Paul II, pape

Pietro Barbo, neveu d'Eugène IV et petit-neveu de Grégoire XII, naît le 23 février 1417 à Venise dans une famille de riches marchands.
Successivement archidiacre de Bologne, évêque de Cervia puis de Vicence, il est protonotaire puis cardinal diacre en 1440.
Pie II le surnomme Notre-Dame-de-Pitié à cause de sa tendance à larmoyer pendant des négociations délicates.
Elu pape le 30 août 1464, il choisit le nom de Paul ; il est consacré le 16 septembre.
Paul II s’efforce de rallier les princes chrétiens contre les Turcs.
Il entame des discussions avec le tsar Ivan III sur la réunification de l'Eglise russe avec Rome.
Il s'attire la haine des humanistes par la suppression du Collège des Abréviateurs et de l'Académie de Pomponius Laetus. Il fait livrer à la torture les historiens Platina, Pomponius Laetus et autres, jugés hérétiques.
Il donne la pourpre et la barrette rouge aux cardinaux et ordonne, par une constitution, qu’ils seront seuls appelés à la papauté.
Il est ouvertement homosexuel.
Il a le goût du faste et de la magnificence.
Il aime la bonne chère.
Amoureux des carnavals et des fêtes, il taxe les Juifs de Rome pour les financer.
Il fait bâtir le palais qui touche l’église Saint-Marc, à Rome, avec des marbres arrachés au Colisée.
Il meurt le 26 juillet 1471 d’une indigestion de melon ou d'une attaque.
Il aurait fait installer la première imprimerie de Rome.

Prophétie de Malachie : De cervo et Leone (Du cerf et du lion).


1464. 30 août, élection du pape. 16 septembre, cérémonie grandiose d'intronisation du pape au palais du Latran (sa tiare coûte 100 000 ducats d'or). 5 octobre, pour se concilier l'amitié de Charles le Téméraire, Louis XI de France signe à Abbeville la surséance en sa faveur de tous les procès et différends concernant les limites de la France et de la Bourgogne. 18 décembre, Louis XI réunit l'Assemblée des princes à Tours pour traiter des affaires de Bretagne.

1465. 1er mars, contre Louis XI les nobles forment la Ligue du Bien public et affirment dans un manifeste, publié le 10 mars, vouloir remédier au désordonné et piteux gouvernement, masquant leurs intérêts féodaux, que Louis XI veut abolir, sous un nom d'intérêt général. 4 mars, Charles, duc de Berry, frère du roi, rejoint les ligueurs (ducs de Bretagne, Bourbon, Bourgogne). 28 juin, le pape Paul II il confie à Mathias Corvin la croisade contre les Tchèques ; après la mort de la reine Catherine (1464), Mathias projette d’évincer son père, Georges de Poděbrady, du trône de Bohême et s’attaque aux Frères hussites de la Haute-Hongrie, avec l’aide de l’ancien chef de guerre hussite Jiskra, qui sont vaincus ; les Frères vaincus rejoignent en partie l’armée de Mathias. 16 juillet, à Montlhéry, Louis XI et Galeazzo Sforza battent la Ligue (Louis de Luxembourg et Charles le Téméraire) mais ils doivent se replier dans Paris. 5 octobre, Traité de Conflans : Louis XI renouvelle la donation des villes de Somme à Philippe III le Bon, duc de Bourgogne. 29 octobre, Traité de Saint-Maur-des-Fossés : Charles devient duc de Normandie. Mehmet II fait massacrer les huit mille habitants de Chidna (Chaonie, Albanie méridionale) où tous les gens de la contrée s'étaient réfugiés et emporte à Constantinople un trophée de têtes chrétiennes 1 ; le défenseur de la chrétienté en Albanie, Skanderberg (Iskander Bey), champion du Christ, est accueilli par le pape qui lui accorde une aide financière et lui fait présent d'un chapeau et d'une épée bénits de sa main. 8 décembre, le pape excommunie Georges de Poděbrady, qui a protégé l’évêque hussite de Prague, et le déchoit de ses titres et dignités. 22 décembre, paix de Saint-Trond (Limbourg) signée après la bataille de Montenaken : Charles comte de Charolais (futur duc de Bourgogne) y avait vaincu les troupes liégeoises qui s'opposaient à l'autorité de leur prince-évêque Louis de Bourbon, un protégé de son père Philippe le Bon.

1466. En avril, le pape et Pierre de Médicis crée la Societas Aluminium pour la commercialisation des mines d'alun dont les revenus doivent financer la croisade contre les Turcs (mais ils seront insuffisants). A Rome, le pape s'installe dans le Palais Saint-Marc qui vient d'être achevé. Paul II abolit le Collège des abréviateurs (dessinateurs) ; Bartolomeo Sacchi (1421-1481), dit Platina, qui proteste contre la suppression du Collège des Abréviateurs dont il faisait partie, provoque la colère de Paul II ce qui lui vaut la torture et quatre mois de prison. Création de la Foire de Lyon et premiers métiers à soie. A Strasbourg, Mentelin fait paraître une Bible. La peste noire frappe Constantinople. Le jour de Noël, Paul II juge le roi de Bohême, Georges Podiébrad, coupable d'hérésie (hussite, ndlr) et le prive de son royaume mal acquis et mal administré (cependant Georges Podiébrad continuera de régner jusqu'à sa mort en 1471).

1467. 15 juin, à Bruges, mort du duc de Bourgogne Philippe III le Bon : son fils Charles le Téméraire lui succède. 28 octobre, Bataille de Brustem, Charles le Téméraire écrase les Liégeois, alliés de Louis XI ; après la bataille, Charles le Téméraire se rend à Liège et force la ville à se rendre le 12 novembre.

1468. Le pape abolit l'Académie romaine soupçonnée d'avoir des idées païennes et interdit aux élèves de Rome l'étude des poètes païens. En Anatolie, les Ottomans prennent Karaman et détruisent les bâtiments religieux des infidèles. Venise invente la quarantaine pour prévenir la peste (les passagers et les marchandises des navires qui se présentent au port sont isolés pendant 40 jours). 9 octobre, Entrevue de Péronne, Charles le téméraire fait enfermer Louis XI dans le donjon et, le 11 octobre, il l’oblige à signer le Traité de Péronne : Louis XI doit donner à son frère Charles, Champagne et Brie et faire la guerre à ses alliés les Liégeois. 3 novembre, pillage de la ville de Liège par Charles le Téméraire : elle est totalement détruite par le feu.

1469. 18 janvier, bulle In supremae dignitatis specula, fondation des évêchés de Wiener Neustadt et de Vienne, malgré l'opposition de l'évêque de Passau. 3 mai, Mathias Ier Corvin, roi de Hongrie, qui a envahi la Bohême à la demande du pape, est élu roi de Bohême par les Etats Catholiques de Bohême ; mais le roi Georges Podiébrad parvient à l’emporter après avoir été presque réduit à merci. 9 mai, Traité de Saint-Omer entre le duc de Bourgogne Charles le Téméraire et l'archiduc d'Autriche Sigismond du Tyrol qui cède l'Alsace et le Brisgau à titre de gage moyennant un prêt de 50 000 florins. 4 juin, la Diète de Bohême rejette l'élection de Mathias Corvin, et, à la suggestion de Georges de Poděbrady, reconnaît Ladislas II Jagellon comme héritier de la couronne. Le pape accorde une dispense, en raison de leur lien de parenté, afin de permettre le mariage entre Charles de France, fils de Charles VII de France et frère de Louis XI, et Marie de Bourgogne (pour se concilier le pape, Louis XI a accepté d'abroger la Pragmatique Sanction mais le Parlement refuse d'enregistrer l'édit royal) ; cependant, le pape Sixte IV déclarera le mariage impossible en raison d'une consanguinité, et menacera de l'excommunication. 26 juillet, Bataille d'Edgecote Moor, les forces de Richard Neville vainquent celles du roi Édouard IV. 1er août, Louis XI fonde l’Ordre de Saint-Michel à la gloire et louange de Dieu notre Créateur tout-puissant et révérence de sa glorieuse Mère, et commémoration et honneur de Monsieur saint Michel Archange, premier Chevalier, qui pour la querelle de Dieu victorieusement batailla contre le dragon et le trébucha du ciel ; et qui son lieu et oratoire, appelé le Mont Saint-Michel, a toujours seurement gardé, préservé et défendu, sans être pris, subjugué ne mis es mains des ennemis du royaume (Lettres royales établissant l'Ordre nouveau) ; l'insigne est un collier d'or de coquilles lacées soutenant l'image de saint Michel avec la devise IMMENSI TREMOR OCEANI et un ruban noir. 19 octobre, à Valladolid, mariage d’Isabelle de Castille et de Ferdinand II d’Aragon : le mariage est célébré avec une fausse bulle pontificale de dispense pour cousinage (confirmée a posteriori) et sans l'autorisation du roi de Castille, Henri IV dit l'impuissant, frère d'Isabelle, qui l'a reconnue héritière de la couronne ; les deux royaumes ne seront formellement réunis qu'en 1516. En novembre, au Portugal, le monopole du commerce africain est affermé à Fernão Gomes pour 200 000 réaux (or, ivoire, esclaves et magalette, épice proche du poivre) ; le roi impose à Fernão Gomes l'exploration de 500 lieues de côte par an. 2 décembre, mort de Pierre Ier de Médicis le Goutteux ; le 3, début du principat de son fils Laurent le Magnifique (Lorenzo Medici) qui hérite du pouvoir politique, d’une fortune considérable et de la dynamique artistique et intellectuelle de Florence.

1470. Bulle célébrant, à Lorette, une statue de la Vierge apportée par les anges dans un édifice fondé miraculeusement. 12 mars, Bataille de Losecoat Field, l'armée royale d'Édouard IV vainc le baron Robert Welles et Richard Neville, comte de Warwick. En avril, fuite de Warwick en France ; le 22 juillet à Angers, il s'allie avec Marguerite d'Anjou, dont le mari, le roi déchu Henri VI, est tenu prisonnier à la Tour de Londres ; il envahit l'Angleterre avec l'aide de la France et de l'Écosse sous la bannière des Lancastre, bat Édouard IV, fait libérer Henri en septembre et le rétablit sur le trône d'Angleterre le 6 octobre. 19 avril, bulle Providentia ineffabilis, Paul II décide que le jubilé (année sainte) aura lieu tous les 25 ans. 15 mai, mort de Charles VIII de Suède, Sten Sture l'Ancien, qui lui succède, défend les paysans de Suède méridionale contre la noblesse, pendant que son cousin Nils Sture soulève les Dalécarliens ; rébellion en Suède contre le pouvoir danois. 12 juillet, au préjudice de Venise, le sultan Mehmed II s'empare de la cité de Nègrepont (Eubée) dont il massacre la moitié de la population. 30 octobre, retour sur le trône d'Henri VI d'Angleterre (Henri VI fut déposé par Édouard d'York couronné sous le nom Édouard IV le 4 mars 1461) libéré de la prison de la Tour de Londres par le comte de Warwick qui contraint Edouard IV à l'exil. En novembre, à Tours, l’Assemblée des Notables annule le Traité de Péronne (1468). 5 décembre, Louis XI déclare à Amboise que le duc de Bourgogne est coupable de lèse-majesté et de félonie et qu'il le prive de toute dignité, droit et fief ; à la fin de l'année, il provoque les hostilités avec Charles le Téméraire en attaquant les villes de la Somme. 21 décembre, découverte de Sao Tomé par João de Santarém. 22 décembre, le pape obtient le renouvellement de la paix de Lodi de 1454 ; il ordonne la levée de troupe pour la croisade contre les Turcs.

1471. 14 avril, à 15 km au nord de Londres en Angleterre, Bataille de Barnet entre le roi Édouard IV d'Angleterre et Richard Neville, comte de Warwick ; le comte de Warwick est fauché alors qu'il essaie d'atteindre son cheval ; son jeune frère, le marquis de Montagu, est aussi tué ; la victoire permet à Édouard de se préparer à la confrontation finale contre la famille royale lancastrienne à la bataille de Tewkesbury. 4 mai, au confluent de l'Avon et de la Severn, dans le Gloucestershire, Bataille de Tewkesbury opposant une armée royale légitime, comprenant 6 000 hommes de guerre, commandée par Marguerite d'Anjou, épouse d'Henri VI, à celle, inférieure en nombre, de l'ancien roi Édouard IV d'Angleterre, chef de la Maison d'York à la rose blanche, déposé par la Maison de Lancastre à la rose rouge ; l'armée des Lancastre prend la fuite, laissant plus de 2 000 morts sur le champ de bataille, et Édouard IV remporte une victoire décisive. 21 mai, Henri VI meurt dans sa prison de la Tour de Londres (probablement sur ordre d'Edouard IV). 27 mai, après la mort de Georges de Poděbrady, roi hussite de Bohême (22 mars), la diète de Bohême élit Vladislas IV de Bohême, fils du roi de Pologne Casimir le Grand, qui sera couronné le 22 août. Les cagots de Moumoure près Oloron ne peuvent aller déchaussés parmi les gens, entrer au moulin pour moudre le grain (ils doivent le donner à la porte au meunier), laver aux fontaines ou lavoirs qui servent aux autres habitants, danser et jouer avec les autres ; ils n'ont pas le droit d'avoir des bestiaux ni de faire du labourage (ils doivent vivre de leur métier de charpentiers, menuisier ou bucherons comme anciennement) ; il leur est prescrit de demander l'aumône accoutumée en chaque maison, en reconnaissance de leur chrestiantat. 26 juillet, à Rome, mort du pape Paul II.


Note
1 Histoire des républiques italiennes du moyen âge, Vol. 10, Jean-Charles-Léonard Simonde Sismondi ; Treuttel et Würtz, 1826.

Sources


Pape suivant : Sixte IV
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 08/07/2023

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