Symmaque

Caelius Symmachus, fils de Fortunatus, né à Simagia (Sardaigne) vers 440, est diacre à Rome.
Le 22 novembre 498, jour de l’élection de Symmaque, le patrice Festus lui reproche d'être, dans la lignée de son prédécesseur Anastase II, trop favorable à l'Eglise de Constantinople ; il entraîne une partie du clergé à élire souverain pontife l’archidiacre Laurent ; à la suite de troubles qui se produisent à Rome au sujet de cette double élection, on convient de prendre pour arbitre le roi Théodoric (bien qu’il soit arien) qui se prononce en faveur de Symmaque, lequel nomme Laurent évêque de Nocera (1er mars 499).
Mais la décision prise par Symmaque de fixer Pâques au 25 mars fait renaître le schisme et, en 502, les partisans de Laurent accusent Symmaque d’adultère, de rapacité, de simonie et de bien d'autres crimes. Ils prennent possession des églises de Rome et veulent convoquer un nouveau concile, mais le roi Théodoric se déclare incompétent pour juger du pape légitime. Le concile de la Palme (23 octobre et 6 novembre 502) déclare Symmaque innocent des accusations portées contre lui.
Peu après, l’empereur Anastase Ier accuse Symmaque de manichéisme devant un autre concile, mais, encore une fois, le pontife montre qu’il n’est point coupable de pactiser avec cette hérésie, d’autant plus facilement qu’il a persécuté et chassé de Rome les manichéens dès son avènement au pontificat.
Symmaque décrète que le pape ne peut être jugé par personne.
Il lutte pendant le reste de son pontificat contre les hérésies de Nestorius et d’Eutychès.
Il restaure les églises de Rome, en particulier Saint-Paul hors les Murs, bâtit des petites habitations pour les pauvres, ouvre des lieux d'accueil pour les pèlerins et construit une résidence sur la colline vaticane qui sera ainsi la première résidence pontificale en ce lieu.
Il meurt le 19 juillet 514.
Saint Symmaque est fêté le 19 juillet.

On lui attribue l’introduction dans la messe du Gloria in excelsis, ainsi que 12 Lettres adressées à divers évêques et au patrice Libère.

"Il connut le schisme de Laurent, qui s'était fait élire pape en même temps que lui par une partie du clergé. Il lui reprochait d'être dans la lignée de son prédécesseur Anastase, trop favorable à l'Église de Constantinople. C'est le roi Théodoric, pourtant arien, qui lui donna raison. Saint Symmaque réunit un concile, avec ses opposants et Laurent lui-même, ramenant la paix pour un temps. Sa décision de fixer Pâques au 25 mars fait renaître le schisme et les partisans de Laurent profitent d'un voyage à Ravenne pour l'accuser de simonie et de bien d'autres crimes. Ils prennent possession des églises de Rome et veulent convoquer un nouveau concile, mais le roi Théodoric se déclare incompétent pour juger du pape légitime, ce qui donnait raison à saint Symmaque. La situation s'apaisera peu à peu. A partir de ce moment, saint Symmaque consacre ses énergies à restaurer les églises de Rome, en particulier saint Paul hors les Murs, bâtit des petites habitations pour les pauvres, ouvre des lieux d'accueil pour les pèlerins et construit une résidence sur la colline vaticane qui sera ainsi la première résidence pontificale en ce lieu." 5


498. 22 novembre, élection du pape dans la basilique du Latran ; l'antipape Laurent est élu le même jour avec le soutien du sénateur Festus et une partie dissidente du clergé qui souhaitent un rapprochement avec l'Église de Constantinople.

499. 1er mars, le concile de Rome (72 évêques), présidé par le pape Symmaque, prend plusieurs décrets pour empêcher les abus qui se commettent lors de l’élection d’un pape ; soutenu par Théodoric le Grand, Symmaque évince l'antipape Laurent et le nomme évêque de Nocera en Campanie (le schisme laurentien recommencera en 502). Le concile de Perse, tenu par Babowaï II ou Babaeus II, catholicos de l'Église d'Orient (498 à 503), se prononce pour le mariage des prêtres et des moines. 2 septembre, la conférence épiscopale de Lyon regroupe catholiques et ariens, en présence du roi Gondebaud : Avit l'évêque de Vienne y défend l'orthodoxie 6.

500. Devant Dijon, Clovis, qui a pris le parti de l’oncle de Clotilde, Godegisel, contre son frère Gondebaud, roi des Burgondes, triomphe de celui-ci. Théodoric, roi ostrogoth, (palais à Ravenne), maître de l’Italie après la guerre de 489-493, se rend à Rome où il est accueilli comme un empereur par le sénat, le pape et le peuple.

502-549. L’empereur de Chine, Liang Wudi, fervent bouddhiste, proscrit le taoïsme.

502. 29 mars, à Lyon, Gondebaud, roi des Burgondes (dont le royaume s’étend de la Bourgogne actuelle à la basse vallée du Rhône et des Cévennes à la Suisse occidentale) publie la Lex burgundionum (dite loi gombette) pour les Burgondes et la Lex romana burgundonium pour les sujets romains du Royaume ; il légalise le duel judiciaire 1 lorsque dans un procès le demandeur refuse de prêter serment. 23 octobre, à Rome, le concile de la Palme déclare Symmaque déchargé des accusations portées contre lui. 6 novembre, l'édit, qui régit l'administration des possessions de l'Eglise, publié par le préfet Basile en 483, est déclaré invalide et Symmaque émet un nouvel édit concernant l'administration de ces propriétés et en particulier leur vente.

503. Un concile romain approuve le Livre Apologétique présenté par son auteur, le diacre Eunodius, qui écrit que le Saint-Siège rend impeccables ceux qui l’occupent ou plutôt que Dieu ne permet d'y monter qu'à ceux qu'il a prédestinés à être saints 2. Césaire est évêque d’Arles.

504. Concile romain anathématisant les usurpateurs des biens de l'Eglise s'ils ne les restituent pas. 7 mai, l'empereur de Chine Wudi Liang (Xiao Yan), converti au bouddhisme, proscrit les communautés taoïstes qu'il persécute (en 527 pendant trois jours, puis à nouveau en 529 et 547, il abdiquera pour entrer dans le monastère de Tongtai comme moine).

506. 2 février, publication à Aire-sur-Adour du Bréviaire d'Alaric (Lex romana wisigothorum), code de lois inspiré du Code de Théodose, destiné à régir les sujets romains du royaume wisigoth (proposé par le roi Alaric II, il est approuvé par des évêques et des notables gallo-romains). 10 septembre, à Agde, un concile, autorisé par Alaric II bien qu’il soit de religion arienne, tenu à l’église Saint-André-d’Agde sous la direction de Césaire d’Arles, réunit 24 évêques catholiques (dont Galactorius de Benarno/Lescar, Grat d'Oloron, Gratien de Dax, Tétrade de Bourges et Lizier du Couserans), et 10 délégués de prélats qui élaborent 48 canons : tout chrétien doit recevoir la communion 3 fois par an, à Pâques, à la Pentecôte et à Noël ; le précepte dominical (devoir des fidèles de participer à la Messe dominicale) est confirmé (canon 47) ; le peuple doit recevoir la bénédiction du Saint-Sacrement après l’Office du soir (Canon 30) ; le 17e précise certaines modalités concernant l’ordination : « Nul métropolitain ne devra prendre sur lui d’ordonner prêtre ou évêque, quiconque ne sera pas âgé de 30 ans qui est l’âge de l’homme parfait, ni de faire diacre tout sujet n’ayant pas atteint sa 25ème année... » ; le concile définit dans quelles conditions le baptême doit être administré aux Juifs : « les Juifs qui veulent se rallier à la foi catholique doivent, à l’exemple des catéchumènes, se tenir pendant 8 mois sur le seuil de l’église ; si, au bout de ce temps, leur foi est reconnue sincère, ils obtiendront la grâce du baptême » ; le concile rappelle que tout chrétien, clerc ou laïc, doit s’abstenir de prendre part aux banquets des Juifs 3 ; alors que les conciles régionaux de Gaule ont déjà abrogé le diaconat féminin (Nîmes 394-396, Orange 441), le concile interdit de donner le voile aux moniales avant l’âge de 40 ans (selon Chalcédoine, en 451, on ne pouvait ordonner les diaconesses avant cet âge) ; le canon 20 défend aux clercs de porter des habits qui ne convenaient point à leur état, c’est-à-dire qu’ils commençaient dès lors à s’écarter des règles de la modestie et de la bienséance ; le concile met en vigueur la tonsure (fin en 1972). 16 septembre, à Lyon, mort de Carétène (en latin : Caretena), reine des Burgondes, épouse du roi Gondebaud.

507. A Vouillé, Clovis, surnommé par les évêques le soldat de la Trinité, bat les Wisigoths d’Alaric II qu’il tue de sa propre main [satisfait par cette victoire, l’empereur d’Orient Anastase aurait fait remettre à Clovis les insignes de consul) et conquiert l’Aquitaine ; les Wisigoths sont repoussés en Espagne ; la tradition chrétienne veut que Clovis attribua sa victoire à la protection de Saint Martin et Saint Hilaire, et que Saint Martin devint alors le saint patron des Francs. En Palestine, des moines et d'autres chrétiens sont cruellement massacrés pour leur foi par les Perses commandés par Alamundar.

508. Après avoir éliminé par le meurtre tous les chefs susceptibles de menacer son pouvoir (notamment le roi des Francs Ripuaires Sigebert et son fils Chlodéric) et les membres de sa famille (à l’exception de ses enfants), Clovis s’installe à Paris dont il fait sa capitale, y établit son gouvernement et fonde l’abbaye de Sainte-Geneviève.

510. Construction de la cathédrale d’Egara (Terrassa en Catalogne).

511. Mort de Fridolin, moine irlandais, qui évangélisa la Rhénanie. 10 juillet, à Orléans, Clovis réunit le premier concile national pour réorganiser l’Eglise des Gaules (l’Aquitaine étant nouvellement conquise) ; le concile des Gaules, présidé par Cyprien l'archevêque de Bordeaux, décrète, dans son 1er canon, le droit d'asile aux fugitifs qui se réfugieraient dans une église ; il prescrit la pratique des Rogations ; il décrète la soumission canonique des monastères aux évêques diocésains ; Mélaine, l'évêque de Rennes, participe à la rédaction du droit canon et s’évertue, ensuite, à le faire respecter notamment en ce qui concerne les règles liturgiques et le célibat des prêtres 4 ; Aventin II l'évêque de Chartres (+528), Godard (+ 525) l'évêque de Rouen, Camélien l'évêque de Troyes et Loup l'évêque de Soissons, souscrivent au concile. 27 novembre, à Paris, mort de Clovis ; peu avant sa mort il a partagé son royaume entre ses 3 fils : Clodomir (+ 524) à Orléans, Childebert à Paris et Clotaire Ier à Soissons ; un royaume était né où les populations gallo-romaines et franques se mêlaient, unies dans une même religion ; la nation franque ne retourne plus à l'état de tribus, et, du moins, n'est plus fractionnée entre Saliens et Ripuaires ; Clovis est présenté comme l’ancêtre de la nation et comme celui qui, par son baptême, a fait de la France la fille aînée de l’Eglise.

512. 3 janvier, mort de Geneviève, nonagénaire : elle est inhumée (à côté de Clovis puis avec son amie Clotilde qui les rejoindra en 545) dans l’église (Saint-Etienne-du-Mont) qu’elle a fait bâtir par Clovis sur la montagne (mont Lucotitius) qui portera son nom ; les reliques de la sainte seront profanées le 21-11-1793 et brûlées place de Grève. A Lyon, hôpital-hôtel. 8 octobre, le pape écrit aux évêques d'Illyrie pour leur demander de ne pas maintenir les hérétiques dans la communion.

513. Césaire, archevêque d'Arles, crée une église aux Saintes-Maries-de-la-Mer : Sancta Maria de Ratis (Sainte Marie de la Barque qui deviendra Notre-Dame de la Barque et même Notre-Dame de la Mer).

514. 11 Juin, Symmaque nomme Césaire d'Arles vicaire apostolique du Saint-Siège en Gaule et en Espagne ; Césaire évangélise les campagnes de Gaule. 19 juillet, mort de Symmaque.


Notes
1 Phénomène inconnu dans l’Antiquité, le DUEL JUDICIAIRE a été introduit en Occident par les Germaniques au début du Moyen Age, époque à laquelle on avait recours au combat pour trancher des litiges relatifs à des crimes ou à la propriété de terres. Le duel destiné à venger l’honneur n’a jamais été légalisé. Le 29 mars 502, à Lyon, Gondebaud, roi des Burgondes (dont le royaume s’étendait de la Bourgogne actuelle à la basse vallée du Rhône et des Cévennes à la Suisse occidentale) publia la Lex burgundionum (dite "loi gombette") pour les Burgondes et la Lex romana burgundonium pour les Romains ; il légalisa le duel judiciaire lorsque dans un procès le demandeur refusait de prêter serment. La coutume du duel judiciaire s’étendit progressivement à l’ensemble de la France où elle était généralisée du Xe au XIIIe siècle (seuls nobles et hommes libres étaient admis). Un accusé pouvait avoir recours à l’ORDALIE, alors nommée JUGEMENT DE DIEU. Elle était autorisée par l’Eglise en cas de litige relatif à une de ses propriétés. L’accusateur et l’accusé se battaient en duel devant le juge ou bien l’accusé seul se soumettait à une épreuve (fer rouge, eau bouillante, immersion, etc.). Lothaire Ier (795-855), empereur d'Occident (840-855), interdit la pratique de l'ORDALIE PAR LA CROIX car personne n'oserait faire une épreuve par la croix, de peur de faire mépriser la passion du Christ. Les deux parties, l'accusateur et l'accusé, étaient placées, pendant la messe, devant une croix, et devaient garder les bras à l'horizontale ; le premier qui montrait des signes de fatigue en laissant retomber un bras était déclaré coupable. Son grand-père Charlemagne avait demandé, dans son testament, qu'on eût recours à cette épreuve pour régler les différends provoqués par le partage de son Empire entre ses fils. Au début du IXe siècle, Agobard, évêque de Lyon, s'était prononcé contre toutes les ordalies en parlant de la détestable opinion de ceux qui prétendent que Dieu fait connaître sa volonté et son jugement par les épreuves de l'eau et du feu. L'épreuve par l'eau bouillante consistait en ceci : l'accusé saisissait un fer rouge ou trempait sa main dans l'eau bouillante; puis la main brûlée était mise sous scellés; si, au bout de trois jours, la plaie était en voie de guérison, l'accusé était considéré comme innocent; dans le cas contraire, on le tenait pour coupable. L'épreuve de l'eau froide, introduite par le Pape Eugène II, avait lieu de la façon suivante : on plongeait l'accusé, pieds et poings liés, dans une cuve d'eau froide : s'il surnageait, l'eau le rejetait, il était traité comme coupable; s'il allait au fond, il était considéré comme innocent. Le bienheureux Robert d'Arbrissel, mort en 1116, pratiquait l'ordalie.
2 Histoire universelle par Louis-Philippe Ségur, volume 10
3 Cette interdiction, peu respectée, fut renouvelée par d’autres conciles : Epône, 517 ; Orléans, 538 et Mâcon, 581 ; d’après des sources historiques, les évêques eux-mêmes n’obéissaient pas à ces prescriptions ; par ailleurs nombreux étaient ceux qui entretenaient des rapports chaleureux avec les Juifs comme en atteste un témoignage à propos de Cautinus, évêque de Clermont entre 551 et 571.
4 Né à Placs, sur les bords de la Villaine, Mélaine a été contraint par les fidèles et tout le clergé d’accepter le sacre épiscopal et le gouvernement du diocèse de Rennes après la mort de saint Amand, en 505. Une basilique lui est dédiée à Rennes.
5 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1537/Saint-Symmaque.html
6 http://fr.wikipedia.org/wiki/499

Sources


Pape suivant : Hormisdas. Antipape : Laurent
Liste des papes


Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 11/10/2024

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