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Enea Silvio (Æneas Silvius) Piccolomini naît le 18 octobre 1405 à Corsignano-Sienne (Toscane). Après des études de lettres et de droit à Sienne et à Florence, il est le secrétaire de divers prélats au concile de Bâle où il affirme son opposition au pape Eugène IV. Secrétaire de l'antipape Félix V dès son élection le 5 novembre 1439, il est envoyé à la diète de Francfort-sur-le-Main en 1442. Il devient poète impérial et secrétaire privé de l’empereur germanique Frédéric III. Il écrit plusieurs ouvrages sous le nom d'Æneas Silvius : des poésies érotiques, des comédies très libres, un roman d’amour, L’Histoire de deux amants (1444), et une Histoire de la Bohême. Son Libellus dialogorum de Concilii auctoritate (1440) fait de lui un des tenants des théories conciliaires (limitation des pouvoirs du pape) ; à cette époque, il écrit au chancelier impérial Schlick : « Soyons hypocrites, puisque tout le monde l’est, et tirons parti des hommes tels qu’ils sont ». Il a un enfant illégitime avec une Anglaise rencontrée à Strasbourg. Le 14 mars 1446, il est ordonné prêtre et se range du côté d'Eugène IV (qui lui accorde son pardon et le nomme secrétaire apostolique) et fait valoir l’autorité du pape au sein de l’Empire. Il est appelé à l’évêché de Trieste (1447) par le nouveau pape, Nicolas V, et continue son action diplomatique en réconciliant Frédéric III (dont il négocie le mariage avec Élisabeth de Portugal) et la papauté et en contribuant à la conclusion du concordat de Vienne ; il échange en 1450 son évêché contre celui de Sienne ; il est successivement nonce en Autriche, en Hongrie, en Bohême, assiste comme légat à plusieurs diètes de l’Empire et rend en ces diverses circonstances de grands services au Saint-Siège ; en 1453, il exhorte le pape et les rois à défendre Constantinople contre les Turcs. En 1456, il est le conseiller de Calixte III qui le nomme cardinal prêtre de Sainte-Sabine, le 18 décembre. Il est élu pape, le 19 août 1458, par la majorité italienne du conclave, contre le Français Robert d’Estouteville, et choisit le nom de Pie ; il est intronisé le 3 septembre. Pie II est un mécène (non exempt de népotisme), un théologien, un orateur, un diplomate, un historien, un géographe et un poète ; en tant que pape, il doit dire parfois des choses en contradiction avec les théories du savant humaniste qu’il a été, quand on lui en fait la remarque, il répond : « Eneam rejicite, Pium recipite » (= Rejetez Enea, recevez Pie). Il s'oppose aux trafics d'esclaves et aux persécutions des juifs : en 1462, il blâme les chrétiens portugais établis en Guinée de réduire les néophytes nègres en servitude. Il essaie de reprendre en tant que souverain pontife le projet de croisade qu’il a soutenu comme écrivain et négociateur, contre les Turcs de Mahomet II qui viennent de s’emparer de Constantinople mais les princes d’Europe répondent froidement à cet appel ; il prêche, sans succès, la croisade au congrès de Mantoue (1459-1460) ; Pie II reçoit les ambassadeurs des souverains de Perse, de Trébizonde, d’Arménie, qui réclament son concours pour amener les princes de l’Europe à reprendre Constantinople, tombée au pouvoir de Mahomet II : l’Allemagne, l’Angleterre et la France refuse de s’associer à ce projet ; le pape essaie de gagner le sultan des Turcs en lui envoyant une lettre qui ne lui parvient peut-être pas. Pie II tente de restaurer la suprématie du Saint-Siège et condamne inlassablement les appels aux conciles ; il mène une longue lutte contre les doctrines antipontificales et l’hérésie utraquiste ; il amène Louis XI à abroger la pragmatique sanction de Bourges. Il souffre de la goutte. Il meurt dans la nuit du 14 au 15 août 1464 à Ancône au moment où il va embarquer à la tête de la flotte qu’il a financée contre les Turcs. Prophétie de Malachie : De capra et Albergo (De la chèvre et de l’auberge). Au sujet de Jeanne d'Arc, Pie II a écrit dans ses Mémoires : "Etait-ce oeuvre divine ou humaine? Il me serait difficile de l’affirmer. Quelques-uns pensent que les Anglais prospéraient, les grands de France étant divisés entre eux, sans vouloir accepter la conduite de l’un des leurs; peut-être que l’un d’eux plus sage et mieux éclairé aura imaginé cet artifice, de produire une vierge divinement envoyée, et à ce titre réclamant la conduite des affaires. Il n’est pas un homme qui puisse refuser d’avoir Dieu pour chef; c’est ainsi que la direction de la guerre et le commandement militaire ont été remis à la Pucelle." 1458. 19 août, élection du pape. Pie II approuve les constitutions des Clarisses codifiant la réforme de Colette de Corbie (+ 1447) : selon la règle suivie, on distingue aujourd’hui clarisses urbanistes, clarisses colettines et clarisses capucines. 14 octobre, le pape émet une bulle invitant à prendre la croix contre les Turcs. 23 novembre, Matthias Corvin Ier dit le Juste, fils de Janos Hunyadi, est élu roi de Hongrie. 26 décembre, à Nantes, mort du duc de Bretagne, Arthur III, dit Le Connétable de Richemont ou Le Justicier, qui créa les Compagnies d'ordonnance, sorte de gendarmerie de l'époque ; son neveu, François II, lui succède. 1459. Pour la fête de Pâques, Vlad III Dracula invite 200 boyards avec leurs familles, à un grand repas : les femmes et les vieillards sont exécutés, les autres sont asservis pour servir de main-d’œuvre à la construction d’un château près du fleuve, lors de laquelle beaucoup mourront d’épuisement. 24 avril, Fra Mauro, un religieux camaldule italien, aidé par Andrea Bianco, achève sa carte du monde (mappemonde). Le pape déclare hérétique la Théorie conciliaire (décrets de réforme pris par le concile de Bâle) et réaffirme la puissance temporelle de la papauté. Pie II fonde les universités de Bâle et Ingolstadt. Le pape crée l'Ordre de Notre-Dame de Bethléem pour garder et défendre l'île de Lemnos, reprise sur les Turcs, qui s'en étaient emparés. 21 juin, ouverture du concile de Mantoue (jusqu’en 1460) : les envoyés de Charles VII, roi de France, imposent au pape, pour condition première de la participation de la France à la croisade contre les Turcs, la reconnaissance des droits de René d’Anjou au trône de Naples et la déposition de Ferdinand d’Aragon ; le pontife refuse d’accéder à cette demande et menace Charles VII de ses armes spirituelles s’il ne veut point casser la Pragmatique sanction ; le concile décide la reprise de la Croisade contre les Turcs le 26 septembre, mais la Guerre civile en Hongrie entre les partisans de l’empereur Frédéric III et Mathias Corvin en compromettra la réalisation. 23 septembre, en Angleterre, durant la Guerre des Deux-Roses, Bataille de Blore Heath : la Maison d'York vainc la Maison de Lancastre. 12 octobre, en Angleterre, Bataille de Ludford Bridge : victoire de la Maison de Lancastre sur la Maison d'York. 12 novembre, bulle du pape Pie II fondant l'université de Bâle. 14 novembre, lettre Cum sicut accepimu condamnant les Propositions de Zaninus de Solcia, notamment la proposition : "tous les chrétiens seront sauvés". 1460. 18 janvier, au concile de Mantoue, Pie II, par la bulle Exsecrabilis et pristinis, décrète que quiconque provoque ou souscrit un appel au concile contre le pape encourt la peine d’excommunication majeure. De retour à Rome, le pape fait mettre à mort un nommé Tiburce qui a provoqué des troubles populaires. 4 avril, fondation de l’Université de Nantes par François II, duc de Bretagne. 4 avril, fondation de l'Université de Bâle. 11 juin, Pie II reproche sa sexualité au vice-chancelier de l’Eglise, Rodrigo Borgia (futur Alexandre VI). Les États de Béarn demandent l'application des règlements prescrivant aux cagots de porter sur leurs vêtements la marque de pied d'oie ou de canard permettant de les distinguer et qu'ils ont abandonnée. La capitale maya Mayapan est détruite par un soulèvement paysan : fin de la civilisation maya. 10 juillet, Bataille de Northampton, la Maison d'York l'emporte sur la Maison de Lancastre. 3 août, au Siège de Roxburgh, Jacques (James) II d'Écosse est tué accidentellement par un de ses canons : Jacques III lui succède. 13 novembre, mort d'Henri le Navigateur, Prince de Portugal et Duc de Viseu, sans descendance ; il ne fut jamais un navigateur, mais un mécène qui finança les expéditions portugaises. 30 décembre, Guerre des Deux-Roses, Bataille de Wakefield : victoire des Lancastre ; Richard d'York est tué. 1460/1461. Dans Cribratio Alkorani, Nicolas de Cusa ou de Cues (+ 1464), cardinal et ami du pape, reconnaît au prophète Mahomet le mérite d’avoir adapté aux rudes populations du désert une vérité en elle-même inaccessible et souligne le rôle que le prophète accorde à Jésus, et s’efforce, après Raymond Lulle, de présenter la Trinité et l’Incarnation comme des exigences philosophiques implicitement contenues dans la révélation islamique. 1461. 17 février, Seconde Bataille de Saint-Albans en Angleterre (Guerre des Deux-Roses) : victoire de la Maison de Lancastre qui libère son roi Henri VI, détenu jusqu'alors par la Maison d'York. 29 mars, à environ 16 kilomètres au sud-ouest d'York, Bataille de Towton, la plus sanglante et la plus grande des batailles lors de la Guerre des Deux-Roses ; malgré la victoire de la Seconde Bataille de Saint-Albans (17 février), les troupes de la Maison de Lancastre ne peuvent s'emparer de Londres et décident de battre en retraite avant l'arrivée des troupes d'Edouard IV et de Richard Neville ; les troupes fraîches de John Mowbray de la Maison d'York les poursuivent ; la bataille dure plus de 10 heures ; Henri VI est détrôné par Edouard IV. 22 juin, Paix entre Scanderbeg et Mehmet II, l’Albanais Skanderberg (du turc Iskender Bey ; vrai nom = Gjergi Kastrioti), soutenu par le pape, Venise, Naples et la Hongrie, convainc les Turcs à accepter un armistice de 10 ans (non respecté). 28 juin, couronnement d'Edouard IV, fils de Richard d'York, comme roi d'Angleterre. 22 juillet, à Mehun-sur-Yèvre, mort de Charles VII le Victorieux qui s’est laissé mourir de faim à cause d’une infection dentaire mais aussi parce qu’il craignait que son fils (le futur Louis XI) l’empoisonnât (l’insoumission du dauphin Louis était flagrante dès 1447, date à partir de laquelle il complota contre le roi avec les féodaux) ; à la mort de Charles VII, le dauphin, en révolte ouverte, se réfugié à la cour de Bourgogne. 28 juin, Edouard IV est proclamé roi d'Angleterre. En Pologne, Paix avec les Teutoniques. 15 août, à Reims, sacre de Louis XI dit le Prudent ou l’Universelle Aragne (araignée). 15 août, le dernier réduit byzantin, Trébizonde, est pris par les Ottomans. Le pape obtient du nouveau roi Louis XI l’abrogation de la Pragmatique sanction, ce que le roi confirme par sa lettre du 27 novembre. 1462. 11 mars, la reine Juana Enríquez, épouse de Jean II d'Aragon, abandonne Barcelone révoltée après la mort de Charles de Viane (Charles d'Aragon, probablement empoisonné en 1461) et se réfugie à Gérone où elle est soutenue par la Révolte des paysans (Remensas) contre les nobles ; elle sera assiégée le 5 juin par l'armée de la Principauté de Catalogne menée par Hug Roger de Pallars ; c'est le début de l'Insurrection des Catalans. Louis XI concède aux Bayonnais deux foires annuelles, l’une au printemps, l’autre début août. 27 mars, mort de Vassili II : début du règne d'Ivan III le Grand, prince de Moscou, le 28. 31 mars, Pie II prononce l’interdit sur la Bohême ; il déclare les hussites hérétiques et se refuse à toute concession en matière doctrinale (les moines franciscains, comme Jean de Capistran, encouragent les provinces catholiques du royaume de Bohême, telles que la Silésie ou la ville de Breslau, à résister à l’autorité du régent, puis du roi). 28 avril, une bulle du pape interdit la dégradation des monuments antiques de Rome. 9 mai, Traité de Bayonne, dans un contexte de guerre civile catalane, Jean II d'Aragon réclame l'aide de Louis XI de France (200 000 écus) en échange de laquelle il cède de manière temporaire les comtés de Roussillon et de Cerdagne. 30 juin, près de Mannheim en Allemagne, le comte palatin Frédéric Ier remporte la Bataille de Seckenheim sur le margrave de Bade et les évêques de Metz et de Spire, qu'il fait prisonniers. A Francfort sur le Main, les juifs résident dans un quartier spécifique. 17 septembre, victoire polonaise sur l'Ordre Teutonique à la Bataille de Puck en Pologne. En octobre, le pape lance un nouvel appel à la croisade et lance l'anathème à ceux qui achètent de l'alun aux Turcs. 20 octobre, Louis XI défend aux marchands français de se rendre aux foires de Genève, afin de favoriser celles de Lyon. 26 novembre, Mathias Corvin fait arrêter Vlad l’Empaleur qui est emprisonné à Visegrád en Hongrie : il justifie ce retournement de situation auprès du pape Pie II en invoquant la trahison de Vlad qui aurait offert ses services au sultan, et en racontant les atrocités commises par l’Empaleur ; début du règne de Radu le Bel, frère de Vlad, voïévode de Valachie. 2 décembre, les Viennois, qui s'étaient révoltés à cause des exactions des mercenaires non payés de l’empereur Frédéric III, doivent signer le Traité de Korneubourg. 1463. 5 janvier, un Arrêt du Parlement commue en bannissement pour 10 ans la sentence de mort prononcée à l’encontre du poète François de Montcorbier (ou des Loges) connu sous le nom de son éducateur, le chapelain Guillaume de Villon. 7 mai, grand incendie de Toulouse. Entre le 29 mai et le 10 juin, le Bosniaque bogomile Radak livre la place forte de Jajce (Yaiche) à Mehmed II ; le prince Stepan Tomasevic est décapité ; le sultan s’empare de la Bosnie (la plupart des chrétiens qui se convertissent à l’islam sont des bogomiles) et menace les cités vénitiennes de la côte dalmate. 1er août, bulle Ineffabilis summi Providentia Patris appelant à un concile général. 12 septembre, Traité d'alliance militaire contre les Turcs entre la ville de Venise et la Hongrie. 15 septembre, Bataille navale de Zatoka Swieza : les Chevaliers teutoniques sont repoussés par la Confédération prussienne. 22 octobre, bulle proclamant solennellement la guerre sainte : alarmé des progrès faits par les Turcs, le pape lance un appel à la chrétienté et prépare une expédition qu'il veut diriger en personne. 1er novembre, sur ordre de Mehmet II, David II Comnène, basileus de Trébizonde, est assassiné à Constantinople avec ses fils : leurs restes sont éparpillés dans la campagne. 16 décembre, Mathias Corvin, aidé par le pape, reprend la ville de Jajce et repousse les Turcs. 1463-1479. La guerre, éprouvante pour Venise, conduit les Turcs dans le Frioul, tandis que tombent Nègrepont (l’Eubée) et Argos. 1464. En février, Louis XI cède à Francesco Sforza tous ses droits sur Gênes. 23 février, mort de Ming Zhengtong, empereur de Chine : son fils Ming Xianzong lui succède. Pie II offre au sanctuaire de Lorette un calice d'or pour avoir été guéri d'une maladie. A l'aube du 23 avril, naissance de Jeanne de Valois que Louis XI refuse de voir parce que c'est une fille ; trois semaines plus tard, le roi la fiance à son cousin, Louis d'Orléans, qui a deux ans à peine. 19 juin, le roi Louis XI de France crée la Poste aux lettres, une série de relais le long des grands chemins du royaume, afin de transporter le courrier royal. En juin, Pie II prend la croix à Saint-Pierre et arrive à Ancône à la mi-juillet. Dans la nuit du 14 au 15 août, mort du pape Pie II à Ancône au moment où il va embarquer à la tête de la flotte qu’il a financée contre les Turcs. Sources Pape suivant : Paul II Liste des papes Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 25/05/2024 | |