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Bernardo Pignatelli ou Paganelli di Montemagno naît près de Pise. Prieur de Saint Zénon, il rencontre Bernard de Clairvaux en 1138. Après avoir été moine à Clairvaux, il devient, en 1141, l'abbé du monastère cistercien des Saints Vincent et Anastase, à Tre Fontane, aux portes de Rome. Elu pape (premier pape cistercien) à l'unanimité le 15 février 1145, il choisit le nom d'Eugène ; il est intronisé le 18. Bernard confie alors à ses correspondants ses appréhensions devant ce choix d’une personne inexperte et faible. Mais l’un d’eux répond : « Le Seigneur daigna lui accorder sur le champ de telles grâces, qu’il l’emporta sur nombre de ses prédécesseurs en grandes actions et en réputation. » Bernard écrit à Eugène : « Vous pouvez tout, mais rien ne convient mieux à la puissance que la règle ; vous êtes non pas le seigneur des évêques, mais l'un d'eux. On ferait un monstre du corps humain, si l'on attachait immédiatement à la tête tous ses membres ». Le pontificat d'Eugène est troublé par des difficultés politiques chroniques, notamment avec le Sénat de Rome, ce qui l’oblige souvent à résider hors de Rome. Inquiet de la situation des lieux saints, il suscite la seconde croisade qu'il demande à Bernard de prêcher (6 mars 1146). Eugène III poursuit la réforme de Grégoire VII ; il convoque des synodes à Paris, Trèves et Reims (1148) où sont adoptées des mesures destinées à rétablir la discipline dans le clergé et propager la foi, et où sont examinées les positions doctrinales de Gilbert de la Porrée et les visions d'Hildegarde de Bingen. En décembre 1149, il retourne à Rome sous la protection de Roger II de Sicile, mais il doit en repartir, car l’hostilité du Sénat romain reste vive. Eugène commence alors à traiter avec Conrad III, puis avec son successeur, Frédéric Ier Barberousse. Il meurt à Tivoli le 8 juillet 1153 ; Pie IX le béatifie en 1872 ; il est fêté le 8 juillet. Prophétie de Malachie : Ex magnitudine montis (De la grandeur du mont). "D'abord moine cistercien à Clairvaux, puis au monastère des Saints Vincent et Anastase, à Tre Fontane, aux portes de Rome, il fut élu pape à une époque de pleine évolution politique. Il resta fidèle à son père spirituel, saint Bernard à qui il demanda de prêcher une croisade, qui d'ailleurs échoua. Nous trouvons Eugène III à Paris en 1147, à Trèves, et dans bien d'autres régions. Il intervient en Angleterre, réglemente l'Eglise d'Irlande, met sur pied l'organisation ecclésiastique de la Suède et de la Norvège, assure sa primauté devant l'empereur Frédéric Barberousse. Il vécut pauvrement, plein de bienveillance et de justice. Théologien, il fit traduire les homélies de saint Jean Chrysostome. Trois des cardinaux qu'il avait nommés devinrent papes : Adrien IV, Alexandre III et Victor IV. Très tôt le petit peuple romain le considéra comme un saint en raison de sa manière de vivre et de concevoir le rôle de la Papauté. Saint Bernard écrivit pour lui le Traité De Consideratione, où sont évoqués les devoirs du pontife. Jean de Salisbury le décrit comme "une âme pleine de délicatesse et d’autorité, de grandeur et d’humilité" 1. 1145. A Rome, le pape se heurte aux sénateurs romains qui souhaitent qu’il renonce à son pouvoir temporel et doit quitter la ville ; il négocie un Traité avec les sénateurs établissant son autorité sur la commune de Rome et revient dans la capitale ; le réformateur Arnaud de Brescia, disciple d’Abélard, qui condamne avec virulence le luxe dans lequel vit le haut clergé, à la tête de la révolte, chasse une seconde fois le pape (qui va résider à Viterbe) et restaure la République. 13 mars, révolte de Valence contre les Almoravides ; soulèvements de Murcie, Almeria, Malaga. Les Almohades détruisent les principales communautés juives d’Andalousie : les Juifs sont contraints d’adopter l’Islam et ne peuvent pratiquer le judaïsme qu’en cachette (ils seront appelés Anoussim). 7 avril, la bulle Militia Dei confirme l’indépendance des Chevaliers du Temple vis à vis du clergé séculier en leur donnant le droit de prélever des dîmes ainsi que de bâtir leurs chapelles et d’enterrer leurs morts dans leurs cimetières. Fondation des Chartreuses (moniales). Au Portugal, fondation de l’Ordre militaire d’Aviz pour lutter contre les Maures. 1er juin, arrivée à Bordeaux de Bernard de Clairvaux ; il organise la lutte contre l'hérésie cathare dans le Midi de la France ; il accompagne le cardinal-légat Albéric et prêche à Poitiers, Bergerac, Périgueux, Sarlat, Cahors, Verfeil, Albi, etc. ; l’hérésie cathare est très répandue dans le midi toulousain. 4 août, l'empereur Conrad III valide les titres de Raymond Ier des Baux et d'Étiennette, sœur cadette de Douce Ire, sans trop en préciser le contenu, et leur donne le droit de battre monnaie, avantage attaché à la souveraineté. 18 novembre, l’évêque syrien Hugues de Gabala rencontre le pape Eugène III en présence du chroniqueur Otton de Freising, pour annoncer la chute d’Édesse ; le légendaire roi chrétien, le Prêtre Jean est mentionné pour la première fois lors de cette entrevue ; plusieurs fois, au cours des Croisades, la rumeur a prétendu qu’il devait venir porter secours aux Croisés avec ses troupes ; Otton de Freising raconte au pape que le Prêtre Jean règne en Asie, au-delà des royaumes de Perse et d’Arménie. 1er décembre, Edesse (en Terre Sainte) étant tombée aux mains des musulmans le 23 décembre 1144, Eugène III, par la bulle Quantum praedecessores, appelle à une nouvelle croisade et place le croisé, sa famille et ses biens sous la protection de l'Église. 1146. Geoffroy d’Auxerre signale que le populus civitatis albigensis (pays albigeois, ndlr) est infesté par l’hérésie (cathare). 1er mars, le pape publie une seconde version de la bulle de croisade Quantum praedecessores. 6 mars, le pape, rendu en France, demande à Bernard de Clairvaux de prêcher la deuxième croisade (1147-1149) à Vézelay puis en Allemagne. 31 mars, à Vézelay, le roi de France Louis VII se croise en présence de Bernard, l’abbé de Clairvaux, et de nombreux fidèles l’imitent ; le roi va en pèlerinage au Puy-en-Velay. En septembre, un esclave franc mécontent nommé Yarankash, nourrissant une rancune personnelle, assassine Zengi, reconnu comme l'atabeg d'Alep, le chef irakien responsable de l'établissement de la dynastie des Zangides. 27 décembre, à Spire en Allemagne, Bernard convainc l'empereur germanique, Conrad III, de participer à la croisade. 1147. 17 janvier, en Espagne, les Almohades sous Abd al-Mumin débarquent au pays d'al-Andalûs et s'emparent de Séville ; au même moment, les chrétiens du comte Manrique de Lara prennent la forteresse de Calatrava pour le compte du roi Alphonse VII. 31 janvier, à Cordoue, le prêtre portugais Martin Manuel meurt emprisonné par les Sarrasins (Martyrologe). 16 février, l'abbé Suger se voit confier la régence du royaume de France en l'absence de Louis VII parti en croisade. 15 mars, Alphonse Ier de Portugal reconquiert Santarém par surprise avec l'aide des Templiers et consolide son royaume. 23 mars, issus de l’Atlas, les Berbères almohades s’emparent de Marrakech et de l’Empire des Almoravides : les Almohades dominent le Maroc et al-Andalus. 13 avril, par son encyclique Divina dispensatione, le pape autorise la croisade allemande contre les Slaves (Wendes) et étend les privilèges de la croisade (indulgence) aux Espagnols qui luttent contre les Maures. 27 avril, à Paris, lors du chapitre général du Temple placé sous la présidence du pape Eugène III et du roi de France Louis VII, les prérogatives du maître, qui se bornent au maintien de l’observance et à la nomination des petits officiers de l’ordre, sont édictées et le pape octroie aux Templiers la croix latine pattée rouge qu’il leur demande de porter cousue sur l'épaule gauche, du côté du cœur. 28 mai, à Bamberg, départ pour la croisade de l'empereur germanique Conrad III, à la tête de 100 000 hommes. 12 juin, Louis VII de France et Aliénor se mettent en route, à la tête de trois cents chevaliers et d'une nombreuse armée de 80 000 croisés, grossie peu à peu par plusieurs dizaines de milliers de pèlerins, pour participer à la deuxième croisade ; le 29 juin, il passe le Rhin à Worms. 1er juillet au 25 octobre, siège et prise de Lisbonne par Alphonse Ier de Portugal aidé d'une flotte croisée anglo-flamande faisant route vers le Proche-Orient. 25 octobre, une partie de l'armée de Conrad III est massacrée par les Seldjoukides à Dorylée, l'autre regagne Constantinople. 1148. 22 mars, Concile de Reims : Henri l’Ermite est condamné à la prison perpétuelle, ses doctrines sont anathématisées mais elles survivent et se fondent dans l’hérésie des albigeois ; Eon de l'Étoile est condamné, arrêté et soumis à la question ; le pape fulmine dans un canon une peine d’excommunication pour tous ceux qui viendraient en aide ou recevraient des hérétiques ; Goswin, l'abbé d’Anchin, rencontre Eugène III qui le fait entrer dans son conseil. Eugène III revient en Italie, organise un synode à Crémone et excommunie Arnaud de Brescia. 24 juillet, Louis VII et Conrad III mettent le siège devant Damas (ville célèbre pour ses prunes), mais, dès le 27, les croisés doivent se replier vers Jérusalem : ils se sont battus pour des prunes ; le prunier qu'ils ramèneront en France est à l'origine du pruneau d'Agen. 1148-1152. Jean de Salisbury : Historia pontificalis. 1149. 29 juillet, Louis VII, à son retour de croisade, débarque en Calabre ; il rencontre Roger II de Sicile à Potenza dans le courant du mois d'août. 9-10 octobre, de retour d’Orient, Louis VII de France et Aliénor d'Aquitaine rencontrent, à Frascati, le pape Eugène III qui tente de les réconcilier. Louis VII apporte au Puy-en-Velay la Vierge Noire. 1150. Eugène III crée le Sacré Collège. Al Idrisi, géographe arabe, fait référence aux pâtes alimentaires dans ses écrits (on trouve les premières références aux pâtes sur des bas-reliefs étrusques datant du IVème siècle av. J.-C.). 27 novembre, la ville de Novgorod est assiégée par les forces du prince André Bogolioubski et ses alliés ; l'archevêque place l’icône de la Vierge au-dessus des remparts ; la Vierge est frappée d’une flèche, les ténèbres couvrent la ville et les ennemis doivent lever le siège. En 1150, les premières pièces où figure la CROIX OCCITANE se trouvent sur des pièces et monnaie du Marquisat de Provence ( Raymond V, jeune comte de Toulouse) ; des textes en Occitan, datant du 13ème siècle, évoquent d’ailleurs la “croix des Raymond” ; cette croix a ensuite été adoptée par les comtes de Forcalquier, proches des comtes de Toulouse pour être ensuite utilisée dans un sceau de la ville de Toulouse en 1211 ; il aura donc fallu attendre 60 ans pour qu’elle devienne la croix de Toulouse (Raymond Ginouillac). 1151. 27 janvier, traité de Tudilén entre Alphonse VII de Castille, roi de Galice, de Léon et de Castille, et Raimond-Bérenger IV de Barcelone pour partager les zones d'influence et la conquête du sud et du levant ; Sanche VI de Navarre reconnait la suzeraineté d’Alphonse VII de Castille sur la Navarre. 7 septembre, mort de Geoffroy V d'Anjou, comte d'Anjou et du Maine, puis duc de Normandie : son fils, Henri II d'Angleterre, fondateur de la dynastie Plantagenêt des rois anglais, lui succède. 1152. 15 février, l'empereur du Saint-Empire romain germanique Conrad III meurt à Bamberg, sans avoir pu être couronné en Italie, ni laisser le royaume d'Allemagne à son fils. 4 mars, Frédéric Ier Barberousse est élu roi des Romains et couronné le 9 ; il sera couronné empereur germanique le 18 juin 1155. 9 mars, en Irlande, le cardinal-légat réunit à Kells-Mellifont un grand synode national qui promulgue les réformes nécessaires et instaure l’organisation diocésaine qui est encore celle de l’Irlande d’aujourd’hui avec les quatre archevêchés de Cashel, Tuam, Dublin et Armagh (siège du primat d’Irlande), et trente-six évêchés. 21 mars, à la demande du roi, le concile de Beaugency prononce la rupture du mariage entre Louis VII et Aliénor d’Aquitaine. 18 mai, à Poitiers, Aliénor d’Aquitaine épouse Henri Plantagenêt, duc de Normandie et comte d'Anjou, qui deviendra roi d'Angleterre sous le nom d'Henri II ; elle apporte, en dot, la province de Guyenne, l'actuelle Aquitaine. 16 août, une bulle du pape confirme le transfert de l'évêché d'Aleth à Saint-Malo. 16 octobre, Eugène III et Barberousse conviennent le premier d’honorer le roi comme le très cher fils de saint Pierre et de le couronner à Rome, le second, de ne faire ni paix ni trêve avec les Romains [...] sans le libre consentement et la volonté de l’Église romaine et du seigneur pape. 1153. 5 février, dans une bulle adressée à l’évêque d’Arras, le pape Eugène III s’inquiète des progrès de l’hérésie cathare dans le Nord de la France et en Flandre. 23 mars, le pape signe avec Frédéric Barberousse le concordat de Constance par lequel l’empereur s’engage à le soutenir contre les Romains en échange de droits étendus pour l'Empire. Gautier de Pontoise est canonisé par l’évêque de Rouen. 24 mai, mort de David Ier ou Dabíd mac Maíl Choluim, roi d'Ecosse ; le 27 mai, son petit-fils Malcolm IV devient son successeur, et il fait son plus jeune petit-fils, Guillaume, comte de Northumberland. 8 juillet, mort du pape à Tivoli. Note 1 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1467/Bienheureux-Eugene-III.html Sources Pape suivant : Anastase IV Liste des papes Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 25/05/2024 |