Le pape Zosime

Zosime (ou Zozime) est Grec, d'une famille juive convertie au christianisme.
Pontificat du 18 mars 417 au 26 décembre 418 (+).
Il existe de ce pontife quatorze Épîtres et Décrets et des fragments de son encyclique Tractoria contre Pélage.
On lui attribue l’invention du cierge pascal (mais il semble que son usage soit bien antérieur).
Sa sainteté n'est pas mise en cause, même si les évêques d'Afrique ont dit de lui qu'il était un pape non beatae memoriae (= pas de bonne mémoire).
Saint Zosime est fêté le 26 décembre.

"Pape d'origine grecque, il mena son épiscopat d'une manière autoritaire et assura les primaties dans l'Eglise des Gaules particulièrement pour délimiter les pouvoirs des métropoles d'Arles, Marseille et Narbonne. Il en est de même pour les évêques africains et pour Milan. Voulant donner plus d'autorité à Rome, il l'a en même temps affaiblie car bien des intrigues en sont nées". 1


417. 18 mars, élection du pape. Galla Placidia, veuve d'Athaulf (assassiné en 415), se remarie avec Constance (futur Constance III) général d'Honorius. 22 mars, un différend s’étant élevé entre Patrocle, évêque d'Arles, et Proculus, évêque de Marseille, au sujet du droit de métropole sur les provinces Viennoise et Narbonnaise, une lettre de Zosime adressée à tous les évêques des Gaules et des sept provinces, déclarant qu'aucun ecclésiastique, de quelque rang qu'il fût et de quelque partie des Gaules qu'il vînt, qui se présenterait à Rome, ne serait reçu s'il ne portait une lettre (litteras formatas) de l'évêque métropolitain d'Arles 3. En septembre, Célestius, disciple de Pélage, revient à Rome où il réussit à obtenir du pape Zosime sa réhabilitation. En novembre, le concile de Carthage, composé de 214 évêques, demande au pape Zozime que la sentence portée contre Pélage et Célestius subsiste jusqu’à ce qu’ils confessent nettement que la grâce de Jésus-Christ nous aide, non seulement pour connaître, mais aussi pour accomplir la justice en chaque action.

418. Célestius quitte Rome car Zosime a convoqué un concile pour le faire comparaître (le pape a été mieux informé grâce aux interventions répétées des évêques d’Afrique). Le concile de Suffétula (Byzacène) défend d’élever un laïc à lépiscopat, à moins qu’il ne soit passé pendant une année par les autres degrés du ministère ecclésiastique. 30 avril, l’empereur Honorius frappe de proscription Pélage et Célestius. 1er mai, le concile de Carthage, réunissant 214 évêques de toute l’Afrique (Proconsulaire et Numidie), maintient la condamnation de Célestius, renouvelle l’excommunication de Pélage et fixe la doctrine catholique sur le péché originel ("Par sa mort (celle du Fils) est déchiré ce décret de mort (voir Col 2,14) qui a été contracté par propagation, et qui a été introduit par Adam pour nous tous et transmis à toute âme 2 - décret auquel tous ceux, sans exception, qui sont nés sont soumis avant d'être libérés par le baptême"), le baptême des enfants et la nécessité de la grâce salvifique. Fin juin, circulaire (Tractoria) du pape Zosime confirmant la condamnation de Pélage et Caelestius ; le pape se rallie au dogme du péché originel et à la nécessité du baptême des enfants et approuve les huit canons du concile 4. 7 juillet, Germain est consacré évêque d’Auxerre (Germain l’Auxerrois) ; il se rend à Ravenne pour plaider devant l’empereur la cause de l’Armorique opprimée par son gouverneur ; il est reçu par l’impératrice Galla Placidia et par l’évêque Pierre Chrysologue. Zosime rétablit sur le siège épiscopal de Sise (Afrique) Apiarius que de graves fautes avaient fait déposer par ses diocésains. 26 décembre, mort du pape.


Notes
1 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/318/Saint-Zozime.html
2 AME. L'âme est rattachée à l'idée de vie. L'âme est ce qui produit et explique la vie. Un être sans âme n'est pas vivant. Il est inanimé, c'est-à-dire sans âme (du latin anima = souffle, respiration, désignant le principe vital). Les premiers temps du christianisme hésiteront, faisant souvent de l’homme la synthèse non pas de deux entités, mais… de trois : le corps, l’âme, l’esprit, chaque théologien les concevant à sa manière. Peu à peu, cependant, la partition dualiste s’affirme : au fil du temps, "une cohorte de traités sur l’âme et le corps répètent que la personne humaine est formée par la conjonction d’une âme, incorporelle, rationnelle et immortelle, et d’un corps, matériel et périssable" (Jérôme Baschet).
L'Église catholique romaine a admis successivement les doctrines du commencement de la vie (animation) suivantes :
- celle d'Augustin d'Hippone (354-430) : l'animation commence à la naissance ;
- celle de Thomas d'Aquin (1225-1274) : l'animation commence au milieu de la grossesse (40 jours pour les garçons, 80 jours pour les filles) ;
- celle de Bonaventure (1217-1274) : l'animation commence à la conception ;
- Dans sa Lettre Ad apostolicae sedis du 22 août 1851, le pape Pie IX réaffirme que l'âme est présente dès la conception.
Le terme âme est parfois employé comme synonyme d'esprit, bien qu'il s'agisse de deux concepts distincts: l'âme est unie au corps et à la matière, l'esprit en est détaché; l'âme assure des fonctions vitales, l'esprit des fonctions mentales (http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%82me).
Pour les anciens Egyptiens, le ka est l'énergie vitale et un double spirituel qui naît en même temps que l'humain. Le ka survit dans la tombe après la mort grâce au culte funéraire et aux livraisons d'offrandes alimentaires. Le ba, improprement traduit par âme, est un principe spirituel qui prend son envol à la mort du défunt.
Qu’est-ce qui donne la vie au corps ? "L’âme", est la réponse unanime. Une âme qui n’est pas une entité séparée du corps, d’origine surnaturelle, mais qui fait partie du cosmos. La manière dont elle anime le corps reste cependant discutée. Pour Empédocle (v. 490-430 av. J.-C.), c’est un mélange des quatre éléments, feu, air, eau et terre, dont le plus ou moins bon accord détermine l’acuité de la pensée. La vision de Démocrite (v. 460-370 av. J.-C.) apparaît plus concrète : un nuage d’atomes lisses et ronds, constamment renouvelés par la respiration, et qui fait jouer les muscles et les articulations. Quant à Aristote (385-322 av. J.-C.), il l’affirme : c’est une énergie donnant vie à la matière qu’est le corps, une substance qui est la perfection de l’être vivant et ne lui survit pas, sauf une petite partie, l’intellect. Aristote pense l'âme comme la forme d'un corps naturel ayant la vie en puissance (De l'âme, II, 412a, 20).
"Le corps est le tombeau de l’âme" dit Platon (428- 348 av. J.-C.).
Le canon 11 du quatrième concile de Constantinople (5 octobre au 5 novembre 869) condamne la trichotomie de l'homme (l'homme est composé d'un corps, d'une âme et d'un esprit) au profit de la dichotomie (l'homme est composé d'un corps et d'une âme) :« Anathème à quiconque soutient qu’il y a deux âmes dans l’homme ».
"L'homme est composé d'un esprit, d'une âme et d'un corps. L'âme et l'esprit cohabitent dans le corps. L'esprit est ce que l'homme est vraiment, ce qu'il a conscience d'être. L'âme guide l'esprit et donne vie au corps. Le corps est l'habitacle de l'esprit dans le monde physique.
L'esprit est le siège de la conscience. Il pense, apprend, raisonne, décide. Il a reçu de nombreux dons : intelligence, logique, mémoire, imagination, aptitude à décider, etc. Donc l'esprit dispose d'une certaine autonomie, d'une certaine liberté. Il a la possibilité de faire des choix. L'âme est notre partie divine, la présence de Dieu en nous. C'est ce qui relie l'esprit à son Créateur. L'âme est aussi la vie. C'est l'énergie qui maintient le corps en vie. L'âme est une sorte d'intermédiaire, de "médiateur" entre l'esprit et le corps. L'esprit est immatériel, et le corps est matériel. L'âme permet à l'esprit de pouvoir être relié à un corps, de l'habiter et de l'utiliser
"(http://www.opc-connaissance.com/homme_vie/corps_esprit_ame.html).
"Que le Dieu de paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et que tout ce qui est en vous, l'esprit, l'âme et le corps, se conserve sans reproche jusqu'au jour de l'avènement de notre Seigneur Jésus-Christ !" (Paul, 1 Thessaloniciens 5.23). Paul nous dit que nous avons tous été créés avec trois parties : un esprit, une âme et un corps. L’esprit humain est la partie la plus profonde d’une personne. Grâce à elle, nous pouvons contacter Dieu dans la sphère spirituelle. Dieu n’a créé aucune autre créature avec cette troisième partie. L’âme est notre propre moi (cf. Mt 16.26 ; Lc 9.25), un moyen, situé entre notre esprit et notre corps, qui possède la conscience de soi et permet que nous ayons une personnalité qui nous est propre. Le corps est la partie de nous qui est visible, l’organe le plus superficiel, qui est conscient du monde et nous permet d’entrer en contact avec le monde extérieur. Le corps contient notre âme et l’âme est le récipient qui contient l’esprit (https://blog.biblespourleurope.org/les-trois-parties-de-lhomme-lesprit-lame-et-le-corps/).
"La Bible présente constamment l'homme comme composé de trois éléments : la néfesh, le basar et la ruah. La néfesh, c'est la gorge, l'organe de la respiration, qui en est venu rapidement à désigner tout appétit et désir et finalement à recouvrir tout le moi. La néfesh, c'est la personne. Le basar, c'est la manifestation concrète de la néfesh, c'est-à-dire le cœur, les reins, le foie, bref le corps en tant qu'il exprime les sentiments de la néfesh. Mais ce qui assure l'existence du composé néfesh-basar, c'est la ruah, c'est-à-dire l'Esprit communiqué par Dieu (Genèse, II, 7). La ruah est donc le lien de l'homme à Dieu, la présence de Dieu dans l'homme. Pour Paul (I Corinthiens, XV, 35-53), comme pour la tradition biblique, la néfesh est le principe de vie qui anime le corps ; elle est son âme vivante et peut servir à désigner tout l'homme. Mais elle est dominée par le ruah pour que l'homme soit rempli de vie divine. Cette possession de l'homme par le ruah commence dès cette vie mortelle par le don du Saint-Esprit (Romains, V, 5), mais n'obtient son plein effet qu'après la mort" (https://www.universalis.fr/encyclopedie/ame/4-la-notion-d-ame-dans-la-revelation-judeo-chretienne/).
Pour le dominicain Thomas d’Aquin (+ 1274), reprenant Aristote, "un état du corps séparé de l’âme est contre nature. Le corps est nécessaire à la plénitude de la personne, mais aussi à la perfection de l’âme". Jusque dans la mort ! S’impose alors l’image du corps glorieux, celui du ou de la ressuscité(e) : "Il reste un corps, fait de la même chair que les corps vivant sur terre. Mais il acquiert des qualités nouvelles qui sont normalement celles de l’âme." Il conserve aussi tous les organes dont il a été doté durant la vie terrestre. Au paradis, cependant, ceux qui servent normalement à la digestion et à la reproduction deviennent inutiles. "La cuisine et le sexe n’ont de place qu’en enfer" (Jérôme Baschet).
Catherine de Sienne (+ 1380) imaginait l’âme comme une maison comprenant plusieurs pièces : la pièce de l’intelligence, celle des affections, celle de la mémoire, de l’imagination et, enfin, celle de la volonté. Elle expliqua que le démon peut pénétrer dans toutes les pièces sauf celle de la volonté à laquelle Dieu lui interdit absolument de pénétrer. C’est dans cette pièce imaginaire qu’elle avouait se réfugier lorsqu’elle était assaillie par le Démon, comme dans un espace où demeure intact son libre-arbitre ou chacun se détermine librement : repousser, résister ou bien consentir à la tentation.
L'Âme, principe susceptible d’animer la matière, est utilisée par Descartes (1596-1650) comme synonyme de pensée ou de conscience (Pour Descartes, il y a d’un côté la "chose pensante", de l’autre, la "chose étendue"), la notion a été abandonnée par la suite en philosophie à cause de sa trop forte connotation religieuse.
"Des philosophes comme Blaise Pascal (1623-1662) soutiennent que la matière n'est pas capable de penser. Pour comprendre l'existence de la pensée, il faut introduire un principe non matériel. L'âme immatérielle offre une solution au problème. Le corps ne pense pas, mais l'âme le fait. L'âme est ce qui fait qu'un être est immortel. Selon plus d'une conception, l'homme est immortel parce qu'il possède une âme. Son corps meurt et se désagrège, mais son âme subsiste."
La théorie de la recherche sur la conscience et donc sur l'âme, appelée "Orch-OR" (ORCHestrated Objective Reduction), est développée dans les années 1990 par les physiciens Roger Penrose (prix Nobel de physique 2020) et Stuart Hameroff. Elle est basée sur l'idée que la conscience naît dans les neurones et non grâce à des interactions entre eux. Selon la théorie "Orch-OR", la conscience est une onde vibrant dans l'univers des particules subatomiques (la physique quantique est la physique des particules) et les microtubules agissent comme de véritables ordinateurs quantiques, convertissant ces vibrations en informations utilisables (The Daily Digest).
En 2016, Christian Godin, maître de conférences de philosophie, note que le positivisme et le matérialisme nient l'existence de l'âme. Ces courants expliquent les fonctions vitales par des mécanismes physico-chimiques. Il ne croient ni à l'âme immatérielle, ni à l'immortalité en général. Il existe toutefois des conceptions qui font de l'âme une réalité matérielle : Épicure (+ 270 av JC),
Hobbes (+ 1679))" (https://dicophilo.fr/definition/ame/).
Il existe une légende à propos des nouveaux-nés et des moineaux; elle est très ancienne, elle date des Hébreux; selon cette légende, la maison de Dieu est au ciel; une des dépendance de cette maison est le réservoir, le réservoir des âmes, la Gouve. On raconte que lorsqu'un bébé vient au monde, c'est de ce réservoir que provient son âme. Et lorsqu'elle descend du ciel, seuls les moineaux peuvent la voir. D'où leurs chants. Chaque fois qu'un moineau chante, une âme vient au monde et un bébé nait. Lorsque les réservoir des âmes sera vide, les moineaux ne chanteront plus et plus aucune âme ne viendra au monde et ce sera la fin de celui-ci (Jean de Mareuil, évêque d'Uzès, + 1483).
3 http://pages.infinit.net/historia/Decretales_des_papes.pdf
4 http://avancezaularge.free.fr/conciles_carthage.htm

Sources

Pape suivant : Boniface Ier. Antipape : Eulalius
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 09/06/2024

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