| |
Aurelius Augustinus naît le 13 novembre 354, à Thagaste (aujourd’hui Souk-Ahras en Algérie). Son père Patricius est païen. En revanche, sa mère Monique est une ardente chrétienne qui œuvre inlassablement pour la conversion de son fils (elle sera canonisée par l’Eglise catholique). Augustin fait des études de rhétorique dans les villes de Thagaste, Madaure et Carthage, en Afrique du Nord. A partir de l'âge de 17 ans et jusqu'à 31 ans, il vit avec une Carthaginoise qui lui donne un fils, Adéodat, en 372. Augustin découvre la philosophie à 19 ans, en lisant l'Hortensius, dialogue de Cicéron aujourd'hui perdu. Il est alors attiré par le manichéisme et y adhère de 372 à 382. Cette doctrine reposant sur le conflit entre le bien et le mal lui paraît correspondre à son expérience intérieure de lutte entre le désir du bien et les pulsions mauvaises. Mais il est déçu, en particulier par sa rencontre avec l’évêque Faustus. En 386, après un passage à Rome où il est arrivé en 383, il se rend à Milan où il a obtenu une chaire de rhétorique. Là, il découvre le néoplatonisme et lit les Ennéades de Plotin. Cette découverte le prépare à la conversion, dont il fait le récit dans Les Confessions (VIII, 12.29). Le 15 août 386, à Milan, alors qu'il s'est retiré dans un jardin, il entend une voix d'un enfant qui répète une petite chanson, jamais entendue auparavant : "tolle, lege, tolle, lege" (= prends, lis, prends, lis !). Il se rappelle alors la conversion d'Antoine, père du monachisme, et avec hâte, il ouvre la Bible et tombe sur le passage suivant : « Comme en plein jour, conduisons-nous dignement : ni ripailles ni orgies, ni coucheries ni débauches, ni querelle ni jalousie, mais revêtez le Seigneur Jésus-Christ, et ne prenez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (Epître de Paul aux Romains, XIII, 13-14). Sa conversion est immédiate et il se fait baptiser par Ambroise, l'évêque de Milan, le 24 avril 387 durant la nuit de Pâques 4. Sa mère, Monique, qui l'a rejoint en Italie, se réjouit que ses prières aient été exaucées (elle meurt la même année à Ostie). En 388, Augustin retourne à Thagaste où il donne ses biens aux pauvres et mène avec quelques fidèles une vie de prière et d'étude. En 391, il est appelé par les chrétiens d’Hippone (près de l'actuelle Annaba en Algérie) pour seconder leur évêque Valère qui l'ordonne prêtre, malgré sa résistance. En 395, un concile adjoint Augustin à Valère en qualité de coadjuteur. En 396, il lui succède sur le siège d’Hippone. Il développe alors une activité pastorale intense : prédication, catéchèse, soin des pauvres, résolution des problèmes locaux et engagement dans des conflits plus larges qui déchirent alors l’Eglise. Il garde cependant une vie monastique et écrit une règle de vie pour sa communauté. C'est alors une période de grands troubles politiques et théologiques : les incursions barbares dans l'Empire avec la prise de Rome en 410 et les hérésies divisant l’Eglise. Alors Augustin se lance dans la bataille théologique... Le 26 septembre 426, Augustin rassemble les fidèles dans la basilique de la Paix à Hippone, pour leur présenter le successeur qu'il a choisi, le prêtre Héraclus : l'assemblée applaudit et approuve. La fin de sa vie est marquée par l'invasion des Vandales en Afrique du Nord. Il meurt pendant le siège d’Hippone, le 28 août 430. Peu avant sa mort, il a demandé qu'on écrive en grandes lettres les psaumes pénitentiels et qu'on les place près de son lit afin qu’il puisse les lire. Son corps, transporté en Sardaigne à une date inconnue, est racheté à grand prix par Liutprand (roi des Lombards de 712 à 744), et transféré, vers 725, à Pavie où il est toujours conservé en la basilique Saint-Pierre. Surnommé le Docteur de la Grâce, saint Augustin est fêté le 28 août en Occident et le 15 juin par les Eglises d’Orient. La basilique d'Hippone (Annaba en Algérie) a rouvert ses portes en octobre 2013, après des travaux de restauration qui ont duré plus de deux ans et demi, et réalisés notamment grâce à un don du pape Benoît XVI. Le centre de la pensée d'Augustin est la relation et la rencontre entre l'homme et Dieu. Pour lui, le problème de la personne humaine est inséparable de la question de Dieu. Se connaître soi-même dans les profondeurs de son âme, comme il cherche à le faire, c'est y découvrir la trace de Dieu et de son amour. Augustin d'Hippone est le père de l’Eglise d'Occident autour duquel se sont développées le plus de discussions théologiques : catholiques et protestants, jansénistes et jésuites ont revendiqué son autorité. Le schisme donatiste Un premier conflit oppose Augustin au schisme donatiste. La grande persécution de Dioclétien au début du IVe siècle a conduit des chrétiens à renier leur foi. Les donatistes refusent de les réintégrer, procèdent à des seconds baptêmes et considèrent comme invalide tout sacrement conféré par un ministre jugé indigne. Augustin tente d'abord de les convaincre, puis il devra finalement faire appel à la police impériale pour réduire le schisme. Le 6 avril 413, à Carthage, le légat impérial Marcellin, accusé faussement par les donatistes de complot contre l’empereur (ces derniers veulent se venger d'avoir été condamnés par le concile de Carthage en 411), est exécuté malgré les intervention de son ami Augustin d'Hippone : « Probité de mœurs, fidélité en amitié, zèle pour la doctrine, sincérité en matière religieuse, chasteté en son ménage, retenue dans l’exercice de la justice, patience envers ses ennemis, affabilité envers ses amis, promptitude à rendre service, retenue dans ses requêtes, amours des bonnes actions et douleur devant les péchés : voilà quelles étaient ses qualités » (Eloge funèbre de saint Marcellin par Augustin). En 415, Augustin écrit (Lettre 185) à Boniface, préfet militaire en charge de la répression des donatistes : «Les martyrs sont ceux dont le Seigneur a dit: "Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice" (Matthieu V, 10) Ce ne sont donc pas ceux qui souffrent persécution pour l'iniquité et pour la division impie de l'unité chrétienne qui sont véritablement martyrs, mais ceux qui sont persécutés pour la justice. Agar aussi a souffert persécution de la part de Sara (Genèse, XVI, 6). Celle qui persécutait était sainte, celle qui était persécutée ne l'était pas (...) Si nous examinons même plus attentivement la chose, on verra que c'était plutôt Agar qui, par son orgueil, persécutait Sara que Sara ne persécutait Agar en la punissant (...) Si nous voulons donc être dans le vrai, disons que la persécution exercée par les impies contre l'Église du Christ est injuste, tandis qu'il y a justice dans la persécution infligée aux impies par l'Église de Jésus-Christ. (...) L'Église persécute pour retirer de l'erreur, les impies pour y précipiter. Enfin, l'Église persécute ses ennemis et les poursuit jusqu'à ce qu'elle les ait atteints et défaits dans leur orgueil et leur vanité, afin de les faire jouir du bienfait de la vérité, les impies persécutent en rendant le mal pour le bien, et tandis que nous n'avons en vue que leur salut éternel, eux cherchent à nous enlever notre portion de bonheur sur la terre. Ils respirent tellement le meurtre qu'ils s'ôtent la vie à eux-mêmes, quand ils ne peuvent l'ôter aux autres. L'Église, dans sa charité, travaille à les délivrer de la perdition pour les préserver de la mort; eux, dans leur rage, cherchent tous les moyens de nous faire périr, et pour assouvir leur besoin de cruauté, ils se tuent eux-mêmes, comme pour ne pas perdre le droit qu'ils croient avoir de tuer les hommes. » 1 Le pélagianisme Le second conflit auquel Augustin se trouve mêlé l'oppose à la doctrine du moine breton Pélage, défendue en particulier par Julien d'Eclane. Les pélagiens, hommes religieux et ascétiques, considèrent que l'homme peut parvenir au salut par les seules forces de sa nature, qu'il peut construire sa propre sainteté et qu'il n'a pas besoin de la grâce de Dieu. Pour Augustin, l'homme sans Dieu est pécheur et impuissant à sortir de son péché. Il a besoin de la grâce. L'homme devient vraiment libre, c'est-à-dire capable de faire le bien, s’il coopère à l'action divine en lui, après l'avoir demandé. C'est dans cette controverse importante qu'Augustin développe ses doctrines sur le péché originel, la grâce, la prédestination et le libre arbitre. Grâce, prédestination et libre arbitre La doctrine de la grâce et de la prédestination d'Augustin est l'objet de conflits. Luther (1483-1546) et Calvin (1509-1564) s'appuient sur Augustin pour soutenir la prédestination. S’appuyant sur une interprétation rigoureuse de sa philosophie, Jansenius (1585-1638) défend la doctrine de la prédestination absolue. Toutes les théories chrétiennes de la prédestination sacrifient la liberté à la Providence. Fatalisme ou liberté ? Dans la philosophie scolastique, le fatalisme a été tenu pour un argument paresseux. Parce que l'homme ne peut rien faire pour son salut, les œuvres perdent toute valeur. Aussi, l’Eglise catholique, à travers Molina et les jésuites, cherche-t-elle à concilier le libre arbitre et la grâce. Finalement, Jansenius veut revenir à une stricte interprétation d'Augustin : «Le libre arbitre ne peut vouloir que le mal. La grâce doit être constante et irrésistible et nous déterminer de l'intérieur à vouloir le bien ». 3 Selon Paul, la grâce est un don que Dieu dispense gratuitement aux hommes pour peu qu'ils aient la foi. La théologie catholique assure que les sacrements sont destinés à faire participer les âmes au sacrifice du Christ afin qu'elles bénéficient des grâces acquises par son exemple et ses mérites. La grâce (du latin gratia = faveur) n'est jamais refusée aux cœurs purs et aux prières sincères. Augustin, surnommé Docteur de la grâce, insiste sur l'importance du don gratuit de Dieu tandis que Thomas d'Aquin assure que Dieu donne sa grâce bien que tout ce qui doit arriver soit déjà ordonné depuis toujours. Les protestants confessent que seule la grâce de Dieu, acquise en Jésus-Christ, confère le salut par le moyen de la foi : c'est le point central de leur doctrine. Les luthériens admettent la grâce efficace des sacrements, tandis que les calvinistes de stricte observance acceptent, avec la grâce commune pour tous, la prédestination pour certaines âmes. L'islam n'a pas la même conception de la grâce, qui représente tout ce que Dieu a dispensé pour l'homme sur la terre, objet de sa bienveillance et de ses soins. La grâce sera la récompense qu'il donnera à ceux qui par leur foi, leur vertu et leurs œuvres auront mérité d'entrer dans le paradis qu'il leur prépare. Augustin est un auteur prolifique, convaincant et un brillant styliste. Il laisse 113 traités, 218 lettres, plus de 500 sermons sur différents livres de la Bible. Son ouvrage le plus connu est son autobiographie spirituelle, Les Confessions, (397-401), relatant son expérience de recherche et de découverte de Dieu. Dans sa célèbre apologie du christianisme De Civitate Dei (La cité de Dieu, 415-427), il développe un large panorama de l'histoire orienté par la foi chrétienne. La Cité de Dieu est la cité bâtie par l'homme qui s'appuie sur Dieu pour recevoir de lui la liberté, la justice et la paix. Elle s'oppose à la cité terrestre, représentée par l'Empire romain, qui a un idéal purement humain. Dans son traité Sur la Trinité (399-417), Augustin tente de trouver dans la création et, en particulier dans l'homme, des analogies de la Trinité divine, pour tenter de comprendre le mystère. Cependant, Dieu reste au-delà de toutes les images qu'on peut en donner. En 426/427, Augustin revoit et corrige ses œuvres antérieures dans Retractationes (Les Rétractations). Enfin, en 428/429, à la demande du diacre Quodvultdeus, il dresse la liste des hérétiques dans De Haeresibus (Des Hérésies). L’hérésie (latin haeresis, opinion, du grec hairesis, choix, de haireîn, saisir) est la « négation obstinée, après la réception du baptême, d’une vérité qui doit être crue de foi divine et catholique, ou le doute obstiné sur cette vérité » (Code de Droit Canonique). La liste des hérétiques 2 - Simoniens, ménandriens, saturniens, basilidiens, - nicolaïtes : prêtres refusant la règle du célibat appelés nicolaïtes du nom du diacre Nicolas cité par les Actes des Apôtres VI 5, l'un des sept premiers diacres de l'Église de Jérusalem, qui eut, au Ier siècle, des pratiques contraires à la morale et des opinions théologiques proches du gnosticisme ; il permettait la communauté des femmes ; Irénée (+ 202) considère les nicolaïtes comme les prédécesseurs de Cérinthe ; selon le Panarion (ch. 26) d'Epiphane de Salamine (+ 403) et l'Haereticarum Fabularum Compendium de Théodoret (+ 460), les borborites ou borboriens (appelés aussi koddiens ; en Égypte, phibionites ; dans d'autres pays, barbalites, secundiens, socratites, etc) étaient une secte gnostique libertine, réputée descendre des nicolaïtes ; - gnostiques, carpocratiens, - cérinthiens ou mérinthiens (Cérinthe, hérétique judéo-chrétien, enseignait à la fin du Ier siècle que le monde était l’œuvre d’une puissance étrangère au Dieu suprême, le Dieu inconnu, que Jésus n’était qu’un homme, né de Joseph et de Marie, que l’Esprit descendit sur lui lors du baptême dans le Jourdain mais le quitta avant la Passion ; Cérinthe professait le millénarisme et tenait la Torah et la circoncision pour nécessaires au salut), - nazaréens (qui reconnaissent que Jésus-Christ est le Fils de Dieu mais accomplissent scrupuleusement les prescriptions de l'ancienne Loi) et ébioniens ou ébionites (d'Ebion ; juifs végétariens pour lesquels Jésus n’était qu’un homme ; ils n’étaient pas d’accord sur la naissance virginale de Jésus ni sur la notion de sa préexistence : Jésus était fils de Dieu non par naissance mais par adoption) ; la secte baptiste des mandéens (qui se désignent eux-mêmes sous le nom de nasoraia = nazoréens ou nazaréens) existe encore en Irak, - valentiniens (partisans de Valentin) et sécondiens ou sécundiens (ajoutent des abominations de mœurs aux erreurs des valentiniens), - ptoléméens (de Ptolémée, disciple de Valentin, qui ne reconnaît que 4 éons), - colorbasiens (de Colorbase pour lequel la génération et la vie des hommes dépendent des 7 planètes), - héracléonites (d'Héracléon ; ils répandent sur la tête de leurs morts, de l'huile, du baume et de l'eau, en prononçant des invocations en langue hébraïque), - ophites, caïnites, séthianiens ou séthiens, archontices ou archonticiens (ils tirent leur nom des principautés ou archontes, anges auxquels ils attribuent la création de l'univers ; ils commettent des écarts de conduite et nient la résurrection future ; pour eux la femme est l’ouvrage de Satan), - cerdoniens, marcionites, apellites (d'Apelle ou Apellès, disciple de Marcion, qui admet deux principes, l'un bon, l'autre mauvais : le Dieu bon a formé le méchant qui créa le monde), - sévériens (de Sévère ; ils ne boivent pas de vin parce qu'ils regardent la vigne comme produite par l'union de Satan et de la terre et n’admettent ni l'autorité de l'Ancien Testament, ni le dogme de la résurrection de la chair), - tatiens ou encratites, cataphryges ou cataphrygiens ou montanistes, pépuziens ou quintiliens ou quintillianistes, - artotyrites (montanistes qui communient avec du pain et du fromage), - tessarescédécatites (qui s'appellent ainsi parce qu'ils ne célèbrent Pâques que le 14ème jour de la lune), - alogiens ou aloges (les hommes sans verbe parce qu'ils nient que Jésus-Christ soit le Verbe éternel ; ils rejettent l'Évangile et l'Apocalypse de Jean), - adamiens ou adamites, elcéséens (ou elcésaïtes, Helcéséites) et sampséens (d'Elci ou Elxaï, père de 2 filles qu'ils adorent comme des déesses ; ils judaïsent ; ils disent qu'en temps de persécution il est permis de renier extérieurement la foi, pourvu qu'on y reste attaché dans le fond du cœur), - théodotiens (de Théodote qui enseigne que le Christ n'était qu'un homme), - melchisédéciens (pour lesquels, le prêtre du Très-Haut, Melchisédech, n'est pas un homme, mais la grande vertu de Dieu dont Jésus est le subalterne), - bardésanites, noétiens, sabelliens ou patripassiens et pauliniens, - valésiens (disciples de l'eunuque Valès qui prétendent qu'on ne peut être sauvé sans être eunuque), - novatiens ou cathares, angéliciens ou angéliques ou angélites (qui entendent vivre aussi purement que les anges auxquels ils rendent un culte), - apostoliciens ou apostoliques (qui ne reçoivent à leur communion ni les personnes mariées, ni les chrétiens qui n'ont pas renoncé à leurs biens propres), - origéniens, seconds origéniens, - photiniens, manichéens, - hiéracites (disciples d'Hiéracas, ils nient la résurrection de la chair, ne reçoivent dans leur société que des moines, des religieuses et des personnes libres des liens du mariage, et prétendent que les enfants morts avant l'âge de raison n'entrent pas dans le royaume des cieux), - méléciens (de Mélèce ; ils ne consentent pas à prier avec ceux qui, ayant renié la foi pendant la persécution, se sont reconvertis), - ariens, semi-ariens, macédoniens, - vadiens ou vadianites ou anthropomorphites (qui représentent Dieu sous une figure humaine corruptible) ; Epiphane (+ 496) dit que les vadiens se sont séparés de notre communion, parce que les richesses des évêques les offusquaient, et qu'ils célébraient la pâque en même temps que les Juifs, - aériens (du prêtre Aerius ; selon lequel on ne doit ni offrir le saint sacrifice pour les morts, ni établir des jeûnes solennels, ni voir de différence entre un évêque et un prêtre), - aétiens (d'Aetius ou Aèce, selon lequel Dieu n’attend de nous que la foi, que les actions infâmes répondent aux besoins de la nature) ou eunomiens (partisans d'Eunome, arien anoméen, disciple d'Aetius), - apollinaristes, - antidicomarianites, antimarianites ou antimariens (qui ne reconnaissent pas la virginité de Marie et soutiennent qu'après la naissance du Christ, elle a eu des rapports charnels avec son époux), - massaliens ou messaliens ou euchites ou euthites ou eustathiens ou adelphiens ou marciens ou marcianites, - métangismonites (qui disent que le Fils est dans le Père, comme un vase plus petit est dans un autre vase plus grand), - séleuciens ou hermiens (disciples de Seleucus et d'Hermias, ils ont adopté un système d'après lequel la matière des éléments qui constituent le monde, n'a pas été faite par Dieu, mais lui est coéternelle ; les anges ont fait l'âme de l'homme de feu et d'air subtil), - proclianites (qui disent que le Christ ne s'est pas incarné), - patriciens (disciples de Patricius pour lequel la substance du corps humain a été créée, non par Dieu, mais par le diable : ils vont jusqu’au suicide pour en être débarrassés), - ascites (qui, dans leurs fêtes, véritables bacchanales, dansent autour d'une outre gonflée et recouverte d'un voile, disant qu'ils sont les vases neufs remplis du vin nouveau dont il est parlé dans l'Évangile), - passalorynchites (ou tascodruggites, qui, pour ne pas rompre le silence quand ils jugent à propos de le garder, mettent leur doigt dans le nez et se ferment la bouche), - aquariens ou aquatiques (qui ne mettent que de l'eau dans le calice ; cette secte croit que l’eau est un principe coéternel à Dieu ; elle considère l’eau comme origine de toute chose et dont l’air le feu et la terre procèdent), - coluthiens (qui soutiennent que Dieu n'est point l'auteur du mal physique, comme il ne l'est point du péché), - floriniens (disciples du prêtre Florin qui rapporte à Dieu la création des choses mauvaises), - dissidents sur l’état du monde (selon lesquels le monde resterait toujours, même après la résurrection des morts, dans l'état où il se trouve aujourd'hui, sans subir aucun changement), - va-nu-pieds, donatistes ou donatiens, priscillianites, ceux ne prennent aucun repas avec leurs semblables et considèrent le Saint-Esprit comme une simple créature, - rhétoriens (de Rhétorius, selon lequel tous les hérétiques suivent le chemin droit et enseignent la vérité), - ceux prétendant que la divinité est passible (en Jésus-Christ, la divinité a souffert au moment où son corps était sur la croix), - ceux pensant que dieu est triforme (en Dieu sont 3 parties qui forment la Trinité, et dont la réunion a pour résultat la perfection de la Divinité, car ni le Père, ni le Fils, ni le Saint-Esprit, séparés l'un de l'autre, ne sont parfaits), - ceux niant que l’âme soit à l’image de Dieu (c’est le corps de l'homme qui est l'image de Dieu), - ceux pensant qu’il y a des mondes innombrables, - ceux croyant que les âmes se changent en démons et en animaux de toute sorte, - ceux croyant que tous les habitants de l’enfer ont été délivrés par la descente du Christ en ce lieu, - ceux qui pensent que le Fils a eu un commencement dans le temps (mais confessant qu'il est coéternel au Père, ils ajoutent qu'il a été dans le Père, avant de naître de lui : il a toujours existé, mais il n'a pas toujours été le Fils ; il n'a commencé à l'être, qu'au moment où il est né du Père), - lucifériens (partisans de Lucifer, évêque de Cagliari, dont la doctrine interdit toute relation avec les hérétiques et les fauteurs d'hérésie) - jovinianites (partisans de Jovinien qui prétend que la virginité n’est pas mieux que le mariage, et que Marie n’est pas demeurée vierge après l’enfantement de Jésus), - arabiques ou arabiens (d’Arabie ; ils enseignent que l'âme meurt et tombe en dissolution avec le corps, et qu'elle ressuscitera avec lui à la fin des siècles), - helvidiens (disciples d'Helvidius qui soutient que Marie a eu plusieurs enfants de Joseph, son époux, après la naissance de Jésus), - paterniens ou vénustiens (disciples de Symmaque le samaritain, qui attribuent au diable la formation des parties inférieures du corps humain et permettent qu’on s’en serve à des fins criminelles), - tertullianites (montanistes), - abéloïtes ou abéliens (qui s'abstiennent de tout commerce conjugal avec leurs femmes mais qui ne doivent pas vivre dans le célibat : l'homme et la femme vivent sous le même toit, après avoir fait vœu de continence, et adoptent un jeune homme et une jeune fille afin d'assurer leur succession), - pélagiens ou célestiens. L’œuvre d’Augustin comprend aussi des traités : De libero arbitrio (Sur le libre arbitre, 389-395), De doctrina christiana (De la doctrine chrétienne, 396-426), De Baptismo (Sur le baptême, 404), De natura et gratia (Sur la nature et la grâce, 415), De cathechizandis rudibus (sur l’enseignement de la foi). Deux amours ont donc fait deux cités: l’une terrestre (Babylone, ndlr), œuvre de l’amour de soi jusqu’au mépris de Dieu; l’autre céleste (Jérusalem, ndlr), œuvre de l’amour de Dieu, jusqu’au mépris de soi. Fecerunt itaque civitates duas amores duo: terrenam scilicet, amor sui usque ad contemptum Dei; cœlestem vero, amor Dei usque ad contemptum sui. (Augustin, De civit. Dei, Lib. XIV, c. XXVIII.) Aime et ce que tu veux, fais-le ! Si tu te tais, tais-toi par amour. Si tu parles, parle par amour. Si tu corriges, corrige par amour. Si tu pardonnes, pardonne par amour. Aie au fond du cœur la racine de l’amour, de cette racine ne peut naître que le Bien. (Augustin, Commentaires de Saint Jean) Donne-moi quelqu’un qui aime, et il sent ce que je dis. Donne-moi quelqu’un qui désire, quelqu’un qui chemine en ce désert, qui a soif et qui soupire après la source de la patrie éternelle, donne-moi cet homme-là, il sait ce que je veux dire. Quel désir est en nous plus fort que celui de la vérité ? (Augustin, Sur Saint Jean 26). Il a daigné venir à nous pour se manifester dans la forme d'esclave. Qu'il ait pris chair est le chemin qu'il a choisi. La fatigue du chemin n'est rien d'autre que la faiblesse de la chair et Jésus est faible dans la chair. Mais toi, ne te laisse pas aller à la faiblesse. Toi, sois fort dans sa faiblesse à lui. Parce que ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes et la faiblesse du Christ est notre force. (Augustin, Sur l’Evangile de Jean) Songez toujours qu'il faut absolument aimer Dieu et le prochain : Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton Esprit, et ton prochain comme toi-même. Il faut toujours y penser, le méditer, le retenir, l'accomplir. L'amour de Dieu est premier dans l'ordre des préceptes ; l'amour du prochain est premier dans l'ordre de la pratique. (Augustin, homélie sur l’Evangile de Jean) Par sa mort, le Christ nous a délivrés de la mort : la mort l'a saisi, et il a tué la mort. Vous le savez, frères, Dieu n'a pas fait la mort, l'Écriture l'affirme : il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants, il a créé toutes choses pour qu'elles subsistent, mais, ajoute l'Écriture, par la jalousie du diable, la mort est entrée dans le monde. Or Jésus, le Fils de Dieu, le Verbe de Dieu, par qui tout a été fait, est devenu mortel, car le Verbe s'est fait chair. Il a donc reçu la mort, et il a cloué la mort en croix. C'est ce qui a été donné en figure autrefois : de même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l'homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. C'est là un symbole important. Le peuple d'Israël était prostré dans le désert par des morsures de serpents, il mourut un grand nombre de gens. Le Seigneur ordonna à Moïse de faire un serpent d'airain et de l'élever sur une hampe dans le désert, et d'avertir le peuple : si quelqu'un était mordu par un serpent, qu'il regarde le serpent élevé sur la hampe. Quels sont ces serpents qui mordent ? Les péchés qui nous viennent de notre condition mortelle. Quel est le serpent élevé ? Le Christ mort en croix. La morsure du serpent est mortelle, la mort du Seigneur donne vie. […] D'ici là, frères, pour guérir du péché, regardons le Christ en croix. Ceux qui regardaient le serpent de bronze ne périssaient pas des suites des morsures des serpents ; ceux qui contemplent avec foi la mort du Christ sont guéris des morsures des péchés. Jadis ils furent libérés de la mort pour une vie qui n'avait qu'un temps ; maintenant, c'est pour obtenir la vie éternelle. (Augustin, Commentaire sur l'Évangile de Jean) Le Seigneur Jésus affirme qu'il donne à ses disciples un commandement nouveau, celui de l'amour mutuel, lorsqu'il dit : Je vous donne un commandement nouveau, c'est de vous aimer les uns les autres. Est-ce que ce commandement n'existait pas déjà dans la loi ancienne, puisqu'il y est écrit : Tu aimeras ton prochain comme toi-même ? Pourquoi donc le Seigneur appelle-t-il nouveau un commandement qui est évidemment si ancien ? Est-ce un commandement nouveau parce qu en nous dépouillant de l'homme ancien il nous revêt de l'homme nouveau ? Certes, l'homme qui écoute ce commandement, ou plutôt qui y obéit, est renouvelé non par n'importe quel amour mais par celui que le Seigneur a précisé, en ajoutant, afin de le distinguer de l'amour charnel : Comme je vous ai aimés... (Augustin, Commentaire sur l'Évangile de Jean) En un seul jour, nous fêtons la passion des deux apôtres, mais ces deux ne font qu’un. Pierre a précédé, Paul a suivi. Aimons donc leur foi, leur existence, leurs travaux, leurs souffrances ! Aimons les objets de leur confession et de leur prédication ! (Augustin, Sermon pour la fête des saints Pierre et Paul). Les mauvais pasteurs sont les assassins de leur peuple [.] Les chrétiens doivent imiter les souffrances du Christ et non pas rechercher les plaisirs. Le faible est fortifié lorsqu'on lui dit : "Attends-toi aux tentations de ce monde, mais le Seigneur te délivrera de toutes, si ton coeur ne s'éloigne pas de lui. Car c'est pour fortifier ton coeur qu'il est venu souffrir, qu'il est venu mourir, qu'il est venu se faire cracher au visage, qu'il est venu se faire couronner d'épines, qu'il est venu entendre des insultes, qu'il est venu enfin se faire crucifier. Il a fait tout cela pour toi ; et toi, rien. Il ne l'a pas fait pour lui, mais pour toi. (Augustin, Sermon sur les pasteurs) Mon Dieu, faites que je vous connaisse et que je me connaisse ! (Augustin, Soliloques II, 1,1. BA 5, p. 86.). Il nous a créés par sa force. Il nous a cherchés par sa faiblesse. (Augustin, Homélie 15 s. Jn 6-7 Lectionnaire dominicain, tome II, pp. 29-31) Le plus grand titre de gloire est de tuer la guerre par la parole plutôt que de tuer les gens par le glaive, de gagner ou maintenir la paix par la paix et non par la guerre. (Augustin) Rien n’est plus puissant pour tirer l’esprit d’un homme vers le bas que les caresses d’une femme. (Augustin, en 405) Comment Vous m'avez délivré de cette chaîne étroite de sensualité et de l'esclavage du siècle, je vais le raconter à la gloire de Votre Nom, Seigneur, mon Rédempteur et mon Secours. (Augustin, Confessions, vers 400) Qui bien chante, deux fois prie. (Augustin) Enlève le droit, et alors qu’est-ce qui distingue l'État d’une grosse bande de brigands ? (Augustin, De civitate Dei IV, 4, 1.) Tu as tendu ta main d’en haut, et du fond de mes ténèbres Tu as arraché mon âme, tandis que pour moi des pleurs coulaient vers Toi, ceux de ma mère, ta fidèle servante, plus abondants que les pleurs versés par les mères sur le corps d’un défunt. Pendant ce temps, cette veuve chaste, pieuse et sobre, comme Tu les aimes, déjà plus allègre sans doute dans l’espérance, mais non moins assidue aux larmes et aux gémissements, ne cessait à toutes les heures de sa prière de se lamenter sur moi auprès de Toi. Ma sainte mère, ta servante, ne m’a jamais abandonné : elle m’a enfanté selon la chair à cette vie temporelle et avec son cœur à la vie éternelle. Ce que je suis devenu et ce que je suis, je le dois à ma mère. Quand deux âmes étaient en dissentiment et en conflit, elle ne s’employait qu’à rétablir la paix entre elles. Quand en présence d’une amie, des ressentiments mal digérés se répandent en acides confidences sur le compte d’une ennemie absente, elle ne rapportait de l’une à l’autre que ce qui pouvait contribuer à les réconcilier. (Augustin parlant de sa mère, Monique, dans les Confessions) Il est dans l’âme une autre prière, intérieure celle-là, qui n’a pas de cesse. C’est le désir. Quoi qu’il t’arrive, quoi que tu fasses, si tu désires le sabbat éternel, tu ne cesses de prier. Si tu ne peux plus prier, ne cesse pas de désirer. Le refroidissement de la charité, c’est le mutisme du cœur. La flamme de la charité, c’est le cri du cœur. (Augustin, Homélies sur les Psaumes) Chacun d’entre nous pour sa part apporte sa contribution à cette sorte de trésor commun qu’est l’Eglise. (Augustin, Commentaire sur les Psaumes) Donc, nous n'étions pas bons. Et Dieu a eu pitié de nous ; il a envoyé son Fils, qui mourrait non pour des bons mais pour des méchants, non pour des justes mais pour des impies. En effet, le Christ est mort pour des impies. Et quelle est la suite du texte ? Accepter de mourir pour un homme juste, c'est déjà difficile, peut-être donnerait-on sa vie pour un homme de bien. On peut trouver peut-être quelqu'un qui ait le courage de mourir pour un homme de bien. Mais pour un injuste, pour un impie, pour un criminel, qui donc voudrait mourir, sinon le Christ seul, lui qui est tellement juste qu'il justifie même les injustes ? (Augustin, Sermon sur le Psaume 74). Voilà les sacrifices qui sont très agréables à Dieu : miséricorde, humilité, reconnaissance, paix, charité. Si c'est cela que nous apportons, nous attendrons avec assurance l'avènement du juge, lui qui jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité. (Augustin, Sermon sur le Psaume 95). Tous les bons et fidèles chrétiens, mais surtout les glorieux martyrs, peuvent dire : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Rm 8,31). Contre eux le monde grondait, les peuples préparaient de vains complots, les princes se liguaient (Ps 2,1) ; on inventait de nouveaux tourments et imaginait contre eux d'incroyables supplices. On les accablait d'opprobre et d'accusations mensongères, on les enfermait dans des cachots insupportables, on labourait leur chair avec des ongles de fer, on les massacrait à coups d'épée, on les exposait aux bêtes, les livrait aux flammes, et ces martyrs du Christ s'écriaient : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Le monde entier est contre vous, et vous dites : « Qui sera contre nous ? » Mais les martyrs nous répondent : « Qu'est-ce pour nous que ce monde tout entier, quand nous mourons pour celui par qui le monde a été fait ? » Qu'ils disent donc, qu'ils le redisent, les martyrs, et que nous écoutions et disions avec eux : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » Ils peuvent déchaîner leur fureur, nous injurier, nous accuser injustement, nous couvrir de calomnies ; ils peuvent non seulement tuer mais torturer. Que feront-ils les martyrs ? Ils répéteront : « Voici que Dieu vient à mon secours, c'est le Seigneur qui soutient mon âme » (Ps 53,6)... Or, si le Seigneur est le soutien de mon âme, en quoi le monde peut-il me nuire ?... C'est lui aussi qui rétablira mon corps... « Tous vos cheveux sont comptés » (Lc 12,7)... Disons donc, disons avec foi, disons avec espérance, avec un cœur brûlant de charité : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? » (Augustin, Sermon 334, Pour les Saints Martyrs, §1). Humanum fuit errare, diabolicum est per animositatem in errore manere : L'erreur est humaine, mais persister dans l'erreur par arrogance, c'est diabolique (Augustin, Sermons 164, 14) Vincent devient "le vainqueur" en Celui qui triomphe du monde. Ce dernier opprime mais ne peut supprimer. Le monde peut combattre, mais il ne peut jamais abattre. Si en Vincent nous observons la ténacité virile, c'est incroyable. Si, au travers de cette ténacité, on discerne la puissance de Dieu, cela devient normal. (Augustin, Homélie sur saint Vincent de Saragosse) Bien tard je t’ai aimée, ô Beauté si ancienne et si nouvelle, bien tard je t’ai aimée. Et voici que tu étais au-dedans, et moi, au-dehors, et c’est là que je te cherchais, et sur la grâce de ces choses que tu as faites, pauvre disgracié, je me ruais ! Tu étais avec moi et je n’étais pas avec toi ; elles me retenaient loin de toi, ces choses qui pourtant, si elles n’existaient pas en toi, n’existeraient pas. Tu m’as appelé, tu as crié, et tu as brisé ma surdité ; Tu as brillé, Tu as resplendi, et Tu as dissipé ma cécité ; Tu as embaumé, j’ai respiré et, haletant, j’aspire à toi ; j’ai goûté et j’ai faim et soif ; Tu m’as touché et je brûle pour ta paix. (Augustin, Confessions X, 27, 38) Où donc t'ai-je trouvé, Seigneur, pour apprendre à te connaître ? Avant que je te connaisse, tu n'étais pas encore dans ma mémoire. Où donc t'ai-je trouvé, pour te connaître, si ce n'est en toi, au-dessus de moi ? Aucun espace dans tout cela : nous nous éloignons, nous nous approchons de toi, rien de cela n'est dans l'espace. C'est partout, ô Vérité, que tu sièges pour tous ceux qui viennent te consulter, et tu réponds en même temps à tous ceux qui te consultent sur des questions différentes. […] Je t'ai aimée bien tard, Beauté si ancienne et si nouvelle, je t'ai aimée bien tard ! Mais voilà : tu étais au-dedans de moi quand j'étais au-dehors, et c'est dehors que je te cherchais ; dans ma laideur, je me précipitais sur la grâce de tes créatures. Tu étais avec moi, et je n'étais pas avec toi. Elles me retenaient loin de toi, ces choses qui n'existeraient pas, si elles n'existaient en toi. Tu m'as appelé, tu as crié, tu as vaincu ma surdité ; tu as brillé, tu as resplendi, et tu as dissipé mon aveuglement […]. Lorsque je te serai uni par tout moi-même, il n'y aura plus pour moi de douleur ni de fatigue. Ma vie, toute pleine de toi, sera vivante. Celui que tu combles, tu l'allèges, car lorsque je ne suis pas comblé par toi, je me suis à charge à moi-même. […] Dans l'adversité, j'aspire au bonheur ; dans le bonheur, je redoute l'adversité. Entre ces deux extrêmes, y a-t-il un milieu, où la vie humaine ne soit pas une « corvée » ? Malheur aux prospérités du monde, oui, deux fois malheur, et parce qu'on y craint l'adversité, et parce que la joie s'y corrompt. […] Toute mon espérance n'est que dans ta grande miséricorde. (Augustin, Confessions) Dans son livre des Confessions, Augustin a décrit de façon émouvante le chemin de sa conversion, qui avec le baptême conféré par l'évêque Ambroise dans la cathédrale de Milan, atteignit son but. Qui lit les Confessions peut partager le chemin qu'Augustin eut à parcourir en un long combat intérieur, avant finalement de recevoir, durant la nuit de Pâques 387, à la fontaine baptismale, le sacrement qui marquait le grand tournant de sa vie. En suivant attentivement le cours de la vie de saint Augustin, on peut voir que la conversion ne fut pas l'évènement d'un moment isolé, mais bien tout un cheminement. Et on peut voir qu'aux fonts baptismaux ce cheminement n'était pas encore terminé. (Benoît XVI, Pavie, 22 avril 2007) Pour en savoir + : http://nouvl.evangelisation.free.fr/augustin_hippone_index.htm Notes 1 http://fr.wikipedia.org/wiki/Augustin_d'Hippone 2 http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/augustin/polemiques/desheresies.htm 3 La théodicée (de theos = dieu et diké = justice) est une partie de la métaphysique qui étudie la manière dont Dieu a créé le monde : les voies de Dieu dans l’univers. Elle tente de concilier l’existence du mal (souffrances, guerres, tentations), au niveau de notre humanité, avec l’irresponsabilité de Dieu, sa bonté originelle : pourquoi, en effet, Dieu, qui est parfait, a-t-il créé un homme capable de faire le mal ? 4 "Si fueris Romae, Romano vivito more; si fueris alibi, vivito sicut ibi" (Si tu es à Rome, vis comme les Romains ; si tu es ailleurs, vis comme on y vit), c'est ce que répond Ambroise de Milan à Augustin lorsque ce dernier lui demande si le jour de repos doit se prendre le samedi comme à Milan ou le dimanche comme à Rome. De 383 à 386, Augustin a vécu à Rome (où, comme il l'écrit dans sa Lettre 54 à Januarius, il s'est accoutumé aux usages), avant de se rendre à Milan où il a obtenu une chaire de rhétorique. Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 29/06/2024 |