Calixte Ier

Calixte (ou Callixte ou Calliste), fils d’esclaves d’origine grecque, naît à Rome vers 155/160.
Esclave chrétien, ayant fait de mauvaises opérations avec la communauté juive de Rome, il met en faillite la banque dont son maître Carpophorus, un chrétien, lui a donné la gestion. Le généreux Carpophorus le fait libérer quand il est emprisonné après avoir tenté de fuir en s'embarquant pour Porto. Dénoncé comme chrétien et perturbateur de l'ordre public devant le préfet Fuscien (185-189) par les juifs à qui il réclame des comptes (dit-on), il est flagellé et envoyé comme forçat aux mines de soufre sardes (v. 186-189).
De retour à Rome, après avoir obtenu sa grâce (suite à l’intervention de Marcia, la maîtresse chrétienne de l’empereur Commode) et son affranchissement, il reçoit des subsides de l'évêque de Rome Victor qui l’envoie à Antium pour étudier les Saintes Ecritures.
L'évêque de Rome Zéphyrin le fait venir à Rome, l'ordonne diacre et le nomme conseiller principal chargé spécialement de gérer le cimetière des catacombes de Priscille sur la via Salaria.
L’une de ses réalisations les plus marquantes en qualité d’archidiacre est la construction sur la voie Appienne d’un nouveau cimetière : les catacombes de Calixte, sanctuaire où reposent les martyrs et tous les papes ayant vécu au IIIe siècle.
Calixte, élu en 217, est le premier évêque de Rome à être désigné par le titre de Pape 4.
Son élection est contestée par l’antipape Hippolyte qui l’accuse de modalisme (doctrine qui refusait de voir en Jésus une personne divine distincte du Père) et de laxisme pour avoir permis à des adultères repentants de recevoir la sainte communion, approuvé les mariages entre esclaves et personnes libres et fait recevoir à la pénitence, tous les pécheurs, si grandes soient leurs fautes.
Les Philosophoumena (Livre IX), pamphlet attribué à Hippolyte, le présente comme un homme industrieux pour le mal et plein de ressources pour l'erreur, qui guettait le trône épiscopal.
Pour contrer Hippolyte, Calixte excommunie Sabellius et condamne les patripassiens, partisans du modalisme. Il s'élève contre les théories qui semblent subordonner le Logos, le Christ, à Dieu : elles lui paraissent suspectes de dithéisme, c’est-à-dire d'introduire une dualité entre la nature divine du Père et celle du Fils 5.
Il assouplit les normes d’entrée au catéchuménat 6.
Il autorise, malgré la loi civile, les mariages entre esclaves et personnes libres.
Il accepte le remariage des veufs ainsi que leur entrée éventuelle dans le clergé.
On lui attribue l'institution d'un jeûne, pour attirer la bénédiction du ciel, trois fois par an : le samedi qui précède les moissons, les vendanges et le commencement de la cueillette des olives.
Il crée 16 prêtres, 4 diacres et 8 évêques 2.
C'est un administrateur avisé et un financier expérimenté.
Il fait construire la basilique de Sainte-Marie au-delà du Tibre.
Il est défenestré et lynché, le 14 octobre 222, lors d'une émeute contre les chrétiens à la suite de l'assassinat de l'empereur Héliogabale. Jeté dans un puits, recouvert de décombres, il en est retiré par un prêtre une quinzaine de jours plus tard. On l'enterre à la hâte, au pied de l'escalier de la catacombe de Calépode sur la Via Aurelia, le iuxta Callistum où le pape Jules Ier (337-352) élèvera la basilique Sainte-Marie au Transtévère. Son corps fut par la suite ramené dans la basilique de Sainte-Marie au-delà du Tibre, qu'il avait bâtie, et placé sous l'autel majeur.
Au IXe siècle, son corps fut porté en France à Cysoing (Nord) où un abbé le donna à Notre-Dame de Reims. Adalbéron, l'archevêque de Reims, qui fit effectuer des travaux d'agrandissement de la cathédrale à partir de 976, plaça, avec les honneurs qui lui étaient dus, le corps de saint Calixte, pape et martyr, à l'entrée même de l'église 3.
Saint Calixte Ier, reconnu comme martyr par l'Eglise 1 2, est fêté le 14 octobre.

"Le pape de l'indulgente bonté. C'était un esclave chrétien. Son maître lui avait donné à gérer une banque. Il la mit en faillite et, pour cette raison, fut condamné aux mines de Sardaigne. La maîtresse de l'empereur Commode, chrétienne de cœur et non pas de conduite, le connaissait et elle obtint sa grâce. Il se retira loin de Rome et reçut des subsides du pape saint Victor, ce qui lui permit de s'adonner à l'étude des Saintes Écritures. Affranchi, Calixte devint l'archidiacre du pape saint Zéphyrin et fonda le cimetière des catacombes qui porte son nom et où furent enterrés tous les papes du IIIe siècle. Devenu pape à son tour, il autorisa, à l'encontre de la loi civile, les mariages entre esclaves et personnes libres. Il fit recevoir à la pénitence, malgré les tenants de la rigueur, tous les pécheurs, si grandes soient leurs fautes. Il résista au schisme d'Hippolyte et il assouplit les normes d'entrée au catéchuménat. Celui-ci en deviendra enragé et son rigorisme le conduisit hors de l'Église. Saint Calixte mourut massacré sans qu'on sache pourquoi, lors d'une émeute." 7


217. 20 décembre, mort de Zéphirin, l'évêque de Rome ; élection de Calixte. Hippolyte de Rome (170-235) conteste l'élection de Calixte, l'accusant de modalisme. Excommunication de l'hérésiarque Sabellius par Calixte pour son monarchianisme patripassien.

218. 16 mai, Julia Soaemias, nièce de Julia Domna, la veuve de Septime Sévère, fait proclamer auguste et empereur sous le nom de Marcus Aurelius Antoninus, par la légion, son fils Élagabal ou Héliogabale (Varius Avitus Bassianus, neveu de Septime Sévère), âgé de quatorze ans, au camp d’Emèse en Syrie ; Macrin envoie des troupes contre l’usurpateur. 8 juin, Bataille d'Antioche : avec l'aide des légions syriennes, Elagabal défait l'armée de Macrinus, lequel prend la fuite ; Macrin ayant acheté une paix jugée honteuse aux Parthes, est tué par ses soldats. Hiver 218/219 : Élagabal et sa cour sont à Nicomédie ; le jeune empereur tue son précepteur Glannys pendant une dispute.

219. 29 septembre, Elagabal entre dans Rome, coiffé de la tiare, emblème solaire ; Elagabal, grand prêtre du dieu Baal, le soleil invaincu (adoré sous le nom d’El Gabal), fait transporter à Rome la pierre noire du culte solaire d'Emèse et lui bâtit un temple sur le Palatin, l'Elagabalium, où il transporte le feu de Vesta ; initié aux mystères de Cybèle, il reçoit le taurobole (le sang du taureau sacrifié). En Syrie, échec de la révolte de Gellius Maximus, commandant de la Legio IIII Scythica, qui se fait proclamer empereur romain contre Élagabal.

Vers 220. 1er concile de Carthage, Agrippinus réunit 18 évêques de Numidie qui refusent de reconnaître le baptême conféré par des hérétiques.

220-265. En Chine, période des Trois Royaumes : Shu Han (220-265) dirigé par Liu Bei, Wei (221-263) dirigé par Cao Cao et Wu (222-280) dirigé par Sun Quan qui s'affrontent pour la domination de la Chine ; la période des Trois Royaumes commence en 220 après la chute de la dynastie Han et se termine avec l’établissement de la dynastie Jin en 265. 11 décembre, l'empereur Han Xiandi est contraint d'abdiquer par son fils Cao Cao, mettant fin à la dynastie Han.

221. 15 mai, Liu Bei se proclame empereur du royaume de Shu, proclame l'ère Zhangwu et déclare une amnistie générale. Sextus Julius Africanus, né en Libye, historien chrétien, relate l’histoire du monde à partir de la Création jusqu’en 221 ap. J.-C. : il estime que la Création remonte à 5 499 ans avant l'année de la naissance du Christ qu’il avance de 3 ans par rapport à la date habituelle (Chronographie) ; son évaluation est adoptée par plupart des Eglises orientales. Voir : Calendrier.

Vers 222. En Syrie, mort de Bardesane, gnostique chrétien, qui écrivait en syriaque plutôt qu’en grec.

222. 1er janvier, début du consulat conjoint d'Élagabal et de Alexianus. Élagabal refuse de participer à la procession commune. 11, 12 ou 13 mars, l’empereur Elagabal (aux pratiques scandaleuses), sa mère et ses partisans, sont assassinés par les prétoriens : une foule furieuse envahit le palais impérial et massacre l'empereur ; son corps est traîné à travers les rues de Rome, puis la populace tente de jeter le cadavre aux égouts, mais, comme les conduits sont trop étroits, le cadavre de l'empereur est finalement jeté dans le Tibre depuis le pont Æmilius ; Alexianus (son cousin qu’il a adopté) lui succède et prend le nom de Sévère Alexandre ; connu pour sa sagesse et son sens de la justice, bien conseillé par sa mère, il renvoie à Émèse la pierre noire du culte solaire qui scandalisait les Romains ; il n’en mourra pas moins assassiné en 235. 14 octobre, au cours d’une émeute populaire antichrétienne, l'évêque de Rome Calixte est défenestré et jeté dans un puits.


Notes
1 Table philocalienne des Depositiones martyrum, 336
2 L'Année Liturgique, Dom Guéranger, 1841 à 1866, Abbaye Saint Benoît de Port-Valais
3 Richer de Reims, Histoires, v. 990
4 Philippe Levillain, Dictionnaire historique de la papauté, Fayard, 2003, s. v. « Pape »
5 missel.free.fr/
6http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/martyrologe/martyrsmensuel/stbx10oct.html/stbx10oct14.html
7 http://nominis.cef.fr/contenus/fetes/14/10/2012/14-Octobre-2012.html

Sources


Pape suivant : Urbain Ier. Antipape : Hippolyte
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 13/02/2024

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