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Des trois grandes religions monothéistes, le christianisme est la seule à prôner ou à imposer le célibat religieux : le judaïsme et l’islam ne le proposent pas à leurs ministres et ils n’ont point connu la vie religieuse au sens strict. Au sein du christianisme, la situation est très différente selon les Églises : 1) l’Église catholique romaine exige le célibat de ses évêques, prêtres et diacres de rite latin [bien que le deuxième concile du Vatican ait permis d’ordonner diacres des hommes mariés en certains cas 19], mais non de ses prêtres de rite oriental. C'est une simple mesure de discipline, non doctrinale et encore moins dogmatique. Le célibat sacerdotal (des prêtres séculiers) n’est pas un vœu religieux mais une promesse. Par contre, les vœux prononcés par les religieux et les religieuses sont la chasteté, l’obéissance et la pauvreté ; dans les instituts religieux, les religieux commencent par prononcer des vœux temporaires, en général pour une période variant de un à cinq ans, souvent renouvelables, puis prononcent leurs vœux perpétuels, aussi appelés vœux solennels ou définitifs 7. Les prêtres séculiers (tels que les diocésains) ne s’engagent qu’au célibat : la promesse de célibat se fait lors de l’ordination diaconale, environ un an avant l’ordination sacerdotale. Cette promesse est renouvelée chaque année au cours de la messe chrismale dite durant la semaine sainte (Mardi ou Mercredi ou Jeudi Saint). Des milliers de prêtres catholiques ont été, à leur demande, réduits à l’état laïc par le Saint-Siège, la plupart pour pouvoir se marier. "Un prêtre qui perd l’état clérical (expression employée depuis 1983) conserve son sacerdoce mais ce dernier devient inopérant, inefficace, sauf en cas d’absolution d’une personne en danger de mort. La preuve en est que s’il demande à réintégrer le presbyterium, une nouvelle ordination n’est pas requise mais seulement un rescrit du Saint-Siège. La perte de l’état clérical n’entraîne pas ipso facto la dispense de l’obligation du célibat ; cette dernière doit faire l’objet d’une décision supplémentaire du Saint-Père…" (Père Jean-Marie Huet). 2) Les Églises orthodoxes ont, sur ce point comme sur tous les autres, une discipline assez variée : elles l’exigent cependant toutes de leurs évêques (choisis parmi les moines), mais non de leurs prêtres (encore que le plus souvent elles ne permettent point de se marier après l’ordination). Les Eglises d’Orient acceptent officiellement le mariage des prêtres depuis 691 (second concile in Trullo ou concile quinisexte de Constantinople). "Les orthodoxes ont compris depuis longtemps la différence qu'il y a entre un serviteur de l'église et un moine. Le premier sert l'église, le second l'épouse" (anonyme). 3) Les Églises protestantes, malgré leur extrême diversité, n’imposent ni ne proposent le célibat à leurs évêques et ministres ; seules quelques-unes, qui sont d’ailleurs les plus proches de l’Église catholique romaine (telles que l’Église anglicane), connaissent une forme de vie religieuse comportant le célibat. Dans l'hindouisme et notamment dans le jaïnisme, le célibat est pratiqué par les ascètes sâdhus qui estiment que la procréation est préjudiciable à la libération des liens terrestres du karma ; la caste des brahmanes n'est pas tenue au célibat. Le bouddhisme originel exigeait le célibat de toute la communauté monastique (sangha). Cependant, certains groupes, comme les moines tantriques du Népal et de la Mongolie, ainsi que la secte Jódo au Japon, ont rejeté le célibat. La plupart des lamas du Tibet sont moines donc célibataires, mais il existe aussi des lamas mariés. Le 28 novembre 2008, à Lagos, Tenzin Gyatso, le 14e dalaï-lama, déclare que le désir charnel, s'il procure une satisfaction à court terme, complique les choses, tandis que la chasteté procure une plus grande indépendance et une tranquillité d'esprit. Papes mariés et papes papas : Les 37 premiers papes étaient probablement mariés. Le premier, Pierre, était marié quand il laissa ses filets pour suivre Jésus (il est probable que la plupart des premiers apôtres étaient mariés car le célibat était mal vu par la société juive de leur époque ; par exemple, Philippe de Bethsaïde était marié et père de trois filles). "Et Pierre dit : "Voici que nous, quittant ce que nous avions, nous vous avons suivi." Il (Jésus, ndlr) leur dit : "Je vous le dis, en vérité, nul n'aura quitté maison, ou femme, ou frères, ou parents, ou enfants, à cause du royaume de Dieu, qui ne reçoive plusieurs fois autant en ce temps-ci, et, dans le siècle à venir, la vie éternelle." (Luc 18, 28-29) Félix III (483-492), fils d’un prêtre, est marié et père de 2 enfants. Hormisdas (514-523), marié, est le père du pape Silvère. Serge III (904-911) est l’amant de Marozia, une jeune princesse toscane déjà mariée, dont il a un fils, le futur Jean XI. Clément IV (1265-1268), veuf, est père de 2 filles. Félix V (1439-1449), le dernier des antipapes, est veuf et père d’un fils. Calixte III (1455-1458) a un enfant naturel : François, cardinal et archevêque de Cosenza. Innocent VIII (1484-1492), marié avant son ordination, est le père de plusieurs enfants légitimes (au moins 2) ; mais il aurait eu aussi plusieurs enfants naturels. Alexandre VI, élu en 1492, a 4 enfants en tant que prêtre et 3 en tant que pape. Jules II (1503-1513) a 3 filles illégitimes en tant que cardinal. Jules III (1550-1555) a une fille naturelle qui épouse François Caffieri. Pie IV (1559-1565) a 3 fils illégitimes en tant que cardinal et évêque. Grégoire XIII (1572-1585) aurait eu 1 fils. Papes fils de prêtres : Damase Ier (366-384), Innocent Ier (401-417), Boniface Ier (418-422), Félix III (483-492), Anastase II (496-498), Agapet Ier (535-536), Silvère (536-537), Théodore Ier (642-649), Marin Ier (882-884), Boniface VI (896-896), Etienne VII ou VI (896-897), Jean XI (931-935), Jean XV (985-996) et Jean XVIII (1003-1009) sont tous des fils de prêtres. "Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne." (Matthieu 19, 12) L'apôtre Paul, contredisant la Genèse (2,18) selon laquelle il n’est pas bon que l’homme soit seul, estime qu’il est bon d’être célibataire, comme il l’est lui-même, mais il maintient sagement qu’il vaut mieux se marier que brûler (I Corinthiens VII 8-9) : "Ceux, en effet, qui vivent selon la chair, s'affectionnent aux choses de la chair ; mais ceux qui vivent selon l'Esprit s'affectionnent aux choses de l'Esprit. Et les affections de la chair, c'est la mort, tandis que les affections de l'Esprit, c'est la vie et la paix : parce que les affections de la chair sont inimitié contre Dieu, car elles ne se soumettent pas à la loi divine, et elles ne le peuvent même pas. Or ceux qui vivent dans la chair ne sauraient plaire à Dieu. Pour vous, vous ne vivez point dans la chair, mais dans l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, est mort à cause du péché, mais l'esprit est vie à cause de la justice. Et si l'Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d'entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité le Christ d'entre les morts rendra aussi la vie à vos corps mortels, à cause de son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, mes frères, nous ne sommes point redevables à la chair pour vivre selon la chair. Car si vous vivez, selon la chair, vous mourrez ; mais si, par l'Esprit, vous faites mourir les oeuvres du corps, vous vivrez." (Romains VIII, 5-14) "Celui qui sème dans sa chair moissonnera, de la chair, la corruption ; celui qui sème dans l'esprit moissonnera, de l'esprit, la vie éternelle." (Galates VI 8) "Pour ce qui concerne les choses dont vous m'avez écrit, je pense qu'il est bon pour l'homme de ne point toucher de femme. Toutefois, pour éviter l'impudicité, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari." (I Corinthiens VII 1-2) "A ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves, je dis qu'il leur est bon de rester comme moi. Mais s'ils manquent de continence, qu'ils se marient ; car il vaut mieux se marier que de brûler." (I Corinthiens VII 8-9) "Voici donc ce que j'estime bon, à cause des temps difficiles qui s'approchent : il est bon à un homme d'être ainsi. Es-tu lié à une femme, ne cherche pas à rompre ce lien ; n'es-tu pas lié à une femme, ne cherche pas une femme. Si tu t'es marié, tu n'as point péché ; et si la vierge s'est mariée, elle n'a point péché ; mais ces personnes auront des tribulations dans la chair, et je voudrais vous les épargner. Voici ce que je dis, frères, c'est que le temps est court ; que désormais ceux qui ont des femmes soient comme n'en ayant pas, ceux qui pleurent comme ne pleurant pas, ceux qui se réjouissent comme ne se réjouissant pas, ceux qui achètent comme ne possédant pas, et ceux qui usent du monde comme n'en usant pas, car la figure de ce monde passe. Or, je voudrais que vous fussiez sans inquiétude. Celui qui n'est pas marié s'inquiète des choses du Seigneur, des moyens de plaire au Seigneur ; et celui qui est marié s'inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à sa femme. Il y a de même une différence entre la femme et la vierge : celle qui n'est pas mariée s'inquiète des choses du Seigneur, afin d'être sainte de corps et d'esprit ; et celle qui est mariée s'inquiète des choses du monde, des moyens de plaire à son mari. Je dis cela dans votre intérêt ; ce n'est pas pour vous prendre au piège, c'est pour vous porter à ce qui est bienséant et propre à vous attacher au Seigneur sans distraction." (I Corinthiens VII 26-35) L’Épître pastorale de Paul à Tite (que les historiens modernes estiment être l'œuvre de successeurs de Paul), définit le presbyteros comme un homme irréprochable, mari d’une seule femme, aux enfants éduqués (1, 5-6). A l’origine, les prêtres peuvent se marier et il n’y a que les moines qui sont célibataires. En 305, Antoine le Grand (+ 356) établit des ermitages en Egypte et se prononce en faveur du célibat des prêtres. Dans les premiers temps de l’Eglise et jusqu’au Ve siècle, des vierges consacrées, appelées par dérision agapètes (= chéries, du grec agapêtos = aimé), cohabitent avec le clergé, voire avec certains laïcs. Jérôme de Stridon (347-419) dénonce ce scandale. En 1139, le 26e canon du IIe concile de Latran, défendra, sous peine d’anathème, aux agapètes de continuer leur genre de vie. Ces femmes, sans observer ni la règle de Saint-Basile, ni celles de Saint-Benoît ou de Saint-Augustin, veulent passer pour religieuses et demeurent dans des maisons particulières, où, sous prétexte d’hospitalité, elles reçoivent des personnes de mauvaise réputation 1. Du 1er au IIIe siècle, un homme n’ayant eu qu’une seule femme dans sa vie peut devenir évêque, mais un prêtre devenu veuf ne peut se remarier. Le célibat sera imposé peu à peu au clergé suite aux décisions successives prises par les conciles et par les papes. Au IVe siècle, un prêtre ne peut se marier avant d’être ordonné, mais un prêtre marié peut le rester après. Le concile de Gangres anathématise quiconque refuse la communion des mains d’un prêtre marié (canon 4). Le concile d'Elvira en Espagne (305-306) décrète (canon 33) : « S’ils sont mariés en entrant dans les ordres, les évêques, prêtres et diacres ne doivent plus avoir de commerce charnel avec leurs femmes, sous peine de déposition ». Urbice, évêque de Clermont-Ferrand (+ 312), doit regarder sa femme comme sa soeur depuis son élévation à l'épiscopat. En 314, le concile d'Arles (1er août) lance une condamnation ferme des clercs qui gardent des relations avec des femmes. Le concile d'Ancyre décide que si un diacre, au moment de son ordination, a déclaré ne pas pouvoir passer sa vie dans le célibat, il peut se marier ensuite, sans pour cela être privé de ses fonctions. Le concile de Néocésarée (314/315) décrète : "le prêtre qui se marie sera déposé ; s'il commet adultère et fornication, il sera mis dehors". Le concile de Nicée (325) décrète qu'après son ordination un prêtre ne peut plus se marier ; "Le grand concile a défendu absolument aux évêques, aux prêtres et aux diacres, et en un mot à tous les membres du clergé, d'avoir avec eux une sœur-compagne, à moins que ce ne fût une mère, une sœur, une tante, ou enfin les seules personnes qui échappent à tout soupçon" (3e canon). Paphnuce (+360), évêque en Thébaïde (Egypte), très estimé de l'empereur Constantin, convainc les évêques à ne pas obliger les prêtres mariés à quitter leur épouse. Au concile de Valence (12 juillet 374), le canon n°1 interdit d'ordonner clercs les digames, veufs remariés, ou les époux d'une femme qui a déjà été mariée. Le pape Sirice (384-399) quitte sa femme pour devenir évêque de Rome ; en 385, en réponse à une consultation de l'évêque de Tarragone, Himère, Sirice écrit sa lettre Directa ad decessorem relative à l’administration des sacrements du baptême, de la pénitence et de la prêtrise (notamment au sujet de la continence des clercs) 9 ; en 386, dans une lettre aux évêques des Gaules, il écrit : « Comment un évêque ou un prêtre oserait-il prêcher à une veuve ou à une vierge la continence ou l’intégrité, ou encore exhorter les époux à la chasteté du lit conjugal, si lui-même s’est plus préoccupé d’engendrer des enfants pour le monde que d’en engendrer pour Dieu ? » 8 Sirice En 386, le concile de Rome (janvier) établit plusieurs règlements touchant le célibat des prêtres et des diacres. Le concile de Carthage approuve les règlements disciplinaires du concile romain. En 390, le Concile de Rome est tenu par le pape Sirice contre l’hérésiarque Jovinien qui n'accorde aucune valeur au célibat, à la virginité ni au jeûne ; le concile de Milan renouvelle la continence imposée à l’évêque, au prêtre et au diacre. Le concile de Carthage II, tenu par l’évêque Genesius, déclare que le célibat est une loi apostolique remontant à l’origine de l’Eglise ; la loi qui impose la continence à l’évêque, au prêtre et au diacre, est renouvelée. Le concile de Tolède (7 septembre 400) impose le célibat des prêtres pour le clergé d’Occident. Le concile de Carthage (13 septembre 401) confirme le concile de 390 qui a défendu l'usage du mariage aux évêques, prêtres et diacres sous peine d'être déposés. Le pape Innocent Ier (402-417) se veut le gardien d'une Eglise qui doit sans cesse retrouver sa pureté ; en 405, il écrit à l'évêque de Toulouse Exuperius une lettre dans laquelle il confirme dans la continence les prêtres et les diacres selon la règle édictée par Sirice dans la lettre à Himerius 10. En 405, pour Augustin d'Hippone (+ 430) : "Rien n’est plus puissant pour tirer l’esprit d’un homme vers le bas que les caresses d’une femme." En 406, Vigilantius de Barcelone, prêtre en Lombardie, condamne le célibat du clergé. Le pape Léon Ier le Grand (440-461) étend le célibat aux sous-diacres (cependant le concubinage est encore toléré sous son pontificat). Le concile de Besançon (444) dépose Célidonius, évêque de Besançon, qui a épousé une veuve. Le concile de Vannes (465) ne veut pas que les ecclésiastiques, à qui le mariage est interdit, se trouvent aux noces des autres, ni dans tous les endroits où leurs oreilles et leurs yeux, destinés aux sacrés mystères, pourroient être souillés par des spectacles ou des paroles déshonnêtes (3e canon) 11. En 499, le concile de Perse, tenu par Babowaï II ou Babaeus II, catholicos de l'Église d'Orient (498 à 503), se prononce pour le mariage des prêtres et des moines. Au concile d'Orléans (10 juillet 511), Mélaine (Melanius), évêque de Rennes (de 505 à 530+), participe à la rédaction du droit canon (il s’évertuera, ensuite, à le faire respecter notamment en ce qui concerne les règles liturgiques et le célibat des prêtres) et rappelle à deux prêtres la loi sur le célibat 14. Concile d'Orléans (7 mai 538) : le quatrième canon ordonne aux clercs de vivre dans la continence, même avec leurs épouses légitimes. Concile de Tours II (17 novembre 567) : "Tout ecclésiastique trouvé dans son lit avec sa femme sera excommunié pendant un an et réduit à l’état laïc". Le pape Pélage II (578-590) tolère les prêtres mariés du moment qu’ils ne détournent pas les biens de l’Eglise au profit des épouses et des enfants. Concile de Mâcon (23 octobre 585) : "Si les vierges ou religieuses consacrées à Dieu se marient, elles seront excommuniées jusqu'à leur mort, ainsi que leurs maris" (12e canon). Le pape Grégoire Ier le Grand (590-604) dit que tout désir sexuel est péché en lui-même. Le pape Eugène Ier (655-657) prescrit aux prêtres la chasteté. En 691 et 692, le second concile in Trullo ou concile quinisexte de Constantinople confirme, contre les coutumes qui s’imposent peu à peu en Occident, l’existence d’un clergé marié après son ordination en Orient. "Ceux qui n'auront pas voulu reconnaître leur faute seront déposés de leur charge, ceux qui auront rompu avec cette union et s'en seront repentis (ou dont la seconde épouse sera décédée) seront également déposés, mais continueront à garder la préséance due à leur rang" (canon 3). Le canon 6 confirme l'interdiction pour les prêtres et les diacres de contracter mariage après leur ordination. Le concile stigmatise le célibat des prêtres (pratiqué à Rome depuis longtemps) et interdit à ces derniers de renvoyer leur femme au nom de leur sacerdoce ; "Le clerc qui, sous prétexte de religion, abandonne sa femme sera excommunié" (canon 13). Le pape Serge Ier ne reconnaît pas la validité des canons de ce concile. Le 5 avril 721, Grégoire II tient, à Rome, un concile contre les mariages illicites ; un canon défend à la femme dont le mari a été ordonné prêtre de se marier, même après la mort de celui-ci. Le deuxième concile de Nicée, septième concile œcuménique, qui se déroule du 24 septembre au 23 octobre 787, fait défense aux femmes, soit libres, soit esclaves, d’habiter dans les maisons épiscopales ou dans les monastères. (18e canon) Le concile d'Aix-la-Chapelle (février 836) admet que des avortements ont lieu dans les couvents et monastères pour dissimuler les actes des clercs qui ne vivent pas le célibat. Le pape Léon VII (936-939) interdit le mariage des prêtres. Le concile d'Augsbourg (août 952) défend aux prêtres, sous peine de déposition, de se marier ou de vivre en concubinage : "toute concubine de clerc doit être appréhendée, fouettée et tondue". Le concile de Cantorbéry en Angleterre (969) ordonne que les chanoines, les prêtres, les diacres et les sous-diacres gardent la continence ou quittent leurs églises. Ulric, Ulrich ou Udalric (+ 973), l'évêque d’Augsbourg, tire argument des Ecritures et du bon sens pour dire que la seule façon de purifier l’Eglise des pires excès du célibat est de permettre aux prêtres de se marier. Oswald (+ 992), évêque de Worcester et d'York, remplace le clergé marié par des moines 15. Le concile d'Anse (octobre 994), présidé par Thibauld Ier, évêque de Vienne, défend aux prêtres de se marier et sévit contre les clercs mariés. Concile de Pavie (1er août 1022) : Benoît VIII fait interdire le mariage et le concubinage des clercs ; les prêtres refusant la règle du célibat sont appelés nicolaïtes du nom du diacre Nicolas qui eut au 1er siècle des pratiques contraires à la morale et des opinions théologiques proches du gnosticisme. Le concile de Sutri (20 au 23 décembre 1046), convoqué par le pape Grégoire VI à la demande de l'Empereur germanique Henri III (qui veut mettre un terme à l'anarchie papale) et conclu à Rome les 24 et 25 décembre, demande au nouveau pape Clément II de purifier l’Eglise de tout mariage de prêtre. En 1049, le concile de Mayence en Allemagne, présidé par le pape Léon IX et l'empereur, promeut l'esprit réformateur et approuve la fête de la Conception de Marie Le pape Léon IX s’attaque aux deux grands fléaux de l’époque, la simonie (commerce des charges ecclésiastiques) et l’incontinence du clergé. Le concile de Rome (1051), tenu à l’instigation de Léon IX, décide que les femmes qui se prostituent à des prêtres seront adjugées comme esclaves au palais de Latran. En mai 1055, au concile de Lisieux, le duc Guillaume fait entreprendre de nombreuses réformes concernant l'Église normande et s'oppose notamment à ce que les prêtres entretiennent ouvertement des concubines ; l'évêque de Rouen, Mauger, qualifié de débauché et d'ivrogne et accusé d'entretenir des concubines et de s'opposer constamment au pouvoir du duc, est déposé et remplacé par Maurille. Concile de Rouen sur la discipline des clercs. Le pape Victor II (1055-1057) lutte contre la simonie et le nicolaïsme (prêtres refusant la règle du célibat). Concile de Toulouse (13 septembre 1056) pour la réforme des moeurs des ecclésiastiques qui vivent dans l'incontinence : canons contre la simonie et le nicolaïsme. Le pape Etienne X (1057-1058) combat l'incontinence des clercs. Le pape Nicolas II (1059-1061) combat la simonie (en interdisant aux clercs de recevoir une église des mains d'un laïc et d'obtenir l'obtention de charges ecclésiastiques contre de l'argent) et le nicolaïsme (prêtres refusant la règle du célibat) en interdisant aux croyants d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. Le concile de Rome (13 avril 1059) combat le nicolaïsme en interdisant aux croyants d’assister à une messe célébrée par un prêtre marié. En 1060, le concile de Vienne (31 janvier), présidé par Etienne, légat de Nicolas II, vote 10 canons contre la simonie, l’incontinence des clercs, les mariages incestueux, les moines apostats. Le concile de Tours (1er mars) approuve les 10 canons du concile de Vienne. Lanfranc, nommé archevêque de Canterbury le 29 août 1071, reçoit le pallium des mains de son ancien élève, Alexandre II. Il contribue beaucoup à rattacher l'Église anglaise aux Églises du continent et y introduit l'habitude du célibat 13. Le pape Grégoire VII (1073-1085) déclare, en 1074, que quiconque doit être ordonné doit faire d’abord vœu de célibat, et que les prêtres [doivent] tout d’abord s’échapper des griffes de leurs femmes ; il interdit aux fidèles d’assister aux célébrations liturgiques des prêtres mariés. Le concile de Rome (février 1075) décrète que toute fonction ecclésiastique sera interdite aux clercs incontinents, qu'aucun prêtre ne pourra épouser une femme, et que s'il en a une, qu'il la renvoie, sous peine de déposition. Le pape Urbain II (1088-1099) fait condamner, en 1094, le concubinage et le mariage des prêtres dont les femmes sont vendues comme esclaves et les enfants abandonnés. 20 mai 1092, Synode de Szabolcs en Hongrie : à propos du célibat des prêtres, le roi Ladislas Ier adopte une position de tolérance à l'encontre des nouvelles décisions prises par le pape Grégoire VII ; il permet aux prêtres mariés en premières noces de conserver leur épouse, mais les prêtres mariés une deuxième fois sont contraints de rompre leur mariage. Le concile de Plaisance (mars 1095) condamne le mariage et le concubinage des clercs. Le concile de Latran I (1123) condamne le nicolaïsme et déclare bâtards interdits d’héritage les enfants de prêtre ; les mariages avec des clercs sont invalides ; il interdit d'ordonner des prêtres mariés. Au concile de Westminster (1125) qu'il a convoqué, le légat du pape (Honorius II), Jean de Créma, tient des discours véhéments contre le concubinage des prêtres. Concile de Latran II (1139) : le 7e canon défend d’entendre les messes des prêtres mariés ou concubinaires ; il déclare nuls les mariages des prêtres, des chanoines réguliers, des moines, et ordonne qu’on mette en pénitence ceux qui les auront contractés. Concile de Latran III (1179) : les clercs constitués dans les ordres sacrés, qui ont chez eux des femmes notées d’incontinence, les chasseront et vivront chastement, sous peine de privation de leur bénéfice ecclésiastique et de leur office ; même peine pour le clerc qui, sans une cause manifeste et nécessaire, fréquentera les monastères des filles, après la défense de l’évêque ; un laïque coupable d’un crime contre nature sera excommunié et chassé de l’assemblée des fidèles, si c’est un clerc, il sera ou chassé du clergé ou enfermé dans un monastère pour y faire pénitence (Canon 11). Le concile de Latran IV (1215) interdit aux enfants des chanoines, surtout les bâtards, de posséder des canonicats dans les mêmes églises où ces chanoines sont établis (Canon 31). En juin 1299 : concile de Rouen contre le dérèglement du clergé qui prêtait à usure et vivait dans la débauche et les excès de table. Nicolas Hermansson (+ 1391), évêque de Linköping en Suède, est un ardent défenseur du célibat des clercs. Lors des conciles de Constance (1414-1418), de Bâle (1431-1439) et de Trente (1545-1563), des évêques et des théologiens réclament en vain l’abrogation de la règle du célibat. Le pape Sixte IV (1471-1484) taxe lourdement les prêtres concubinaires et les prostituées romaines qui doivent lui verser annuellement 20.000 ducats. Concile d'Arenda en Espagne (5 décembre 1473) : les canons contiennent des règlements contre les ecclésiastiques concubinaires. Le 9 avril 1488, Innocent VIII republie une constitution de Pie II qui interdit aux clercs de tenir des boucheries, des auberges, des maisons de jeu, de prostitution, de se faire entremetteurs. En 1510, un prêtre (Cordelier breton), Olivier Maillard, dénonce en prêche l'immoralité de la prostitution (et de l'adultère) et s'élève contre la coutume "insensée" qui veut que les jeunes prêtres fêtent leur première messe dans les bras d'une prostituée. Paul III (1534-1549) permet au prêtre séculier François Rabelais de reconnaître ses enfants, François et Junie, et l'absout. Rabelais (+ 1553) finira curé de Meudon. Le concile de Trente (1545-1563) établit que le célibat et la virginité sont supérieurs au mariage. Le 19 février 1563, la Convocation de Cantorbéry en Angleterre débouche sur la publication des 39 articles de foi approuvés par la Chambre des communes, le 13 décembre 1562 : ils rejettent les principes théologiques du catholicisme, notamment celui de la transsubstantiation, et le célibat du clergé. Le cardinal Michele Alexandrin (futur Pie V), s'oppose au projet de Maximilien II, empereur en 1564, d'abolir pour l'Allemagne le célibat ecclésiastique. Urbain Grandier 20, curé de l'Église Saint-Pierre-du-Marché et chanoine de l'Église Sainte-Croix de Loudun dans le diocèse de Poitiers en juillet 1617, construit tout un argumentaire dans un pamphlet, le Traité contre le célibat des prêtres. En septembre 1632, des religieuses du couvent des Ursulines de Loudun l'accusent de les avoir ensorcelées. Il est brûlé vif le 18 août 1634. Le 19 juillet 1793, la Convention ordonne la déportation des évêques qui apporteront quelque obstacle au mariage des prêtres. Le 20 novembre (30 brumaire An II), la Convention décrète que les prêtres mariés ne seront sujets ni à la déportation ni à la réclusion. Le 7 octobre 1832, dans l'Echo de la Fabrique, le prêtre Ferdinand-François Chatel (1795-1857) rejette l'infaillibilité du pape et celle des conciles, accepte le mariage des prêtres et refuse le pouvoir d'excommunication. Le Code de droit canon de 1917 (Can. 277 § 1) stipule : "Les clercs sont tenus par l’obligation de garder la continence parfaite et perpétuelle à cause du Royaume des Cieux, et sont donc astreints au célibat, don particulier de Dieu par lequel les ministres sacrés peuvent s’unir plus facilement au Christ avec un cœur sans partage et s’adonner plus librement au service de Dieu et des hommes." 5 Le 23 septembre 1950, dans son Exhortation Apostolique Menti Nostrae au clergé du monde catholique sur la sainteté de la vie sacerdotale, Pie XII affirme : "Le prêtre a comme champ d'activité propre tout ce qui se rapporte à la vie surnaturelle, puisqu'il pourvoit à l'accroissement de cette même vie et qu'il la communique à tout le Corps Mystique du Christ. C'est pourquoi il doit renoncer aux "affaires de ce monde" pour vaquer seulement aux "affaires du Seigneur". Et c'est précisément parce qu'il doit être libéré de tous soucis profanes et consacré totalement au service de Dieu, que l'Église a établi la loi du célibat, afin de rendre toujours plus manifeste à tous que le prêtre est ministre de Dieu et père des âmes. Par cette obligation du célibat, bien loin de perdre entièrement le privilège de la paternité, le prêtre l'accroît à l'infini, car la postérité qu'il ne suscite pas à cette vie terrestre et passagère, il l'engendre à la vie céleste et éternelle. Plus resplendit la chasteté du prêtre, plus celui-ci devient par son union avec le Christ, "hostie pure, hostie sainte, hostie immaculée". 6 Le 25 mars 1954, dans son encyclique Sacra Virginitas au sujet de la virginité sacrée, Pie XII écrit : « C’est précisément pour que ses ministres sacrés arrivent à cette liberté spirituelle de l’esprit et du corps et qu’ils ne soient pas embarrassés dans des affaires terrestres que l’Église latine leur demande d’assumer volontairement et de bon gré l’obligation de la chasteté parfaite [...] Il faut de plus observer que les ministres sacrés s’abstiennent complètement du mariage, non seulement pour qu’ils s’acquittent de leur charge apostolique, mais également parce qu’ils servent à l’autel. » 4 Le 31 juillet 1959, dans son encyclique Sacerdotii nostri primordia à l’occasion du centenaire de la mort de Jean-Baptiste Vianney, le curé d’Ars, Jean XXIII précise que cette ascèse nécessaire de la chasteté, loin de refermer le prêtre dans un stérile égoïsme, rend son coeur plus ouvert et plus disponible à tous les besoins de ses frères. Le Concile Vatican II (1965), dans la déclaration Presbyterorum ordinis promulguée par Paul VI le 7 décembre 1965, résume : "Le célibat, d’abord recommandé aux prêtres, a été ensuite imposé par une loi dans l’Église latine à tous ceux qui se présentent aux ordres sacrés. Cette législation, ce saint Concile l’approuve et la confirme à nouveau en ce qui concerne les candidats au presbytérat." Paul VI, dans son Motu proprio Sacrum Diaconatus Ordinem du 18 juin 1967 rétablit (toujours pour le rite latin), le diaconat permanent ainsi que l'ordination au diaconat des hommes mariés. L’encyclique Sacerdotalis caelibatus (1967) de Paul VI qui confirme le 1er février 1970 que la loi du célibat ecclésiastique ne peut être mise en discussion (en réponse au concile pastoral de la province ecclésiastique des Pays-Bas qui vota l’abandon de l’obligation du célibat sacerdotal en janvier), la lettre aux prêtres de Jean-Paul II (8-4-1979), le code de 1983 et l’exhortation papale Pastores (7-4-1992) insistent sur ce problème du célibat. En 1992, le Catéchisme de l'Eglise catholique, promulgué le 11 octobre et publié solennellement le 7 décembre, explique : "1618 Le Christ est le centre de toute vie chrétienne. Le lien avec Lui prend la première place devant tous les autres liens, familiaux ou sociaux (cf. Lc 14, 26 ; Mc 10, 28-31). Dès le début de l'Église, il y a eu des hommes et des femmes qui ont renoncé au grand bien du mariage pour suivre l'Agneau partout où il va (cf. Ap 14, 4), pour se soucier des choses du Seigneur, pour chercher à Lui plaire (cf. 1 Co 7, 32), pour aller au devant de l'Epoux qui vient (cf. Mt 25, 6). Le Christ lui-même a invité certains à le suivre en ce mode de vie dont Il demeure le modèle : Il y a des eunuques qui le sont de naissance, dès le sein de leur mère ; il y a aussi des eunuques qui le sont devenus par la main des hommes ; et il y en a qui se sont faits eunuques eux-mêmes à cause du Royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre, comprenne (Mt 19, 12). 1619 La virginité pour le Royaume des Cieux est un déploiement de la grâce baptismale, un signe puissant de la prééminence du lien au Christ, de l'attente ardente de son retour, un signe qui rappelle aussi que le mariage est une réalité de l'éon présent qui passe (cf. Mc 12, 25 ; 1 Co 7, 31)". En 1994, sœur Maura O’Donohue, religieuse et médecin, chargée de la coordination de la campagne contre le SIDA d’une organisation basée en Angleterre, remet un rapport qui recense des cas d’abus sexuels et de viols répétés de la part de prêtres sur des religieuses dans pas moins de 23 pays. Au cours du synode des évêques d’Océanie, tenu à Rome en 1998, l’évêque de Sidney, Goeffroy Robinson, affirme que les abus sexuels de la part de prêtres sont devenus le principal obstacle à la prédication de l’évangile en Océanie. Le 26 juin 2005, Patrick Balland, marié et père de quatre enfants, est ordonné prêtre par l’évêque de Namur (Belgique). Pour ne pas être soumis à l’obligation sacerdotale du célibat en vigueur dans l’Église catholique romaine, cet ancien pasteur calviniste suisse a dû obtenir l’autorisation du pape Jean Paul II et l’accord de la Conférence épiscopale de Belgique. Cette dispense, permettant aux pasteurs luthériens, anglicans et calvinistes mariés qui entrent dans l’Eglise catholique d’accéder à la prêtrise, a été instaurée par Pie XII. Le 28 août 2005, un ancien pasteur anglican, marié et père de deux filles, Evans David Gliwitzki, est ordonné prêtre catholique aux Canaries, dans l’île de Ténérife. L’autorisation de devenir prêtre catholique lui a été accordée par Jean Paul II. En 20 ans, Jean Paul II donnera son accord à plus de 220 ordinations d’hommes mariés, le plus souvent pères. Dans un livre intitulé Mon Dieu… pourquoi ? coécrit avec le directeur du Monde des Religions Frédéric Lenoir, et publié chez Plon en 2005, l’abbé Pierre, âgé de 93 ans, prend position en faveur du mariage des prêtres : « Je connais des prêtres qui vivent en concubinage avec une femme qu’ils aiment depuis des années et qui acceptent bien cette situation. Ils continuent d’être de bons prêtres. Cela pose la question cruciale pour l’Eglise du mariage des prêtres et de l’ordination d’hommes mariés ». A la Toussaint 2005, l’abbé adresse une lettre à Benoît XVI et aux évêques : « J’ai décidé de questionner tous ceux qui, depuis quelques dizaines d’années, ne comprennent plus. Je leur demandais que faire ? Des groupes de fidèles, des prêtres, des évêques, deux cardinaux à Rome, tous ont dit la même pensée. Ordonner prêtres des hommes mariés, fervents et capables (…) Frères Evêques, réunis récemment en synode à Rome, vous n’avez pas encore voulu ouvrir cette porte et présenter aux fidèles impatients la réponse que la plupart savent être là. Pourquoi attendre encore, quand les besoins sont aussi grands? (…) Frères n’ayons pas peur ! Ouvrons la porte de nos églises ! Ouvrons la porte du sacerdoce à ces milliers d’hommes, de foi fervente, prêts à entrer dans cette vocation ». En 2006, après avoir été excommunié en 2004 pour avoir eu un enfant et s´être marié avec une ancienne religieuse, le prêtre kenyan Godfrey Silvester Shiundu fonde l'Eglise catholique oecuménique dont il se constitue l'évêque. Parce qu'ils aimeraient se marier et fonder une famille, plus de 40 prêtres catholiques rallient cette Église. Le dimanche 24 septembre 2006, à Washington (DC), Mgr. Emmanuel Milingo, Archevêque émérite de Lusaka (Zambie), 76 ans, marié depuis 2001 et partisan du mariage des prêtres, ordonne 4 évêques. Il est excommunié latae sententiae, ainsi que les 4 évêques : « Le Saint-Siège a suivi avec appréhension les récentes activités de Mgr. Emmanuel Milingo, Archevêque émérite de Lusaka (Zambie), et de la nouvelle association de prêtres mariés, qui ont semé division et trouble parmi les fidèles. Des représentants à différents niveaux de l’Eglise ont vainement cherché de contacter Mgr. Milingo pour le dissuader de poursuivre ces gestes qui provoquent scandale, surtout par respect pour les fidèles qui ont poursuivi son ministère pastoral en faveur des pauvres et des malades. Tenant compte de la compréhension manifestée encore récemment par le Successeur de Pierre envers cet ancien pasteur de l’Eglise, le Saint-Siège a attendu patiemment l’évolution des évènements, qui malheureusement ont conduit Mgr. Milingo à une condition irrégulière et une rupture progressive avec la communion de l’Eglise, d’abord en osant se marier (avec la Coréenne Maria Sung, médecin adepte de la secte Moon, en 2001 à New York) et ensuite en ordonnant quatre évêques dimanche 24 septembre à Washington DC. Par ce geste publique l’Archevêque Milingo et les quatre évêques ordonnés ont encouru l’excommunication Latae Sententiae, prévue par le Code de Droit Canonique codice 1382. D’autre part, l’Eglise ne reconnaît pas et n’entend pas reconnaître dans le futur de telles ordinations ainsi que toutes les ordinations qui en découleront, et retient que l’état canonique des quatre présumés évêques est celui précédant l’ordination. Le Siège apostolique, soucieux de l’unité et de la paix du troupeau du Christ, était confiant dans l’action fraternelle de personnes proches de Mgr. Milingo pour qu’il réfléchisse et revienne vers la pleine communion avec le Pape. Malheureusement les derniers évènements ont annulé de tels espoirs ». Le 27 septembre, Mgr Milingo réplique : « Nous avons un seul et unique objectif, la restauration d’un clergé marié dans l’Eglise catholique occidentale ». Que « Benoît XVI reconsidère l’excommunication et s’unisse à nous pour appeler les prêtres mariés à servir à nouveau (…) Nous n’acceptons pas cette excommunication et avec amour nous la renvoyons à Sa Sainteté ». Le 22 février 2007, dans son exhortation apostolique post-synodale Sacramentum caritatis sur l’Eucharistie, source et sommet de la vie et de la mission de l’Eglise, le pape Benoît XVI redit la beauté et l’importance d’une vie sacerdotale vécue dans le célibat comme signe exprimant le don de soi total et exclusif au Christ, à l’Église et au Règne de Dieu et en confirme le caractère obligatoire pour la tradition latine. Le 8 octobre 2007, Mgr Antonio Mattiazzo, évêque de Padoue, destitue le père Sante Sguotti, curé de la paroisse de Monterosso, coupable d'avoir une relation avec une femme et de ne pas vouloir y renoncer, et lui interdit de confesser et de donner l'absolution. Le 26 décembre 2007, des prêtres de Zambie annoncent qu'ils quittent l'Eglise catholique, pour former la Nouvelle Eglise nationale catholique apostolique dans laquelle les prêtres ne seront pas contraints au célibat. Ce groupe est lié à Emmanuel Milingo, l'archevêque zambien excommunié. Le 30 janvier 2009, Benoît XVI accorde de nouveaux pouvoirs disciplinaires à la Congrégation pour le clergé pour faciliter la réduction à l’état laïc de prêtres vivant avec une femme ou souhaitant renoncer à leur ministère. Le 18 avril, une lettre circulaire est envoyée aux évêques du monde entier par le cardinal Claudio Hummes, préfet de la Congrégation pour le clergé, pour annoncer la nouvelle procédure administrative, plus rapide, devenue nécessaire face aux nombreuses situations où le droit canon n’a pas semblé adapté pour faire face à de nouveaux problèmes. Le 12 octobre 2010, en marge du synode sur le Moyen-Orient en cours au Vatican, Mgr Guy-Paul Noujaim, évêque maronite de Sarba (Liban) estime que le fait que des prêtres soient mariés a contribué au maintien des Eglises chrétiennes face à l'islam en Irak : "Au temps de saint Augustin, en Afrique du Nord, il y avait 400 évêques et, après l'invasion musulmane, il n'y en avait plus un seul, alors qu'en Irak, encore aujourd'hui, les Eglises chaldéennes et syriennes ont survécu". 2 Le 4 janvier 2011, Benoît XVI accepte la démission de l’évêque auxiliaire de Los Angeles, Mgr Gabino Zavala, qui a signalé être le père de deux enfants. Il n’exerce plus son ministère et vit désormais de façon privée 16. Le 3 février 2011, le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung publie le Manifeste Kirche 2011, Ein notwendiger Aufbruch (Église 2011 : un renouveau indispensable) dans lequel plus de 140 théologiens catholiques allemands, autrichiens et suisses appellent à une réforme de fond de l'Eglise demandant notamment la fin du célibat des prêtres, l'ordination des femmes, l'acceptation par l'Eglise des partenariats homosexuels et la nomination des évêques par les fidèles ; ils justifient ces mesures pour mettre fin à la crise sans précédent que traverse l'Eglise catholique depuis les scandales des prêtres pédophiles 3. Le 19 juin 2011, est publiée une protestation lancée par une association de prêtres diocésains autrichiens. L’appel à désobéir avertit que les 337 prêtres signataires donneront la communion aux divorcés remariés et aux membres d’autres Églises chrétiennes. Qu’ils laisseront prêcher des laïcs compétents, y compris des femmes enseignantes de religion. Et qu’ils saisiront toute occasion pour se prononcer publiquement en faveur de l’ordination des femmes et des personnes mariées 12. Dans son ouvrage A Troubled See : Memoirs of a Derry Bishop, présenté le 14 septembre 2011, Mgr Edward Daly, aumônier de l’Hospice Foyle à Derry qui fut évêque catholique de Derry (Irlande du Nord) de 1974 à 1993, soutient que les prêtres mariés sont une réponse au manque crucial de vocations. Le 6 juin 2012, à Milan, devant les prêtres, religieux, religieuses et séminaristes rassemblées dans la cathédrale, Benoît XVI réaffirme que le célibat appartient pleinement à leur vocation : "Le signe lumineux de la charité pastorale et d’un coeur unifié est le célibat sacerdotal et la virginité consacrée. Si l'amour envers Jésus vaut pour tous les chrétiens, il revêt un sens particulier pour le prêtre dans le célibat et pour qui a répondu à l'appel de la vie consacrée." 17 Le 26 juin 2013, dans son homélie matinale à Sainte-Marthe, le pape François déclare : "Nous tous, pour être, pour devenir en plénitude, pour être matures, nous devons sentir cette joie de la paternité, y compris nous aussi qui vivons le célibat.... Cette paternité est celle de donner la vie aux autres. Cette paternité sacerdotale, spirituelle, c’est aussi donner la vie et devenir pères [.] Un père est celui qui sait ce que signifie défendre ses fils [.] Ceci est une grâce que nous, prêtres, devons demander : être des pères. La grâce de la paternité, pastorale et spirituelle." 18 Le 22 septembre 2013, à Southwell (Angleterre), Andrew Harding, un Canadien marié et père de deux enfants, devient prêtre catholique, sans avoir été ordonné auparavant dans l'Eglise anglicane : Andrew Harding s'est tourné vers l'Eglise catholique lors de sa formation au sacerdoce anglican en Angleterre ; il a reçu une autorisation spéciale du pape émérite Benoît XVI pour être ordonné prêtre dans l'Eglise catholique. Les faits sont sans appel : il y a davantage de cas de pédophilie chez les hommes mariés que chez les célibataires. Ce constat va à l’encontre d’une opinion largement répandue, souvent relayée par les médias, qui affirme que le mariage des prêtres serait la solution pour éviter à ceux-ci de commettre des actes pédophiles. C’est se faire une pauvre idée du mariage en le réduisant à n’être qu’un remède à une perversion. Le célibat consacré ne renforce, ni ne diminue les pulsions d’une structure psycho-sexuelle profonde, conduisant aux abus sexuels sur mineurs. Les tendances ou pulsions pédophiles sont de l’ordre d’une perversion, indépendante de l’état de vie, qu’on soit marié ou célibataire (https://luttercontrelapedophilie.catholique.fr/leglise-face-a-pedophilie/eclairages/y-a-t-il-un-lien-entre-pedophilie-et-celibat/). Mieux vaut ne pas avoir d’enfant et posséder la vertu qui laisse un souvenir riche d’immortalité, car elle est approuvée par Dieu et par les hommes. (Sagesse 4, 1, Bible oecuménique 1980, Ed. Grammont SA) Ceux qui sont appelés à la table du Seigneur doivent rayonner par toute une vie exemplaire et digne d’éloges, exempte de toute l’impureté des vices. Ils doivent vivre en étant comme le sel de la terre pour eux-mêmes et pour les autres, en éclairant les autres par une lumineuse sagesse, comme étant la lumière du monde. (Saint Jean de Capistran + 1456, Miroir des clercs) Le célibat des prêtres fut agité très vivement au concile de Trente. (Cardinal Fleury 1653-1743) Au XIVe siècle, les prêtres violaient presque partout la loi du célibat. (Chateaubriand 1768-1848) Le monde déblatère contre le célibat des prêtres, et il méprise les prêtres mariés. (A. Constant 1810-1875) Le célibat des prêtres est un arrêt de mort qui n'est pas d'institution primitive. (G. Sand 1804-1876) Le jour où l'Église a condamné ses lévites au célibat, elle a créé dans l'humanité un ordre de passions étranges, maladives et impossibles à tolérer. (G. Sand) Les curés sont consolés de ne pas être mariés quand ils entendent les femmes se confesser. (Armand Salacrou 1899-1989, Une femme libre, 1934) Aujourd'hui, il n'y a plus que les prêtres qui veulent se marier. (Louise de Vilmorin 1902-1969) Le célibat des prêtres n'est pas une question de dogme, mais de pure discipline. (Guéroult 1891-1976) En tant que moines, vous devez montrer que vous êtes de ces hommes qui ne mettent pas leur espoir dans les vanités passagères de ce monde, mais cherchent du fond du cœur Celui qui est l’Absolu : Dieu seul, le Dieu éternel qui est le Bien suprême. (Paul VI aux abbés bénédictins, 1973) Les confessions ont pour première conséquence de confirmer les prêtres dans leur célibat. (Georges Elgozy 1909-1989, L'Esprit des mots ou l'antidictionnaire). Je m'étonne de ce que, dans un pays où il n'y a jamais eu autant de célibataires qu'aujourd'hui, on insiste avec autant de force sur l'idée selon laquelle il faudrait tout de même en finir avec le célibat des prêtres. Puisqu'il y a tant de célibataires, je me permets de trouver curieux que l'on veuille à tout prix marier... les quelques-uns qui prétendent avoir choisi ou librement ratifié de le rester ! J'en arrive à penser que la contestation porte moins sur le fait du célibat comme tel - puisqu'en pratique il est communément vécu - que sur la prétention de l'avoir librement choisi. (Mgr Hippolyte Simon, archevêque de Clermont, 2009, cité par eglise.catholique.fr). L’ordre, divisé dans les trois grades de l’épiscopat, du sacerdoce et du diaconat, est le sacrement qui habilite à l’exercice du ministère, confié par le Seigneur Jésus aux apôtres, de paître son troupeau. Une mission qui doit être réalisée avec amour parce que les pasteurs qui ne servent pas avec amour se trompent. (Pape François, audience du 26 mars 2014) Les prêtres mariés veulent être des hommes en chaire et en noces… Un curé défroqué, ça prêtre à rire...(Jean-Paul Coudeyrette, Autocitations) Notes 1 AGAPETES (= chéries, du grec agapêtos = aimé) : surnom donné par dérision aux vierges qui, dans la primitive Eglise, vivaient en communauté avec les apôtres et avec les autres fidèles. Elles étaient chargées des soins de la vie matérielle, pendant que les apôtres s'occupaient exclusivement de la prédication de l'Evangile. C'étaient d'abord des associations pieuses ; mais dans la suite les agapètes donnèrent lieu à de graves désordres, contre lesquels s'élevèrent saint Cyprien, saint Jérôme et divers conciles. Dans plusieurs de ces réunions, on avait pris pour maxime qu'il n'y a rien d'impur pour les consciences pures. Cette secte, renouvelée des gnostiques, fut supprimée par le 2e concile de Latran en 1139" (Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Pierre Larousse). Le 26e Canon du concile défend, sous peine d'anathème, à certaines prétendues religieuses [appelées par dérision agapètes, qui cohabitaient avec le clergé, voire avec certains laïcs] de continuer leur genre de vie. Ces femmes, sans observer ni la règle de Saint-Basile, ni celles de Saint-Benoît ou de Saint-Augustin, voulaient passer pour religieuses et demeuraient dans des maisons particulières, où, sous prétexte d'hospitalité, elles recevaient des personnes de mauvaise réputation. 2 infocatho.cef.fr/ 3 http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=0702111_fronde 4 http://eucharistiemisericor.free.fr/index.php?page=1402116_mgr_piacenza 5 http://www.droitcanon.com/Code_1983.html#_Toc385307326 6 http://www.clerus.org/clerus/dati/2002-02/19-6/Ns2_02.htm 7 La tradition de prononcer des vœux apparaît dès le IIIe siècle. Jusqu'à la fin du Moyen Âge, l'institution des voeux temporaires, engageant pour une période déterminée, n'existait pas. Après son noviciat, le candidat faisait immédiatement profession définitive (http://fr.wikipedia.org/wiki/V%C5%93ux_religieux) 8 http://news.catholique.org/12732-les-origines-apostoliques-du-celibat 9 http://eglise.de.dieu.free.fr/sirice.htm 10 http://pages.videotron.com/historia/Decretales_des_papes.pdf 11 http://fr.wikipedia.org/wiki/Concile_de_Vannes 12 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil11sem/semaine36/210nx361egliseg.html 13 http://www.cosmovisions.com/Lanfranc.htm 14 http://nouvl.evangelisation.free.fr/martyrologe_11.htm#6_novembre 15 http://nouvl.evangelisation.free.fr/martyrologe_02.htm#29_février 16 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil12sem/semaine01/212nx012amernorda.html 17 Vatican Information Service (VIS) 18 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil13sem/semaine26/213nx262mat2606.html 19 L'accord de l'épouse est requis et réaffirmé au début de la célébration d'ordination ; le droit de l'Église exige un minimum de 10 ans de mariage avant l'ordination ; si le diacre devient veuf il ne peut se remarier, sauf cas particulier – par exemple des enfants en bas-âge – qui nécessite une dispense du Vatican. 20 https://fr.wikipedia.org/wiki/Urbain_Grandier Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 20/05/2024 |