Le pape Vitalien

Vitalien, né vers 600 à Segni (Campanie), a été pape du 30 juillet 657 au 27 janvier 672.
La tradition lui attribue l’introduction des orgues dans les églises et l’emploi de la musique instrumentale dans les offices ecclésiastiques.

"Dès son élection, il a le souci d'établir de bonnes relations entre Rome et Constantinople, ce qui lui vaut d'être inscrit dans les diptyques liturgiques de Byzance et de recevoir, durant quinze jours, la visite de l'empereur Constant II. Pendant le même temps, il unifie la date de la célébration de Pâques en Occident, assure l'indépendance de l'Eglise d'Angleterre par rapport à l'influence irlandaise, ce qui donnera à cette Eglise un grand élan missionnaire pour l'évangélisation de l'Europe du Nord grâce à sa cohésion. Il consacre un moine grec, Théodose de Tarse, comme métropolitain de Canterbury. Il accroît la culture religieuse des clercs à Rome" 2.

Saint Vitalien est fêté le 27 janvier.


657. Au début de son pontificat (30 juillet), Vitalien envoie des légats à Constantinople ; l’empereur Constant lui fait remettre un exemplaire des Evangiles, couvert d’or et de pierreries (cinq ans plus tard, il vient lui-même faire une visite politique à Rome). 31 octobre, mort de Clovis II : une assemblée choisit Clotaire III (5 ans) comme souverain ; la reine mère Bathilde est nommée régente ; durant son règne, elle abolit la coutume qui permet aux seigneurs d’avoir des esclaves attachés à leur personne et s’efforce d’interdire la vente des enfants ; elle entreprend aussi de mettre un terme à la simonie qui corrompt l’Eglise de France ; en 659, elle est évincée par le maire du palais Ebroïn et se retire dans l’abbaye de Chelles où elle meurt le 30 janvier 680 ; elle sera canonisée 2 siècles plus tard. 3 novembre, mort de Domnus, l’évêque de Vienne sur le Rhône, qui rachetait les prisonniers de guerre vendus comme esclaves.

658 ou 660. Le concile de Nantes (20 canons), assemblé sur ordre du pape Vitalien visant à réformer le clergé et détruire les vestiges du paganisme, condamne le culte des arbres et des pierres. Les ecclésiastiques devront distribuer aux pauvres le quart des dîmes et offrandes qu'ils reçoivent.

Vers 660. Tendances et courants dans l’islam : Imamites (Iran), Ismaéliens (Inde), Zaïdistes (Yémen), Sunnites (Inde). Emploi de l’orgue dans les églises pendant les offices divins.

660. L’Omeyyade Muawiya, gouverneur de Syrie, se fait proclamer calife et d’installe à Damas. 1er décembre, à Noyon, mort d'Eloi, orfèvre, ministre et évêque 1.

660-710. Conquête de l’Afrique du Nord par les Omeyades.

661. 24 janvier, devant la mosquée de Koufa, un de ses ex-partisans, devenu adepte de la secte kharidjite, tue le calife Ali d’un coup d’épée empoisonnée ; Hassan ou Hasan (dont on dit qu’il aurait été marié et divorcé plus de 100 fois), fils d'Ali et de Fatima, renonce au califat au profit de Muawiya Ier qui nomme son fils Yazid prince héritier (dynastie des Omeyades). Installation de cloches dans toutes les églises de Gaule.

662. Le maire du palais d'Austrasie, Grimoald Ier, livré aux Grands de Neustrie par son compétiteur Wulfoald est exécuté avec son fils Childebert III, qu'il avait placé sur le trône d'Austrasie ; Childéric II règne en Austrasie à l'âge de 8 ans sous la tutelle de Wulfoald. 13 août, dans le Caucase, mort du moine Maxime le Confesseur (langue et main droite coupées pour avoir lutté contre le monothélisme).

663. 5 juillet, l’empereur Constant II fait une entrée magnifique dans Rome, donne à l’église Saint-Pierre un riche tapis d’or, mais s’indemnise de ses cadeaux et de ses dépenses en enlevant tout l’airain qu’il peut trouver dans Rome, y compris la couverture de l’église de Sainte-Marie-des-Martyrs ; le pape, malgré tous ses efforts, ne peut convaincre l’empereur de retirer son Typos monothélite. 28 août, Bataille de Hakusukinoe ou de Baekgang : bataille navale à l'embouchure de la rivière Paekchon-Gang, en Corée entre le royaume coréen de Silla allié aux Tang chinois d'une part, et le royaume coréen de Baekje allié au Yamato japonais d'autre part, qui se termine par une écrasante victoire de Silla et des Chinois.

664. Egbert, roi de Kent (un des royaumes de l’heptarchie saxonne d’Angleterre), et Oswi, roi des Northumbriens, envoient au pape Vitalien des ambassadeurs chargés de lui offrir des vases d’or et d’argent et lui demandent de fixer certains points de liturgie, entre autres d’indiquer le jour où l’on doit célébrer la fête de Pâques ; Wilfrid, un des ambassadeurs, revient avec une décision du pape et un grand nombre de reliques ; le souverain pontife profite de la circonstance pour mettre à la tête de l’archevêché de Canterbury et investir de la primatie sur toutes les Eglises anglo-saxonnes un moine du nom de Théodore, natif de Tarse, en Cilicie, homme avisé et servant fidèle de l’Eglise romaine ; ce prélat fait adopter aux Anglo-saxons la liturgie latine. Synode de Whitby : l’Eglise d’Angleterre rompt avec l’Eglise irlandaise et se rattache à l’Eglise romaine (représentée par Wilfried l’envoyé du pape) dont elle adopte la date de célébration de Pâques (les Irlandais, disant se baser sur les indications de Jean le disciple bien Aimé, fêtent Pâques à une date différente de celle de Rome qui aurait été établie par Pierre). Maurus, l’archevêque de Ravenne, poussé par la cour de Byzance, se révolte contre la suprématie du Saint-Siège et, soutenu par l’exarque, refuse de comparaître pour rendre compte de sa conduite ; les anathèmes étant sans effet, Vitalien suscite contre le rebelle la colère de tous les prélats d’Italie ; Maurus répond par les mêmes armes et essaie par tous les moyens d’assujettir l’Eglise latine au patriarcat de Constantinople, mais sa tentative échoue ; Vitalien meurt avant que la querelle soit terminée.

666. Constant II érige Ravenne en siège autocéphale.

668. Canterbury, Théodore et Hadrien viennent réorganiser l’Eglise après l’épidémie de peste.

670. 15 février, mort d'Oswiu, roi de Northumbrie : son fils Ecgfrith lui succède. Le moine Arculfe fait mention d’un sanctuaire (formé d’un double portique entourant une rotonde dépourvue de toit pour laisser le ciel visible) érigé sur le lieu de l’ascension du Christ à Jérusalem (les Croisés bâtiront ensuite l’église de l’Ascension que Saladin transformera en mosquée en 1187 ; à partir du XIIe siècle apparaîtra la légende de la trace des pieds de Jésus).

672. 27 janvier, mort du pape.


Notes
1 Originaire d’une famille gallo-romaine du Limousin où il fut d’abord orfèvre, ELOI (Eligius, né vers 588 à Chaptelat près de Limoges, mort le 01/12/660 à Noyon), réalisa le trône d’or incrusté de pierreries de Clotaire II. Réputé pour son habileté (il fit en réalité deux trônes avec l’or prévu pour un seul), il était aussi apprécié pour son honnêteté et il conserva sa fonction de monétaire royal sous Dagobert Ier dont il fit frapper les monnaies. Nommé monétaire (fabricant de la monnaie de l’Etat) à Marseille, Eligius (Eloi) racheta de nombreux prisonniers de guerre (considérés comme des esclaves) que l’on vendait sur le port. Entré dans le clergé à la mort de Dagobert (639) dont il était le conseiller personnel, il fut consacré évêque de Noyon-Tournai le 21 mai 640. Touché par le sort des prisonniers de guerre, notamment des Saxons, que l'on vendait comme esclaves par troupeaux, il les rachetait pour les libérer. Il parcourut le royaume et évangélisa une partie de la Belgique. En 650, Eloi et Malard l'évêque de Chartres, souscrivirent au concile de Chalon-sur-Saône organisé par Grat, l'évêque du diocèse : le concile était surtout consacré à la discipline ecclésiastique. La bonté légendaire d'Eloi en fit un personnage emblématique, surnommé "Le Salomon des Francs", qui devint le saint patron des forgerons et des orfèvres, fêté le 1er décembre. Eloi lutta contre les coutumes païennes : "Je vous en supplie, n’observez aucune des coutumes sacrilèges des païens. Ne consultez pas les graveurs de talismans, ni les devins, ni les sorciers, ni les enchanteurs, pour aucune cause ou maladie que ce soit..." "Bien qu’une immense distance nous sépare l’un de l’autre et que nous ne puissions espérer nous revoir sur cette terre, soyons unis dans le Christ. Efforçons-nous de vivre de telle sorte qu’après si peu de temps, nous nous trouvions réunis, en corps et âme tout à la fois, pour l’éternité." (Lettre à l’un de ses amis)
2 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/517/Saint-Vitalien.html

Sources


Pape suivant : Adéodat II
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 24/05/2024

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