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L’apollinarisme est la doctrine hérétique enseignée par Apollinaire le Jeune (v. 310-390), évêque de Laodicée (Syrie) en 362. Apollinaire de Laodicée (wdict.net) Apollinaire, ardent ennemi des ariens 1, soutient que le Logos (la Parole, le Verbe divin) a pris la place de l'esprit humain rationnel du Christ. Le corps du Christ est régi immédiatement et directement par le Logos lui-même. Il n’y a, dans le composé divino-humain qu’est le Christ, qu’une seule source vitale, un seul principe dynamique, même au niveau purement biologique : le Verbe. Seule l’union directe du Verbe et de la chair permet de concevoir le Christ comme impassible et invincible dans la tentation. Supposer une humanité complète (âme rationnelle et corps) ouvre la porte à la menace constante d’une division. Jésus-Christ, lorsqu'il se fit homme, ne prit que l'âme sensitive (la psyché) et non l'âme intellectuelle (noos) 2. L'apollinarisme nie l'existence d'une âme humaine chez le Christ. Apollinaire rédige un Nouveau Testament en dialogues platoniciens 1. Il établit Vitalis comme évêque de ses partisans 1. A partir de 374, la doctrine d'Apollinaire est condamnée comme hérétique par 3 synodes romains tenus sous le pape Damase Ier : - en 374, le synode est tenu contre Apollinaire et Timothée qui prétendent que Jésus-Christ n’avait point une âme humaine, mais que le Verbe de Dieu animait son corps ; - en 377, le synode condamne les apollinaristes et les marcellianistes, une branche des gnostiques - en 378, le synode renouvelle les condamnations d'Arius, de Sabellius, d'Apollinaire, d'Eunomius et de Photin. En 381, le concile de Constantinople condamne les hérésies des eunoméens ou anoméens, des sabelliens, des marcelliens et des apollinaristes et fixe les formalités de la réception des hérétiques repentis : « les ariens, les macédoniens, les novatiens qui se nomment eux-mêmes cathares ou aristhères, les sabbatiens (novatiens du prêtre Sabbace qui célèbrent la Pâque selon les Juifs), les quartodécimans (parce qu’ils observent la Pâque, comme les Juifs, le quatorzième jour de la lune) et les apollinaristes, sont reçus en donnant un acte d’abjuration, et en renonçant à toute hérésie. On leur donne premièrement le sceau ou l’onction du saint chrême au front, aux yeux, aux narines, à la bouche et aux oreilles ; et en faisant cette onction, on dit : « Le sceau du don du Saint-Esprit ». Mais pour les eunoméens, qui sont baptisés par une seule immersion, les montanistes ou phrygiens, les sabelliens et les autres hérétiques, principalement ceux qui viennent de Galatie, nous les recevons comme des païens. Le premier jour nous les faisons chrétiens, le second catéchumènes ; le troisième nous les exorcisons, après leur avoir soufflé trois fois sur le visage et sur les oreilles. Ainsi nous les instruisons, nous les tenons longtemps dans l’Église à écouter les Écritures ; et enfin nous les baptisons. » (7e canon) Grégoire de Nazianze (v. 330-390) intervient dans le conflit christologique suscité par Apollinaire de Laodicée, dans deux lettres adressées à Clédonius : "Les réalités qui composent le Sauveur sont différentes, mais il ne s’ensuit pas qu’il y ait deux Sauveurs différents ; car les deux choses sont unes par le mélange qui les unit, Dieu s’humanifiant, l’Homme se divinisant [.] Deux natures : le Dieu et l’Homme, mais pas deux Fils." Après la mort de leur chef, en 390, les apollinaristes se divisent en deux partis : - les valentiniens qui restent fidèles à l'enseignement d'Apollinaire ; - les polémiens (d'un certain Polemius) qui émettent l'opinion que Dieu et le corps de Jésus-Christ étaient une seule substance et qu'il faut donc adorer la chair ; de là, ils reçoivent les noms de sarcolâtres, anthropolâtres et sinusiastes. 1 L'apollinarisme subsiste jusqu'au Ve siècle. À cette époque, ses adeptes s'associent aux monophysites (ou eutychéens) qui considèrent que le Christ a une volonté divine et non humaine. Notes 1 http://books.google.fr/books Dictionnaire de la Conversation et de la Lecture Tome II, lettre A, Belin-Mandar, 1832 2 http://fr.wikipedia.org/wiki/Apollinaire_de_Laodic%C3%A9e Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 22/05/2024 |