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A Louisa SOMMAIRE 1. Pédophilie, pédosexualité, pédomanie, inceste 2. La pédérastie initiatique dans les sociétés anciennes 3. Psychologie et psychanalyse 4. Droit pénal français 5. Chronologie historique 6. La pédophilie dans l'Eglise catholique 7. Quelques chiffres 8. Contacts utiles 9. Poème 1. Pédophilie, pédosexualité, pédomanie, inceste La pédophilie, néologisme issu de la terminologie psychiatrique de la fin du XIXe siècle, est l’attirance sexuelle d’un adulte (homme ou femme) envers les enfants de l’un ou l’autre sexe ; elle peut donc être homosexuelle ou hétérosexuelle. Certains distinguent l'hétéropédophilie et l'homopédophilie qui ont un caractère incestueux quand elles se manifestent au sein de la famille nucléaire (père/fille, mère/fils, frère/soeur ; père/fils ; mère/fille ; frère/frère ; soeur/soeur). Aujourd'hui, des psychothérapeutes courageux n'hésitent pas à faire tomber le tabou de la pédophilie féminine. La pédophilie, peut-être devrait-on dire pédosexualité, est classée comme trouble de la préférence sexuelle (maladie mentale) par la Classification internationale des maladies (CIM) et comme paraphilie par le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM). Paraphilie est un terme biomédical utilisé par certains milieux psychiatriques aux États-Unis à la place du mot perversion ; également utilisé en sexologie, il désigne toute attirance ou pratique sexuelle qui diffère des actes traditionnellement considérés comme normaux. Le terme a été crédité par Wilhelm Stekel durant les années 1920. Un sexologue du nom de John Money popularisa plus tard le terme en tant que désignation non-péjorative pour classifier les intérêts sexuels inhabituels ; il décrivit la paraphilie en tant qu'embellissement sexuo-érotiques, ou alternative à la norme officielle idéologique. Avant l'introduction du terme paraphilie dans le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM), le terme déviation sexuelle était utilisé. 19 L’expression pédophilie érotique (traduite de l’allemand pedophilia erotica, terme employé par le psychiatre autrichien Richard von Krafft-Ebing en 1886), a été proposée par le Dr A. Forel en 1906. Le terme pédomanie, considéré comme plus approprié et lexicologiquement satisfaisant, est préconisé par les mouvements de lutte contre la pédophilie. L'éphébophilie, au sens premier du terme, se rapporte seulement à l'attirance et non à la pratique sexuelle (bien que cette dernière ne soit pas exclue). On l'emploie par opposition au terme pédophilie, qui est l'attirance pour des jeunes prépubères. Cependant, dans la plupart des cas, pédophilie est le mot retenu généralement en Occident, pour décrire une personne attirée par un jeune n'ayant pas atteint sa majorité sexuelle. L'hébéphilie est un synonyme bien moins répandu, en l'honneur d'Hébé, déesse grecque personnifiant la Jeunesse. Le Lolita complex se rapporte à l'attirance d'un homme pour une adolescente, un terme qui provient du livre Lolita de Nabokov. Le Shota complex se rapporte à l'attirance d'un homme ou d'une femme pour un jeune garçon, un terme qui provient de la culture japonaise. 9 La pédérastie, stricto sensu, est l’attirance sexuelle d’un homme adulte pour les jeunes garçons ; mais le mot désigne le plus souvent le rapport particulier entre un homme adulte et un jeune garçon. Le pédéraste est l’homosexuel qui a des rapports sexuels avec des enfants ou des adolescents. Le mot, rare avant le XIXe siècle, s'est diffusé en prenant la valeur erronée d'homosexuel, quel que soit l'âge du partenaire. Pédéraste est emprunté (1584) au grec paiderastês (= qui aime les jeunes garçons, les adolescents), mot composé de pais, paidos (= enfant, jeune garçon) et d'erastês (= qui aime, amant). Eraste, dérivé d'eran (= aimer d'amour, désirer), était employé spécialement pour désigner l'aîné du couple homosexuel grec. L'inceste (du latin incestum = souillure) est un rapport sexuel entre apparentés, frappé d'interdits variables selon les époques, les pays, la nature des liens de parenté, l'âge, les lois en vigueur. Ce peut être une relation entre membres d'une même famille dont le degré de parenté ou d'alliance interdit le mariage civil ou religieux. L'inceste qualifie les « relations sexuelles prohibées entre parents très proches », entre parent et enfant, entre enfants d'une fratrie (y compris demi-frère et demi-sœur), entre grand-parent et petit enfant, ou encore entre oncle ou tante et neveu ou nièce, voire selon certains entendements entre cousins. La définition fournie par l'anthropologue Dorothée Dussy insiste sur la notion de « pratiques sexuelles imposées à un enfant de sa propre famille ». À l'échelle individuelle, l'inceste est étudié en psychologie selon de multiples approches, allant de la recherche de cause de pathologie psychique comme l'a fait Freud dans sa théorie de la séduction en 1896, jusqu'à la conceptualisation d'un mécanisme incestuel qui « édicte comme tabou non pas l'inceste mais la vérité sur l'inceste » comme le formalise Racamier. Claude Lévi-Strauss a théorisé l'existence d'une prohibition de l'inceste dans toutes les sociétés connues : cette norme sociale serait pour l'anthropologie un sujet majeur au point de fonder la culture et structurer les sociétés. Le thème est présent au niveau anthropologique chez Sigmund Freud dans son ouvrage Totem et Tabou (1913) ; dans le cadre de la sexualité infantile, il se retrouve au moment du complexe d'Œdipe, théorie controversée aujourd'hui par certains auteurs. Il existe deux grandes catégories d'inceste : des incestes non-consentis, très généralement dans lesquels un adulte abuse d'un enfant (formant la très grande majorité des cas d'inceste), et une minorité d'incestes décrits comme consentis, voire revendiqués (https://fr.wikipedia.org/wiki/Inceste). 2. La pédérastie initiatique dans les sociétés anciennes Le mot pédérastie tend aujourd'hui à désigner l'attirance sexuelle d'un homme pour les garçons adolescents ou préadolescents, au contraire de la pédophilie qui concerne un homme ou une femme et un enfant prépubère. Le mot grec désignait à l'origine une institution morale et éducative de la Grèce antique, bâtie autour de la relation particulière entre un homme mûr (éraste) et un jeune garçon (éromène), où les rapports sexuels n'étaient qu'une dimension de cette relation. Durant des siècles, la pédérastie fut présente et visible socialement dans un nombre relativement important de civilisations et de sociétés (Grèce Antique, Chine, Italie lors de la renaissance, …) : tolérée, acceptée, tenue pour naturelle voire promue comme idéal amoureux, elle a pu exister sous différentes formes, diversement codifiées. 32 La pédérastie comme relation initiatique est une pratique que l’on retrouve dans les plus anciennes sociétés (Papous, Aborigènes) et sur tous les continents (Polynésie, Chine, Japon, Crète, Grèce). Selon la tradition mythologique grecque, Zeus prend pour amant et échanson le jeune et beau Ganymède. L'enlèvement de Ganymède par Zeus. Rembrandt (1635) Les Grecs anciens semblent avoir été les premiers à s'être exprimés au sujet de la pédérastie, à l'avoir étudiée et à l'avoir organisée et érigée en institution dans certaines cités, notamment en Crète. En Crète Antique, les garçons, entrant dans l'adolescence, étaient enlevés, et formés durant plusieurs mois par un maître à la campagne afin de lui apprendre la chasse, le courage. En signe de reconnaissance envers son formateur, l'éromène se livrait avec son éraste à des activités sexuelles. À l'issue de cette période, le garçon était reconduit dans la cité, où l'on fêtait son retour et sa renaissance sociale, en tant qu'éphèbe, et citoyen. Ainsi, la pédérastie en Grèce Antique était extrêmement codifiée et institutionnelle, et de ce fait relativement répandue. La pédérastie aurait pour origine des rites initiatiques chez les sociétés préhistoriques du paléolithique. 32 Dans la société grecque antique, le couple masculin était constitué d’un éraste (entre vingt et quarante ans) et d’un éromène (entre douze ans et l’apparition de la première barbe). Il reposait sur la relation d’identification du cadet à l’aîné, permettant une transmission de l’identité virile et citoyenne, empreinte de fermes règles éthiques destinées à protéger l’éromène. Les modalités de la relation différaient également ; selon les cités, les rapports sexuels étaient permis ou non ; les relations sexuelles pouvaient se dérouler debout, face à face, avec coït intercrurale (entre les cuisses), quand le coït anal était interdit. Les fêtes publiques initiatiques axées sur l'homosexualité pédagogique étaient nombreuses à travers la Grèce : les Hyacinthies de Sparte, les Théséia et les Euandria d'Athènes. 33 L’éromène, une fois son éducation terminée, prenait femme et devenait éraste à son tour. Les témoignages antiques sur la pédérastie grecque qui sont à distinguer de l'idée moderne de la notion d'homosexualité, sont relativement contradictoires et difficiles à interpréter : elle est tantôt présentée comme une institution reconnue de formation des élites, tantôt comme un ensemble de pratiques sexuelles honteuses méritant la mort, tantôt comme une relation chaste et spirituelle, tantôt comme une pratique avant tout fondée sur le plaisir sexuel. Ce modèle sexuel et éducatif a vécu très longtemps : de l'époque minoenne (2700 av. J.-C.) à la chute de l'Empire romain occidental (ve siècle ap. J.-C.). 29 3. Psychologie et psychanalyse Le pédophile, généralement retardé affectivement, inhibé ou névrosé, se sent en état d'infériorité devant la femme adulte et recherche des partenaires sexuels à sa mesure, c'est-à-dire des enfants de l'un ou de l'autre sexe. Freud a fait de l’aberration pédophile la trace d’un état de la sexualité infantile. La première étude sur les attentats aux mœurs et les maltraitances sur enfant en France date de 1867, sous la forme d’un rapport du médecin légiste Auguste Tardieu. Auguste Ambroise Tardieu Mais c’est au psychiatre allemand Richard von Krafft-Ebing (Psychopathia sexualis) que revient l’invention du terme de pédophilie érotique désignant des individus présentant une attirance relativement exclusive pour des personnes impubères de l’autre sexe. Selon l’Organisation mondiale de la santé (1990), la pédophilie fait partie des troubles de la préférence sexuelle et est définie comme une préférence pour les enfants généralement prépubères ou en début de puberté. 4. Droit pénal français En droit pénal français, la pédophilie est définie comme étant l’attirance sexuelle ressentie par un adulte pour un mineur (de l’un ou l’autre sexe) n’ayant pas atteint l’âge de 15 ans. Le code pénal (Version en vigueur au 9 février 2018) réprime les infractions suivantes : - le crime de viol : articles 222-23 et 222-24 ; - les agressions sexuelles autres que le viol : articles 222-27, 222-28 et 222-29 ; - la corruption de mineur : article 227-22 ; - Le fait pour un majeur de faire des propositions sexuelles à un mineur de quinze ans ou à une personne se présentant comme telle en utilisant un moyen de communication électronique : article 227-22-1. - la pornographie mettant en scène un mineur : article 227-23 ; - la fabrication, le transfert, la diffusion de message à caractère violent ou pornographique : article 227-24. Cet article sanctionne notamment la pratique du happy slapping, qui consiste à filmer une personne victime de violences assénées à dessein par des complices du cameraman et à diffuser ensuite les images via l’Internet. - Le fait, par un majeur, d'exercer sans violence, contrainte, menace ni surprise une atteinte sexuelle sur la personne d'un mineur de quinze ans : articles 227-25 et 227-26. - le recel d'images de pornographie enfantine : articles 321-1, 321-2 et 321-5. L’inceste fait implicitement partie de la pédophilie. Mais dans ce cas, la spécificité du lien entre l'agresseur et la victime est caractérisée par la notion judiciaire d'ascendant. La loi n° 2010-121 du 8 février 2010 tendant à inscrire l'inceste commis sur les mineurs dans le code pénal et à améliorer la détection et la prise en charge des victimes d'actes incestueux est publiée au Journal Officiel de la République Française le 9 février. Le Code Pénal est ainsi modifié : "Art. 222-31-1. - Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis au sein de la famille sur la personne d'un mineur par un ascendant, un frère, une sœur ou par toute autre personne, y compris s'il s'agit d'un concubin d'un membre de la famille, ayant sur la victime une autorité de droit ou de fait." Par décision du 16 septembre 2011, le Conseil Constitutionnel déclare cet article 222-31-1 du Code Pénal relatif à l'inceste contraire à la constitution (au regard du principe de légalité des délits et des peines bafoué par la définition trop générale de la disposition « membres de la famille ») et abroge cet article à la suite d'une question prioritaire de constitutionnalité. "Art. 222-31-2.- Lorsque le viol incestueux ou l'agression sexuelle incestueuse est commis contre un mineur par une personne titulaire sur celui-ci de l'autorité parentale, la juridiction de jugement doit se prononcer sur le retrait total ou partiel de cette autorité en application des articles 378 et 379-1 du code civil. Elle peut alors statuer sur le retrait de cette autorité en ce qu'elle concerne les frères et sœurs mineurs de la victime. Si les poursuites ont lieu devant la cour d'assises, celle-ci statue sur cette question sans l'assistance des jurés." La version en vigueur au 16 mars 2016 de l'article 222-31-1 (loi du 14 mars 2016 sur la protection de l'enfance) stipule : "Les viols et les agressions sexuelles sont qualifiés d'incestueux lorsqu'ils sont commis sur la personne d'un mineur par : 1° Un ascendant ; 2° Un frère, une sœur, un oncle, une tante, un neveu ou une nièce ; 3° Le conjoint, le concubin d'une des personnes mentionnées aux 1° et 2° ou le partenaire lié par un pacte civil de solidarité avec l'une des personnes mentionnées aux mêmes 1° et 2°, s'il a sur le mineur une autorité de droit ou de fait." L'association Face à l'inceste demande que soit créée une infraction spécifique. L'idée, c'est que les mineurs ne soient plus traités comme les adultes, et qu'ils n'aient pas à prouver leur non-consentement aux abus sexuels qu'ils ont subis (RTL, 10 janvier 2021). En octobre 2019, une enquête Ipsos a été menée à la demande de l'association Mémoire Traumatique et Victimologie. Elle s'intéressait de manière plus générale aux violences sexuelles, et indiquait que 44% de celles subies dans l'enfance étaient des incestes. Dans 9 cas sur 10, indiquait l'étude, l'agresseur était un homme. Faut-il mettre un terme à la prescription pour l'inceste ? Le délai de prescription pour les crimes sexuels sur les mineurs a été allongé en 2018 de 20 à 30 ans après la majorité de la victime. Pour les associations d'aide aux victimes d'agression sexuelle sur mineur, le combat se joue aussi sur le terrain lexical. Elles ont ainsi décidé de proscrire le mot "pédophilie" qui induit la notion d'amour et de le remplacer par "pédocriminalité". 5. Chronologie historique Depuis l’Égypte pharaonique et encore récemment dans certains pays comme le Pérou pour la famille des Incas, il était fréquent, dans la noblesse, de se marier et d’avoir des enfants avec un membre de sa famille (notamment : frère/soeur ; père/fille : mère/fils). Cette tradition disparaît peu à peu : l’empereur actuel du Japon est le premier de sa dynastie à être marié à une femme ne faisant pas partie de sa famille. 24 Dans la Rome antique, la violation du serment de chasteté par les vestales, prêtresses dédiées à la déesse Vesta, était taxée d'inceste (incestum = souillure, ndlr) et, considérée comme un crime inexpiable, généralement puni par la mort de la coupable, condamnée à être enterrée vivante. Quant à son séducteur, il était fouetté jusqu'à ce que mort s'ensuive. 24 En 305/306, le concile d’Elvira en Espagne exclut de la communion les pédophiles, même mourants (canon 71). Au Moyen Âge, la parenté spirituelle comptait aussi pour définir l’inceste : toute union parrain-filleule ou marraine-filleul était ainsi prohibée, mais aussi toute union entre un parent (père ou mère) et le parrain ou la marraine de l’un de ses enfants. Dans l'église de Byzance les prêtres pouvaient se marier, mais ne pouvaient pas épouser quelqu'un qu'ils avaient baptisé ; pour la même raison on abandonna l'habitude pour les parents de parrainer leur enfant au baptême et on commença à chercher une personne extérieure à la famille. La législation des rois Wisigoths (506-709) prévoyait la séparation immédiate du couple et l'entrée dans une congrégation religieuse. 24 En 529, dans son Code, l'empereur Justinien est le premier à donner une vision chrétienne dans la législation sur l'inceste. Albin (Albinus, Aubin), évêque d'Angers de 529 à 550, stigmatise les mariages incestueux fréquents chez les nobles et obtient gain de cause au concile d'Orléans (7 mai 538). En 585, le 2e concile de Mâcon menace des peines les plus graves les incestueux, ces gens qui se roulent dans la merde (in merda convolvuntur). Le Penitential of Cummean, document ecclésiastique irlandais du VIIe siècle, ordonne 3 ans de pénitence pour ceux qui commettent l'inceste avec leur mère, tandis que le Penitential of Theodore, document anglo-saxon de la même époque, ordonne 15 ans. 24 Les Capitulaires de Charlemagne (802) prévoient la peine capitale pour ceux qui commettent le péché de bestialité, d'inceste ou de sodomie. 24 L'interdit est levé par les révolutionnaires de 1789, qui considèrent que la sexualité est une affaire intime et que l’État n’a rien à faire dans les orientations sexuelles. Le 26 janvier 1977, une tribune, publiée dans Le Monde puis dans Libération et signée par 69 intellectuels français dont Jean-Paul Sartre, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Gilles et Fanny Deleuze, Francis Ponge, Philippe Sollers, Jack Lang, Bernard Kouchner, Louis Aragon, André Glucksmann, François Châtelet, Félix Guattari, Patrice Chéreau, Daniel Guérin, Gabriel Matzneff et Guy Hocquenghem, défend trois hommes incarcérés depuis plus de trois ans pour avoir abusé sexuellement de mineurs de moins de 15 ans et demandent leur relaxe au prétexte que les enfants n'ont pas été victimes de la moindre violence, mais, au contraire, qu'ils étaient consentants. Le 23 mai, dans les pages "Opinions" du Monde, 80 intellectuels français parmi lesquels Jean-Paul Sartre, Michel Foucault, Roland Barthes, Simone de Beauvoir, Alain Robbe-Grillet, Jacques Derrida, Philippe Sollers et Françoise Dolto, signent un autre texte pour demander que la loi décriminalise les rapports sexuels entre les adultes et les enfants de moins de 15 ans 39. En 1982, éclate en France l'affaire du Coral, une affaire d'abus sexuels sur mineurs au sein d'un lieu de vie éducatif installé dans une ancienne exploitation agricole à Aimargues, dans le Gard. Dans les années postérieures à Mai 68 se développent en France, à l'initiative d'éducateurs ou d'enseignants contestataires, des lieux de vie visant à appliquer des pratiques éducatives alternatives; certains accueillent des publics inadaptés, suivant les préceptes de l'antipsychiatrie. Dans certains de ces centres éducatifs, des affaires de pédophilie ont lieu, les abuseurs usant, comme prétexte, de discours reposant sur une idéologie contestataire 16. Au procès correctionnel de janvier 1986, aucune personnalité politique ou intellectuelle n'est citée à comparaître : les enquêtes de police ont montré que les personnalités publiques citées étaient innocentes. Les condamnations de plusieurs membres de la communauté sont de trois ans de prison avec un ou deux ans de sursis. L'éducateur Claude Sigala est condamné à trois ans de prison dont un avec sursis pour attentats à la pudeur sans violence sur mineurs de moins de 15 ans ; son épouse et le médecin psychiatre Alain Chiapello sont par contre relaxés. Trois autres éducateurs du Coral font l'objet de condamnations à trois ans dont un avec sursis. Un autre animateur est condamné à dix-huit mois de prison ferme. Au total, sept des dix inculpés sont condamnés 17. La loi du 1er février 1994 étend la compétence des juridictions françaises à toute la planète pour faciliter la poursuite des touristes sexuels. Elle crée une peine perpétuelle incompressible, la perpétuité perpétuelle, qui peut s’appliquer aux assassins violeurs d’enfants. 1997 : - En mars, un réseau de trafic de cassettes pédophiles est démantelé en France. Plusieurs enseignants et deux proviseurs sont mis en cause, et une des cassettes s'avèrera avoir été tournée dans une école Le 26 août, la ministre déléguée à l'Éducation nationale, Ségolène Royal, adresse aux agents du service public de l'éducation nationale française la Circulaire no 97-175 concernant la lutte contre la pédophilie et rappelant l'obligation légale faite à toute personne de signaler aux autorités judiciaires tout crime ou délit dont elle aurait eu connaissance. S'agissant des agents publics qui, dans l'exercice de leurs fonctions, ont connaissance d'un crime ou d'un délit, l'article 40 du Code de procédure pénale leur fait particulièrement obligation d'en aviser sans délai le procureur de la République. Dans le cas où un agent public serait mis en cause, la circulaire indique qu'une mesure de suspension doit être prise sans délai, à titre conservatoire et afin d'éviter des polémiques inutiles sur l'éventuelle inertie de l'administration. - Le 17 juin, l’opération antipédophile Ado 71, menée par la Gendarmerie française, permet 201 mises en examen dans les milieux pédophiles. 1998 : - Le 15 février, devant le palais de justice de Bruxelles, au cours de la marche blanche, plus de 20.000 manifestants expriment leur colère contre les carences de l’administration, police et justice. La commission parlementaire d’enquête sur les crimes pédophiles remet son rapport le lendemain, confirmant que Marc Dutroux a bénéficié de protections indirectes de la part des autorités. - La loi du 17 juin 1998 relative à la prévention et à la répression des infractions sexuelles ainsi qu’à la protection des mineurs prévoit l’expertise médicale du délinquant et de sa victime avant tout jugement et l’aménagement du délai de prescription, qui ne commence à courir que dès la majorité des victimes mineures concernées. Cette loi offre pour la première fois en France la possibilité d’un suivi socio-judiciaire pour les sujets condamnés pour agressions sexuelles : lorsqu’un tel suivi est prononcé, il peut être assorti d’une injonction de soin. L'Affaire du réseau pédophile d'Angers désigne une affaire criminelle dans laquelle 66 personnes (hommes et femmes dont une bonne partie sont des parents, voire des grands-parents) ont été accusées pour des faits de prostitution, viols et agressions sexuelles, commis sur 45 enfants (âgés de 6 mois à 12 ans) de 1999 à 2001. Le 27 juillet 2005, les jurés de la Cour d'Assise d'Angers acquittent 3 des accusés et condamnent les 63 autres à des peines s'étalant de 28 ans de réclusion criminelle à quelques mois avec sursis. Les principaux organisateurs du réseau, trois récidivistes, ont été condamnés, à des peines allant de 16 à 28 ans de réclusion criminelle. Douze condamnés font appel de la décision. Au procès en appel, le 17 avril 2007, les jurés de la Cour d'Assise de Nantes condamnent Eric à 28 ans de prison (peine inchangée) tandis que Moise et le frère d'Eric, parmi d'autres, voient leur peine réduite d'un an ou légèrement allongée. Le 28 février 2002, le Haut-Commissaire pour les réfugiés de l'ONU annonce que le HCR n'étendra pas l'enquête sur les cas d'abus sexuels sur des enfants pratiqués en Afrique par ses propres membres ; de la nourriture et des soins étaient ainsi, depuis longtemps, échangés contre des faveurs sexuelles sur les enfants des gens venus trouver assistance auprès du HCR en Afrique L'affaire d'Outreau part d'une affaire pénale d'abus sexuel sur mineur (18 personnes mises en examen). Elle donne lieu, du 4 mai au 2 juillet 2004, à un procès aux assises de Saint-Omer (Pas-de-Calais) à l'issue duquel quatre accusés qui ont reconnu leur culpabilité sont condamnés. Le 1er décembre 2005, au procès en appel à Paris, un verdict d'acquittement général pour l'ensemble des accusés est rendu par le jury ; quelques heures après le rendu du verdict, le ministre de la justice, Pascal Clément, donne une conférence de presse et présente ses excuses aux acquittés au nom de l'institution judiciaire 18. Le 11 octobre 2007, au cours de la plus vaste opération de gendarmerie réalisée en France contre des internautes détenteurs d'images pédopornographiques, la gendarmerie française a interpellé, sur une semaine, dans 78 départements, 310 hommes (âgés de 19 à 70 ans et de tous les milieux sociaux : éducateurs, enseignants, informaticiens, chefs d’entreprise, militaires ou ouvriers…) qui détenaient des photos et vidéos pédophiles échangées sur le Web (2 100 000 images et 28 000 vidéos ont été saisies). 2008 : -Le 25 février 2008, est promulguée la LOI n° 2008-174 2 relative à la rétention de sûreté et à la déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. L'article 706-53-13 stipule : "A titre exceptionnel, les personnes dont il est établi, à l'issue d'un réexamen de leur situation intervenant à la fin de l'exécution de leur peine, qu'elles présentent une particulière dangerosité caractérisée par une probabilité très élevée de récidive parce qu'elles souffrent d'un trouble grave de la personnalité, peuvent faire l'objet à l'issue de cette peine d'une rétention de sûreté selon les modalités prévues par le présent chapitre, à la condition qu'elles aient été condamnées à une peine de réclusion criminelle d'une durée égale ou supérieure à quinze ans pour les crimes, commis sur une victime mineure, d'assassinat ou de meurtre, de torture ou actes de barbarie, de viol, d'enlèvement ou de séquestration." 2009 : -Dans une enquête des 16 et 17 janvier 2009, l’AIVI, Association Internationale des Victimes de l’Inceste, révèle que 70 % des parents qui sont face à cette violence restent dans le déni et précise que, sur le sol français, ce comportement incestueux touche près de 2 millions de victimes. -Le 14 octobre 2009, le Représentant spécial de l'ONU du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés signale : "Il est temps de s'attaquer ouvertement à cette pratique (celle du Bacha Bazi, ndlr) et d'y mettre un terme." Le Bacha Bazi (littéralement = jouer avec les enfants en dialecte iranien et = jouer avec les garçons en dialecte afghan), est une forme d'esclavage sexuel, la prostitution de garçons pré-pubères, d'adolescents vendus à des hommes riches ou puissants pour des divertissements sous forme de danse et des activités sexuelles. Cette entreprise prospère en Afghanistan, où de nombreux hommes les possèdent comme symbole de leur statut social. 30 -Le 17 novembre 2009, la présidente des Philippines, Gloria Macapagal-Arroyo, promulgue la Loi contre la pédopornographie (Anti-Child Pornography Act). Le 3 septembre 2010, six des sept accusés du procès du scandale pédophile de la Casa Pia (une institution publique : un foyer de jeunes orphelins et d’enfants défavorisés) ouvert le 25 novembre 2004, sont reconnus coupables par le tribunal de première instance de Lisbonne qui les condamne à des peines de prison de 5 à 18 ans. L'ancien chauffeur et jardinier de la Casa Pia, Carlos Silvino alias Bibi, qui répond de plus de 600 crimes d'abus sexuels et d'incitation à la prostitution, est condamné à 18 ans de prison. Durant près de trente ans, 128 enfants furent abusés dans l'indifférence la plus totale jusqu'à ce que le scandale éclata fin 2002, quand un ancien pensionnaire de cette institution, âgé de 16 ans, confia à une journaliste avoir été violé par Bibi. 2011 : -Le 16 mars 2011, au cours d'une conférence de presse à La Haye, le directeur de l'office européen de police Europol, Rob Wainwright, annonce qu'un vaste réseau international de pornographie infantile sur internet (forum boylover.net), impliquant 70 000 internautes dans 13 pays, a été démantelé au cours de l'Opération sauvetage : "670 suspects ont été identifiés, 184 arrestations ont déjà eu lieu et 230 enfants, victimes de ces crimes épouvantables, ont été identifiés [...] Nous nous attendons à ce que ces chiffres augmentent encore [...] c'est d'ores et déjà l'affaire la plus importante que nous ayons jamais vue". -Le 1er juillet 2011, la Haute Autorité de santé (HAS) publie des recommandations à destination des médecins, pour les aider à mieux reconnaître les cas d’inceste. Réunies dans un guide, celles-ci doivent permettre aux professionnels de santé d’améliorer à la fois le repérage des victimes et le signalement de leur situation auprès de la justice. Si la HAS a pris cette initiative, c’est parce qu’elle estime que le nombre de cas d’incestes est largement sous-estimé. Selon cet organisme, deux millions d’adultes pourraient avoir été victimes d’inceste pendant leur enfance, alors que seuls 15.000 nouveaux cas sont constatés chaque année : « Un nombre considérable d’incestes ne seraient pas repérés ni signalés aux autorités en charge de la protection des victimes » 20. -Le Décret n° 2011-1385 du 27 octobre 2011 portant publication de la convention du Conseil de l'Europe pour la protection des enfants contre l'exploitation et les abus sexuels, signée à Lanzarote (Îles Canaries) le 25 octobre 2007 et entrée en vigueur le 1er janvier 2011, est publié au JORF n°0252 du 29 octobre 2011. 2012 : -Le 4 juillet 2012, la police judiciaire fédérale autrichienne (Bundeskriminalamt) annonce qu'une opération policière mondiale anti-pédophilie dans 141 pays a permis, à partir d'informations fournies par la police luxembourgeoise, d'identifier des centaines de personnes ayant diffusé sur l'internet des vidéos et des photographies à caractère pédophile. Baptisée du nom de code Carole et entamée il y a près d'un an, cette opération a permis, dans la seule Autriche, l'identification de 272 pédopornographes. -Le 18 octobre 2012, l'Association des scouts d'Amérique rend publics des documents montrant comment les autorités policières et religieuses ont permis pendant des années à des animateurs et d'autres membres du mouvement scout accusés d'avoir agressé sexuellement des enfants d'échapper à la justice (1 200 agresseurs présumés). Le 22 mars 2013, la Cour d'assises des mineurs de Paris condamne le fondateur de l'Ecole en bateau et de deux de ses adjoints : Léonid Kameneff, le fondateur du projet pédagogique l'Ecole en bateau, est condamné à 12 ans de réclusion criminelle pour viols, tentative de viol et agressions sexuelles contre cinq enfants dans les années 1980 et 1990 ; l'un de ses ex-équipiers, Bernard Poggi, 60 ans, est condamné à six ans ferme ; un autre coéquipier écope de cinq ans de prison avec sursis ; le quatrième accusé, un ancien élève de l'école âgé de 17 ans au moment des faits, est acquitté. Les quatre accusés étaient poursuivis pour viols et agressions sexuelles de neuf enfants entre 1981 et 1994, aujourd'hui des adultes âgés de 33 à 46 ans. 2014 : -Le 16 janvier 2014, l'Agence nationale du crime britannique (NCA) annonce que les polices britannique, américaine et australienne ont démantelé un réseau pédophile philippin qui diffusait des scènes d'abus sexuels en direct sur internet : l'Opération Endeavour (Effort) s'est déroulée dans 12 pays et a abouti à l'arrestation de 17 Britanniques, dont cinq ont été condamnés ; quinze enfants âgés de 6 à 15 ans ont été secourus ; trois enquêtes sur la diffusion de vidéos pédophiles ont permis l'arrestation de 733 suspects dans le monde. -Le 7 février 2014, dans une note envoyée à l’Agence Fides, le Père Shay Cullen de la mission St. Columban, qui a créé la fondation Preda à Olongapo City (Philippines) en 1974 (fondation qui s’occupe de la récupération des enfants concernés par le trafic et l’exploitation sexuelle), dénonce les deux motifs qui permettent au marché de la pédophilie de prospérer : la corruption des autorités civiles et politiques et l’indulgence des tribunaux. Le marché de la pédophilie est florissant aux Philippines grâce à la couverture et à la complicité du monde politique. Les agences qui organisent et promeuvent des voyages de pédophiles, permettant qu’ils rencontrent des enfants, agissent avec l’accord tacite d’institutions et de collectivités locales, impliquées dans un circuit de corruption. Le phénomène est confirmé par un récent rapport de l’ONG Save The Children, qui indique la corruption comme l’un des principaux motifs de la diffusion de la pédophilie aux Philippines. -Le 3 mai 2014, la police de l'Etat régional de Saxe-Anhalt (Allemagne) arrête dix hommes, âgés de 22 à 60 ans, et une femme de 57 ans (soupçonnés d'être le noyau dur d'un réseau pédophile actif dans tout le pays), à l'occasion de leur réunion annuelle secrète, au cours de laquelle ils échangent des contacts ou préparent des actes illégaux, leurs propres enfants étant utilisées comme appâts pour nouer contact avec de futures victimes. -Le 16 juillet 2014, The Guardian rapporte que la National Crime Agency, équivalent britannique du FBI, a arrêté 660 personnes suspectées de pédophilie dans tout le royaume et placé sous sa protection plus de 400 enfants, après une longue enquête secrète de 6 mois. 2015 : -Conduite de mars à septembre 2015, une enquête de l'association Mémoire traumatique et victimologie, avec le soutien de l'Unicef France, dans le cadre de la campagne Stop au déni, révèle qu'en France, une femme sur cinq et un homme sur quatorze déclarent avoir subi des violences sexuelles. Les enfants sont les principales victimes : 81% ont subi ces violences avant l'âge de 18 ans, dont 51% avant 11 ans et 21% avant 6 ans ! Dans plus de la moitié des cas, leur agresseur était un membre de la famille. -Le 15 décembre 2015, Interpol annonce que soixante prédateurs sexuels sur internet ont été interpellés essentiellement en Amérique du Sud, lors d'une opération organisée par Interpol, le FBI et la police chilienne. Lors de l'opération, menée les 10 et 11 décembre, quelque 200 descentes de police ont été effectuées dans une cinquantaine de villes de 15 pays (en Amérique du Sud, aux États-Unis et en Espagne) permettant la saisie de centaines d'ordinateurs, téléphones portables, caméras, cartes de mémoire comportant des milliers d'images d'enfants abusés. -Le 16 décembre 2015, sont publiés les résultats d'un sondage Harris interactive pour l'Association internationale des victimes d'inceste (AIVI) selon lequel six pour cent des Français, soit 4 millions de personnes, ont été victimes d'inceste. 2016 : -Le 16 mars 2016, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, annonce qu'il y a eu 27 radiations de membres de l'Éducation nationale en 2015 liées à des cas de pédophilie ou de pédopornographie. Le nombre de radiations pour des affaires liées à la pédophilie (les faits incriminés ne se sont pas forcément produits dans un cadre scolaire) était de 19 en 2014, premier et second degrés confondus, 26 en 2013 et 15 en 2012, selon des chiffres transmis par le ministère de l'Éducation. -Le 1er décembre 2016, la police britannique annonce que quelque 350 victimes présumées d'actes de pédophilie dans le football britannique se sont signalés auprès des autorités. 2017 : -Le 23 février 2017, le ministère français de l'Education nationale annonce avoir procédé, en 2016, à 30 radiations liées à des cas de pédophilie ou pédopornographie, après 27 cas en 2015. -Le 26 avril 2017, le tribunal Kirovski de Saint-Pétersbourg (Russie) indique qu'un réseau pédophile a été démantelé par la police qui a arrêté cinq personnes liées à l'orphelinat N°8 de Saint-Pétersbourg et accusées d'avoir abusé sexuellement de mineurs pendant des années. -Le 6 juillet 2017, le parquet général de Francfort en Allemagne annonce qu'une vaste plateforme internet de pédopornographie, utilisée aussi pour commettre des abus sexuels sur des enfants, a été mise hors service : "Le parquet général et la police criminelle ont arrêté sur les cinq dernières semaines (...) plusieurs responsables présumés et membres d'une grande plateforme de pédopornographie sur le darknet et ont déconnecté la plateforme baptisée "Elysium". 2018 : -LOI n° 2018-703 du 3 août 2018 (JORF n°0179 du 5 août) renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes : Titre Ier : Dispositions renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. -Le 13 octobre 2018, l'association More Than Me, une ONG américaine respectée opérant au Liberia, présente ses excuses pour les viols incessants de jeunes filles dans une école qu'elle dirigeait, dans un bidonville de la capitale libérienne, Monrovia. Des filles étaient abusées par le cofondateur de l'ONG, Macintosh Johnson, mort du sida en 2016 : il est à craindre qu'il ait infecté ses victimes, parfois âgées de 10 ans seulement. -Le 9 novembre 2018, 5 hommes et 3 femmes, dont les parents de 4 garçons aujourd'hui âgés de 4 à 9 ans, ont été mis en examen dans la Nièvre pour viols et agressions sexuelles (certains avec un caractère incestueux) subis par ces enfants pendant une période assez large, allant de 2010 à mai 2017 (près de 70 infractions). -Le 20 novembre 2018, la justice norvégienne annonce l'inculpation d'un homme prénommé Henrik, un arbitre de football âgé aujourd'hui de 26 ans, pour des infractions sexuelles, essentiellement via internet, à l'encontre de quelque 460 jeunes garçons. L'acte d'accusation contient aussi des cas d'agressions sexuelles et de viols. Les faits ont débuté en 2011 et ont visé des garçons âgés de 10 à 16 ans en Norvège mais aussi dans d'autres pays nordiques. 2019 : -Publiés depuis le 10 février 2019, une série d'articles des quotidiens Houston Chronicle et San Antonio Express-News révèlent une affaire impliquant près de 400 pasteurs, bénévoles et éducateurs de la Southern Baptist Convention (47 000 églises évangéliques comptant plus de quinze millions de membres) sur deux décennies. Depuis 1998, 380 membres du clergé de la Southern Baptist Convention (SBC), qui ne font pas vœu de célibat, sont accusés d'abus sexuel ayant fait plus de 700 victimes, la plupart mineures. -Le 7 mars 2019, en Isère, sept personnes dont des parents et des membres de l'entourage des enfants sont mises en examen pour des faits de viols incestueux sur mineurs de quinze ans, agressions sexuelles et violences sur mineurs commis sur trois enfants (1 frère et 2 sœurs âgés de 4 à 10 ans). -Arrêté à Besançon le 30 mars 2019, à son retour de Thaïlande, un professeur français expatrié, d'une cinquantaine d'années, soupçonné d'avoir violé et agressé au moins une cinquantaine d'enfants en Asie, est mis en examen, pour des faits susceptibles d'avoir été commis en Thaïlande, en Malaisie, aux Philippines et en Inde, notamment des viols et agressions sexuelles sur mineurs et mineurs de 15 ans, détention, acquisition et captation en vue de sa diffusion d'images à caractère pornographique sur un mineur, participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un crime et corruption de mineurs de plus de 15 ans. -Le 10 août 2019, le financier américain Jeffrey Epstein se suicide dans la prison de New York où il attendait son procès. Accusé d'avoir organisé, pendant plusieurs années, un réseau constitué de dizaines de jeunes filles sous influence, certaines collégiennes, avec lesquelles il avait des rapports sexuels dans ses nombreuses propriétés, il fut inculpé le 8 juillet d'exploitation sexuelle de mineures et d'association de malfaiteurs en vue d'exploiter sexuellement des mineures. -Le 20 décembre 2019, la procureure de Lorient (Morbihan) convie, à Plœmeur près de Lorient, les victimes potentielles du chirurgien à échanger avec les enquêteurs autour de cette affaire de pédophilie, dite Le Scouarnec du nom de ce médecin suspecté d’agressions et de viols sur mineurs pendant près de 30 ans. À ce jour, 349 victimes potentielles ont été identifiées. 37 2020 : -29 janvier 2020, L'Obs et L'Équipe publient les témoignages de nombreuses anciennes sportives de haut niveau (natation, tennis, patinage artistique...) qui accusent leurs entraîneurs d'agressions sexuelles et de viols (les faits sont prescrits). Depuis, d'autres témoignages se sont accumulés, dans différentes disciplines : football, équitation, escalade, ski ou encore athlétisme. -Le 18 février 2020, les Boy Scouts of America (BSA), principal mouvement scout des Etats-Unis fondé en 1910, annoncent déposer le bilan, plombés par des accusations d'abus sexuels qui ont donné lieu à une série de procès.-Fin février, date limite pour bénéficier d'un fonds d'indemnisation mis en place par l'organisation, près de 100 000 personnes se sont déclarées victimes d'abus sexuels au sein des Boy Scouts of America, soit huit fois plus que de plaintes déposées contre le clergé catholique américain, selon des avocats représentant les victimes de ces abus. Selon l'avocat Paul Moses : « à ce jour, 95 000 plaintes ont été déposées » par des Américains âgés de 10 à plus de 90 ans (ladepeche.fr/2020/11/17). -Le 7 juillet 2020, un Français de 40 ans, soupçonné d'avoir administré des sites sur le darknet, la partie cachée d'internet, permettant à des milliers d'internautes dans le monde d'avoir accès à des photographies ou vidéos à caractère pédopornographique, est interpellé en Gironde. Il est mis en examen le 9 juillet des chefs de diffusion en bande organisée et détention et enregistrement d’images pédopornographiques, ainsi que viols incestueux commis sur un mineur par un ascendant, et agressions sexuelles incestueuses sur un mineur de 15 ans par un ascendant. -Le 4 août 2020, le ministère français des Sports indique que l'Inspection générale a saisi la justice au terme de sa mission d'enquête sur les faits de violences sur des mineures dans le milieu du patinage artistique, qui a mis en évidence des soupçons pesant sur une vingtaine d'entraîn. Parmi ces 21 entraîneurs, 12 seraient mis en cause pour des faits de harcèlement ou d'agressions sexuelles, dont trois ont été condamnés par le passé à des peines d'emprisonnement fermes ou assorties de sursis. Sept autres dossiers concernent des violences physiques ou verbales. -Le 14 août 2020, une adolescente de 16 ans dépose plainte à la police après avoir été violée par un groupe d'une trentaine d'hommes dans un hôtel de la ville balnéaire d'Eilat (Israël). -Le 10 septembre, le parquet de Paris indique qu'une enquête pour viols et agressions sexuelles par personne ayant autorité sur mineur a été ouverte, après le rapport de l'Inspection générale du ministère des Sports mettant en cause une vingtaine d'entraîneurs de patinage. -Entre le lundi 5 et le jeudi 8 octobre 2020, 59 hommes ont été interpellés dans plusieurs villes de France. Ils sont soupçonnés d’avoir consulté de façon régulière des contenus pédopornographiques sur la toile. L’une des personnes interpellées est un imam, dont la mosquée se trouve dans le département de l’Eure. Deux des suspects ont d’ores et déjà reconnu en garde à vue avoir violé deux fillettes, âgées respectivement de 7 et 14 ans. Deux autres hommes ont des activités professionnelles qui les poussent à être en relation constante avec des enfants. Un éducateur sportif et un enseignant à la retraite font partie des personnes interrogées. https://www.lci.fr/police/info-tf1-lci-pedopornographie-vaste-coup-de-filet-en-france-59-suspects-arretes-2166702.html -Le 9 octobre 2020, Gaël Le Fur, premier adjoint à la mairie de Lorient et professeur dans un collège du Morbihan, est mis en examen et écroué pour viols sur mineurs de moins et de plus de 15 ans. -Le 16 octobre 2020, Cosimo Chionna, un Italien de 52 ans, est interpellé à Rumersheim-Le-Haut, dans le sud de l'Alsace, à la suite d'un mandat européen lancé par l'Allemagne qui a ouvert 122 enquêtes contre lui portant sur 160 faits de viols ou agressions sexuelles sur mineurs. -La semaine du 16 novembre 2020, la gendarmerie interpelle 14 personnes en France et saisi plus de 1 000 contenus pédopornographiques circulant sur internet. -Le 4 décembre 2020, le chirurgien Joël Le Scouarnec est condamné à 15 ans de prison pour des faits de viols et d'agressions sexuelles sur quatre mineures dont sa nièce Aurélia. Joël Le Scouarnec fait appel. -Dans un rapport publié en 2020, la commission d’enquête britannique indépendante, l’IICSA, a mis en avant l'inaction et les manquements de l’Eglise anglicane dans la gestion des cas d’abus sexuels sur mineurs, au cours des dernières décennies. Dans une lettre ouverte du 6 octobre de la même année, l’archevêque de Canterbury, Justin Welby, et l'archevêque de York, Stephen Cottrell, ont présenté leurs excuses «pour la manière honteuse avec laquelle l’Eglise a agi». « Nous nous engageons à écouter, à apprendre et à agir en réponse aux conclusions du rapport », ont-ils alors énoncés. Le 3 mai 2021,la police judiciaire allemande annonce le démantèlement d’un réseau de pédopornographie présenté comme l’un des plus grands au monde et comptant supposément plus de 400 000 membres. Le démantèlement de la plate-forme Boystown, qui existait depuis 2019, a eu lieu à la mi-avril 2021 et quatre suspects ont été arrêtés. 2022 : -Le 31 mars 2022, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) préconise notamment que les médecins aient une obligation claire de signaler leurs soupçons et que toutes les victimes aient accès à des soins spécialisés en psychotrauma ; "l'urgence" est de venir en aide aux 160.000 enfants victimes chaque année de violences sexuelles". -Le 18 avril 2022, la Commission pastorale spéciale de lutte contre la traite des personnes (CEPEETH) de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) publie une note dénonçant la violence menée contre les YANOMANI l’un des peuples indigènes parmi les plus nombreux des forêts d’Amérique du Sud, "en particulier l'invasion de l'exploitation minière sur son territoire, la violence sexuelle contre les femmes et les enfants et l'abandon total du gouvernement". -Le dimanche 22 mai 2022, un document de 300 pages détaille les agressions sexuelles en série au sein de la Convention Baptiste du Sud (le plus important et influent groupe évangéliste chrétien des États-Unis), aussi bien contre des mineurs que contre des femmes, et la manière dont la hiérarchie a ignoré, voire étouffé, les témoignages et plaintes depuis le début des années 2000. -Le 21 septembre 2022, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) rapporte que les victimes de violences sexuelles dans l'enfance en subissent les conséquences traumatiques à l'âge adulte et dresse un bilan de ces séquelles parfois invisibles à partir des 16 414 témoignages reçus depuis le lancement de son appel à témoignages il y a un an jour pour jour. -Les mardi 15 et mercredi 16 novembre 2022, 48 personnes, soupçonnées d'avoir téléchargé et consulté des images et vidéos pédopornographiques de manière massive, sont été interpellées en France. 2023 : Le 30 mai 2023, la police suisse révèle que plus de 2 200 pédocriminels ont pu être démasqués dans le monde ces dernières années grâce à l’opération « Tortue Ninja ». le 7 juin 2023, un rapport de 262 pages révèle que, de l'Amérique latine à l'Asie, l'ONG internationale SOS Villages d'Enfants a étouffé depuis les années 1980 de nombreuses affaires de violences sexuelles et de corruption. SOS Villages d'Enfants affiche sa volonté de tout remettre à plat au niveau global: un poste de défenseur des droits a été créé, plus de la moitié des membres de la direction ont été remplacés et les centres d'accueil ont été renforcés. Le 1er août 2023, la police australienne annonce qu'un ancien puériculteur auteur d'agressions sexuelles sur 91 petites filles dont 136 viols, et 110 "rapports sexuels" avec des enfants âgés de moins de dix ans, est inculpé de 1 623 crimes commis dans des centres différents de garde d'enfants entre 2007 et 2022. Le 8 août 2023, la police australienne annonce que 13 enfants ont été sauvés d’un réseau de pédocriminalité démantelé avec l’aide du FBI : 19 hommes ont été arrêtés. Le 11 novembre 2023, la police espagnole annonce l’arrestation de 121 personnes soupçonnées de production ou diffusion d’images pédopornographiques. La semaine du 4 au 8 décembre 2023, en France, les forces de l’ordre réalisent 80 interpellations de personnes suspectées de pédocriminalité dans 53 départements ; 13 sont placées en détention et 38 sous contrôle judiciaire. 2024 : Alors qu’une première opération a conduit à l’arrestation de 171 personnes le 11 septembre 2024, la police malaisienne annonce de nouvelles prises dans le cadre de l’enquête sur les violences dans les foyers d’accueil pour enfants gérés par la Global Ikhwan Services and Business Holding : les établissements, gérés par le conglomérat islamique Global Ikhwan Services and Business Holding (GISBH), auraient été le théâtre de violences physiques et sexuelles à l’égard des mineurs ; la police royale malaisienne annonce l’arrestation de 355 personnes au total dans le cadre de l’enquête, dont 155 le samedi 21 septembre. 6. La pédophilie dans l'Eglise catholique Le 16 mars 1962, le pape Jean XXIII approuve la lettre Crimen sollicitationis (Crime de sollicitation) 36 envoyée par le Saint-Office (qui deviendra la Congrégation pour la Doctrine de la Foi à la suite du concile Vatican II), à tous les Patriarches, Archevêques, Évêques et autres Ordinateurs locaux, dont ceux de rite oriental et rédigée par le cardinal Alfredo Ottaviani, secrétaire de la Congrégation, qui établit la procédure à suivre dans les cas où des clercs (prêtres ou évêques) de l'Église catholique romaine seraient accusés d'avoir utilisé le sacrement de la pénitence (c'est-à-dire la confession) pour faire des avances sexuelles à des pénitents. De plus, il établit que les mêmes procédures devraient être suivies en cas d'accusations contre des clercs pour homosexualité, pédophilie et zoophilie. Les abus sexuels commis par des clercs sur des mineurs sont condamnés par ce document, qu'ils aient eu lieu dans le cadre d'une confession ou de tout autre façon. strong>1995 - L’ancien archevêque de Vienne, le cardinal Hans Hermann Groër, accusé de pédophilie, est contraint de démissionner. - Le cardinal Cahal Daly, ancien primat d’Irlande, présente les excuses de l’Église à tous ceux qui ont été victimes d’abus sexuels commis par des prêtres. En octobre 2000, le Vatican affirme que la pédophilie est un crime contre l'être humain. Jean-Paul II se montre, à plusieurs reprises, indigné par la pédophilie et les abus de certains prêtres. 2001 - 18 congrégations religieuses irlandaises signent un accord avec l’État pour donner 64 propriétés foncières en compensation des abus commis sur les enfants confiés à leurs institutions. - le 30 avril, le Motu Proprio Sacramentorum Sanctitatis Tutela demande que le Vatican soit informé de tout cas d'abus sur mineur commis par un clerc et que la victime soit correctement traitée et attribue à la Congrégation pour la doctrine de la foi la compétence pour traiter et juger selon le droit canon une série de délits particulièrement graves qui regardaient jusque-là et de manière floue d'autres dicastères également ; ce règlement est accompagné d'une série de mesures et de normes procédurales regroupées le 18 mai, sous le titre de Normae de Gravioribus Delictis, par le Cardinal Joseph Ratzinger (futur pape Benoît XVI). - le 4 septembre, Mgr Pierre Pican, l'évêque de Bayeux-Lisieux, est condamné à trois mois de prison avec sursis pour non-dénonciation d'atteinte sexuelle sur mineurs. - En novembre, Jean-Paul II envoie un courriel, adressé au clergé partout dans le monde, dans lequel il présente des excuses pour les sévices sexuels commis par des membres de l'Église à l'endroit de jeunes. Il donne des directives à tous les évêques catholiques pour qu'ils fassent traiter les cas de pédophilie par les tribunaux ecclésiastiques. 2002 - Le 21 mars, la lettre de Jean-Paul II aux prêtres pour le Jeudi saint est rendue publique : le pape stigmatise les actes pédophiles des religieux. - Le 1er avril, Brendan Comiskey, évêque du diocèse de Ferns (Irlande) démissionne pour n'avoir pas traité de manière adéquate le cas d’un prêtre pédophile. - Le 23 avril, Jean-Paul II, suite aux procès faits à l'encontre des prêtres américains pédophiles et à l’énorme scandale qui s’ensuit, convoque au Vatican treize cardinaux américains, dont notamment Law, l’archevêque de Boston. Dans son Discours aux Cardinaux des États-Unis d’Amérique, il leur reproche leur silence sur les agissements des prêtres pédophiles et l’insuffisance de leur réaction limitée à un simple changement de paroisse des mis en cause. Il déclare : « Les gens ont besoin de savoir qu’il n’y a pas de place dans la prêtrise et dans la vie religieuse pour ceux qui feraient du mal aux jeunes. » Le 13 décembre, le pape accepte la démission du cardinal Law. - En juin, l'Église catholique américaine édite une Charte pour la protection des enfants et des jeunes (Charter for the Protection of Children and Young People). Celle-ci prévoit que tout prêtre soit suspendu dès la première accusation, que la justice civile soit systématiquement saisie et que les séminaristes bénéficient d'un accompagnement psychologique durant leur formation. La conférence épiscopale des États-Unis crée la Commission nationale de révision pour superviser les efforts faits pour protéger les mineurs. Cette commission est composée de laïcs ayant des compétences en matière de droit, d'éducation, de communication et de psychologie. - Lors des Journées Mondiales de la Jeunesse à Toronto (Canada), du 23 au 8 juillet, Jean Paul II déclare : « Le préjudice causé par certains prêtres et religieux à des personnes jeunes et fragiles nous remplit d'un profond sentiment de tristesse et de honte ». 2004 Une étude du John Jay College of Criminal Justice de New York établit à 4 400 le nombre de prêtres pédophiles aux États-Unis entre 1950 et 2002 et, à 11 000 celui des enfants victimes. 2005 Le 12 octobre, sur son site internet, le diocèse de Los Angeles (USA) reconnaît avoir fait preuve de laxisme dans le passé vis-à-vis de prêtres soupçonnés de pédophilie, notamment d’avoir fermé les yeux sur les accusations dont certains de ses prêtres étaient l'objet dès les années 1980, les laissant en fonctions ou les mutant dans une autre paroisse sans autre sanction. 2006 - Le 19 mai, Marcial Maciel (1920-2008), prêtre mexicain fondateur des Légionnaires du Christ, est condamné par le Saint-Siège, en raison de ses comportements graves et immoraux, notamment des abus sexuels sur des mineurs entre 1940 et 1960, à renoncer à tout ministère public. Le 9 juillet 2010, Benoît XVI nomme, son délégué à la tête de la congrégation des Légionnaires du Christ, Mgr Velasio De Paolis, qui sera chargé de mener la profonde révision de cette congrégation souhaitée par Rome 3. - Le 31 octobre, lors de la visite des évêques d'Irlande, Benoît XVI durcit le ton face aux scandales pédophiles qui secouent l'Eglise d’Irlande en condamnant les crimes horribles commis par des prêtres et en appelant à établir toute la vérité sur le passé. Evoquant les nombreux cas d'abus sexuels sur mineurs révélés ces derniers temps, le pape souligne que le fait est encore plus atroce lorsqu'il est commis par un prêtre (…) Il faut aussi faire toute la lumière sur le passé et faire le nécessaire pour que cela ne se reproduise plus, garantir le plein respect de la justice et surtout être attentifs aux victimes et à toutes les personnes affectées par ces crimes inqualifiables. - En décembre, le diocèse de Los Angeles accepte de verser 60 millions de dollars pour régler à l'amiable les poursuites engagées contre lui par 45 victimes présumées de prêtres pédophiles 4. 2007 - Le 28 septembre, à l'issue de l'assemblée d'automne de la conférence épiscopale allemande à Fulda, le cardinal Karl Lehmann, président de la conférence, annonce la détermination de l'Eglise à dénoncer les cas d'abus sexuels en son sein, après une récente affaire de pédophilie concernant un prêtre récidiviste : « Les évêques sont déterminés à tout faire pour mettre au jour des abus sexuels (…) Après une condamnation pour abus sexuels, un prêtre ne doit "en aucun cas" être réintégré dans d'autres paroisses pour officier à nouveau auprès de mineurs. » 5 - Le 21 novembre, le cardinal Marc Ouellet, archevêque de Québec, publie une lettre ouverte intitulée Pardon pour tout ce mal dans laquelle il demande pardon pour les fautes de l'Eglise, notamment pour les agressions sexuelles commises par des prêtres sur les jeunes gens. 2008 - Le 15 avril, dans l'avion qui le transporte aux Etats-Unis, le pape Benoît XVI déclare : "C'est une grande souffrance pour l'Eglise aux Etats-Unis, pour l'Église en général, et pour moi personnellement, que cela ait pu se produire. Si je lis les histoires de ces victimes, il est difficile pour moi de comprendre comment il est possible que des prêtres aient de cette manière trahi leur mission de donner la guérison et de donner l'amour de Dieu pour ces enfants. Nous sommes profondément honteux, et nous ferons tout ce qui est possible pour que cela ne puisse pas se produire à l'avenir. Je pense que nous devons agir sur trois niveaux. Le premier est le niveau de la justice, le plan juridique. Nous avons maintenant aussi des normes pour réagir d'une manière juste. Je ne voudrais pas parler en ce moment au sujet de l'homosexualité, mais de la pédophilie, [qui] est une autre chose. Nous exclurons absolument les pédophiles du ministère sacré, c'est absolument incompatible. Et celui qui est vraiment coupable d'être un pédophile ne peut pas être un prêtre. Donc, le premier niveau est, autant que nous le pouvons, de faire clairement la justice et d'aider les victimes, car elles sont profondément atteintes. Le deuxième niveau est le plan pastoral, le niveau de la guérison et l'aide à l'assistance et à la réconciliation. Il s'agit d'un grand engagement pastoral, et je sais que les évêques et les prêtres et tout le peuple catholique des États-Unis feront tout leur possible pour aider et guérir, et aider à ce que ces choses ne puissent pas se produire à l'avenir. Le troisième point, [c'est que] nous avons inspecté (visitation) les séminaires, afin de faire aussi tout ce qui est possible dans l'éducation des séminaristes, pour une formation humaine et intellectuelle profonde et spirituelle, avec discernement, afin que seules des personnes solides (sound) puissent être admises à la prêtrise, les personnes avec un profond amour personnel pour le Christ et un profond amour sacramentel, afin d'exclure que cela puisse se produire [de nouveau]. Je sais que les évêques et les recteurs des séminaristes feront tout ce qui est possible de sorte que nous ayons un solide discernement, car il est plus important d'avoir de bons prêtres que de disposer de beaucoup de prêtres. C'est aussi notre troisième niveau, et nous espérons que nous pouvons faire, et nous l'avons fait et nous le ferons dans le futur, tout ce qui est possible pour guérir cette blessure." 10 - Le 19 juillet, lors de son homélie pendant la messe célébrée à la cathédrale Sainte Marie de Sydney, Benoît XVI condamne les abus sexuels commis sur des mineurs par certains prêtres et religieux australiens : "Je désire ici m’arrêter quelques instants pour évoquer la honte que nous avons tous éprouvée à la suite des abus sexuels commis sur des mineurs par quelques prêtres et religieux de ce pays (l'Australie, ndlr). Ces méfaits qui constituent une trahison grave de la confiance doivent être condamnés sans équivoque. Ils ont causé de grandes souffrances et ont porté porter préjudice au témoignage de l’Église. Je demande à chacun de vous de soutenir et d’assister vos Évêques et de collaborer avec eux pour combattre ce mal. Les victimes doivent recevoir compassion et soin et les responsables de ces maux doivent comparaître devant la justice." Le 21 juillet, le pape rencontre quatre victimes. 2009 - Le 20 mai, à Dublin (Irlande), après neuf ans d'enquête, une Commission publie un rapport dénonçant les mauvais traitements qu'ont subis des milliers de petits pensionnaires, à partir des années 1930 jusqu'en 1990, dans des institutions pour enfants dirigées par l'Eglise catholique irlandaise accusée d'avoir gardé le silence. La Commission d'enquête souligne que les abus sexuels, viols et attentats à la pudeur, dans ces établissements dirigés par la congrégation des Frères chrétiens, étaient d'ailleurs endémiques. Elle regrette que l'Eglise n'ait pas écouté les personnes qui se plaignaient d'abus sexuels survenus par le passé ou ne les a pas crues en dépit de preuves recueillies dans des enquêtes policières. Le rapport n'épargne pas non plus le ministère irlandais de l'éducation qui dans les rares occasions où il était informé, se rendait complice du silence. Le cardinal Sean Brady déclare : « Je suis profondément désolé et couvert de honte de voir que des enfants ont souffert de manière aussi atroce dans ces institutions ». Le 5 juin, le pape demande, aux évêques irlandais qu'il reçoit, que justice soit faite pour tous. - Le 26 septembre, le pape accepte la démission de Mgr Raymond John Lahey, évêque d´Antigonish en Nouvelle-Ecosse (Canada) arrêté à l´aéroport d´Ottawa, après que des douaniers eurent découvert des images compromettantes (matériel pédopornographique) dans son ordinateur portable. En août dernier, Mgr Lahey avait présenté des excuses aux victimes d´agressions sexuelles commises par des prêtres en Nouvelle-Ecosse au cours des années 50. Le 10 septembre, la Cour suprême de cette province avait approuvé une entente à l´amiable de 15 millions de dollars conclue par le diocèse d´Antigonish et des douzaines de victimes (Apic). - Le 26 novembre, le rapport de la Commission d'enquête sur les violences physiques ou sexuelles sur des enfants dans les institutions dirigées par l'Eglise catholique en Irlande accuse l'archevêché de Dublin (4 archevêques successifs) d'avoir couvert les abus sexuels commis par des prêtres sur des centaines d'enfants à partir des années 60 : " La préoccupation de l'archevêché de Dublin dans la gestion des cas d'abus sexuels sur des enfants, au moins jusqu'au milieu des années 1990, a été de garder le secret, d'éviter le scandale, de protéger la réputation de l'Eglise et de préserver ses biens (...) Les autorités de l'Etat ont facilité cette dissimulation en n'assumant pas leurs responsabilités". L'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, déclare : "J'offre à chacun des survivants mes excuses, mon chagrin et ma honte pour ce qui 1 s'est passé." - Le 17 décembre, Benoît XVI accepte la démission de Mgr Donal Murray, évêque de Limerick en Irlande, qui fut évêque auxiliaire de Dublin de 1982 à 1996. - Le 25 décembre, deux évêques auxiliaires de Dublin, Mgr Eamonn Walsh et Mgr Raymond Field, mis en cause par le rapport Murphy, présentent, à leur tour, leur démission au Pape. 2010 - Les 15 et 16 février, Benoît XVI et des responsables de la Curie Romaine reçoivent au Vatican la Conférence épiscopale d’Irlande (26 évêques) pour débattre de la grave situation dans laquelle se trouve l'Église irlandaise. "Le Pape a observé que ces abus sexuels sur des mineurs ne sont pas qu'un crime atroce mais aussi un péché grave qui offense Dieu et blesse la dignité de la personne créée à son image. Conscient de ce que cette situation douloureuse ne se résoudra pas facilement, il a encouragé les évêques à faire front aux problèmes du passé avec détermination et à la crise actuelle avec courage et honnêteté..." (vatican.va) - Le 25 février, la Conférence épiscopale allemande présente un plan pour mettre à jour de façon systématique les cas d’abus sexuels et les éviter à l’avenir. Elle choisit le chemin de la transparence et de la pleine collaboration avec les autorités au sujet du scandale d'abus sur des mineurs commis par le clergé, dans les années 70-80, au sein d'écoles allemandes gérées par des ordres religieux. L'Abbé du couvent bénédictin d'Ettal en Bavière, le Père Barnabas Boegle, a donné sa démission le 24 février, suite à des abus sexuels sur mineurs dans l'école et le collège du monastère. 6 - Le 12 mars, après avoir été reçu en audience par le pape, le président de la Conférence épiscopale allemande, l'archevêque Robert Zollitsch, réitère ses excuses (déjà exprimées en Allemagne) à l'égard des victimes d'actes de pédophilie commis par des prêtres dans 19 des 27 diocèses catholiques d'Allemagne. Mgr. Zollitsch réaffirme l'opinion des experts selon lesquels la question du célibat (sacerdotal, ndlr) ne doit en aucune manière être confondue avec celle de la pédophilie. (VIS) - Le 17 mars, le primat d'Irlande, Mgr Sean Brady, présente ses excuses pour n'avoir pas dénoncé des abus sexuels dont il avait connaissance au sein du clergé : "J'ai honte de n'avoir pas toujours soutenu les valeurs que je défendais." - Le 19 mars, dans sa lettre aux catholiques d'Irlande, Benoît XVI écrit : "Le devoir qui se présente désormais à vous est celui d'affronter le problème des abus qui ont lieu au sein de la communauté catholique irlandaise et de le faire avec courage et détermination." Le pape exprime la honte et le remords de toute l'Eglise face au scandale de pédophilie dans le clergé irlandais, annonce des initiatives en faveur d'une guérison et d'un renouveau et affirme que les hommes d'Eglise coupables d'actes pédophiles devront en répondre non seulement devant Dieu mais aussi devant la justice ordinaire ; il dénonce les graves erreurs de jugement des évêques irlandais dans la gestion des affaires d'abus sexuels et ordonne l'ouverture d'une enquête du Vatican. Le 24, le pape accepte la démission de l'évêque du diocèse de Cloyne, John Magee. - Le 31 mars, à Fribourg, la Conférence des évêques suisses déclare (extrait) : "1. Les membres de la Conférence des évêques suisses éprouvent de la honte et une profonde consternation face aux abus sexuels perpétrés dans le cadre de la pastorale. 2. Nous avouons humblement avoir sous-estimé l’ampleur de la situation. Les responsables dans les diocèses et les ordres religieux ont commis des erreurs. Nous demandons pardon pour ces erreurs. 3. Nous encourageons tous ceux qui ont souffert d’abus à s’annoncer auprès des centres de consultation pour les victimes ou des centres de consultation diocésains et, le cas échéant, à porter plainte. Nous estimons important qu’une transparence totale soit faite sur le passé. 4. Nous prions tous les agents et agentes pastoraux, les membres des ordres religieux, les collaborateurs et collaboratrices dans les paroisses, dans les écoles et dans d’autres institutions sous la responsabilité de l’Église, qui ont commis des abus d’assumer leurs fautes et de s’annoncer à l’autorité compétente..." 7 - Le 12 avril, une page web du Vatican (section Focus) rappelle les procédures à suivre en cas d'abus sexuels sur mineurs. - Le 19 avril, à Malte, le pape rencontre à la nonciature un petit groupe de victimes de prêtres pédophiles. "Benoît XVI a été profondément affligé par ce que lui ont confié ces personnes, exprimant honte et souffrance devant ce qu'elles et leurs familles ont subi. Priant avec eux, le Pape a assuré ses hôtes de ce que l'Eglise fait, et continuera de faire, tout son possible pour rechercher la vérité et remette les coupables d'abus sexuels à la justice, mais aussi pour adopter les mesures permettant de garantir l'intégrité des mineurs. Dans l'esprit de sa récente lettre aux catholiques irlandais, le Pape prie et espère que toutes les victimes de prêtres pédophiles bénéficient de soins et d'attention, et qu'elles se réconcilient afin d'aller de l'avant avec une espérance nouvelle". 8 - le 22 avril, Benoît XVI accepte la démission de l'évêque du diocèse irlandais de Kildare et Leighlin, James Moriarty : celui-ci a réitéré ses excuses et admis qu'il aurait dû remettre en cause la culture du secret qui prévalait au sein de l'Eglise. - le 23 avril, le pape accepte la démission de l'évêque de Bruges (Belgique), Roger Vangheluwe, qui reconnaît avoir abusé d'un jeune garçon de son entourage il y a plusieurs années et présente ses excuses les plus sincères à la victime, sa famille, toute la communauté catholique et la société en général. - le 29 avril, l'évêque de Stockholm (Suède), Mgr Anders Arborelius, déclare assumer la responsabilité de l'inaction et du silence de l'Eglise catholique suédoise devant une accusation de pédophilie contre un prêtre signalée en 1990 et être prêt à démissionner. - le 6 mai, Benoît XVI accepte la démission d'un évêque irlandais, Mgr Joseph Duffy, dont le nom a été cité dans les scandales de pédophilie qui ont touché l'Eglise irlandaise. - le 8 mai, Benoît XVI accepte la démission de l'évêque d'Augsbourg (Allemagne), Walter Mixa. Accusé depuis fin mars d'avoir battu des élèves de l'orphelinat catholique de Schrobenhausen (sud) de 1975 à 1996, Mgr Mixa avait demandé à être relevé de ses fonctions le 21 avril. Par ailleurs, le parquet d'Ingolstadt (Bavière) annonce avoir arrêté son enquête pour soupçon d'abus sexuel contre l'ancien évêque d'Augsbourg. - le 11 mai, dans l'avion qui l'emmène au Portugal, le pape déclare aux journalistes : "La plus grande persécution ne vient pas d'ennemis extérieurs à l'Eglise mais naît de péchés internes. L'Eglise a donc le plus grand besoin de pénitence, d'accepter de se purifier, de pratiquer le pardon mais aussi d'apprendre que la justice est indispensable. Le pardon ne saurait remplacer la justice." - le 14 mai, les évêques catholiques du Brésil, réunis pour la 48e assemblée général de la Conférence nationale des évêques du Brésil (CNBB) à Brasilia, se prononcent pour la condamnation des prêtres pédophiles devant la justice civile, tout en leur appliquant les sanctions ecclésiastiques requises. (Apic) - En juin, l'archevêque de Santiago (Chili), Francisco Javier Errázuriz, demande au Vatican l'ouverture d´un procès canonique contre le Père Fernando Karadima, ancien prêtre d´un quartier aisé de Santiago et formateur de nombreux évêques, accusé d´abus sexuels sur plusieurs mineurs et ce, durant de nombreuses années. - le 11 juin, place Saint-Pierre, lors de la messe clôturant l'année sacerdotale, le pape déclare : "Et il est ainsi arrivé que, proprement au cours de cette année de joie pour le sacrement du sacerdoce, sont venus à la lumière les péchés des prêtres – en particulier l’abus à l’égard des petits, où le sacerdoce chargé de témoigner de la prévenance de Dieu à l’égard de l’homme se trouve retourné en son contraire. Nous aussi nous demandons avec insistance pardon à Dieu et aux personnes impliquées, alors que nous entendons promettre de faire tout ce qui est possible pour que de tels abus ne puissent jamais plus survenir ; promettre que dans l’admission au ministère sacerdotal et dans la formation délivrée au cours du parcours qui y prépare, nous ferons tout ce qui est possible pour examiner attentivement l’authenticité de la vocation et que nous voulons mieux encore accompagner les prêtres sur leur chemin, afin que le Seigneur les protège et les garde dans les situations difficiles et face aux dangers de la vie." 11 - le 15 juillet, la Congrégation pour la doctrine de la foi publie les Nouvelles Normes sur les délits les plus graves (modifications apportées aux Normae de gravioribus delictis de 2001), notamment les abus sexuels commis sur mineurs par des clercs. Les nouvelles normes permettent des traitements accélérés, avec la possibilité de ne pas suivre la procédure judiciaire en procédant par décret extra judiciaire, ou bien celle de présenter au pape des cas particulièrement graves en vue de la réduction du prêtre à l'état laïque. Tenant compte de l'évolution, il sera possible d'accueillir dans les tribunaux ecclésiastiques des avocats et des procureurs laïques. La licence en droit canon ne sera plus indispensable pour occuper ces fonctions. La prescription passe de dix à vingt ans, avec la possibilité de dérogation ultérieure. Les handicapés mentaux sont assimilés à des mineurs légaux et la pédopornographie (détention et diffusion de matériel pornographique touchant des mineurs de 14 ans) est ajoutée à la liste des délits. La peine maximale encourue pour ces actes est la démission de l’état clérical ou le retour (reductus) à l’état laïc. (VIS) - Le 10 septembre, le rapport final de la Commission pour le traitement des plaintes pour abus sexuels dans une relation pastorale, mise sur pied par l'Eglise catholique de Belgique et dirigée par un pédopsychiatre indépendant, Peter Adriaenssens, indique qu'elle a reçu, entre janvier et juin 2010, 475 plaintes. La plupart des témoignages concernent des faits commis des années 50 à la fin des années 80 par des ecclésiastiques, mais aussi des professeurs de religion ou des accompagnateurs de mouvements de jeunesse. Les plaignants (deux tiers d'hommes, un tiers de femmes) sont aujourd'hui âgés de 50 à 60 ans ; 13 victimes se sont suicidées. - Le 18 septembre, à Londres, lors de son homélie en la cathédrale de Westminster, Benoît XVI déclare : "De nouveau, je pense à l'immense souffrance provoquée par les abus commis sur les enfants, spécialement au sein de l'Église et par ses ministres (...) J'exprime avant tout ma profonde affliction aux victimes innocentes de ces crimes innommables, espérant que la puissance de la grâce du Christ et son sacrifice de réconciliation leur apporteront une profonde guérison et la paix (...) Je reconnais aussi, avec vous, la honte et l'humiliation dont nous avons tous souffert à cause de ces péchés". - Le 23 novembre, Benoît XVI présente son nouveau livre d'entretiens, Lumière du monde ; plusieurs fois, Benoît XVI s'interroge sur son âge et les années qui lui restent, réfléchissant à haute voix sur l'éventualité d'une démission en cas d'incapacité ; il utilise le terme de choc énorme à propos du scandale des abus sexuels sur mineurs et il salue plusieurs fois le rôle positif des media : "Il faut leur être reconnaissant chaque fois qu'il s'agit d'éclairer la vérité. C'est parce que le mal était dans l'Eglise que certains ont pu s'en prendre à l'Eglise". - En 2010, le nombre de plaintes, pour des abus sexuels qui remontent à 50 ou 60 ans, déposées contre des membres du clergé catholique aux Etats-Unis, a presque doublé par rapport à l'année précédente, passant de 400 à près de 700 13. 2011 - Le 6 avril, le pape Benoît XVI accepte la démission de Mgr Michael John Malone, évêque de Maitland-Newcastle en Australie depuis 1995, et âgé de 71 ans. Celui-ci, disant être complètement épuisé et déçu suite à la mise en cause de ses prêtres, souhaitait quitter ses fonctions, trop éprouvé par le fait que son diocèse ait été affecté par le passé par des affaires de pédophilie et qu´il ait dû s´occuper du dédommagement des victimes. 12 - Le 16 mai, une lettre-circulaire du 3 mai pour aider les Conférences épiscopales à établir des Directives pour le traitement des cas d’abus sexuel commis par des clercs à l’égard de mineurs du cardinal William Levada, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, est publiée : "Les Conférences épiscopales ont un an pour élaborer des lignes directrices. Objectif : venir en aide aux victimes, coopérer avec la justice et prévenir de tels crimes, dans les divers contextes nationaux. Tous dans l'Église sont invités à suivre l'exemple du pape, à écouter les victimes, à leur offrir une assistance spirituelle [...] Si le droit canon est en désaccord avec l'enquête civile, les évêques donneront la priorité à cette dernière. Le but est d'affronter le problème sans tarder et de manière efficace grâce à des indications claires [...] L’abus sexuel de mineurs n’est pas seulement un délit au plan canonique. C’est aussi un crime qui fait l’objet de poursuites au plan civil. Bien que les rapports avec les autorités civiles diffèrent selon les pays, il est cependant important de coopérer avec elles dans le cadre des compétences respectives. En particulier, on suivra toujours les prescriptions des lois civiles en ce qui concerne le fait de déférer les crimes aux autorités compétentes, sans porter atteinte au for interne sacramentel (secret de la confession, ndlr). Bien sûr, cette coopération ne se limite pas aux seuls cas d’abus commis par les clercs ; elle concerne également les cas d’abus impliquant le personnel religieux et laïc qui travaille dans les structures ecclésiastiques." 14 - Le 23 mai, la centrale de l´ordre salésien à Rome annonce vouloir prendre des sanctions disciplinaires contre le Père B... un religieux hollandais de 73 ans qui s´est déclaré membre de l´association Martijn pour la libéralisation et la décriminalisation de la pédophilie. Dans une interview à la radio hollandaise RTL, diffusée le 21 mai, le délégué pour les salésiens en Hollande, le Père Hermann Spronk, l´a défendu. La congrégation s´est alors dissociée des propos du Père Spronk. Le Vatican s´en remet au jugement des supérieurs majeurs. 15 - Le 3 septembre, le Vatican publie une réponse officielle au chef du gouvernement irlandais, Enda Kenny, qui l'a accusé d'avoir entravé les enquêtes après la publication d'un rapport sur des actes pédophiles commis en 1996 et 2009 par 19 prêtres du diocèse de Cloyne. Le Vatican, qui se dit profondément préoccupé par les graves manquements constatés dans la gouvernance ecclésiale du diocèse de Cloyne où ces crimes pédophiles ont été commis, exprime son dégoût pour les crimes d'abus sexuels qui ont eu lieu dans le diocèse : "Le Saint-Siège tient à préciser qu'en aucune façon il a entravé ou tenté d'interférer avec une enquête sur les abus sexuels commis dans le diocèse de Cloyne. En outre, et en aucune circonstance, le Saint-Siège n'a tenté d'interférer dans le droit civil irlandais ou de gêner les autorités civiles dans l'exercice de leurs fonctions" 21. - Le 16 décembre, est publié le rapport de la commission d´enquête indépendante Deetman (mise sur pied le 9 mars 2010 par la conférence épiscopale néerlandaise et la conférence des instituts religieux) : "Plusieurs dizaines de milliers de mineurs ont été victimes d´agressions sexuelles au sein de l´Eglise catholique entre 1945 et 2010 [...] La commission a pu trouver les noms de 800 auteurs d´agressions sexuelles qui travaillent ou qui ont travaillé pour les évêchés. Au moins 105 sont encore en vie" 22. 2012 - Lors du symposium international qui se tient à Rome sur les problèmes de la pédophilie du 6 au 9 février, l´Eglise lance officiellement un centre de formation sur Internet (e-learning) pour prévenir ces faits et lutter contre ces abus sexuels. Cette structure en ligne (http://elearning-childprotection.com), officiellement intitulée Centre pour la protection de l´enfance de l´Institut de psychologie de l´Université Grégorienne, est une initiative conjointe de la Grégorienne et de l´Université allemande d´Ulm. Le centre est destiné à prévenir tous les cas de pédophilie, et pas seulement ceux commis par des membres du clergé. Le but est aussi de toucher toutes les parties du monde, et notamment des continents comme l´Asie. Dans la soirée du 7 février, au cours d’une veillée pénitentielle, le cardinal Marc Ouellet, préfet de la congrégation pour les évêques, reconnaît les erreurs de l’Église et demande pardon aux victimes de pédophilie. 23 - Le Bureau de presse du Saint-Siège confirme, le 11 mai, que le Vatican mène une enquête sur 7 prêtres de la Congrégation des Légionnaires du Christ, soupçonnés d´avoir abusé sexuellement de mineurs. - Le 16 mai, un communiqué de la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC), annonce que l'ex-évêque d´Antigonish, reconnu coupable de pornographie infantile et condamné, en janvier 2012, à 15 mois de prison par un tribunal civil, est exclu de l´état clérical, sur décision romaine 15. - Lors d'un pèlerinage pénitentiel au sanctuaire de saint Patrick, sur l’île de Lough Derg, au nord de l’Irlande, les 12 et 13 juin, le cardinal Marc Ouellet, légat du Pape, demande, au nom du Pape et de l'Église, pardon aux victimes d’abus, en Irlande et dans le monde. - Le 24 décembre, l´évêque de Sydney, le cardinal George Pell, présente ses excuses à tous ceux qui ont souffert des actes d´abus sexuels par les mains de leurs frères chrétiens, y compris les prêtres et les enseignants. - En 2011 et 2012, Benoît XVI démet de leurs fonctions 384 prêtres pour abus sur des mineurs. 2013 - Le 11 juillet, le pape François signe un motu Proprio redéfinissant, entre autres, les sanctions pénales contre tout abus envers des mineurs. Ces sanctions concernent explicitement l'ensemble de la catégorie des délits contre les mineurs : la vente, la prostitution, l'enrôlement et les violences sexuelles à leur encontre, la pédopornographie, la détention de matériel pédopornographique et les actes sexuels avec des mineurs. (Radio Vatican) - Le 5 août, la Cour d'appel de l'Oregon (plus précisément la Court of Appeals for the Ninth Circuit), rejette la cause judiciaire lancée en 2002 sur la responsabilité présumée du Saint-Siège dans un cas d'abus sexuels commis par un membre du clergé. - Le 21 août, l'archevêque Jozef Wesolowski, nonce apostolique en République dominicaine, soupçonné de délits contre des mineurs, est relevé de ses fonctions de nonce par le pape. - Le 5 décembre, le cardinal américain Mgr Sean O'Malley, archevêque de Boston, et membre du Conseil des huit cardinaux travaillant autour du Pape à la réforme de la Curie annonce que François a décidé de constituer une commission spéciale pour la protection des mineurs. Le but de cette commission, précise le cardinal, est de sécuriser l’environnement de l’enfant via des codes de bonne conduite professionnelle, des attestations de capacité au ministère sacerdotale, et le contrôle du casier judiciaire ou l’évaluation psychiatrique des personnes concernées. La coopération avec les autorités civiles et la dénonciation des délits, ainsi que l’observation des lois civiles sont également prévues. (Radio Vatican) 2014 - Le 5 février, un rapport du Comité des Droits de l'enfant des Nations Unies critique sévèrement la politique du Vatican face aux innombrables cas d'abus sexuels sur des enfants commis par des membres du clergé : le Comité demande au Saint-Siège de relever immédiatement de ses fonctions toute personne suspectée d'abus sexuel et de déférer son cas aux autorités judiciaires compétentes à des fins d'enquête et de poursuites. Le même jour, la Salle de Presse du Saint-Siège diffuse le communiqué suivant : "Au terme de sa 65 session, le Comité des Nations-Unies pour les droits de l'enfant a publié ses observations conclusives sur les rapports présentés par le Saint-Siège, le Congo, l'Allemagne, le Portugal, la Russie et le Yémen. Le Saint-Siège prend acte des observations le concernant. Elles feront l'objet d'une étude attentive à chacun des niveaux avancés par le document du Comité, dans le respect de la Convention et en tenant compte de l'échange d'opinions qui s'est déroulé le 16 janvier dernier. Il constate et déplore cependant, sur certains points des dites Observations, une tentative d'interférer sur l'enseignement de l'Eglise catholique, sur la dignité de la personne et sur l'exercice de la liberté religieuse. Ceci étant, le Saint-Siège réitère son ferme engagement à protéger les enfants et à défendre leurs droits, en accord avec les principes de la Convention sur les droits de l'enfant, mais aussi dans le respect des valeurs morales et religieuses de la doctrine catholique". (VIS) - Infocatho (semaine du 07 au 09 février) annonce que, suite aux dédommagements des victimes de religieux pédophiles, le diocèse de Helena, dans l'Etat du Montana, a été acculé à la faillite. Depuis 2004, il s'agit du onzième diocèse américain à se déclarer en cessation de paiement pour de telles raisons. - Le 18 février, le prêtre polonais Wojciech G., soupçonné de délits contre des mineurs en République dominicaine et en Pologne est mis en examen par le parquet régional de Varsovie pour répondre de quatre chefs d'accusation pour des relations sexuelles avec quatre mineurs de moins de quinze ans, deux en République dominicaine et deux en Pologne. (Radio Vatican) - 22 mars, chirographe Minorum Tutela Actuosa sur la protection des mineurs : le pape institue la Commission pontificale pour la Protection des mineurs (9 membres) dont l’objectif est de lutter contre la pédophilie et d'améliorer la protection des enfants. - Le 11 avril, devant les membres d’une délégation du Bureau International catholique de l’enfance (BICE) reçus en audience au Vatican, le pape, comme Benoît XVI avant lui, demande pardon pour les crimes pédophiles commis par certains membres du clergé. (news.va) - Le 23 mai, le Comité des Nations Unies contre la Torture conclut que le Saint-Siège a fourni de grands efforts pour se conformer à la Convention en menant des réformes pour prévenir tout abus sexuel et pour faciliter les soins et la guérison des victimes d’abus. Il reconnaît que, non seulement le Saint-Siège, mais aussi les diocèses et les ordres religieux ont mené des réformes pour prévenir tout cas d’abus sexuel sur mineur et ont versé des réparations financières aux victimes. - Le 27 juin, le Vatican annonce que le Polonais Jozef Wesolowski, ex-ambassadeur du pape en République dominicaine, est contraint d'abandonner l'état ecclésiastique et de renouer avec la laïcité à la suite d'accusations de pédophilie : « Le jugement en première instance du procès canonique contre l'ex-nonce apostolique en République dominicaine Jozef Wesolowski s'est achevé récemment auprès de la Congrégation pour la doctrine de la foi avec la condamnation à la démission de sa fonction cléricale. » Après la procédure canonique, M. Wesolowski, citoyen du Vatican, devait affronter un procès au pénal devant la justice vaticane, le premier procès au pénal visant un diplomate du Vatican pour des accusations de pédophilie, jugé en vertu d'amendements au code pénal du Saint-Siège apportés le 11 juillet 2013 26 mais Jozef Wesolowski est mort dans la nuit de jeudi 27 à vendredi 28 août 2015. - Le 7 juillet, en la chapelle Sainte-Marthe, devant six victimes de prêtres pédophiles venus d'Allemagne, d'Irlande et du Royaume-Uni, et devant les membres de la commission pontificale pour la protection des mineurs, le pape François condamne les crimes et les graves péchés commis par des prêtres et des évêques qui ont violé l'innocence de mineurs et leur propre vocation sacerdotale et affirme : "Il n'y a pas de place dans le ministère de l'Eglise pour ceux qui commettent ces abus." Le pape François demande pardon aussi pour les péchés d'omission des responsables de l'Eglise qui n'ont pas répondu correctement aux dénonciations d'abus et sollicite l'appui des victimes présentes à la messe pour assurer que nous disposions des meilleures politiques et procédures dans l'Eglise universelle pour protéger les mineurs. 25 - Le 17 décembre, le pape nomme 8 nouveaux membres pour la Commission de protection des mineurs, mise en place le 22 mars pour lutter contre les abus sexuels dans l'Eglise ; présidée par le cardinal américain Sean Patrick O'Malley, la Commission compte désormais 17 membres venant de tous les continents et de toutes les disciplines (psychologie, psychiatrie, théologie, droit, pédagogie, recherche sociale, etc.) ; elle compte 8 femmes (dont deux religieuses) et 9 hommes (dont 5 prêtres) ; 2 victimes d'abus sexuels, un homme et une femme, en font partie. 2015 - Le 21 janvier, le pape François nomme les sept membres du collège spécial visant à traiter, au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi, les recours de prêtres accusés de délit graves, dont la pédophilie. - Le 15 juin, le pape accepte la démission de Mgr John Clayton Nienstedt, archevêque de Saint Paul aux Etats-Unis, et de son auxiliaire Mgr Lee Anthony Piché, accusés d'avoir couvert les actes d'un prêtre pédophile de leur diocèse. 2016 - Le 18 février, au cours de la conférence de presse dans l'avion qui le ramène du Mexique en Italie, François déclare qu'un évêque qui se limite à changer de paroisse un prêtre pédophile est un inconscient. La meilleure chose qui lui reste à faire, c'est de présenter sa démission. - Le 5 mars, la conférence des évêques de France rappelle sa politique de fermeté menée contre les actes de pédophilie commis par des prêtres, après les accusations de non dénonciation de crime contre des responsables du diocèse de Lyon, dont le cardinal Barbarin. - Le 12 avril, le président de la Conférence des évêques de France, Mgr Georges Pontier, présente à la presse les mesures prises pour améliorer la prise en compte du phénomène sur différents plans. Les évêques de France s'engagent à faire toute la lumière sur tous les cas d'agression, même anciens. Aucune prescription morale ne tient en matière de pédophilie, à fortiori dans une institution qui se doit d'être exemplaire. Par ailleurs, des cellules d'écoute, comme celle existant déjà dans le diocèse d'Orléans, vont être créées dans tous les diocèses et une commission nationale d'expertise indépendante sera mise en place avant l'été 2016 et présidée par une personnalité laïque qualifiée. Composée d'experts, anciens magistrats, médecins, psychologues, parents, elle aura pour mission de conseiller les évêques dans l'évaluation des situations de prêtres ayant commis des actes répréhensibles. Un site Internet va également être créé pour l'écoute des victimes. La cellule de veille sur la pédophilie qui devient la Cellule permanente de lutte contre la pédophilie, poursuivra le même travail. - le 21 avril, Alain Christnacht est nommé à la tête de la commission d'expertise sur la pédophilie de l'Église catholique par l'Eglise de France (ce haut fonctionnaire, ancien conseiller de Lionel Jospin et de Bertrand Delanoë, est passé par le cabinet de Christiane Taubira en 2015) 28 ; la commission, qui doit être constituée avant l'été, sera composée de personnes choisies par le président en fonction de leur compétence et de leur expérience (juristes, médecins, psychologues, animateurs de mouvements de jeunes, parents... - le 4 juin est publié le motu proprio du pape François sur le renforcement de l'engagement de l'Église à protéger les mineurs. Les évêques, qui ont été négligents dans les cas de pédophilie, seront démis de leur fonction. Sont également concernés les éparques, les supérieurs majeurs des instituts religieux et des sociétés de vie apostolique. Les cinq articles du texte stipulent qu'en cas d'indices probants, la Congrégation compétente peut engager une enquête qui peut se conclure par un décret de démission, qui sera toujours soumis à l'approbation du Pape. - Le 6 juillet, le Vatican annonce avoir accepté la démission de l'archevêque de Paraiba au Brésil, Mgr Aldo Di Cillo Pagotto, après une enquête du Saint-Siège sur des faits de pédophilie : ce prélat italo-brésilien âgé de 66 ans est soupçonné d'avoir accueilli dans son diocèse des prêtres et séminaristes accusés d'abus sexuels sur des mineurs, pourtant chassés par d'autres évêques. - Le 21 juillet, la Conférence des évêques de France (CEF) met en ligne le site : luttercontrelapedophilie.catholique.fr - Le 1er septembre, les Jésuites de France publient Face aux situations d'abus sexuels – Prévention et actions, un plan de lutte contre la pédophilie, consultable en ligne sur le site des jésuites, qui expose de façon précise les comportements à adopter, ou à éviter dans certaines situations délicates. - Le 7 novembre, réunis à Lourdes pour leur grande assemblée annuelle d'automne, les évêques de France demandent pardon pour leur silence souvent coupable face aux abus sexuels dans l'Eglise ; le principe de ce temps de prière et de pénitence fut annoncé en septembre par le Vatican, à l'initiative du pape François, qui laissait à chaque conférence épiscopale le choix de la date et des modalités. - Le 18 novembre, le cardinal Barbarin célèbre à Lyon une messe de réparation à l'intention des victimes de pédophilie de la part des membres du clergé. Au cours de cette messe, il demande personnellement pardon pour les actes commis dans son diocèse, pour ses propres fautes et erreurs de gouvernance. Le 7 mars 2019, il est condamné à 6 mois de prison avec sursis pour non-dénonciation de mauvais traitements envers un mineur entre 2014 et 2015 par le tribunal correctionnel de Lyon ; ses avocats annoncent immédiatement faire appel. Le Pape François refuse la démission du cardinal Philippe Barbarin qui laisse cependant la conduite du diocèse au vicaire général. Le 30 janvier 2020, la Cour d'appel de Lyon relaxe le cardinal Barbarin. En mars 2020, le pape François accepte la démission de ses fonctions d'archevêque de Lyon du cardinal Philippe Barbarin. À partir du 1er juillet 2020, ce dernier devient aumônier de la maison-mère des Petites Soeurs des pauvres à Saint-Pern près de Rennes. En 2021, la Cour de Cassation confirme la relaxe du cardinal Barbarin. - Le 28 décembre, dans une lettre adressée aux évêques du monde entier à l'occasion de la fête des Saints Innocents, François rappelle la ligne de tolérance zéro que les responsables de l'Église catholique doivent assumer face aux cas d'abus sexuels. 2017 - Le 25 février, à l'issue des auditions de la Commission royale australienne sur la pédophilie afin de faire la lumière sur les actes pédophiles commis dans le cadre de l'Église catholique, le président de la Conférence épiscopale australienne annonce qu'il fera tout ce qui est en son pouvoir pour garantir que les abus du passé ne se reproduisent plus. - Le 18 juillet, un rapport indépendant commandité par le diocèse de Ratisbonne en Allemagne révèle que 547 enfants du chœur de la cathédrale de Ratisbonne ont été victimes de violences, dont 67 d'abus sexuels, entre 1945 et le début des années 90 (les faits ont été dévoilés en 2010). 2018 - Le 16 janvier, devant les autorités politiques et civiles réunies au palais présidentiel de La Moneda à Santiago du Chili, le pape François déclare : "Je ne peux m'empêcher de manifester la douleur et la honte que je ressens face au mal irréparable fait à des enfants par des ministres de l'Eglise". - Le 17 février, la Salle de Presse du Saint-Siège rend publique la nouvelle composition de la Commission pontificale pour la Protection des Mineurs. Le cardinal Sean O'Malley, archevêque de Boston, est reconduit à la présidence de cette Commission. Par ailleurs, sept membres sont reconduits et neuf nouveaux membres ont été nommés ; les 16 membres, 8 hommes et 8 femmes de divers pays, sont des spécialistes de la question des abus sur mineurs et personnes vulnérables. - Le 16 mars, le Tribunal Apostolique de la Congrégation pour la Doctrine de Foi conclut à la culpabilité de Mgr Apuron, l'archevêque de Guam, pour des délits contre le 6e commandement avec mineurs. Celui-ci fait appel. Le tribunal en seconde instance statue le 7 février 2019, et sa décision est rendue publique ce jeudi 4 avril : reconnu coupable, entre autres, de délits contre le 6e commandement avec mineurs, Mgr Apuron s'est vu infliger les peines suivantes: privation de son office, l'interdiction perpétuelle de résider à Guam, même temporairement, ainsi que d'user les insignes de sa dignité d'archevêque (comme l'anneau ou la croix pectorale). - Du 15 au 17 mai, rencontre du Pape François avec les évêques du Chili au sujet des abus sexuels commis par le clergé dans ce pays : les 34 évêques remettent leur démission entre les mains du Saint-Père afin qu'il décide librement pour chacun d'entre nous. A la fin de la réunion, le pape remet à chacun une lettre : "Après ces journées de prière et de réflexion, je vous envoie pour continuer à construire une Église prophétique qui sait mettre l'essentiel au centre : le service à son Seigneur dans l'affamé, dans le prisonnier, dans le migrant, dans l'abusé". Le 11 juin, le pape accepte la démission de trois évêques chiliens dont celle de Mgr Juan Barros. Le 28, François accepte la démission de deux autres évêques chiliens. Désormais, l'Église chilienne collabore avec le parquet, et les évêques s'engagent à divulguer les enquêtes pour abus sexuels présumés sur mineurs. Le 23 mars 2019, le pape accepte la démission de l'archevêque de Santiago du Chili, le cardinal Riccardo Ezzati, accusé d'avoir couvert des prêtres pédophiles. - Le 23 juin, Mgr Carlo Alberto Capella, ex-diplomate du Saint-Siège, est condamné par le tribunal du Vatican à cinq ans de prison pour détention de matériel pédopornographique. - le 3 juillet, Mgr Philip Wilson, archevêque du diocèse d'Adelaïde en Australie, est condamné à 12 mois de réclusion pour n'avoir pas dénoncé les abus sexuels commis sur des enfants de chœur par un prêtre du diocèse de Maitland-Newcastle dans les années 1970 : le pape accepte sa démission. - Le 28 juillet, le Saint-Siège annonce que le pape a accepté la démission du cardinal américain Theodore McCarrick, déjà interdit d'exercer son ministère après des accusations d'abus sexuels aux Etats-Unis. Le 16 février 2019, un communiqué du Vatican indique qu'il a été rendu à l'état laïc, le pape ayant reconnu comme définitive une sentence en ce sens de la Congrégation pour la doctrine de la foi. - Le 14 août, les services du procureur de Pennsylvanie publie une enquête, révélant des abus sexuels perpétrés par plus de 300 prêtres prédateurs et couverts par l'église catholique de cet Etat, dont ont été victimes au moins 1 000 enfants, au cours des sept décennies écoulées. Le rapport final, rédigé par un jury populaire, indique que quasiment tous les cas allégués sont aujourd'hui frappés par la prescription et ne peuvent être poursuivis pénalement, seuls 2 prêtres sont inculpés. Le pape exprime sa douleur et sa honte et rappelle qu'il y a obligation de dénoncer les cas d'abus sur mineurs. Le 20 août, dans sa Lettre au peuple de Dieu, le pape reconnaît les manquements de l'Église face à la crise des abus sexuels : il appelle à une réponse globale et communautaire par laquelle chaque catholique doit se sentir concerné. - Le 25 septembre, le rapport sur les abus commis dans l'Église catholique en Allemagne, entre 1946 et 2014, est présenté, en marge de l'assemblée des évêques d'Allemagne qui ont demandé, eux-mêmes, cette recherche ; 3677 mineurs ont été abusés en 68 ans, de la part de 1670 prêtres, diacres et membres d'ordres religieux, les garçons constituant une nette majorité de 62,8 % des cas. - Le 28 septembre, le Saint-Siège annonce que le pape a renvoyé de l'état clérical Fernando Karadima, ce prêtre du diocèse de Santiago dont la mise au jour des multiples abus avait révélé la grave crise de l'Église chilienne. - Le 12 octobre, le pape accepte la démission de l'archevêque de Washington, le cardinal Donald Wuerl soupçonné dans le rapport d'un jury populaire d'avoir étouffé un vaste scandale d'abus sexuels. - Le 13 octobre, le pape rend à l'état laïc deux évêques chiliens pour agressions sexuelles sur mineurs : l'archevêque émérite Francisco Jose Cox Huneeus et l'évêque émérite Marco Antonio Ordenes Fernandez. - Le 30 octobre, la Conférence des évêques de France publie un rapport d'étape sur la lutte contre la pédophilie. Le 3 novembre, pour la première fois, des victimes de pédophilie dans l'Église rencontrent les évêques réunis à Lourdes et attendent désormais des actes forts de l'épiscopat, qui a promis la tolérance zéro. Le 7 novembre, la Conférence des évêques de France décide la mise en place d'une commission indépendante chargée de faire la lumière sur les abus sexuels sur mineurs dans l'Église catholique depuis 1950, de comprendre les raisons qui ont favorisé la manière dont ont été traitées ces affaires et de faire des préconisations, notamment en évaluant les mesures prises depuis les années 2000. Vingt-deux membres de 38 à 75 ans composent cette Commission indépendante d'enquête sur les abus sexuels dans l'Église : douze hommes et dix femmes, croyants de diverses confessions religieuses et non-croyants, professionnels reconnus de différents champs disciplinaires (aucun prêtre ou religieux ni aucune victime d'abus parmi eux) ont été choisis au terme de plusieurs semaines de consultation menées par son président, l'ancien vice-président du Conseil d'État Jean-Marc Sauvé. - Le 22 novembre, le prêtre Pierre de Castelet est condamné par le tribunal correctionnel d'Orléans à trois ans de prison dont un avec sursis pour agressions sexuelles sur mineurs ; son supérieur, l'ancien évêque d'Orléans, André Fort, est condamné à huit mois de prison avec sursis pour non-dénonciation. - Le 11 décembre, le tribunal de Melbourne, reconnaît le cardinal australien George Pell (préfet depuis 2014 du Secrétariat pour l'Économie du Vatican) coupable d'agression sexuelle sur mineur et de quatre chefs d'attentat à la pudeur contre deux enfants de choeur alors âgés de 12 et 13 ans, des faits commis dans les années 1990. Le 13 mars 2019, il est condamné à six ans de prison, avec une peine minimum de trois ans et huit mois, et fait appel ; sa condamnation est confirmée en appel le 20 août 2019. Le 7 avril 2020, la Haute Cour d'Australie l'acquitte de cinq chefs d'accusation de violences sexuelles, au bénéfice du doute. - Le pape accepte la démission de l'évêque auxiliaire de Los Angeles aux États-Unis. Dans une lettre rendue publique le 19 décembre 2018, son supérieur, l'évêque du diocèse de Californie, revient sur les raisons de cette démission : Mgr Alexander Salazar est accusé d'avoir commis des abus sur mineurs dans les années 90. 2019 - Le 1er février, un prêtre, jugé à huis-clos, a été condamné à cinq ans de prison, dont deux fermes, par le Tribunal correctionnel de Colmar pour des agressions sexuelles commises, entre 2001 et 2011, sur quatre paroissiennes, mineures au début des faits, et pour avoir détourné plus de 100 000 euros. - Le 16 février, le pape rend à l'état laïque l'archevêque émérite de Washington, Theodore McCarrick, 88 ans, accusé d'abus sexuels sur au moins un adolescent il y a plus d'un demi-siècle, qui fut interdit d'exercer son ministère en juillet dernier et renonça ensuite à son titre honorifique de cardinal. - Du 21 au 24 février, le pape François réunit les présidents des conférences épiscopales de l'Église catholique pour la Rencontre mondiale sur la protection des mineurs dans l'Eglise (190 participants). Le souverain pontife argentin insiste beaucoup sur la présence du mal, en estimant que le clergé coupable de tels faits devenait un instrument de Satan. "L'inhumanité du phénomène au niveau mondial devient encore plus grave et plus scandaleuse dans l'Église, parce qu'en contradiction avec son autorité morale et sa crédibilité éthique. La personne consacrée, choisie par Dieu pour guider les âmes vers le salut, se laisse asservir par sa propre fragilité humaine, ou sa propre maladie, devenant ainsi un instrument de Satan". Ce discours très attendu a consacré un long développement aux statistiques disponibles sur les abus sexuels perpétrés dans le monde dans toutes les sphères de la société, notamment dans les familles, les écoles et les milieux sportifs. "Nous sommes, donc, devant un problème universel et transversal qui, malheureusement, existe presque partout" souligne le pape. Les organisateurs répètent que des plans d'action, voire des changements législatifs, seront mis en chantier dès la fin du sommet. Un vade-mecum spécifiant les démarches à entreprendre si un cas d'agression sexuelle émerge est déjà en cours de rédaction pour les pays manquant d'experts. Trois membres de la Curie évoquent la possible levée du secret pontifical pour des cas avérés d'abus sexuels du clergé. Ils veulent de la transparence sur les procédures judiciaires de l'Eglise, qui entendent les victimes comme témoins puis ne les informent jamais de l'état d'avancement du dossier. - Un motu proprio daté du 26 mars, la loi 297 sur la protection des mineurs et des personnes vulnérables et des lignes directrices, trois documents signés par le Pape François, dotent l'État de la Cité du Vatican, le Vicariat et le Curie romaine d'une législation renforcée contre les abus et les mauvais traitements. Tout acte délictueux portant atteinte à un citoyen ou un résident du Vatican, ou émanant de représentants du Saint Siège dans l'exercice de leurs fonctions doit être obligatoirement dénoncé au Promoteur de Justice du Vatican par toute personne informée des faits, sans violer le secret de la confession, sous peine d'amende ou de réclusion en cas de retard ou d'omission. Le texte prévoit également l'ouverture automatique d'une enquête suite à un simple signalement estimé recevable. La loi 297 garantit aux victimes l'écoute, l'assistance et l'accompagnement nécessaires tout au long de la procédure, à travers la mise en place d'un bureau spécifiquement dédié. Les formes d'assistance et d'accompagnement seront d'ordre sanitaire, psychologique et légal. La loi, qui donne la possibilité aux victimes de conserver l'anonymat, établit une prescription des faits à vingt ans à compter du dix-huitième anniversaire de la personne offensée. - le 7 mai, le motu proprio Vos Estis Lux Mundi 35, entrant en vigueur le 1er juin, établit de nouvelles procédures pour signaler les cas de harcèlement et de violence sexuels, et assure qu'évêques et supérieurs religieux doivent rendre compte de leur travail ; il introduit l'obligation pour les clercs et religieux de signaler les abus ; chaque diocèse devra se doter d'un système facilement accessible au public pour recevoir les signalements. - Le 3 juin, la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (CIASE) mise en place le 7 novembre dernier par l’épiscopat français, entre dans une nouvelle phase de sa mission : elle lance un appel national pour recueillir le témoignage de tous ceux qui, en France, ont été victimes d’abus sexuels de la part d’un prêtre ou d’un(e) religieux(se) depuis les années 1950. - Le 4 juillet, le père Bernard Preynat, 74 ans, dont les agressions sexuelles présumées sur de jeunes scouts de la région lyonnaise datant d'avant 1991, ont déclenché l'affaire Barbarin (relaxé en appel le 30 janvier 2020), est renvoyé de l'état clérical par le tribunal ecclésiastique. Le 16 mars 2020, l'ex-prêtre est condamné l à cinq ans de prison ferme pour des agressions sexuelles commises dans le passé sur de jeunes scouts du diocèse de Lyon âgés de 7 à 15 ans. - Le 8 juillet, le Vatican annonce avoir levé l’immunité diplomatique de Mgr Luigi Ventura, nonce apostolique en France, à la demande de celui-ci et après avoir attendu la conclusion de l’enquête préliminaire pour agression sexuelle. - En novembre, deux prêtres sont condamnés à plus de 40 ans de prison pour avoir violé durant des années des enfants dans l'institut spécialisé Provolo de Mendoza (ouest de l'Argentine) : Nicola Corradi, un italien qui vit en Argentine depuis 1970, a été condamné à 42 ans de prison, et l'Argentin Horacio Corbacho à 45 ans. - Le 9 novembre, les évêques de France votent en faveur d'une somme forfaitaire destinée à la reconnaissance de la souffrance des victimes des prêtres pédocriminels lorsqu'elles étaient mineures. - Le 17 décembre, François abolit le secret pontifical dans le cas de violences et d’abus sexuels commis ou couverts par des clercs ou des religieux sur des mineurs (moins de 18 ans) ou des personnes vulnérables. La mesure, qui a pour but, entre autres, d’aider la justice civile et les victimes, s’applique immédiatement, et elle vise autant les auteurs d’abus que ceux qui les auraient couverts ou auraient tenté d’interférer. Par ailleurs, le pape change la norme concernant le délit de pédopornographie : la détention et la diffusion d’images pornographiques montrant des mineurs tombe sous le sceau des delicta graviora, les délits les plus graves. Enfin, il ouvre la possibilité, dans des affaires concernant ces crimes les plus graves, que le rôle d'avocat et procureur puisse également être assumé par des fidèles laïcs titulaires d'un doctorat en droit canonique... 2020 - Dans un décret datant du 21 mai, jour de l'Ascension, Mgr Benjamin Ndiaye l'archevêque de Dakar crée un bureau en charge de suivre la question des abus sexuels dans le diocèse. - Le 16 juillet, la Congrégation pour la doctrine de la foi (CDF) publie un Manuel d'instructions afin de guider, étape par étape, ceux qui doivent procéder à la recherche de la vérité lorsqu'un enfant est victime d'abus commis par un membre du clergé. Il est souligné que même en l’absence d'obligation juridique explicite, l’autorité ecclésiastique déposera une plainte auprès des autorités civiles compétentes chaque fois qu'elle l’estimera indispensable pour protéger tant la victime présumée que d'autres mineurs, du danger de nouveaux actes délictueux. 2021 - Le 18 janvier, un prêtre sarthois de 59 ans, l’abbé Max de Guibert, est condamné, par le tribunal correctionnel du Mans, à trois ans de prison ferme pour agressions sexuelles sur six jeunes garçons de moins de 15 ans entre 1990 et 2003. - Au 22 mars, le nombre total de prêtres Légionnaires du Christ connus pour avoir commis des abus sexuels sur un mineur est de 27. Les victimes connues sont environ 170 mineurs, principalement des adolescents de sexe masculin âgés de 11 à 16 ans. Parmi les 170 mineurs abusés, environ 60 l’ont été par le fondateur, Marcial Maciel Degollado (+ 2008). - Le 22 juin, Le Vatican décide de fermer tous les pensionnats tenus par les Hérauts de l’Evangile afin de protéger les enfants et adolescents des risques élevés de violences psychologiques et sexuelles auxquels ils étaient exposés. - Le 26 septembre, après deux ans et demi de travaux, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise (Ciase) publie son rapport selon lequel il y a eu "entre 2 900 et 3 200 pédocriminels", hommes - prêtres ou religieux - au sein de l'Eglise catholique en France depuis 1950. "Il s'agit d'une estimation minimale", fondée sur le recensement et le dépouillement des archives (Eglise, justice, police judiciaire et presse) et sur les témoignages reçus par cette instance". C'est un chiffre à rapporter à une population générale de 115 000 prêtres ou religieux au total sur cette période de 70 ans. 2022 - Le 8 février, le pape émérite Benoît XVI demande "pardon" aux victimes de violences sexuelles commises par des membres du clergé mais assure n'avoir jamais couvert de prêtres pédocriminels quand il était archevêque ou souverain pontife. - Le 4 mars, Gustavo Zanchetta, un ancien évêque argentin, est condamné à quatre ans et demi de prison pour des agressions sexuelles sur deux séminaristes entre 2016 et 2017, lorsqu'il était évêque d'Oran (nord-ouest de l'Argentine). - Le 4 mai, le frère Olivier de Saint Martin, prieur provincial de l’ordre dominicain, révèle que « des frères dominicains de la Province de Toulouse ont été accusés de faits graves de nature sexuelle à l’encontre de mineurs, faits qui ont malheureusement été confirmés ». - Le 12 mai, réunie en chapitre provincial au sein de leur lieu fondateur en Vendée, à Saint-Laurent-sur-Sèvre, la congrégation des Frères de Saint-Gabriel déclare : « Nous, frères de Saint-Gabriel, reconnaissons et dénonçons toutes les violences physiques, psychologiques, morales, sexuelles commises par certains de nos frères dans l’exercice de leur métier d’éducateur, d’enseignant, d’animateur, de maître spirituel ». - Le 29 septembre, le Vatican confirme que, dès 2020, des sanctions ont été imposées à l’ancien évêque du Timor oriental et Prix Nobel de la paix, Mgr Carlos Felipe Ximenes Belo, accusé d’abus sexuels et de viols sur de jeunes hommes mineurs commis entre les années 1980 et 2000. - Le 7 novembre, lors d'un point presse à Lourdes, le président de la Conférence des évêques (CEF) Eric de Moulins-Beaufort, annonce que 11 évêques ou anciens évêques, dont le cardinal Jean-Pierre Ricard, ancien évêque de Bordeaux et Mgr Michel Santier sanctionné en 2021, ont été "mis en cause" devant la justice civile ou la justice de l'Eglise après des signalements. 2023 Le 13 février, au terme d’une enquête indépendante menée depuis plus d’un an, l’Église catholique portugaise dévoile qu’au moins 4 815 mineurs ont été victimes de violences sexuelles en son sein depuis 1950. 2024 Le 21 mars, la conférence des évêques de Belgique déclare que le pape François a retiré son titre d'évêque au Belge Roger Vangheluwe, suite à des actes pédocriminels commis pendant des années. CITATIONS Quiconque scandalise un de ces petits qui croient en moi, il lui vaudrait mieux qu'on lui pendît une meule d'âne au cou, et qu'on le jetât au fond de la mer. (Matthieu 18,6) Les clercs se donnent pour des bergers et ce sont des assassins sous leurs airs de sainteté. (Peire Cardenal + vers 1278) Ceux qui sont appelés à la table du Seigneur doivent rayonner par toute une vie exemplaire et digne d'éloges, exempte de toute l'impureté des vices. Ils doivent vivre en étant comme le sel de la terre pour eux-mêmes et pour les autres, en éclairant les autres par une lumineuse sagesse, comme étant la lumière du monde. (Jean de Capistran + 1456 – Miroir des clercs) 7. Quelques chiffres En France, selon le Onzième rapport au Gouvernement et au Parlement Enfants en (risque de) danger, enfants protégés : quelles données chiffrées? de l'Observatoire national de la protection de l'enfance (ONPE) d'octobre 2016 31, le nombre de victimes (âgées de 0 à 25 ans) de violences physiques et sexuelles enregistrées par les forces de sécurité en 2015 est de 129 000 dont 26 500 violences sexuelles. Selon le ministère français de la justice, 90% des affaires recensées de pédophilie visent des hommes mariés. Il n’est pas certain que les agressions sexuelles sur enfant soient plus nombreuses aujourd’hui, où les langues se délient, qu'elles ne le furent par le passé, lorsque l’inceste et la pédophilie étaient tabous et frappés du sceau du secret. Concernant l'inceste, il n'existe pas de statistiques officielles en France mais l'association AIVI donne les chiffres suivants : 20% des filles, 7% des garçons sont agressés sexuellement avant l'âge de 18 ans, 80% sont des victimes d'inceste, 45% le seront avant l'âge de 9 ans, les risques sont multipliés par trois en ce qui concerne les personnes handicapées, 85% des cas durent plusieurs années, 50% vont parler à leur mère ou amis. En 2015, un sondage par Harris Interactive révèle que 4 millions de français déclarent avoir subi l’inceste. En 2020, 10% des Français déclarent avoir été victimes d’inceste soit 6,7 millions de personnes : 78% de femmes et 22% d’hommes 38. Selon les chiffres du SNATEM (Service National d'Accueil Téléphonique pour l'Enfance Maltraitée – Etude SNATEM 2001) 71,2% des auteurs de violences sexuelles sur mineurs signalés sont des personnes de la famille ou des amis de la famille, et non pas, comme beaucoup ont à l'esprit, le fait de professionnels au contact de l'enfance ou du pervers du coin du bois : pour 32,3% par les pères ; pour 9,5% par les beaux-pères et concubins ; pour 6,1% par les grands-parents ; pour 4,3% par les frères et sœurs ; pour 2,8% par les mères ; pour 0,4% par les belles-mères et concubines ; pour 11,2% par les autres membres de la famille ; pour 4,6% par les amis de la famille 34. Selon la Ciivise (Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants), 160 000 enfants sont victimes de violences sexuelles chaque année en France et 5,5 millions d'adultes ont été victimes dans leur enfance, le plus souvent au sein de leur famille. Le 12 septembre 2023, le gouvernement lance une campagne sur l'inceste (une première en France) et les violences sexuelles que subissent 160 000 enfants chaque année, tandis que la télévision diffuse un documentaire et un film de fiction sur ce sujet longtemps tabou. Le 17 novembre 2023, la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise) publie son rapport final. Quelque 160 000 enfants sont victimes chaque année de violences sexuelles, soit un enfant toutes les trois minutes. Au total, une personne sur 10 a été victime de violences sexuelles dans son enfance, soit 5,4 millions d'adultes. Huit victimes sur 10 (83%) s'étant confiées à la Ciivise sont des femmes. Les enfants en situation de handicap présentent un risque près de trois fois plus élevé d'être victimes de violences sexuelles. Les violences débutent à l'âge de 8 ans et demi en moyenne. Ces dernières sont majoritairement (86%) répétées et durent une fois sur deux (51%) plus d'un an. 8. Contacts utiles : L'association e-Enfance protège les mineurs sur internet et informe sur les dangers potentiels (cyberharcèlement, revenge porn...). Elle a lancé son application pour permettre aux jeunes de signaler toute situation de harcèlement et de cyberviolences . À contacter en composant le 3018. Sur le site et sur l'application e-Enfance, il existe également un service Tchat/Messenger pour poser ses questions et discuter. Allo Enfance en danger joignable au 119, 24h/24, appel gratuit) enfance-et-partage.org/ : numéro vert anonyme : 0800 05 1234 (du lundi au vendredi de 10h à 18h). droitsenfant.fr antipedophil.fr actioninnocence.org innocenceendanger.org aivi.org (https://facealinceste.fr) Vous éprouvez des attirances amoureuses ou sexuelles pour des enfants sans pouvoir en parler ? : ange-bleu.com/ Demandez de l’aide : https://pedo.help/fr 0 806 23 10 63 : cette ligne qui existe depuis janvier 2021, a été pensée pour venir en aide aux personnes attirées sexuellement par les enfants. Pour signaler des contenus sur internet qui vous ont particulièrement choqués : https://www.internet-signalement.gouv.fr/PortailWeb/planets/Accueil!input.action pointdecontact.net 9. Poème Tornade. Les innocents petits drôles Joignent gentiment leurs mains Et tournent leur ronde folle. Ils sont heureux, les gamins ! Ils mènent ces chers enfants Leur manège émerveillé Et la tendresse du faon Luit dans leurs yeux éveillés. Mais rôdent toujours, immondes, Des pédophiles d'enfer, Ignobles briseurs de rondes Que mille larmes indiffèrent. Et tournent aussi, atroces, Les minutes de silence, Aux enterrements des gosses Dont on viola l'innocence... (Jean-Paul Coudeyrette, Poèmes) Notes 1 Ce qui, ce qu'il. Il n'est pas de règle formelle pour distinguer ces deux expressions qu'on emploie indifféremment sauf avec falloir (ce qu'il faut et non ce qui faut) et avec plaire où il convient d'employer ce qu'il quand on veut sous-entendre, après plaire, l'infinitif du verbe employé précédemment (Hanse) : je ferai ce qu'il me plaira (de faire). Je fais ce qui me plaît est plus absolu. J'épouserai la femme qu'il me plaira (d'épouser). J'épouserai la femme qui me plaira n'a pas le même sens : "qui sera à mon goût". (Dictionnaire des difficultés de la langue française. Larousse. 1971) 2 JORF du 26 février 2008 3 infocatho.cef.fr/ 4 Agence CNS 5 Source : KNA 6 E.S.M. - radiovm 7 E.S.M. - radiovm ; Le suisse romain - radiovm- E.S.M. 8 Communiqué de la Salle-de-Presse du Saint-Siège 9 Wikipedia 10 Traduction beatriceweb.eu 11 vatican.va - E.S.M. 12 (http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil11sem/semaine13/210nx132oceaniea.html) 13 http://www.catholicnews.com/ 14 http://www.vatican.va/ 15 http://www.kipa-apic.ch/ 16 Liliane Binard, Jean-Luc Clouard, Le drame de la pédophilie : état des lieux, protection des enfants, Albin Michel, 1997, pages 96-97 17 http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_Coral 18 http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d'Outreau 19 http://fr.wikipedia.org/wiki/Paraphilie 20 http://www.la-croix.com/ Actualite/S-informer/France/ Un-guide-pour-les-medecins-afin-de-mieux-detecter-les-cas-d-inceste- 21 http://www.visnews-fr.blogspot.com/ 22 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil11sem/semaine50/210nx502europea.html 23 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil12sem/semaine06/212nx061eglisebb.html 24 http://fr.wikipedia.org/wiki/Inceste 25 http://www.news.va/fr/news/ lintegralite-de-lhomelie-du-pape-contre-les-abus-s (texte intégral) 26 http://actu.lemonde.fr/ europe/article/2014/06/27/un-ex-ambassadeur-du-vatican-accuse-de-pedophilie- defroque_4446885_3214.html#xtor=AD-32280752 27 http://www.news.va/fr/news/ abus-sexuels-un-ancien-nonce-arrete-au-vatican 28 http://www.pelerin.com/ A-la-une/L-Eglise-et-la-pedophilie/Alain-Christnacht- L-Eglise-veut-en-finir-avec-les-demi-mesures-sur-la-pedophilie 29 https://fr.wikipedia.org/wiki/Homosexualit%C3%A9_dans_l%27Antiquit%C3%A9 30 https://fr.wikipedia.org/wiki/Bacha_bazi 31 https://www.onpe.gouv.fr/system/files/publication/ragp_2016_-_version_finale_2_leger.pdf 32 http://www.greceantique.net/pederastie.php 33 https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A9d%C3%A9rastie 34 https://www.e-sante.fr/ pedophilie-7-fois-sur-10-ca-se-passe-dans-famille-0800-05-1234/actualite/1217 35 http://w2.vatican.va/content/francesco/fr/motu_proprio/documents/ papa-francesco-motu-proprio-20190507_vos-estis-lux-mundi.html 36 http://www.vatican.va/ resources/resources_crimen-sollicitationis-1962_en.html 37 https://www.ouest-france.fr/ faits-divers/pedophilie/chirurgien-soupconne-de-pedophilie -le-nombre-de-victimes-potentielles-s-eleve-349-6663807 38 https://facealinceste.fr/blog/actualites/le-nouveau-chiffre-de-l-inceste-en-france 39 https://www.franceculture.fr/societe/quand-des-intellectuels-francais-defendaient-la-pedophilie Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 22/09/2024 |