SIMON PIERRE
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SOMMAIRE
1. Disciple et apôtre
« Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et la Puissance de la Mort n’aura pas de force contre elle. Je te donnerai les clefs du Royaume des cieux ; tout ce que tu lieras sur terre sera lié aux cieux et tout ce que tu délieras sur terre sera délié aux cieux. » (Matthieu 16,18-19). C’est en ces termes qu’à Césarée, Jésus choisit Simon Bar Jonas (fils de Jonas selon la tradition chrétienne ou Barjona, le révolutionnaire en araméen),) de Bethsaïde 12, pécheur sur le lac de Génésareth, qui vient de le reconnaître comme le Messie (Matthieu 16,16 ; Jean 6,68).
Jésus confie à Simon, qui apparaît partout comme le porte-parole des disciples, le soin de rassembler les hommes dans une communauté de fidèles et de transmettre une règle de foi sans faille : « Désormais tu seras pêcheur d’hommes » (Luc 5,10). Dans la religion catholique, les papes sont les successeurs de Pierre ; ils ont les mêmes droits que lui sur le dogme et la communauté chrétienne.
Malgré sa traduction classique (Petros en grec), le nom Céphas (en araméen Kepha) imposé par le Christ à Simon (Matthieu 16,18 ; Jean 1,42 ; I Corinthiens 1,12 ; 15,5 ; Galates 1,18) signifie rocher plutôt que pierre. Par la grâce de ce nouveau nom, qui exprime la tâche qui lui est assignée désormais, Simon Pierre participe à la solidité durable et à la fidélité inébranlable de Yahweh et de son Messie. Jésus lui annonce qu’il devra, après être revenu de son reniement (Marc 14,66-72, Luc 22,55-62), affermir ses frères (Luc 22,31-34). Pierre a parmi les disciples une place prééminente : à Capharnaüm, c’est dans la maison de Pierre que Jésus demeure ordinairement (Marc 1,29). C’est lui qui prend la parole au nom des autres (Matthieu 16,23 ; 18,21 ; 19,27), notamment au moment solennel où il reconnaît la messianité propre à Jésus (Matthieu 16,16 ; Jean 6,68). Le message confié par les anges de la Résurrection aux saintes femmes (Marc 16,7) comporte une mention spéciale de Pierre. Jean le laisse pénétrer le premier dans le tombeau (Jean 20,1-10). Enfin et surtout le Christ ressuscité apparaît à Céphas avant de se manifester aux 12 (Luc 24,34 ; I Corinthiens 15,5). Paul citera un ancien procès-verbal conciliaire, selon lequel le Ressuscité aurait confié à Pierre l’Évangile pour les circoncis (Galates 2, 7). Paul, après sa conversion (en 34 ?), tout en ayant conscience de sa vocation particulière (Galates 1,15), monte à Jérusalem pour une quinzaine de jours afin d’y faire la connaissance de Céphas (Galates 1,18). Simon était probablement, aux yeux de Paul, l’homme le plus important de l’Église, et cela même si Paul ne lui a pas reconnu une primauté particulière. Lors de l’incident d’Antioche (Galates 2,11-14) Paul sermonne Pierre en lui résistant en face. Pierre se trouve à la tête du groupe réuni au Cénacle (Actes 1,13). Il préside à l’élection de Matthias (1,15). Il juge Ananie et Saphire (5,1-11). Au nom des autres Apôtres qui sont avec lui, il proclame aux foules la glorification messianique du Christ ressuscité et annonce le don de l’Esprit (2,14-36). Il invite tous les hommes au baptême (2,37-41), y compris les païens (10,1-11,18). Il inspecte toutes les Églises (9,32). Au nom de Jésus il guérit les malades (3,1-10) et ressuscite un mort (9,36-42). Sous une forme solennelle, et peut-être juridique, par trois fois, le Christ ressuscité confie à Pierre le soin du troupeau tout entier, agneaux et brebis (Jean 21,15-19). C’est à la lumière de la parabole du Bon Pasteur (Jean 10,1-28) qu’il faut comprendre cette mission. Le bon pasteur sauve ses brebis, rassemblées en un seul troupeau (Jean 10,16 ; 11,52), et celles-ci ont la vie en abondance ; pour elles il livre même sa propre vie (10,11) ; aussi le Christ, en annonçant à Pierre son martyre futur, ajoute-t-il : « Suis-moi ! ». S’il doit marcher sur les traces de son Maître, ce n’est pas seulement en donnant sa vie, c’est en communiquant la vie éternelle à ses brebis, afin qu’elles ne périssent jamais (10,28). En suivant le Christ, Rocher, Pierre vivante (I Pierre 2), Pasteur ayant le pouvoir d’admettre dans l’Eglise, c’est-à-dire de sauver de la mort les fidèles et de leur communiquer la vie divine, Pierre, qui renia Jésus à trois reprises avant que le coq ne chante (Matthieu 26, 69-75 ; Marc 14, 66-72 ; Luc 22, 54-61), est cependant le vicaire du Christ. 6
Saint Pierre, Marco Zoppo, XVe siècle Au début du livre des Actes des Apôtres, l’auteur décrit comment Pierre dirige la communauté mère de Jérusalem. Après avoir dirigé l’Église d’abord avec les Douze, Pierre semble mener la barque pendant un certain temps comme membre du collège des colonnes (Galates 2, 9), triumvirat auquel appartiennent également Jacques le Juste, le frère du Seigneur [véritable frère de Jésus pour certains, cousin de Jésus pour d’autres (toujours confondu avec Jacques le Mineur, fils d’Alphée, dont on sait seulement qu’il fût l’un des 12) et auteur d’une épître] et Jean, fils de Zébédée. Le triumvirat agit en concertation avec les Apôtres et les anciens.
Au cours des années quarante, Pierre doit céder sa place à Jacques, à la suite de quoi il exerce une activité missionnaire à l’extérieur de Jérusalem. Peut-être y est-il contraint par la fraction judéo-chrétienne de stricte obédience, groupée autour de Jacques, qui estime que Pierre est trop favorable à la liberté devant la loi et à l’évangélisation des gentils et qu’il se rapproche un peu trop de la position de Paul ?
De 41 à 44, Hérode Agrippa Ier persécute les chrétiens pour s’attirer la sympathie des Juifs. Les apôtres se dispersent et rejoignent les communautés juives de la diaspora ; ils fondent notamment la chrétienté d’Antioche (Syrie). Une ancienne tradition, dont la liturgie avait conservé le souvenir, fait de Pierre le premier évêque d’Antioche (Eusèbe, Histoire ecclésiastique) où il serait resté pendant 7 ans (?). Les Actes décrivent trois persécutions successives : c’est au cours de la troisième, en 43 ou 44, que Jacques le majeur est martyrisé et que Pierre, après avoir été emprisonné à Jérusalem, est délivré miraculeusement (Actes 12,1-19).
La tradition qui fait siéger le prince des Apôtres de 42 à 67 est attestée par Eusèbe dans sa Chronique 7 8.
Vers 48, Pierre se trouve probablement à Antioche où Paul le réprimande (Galates 2, 11-14). La tradition a fait de Saint Pierre le premier évêque d'Antioche mais c’est saint Ignace d’Antioche qui organisera cette église jusqu’à son martyre survenu vers 110.
En 48, Pierre participe au concile de Jérusalem (Actes 15,1-29) et il disparaît de la scène à partir de 15,7.
Paul, lors de son dernier passage dans la capitale juive, trouve Jacques, le frère du Seigneur, comme seul responsable de la communauté chrétienne (Actes 21,17-26).
Dans la seconde moitié des années cinquante, Paul atteste indirectement une activité missionnaire de Pierre : « N’avons-nous pas le droit de mener avec nous une sœur qui soit notre femme, comme font les autres Apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas ? » (I Corinthiens 9, 5).
On peut supposer qu’au cours de ses voyages Simon s’est rendu en Galatie et à Corinthe, où il y avait un parti de Céphas (I Corinthiens 1, 12). Même après le déclin de l’influence de Simon, un parti du Rocher pourrait avoir cherché à maintenir la primauté de l’apôtre Pierre pour l’Église universelle.
Cette primauté semble avoir été contestée dès le début : Paul semble polémiquer ici et là contre une prétention d’exclusivité de Céphas. L’Evangile de Jean place le disciple favori à côté de Pierre dont il reconnaît pourtant la position privilégiée. Selon l’Épître aux Éphésiens (2,20), l’Église est édifiée sur le fondement des Apôtres et des prophètes, Jésus-Christ lui-même étant la pierre angulaire.
Après la mort de Jacques en 62, les tendances antipétriniennes ont pu inciter les cercles favorables à Pierre à se prévaloir plus fermement encore de cet apôtre, afin de légitimer leur tradition et de faire valoir les droits de leur parti à la suprématie.
La suite de la vie de Pierre est obscure. Il aurait prêché en Asie Mineure et en Grèce avant d’aller à Rome. Les sources et les dernières découvertes archéologiques permettraient toutefois d’avancer que Pierre a bien subi le martyre à Rome sous l’empereur Néron.
Papias, évêque de Hiérapolis au début du IIe siècle, dit que, avant sa mort, Pierre raconta à Marc tout ce qu’il se rappelait de Jésus.
Selon Origène, les Actes de Pierre (apocryphes) et Jacques de Voragine (La légende dorée), le Prince des Apôtres fut crucifié sur le mont Vatican, le samedi 13 octobre 64, la tête en bas, parce qu’il ne s’estimait pas digne d’être supplicié de la même manière que le Christ. Pour d’autres auteurs catholiques, Pierre occupa le Saint-Siège de l’an 42 au dimanche 29 juin 66 8 10. Selon d'autres encore, il exerça son pontificat de 32 à 67 (+ en 67, selon l'Annuario pontificio). Jérôme situe sa mort à la fin du règne de l'empereur Néron, entre juillet 67 et juin 68 en se basant sur le livre des Chroniques d'Eusèbe de Césarée (op. cit.), ce qui correspond aux indications faites par Clément de Rome (I Clem. V, 7).
La crucifixion de saint Pierre par le Caravage
Dans l’imagerie médiévale, les attributs de Pierre sont : la clef, le coq, la croix inversée et la tiare. Saint Pierre est fêté (avec saint Paul) le 29 juin. En août 1164, la bulle Licet Omnes d'Alexandre III affirma que Saint Pierre est le prince des apôtres car il a reçu la tâche de faire paître les brebis du Seigneur ; le pape, son successeur, occupe dans l'Église la place de Noé dans l'arche ; il juge les causes de tous les hommes. En 1953, on découvrit, sous le Vatican, des tombeaux remontant au règne de Vespasien et une inscription datant de 180 avec une invocation à saint Pierre. Le 26 juin 1968, Paul VI annonça que les reliques de l’apôtre Pierre avaient été retrouvées, au cours des fouilles sous la basilique, grâce aux travaux de Margherita Guarducci. Le 29 juin 2019, lors de la fête des saints Pierre et Paul, le pape François fait don à son frère Bartholomée, patriarche de Constantinople, de reliques de saint Pierre (9 fragments d'os), afin qu'elles soient gardées à Istanbul, au Phanar, le siège du Patriarcat. Les reliques de Saint-Pierre sont désormais placées auprès de celle de Saint-André, patron de l'Eglise de Constantinople et vénéré par l'Eglise orthodoxe locale.
2. Evénements survenus durant le « pontificat » de Pierre
41 à 44. Hérode Agrippa Ier, fils d’Aristobule et de Bérénice, petit-fils de Hérode le Grand, roi de Judée et Samarie, persécute les chrétiens pour s’attirer la sympathie des Juifs (les Actes décrivent trois persécutions successives ; la troisième, qui est sûrement de l’année 43, entraîne le martyre de Jacques, le frère de l’évangéliste Jean, et l’arrestation de Pierre) : les apôtres se dispersent et rejoignent les communautés juives de la diaspora ; ils fondent notamment la chrétienté d’Antioche de Syrie (la première Eglise chrétienne) où apparaît le mot chrétien qui, bien qu’employé comme insulte, sera revendiqué par les membres de la communauté ; un violent incident y oppose Paul et Pierre à propos des rapports avec les païens (Galates 2,11-14).
42. Expédition du légat Suetonius Paulinus contre les Maures révoltés à l'instigation d'Aedemon, affranchi du roi numide Ptolémée ; Rome achève la conquête de la Maurétanie (Maroc et ouest de l'Algérie actuels), divisée en deux provinces : la Maurétanie Césarienne (capitale : Caesaria ou Cherchell) et la Maurétanie Tingitane (capitale : Tanger).
43. Janvier-mai : expédition chinoise pour réduire la révolte du fleuve Rouge, menée par le général chinois Ma Yuan ; suicide des sœurs Trung, le Vietnam devient une province chinoise. Au printemps, Pierre, après avoir été emprisonné à Jérusalem, est délivré miraculeusement ; il se rend à Antioche. Les Romains conquièrent la Lycie qui est réunie à la province de Pamphylie. Conquête de la Lycie (Asie Mineure) par les Romains. Un édit de Claude applique la peine de l'homicide au maître qui tue son esclave infirme ou malade. Selon un recensement ordonné par l'empereur Claude, 6.944.000 Juifs vivent alors dans l'Empire romain.
43 à 47. Les Romains conquièrent l’Angleterre (Bretagne) ; première Guerre de Bretagne. Débarquement de 4 légions romaines sous le commandement d'Aulus Plautius dans le Kent (Richborough). Fondation de la ville de Londinium (Londres). Prise de Camulodunum (Colchester) ; le sud de la Bretagne est organisé en province romaine avec Camulodunum pour capitale. Combats contre les Icènes.
44. Quelques jours avant la Pâque, martyre de Jacques le Majeur, frère de Jean l’évangéliste, décapité sur ordre d'Hérode Agrippa Ier (Actes 12,1) et vénéré à Saint-Jacques-de-Compostelle. En mai, mort d'Hérode Agrippa Ier, peut-être empoisonné par les Romains : d’après Flavius Josèphe, les troupes romaines de Césarée maudissent le souvenir d’Agrippa, entrent de force dans sa maison, violent ses filles et célèbrent sa mort publiquement par des fêtes et des libations. La Maurétanie est divisée en deux provinces romaines : Maurétanie Césarienne et Maurétanie Tingitane. Rattachement de l'île de Rhodes à l'Empire romain pour 9 ans. Selon la tradition, Pierre voyage jusqu'à Rome où il est reçu par Pudens, un sénateur converti 9.
45. Expédition du général chinois Ma Yuan contre les Xiongnu et les Xianbei (près du Grand Khingan en Mandchourie). Paul et Barnabé se rendent en Pamphylie et en Lycaonie où se convertissent d’abord des Juifs et des prosélytes (Actes, 13, 43 ; 14, 1), puis des païens (Actes, 13, 48). 28 juin, Claude ordonne que la garde du vêtement du grand-pontife aux prêtres du Temple de Jérusalem demeure toujours au pouvoir des Juifs. Famine en Judée.
46. Après le meurtre de son roi Rhémétalcès III, la Thrace devient une province de l'Empire romain. Rome et la frontière nord-est de l'Empire romain sont réunis par la Route du Pô au Danube. Tiberius Julius Alexander, un Juif apostat d'Alexandrie, devient procurateur de Judée (fin en 48) ; il fait face à la famine et fait exécuter Jacques et Simon, fils de Judas le Galiléen, probablement chefs du parti zélote.
47. 15 mars, le recensement indique qu'il y a 5 984 000 citoyens romains. Claude introduit le culte d’Attis, dieu phrygien de la végétation et parèdre de Cybèle. Un édit de Claude recommande aux maîtres la douceur et le respect pour les esclaves et les affranchis (les abus restent nombreux malgré l’émergence d’un réel humanisme inspiré par les stoïciens). En automne, révolte de tribus bretonnes, dirigée par le Catuvellauni Caratacos, contre l'interdiction qui leur est faite de porter des armes (fin au printemps 48). Le général et consul Corbulo lance une offensive contre les Frisons révoltés, mais est rappelé par Claude sur le Rhin pour combattre les Chauques. Claude organise l'ordre des haruspices (60 membres).
48. A la demande de l’aristocratie gauloise, l’empereur Claude (né à Lyon) fait admettre au Sénat romain les notables des Gaules. Claude accorde aux Gaulois qui sont déjà citoyens romains l’accès à la magistrature (un exemplaire de l’édit a été retrouvé au forum de Lyon) ; il accorde le droit de cité aux Éduens. Pierre est à Antioche (Syrie) ; ensuite, il ira prêcher en Asie Mineure, en Grèce puis retournera à Rome (58). Le concile de Jérusalem (Actes 15,1-29), dirigé par Jacques le Juste, le frère du Seigneur, et auquel participe Pierre, décide que les païens devenus chrétiens devront seulement s’abstenir des souillures des idoles, de la fornication, des chairs étouffées et du sang ; ils sont donc dispensés de la circoncision et, plus généralement, libres à l’égard de la loi mosaïque. Une émeute éclate à Jérusalem lors de la fête de Pâque quand un soldat romain montre son derrière à la foule ; elle est réprimée par le procurateur Ventidius Cumanus ; puis un soldat romain déchire et brûle un rouleau de la Loi de Moïse, et la foule juive se rend à Césarée pour exiger qu'il soit puni ; Cumanus fait exécuter le coupable pour éviter la révolte. En octobre 48, exécution de MESSALINE et de Caius Silius (Elle a épousé le consul Caius Silius et mêlant le contrat de mariage avec d'autres actes, le fait signer à l'empereur Claude son époux sans qu'il s'en doute. Pendant un voyage de Claude à Ostie, elle célèbre solennellement son mariage en présence du sénat, des soldats et du peuple. Ils ont commis la bigamie et se sont mariés devant des témoins. Silius étant sans enfant il désire adopter Britannicus et complote avec Messaline dans le but de renverser Claude pour placer Britannicus sur le trône. Narcisse, affranchi à la tête de la fonction publique et homme de confiance de l'empereur, dévoile leur faux mariage et le complot pour tuer Claude. L'empereur ordonne alors leur exécution : Messaline, qui n'a pas le courage de se suicider, est exécutée par un soldat. https://fr.wikipedia.org/wiki/Caius_Silius).
49. A la suite de troubles, Claude chasse de Rome les Juifs qui s'agitent à l'instigation de Chrestus selon Suétone ; ils ont vite l'autorisation de revenir.
Vers 50. Mort de Philon d’Alexandrie, dit le Juif, philosophe grec d’origine juive, né à Alexandrie vers 20 av. J.-C. ; sa philosophie, imprégnée de Platon et de la Bible, a inspiré le néoplatonisme et la doctrine des Pères de l’Église ; on lui doit notamment des traités : Sur l’esclavage de l’insensé, Sur la liberté du sage, Sur la Providence, ainsi que des travaux d’exégèse (Questions et Solutions sur la Genèse et l’Exode).
50. Paul entreprend un nouveau voyage, cette fois avec Luc : après avoir traversé l’Asie Mineure, il atteint l’Europe et fonde des communautés à Philippes, à Athènes et à Corinthe où il habite un an et demi et travaille chez un fabricant de tentes. L'empereur Claude adopte Néron, fils d'Agrippine la Jeune, au détriment de Britannicus, fils de Messaline. Les troupes romaines de Pomponius Secundus, aidées d'auxiliaires Vangions et Némètes, repoussent les Chattes sur le Rhin. En Bretagne, le Catuvellauni révolté Caratacos, à la tête des Ordovices et des Silures, est battu par les forces romaines de Publius Ostorius Scapula au fort de Caer Caradoc, sur la haute vallée de la Severn dans le Shropshire ; il parvient à fuir chez la reine des Brigantes, mais son frère Arviragus doit se rendre avec le reste de l'armée ; sa femme Eurgein, enceinte, et sa fille Gwladys sont capturées et envoyées comme otage à Rome. Construction des arènes de Lutèce (5 000 habitants).
51. Cartismandua, reine des Brigantes, dans l’actuel Yorkshire (GB), est confirmée dans ses fonctions par l’empereur Claude, après avoir livré Caractacos, le rebelle trinobante, à Rome ; orgueilleuse et débauchée, imposée par Rome, elle sera chassée par son peuple, menée par son ex-époux Venutius en 69. Le Sénat romain chasse les astrologues d'Italie. Des pèlerins galiléens sont assassinés dans un village de Samarie, ce qui déclenche une révolte en Galilée, le légat de Judée Cumanus ne punissant pas les meurtriers ; le bandit zélote Eléazar, fils de Deinaeus, met à sac le nord de la Samarie ; enfin, Cumanus intervient : il fait exécuter ou arrêter les pillards, sans pouvoir rétablir l'ordre.
52. 1er août, mise en service de l'Aqueduc de Claude à Rome. A la fin de l'année, selon la tradition, l'apôtre Thomas arrive à Cranganore au Kerala, pour évangéliser l'Inde ; il sera tué à Mylapore, aujourd'hui un quartier de Madras, en 72.
53. Un troisième voyage conduit Paul d’abord à Éphèse (où il reste trois ans et se met à dos les orfèvres de la ville qui vendent principalement des statuettes de la déesse Diane/Artémis ; il écrit l’Épître aux Galates et la Première Épître aux Corinthiens), puis à Corinthe où, durant l’hiver 57-58, il rédige l’Épître aux Romains (la plus longue des Épîtres de Paul, c’est la seule lettre qu’il adresse à une Église non fondée par lui) ; Paul est le premier à qualifier le Christ de fils de Dieu (Galates 2,20 ; Romains 8,3). Hérode Agrippa II cède ses droits sur le royaume de Chalcis et reçoit en échange l'ancienne tétrarchie de Philippe augmentée d'une partie de la Galilée et de la Pérée. Discours de Néron dans le Sénat romain en faveur d'Ilion, Rhodes, Apamée et Bologne : les habitants d'Ilion sont exemptés d'impôt ; Claude rend la liberté à Rhodes à la suite de la plaidoirie en grec du jeune Néron ; Apamée est exempté de tribut pour cinq ans pour se relever d'un tremblement de terre ; Bologne reçoit une aide financière pour sa reconstruction après un incendie.
54. Corbulo est envoyé en Asie et prend la direction des opérations à la frontière de l'Arménie pour lutter contre les Parthes (fin en 64). Violences à Césarée à propos du statut de la ville et des droits civique des Juifs : Juifs et Syriens s'affrontent ; la garnison romaine, composée de Syriens, se range aux côtés des siens ; les Juifs, armées de gourdins et d'épées, se réunissent sur la place du marché ; le procurateur de Judée Antonius Felix ordonne à ses troupes de charger ; on demande l'arbitrage de Néron, qui tranche en faveur des Syriens, reléguant les Juifs au rang de citoyens de deuxième classe. Dans la nuit du 12 au 13 octobre, l’empereur Claude meurt empoisonné par son épouse Agrippine la Jeune dont le fils Néron (Lucius Domitius Ahenobarbus) lui succède au détriment de Britannicus (14 ans), son propre fils.
55. 11 février, Néron fait empoisonner Britannicus qu’Agrippine menace de mettre au pouvoir. Révolte en Arménie au début de l'année contre Rhadamiste qui doit fuir, laissant pour morte son épouse Zénobie, enceinte, qui sera recueillie par Tiridate ; Tiridate Ier est replacé sur le trône par son frère Vologèse Ier, lequel, occupé en Perse par la révolte de son fils Vardanès, traite avec le Romain Corbulo et lui envoie des otages ; la paix dure jusqu'en 58.
56. Guerre d'escarmouche entre Rome et les Parthes en Arménie (fin en 57). Corbulo profite de l'accalmie pour rétablir la discipline.
57. 29 mars, Han Mingdi succède à l'empereur de Chine Guangwudi. 14 août, mort de Marie de Nazareth, la mère de Jésus (à Gethsémani, Thomas trouvera son tombeau vide).
58. Au printemps, début de la campagne d'Arménie (fin en 63) : victoire de Corbulo contre Tiridate Ier d'Arménie et Vologèse Ier, roi des Parthes ; après le massacre de la garnison parthe de Volandum et la prise d'Artaxata, les armées romaines hivernent en Arménie. En Inde, les Kouchan profitent du conflit entre la Parthie et Rome pour prendre Herat, le Sistan, et l'Arachosie, ainsi que l'embouchure de l'Indus. Paul vient à Jérusalem au retour de son 3e voyage ; accusé par les Juifs d’avoir profané le Temple, après la Pentecôte, en y introduisant un chrétien incirconcis, il est arrêté par les soldats romains ; emprisonné à Césarée, il invoque sa citoyenneté romaine et fait appel à l’empereur. Paul est détenu 2 ans à Césarée après un procès auquel Hérode Agrippa II (Julius Marcus Agrippa II), l’allié des Romains, participe comme expert aux questions juives.
58-60. Epître de Jacques (le Juste ou le Mineur).
59. Fin mars, Néron fait tuer sa mère Agrippine (elle est éventrée et décapitée dans son lit). En été, campagne d'Arménie : Corbulo prend Tigranocerte.
60. Au printemps, campagne d'Arménie : Corbulo renverse Tiridate Ier et place Tigrane VI de Cappadoce sur le trône d'Arménie. En Grande-Bretagne, révolte de Boadicée (ou Boudicca), veuve du roi Prasutagus, reine et druidesse des Icènes qui vivent dans ce qui constitue aujourd’hui les comtés de Norfolk et du Suffolk 1. Le procurateur de Judée Antonius Felix est rappelé par Néron et remplacé par Porcius Festus, qui fait transférer à Rome Paul (Saül), qui, en tant que citoyen romain, a fait appel à l’empereur, pour y être jugé. Paul, en transfert vers Rome, est à Malte à la suite d'un naufrage : il y séjourne trois mois et convertit le gouverneur romain Publius.
60/61. Martyre de l’apôtre et évangéliste MATTHIEU. Matthieu, fils d'Alphée, portait d'abord le nom de Lévi. Publicain (fonctionnaire de l'impôt), il tenait le bureau de péage de Capharnaüm où il percevait le portorium, à la fois douane, octroi et péage entre l'Etat du roi Hérode Antipas et celui de son frère, le tétrarque Philippe, quand il fut appelé par Jésus (Mathieu IX, 9 ; Marc II, 14 ; Luc V, 27-28). « Celui qui fraudait sur l’argent est devenu le dispensateur de la grâce. Celui qui fréquentait l’école de l’impiété est parvenu à l’enseignement de la piété. Celui qui était maître en cupidité est devenu docteur de la miséricorde ». (Pierre Chrysologue, Sermon 30) La tradition, rapportée notamment dans La Légende dorée, dit qu'il prêcha en Égypte et en Éthiopie où, après avoir chassé les mages Zaroes et Arfaxat, et leurs dragons, il ressuscita le prince héritier Euphranor et baptisa le roi, la reine, la maison royale et le peuple tout entier. Le roi Eglippe (ou Egippus) étant mort, son frère Hirtace (ou Hirtacus) lui succéda et, pour mieux asseoir son pouvoir, entendit épouser Iphigénie, sa nièce, fille du feu roi, qui avait fait vœu de virginité et vivait recluse avec ses compagnes. Mais, au cours d’une messe à laquelle il convia le nouveau souverain, Matthieu fit un tel éloge de la virginité, invitant une vierge consacrée à mourir plutôt qu’à y renoncer, que Hirtace ordonna de le faire périr. Les bourreaux arrivèrent alors que Matthieu finissait la messe ; ils montèrent à l'autel et le tuèrent. Matthieu aurait été tué d’un coup de hache, arme avec laquelle il est souvent représenté. Le corps de Matthieu fut d’abord conservé avec beaucoup de vénération dans la ville de Naddaver (lieu non situé aujourd’hui). En 956, il fut transféré à Salerne, dans le Royaume de Naples. Comme on se trouvait alors souvent en péril de guerre et que l’on craignait que quelqu’un s’emparât furtivement des reliques, on cacha le corps de Matthieu dans un endroit secret connu de quelques personnes. Près de cent vingt ans plus tard, sous le pontificat de Grégoire VII, on découvrit le caveau secret ce dont le Pape félicita Alfane, archevêque de Salerne. De Salerne, le chef (la tête, ndlr) de Matthieu fut transporté en France et déposé dans la cathédrale de Beauvais ; une partie de ce chef fut donnée au monastère de la Visitation Sainte-Marie de Chartres. La relique de Beauvais disparut pendant la révolution française en 1793. 5 Saint Matthieu, fêté le 21 septembre, est le patron des agents des douanes.
Vers 61. Mort de BARNABE : selon la tradition, Joseph dit Barnabé (ou Barnabas, ce qui veut dire l'homme du réconfort) est lapidé, pendu ou brûlé vif à Salamine, en sa Chypre natale. Il est, nous disent les Actes des Apôtres (4, 36-37), un lévite originaire de Chypre. Il se trouve à Jérusalem au moment où se forme la première communauté chrétienne. Il possède un champ qu’il vend et dont il apporte le prix aux apôtres. Il a compris l’appel du Christ au jeune homme riche. Intermédiaire secourable et efficace, c’est lui qui introduit Paul auprès des apôtres : en 40/41, Barnabé, qui a connu PAUL à Jérusalem, vient le chercher à Tarse et l'emmène à Antioche sur l'Oronte où est fondée la 1ère Eglise chrétienne qui les enverra en mission. Ils prêchent à Antioche, à Chypre, en Asie Mineure. Tous deux, le lévite et le pharisien, se voient accuser par les judéo-chrétiens d’Antioche, de mépriser les coutumes traditionnelles. Ils retournent consulter les apôtres à Jérusalem pour régler cette question. En 45, Paul et Barnabé se rendent en Pamphylie et en Lycaonie où se convertissent d’abord des Juifs et des prosélytes (Actes, 13, 43 ; 14, 1), puis des païens (Actes, 13, 48). Au cours d’une mission à Lystres en Lycaonie, le duo Barnabé et Paul apparaît aux habitants païens comme une incarnation des dieux mythologiques : Barnabé est Zeus à cause de sa barbe et de sa prestance, Paul est Hermès parce qu’il est celui qui parle. On a ainsi une idée imagée de l’allure qu’ils avaient. Brouillés après un différend au sujet d’un certain Jean-Marc, probablement le futur auteur de l’Évangile de Marc (Actes 15, 36-40), ils créent deux équipes : Paul et Silas, Barnabé et Marc... Bien que n'ayant pas fait partie des Douze, Barnabé, comme Paul, est honoré avec le titre d'Apôtre. "Après avoir accompli toute la liturgie, il communia avec les frères à l’eucharistie des mystères. Après cela, prenant Marc à part, il lui dit : Aujourd’hui il faut que je sois consommé aux mains des juifs infidèles. Toi, tu sortiras de la ville vers l’ouest et tu trouveras mon corps. Ensevelis-le, quitte Chypre et va voir Paul. Reste avec lui jusqu’à ce que le Seigneur dispose de toi." (Actes de saint Barnabé)
61. Sous prétexte de faire cesser les sacrifices humains (selon Tacite, les autels étaient arrosés du sang des victimes et les dieux étaient consultés dans les entrailles humaines), les Romains massacrent les druides réfugiés dans leur grand centre de l’île de Mona (Anglesey). Quelque part le long de la voie romaine (Watling Street), le général romain Suetonius Paulinus, de retour du Pays de Galles, est victorieux de la reine Boadicée qui se suicide. 400 esclaves sont exécutés à la suite de l'assassinat de leur maître, Pedanius Secundus, préfet de Rome, par l'un d'entre eux.
61-63. Paul est en liberté surveillée à Rome.
61/62. Martyre (jeté du haut d’une des tours du Temple, lapidé et achevé d’un coup de bâton de foulon) de JACQUES LE JUSTE, le frère du Seigneur, ou Jacques le Mineur 2, originaire de Nazareth, considéré comme le premier évêque 3, le chef des Nazôréens de Jérusalem que le Grand Prêtre sadducéen Anne, fils d'Anne, fait éliminer. La tradition orientale distingue Jacques, fils d'Alphée, et Jacques le Juste, le frère du Seigneur et premier archevêque de Jérusalem : le fils d'Alphée est fêté le 9 octobre, le Mineur [ou le Juste] est fêté le 25 octobre. Chez les Latins, Jacques, fils d'Alphée, est considéré comme étant le même que Jacques le Juste, le frère du Seigneur ; à la suite de Clément d'Alexandrie, la tradition de l'Église romaine, pour laquelle il n'existe que deux Jacques, le Majeur (le fils de Zébédée) et le Mineur (le fils d'Alphée, le Juste, le « frère du Seigneur ») s'est développée. Au printemps, Néron répudie son épouse Octavie et l’exile. A Rome, remise en vigueur de la redoutable loi de majesté qui punit de mort toute atteinte à l’État romain, donc à l’empereur. 9 juin, mort de Claudia Octavia : répudiée puis exilée à Pandateria, elle est contrainte par Néron à s'ouvrir les veines ; Néron perd ainsi la sympathie du peuple ; il épouse Poppée qui lui donne une fille, Claudia Augusta, qui meurt quatre mois plus tard. Les Parthes reprennent la guerre en Arménie après l'échec de leur ambassade à Rome ; le légat Paetus ravage l'Arménie, puis prend ses quartiers d'hiver à Rhandeia, où il est battu par Vologèse Ier.
62. 30 novembre, à Patras (Grèce), André, frère de Pierre, est crucifié en X (il aurait évangélisé les Scythes, entre les Carpathes et le Caucase) : « Rien n’a été promis à Pierre et à André par le Maître. Ils quittent leurs biens. Il nous faut considérer plutôt la volonté que la valeur des biens. Il quitte beaucoup celui qui ne garde rien pour lui. Il quitte beaucoup celui qui abandonne tout ce qu’il possède. Pierre et André abandonnèrent l’essentiel : l’un et l’autre renoncèrent au désir de posséder. » (Grégoire le Grand, Homélie sur l’Evangile).
63. A Rome, Paul est acquitté (il va peut-être en Espagne). L’empereur Galba donne droit de cité à Lutèce. Après la défaite infligée aux Romains de Paetus par les Parthes en 62, le Traité de Rhandeia (Cappadoce) fixe la frontière romano-Parthe sur l'Euphrate et accorde le trône d'Arménie à Tiridate Ier qui est couronné à Rome en 66. 8 novembre, Cicéron prononce sa première Catilinaire : les Catilinaires sont une série de quatre célèbres discours de Cicéron prononcées en 63 av. J.-C., alors qu’il était consul, pour attaquer Catilina qui conspirait contre la République romaine.
63 ou 64. Martyre de Matthias 4.
64. Première Epître de Pierre. Nuit du 18 au 19 jusqu’au 27 juillet, incendie (probablement accidentel) de Rome, qui a débuté dans des entrepôts, près du Cirque Maxime : Néron, en séjour à la campagne, regagne précipitamment la capitale de son empire ; soupçonné (responsable selon Pline l’Ancien), il attribue ce crime aux chrétiens et leur fait infliger les supplices les plus atroces en faisant cruellement périr un grand nombre, en présence des citoyens dont les maisons ont été brûlées et qui sont venus chercher un refuge sur la rive droite du Tibre, dans les jardins du Vatican ; « On insultait, dit Tacite, les chrétiens qui allaient mourir et l’on s’en amusait ; on les couvrait de peaux de bêtes pour les faire déchirer par les chiens ; on les attachait sur des croix ; quelquefois même on les allumait comme des torches pour servir, quand le jour tombait, à éclairer la nuit. Néron avait prêté ses jardins à ce spectacle, et, en même temps, il donnait des jeux dans le cirque, se mêlant parmi le peuple en habit de cocher et conduisant des chars » ; « On a dit que les juifs non-chrétiens auraient demandé l’élimination des Juifs chrétiens par l’intermédiaire de Poppée, épouse de Néron, convertie au judaïsme ; selon le Talmud, Néron aurait adopté la religion juive » (Quid 2007) ; la mère de Néron, Agrippine la Jeune, pourrait aussi avoir été convertie au judaïsme ; à la fin de son règne, Néron se considérait comme le représentant sur terre du dieu de la lumière ; la persécution de Néron (jusqu’en 68) fera 2 000 à 3 000 morts. Lyon envoie une forte somme d'argent pour la reconstruction de Rome ; mais, pendant l'hiver 64-65, Lyon sera détruite à son tour par un violent incendie et Néron renverra leur participation aux Lyonnais. Samedi 13 octobre, crucifixion de Pierre dans le circus vaticanus, selon Origène, les Actes de Pierre (apocryphes) et Jacques de Voragine (La légende dorée) ; selon Tacite (Annales XV, 41) à l'automne 64 ; pour d’autres auteurs catholiques, Pierre aurait occupé le Saint-Siège de l’an 42 au dimanche 29 juin 66 10.
65. 12/19 avril, échec de la conjuration de Pison (Caius Calpurnius Piso), du philosophe Sénèque 5 et du poète Lucain, contre Néron qui les pousse au suicide. En été, Néron tue sa femme Poppée enceinte, d'un coup de pied dans le ventre, parce qu'elle lui a reproché vertement de passer trop de temps aux jeux. En Chine, première référence officielle concernant la religion bouddhiste.
66. 25 janvier, passage de la comète de Halley. Paul est à nouveau emprisonné. Fin avril/mi-juin : paix entre Rome et les Parthes ; Néron couronne Tiridate Ier (un parthe), roi d’Arménie (ce dernier initie peut être Néron au mithraïsme). 16 mai, début de la 1ère révolte juive à cause de l’introduction du culte de l’Empereur (sanctuaire impérial à Jérusalem) ; Florus, procurateur de Judée, qui a volé de l'or dans le Trésor du temple de Jérusalem, fait saccager Jérusalem (3 600 tués). Dimanche 29 juin 66 8 10 : crucifixion de Pierre (en 67, selon l'Annuario pontificio) ; saint Jérôme la situe à la fin du règne de l'empereur, entre juillet 67 et juin 68 en se basant sur le livre des Chroniques d'Eusèbe de Césarée (op. cit.), ce qui correspond aux indications faites par Clément de Rome (I Clem. V, 7) ; voir 13 octobre 64. 14 août, en Judée, Eléazar, fils du grand-prêtre Ananie, à la tête des révoltés juifs radicaux, s'empare de la ville haute de Jérusalem après la tentative d'Agrippa II et de Bérénice de régler le conflit : Ananie est assassiné (7 septembre), les palais royaux incendiés et la garnison romaine massacrée. 13 septembre, massacre des Juifs à Césarée. 30 octobre, le gouverneur de Syrie Cestius Gallus attaque Jérusalem ; il s'empare du faubourg nord mais échoue devant le Temple et se retire. 8 novembre, les troupes de la XIIe légion de Cestius Gallus, gouverneur de Syrie, tombent dans une embuscade près de Beth-Horon. Un gouvernement à majorité pharisienne se constitue à Jérusalem, renversé par les zélotes Siméon bar Giora et Jean de Giscala ; les Sicaires s’emparent de Massada et résistent aux Romains. Exode des chrétiens à Pella (Luc 21,20).
Voir suite : Liste des papes
3. Les Mémoires de Pierre
Jean, surnommé Marc, fidèle secrétaire de Pierre qui le traite comme un fils (1ère Epitre de Pierre 5, 13), rédige, à Rome, dans les années 60, les Mémoires de Pierre appelées Evangile selon saint Marc.
4. Les Epîtres de Pierre
Les Epîtres de Pierre font partie des écritures canoniques.
Première Épître de Pierre
La première Épître de Pierre est plutôt une homélie habillée en lettre. Il s'agit d'une suite d'exhortations morales qui se succèdent sans lien apparent. Quelques thèmes : la Rédemption, la régénération et vie nouvelle, la sainteté de vie, la charité fraternelle, l'épreuve et la souffrance, proximité de la fin, jugement des vivants et des morts. Les critiques, en majorité, considèrent que la première Épître de Pierre a été rédigée, entre 62 et 64 à Rome (Babylone étant le nom infamant de Rome), dans l’entourage de Pierre ou par l’un de ses proches collaborateurs (Silas, surnommé Silvain dans l'épître) et qu'elle était destinée à des païens convertis appartenant à des régions d’Asie Mineure. La tradition patristique (Irénée et Tertullien, entre autres) et l’enseignement ecclésiastique postérieur ont reconnu son origine pétrinienne. Cependant, le grec dans lequel ce document est écrit étant excellent (alors que Pierre était un pêcheur galiléen) et l’Ancien Testament y étant cité d’après le texte grec de la version des Septante (la langue maternelle de Pierre était l’araméen), certains le datent de l’époque du règne de Domitien (81-96) ou même de Trajan (98-117). Cette Epitre exhorte à vivre saintement dans la charité et l’amour du Christ, donne des directives sur les rapports sociaux des chrétiens entre eux et avec les païens, invite à imiter le Christ dans la souffrance et constate la fonction nécessaire de la souffrance dans l’expérience chrétienne. Voir.
Seconde Épître de Pierre
La seconde Épître de Pierre, dont l'auteur est Syméon Pierre esclave, ne bénéficie, pour son authenticité, que de témoignages très faibles, et seulement à partir du IIIe siècle (Origène). Aujourd’hui, cette authenticité est suspectée même par les exégètes catholiques. Sa ressemblance avec l’Épître de Jude est frappante. Des critiques pensent que l’Épître de Jude, antérieure, est la source de la seconde lettre dite de Pierre, qui lui a imposé certaines retouches (suppression des citations d’apocryphes tels que le Livre d’Hénoch et l’Assomption de Moïse). Cet écrit, manifestement pseudonymique et cependant canonique, pourrait dater des années 80-90. Il n'y a aucune précision sur les destinataires, on note cependant qu'il s'adresse à des païens et que leur foi est menacée par des faux docteurs. Les thèmes sont : la Parousie, rappel de la Transfiguration (divinité de Jésus), l'inspiration de l'Ecriture, la participation à la vie divine et enfin la connaissance religieuse. Les points majeurs de cette Epître sont les exhortations à mener une vie chrétienne authentique en vue de la parousie du Christ et les mises en garde contre les faux docteurs et les apostats et contre ceux qui doutent du retour du Christ. Voir.
5. Les Actes de Pierre
Les actes de Pierre sont dits apocryphes, c’est-à-dire non-reconnus comme canoniques par l’Eglise
Actes de Pierre
Eusèbe (Histoire ecclésiastique) fait mention de cet ouvrage. Il est cité par Hippolyte, Origène et plusieurs autres. Il semble avoir été composé en 190 environ, en Syrie ou en Palestine. On n’en possède pas le texte complet : la plus grande partie nous est parvenue dans une version latine appelée Actes de Verceil, Actus Vercellenses (à cause du lieu où fut découvert le manuscrit) mais dont le véritable titre est Actus Petri cum Simone. Les Actes de Pierre, attribués par la tradition à Lin, sont mentionnés comme apocryphes dans le Rescrit d'Innocent I et le Décret de Gélase. L’ouvrage raconte qu’après le départ de Paul de Rome pour l’Espagne, Simon le Magicien arriva à Rome et troubla les chrétiens par ses miracles. À Jérusalem, le Christ apparut à Pierre et lui apprit que la communauté romaine avait succombé au charme de Simon. Pierre se rendit en toute hâte à Rome. Il reconquit les fidèles par un grand concours de miracles, où Simon et lui rivalisèrent d’originalité. La lutte suprême eut lieu sur le Forum d’où Simon s’envola vers le ciel ; mais il en retomba et mourut. Ce fut le triomphe pour Pierre : beaucoup de païens vinrent à lui. Ce fut aussi sa perte, car le préfet de Rome le fit mettre à mort. Ce récit se trouve aussi dans un texte grec (Martyre du saint apôtre Pierre). On y lit l’épisode bien connu du Quo vadis et l’histoire de la crucifixion la tête en bas. Les Actes de Pierre présentent d’emblée les caractéristiques d’un christianisme très archaïque dans lequel s’expriment des doctrines qui furent très tôt suspectes de subordinatianisme, de docétisme, et surtout de l’ascétisme accusé qu’on appellera plus tard encratisme et qui s’oppose au mariage et à la propriété des biens. Ces doctrines entraînèrent le discrédit de l’ouvrage, qui fut mis de côté au Ve siècle.
Actes de Pierre et des Douze Apôtres
Assez bien conservé dans la bibliothèque du Caire (codex VI, 1), ce texte, découvert dans la région de Nag Hammadi, est différent des Actes de Pierre. Il relate la mission de Pierre et des Apôtres, mission qui les entraîna dans une certaine ville où un marchand de perles, nommé Lithargoël, invitait les pauvres à se rendre dans sa propre cité. Renonçant à tout, Pierre et ses compagnons parvinrent à cette ville et Lithargoël, habillé en médecin, se révéla être le Christ. Tout dénote dans ce texte un milieu d’origine judéo-chrétien et, plus précisément, syriaque : l’accent porté sur la prédilection pour les pauvres, la condamnation des riches, le jeûne, le dépouillement nécessaire pour parvenir à la cité céleste, l’aspect double d’ange et de guérisseur des âmes que revêt le Christ et, enfin, les symbolismes de la perle et de la cité céleste.
Acte de Pierre
Ce document (Berlin, papyrus IV) rapporte un épisode légendaire de la prédication de Pierre : il raconte comment la fille de l’apôtre échappe par la paralysie à un prétendant et comment celui-ci se convertit et meurt.
6 Les Apocalypses de Pierre
Les Apocalypses de Pierre sont dites apocryphes, c’est-à-dire non-reconnues comme canoniques par l’Eglise.
Apocalypse de Pierre
La plus importante des Apocalypses apocryphes, l’Apocalypse de Pierre, a été regardée comme canonique par plusieurs Pères de l’Église ancienne, en particulier par Clément d’Alexandrie ainsi que dans le Canon de Muratori (Hippolyte ?). Sozomène atteste qu’on la lisait après Pâques dans les églises de Palestine. Eusèbe de Césarée, au IVe siècle, puis Jérôme de Stridon la rejetèrent. Le texte fut perdu, sauf quelques bribes, jusqu’à la fin du XIXe siècle. Un fragment grec en fut découvert en 1886 dans un tombeau d’Akhmim, en Haute-Égypte, avec un long passage de l’Évangile de Pierre. Le livre est très ancien et peut dater du début du IIe siècle, au plus tard de 150. Il se présente comme une révélation faite par le Christ à Pierre, qui la transmet à son disciple Clément. « Voilà, Pierre, je t’ai révélé et expliqué toutes choses. Va vers la ville qui domine sur l’Occident et bois la coupe que je t’ai promise, des mains du fils de celui qui est dans l’Hadès, afin qu’il commence à disparaître. Quant à toi, tu as été choisi à cause de la promesse que je t’ai faite. » L’Apocalypse de Pierre donne une description du Ciel et de l’Enfer : Le paradis est un lieu situé hors de ce monde, resplendissant de lumière : « L’air même y est illuminé des rayons du soleil, et la terre y abonde en épices et en plantes produisant de belles fleurs incorruptibles qui jamais ne se fanent et portent des fruits bénis... Les habitants de cette région sont vêtus des mêmes vêtements qui rendent les anges brillants, et leur pays ressemble à leurs vêtements. » Si la description du paradis est assez belle, l’énumération des supplices infernaux, jusque dans les plus minutieux détails, a quelque chose de repoussant. Les enfants avortés sont confiés à un ange gardien, afin qu’ils obtiennent une destinée meilleure. Ce tableau contrasté du Ciel et de l’Enfer a eu une très grande influence sur la littérature chrétienne, peut-être déjà sur le Pasteur d'Hermas et sur l’Apocalypse de Paul (apocryphe), ainsi que sur l’art chrétien dans ses représentations du Ciel et des Enfers. Le livre développe des données puisées dans la Deuxième Épître de Pierre, concernant particulièrement la destruction du monde par le feu et l’importance extrême de la Transfiguration.
Autre Apocalypse de Pierre
L’ouvrage, Codex VII – 3, de la bibliothèque du Caire, trouvé à Nag Hammadi, est également une Apocalypse de Pierre qui peut dater du IIIe siècle. Dans ce texte, c’est le Sauveur lui-même qui explique les trois visions qu’a eues Pierre. La première concerne l’hostilité contre Jésus des prêtres du Temple et du peuple, aveugles et sans guide ; la deuxième est la crucifixion de Jésus, où le Sauveur fait la distinction entre celui dont les pieds et les mains sont percés de clous et le Jésus vivant, lequel est joyeux et rit ; la troisième vision a pour objet Jésus ressuscité, enveloppé d’une lumière ineffable et entouré d’anges bénissant.
7. Évangile de Pierre
L’Evangile attribué à Pierre est dit apocryphe, c’est-à-dire non-reconnu comme canoniques par l’Eglise. Ecrit vers 100/130, l’Evangile de Pierre, d’origine syrienne, est découvert dans la tombe d’un moine en Egypte en 1886.
« 1. Nul d’entre les juifs ne se lava les mains, ni Hérode ni l’un de ses juges. Et comme ils n’avaient pas voulu se laver les mains, Pilate se leva et partit.
2. Alors le roi Hérode ordonne que l’on emmène le Seigneur, disant : « Exécutez tous les ordres que je vous ai donnés à son sujet. »
3. Joseph, l’ami de Pilate et du Seigneur, se trouvait là ; sachant qu’on allait le crucifier, il se rendit chez Pilate et lui demanda le corps du Seigneur, en vue de sa sépulture.
4. Pilate fit demander le corps à Hérode.
5. Hérode répondit : « Frère Pilate, même si personne ne l’avait réclamé, nous l’ensevelissions, puisque le sabbat va commencer. Car il est écrit dans la loi : Que le soleil ne se couche pas sur un supplicié. » Et il le livra au peuple, avant le premier jour des Azymes, leur fête.
6. Ils saisirent le Seigneur et ils l’entraînaient en hâte, et disaient : « Emmenons le Fils de Dieu, maintenant que nous le tenons en notre pouvoir. »
7. Ils le revêtirent de pourpre et le firent asseoir sur une chaire de jugement, disant : « Juge selon la justice, roi d’Israël ! »
8. L’un d’eux apporta une couronne d’épine et la posa sur la tête du Seigneur.
9. D’autres, dans l’assistance, lui crachèrent au visage, d’autres le giflèrent, d’autres le piquaient avec un roseau, certains le flagellaient, disant : « Voilà les honneurs que nous devons au fils de Dieu !
10. Ils amenèrent deux malfaiteurs, entre lesquels ils crucifièrent le Seigneur. Et lui se taisait, comme s’il n’éprouvait aucune souffrance.
11. Lorsqu’ils avaient dressé la croix, ils y avaient inscrit : « Celui-ci est le roi d’Israël ».
12. Ils déposèrent ses vêtements devant lui et se les partagèrent en les tirant au sort.
13. Un des malfaiteurs les admonesta en ces termes : « Nos crimes nous ont mérité ce supplice, mais lui, qui est le sauveur des hommes, quel mal vous a-t-il fait ? »
14. Eux, pleins d’irritation, ordonnèrent de ne pas lui rompre les jambes, de peur que la mort ne mît un terme à ses souffrances.
15. Il était midi et l’obscurité se répandit par toute la Judée. Ils étaient inquiets: ils craignaient que le soleil ne se couchât alors qu’il vivait encore. Leur loi dit en effet que le soleil ne doit pas se coucher sur un supplicié.
16. Et l’un d’entre eux dit : « Donnez-lui à boire du fiel mêlé de vinaigre. » Ils préparèrent le breuvage et le lui donnèrent.
17. Et ils accomplirent toutes choses, et ils amoncelèrent leurs fautes sur leurs têtes.
18. Beaucoup circulaient avec des torches, croyant que c’était la nuit, et ils tombèrent.
19. Et le Seigneur cria, disant : « Force, ô ma force, tu m’as abandonné ! » Ayant parlé, il fut élevé.
20. À cet instant, le voile du temple de Jérusalem se déchira en deux.
21. Alors ils retirèrent les clous des mains du Seigneur et l’étendirent sur le sol. Et toute la terre trembla, et il y eut une grande frayeur.
22. Puis le soleil se remit à briller: c’était la neuvième heure.
23. Les juifs se réjouirent, et donnèrent son corps à Joseph, afin qu’il l’ensevelît, puisqu’il avait vu tout le bien qu’il avait accompli.
24. Joseph prit le Seigneur, le lava, l’enveloppa dans un linceul et le porta dans son propre tombeau appelé jardin de Joseph.
25. Alors les juifs, les Anciens et les prêtres, conscients du mal qu’ils s’étaient fait à eux-mêmes, commencèrent à se frapper la poitrine et à dire : « Malheur à nos fautes ! Le jugement approche et la fin de Jérusalem ! »
26. Mes compagnons et moi étions dans l’affliction. Blessés dans nos âmes, nous nous tenions cachés, car ils nous recherchaient, ainsi que des malfaiteurs, et comme si nous voulions incendier le temple.
27. Nous jeûnions de surcroît, et restions assis dans le deuil et les larmes, nuit et jour, jusqu’au sabbat.
28. Les scribes, les pharisiens et les anciens se réunirent entre eux, parce qu’ils avaient appris que tout le peuple murmurait et se frappait la poitrine, disant : « Si ces signes inouïs se sont produit à sa mort, voyez comme il était juste ! »
29. Inquiets, les Anciens vinrent trouver Pilate et le supplièrent en ces termes :
30. "Donne-nous des soldats. Nous surveillerons son tombeau pendant trois jours, de peur que ses disciples ne viennent le dérober, que le peuple l’imagine ressuscité des morts et ne cherche à nous nuire."
31. Pilate leur donna le centurion Petronius avec des soldats pour garder le sépulcre. Des Anciens et des scribes les accompagnèrent au tombeau.
32. Ayant roulé la grande pierre, tous, aidés du centurion et des soldats la poussèrent à la porte du sépulcre.
33. Ils y apposèrent sept sceaux, puis ils dressèrent une tente et montèrent la garde.
34. Le lendemain, au commencement du sabbat, de Jérusalem et des environs arriva une foule qui voulait voir le sépulcre scellé.
35. Dans la nuit qui précéda le dimanche, tandis que les soldats relevaient la garde, deux par deux, une grande voix retentit dans le ciel.
36. Et ils virent s’ouvrir les cieux et deux hommes, nimbés de lumière, en descendre et s’approcher du tombeau.
37. La pierre qui avait été placée à la porte roula d’elle-même, et se rangea de côté, et le tombeau s’ouvrit et les deux jeunes gens entrèrent.
38. À cette vue, les soldats réveillèrent le centurion et les Anciens, qui étaient là, eux aussi à monter la garde.
39. Et quand ils leurs eurent raconté ce qu’ils avaient vu, ils virent à nouveau trois hommes sortir du tombeau ; deux d’entre eux soutenaient le troisième et une croix les suivait.
40. Et tandis que la tête des deux premiers atteignait le ciel, celle de l’homme qu’ils conduisaient par la main dépassait les cieux : « As-tu annoncé la nouvelle à ceux qui dorment ? »
42. Et de la croix on entendit la réponse : « oui ».
43. Ces gens combinaient entre eux d’aller rapporter ces prodiges à Pilate.
44. Ils en débattaient encore, quand on vit à nouveau les cieux s’ouvrir et un homme descendre et entrer dans le sépulcre.
45. A ce spectacle, le centurion et son escorte, dans la nuit, coururent chez Pilate, abandonnant le tombeau dont ils assuraient la garde, et en grand émoi, ils racontèrent tout ce qu’ils avaient vu, disant : « Il était véritablement le fils de Dieu. »
46. Pilate répondit : « Je suis pur du sang du fils de Dieu. C’est vous qui l’avez voulu ? »
47. S’étant approchés, tous le priaient et le suppliaient d’ordonner au centurion et à ses soldats de ne répéter à personne ce qu’ils avaient vu.
48. « Mieux vaut pour nous, disaient-ils, nous charger du plus grand péché devant Dieu, que de tomber aux mains du peuple juif et d’être lapidés. »
49. Pilate donna donc ordre au centurion et aux soldats de ne pas souffler mot.
50. Le dimanche matin, Marie de Magdala, disciple du Seigneur, craintive à cause des juifs, parce qu’ils étaient enflammés de colère, n’avait pas accompli au tombeau les devoirs que les femmes ont coutume d’acquitter vis-à-vis des morts qui leur sont chers.
51. Elle prit avec elle ses amies et entra dans le sépulcre où il avait été déposé.
52. Craignant d’être aperçues des juifs, elles disaient : « Puisque le jour où il a été crucifié nous n’avons pu pleurer et nous frapper la poitrine, faisons-le au moins aujourd’hui sur sa tombe.
53. Mais qui nous roulera la pierre que l’on a placée à la porte du sépulcre, pour que nous puissions rentrer, nous asseoir auprès de lui et remplir notre office ?
54. La pierre est grande et nous craignons que l’on ne nous voie. Si la force nous manque, jetons au moins devant la porte les offrandes que nous apportons en souvenir de lui ! Pleurons et frappons-nous la poitrine jusqu’à l’heure de rentrer chez nous. »
55. À leur arrivée, elles trouvèrent le tombeau ouvert. Elles s’approchèrent et se penchèrent pour regarder. Et elles virent un jeune homme, assis au milieu du tombeau. Il était beau et habillé d’un vêtement éblouissant.
56. Il leur dit : « Pourquoi êtes-vous venues? Qui cherchez-vous ? Ne serait-ce pas le crucifié ? Il est ressuscité et il est parti. Si vous ne me croyez pas, baissait-vous et regardez l’endroit où il gisait. Il n’y est pas, puisqu’il est ressuscité et qu’il s’en est allé là d’où il a été envoyé. »
57. Alors les femmes, épouvantées, s’enfuirent.
58. C’était le jour des Azymes, et beaucoup s’en retournaient chez eux, la fête étant finie.
59. Nous les douze disciples du Seigneur, nous pleurions, nous étions dans le désarroi. Et chacun, consterné par ces évènements, rentra chez lui.
60. Moi, Simon Pierre et André mon frère, nous primes nos filets et gagnâmes la haute mer... Et Lévi était avec nous, fils d’Alphée, que le Seigneur...»
8. Citations
C'est le bienheureux Pierre, le premier des Apôtres, celui qui aimait fougueusement le Christ, qui a eu le bonheur de s'entendre dire : Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre. Car lui-même venait de dire : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant. Et le Christ lui dit alors : Et moi, je te le déclare : Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église. Sur cette pierre je bâtirai la foi que tu viens de confesser. Sur cette parole que tu viens de dire : Tu es le Messie, le Fils du Dieu vivant, je bâtirai mon Église. Car tu es Pierre. Le nom de Pierre vient de la pierre, et non l'inverse. Le nom de Pierre vient de la pierre, comme « chrétien » vient de Christ [.] Pierre a précédé, Paul a suivi. Aimons donc leur foi, leur existence, leurs travaux, leurs souffrances ! Aimons les objets de leur confession et de leur prédication ! (Augustin d'Hippone, + 430, Sermon pour la fête des saints Pierre et Paul)
Rien n’a été promis à Pierre et à André par le Maître. Ils quittent leurs biens. Il nous faut considérer plutôt la volonté que la valeur des biens. Il quitte beaucoup, celui qui ne garde rien pour lui. Il quitte beaucoup, celui qui abandonne tout ce qu’il possède. Pierre et André abandonnèrent l’essentiel : l’un et l’autre renoncèrent au désir de posséder. (Grégoire le Grand, pape 590-604, Homélie sur l’Evangile)
N’est-ce pas dans la foi et la doctrine de Pierre que l’édifice de l’Eglise est fondé, jusqu’à ce que nous parvenions tous en Christ jusqu’à l’état de l’homme parfait, dans l’unité de la foi et la vraie connaissance du Fils de Dieu ? [Thomas Beckett (+ 1170) à l’évêque Gilbert]
Pierre paraît le premier en toutes manières : le premier à confesser la foi ; le premier dans l’obligation d’exercer l’amour ; le premier de tous les apôtres qui vit le Seigneur ressuscité des morts, comme il en avait été le premier témoin devant tout le peuple ; le premier quand il fallut remplir le nombre des apôtres ; le premier qui confirma la foi par un miracle ; le premier à convertir les Juifs ; le premier à recevoir les gentils ; le premier partout. (…) tout concourt à établir sa primauté ; oui, tout, jusqu’à ses fautes. (Bossuet + 1704)
Qu'on ne dise donc point, qu'on ne pense point que ce ministère de saint Pierre finit avec lui : ce qui doit servir de soutien à une Eglise éternelle, ne peut jamais avoir de fin. Pierre vivra dans ses successeurs, Pierre parlera toujours dans sa Chaire : c'est ce que disent les Pères ; c'est ce que confirment six cent trente Evêques, au Concile de Chalcédoine (...) Ainsi l'Eglise Romaine est toujours Vierge ; la foi Romaine est toujours la foi de l'Eglise ; on croit toujours ce qu'on a cru, la même voix retentit partout ; et Pierre demeure, dans ses successeurs, le fondement des fidèles. C'est Jésus-Christ qui l'a dit ; et le ciel et la terre passeront plutôt que sa parole. » (Bossuet, Sermon sur l'Unité de l'Eglise)
Heureux les peuples qui sont unis à Pierre dans la personne des papes ses successeurs. Ils marchent sur la route du salut tandis que tous ceux qui se trouvent hors de cette route et n’appartiennent pas à l’union de Pierre n’ont aucun espoir de salut. Car Jésus-Christ nous assure que la sainteté et le salut ne se peuvent trouver que dans l’union avec Pierre, sur qui repose le fondement inamovible de son Eglise. (Jean Bosco, + 1888)
L'autre jour j'ai rêvé que je me trouvais devant les portes du paradis. Et saint Pierre me disait : "Retourne sur Terre, il n'y a pas de bidonville ici". (Mère Teresa +1997)
Lors de sa première rencontre avec Pierre, Jésus, fixant son regard sur lui, changea son nom. De Simon, désormais il s’appellerait Pierre. Comme dans l’Ancien Testament, ce changement de nom préfigure une mission. À plusieurs reprises, dans l’Évangile, Jésus a des attentions spécifiques à l’égard de Pierre. Il loge chez lui à Capharnaüm. Il monte dans sa barque lors de la pêche miraculeuse. Il lui lave en premier les pieds le soir du Jeudi Saint. Il prie pour que sa foi ne défaille pas et qu’il encourage ses frères. Conscient de cela, Pierre, au nom des autres disciples, demande l’explication d’une parabole, le sens exact d’un précepte ou encore la récompense promise à ceux qui ont tout quitté. De même, c’est Pierre qui fera la profession de foi de Césarée : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ». De la bouche de Jésus, il recevra alors sa mission : « Tu es Pierre et sur cette pierre je bâtirai mon Église ». Cette position de prééminence fera aussi que Jean lui cédera la première place pour entrer dans le tombeau, au matin de la résurrection. Paul lui-même reconnaîtra aussi cette prééminence. Le fait que la mission de confirmer ses frères dans la foi soit conférée à Pierre lors de la dernière Cène montre que l’Église, qui naît du mémorial célébré dans l’Eucharistie, a, dans le ministère confié à Pierre, l’un de ses éléments constitutifs. (Benoît XVI, 7/6/2006, source : VIS)
Scandaleux ! Pour éviter les importuns, saint Pierre a installé un judas sur la porte du paradis... (Michel Galabru, Pensées, répliques et anecdotes, 2006)
Jésus a confié les clefs à Pierre pour ouvrir l'entrée du Royaume des cieux, pas pour la fermer (Pape François).
9. Dictons météorologiques et proverbe
A la Saint-Pierre, coq chantant est présage de mauvais temps.
S'il pleut la veille de la Saint-Pierre, la vigne est réduite au tiers.
Saint-Pierre et Paul pluvieux est pour trente jours dangereux.
Qui loue Saint-Pierre ne blâme Saint-Paul. (Proverbe français)
NOTES
1 En mourant, Prasutagus, roi des Icènes en Bretagne, légua à Néron et à ses filles tous ses Etats, à la condition que sa veuve, BOADICEE (ou plutôt BOUDICCA qui signifie « Victorieuse », dérivé du mot celtique bouda = victoire), lui succède et transmette ensuite le sceptre à ses deux filles. Il espérait ainsi préserver son royaume de l’envahissement des armées romaines. L’empereur accepta l’héritage ; mais, au lieu de protéger la reine, il l’abandonna aux violences des généraux et des soldats romains. Le territoire des Icéniens fut ravagé ; les richesses de Prasutagus dispersées, et Boadicée dut supporter les plus indignes traitements. En 60, Boadicée, reine et druidesse des Icènes qui vivaient dans ce qui constitue aujourd’hui les comtés de Norfolk et du Suffolk, fut livrée avec ses filles à une troupe de soldats, qui lui arrachèrent ses vêtements, la frappèrent de verges, et lui offrirent le spectacle le plus affreux pour une mère : le viol de ses deux filles. Alors la nation entière se souleva : les Trinobantes et autres peuples, qui supportaient avec peine leur esclavage, se joignirent aux Icéniens. Boudicca, à la tête d’une importante armée, détruisit la colonie romaine de Camulodunum (Colchester), mit à sac Londinium et Veralamium (Londres et Saint-Albans) et, selon l’historien romain Tacite, tua 70 000 Romains ; mais, en 61, Suetonius Paulinus, gouverneur de l’île de Bretagne, parvint à écraser l'armée des Bretons entre Londinium et Viroconium, sur la route romaine connue à l'époque moderne sous le nom de Watling Street (le site le plus probable pourrait être Mancetter dans le Warwickshire dont le nom antique, Manduessedum signifie « lieu des chariots ») et Boadicée mourut peu de temps après de maladie (selon d'autres sources, Boudicca s’empoisonna avec ses filles pour échapper à la capture).
2 JACQUES le Juste, le frère du Seigneur, ou Jacques le Mineur, originaire de Nazareth, le chef des Nazôréens de Jérusalem, considéré comme le premier évêque, est généralement confondu, en Occident, avec l’un des 12, Jacques fils d’Alphée, dont on ne sait presque rien. Auteur de l’Epître de Jacques, il fut, durant le Concile apostolique tenu en 49, le premier à affirmer que les gentils pouvaient être admis dans l’Église sans être soumis à la circoncision. En 61/62, le Grand Prêtre sadducéen Anne, fils d'Anne, le fait éliminer : Jacques est jeté du haut d’une des tours du Temple, lapidé et achevé d’un coup de bâton de foulon. Recopiant Hégésippe, Eusèbe de Césarée et Jérôme de Stridon écrivent : « Il a toujours conservé sa virginité et sa pureté entière. Nazaréen, c'est-à-dire consacré à Dieu dès sa naissance, il ne coupa jamais ses cheveux ni sa barbe, n'usa ni de vin, ni bains, ni d'huile pour oindre ses membres, ne porta point de sandales, n'usa pour ses vêtements que du lin. Ses prostrations à terre dans la prière étaient si fréquentes que la peau de ses genoux s'était endurcie comme celle du chameau. Son éminente sainteté lui valut le surnom de Juste par excellence. » Hégésippe dit que Jacques fut enterré près du Temple, sur le lieu même de son martyre. "Si un frère ou une sœur sont nus, s’ils manquent de leur nourriture quotidienne et que l’un d’entre vous dise : "Allez en paix, chauffez-vous, rassasiez-vous", sans leur donner ce qui est nécessaire à leur corps, à quoi cela sert-il ? Ainsi en est-il de la foi. Si elle n’a pas les œuvres, elle est tout à fait morte." (Epître de Jacques 2, 15-17)
3 D’abord prêtre inspecteur aux premiers temps du christianisme, l’EVEQUE, du grec episkopos (= surveillant), est devenu peu à peu le dignitaire le plus élevé dans la hiérarchie chrétienne. On attribue à Caïus (évêque de Rome du 12 décembre 283 au 22 avril 296) l’usage de n’élever à l’épiscopat que les prêtres ayant préalablement passé par les sept ordres inférieurs : portier, lecteur, exorciste, acolyte, sous-diacre, diacre et prêtre. En 418, le concile de Suffétula (Byzacène) défendit d’élever un laïc à l’épiscopat, à moins qu’il ne fût passé pendant une année par les autres degrés du ministère ecclésiastique. Dans l’Église catholique, l’évêque est le chef spirituel d’un diocèse ou d’un évêché et siège dans une cathédrale. Nommé par le Saint-Siège, l’évêque administre les sacrements et ordonne les prêtres. Les évêques sont reconnaissables aux attributs qui symbolisent leurs fonctions : la soutane violette (pourpre = rouge violacé profond ; on a qualifié à tort de pourpre cardinalice la couleur rouge attribuée aux cardinaux), la crosse du pasteur, la mitre (3 000 ans avant l’ère chrétienne, les prêtres sumériens d’En-Ki étaient coiffés de la mitre du dieu-poisson de la médecine et de la magie) et l’anneau.
4 MATTHIAS (Mattathias = Don de Dieu), apôtre ; pêcheur ou cultivateur galiléen, il était l’un des 72 disciples 11 qui suivirent Jésus pendant tout son ministère public (Actes 1, 23-26). Après l’Ascension de Jésus, il fut désigné par un tirage au sort, à la courte paille, pour remplacer Judas. Certains l’ont identifié avec Nathanaël ou Zachée. On pense que Matthias évangélisa la Cappadoce et connut le martyr, en 63 ou 64, à Jérusalem où il fut lapidé puis décapité ; pour d'autres il a été crucifié en Ethiopie (synonyme de la Colchide). Les reliques de Matthias, fêté le 14 mai, se trouvent à Trèves, en Allemagne. Dans l’art médiéval, il est représenté tenant une croix, un livre ou une hache (comme Matthieu). On lui attribue un texte apocryphe : les Traditions. "Le commencement de la connaissance, c’est d’admirer les êtres, comme dit Platon dans le Théétète et Matthias dans les Traditions, quand il invite à admirer ce qui est présent." (Clément d’Alexandrie, Stromates II, 9,4).
5 Lucius Annaeus Seneca, dit SENEQUE, philosophe latin, né à Cordoue vers 4 av. J.-C., étudia d’abord l’éloquence, puis suivit les leçons de 3 philosophes : Attale (stoïcien), Fabianus et Sotion (pythagoriciens). De retour d’un exil en Corse (41 à 49), il fut le précepteur de Néron. Celui-ci, devenu empereur, l’impliqua dans la conjuration de Pison et lui donna l’ordre de se suicider : il s’ouvrit les veines sans trembler. On retiendra sa morale proche du stoïcisme, développée dans les Quaestiones naturales. Sa sagesse est de cultiver sa volonté pour mettre son bonheur dans la vertu et non dans les hasards de la fortune. Son originalité est dans la pénétration avec laquelle il a discerné les vices et les maux de ses contemporains et dans la place accordée aux devoirs de pitié et d’humanité (contre l’esclavage, les gladiateurs, etc.). Ses idées lui ont valu d’être consulté non seulement par les philosophes, mais par les Pères de l’Église et les moralistes chrétiens.
6 Vocabulaire de théologie biblique. Ed. du Cerf. 1977.
7 http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/MNO/Memain/Histoire_Jesus_Christ/ECJC_43.htm
8 Dictionnaire de statistique religieuse et de l'art de vérifier les dates... Par Louis de Mas Latrie Migne. 1851
9 Histoire De L'Eglise, Volume 1, p. 281. Par Antoine Godeau. 1680
10 Mémoires pour servir à l'histoire ecclésiastique des six premiers siècles ... Par Louis Sébastien Le Nain de Tillemont. 1701
11 Les 70 OU 72 DISCIPLES. Dans la plupart des versions de la Bible, le nombre de disciples est de 72. Il en est de même dans plusieurs textes du christianisme oriental (https://fr.wikipedia.org/wiki/Septante_disciples). Les 72 ou 70 disciples sont ces premiers, après les 12, à avoir suivi Jésus et que l'on trouve mentionnés dans l'Évangile selon Luc X, 1 et 17 : "Les soixante-dix revinrent avec joie, disant: Seigneur, les démons mêmes nous sont soumis en ton nom.". D'après Luc, qui est le seul évangéliste à rapporter ce détail, Jésus les choisit et les envoya 2 par 2 pour prêcher Son message. En Occident, on parle d'eux comme de disciples, alors que l'Orient parle d'apôtres. Cependant, dans le grec ancien, les 2 titres décrivent bien, puisqu'un apôtre est un envoyé en mission, alors qu'un disciple est un étudiant, et ils étaient tous ces 2 choses-là ; seulement les traditions orientales & occidentales divergent sur la portée du mot apôtre. On ne trouve nulle autre mention de ce groupe dans la Bible. Il existe plusieurs listes des 72 disciples : celles d'Eusèbe de Césarée, de Baronius, de Calmet, de Maistre, etc. Elles varient d'un auteur à l'autre et n'ont pas de liens entre elles, si ce n'est quelques noms. L'Évangile ne nomme aucun d'entre eux. Le nombre est 70 dans les traditions des manuscrits alexandriens (comme le Codex Sinaïticus) et césaréen, mais 72 dans d'autres alexandriens et les textes occidentaux. Ces nombres pourraient être en référence aux 70 nations de Genèse 11, ou d'une des nombreuses autres occurrences du chiffre 70 dans la Bible, ou aux 72 traducteurs de la Septante que l'on cite dans la Lettre d'Aristée. En réalisant sa traduction latine, la Vulgate, l'érudit Jérôme opta pour 72 (http://stmaterne.blogspot.fr/2008/01/synaxe-des-70-disciples-1.html).
12 Le 17 juillet 2020, des archéologues israéliens, dirigés par Mordechaï Aviam, assurent avoir découvert une église en Galilée, à El Araj entre les lieux bibliques Capharnaüm et Kursi ; elle aurait été érigée sur le lieu de l’ancienne maison des apôtres Pierre et André, à Bethsaïda, un village de pêcheurs où Pierre et son frère André sont nés, selon l’Évangile de Jean.
Sources
Pape suivant : LIN
Voir La papauté
Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.
Date de mise à jour : 30/06/2024
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