (un morceau d’étoffe jaune sur la manche) et d'un costume couleur miel (850), allant jusqu'à exiger que les esclaves de ces dhimmis soient immédiatement identifiables dans les places de marché. Ces décrets prévoient aussi la destruction de toutes les églises et synagogues construites depuis l'avènement de l'islam. Il est assassiné le 11 décembre 861 par un soldat turc aux ordres de son fils al-Muntasir.

848. 6 juin, Charles le Chauve est sacré roi de Francie et couronné à Orléans. Le moine saxon GOTTSCHALK (ou Godescalc ou Gotescalc) d’Orbais (près de Mayence, v. 805 - Hautvillers, v. 868), appelé aussi Fulgence, théologien allemand, est condamné, à la suite d’une controverse avec Raban Maur et Hincmar, pour ses thèses, jugées hérétiques, sur la prédestination par le concile de Mayence et emprisonné dans un monastère pendant 20 ans ; Gottschalk élabora, vers 840, une théorie de la double prédestination, celle des élus et celle des réprouvés ; en vrai prédestinatianiste, il affirmait que Dieu, sachant les bonnes actions des justes, les avait prédestinés à la vie éternelle, tandis qu’il envoyait les méchants à la mort éternelle, sachant bien leurs fautes, et l’abus qu’ils feraient de grâces tout autant reçues que méprisées ; ses théories furent réfutées par Jean Scot Érigène mais reprises par certains théologiens de Lyon.

848-849. Pillage des îles Baléares par la flotte de l’émir de Cordoue : de nombreux chrétiens capturés sont vendus comme esclaves.

849. Le pape rassemble une flotte (Amalfi, Gaète et Naples) et bat les Sarrasins à Ostie. En avril ou mai, le concile de Quierzy-sur-Oise, présidé par Hincmar, condamne Gottschalk d’Orbais, dont les opinions concernant la prédestination sont considérées comme hérétiques ; le concile décrète : « Il n’y a, il n’y a eu et il n’y aura aucun homme pour qui le Christ n’ait pas souffert, bien que tous pourtant ne soient pas rachetés par le mystère de sa Passion. Que tous ne soient pas rachetés par le mystère de sa Passion ne concerne ni la grandeur ni l’abondance du rachat, mais la partie des infidèles et de ceux qui ne croient pas de cette foi qui « agit par la charité » ; car la coupe du salut de l’humanité, faite de notre faiblesse et de la puissance divine, contient bien ce qui est utile à tous ; mais si l’on n’y boit pas, on n’est pas guéri ». En automne, concile de paris auquel participe Prudence, l'évêque de Troyes.

Vers 850. Fondation de Tula par les Toltèques. La Chine connaît la poudre.

850. 18 avril, à Cordoue, le prêtre Perfectus (Parfait) qui a osé débattre des erreurs de l’islam avec deux faux amis musulmans qui l’ont dénoncé, est décapité pour blasphème (Martyrologe). A Cordoue, le marchand chrétien Johannes est torturé puis emprisonné pour avoir prononcé le nom de Mahomet pendant une vente (Martyrologe). Installation des Vikings aux embouchures de la Seine et de la Loire et en Frise (ils utilisent la cavalerie). En Italie, fondation de l’école de médecine de Salerne, c’est la première université européenne et aussi la plus ancienne connue. Disparition du bouddhisme dans le Nord de l’Inde, l’hindouisme et le jaïnisme le remplacent. En Ecosse, Kenneth Mac Alpin, roi des Scots, revendique le trône des Mac Fergus (rois des Pictes) qui ont été incapables de repousser les attaques des Vikings : l’union des Pictes et des Scots formera le royaume de Scotland.

851. 7 mars, près de Vendôme, mort de Nominoë, roi de Bretagne, et chef des Bretons : son fils Erispoë lui succède. Les Vikings attaquent Londres. A Cordoue, édit de Abd al-Rahman II punissant notamment de mort tous les blasphémateurs envers l’islam ; dit le Victorieux, il a pris Barcelone et repoussé les pirates Normands ; 4e émir omeyyade de Cordoue (822-852), sa cour est la plus brillante de toutes celles de l’Europe. A Cordoue, révolte des mozarabes (nom donné aux chrétiens vivant en Espagne pendant la domination islamique) ; une cinquantaine sont martyrisés sur le marché. 3 juin, à Cordoue, crucifixion ou décapitation du moine Isaac pour blasphème envers l’islam (Martyrologe). 5 juin, à Cordoue, Sanche, chrétien originaire d’Albi, prisonnier des musulmans puis soldat de l’émir, est empalé pour avoir refusé de se convertir à l’islam (Martyrologe). 7 juin, à Cordoue, Pierre, prêtre, Wallabonse, diacre, Wistremond, Habence, Sabinien et Jérémie, moines, sont décapités (Martyrologe). 16 juillet, à Cordoue, décapitation du diacre Sisenand (Martyrologe). 20 juillet, à Cordoue, martyr du diacre Paul après qu'il a défendu la divinité du Christ (Martyrologe). 25 juillet, à Cordoue, martyr de Théodemir, moine de Carmona (Martyrologe). 22 au 23 août, Bataille de Jengland : Erispoë bat les troupes de Charles le Chauve à Jengland-Beslé et assure sa suprématie sur toute la Bretagne ; en septembre, par le Traité d'Angers, il deviendra vassal de Charles le Chauve avec droit aux insignes royaux ; la marche de Bretagne dont Nantes est la capitale est intégrée à la Bretagne par le traité d'Angers. 21 octobre, à Castro-Viejo en Castille, Alodia (ou Elodie) et sa sœur Nunilo, jeunes Wisigothes, filles d’une mère chrétienne et d’un père musulman, qui passent outre le décret d’Abd al-Rahman II interdisant la pratique de la religion chrétienne à toute personne ayant un parent musulman, sont décapitées (Martyrologe). 24 novembre, à Cordoue, Flora et Maria, nées d’un père musulman et d’une mère chrétienne, et qui veulent rester chrétiennes, sont décapitées (Martyrologe).

852. 9 janvier, les Vikings, avec à leur tête Sydroc, détruisent l'abbaye de Saint-Wandrille de Fontenelle, et, pour la première fois, hivernent en Basse-Seine jusqu'au 5 juin ; ils s'installent également à l'embouchure de la Charente et dévastent le Bas-Poitou. 13 janvier, à Cordoue, Abdallah et le prêtre Gomez sont exécutés pour avoir confessé la foi chrétienne face à l'islam (Martyrologe). 27 juillet, à Cordoue, décapitation du moine et diacre palestinien Georges, de la religieuse Labigotho et de 4 autres chrétiens : Nathalie et son mari Aurèle ainsi que Félix et sa femme Liliora (ou Liliose ou Liliane) ; Nathalie et Liliose s'étaient fait remarquer dans la rue parce qu'elles avaient retiré leurs voiles (Martyrologe). 20 août, à Cordoue, exécution des chrétiens Léovigild et Christobal (Martyrologe). 15 septembre, à Cordoue, les chrétiens Emile et Jérémie sont exécutés (Martyrologe). 16 septembre, à Cordoue, le jeune chrétien Abdallah (Serdieu ou Sero-Dio) et le moine Rogel sont décapités (Martyrologe). 9 octobre, une flotte normande, dirigée par Godfredr Haraldson, remonte la Seine ; elle est rejointe par les 250 navires de Sydroc, qui vient de remporter d'importants succès sur la côte frisonne ; les Scandinaves se retranchent dans une petite île de la Seine, Oscellus (sans doute Jeufosse, près des Andelys) ; Lothaire Ier et Charles le Chauve unissent leurs forces, en vain : Charles doit payer de nouveau un tribut (danegeld) pour obtenir le départ des Vikings.

853. Le concile de Soissons condamne les clercs qui sont entrés en conflit avec Hincmar, l’archevêque de Reims, en raison de ses positions différentes de celles de son prédécesseur, l’archevêque Ebbon ; Sigon, l'évêque de Clermont et Prudence l'évêque de Troyes participent au concile. 22 mai, sac de Damiette par l'Empire byzantin. En juin, les Vikings de Sydroc quittent la Seine pour remonter la Loire ; ils incendient Nantes, Angers, Saumur, le monastère de Saint-Florent-le-Vieil et Tours ; les années suivantes, ils iront jusqu'à Orléans et menaceront Redon puis Poitiers. 13 juin, à Cordoue, exécution du moine-prêtre Fandila pour blasphème contre l’islam (Martyrologe). 14 juin, à Cordoue, Anastase, Félix et la jeune moniale Digna sont exécutés (Martyrologe). 15 juin, à Cordoue, Bénilde est exécutée (Martyrologe). 17 septembre, à Cordoue, refusant de devenir musulmane, Colombe (Paloma), moniale à Tabane, est décapitée (Martyrologe). 19 septembre, à Cordoue, décapitation de Pomposa, une moniale (Martyrologe). 8 novembre, les Vikings pillent Tours.

854. 11 juillet, à Cordoue, Abonde ou Abondino, prêtre à Ananelos, est livré aux chiens (Martyrologe).

855. 6 janvier, concile de Valence sur le Rhône sur la prédestination et la grâce auquel souscrivent Rotland l'archevêque d'Arles et les évêques de Lyon et de Vienne. 30 avril, à Cordoue, les chrétiens Amator, Louis et Pierre, sont exécutés (Martyrologe). 17 juillet, mort du pape ; Hincmar, archevêque de Reims de 845 à 882, raconte ceci : « L’empereur Lothaire ayant envoyé des députés à Rome pour obtenir un privilège, ils apprirent en route la mort de Léon IV, et trouvèrent, à leur arrivée, le pape Benoît III déjà sur le siège pontifical. »


Note
1 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1524/Saint-Leon-IV.html

Sources


Pape suivant : Benoît III
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 04/03/2024

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