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Par sa doctrine, le monothélisme ou monothélitisme (du grec monos = seul et thelein = vouloir), Sergius, patriarche de Constantinople de 610 à 638, essaie, en 619, de concilier le monophysisme et l’orthodoxie : il y a bien deux natures dans le Christ (la divine et l’humaine) mais une seule énergie, une seule volonté, théandrique, c’est-à-dire qui soit à la fois divine et humaine. En 634, Sergius réussit à circonvenir le pape Honorius Ier (625-638) qui se contente de demander qu’on évite les controverses inutiles et les expressions nouvelles et qu’on puisse parler aussi bien d’une opération que de deux. Honorius sera déclaré hérétique à titre posthume par le troisième concile de Constantinople en 680 (soit 42 ans après sa mort) pour cette attitude à l'égard du monothélisme. Les théologiens catholiques modernes conviennent qu'Honorius n'a pas été indulgent à l'égard du monothélisme, mais seulement négligent dans sa formulation. L’Eglise d'Orient se trouve divisée entre les partisans de la doctrine selon laquelle le Christ a deux natures (humaine et divine) donc deux volontés, et ceux qui pensent que le Christ n'a qu'une seule nature divine. Pour mettre fin à ces luttes et unifier l'Empire, les empereurs Héraclius et Constant II soutiennent la doctrine du monothélisme selon laquelle le Christ a 2 natures, humaine et divine, mais seulement une volonté divine. Chronologie historique En 640, le pape Séverin rejette la charte du monothélisme : l’Ekthésis (Ecthèse), édit de l’empereur Héraclius. Le pape Jean IV (640-642) condamne le monothélisme. En 641, Constant II, petit-fils et successeur d’Héraclius, publie un nouvel édit interdisant toute discussion sur ce sujet brûlant. En 646, l’exarque de Carthage, Grégoire, adversaire de la doctrine monothélite, se révolte contre l’empereur Constant II. En 648, un concile tenu à Rome dépose Paul, patriarche de Constantinople, qui n’a tenu aucun compte des avertissements du pape Théodore Ier qui lui a écrit pour lui reprocher de favoriser le monothélisme. Quand le pape Martin Ier reçoit, en 649, le Typos (la Règle) de Constant II qui met fin à toute discussion sur le nombre de volontés du Christ, il convoque un concile à la basilique du Latran à Rome. Le concile, animé par Maxime le confesseur, proclame la distinction et l’accord de la volonté divine et de la volonté humaine dans le Christ. Le concile définit deux volontés et énergies naturelles (l’affirmation de la dualité des volontés est la conséquence de celle des natures) et condamne le monothélisme, le Typos, Sergius, Pyrrhus, Théodore et Cyrus. En 653, l’empereur fait arrêter le pape et le fait amener à Constantinople où il est durement traité avant d’être exilé en Crimée. Martin Ier y meurt, le 16 septembre 655, des suites des violences subies. Maxime le Confesseur, arrêté avec le pape, meurt déporté dans le Caucase le 13 août 662, après avoir eu la langue et la main droite tranchées. Eugène Ier (654-657) tente en vain un rapprochement avec les monothélites puis combat avec force et habileté leur hérésie. Le sixième concile œcuménique de Constantinople III (680-681) condamne les doctrines monophysite et monothélite et affirme la pleine humanité du Christ en lui reconnaissant une volonté humaine, distincte de sa volonté divine : « Nous confessons, conformément à l’enseignement des Saints Pères, deux énergies naturelles et deux volontés naturelles, sans séparation et sans changement, sans division et sans mélange ; deux volontés, non pas opposées l’une à l’autre, mais une volonté humaine subordonnée à la volonté divine. » Sur les propriétés des deux natures dans le Christ, le 14e concile de Tolède (14 au 20 novembre 684) décrète : "Chap. 8. Mais maintenant... nous prêchons (aux fidèles), en le résumant en une brève définition, qu'ils doivent reconnaître en effet que les propriétés indivisibles des deux natures demeurent dans l'unique personne du Christ, Fils de Dieu, sans division et sans séparation, comme aussi sans confusion et sans changement, l'une de la divinité, l'autre de l'homme, l'une dans laquelle il a été engendré de Dieu le Père, l'autre dans laquelle il est né de Marie la Vierge. L'une et l'autre de ses naissances est donc complète, l'une et l'autre est parfaite, ne possédant rien de moins de la divinité ne prenant rien d'imparfait de l'humanité ; il n'est pas divisé par le doublement des natures, il n'est pas redoublé dans la personne, mais Dieu parfait et homme parfait, sans aucun péché, il est l'unique Christ dans la singularité de la personne. Existant donc comme un seul dans les deux natures, il resplendit dans les signes de la divinité et est soumis aux souffrances de l'humanité. Ce n'est pas un autre en effet qui a été engendré du Père et un autre de la mère, bien qu'il soit né autrement du Père et de la mère : toutefois le même n'est pas divisé entre les deux genres de natures mais, un seul et même, il est à la fois Fils de Dieu et Fils d'homme ; il vit bien qu'il meure, et il meurt bien qu'il vive ; il est impassible bien qu'il souffre ; il ne succombe pas à l souffrance ; il n'y est pas soumis dans la divinité et il ne s'y soustrait pas dans l'humanité ; la nature de la divinité lui donne de ne pas pouvoir mourir, la substance de l'humanité lui donne de ne pas vouloir mourir et de le pouvoir ; de par l'une des conditions il est tenu pour immortel, de par l'autre, celle des mortels, il meurt ; c'est par la volonté éternelle de la divinité qu'il assuma l'homme qu'il a pris ; c'est par la volonté de l'homme qu'il a pris que la volonté humaine est soumise à Dieu. C'est pourquoi lui-même dit au Père : "Père, non pas ma volonté, mais que la tienne soit faite" (Lc 22,42), montrant ainsi que l'une est la volonté divine par laquelle l'homme a été assumé, l'autre la volonté de l'homme par laquelle on doit obéir à Dieu. Chap. 9. C'est pourquoi, conformément à la différence de ces deux natures, il faut aussi proclamer les propriétés de deux volontés et activités inséparables. Chap. 10. ... Si donc quelqu'un soit enlève quelque chose de la divinité à Jésus Christ, le Fils de Dieu né du sein de la Vierge Marie, soit soustrait quelque chose à l'humanité qu'il a prise, à la seule exception de la loi du péché, et s'il ne croit pas de façon sincère qu'il existe comme vrai Dieu et homme parfait en une unique personne, qu'il soit anathème". 1 Benoît II, pape de 684 à 685 s'efforce de faire accepter le décret du 14e concile de Tolède (684) sur les propriétés des deux natures dans le Christ. Il tente vainement de convertir Macaire, le patriarche monothélite d’Antioche. Les chrétiens qui persistent à soutenir qu'il n'y a eu en Christ qu'une seule volonté, se séparent de l'Eglise officielle et se réfugient en Syrie. L’Eglise maronite L’Eglise maronite se constitue au début du VIIIe siècle à l’intérieur du patriarcat d’Antioche à partir de monastères de la vallée de l’Oronte, en Syrie, et notamment de celui qui s’était développé sur la tombe de saint Maron ou Mar Maroun (vers 350-423). En 685, le premier patriarche maronite est Jean Maron (+ 707). Le siège patriarcal maronite, qui se fixe dans le courant du Xe siècle sur les hautes vallées du Liban septentrional, gardera jusqu’au XVIIIe siècle un caractère monastique, sans délimitation de sièges épiscopaux. L’Eglise maronite accepte la christologie chalcédonienne mais refuse la byzantinisation. Les maronites célèbrent la messe en syriaque, communient sous les deux espèces et n’imposent pas le célibat à leurs prêtres. Ils adaptent peu à peu une large part de leur propre discipline aux normes venues de l’Occident latin. L’Eglise maronite rejoint l'Eglise romaine en 1181. Son patriarche, qui assiste au IVe concile de Latran en 1215, réaffirme l’union avec Rome. Le 23 février 2011, à la veille de sa rencontre avec le président du Liban et en sa présence, Benoît XVI bénit, en la basilique Saint-Pierre-de-Rome, une statue du saint moine libanais Maron. L´Eglise maronite compte aujourd´hui environ 4 millions de fidèles à travers le monde (Brésil, Etats-Unis, Argentine, Australie, Canada et Afrique), dont près de 1,6 million au Liban. 2 Notes 1 http://www.catho.org 2 http://www.vatican.va Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 22/05/2024 |