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A mes petis-enfants... Généralisé par le pape Grégoire Ier le Grand (590-604), qui, dans ses homélies, compte quatre semaines pour le temps liturgique précédant Noël, l’Avent (du latin adventus = arrivée, venue, avènement) apparaît en Espagne et en Gaule, dès la fin du IVe siècle, comme un temps de jeûne précédant les baptêmes qu’on célébrait lors de l'Epiphanie ; il représente la période de la préparation de la venue du Christ. Les quatre semaines du sacramentaire grégorien font loi dans la Gaule franque au VIIIème siècle. On donnait primitivement le nom d'Avent au jour de Noël, jour de l’avènement du Seigneur : Adventus Domini. Ce n'est qu'à partir du VIIe siècle que ce mot désigne les semaines précédant Noël. En 380, le concile de Saragosse prescrit aux fidèles d'être assidus à l'église du 17 décembre à l'Epiphanie. Dans les premiers siècles de l'Église on jeûne, pendant l'Avent, trois fois par semaine : le lundi, le mercredi et le vendredi. Perpétue de Tours (+ 490) institue un jeûne de trois jours par semaine allant de la Saint Martin (11 novembre) à la Nativité. Il est fait mention de ce jeûne (qui ne semble avoir été prescrit qu'aux ecclésiastiques) dans le neuvième canon du 1er concile de Mâcon (581). Le premier concile de Mâcon et Grégoire de Tours (+ 594) parlent du temps de la préparation à Noël. Dans les homélies du pape Grégoire Ier, il n’est plus question de l’observance d’un jeûne. L’Avent commence actuellement le dimanche le plus proche du 30 novembre (quatrième dimanche avant Noël), ne comporte pas de jeûne et marque le début de l’année ecclésiastique. Les quatre dimanches symbolisent les quatre saisons et les quatre points cardinaux. Dès l’Avent la maison tout entière se parait dans l’attente du grand jour : couronne de l’Avent sur la table, sur la porte d’entrée, guirlandes autour des portes, lumière chaude des bougies. Ces réjouissances manifestaient la volonté des hommes de conjurer l’arrivée effrayante des longues nuits. "() le Christ est l'espérance de l'humanité. C'est Lui le sens véritable de notre présent, car il est notre avenir sûr. L'Avent nous rappelle qu'Il est venu, mais également qu'Il viendra. Et la vie des croyants est une attente permanente et vigilante de sa venue". (Jean Paul II, Angelus, 1er décembre 2002) "Le terme "avent" signifie "venue" ou "présence". Dans le monde antique il indiquait la visite du roi ou de l’empereur dans une province ; dans le langage chrétien il se réfère à la venue de Dieu, à sa présence dans le monde ; un mystère qui enveloppe entièrement le cosmos et l’histoire, mais qui connaît deux moments culminants : la première et la seconde venue de Jésus Christ. La première est l’Incarnation ; la seconde est le retour glorieux à la fin des temps." (Benoît XVI, 3 décembre 2012, Angelus) La couronne de l’Avent La couronne de l’Avent est un ancien symbole aux significations multiples. Les couronnes rondes de l’Avent évoquent le soleil et annoncent son retour. Nos ancêtres du nord de l’Europe, qui craignaient de voir le soleil disparaître pour toujours, habillaient leur logis au cœur de l’hiver de couronnes composées de feuillages verts. Les marchés de Noël font partie des traditions de l'Alsace et apparaissent en même temps que le début de l'Avent avec sa légendaire couronne. En Allemagne, on connaît la couronne de l’Avent seulement depuis la Première Guerre Mondiale. Pour les chrétiens, cette couronne est aussi le symbole du Christ-Roi, le houx rappelant la couronne d’épines posée sur la tête du Christ. Les bougies de l’Avent Sur la couronne de l'Avent, on place quatre bougies. Chaque dimanche du temps de l'Avent on en allume une de plus. Noël sera là lorsque la dernière des bougies de l’Avent sera allumée. Le plus souvent les bougies sont rouges pour évoquer le feu et la lumière. Sur les couronnes d’inspiration suédoise, les bougies sont blanches, couleur de fête et de pureté. En Autriche on les choisit violettes car cette couleur est symbole de pénitence. Le calendrier de l’Avent Le calendrier de l’Avent, avec ses 24 cases, serait né, au XIXe siècle, de l’imagination d’un père de famille autrichien voulant calmer l’impatience de ses enfants : il découpait des images pieuses qu’il leur remettait chaque matin. Le calendrier de Noël s'est progressivement transformé : les motifs religieux et les images de saints qui décoraient autrefois les cases ont laissé la place à une iconographie profane. En 1908, Gehard Lang, éditeur de livres médicaux à Munich, est le premier à commercialiser un calendrier composé de petits dessins colorés reliés à un support en carton. En 1920 est commercialisé le premier calendrier de l'Avent avec des petites portes ou fenêtres à ouvrir. En 1958 apparaissent les premières surprises en chocolat 46. Aujourd'hui, les calendriers de l’avent proposant de l’alcool sont loin d’être une bonne idée, selon les addictologues qui y voient une manière sournoise d’inciter à l’alcoolisme. Dictons météorologiques C'est aux Avents qu'on a coutume de planter. Tel Avent, tel printemps. La neige des Avents a de longues dents. Quand secs sont les Avents, abondant sera l'an. Historique Noël, mot apparu vers 1112, de nael issu de natalis dies (= jour de la naissance), désignait également au Moyen Âge un "cri de réjouissance poussé par le peuple pour saluer un événement heureux", comme l'indique le Centre national de ressources textuelles et lexicales (CNRTL) du CNRS sur son site. D’autres étymologistes supposent que Noël vient de la contraction de deux mots gaulois "noio" qui signifie nouveau et "hel" = soleil. La fête religieuse chrétienne de Noël, appelée aussi Nativité, commémore la naissance de Jésus enfanté par la Vierge Marie à Bethléem (où le roi David serait né aussi) 40. "Joseph monta de Galilée, de la ville de Nazareth, en Judée, à la ville de David, qui s'appelle Bethléem, parce qu'il était de la maison et de la famille de David, pour se faire recenser avec Marie son épouse, qui était enceinte" (Luc 2, 4-5). L’archéologue israélien Aviram Oshri a mené entre 1992 et 2003 au nord d’Israël des fouilles, qui ont mis au jour les vestiges d’une occupation juive au premier siècle, et d’une basilique chrétienne du VIe, associée à un monastère et une hôtellerie pour pèlerins. Le tout, près de Bethléem… en Galilée, à 100 kms au nord du lieu présumé de la nativité. Pour lui il s’agirait donc simplement d’une méprise sur le nom du lieu de naissance du Christ, permettant d’en attester la descendance davidique... Jésus-Emmanuel "C'est le Seigneur lui-même qui doit vous donner un signe. Le voici : la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu'elle appellera Emmanuel" (Isaïe 7,14). " Et elle enfantera un fils, et tu lui donneras pour nom Jésus (= Seigneur, sauve !, ndlr), car il sauvera son peuple de ses péchés. Or tout cela arriva afin que fût accompli ce qu'avait dit le Seigneur par le prophète : Voici que la Vierge sera enceinte et enfantera un fils ; et on lui donnera pour nom Emmanuel, ce qui se traduit : Dieu avec nous. Réveillé de son sommeil, Joseph fit ce que l'ange du Seigneur lui avait commandé : il prit chez lui son épouse. Et il ne la connut point jusqu'à ce qu'elle enfantât son fils, et il lui donna pour nom Jésus" (Matthieu, 21-25) "Le Verbe s’est fait chair et il est venu habiter parmi nous » (Jean 1, 14). Selon la théologie chrétienne, le Logos (la Parole de Dieu ou le Verbe) se serait fait chair en devenant Jésus-Christ. Les chrétiens célèbrent Noël à quatre dates différentes : le 25 décembre, le 6 janvier, le 7 janvier (et aussi le 19 janvier à Jérusalem). Les Eglises orthodoxes et certaines Eglises catholiques de rites orientaux célèbrent le 7 janvier (dans le calendrier grégorien, qui correspond au 25 décembre dans le calendrier julien : 13 jours de différence). C’est donc la même date, car aujourd’hui, le calendrier civil dans le monde est le calendrier grégorien). Certains orthodoxes célèbrent Noël le 25 décembre, et certains catholiques le 7 janvier suivant la localisation de la communauté : diaspora ou pays de l’Eglise mère 34. Les Arméniens apostoliques célèbrent Noël et le Baptême du Seigneur le 6 janvier partout dans le monde, sauf le 19 janvier à Jérusalem, en raison de la pérennité du statut séculaire qui est fixé depuis des siècles par la législation ottomane. Selon le Liber Pontificalis, le pape Télesphore (125-136) décide de substituer à la célébration païenne du solstice d’hiver, la naissance du Sauveur, Lumière du monde. Vers l’an 200, Clément d'Alexandrie (150-215), enseignant en Égypte, rapporte que plusieurs groupes de chrétiens tentent de déterminer la date exacte de la naissance de Jésus : "Certains ont déterminé non seulement l’année de la naissance de notre Seigneur, mais aussi le jour ; et ils disent que cela a eu lieu dans la 28e année d’Auguste, et le 25e jour du mois égyptien Pachon [le 20 mai dans notre calendrier]". Les Basilidiens célèbrent, eux, le baptême de Jésus correspondant à une naissance symbolique, le quinzième jour du mois de Tybi, ou encore le onzième (10 ou 6 janvier). Clément lui-même avance une date qui correspond au 18 novembre. Hippolyte de Rome situe la naissance de Jésus un mercredi 2 avril. Suivant un passage du De Pascha Computus, rédigé en Afrique en 243, Jésus est né le mercredi V des calendes d'avril, soit le 28 mars. Le culte de Sol Invictus (Soleil Invaincu), dieu syrien, est promu par l'empereur d'origine syrienne, Elagabal ou Héliogabale (218-222) surnommé, en 220, grand-prêtre du Soleil invincible. L'empereur Aurélien, né en Pannonie d’une prêtresse du Soleil, institutionnalise le culte solaire de Sol Invictus, divinité très populaire dans les armées du Danube, et à laquelle peuvent adhérer aussi bien les Orientaux adorateurs de Baal d'Émèse que les élites cultivant le néo-platonisme. L’empereur Aurélien fait construire à Rome un temple à Sol Invictus qui est desservi par un nouveau collège de prêtres, les Pontifices Solis, et dédicacé le 25 décembre 274, jour de la naissance du soleil invaincu (Dies Natalis Invicti Solis). Aurélien saura bénéficier du soutien des adeptes de Mithra dont le culte est proche de celui de Sol. Les adeptes du culte du dieu indo-iranien Mithra (culte importé de Syrie par les légions romaines aux premiers siècles de notre ère et florissant jusqu’au Ve siècle) se réunissent le 25 décembre, dans des grottes, pour fêter l’anniversaire de la naissance de Mithra, issu d’un rocher (saxigenus) ou d'une pierre (petra generatrix) comme le feu du silex. L’iconographie mithriaque montre le dieu émergeant des rocs en présence et avec l’aide des bergers. Le culte comprend un repas, commémorant le festin pris par Mithra et le Soleil après la création du monde, et le sacrifice d’un taureau (taurobole). Le sang du taureau sacrifié pour la nouvelle année symbolise l’énergie mâle venant féconder la terre et lui redonner vie pour un autre cycle annuel. L’initié reçoit le baptême de sang qui lui assure l’immortalité de l’âme. Le sang du taureau, égorgé par un pieu sacré au-dessus d’une fosse où se trouve le fidèle, purifie et régénère celui qu’il inonde : le baptisé est renatus in aeternum (= re-né pour l’éternité). La colline du Vatican de Rome avait été consacrée à Mithra ; des ruines à caractère mithraïque y ont été découvertes. Vers 318, dans son ouvrage Sur l’incarnation du Logos, Athanase écrit que le Logos (la Parole ou le Verbe, ndlr) est devenu homme afin que les hommes deviennent dieux. Le péché avait voué les hommes à une corruption dont l’aboutissement était la mort. En prenant une chair, le Logos a récapitulé en lui l’humanité tout entière et l’a revêtue de sa propre incorruptibilité. Le baptême permet à tout homme de participer à cette divinisation. Le Logos, Loi de l'Être dans la philosophie d'Héraclite, est Dieu, source des Idées, chez Platon. Chez les stoïciens, le logos est sort, raison ; chez les néo-platoniciens, c’est un des aspects de la divinité. "La Parole était Dieu" (Jean 1,1). "En elle était la vie et la vie était la lumière des hommes" (Jean 1,4). "La Parole s’est fait chair et elle a habité parmi nous" (Jean 1,14). En 336, l’empereur romain Constantin - qui s'est convertit au christianisme - choisit le 25 décembre pour célébrer la naissance de Jésus, qui coïncide également avec les fêtes du solstice d’hiver (la fête dure alors 12 jours, de Noël à l’Épiphanie). Le 25 décembre 336, une messe de Noël est célébrée à Rome (première messe de la Nativité, célébrée un 25 décembre, connue) : le calendrier Depositio martyrium (Liste des martyrs de Rome) indique que 8 jours avant le 1er janvier, on célèbre la naissance de Jésus : Natus Christus in Bethleem di Juda 40. En 337, le pape Jules Ier choisit le 25 décembre comme début de l’année. En 354, le pape Libère finit par imposer la date du 25 décembre comme jour de la naissance du Christ, afin de christianiser la fête païenne concurrente de Mithra et de Sol invictus. Les enseignes de Julien l’Apostat (361-363), adorateur du soleil, portent la devise Sole Invicto. A Constantinople, on fête à la fois la Nativité et le baptême de Jésus, le 6 janvier, puis uniquement le baptême, lorsque la capitale orientale, à la suite de l'Église de Rome, adopte, en 379, la fête de Noël à la date du 25 décembre. 35 D'après Epiphane (+ 403) les Arabes de Pétra célébraient la naissance de Dusarès le 25 décembre, comme à Rome on fêtait à cette date le Natalis Solis invicti, depuis Aurélien (Panarion, 51, 22). L'évêque de Chypre écrit même que Dusarès était chanté par les Arabes comme fils d'une vierge nommée Khaamou ou Khabou (?). D'après les auteurs grecs et romains, le dieu Dusarès était identifié à Dionysos. 41 Le 22 juin 431, le concile d’Ephèse proclame Marie Theotokos (= mère de Dieu). "Je trouve très surprenant qu’il y ait des gens pour se demander vraiment si la Sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu. Car si notre Seigneur Jésus est Dieu, comment la Vierge qui l’a porté et mis au monde ne serait-elle pas la Mère de Dieu ? Telle est la foi que nous ont transmise les Saints Apôtres, même s’ils n’ont pas employé cette expression." (Cyrille d'Alexandrie, Lettre aux moines d'Égypte, 431) Vers 525, Dionysius Exiguus (Denys le Petit), moine scythe, met au point, à la demande du pape Jean Ier, une table de calcul de la date de Pâques (Liber de Paschate) où les années sont comptées depuis la naissance du Christ qu’il fixe au 25 décembre de l’an 753 de la fondation de Rome : la date du 25 décembre n‘est pas due au hasard ; elle a été fixée 9 mois après l’Annonciation le 25 mars (apparue vers 500-550). En 567, le concile de Tours décide de considérer la période de 12 jours entre la veillée de Noël et l'Epiphanie comme sacrée. Si la messe de minuit est célébrée dès le Ve siècle, c’est sous le pontificat de Grégoire Ier le Grand (590-604), que sont instaurés les trois autres offices de Noël : la vigile (au soir du 24 décembre), le service du lever du jour, suivi d’une messe en matinée. Mahomet (570-632) déclare Marie intouchée du diable. Le Coran enseigne (XXI, 91) : "Nous soufflâmes notre Esprit à celle qui a conservé sa virginité ; nous la constituâmes, avec son fils, un signe pour l'univers" 24. "Et celle (la vierge Marie) qui avait préservé sa chasteté ! Nous insufflâmes en elle un souffle (de vie) venant de Nous et fîmes d'elle ainsi que de son fils, un signe (miracle) pour l'univers" 3. Serge Ier, pape de 687 à 701, établit les 4 fêtes mariales : Annonciation (popularisée sous le nom de "Notre Dame de Mars"), Dormition, Nativité et Purification. "Les chants de Noël se développent à partir du XVIe siècle. Ils connaissent un essor considérable à travers des recueils appelés Bibles de Noël, apportés par les colporteurs, et que ceux qui savent lire chantent aux autres" 29. Pendant la veillée de Noël, on allume trois bougies : une pour les morts, une pour les vivants, une pour ceux à naître, dit-on dans certaines régions, tandis qu’on évoque à travers elles la Trinité dans d’autres. Enfin, on donne double ration de fourrage au bétail qui aurait, paraît-il, le don de la parole cette nuit-là 29. A partir de 1583, les fêtes publiques de Noël sont interdites par les presbytériens écossais et les puritains anglais. La coutume de manger de la dinde vient des États-Unis où les Pères pèlerins de Plymouth dégustèrent cette volaille le quatrième jeudi de novembre 1621, en compagnie des Amérindiens Wampanoag, et remercièrent Dieu de ses largesses (Thanksgiving Day). En 1647, le parlement puritain britannique interdit la célébration de Noël, considérée comme un festival papiste sans justification biblique, et qui de plus est un jour de gaspillage de denrée et de comportements immoraux ; le parlement remplace la fête par un jour de jeûne. 43 "En Alsace [.], on dit qu’il faut pour le repas de Noël un élément de l’eau (poisson), un de la terre (porc) et un du ciel (oiseau) pour évoquer l’ensemble de la Création. En Provence, on met trois nappes (la Trinité) et on doit servir sept légumes (comme les sept jours de la semaine) puis treize desserts (comme Jésus et les douze apôtres)". "Au Moyen Âge, sur les tables des nobles, le plat de Noël le plus apprécié est la hure de sanglier portant dans sa gueule un fruit rond comme le soleil, une pomme par exemple, symbole de lumière. Tué dans les fermes fin novembre ou début décembre, le porc était aussi fort goûté. En Normandie, le réveillon s’appelait même la Fête à cochon ! Cochons de lait grillés, rôtis et jambons pour les tables les plus riches, saucisses, andouillettes et boudins pour le plus grand nombre. Aujourd’hui, le boudin noir reste toujours de mise à Noël. Quant au boudin blanc, il date du Moyen Âge et se compose de blanc de poulet et de mie de pain, mêlés de crème, d’œufs, d’oignons, d’épices, parfois de truffes." "Parmi les oiseaux, l’oie tient depuis toujours une place privilégiée. Mais on dégustait aussi autrefois les cygnes et les paons, farcis ou rôtis, parce qu’ils étaient particulièrement beaux. Le paon n’était pas plumé : on enlevait délicatement la peau avec les plumes, on le faisait rôtir puis on le servait sur un grand plat, sa tête décapuchonnée et son aigrette dressée, recouvert de sa robe de plume avec sa queue splendide. Quant au chapon, il revient à la mode aujourd’hui seulement, après avoir été servi sur les tables des châteaux d’hier." "Le foie gras avait sa place sur la table des rois, il y a quelques siècles ; dans le recueil de recettes de 1664 d’un cuisinier du roi, on trouve déjà une recette de foie gras frit." "Le réveillon du 24 décembre était autrefois un repas maigre, cette veillée de fête étant jour de jeûne, du moins d’abstinence de viande. On y mangeait plutôt des poissons, les rôtis ou les cochonnailles étant prévus pour le lendemain, jour de Noël. En Provence, on préparait aussi bien l’anguille que le thon, la daurade, la sole, le merlan frit ou grillé. La morue était servie en raïto, sauce provençale aux tomates, au vin rouge, aux olives et aux câpres, ou bien en brandade avec de la purée. En Touraine, on privilégiait l’anguille, en Lorraine la carpe... Les huîtres ne figuraient guère autrefois que sur les tables princières ou celles des bords de mer, car le transport des denrées périssables était bien difficile. Mais, à défaut de coquillages, de nombreuses régions mettaient les escargots à l’honneur : à l’aïoli en Provence, à la cargolade, c’est-à-dire avec du lard fumé, en pays catalan." "Pour accompagner les volailles de Noël, on choisit le plus souvent des légumes secs ou des fruits. En Provence, il faut même que les légumes soient sept, comme les jours de la semaine." "Fruits secs, épices et graines diverses ont toujours été utilisés dans les gâteaux de Noël, avec du miel, le sucre étant rare. Chaque région avait ses gâteaux : tourtes aux fruits, oriquettes ou gaufres en Lorraine, bretzels briochés ou pains de Noël en Alsace, canistrelli en Corse... En Provence, il fallait treize desserts pour évoquer Jésus et ses apôtres. Les gâteaux variaient d’une ville à l’autre, mais on y trouvait toujours des fruits, du nougat et de la pompe, gâteau à base de farine, de sucre et d’eau de fleur d’oranger, de la forme d’un disque solaire allant jusqu’à 50 cm de diamètre. Les fruits confits apparurent au XVIe siècle, le chocolat au XVIIe siècle, mais avec un développement très lent. Enfin, la bûche de Noël n’a été inventée qu’en 1870 par des pâtissiers parisiens." 29 En Bretagne, la veillée de Noël commence dès que l’on peut compter neuf étoiles au firmament, symbolisant les neuf mois d’attente de la Vierge avant la naissance du Christ. Celui qui veut voir ses vœux exaucés doit faire le jeûne des neuf étoiles, c’est-à-dire ne rien avoir mangé depuis le matin jusqu’au moment où ces neuf premières étoiles brillent au firmament. Il peut ensuite, s’il maintenait son index droit dans l’eau du bénitier pendant toute la durée de la messe de minuit, apercevoir l’Ankou (la Mort) et le voir désigner de son doigt tous ceux qui doivent mourir dans l’année. On peut obtenir la même information du dernier trépassé si l’on a le courage de demeurer dans l’ossuaire pendant toute la durée de l’office... Les menhirs et les dolmens vont boire cette nuit-là l’eau des rivières, dégageant l’or caché à leur pied (par exemple les menhirs de Plouhinec à la rivière d’Ethel). Mais il est fort dangereux d’aller chercher ces richesses car on risque d’être écrasé par le retour des pierres si l’on n’est pas assez rapide… 29. La première carte de vœux apparaît en 1843, quand Sir Henry Cole, conservateur du musée Victoria et Albert de Londres, fait appel à John Calcott Horsley pour qu’il lui dessine une carte illustrée portant la mention : Merry Christmas and Happy New Year. De 1850 à 1867, Charles Dickens (1812-1870) écrit de nombreuses nouvelles sur le thème de Noël ; elles sont tellement belles qu’un industriel anglais, bouleversé à leur lecture, décide de donner tous les ans un jour de congé à ses employés pour le 25 décembre. 29 En 1890, le vin chaud, consommé sous l'Empire romain, devient une véritable tradition de Noël. À cette époque, les premiers marchés éphémères de la saison hivernale commencent à peine à pointer le bout de leur nez et notamment dans les régions de l'Est telles que l'Alsace et la Lorraine. Le vin chaud, aussi appelé vin épicé, y devient alors une boisson très prisée par les visiteurs. Désormais composé d'épices et de divers agrumes aux effluves délicatement sucrés, ce doux mélange ravit les papilles. Également très populaire en Allemagne, le vin chaud donne lieu à des compétitions amicales entre les marchands qui proposent chacun un cru de leur propre fabrication. C'est de cette façon que le vin chaud s'inscrit peu à peu dans le folklore de Noël et gagne de manière officielle de nombreux pays (Perrine Némard, Jellyfish). Chaque 25 décembre au matin, le pape donne, en public, sa bénédiction urbi et orbi [= à la ville (c’est-à-dire Rome) et à toute la Terre]. Noël est la seule fête d’origine religieuse célébrée dans le monde entier. Le 17 décembre 2020, le Parlement irakien reconnaît Noël comme jour férié officiel. Selon le sondage réalisé par l'institut TNS-Sofres les 7 et 8 novembre 2007 et publié dans l'hebdomadaire catholique français Le Pèlerin, 27% des personnes interrogées ont le sentiment de vivre la dimension religieuse de Noël et 72% ne l'ont pas. Il existe aussi des personnes allergiques à Noël, appelées natalophobes, qui sont plus nombreuses qu'on ne l'imagine... La Commission européenne, dans un document interne, recommande de ne plus souhaiter un joyeux Noël, préférant la formule joyeuses fêtes décrite comme une salutation plus ouverte et plus inclusive pour les personnes qui ne célèbrent pas Noël ; face à la polémique, le document est retiré le 30 novembre 2021 afin d'être revu (?!) ; la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, assure le pape François que l’Union européenne s’inspire de l’héritage culturel, religieux et humaniste de l’Europe. LES 12 JOURS DE NOEL : Ils relient tout simplement Noël à l’Épiphanie. Depuis sa christianisation, dès le Ve siècle, tous les jours sont des jours de fête, instaurés par le Concile de Tours (567). Cette belle pratique compte donc douze fêtes qui suivent celle de Noël et qui s’achèvent à l’Épiphanie, le 6 janvier, connue comme étant la « douzième nuit ». Ces douze fêtes sont les suivantes : 26 décembre : Saint Étienne, le premier martyr 27 décembre : Saint Jean l’Évangéliste 28 décembre : les Saints Innocents 29 décembre : Saint Thomas Becket 30 décembre : Saint Roger, sixième jour de l’octave de Noël 31 décembre : Saint Sylvestre 1er janvier : Sainte Marie, Mère de Dieu 2 janvier : Saint Basile 3 janvier : Sainte Geneviève, ou le jour de l’octave de Saint Jean 4 janvier : Sainte Angèle Foligno, ou le jour de l’octave des saints Innocents 5 janvier : Saint Édouard le Confesseur 6 janvier : l’Épiphanie Le solstice d’hiver Le solstice d’hiver (la nuit la plus longue) intervient le 21, le 22 ou le 23 décembre en fonction des années – bissextiles ou non. Tous les païens célébraient le solstice d’hiver, lorsque la lumière va regagner sur la nuit. Le solstice d’hiver marquait le début de l’année pour les Scandinaves et les Germains, qui considéraient cette plus longue nuit d’hiver comme la Nuit des Mères (Modraniht), mentionnée par Bède le Vénérable (De temporum ratione, XIII), celle durant laquelle le monde a été créé. La nuit des Mères était associée à la fête de Jul, fête de la fécondité, et au sacrifice saisonnier aux Elfes (Alfablot). A noter, chez les Romains, l'existence d'une déesse du solstice (Diua Angerona), fêtée le 21 décembre (Diualia), qui permettait le franchissement des passages étroits, et de Janus, le dieu des portes, fêté en janvier, qui a le double visage de l’an mourant et de l’an naissant. On fête encore, un peu partout en Europe, le solstice d’hiver, en se réunissant autour d’un grand feu, puis on saute par-dessus en se souhaitant un avenir meilleur, souvent une naissance. La grande bougie de Noël a été longtemps d'un usage très répandu en Angleterre, en Irlande et dans les pays scandinaves. Durant la période des douze nuits, on l'allumait tous les jours, quelques instants, afin qu’elle se consumât jusqu'au bout lors de la dernière nuit. Dans l'Antiquité, les fêtes de la Lumière se déroulaient au solstice d'hiver et au solstice d'été. Malgré la défiance qu'il montrait pour les religions ayant existé avant son implantation, le christianisme conserva ces pratiques qu'il masqua, au solstice d'hiver, sous les noms de fête de Noël (Nativité de Jésus, le 25 décembre) et fête de saint Jean l'évangéliste (le 27 décembre ), et, au solstice d'été, sous le nom de fête de la Nativité de saint Jean-Baptiste (24 juin). "Ce mystère de salut, en plus du mystère historique, a une dimension cosmique : le Christ est le soleil de grâce qui, avec sa lumière, « transfigure et illumine l'univers en attente ». La date-même de la fête de Noël est liée au solstice d'hiver, lorsque les journées, dans l'hémisphère boréal, commencent à rallonger." (Benoît XVI, 21-12-2008, source: VIS) Des Saturnales aux Sigillaires Les Saturnalia (Saturnales), fêtes célébrées en l’honneur de Saturne (dieu de l’agriculture), duraient du 17 au 23 décembre, se terminant avec les Larentalia, fêtes honorant Acca Larentia, femme du berger Faustulus et nourrice de Romulus et de Rémus 49. Seuls le 17, le 19, le 21 (Diualia) et le 23 étaient proprement festi (réservés aux dieux), les autres simplement feriati (chômés). La foule se répandait dans les rues aux cris rituels de « Io ! Saturnalia ! Bona Saturnalia ! ». On décorait les maisons de plantes vertes, houx et sapins. Hommes et femmes portaient des guirlandes autour du cou. Les esclaves pouvaient être temporairement libérés de leur servitude ; des repas rituels (dapes = viande rôtie et vin) leur étaient servis par leurs maîtres ; le changement de rôle entre le maître et l'esclave était déterminé ou non par tirage au sort. Tous, quittant la toge, revêtaient la tunique, vêtement des pauvres et des esclaves, et coiffaient le pileus libertatis (= bonnet de liberté), le bonnet conique de l’esclave affranchi, symbole de liberté. Les réjouissances, souvent licencieuses, prenaient la première place. Généralement, parmi les jeunes soldats, un roi était tiré au sort, grâce à une fève ; il pouvait commander tout ce qui lui plaisait. Parfois, les soldats tiraient au sort un condamné à mort qui devenait roi le temps des réjouissances ; une fois les Saturnales achevées, la sentence était exécutée. Les étrennes. Le Jour de l'An. La tradition des étrennes du Jour de l'an se perd ; cette coutume est pourtant bien ancienne. Les Babyloniens, il y a environ 4 000 ans, sont les premiers à avoir pris des engagements pour la nouvelle année (qui deviendront plus tard des résolutions). Ils sont également la première civilisation (selon nos connaissances actuelles) à avoir organisé des célébrations en l'honneur de la nouvelle année. Cependant, pour eux, l'année ne commençait pas en janvier, mais à la mi-mars, au moment des semailles. Pour les Babyloniens, les résolutions du Nouvel An étaient liées à la religion, à la mythologie, au pouvoir et aux valeurs socio-économiques (https://www.slate.fr/story/238558/prendre-bonnes-resolutions-tradition-vieille-4000-ans-nouvel-an-histoire-civilisations). Chez les Romains, les Sigillaires (Sigillaria), après les Saturnales, clôturaient les fêtes de décembre et donnaient lieu à des festins pour lesquels les maisons étaient décorées de plantes vertes. Les enfants se voyaient remettre des petits sceaux et autres babioles ; on échangeait des étrennes [du latin strena (= pronostic, présage, signe) signifiant cadeau pour servir de bon présage, pour porter bonheur]. Les strenae étaient à l’origine des objets rituels : chandelles de cire (cerei) et poupées d’argile (figurine - sigillum - simulant sans doute un sacrifice humain) ; ensuite des sommes d’argent ou des cadeaux, surtout des friandises (dattes et miel), furent offerts. Selon une légende romaine, Tatius, le roi des Sabins (co-roi de Rome avec Romulus en 745 av. J.-C., mort en 740) a été le premier à recevoir un présent de la déesse Strenia ou Strenua, déesse sabine de la force et de la santé, à laquelle un bois était consacré (près du Colisée, au bout de la Via Sacra). Au début de chaque année, on y coupait des rameaux qu'on portait au Capitole. Selon Symmaque, un auteur tardif du IVe siècle, Tatius avait l'habitude d'offrir aux principaux personnages de Rome des rameaux de verveine (une plante très précieuse à cette époque) cueillis dans le bois sacré. En 46 avant J.-C. (soit en l’an 708 de la fondation de Rome), Jules César réforma le calendrier avec l’aide de l’astronome Sosigène d’Alexandrie en adaptant le calendrier agricole italique au calendrier (d'origine égyptienne) établi par l'astronome grec Eudoxe au IVe s. av. J.-C. L’an 709 de Rome (45 av. J.-C. des chronologistes, - 44 en notation algébrique des astronomes) commença le 1er janvier (le Jour de l'An était auparavant célébré en mars). Les Romains dédièrent ce jour à Janus, le Dieu des portes et des commencements, qui avait deux faces : l'une tournée vers l'avant, l'autre vers l'arrière ; le mois de janvier (januarius) doit son nom à Janus, divinité à laquelle était consacrée une colline de Rome. Dans ses Fastes, oeuvre parue vers 15, Ovide (+ 17 ou 18) fait mention des paroles joyeuses faites par les citoyens de la capitale, des prières adressées au dieu Janus, le dieu des commencements et des fins, des sacrifices d'animaux et des offrandes de fruits et de miel. On ouvre les portes des temples. On échange des vœux. Cependant le jour n'est pas férié. Comme c'est un jour faste, les tribunaux sont en activité. Vêtus de vêtements blancs, les Romains accompagnent en procession les nouveaux consuls de leur domicile au temple de Jupiter Capitolin 48. "L'usage de donner des étrennes nous vient des Romains. (…) Les chrétiens, ayant triomphé du paganisme, défendirent les étrennes comme entachées d'impiété." (Comettant Jean Pierre Oscar, 1819-1898) "On trouve l'usage des étrennes établi à Rome dès la plus haute antiquité. Sous les premiers rois, on avait coutume d'envoyer aux magistrats, comme marque de déférence, des rameaux cueillis dans le bois sacré de Strenia. De là le nom de strenia, puis strena = étrenne. « Le premier qui, nous apprend cette coutume, dit Jacob Spon dans sa lettre sur l'Origine des étrennes (1674, ndlr), est Symmachus, auteur ancien. D'après lui, l'usage des étrennes fut introduit sous le règne du roi Tatius Sabinus, qui reçut le premier la verveine du bois sacré de la déesse Strenia, en signe de bon augure de la nouvelle année ; soit que les Romains vissent quelque chose de divin dans la verveine à la façon de nos druides gaulois qui avaient en telle vénération le gui de chêne qu'ils allaient le cueillir avec une serpe d'or le premier jour de l'année ; soit qu'ils fissent un rapprochement entre le nom de cette déesse Strenia, dans le bois de laquelle, ils prenaient la verveine, et le mot strenuus, qui signifie vaillant et généreux. Aussi le mot strena, qui signifie étrenne, se trouve quelquefois écrit strenua chez les anciens. On en vint ensuite à faire des présents consistant en figues, dattes et miel, comme pour souhaiter à ses amis qu'il n'arrivât rien que d'agréable et de doux dans le reste de l'année. Plus tard les Romains, quittant leur première simplicité et changeant leurs dieux de bois en des dieux d'or et d'argent, commencèrent à être aussi plus magnifiques en leurs présents et à s'en envoyer ce jour-là de différentes sortes et de plus considérables ; mais ils s'envoyaient particulièrement des monnaies et médailles d'argent, trouvant qu'ils avaient été bien simples dans les siècles précédents de croire que le miel fût plus doux que l'argent, comme Ovide fait agréablement dire à Janus. Avec les présents, ils se souhaitaient mutuellement toutes sortes de bonheurs et de prospérités pour le reste de l'année, et se donnaient des témoignages réciproques d'amitié. Enfin, l'usage des étrennes devint peu à peu si général sous les empereurs, que tout le peuple allait souhaiter la bonne année à l'empereur, et chacun lui portait son présent d'argent selon son pouvoir, cela étant estimé comme une marque d'honneur et de vénération qu'on portait aux supérieurs ; au lieu que maintenant la mode est renversée, et ce sont plutôt les grands qui donnent les étrennes aux petits, les pères à leurs enfants et les maîtres à leurs serviteurs. Auguste en recevait en si grande quantité, qu’il avait pris l'habitude d'en acheter des idoles d'or et d'argent, parce que, étant généreux, il ne voulait pas appliquer à son profit les libéralités de ses sujets. Tibère, son successeur, qui était d'une humeur plus sombre, s'absentait exprès les premiers jours de l'année, pour éviter l'incommodité des visites du peuple, qui serait accouru en foule pour lui souhaiter la bonne année, et désapprouvait que Auguste eût reçu des présents, parce qu'il fallait faire de la dépense pour prouver au peuple sa reconnaissance par d'autres libéralités. Ces cérémonies occupaient même si fort le peuple les six ou sept premiers jours de l'année, que Tibère fut obligé de publier un édit par lequel il défendait les étrennes, passé le premier jour de l'année. Caligula, qui posséda l'empire immédiatement après Tibère, et qui se faisait autant remarquer par son avarice que par ses autres mauvaises qualités, fit savoir au peuple par un édit qu'il recevrait, le jour des calendes de janvier, les étrennes qui avaient été refusées par son prédécesseur; et pour cet effet il se tint tout le jour dans le vestibule de son palais, où il recevait à pleines mains l'argent et tous les présents qui lui étaient offerts par la foule du peuple. En 1793, un édit déclara les étrennes d'inutilité publique." 4 En 1175, estrener signifiait faire un cadeau à quelqu'un 17. En 532, l'Église (Boniface II) décida de faire commencer l'année au 1er janvier. En France, le Jour de l'an n'a pas toujours été le 1er janvier : la nouvelle année commence à cette date depuis l'Édit de Roussillon du 9 août 1564, promulgué par le roi Charles IX, et, en vertu duquel l’année commencerait le 1er janvier à partir du 1er janvier 1567. Dans tous les pays catholiques, sur décision du Saint-Siège (Grégoire XV), l’année calendaire commença le 1er janvier 1622. En de nombreux bourgs et villages de France, des tournées de quêtes étaient organisées, le premier jour de l’An, par les enfants et les mendiants. Ils allaient de maison en maison, chantant ou jouant de la musique pour souhaiter la bonne année, et recevaient des étrennes : friandises, victuailles ou pièces d’argent 29. En Savoie, au Jour de l'an et au mois de janvier, on donnait des cornets de friandises ou de l'argent aux enfants, appelés étrennes, à chaque fois que l'on rendait visite à des membres de la famille. Le Jour de l'an, on rendait visite à des amis pour souhaiter la bonne année. C'est à ce moment de l'année que le personnel de maison, les gardiens, concierges, etc., reçoivent leurs étrennes, une somme d'argent versée par l'employeur qui récompense ainsi la qualité du service rendu au cours de l'année écoulée. Le 29 novembre 1789, l'Assemblée nationale constituante, considérant qu'il s'agissait d'une forme de corruption, décida de supprimer les étrennes reçues par les agents de l'État. En décembre 1791, un décret de l'Assemblée flétrit les étrennes comme entachées d'aristocratie. En 1793, la Convention, qui avait proclamé l'an I de la République le 22 septembre 1792 (1er Vendémiaire An I), ne se contenta pas de jeter au bûcher les jolis cartons historiés du XVIIIe siècle, mais fit défense de célébrer le jour de l'An de la monarchie ; elle s'en prit aux visites et aux souhaits du jour de l'An, décrétant que quiconque en ferait serait puni de mort. A l'époque de la Terreur, pour le jour de l'An, les gouvernants allaient jusqu'à faire décacheter ce jour-là les lettres à la poste, pour s'assurer si tous ont oublié le calendrier grégorien et les souhaits de bonne année, rapporte Beffroi de Reigny dans son Dictionnaire néologique. 50 Les cartes de voeux se sont répandues en 1840 en Grande-Bretagne, avec l'apparition du premier timbre-poste. Il s'agissait, au départ, de cartes de Noël illustrées envoyées durant la période de l'Avent : elles sont devenues, peu à peu, des cartes pour souhaiter une bonne année à ses proches. D'origine païenne, les étrennes ont été condamnées comme pratique diabolique par les Pères de l'Église dont saint Augustin. Vers la fin du IVe siècle, Pacien, évêque de Barcelone, choqué de l'usage conservé par les fidèles de fêter le premier jour de l'année à la manière antique, par une cérémonie appelée Hennula cervula (la fête ou la cérémonie du Cerf), écrivit un livre pour en faire sentir l'immoralité aux chrétiens et les détourner de se travestir en bêtes sauvages, de courir la ville et les campagnes dans ce fol accoutrement et de se livrer à des jeux indécents. Avant le Concile Vatican II (25 décembre 1961 au 8 décembre 1965), l’Eglise catholique fêtait, le 1er janvier, le Nom de Jésus et la Circoncision de Notre Seigneur ; aujourd'hui elle fête Sainte Marie, mère de Dieu. En Occident, il est de coutume de fêter le Nouvel An par un banquet le soir du 31 décembre : c'est le réveillon de la Saint-Sylvestre. À minuit, une tradition veut que les Français se fassent la bise sous une branche de gui. Chez nos voisins espagnols, pas question de passer un Nouvel An sans une grappe de raisin à portée de main : en effet, la tradition leur demande de manger douze grains de raisin en rythme avec les douze coups de minuit afin de se porter bonheur pour la nouvelle année. En Écosse, on cherche à attirer la bonne fortune dans le foyer avec la tradition du "first footing". Elle consiste à mettre un invité dehors juste avant minuit pour qu'il frappe à la porte dès le début de la nouvelle année, et entre le premier dans la maison. Aux Pays-Bas, les sapins de Noël sont incendiés dans un feu de joie. Les Polonais prévoient douze plats pour la Saint-Sylvestre : chaque met représente un mois de l'année, et les partager avec ses proches est l'idéal pour leur souhaiter du bonheur pendant les douze mois à venir. Une noisette de crème sur un sol suisse la veille du Nouvel An est synonyme de chance et de prospérité. Au Nouvel An en Allemagne, il est de tradition de manger du pfannkuchen, un beignet fourré à la confiture ou à la liqueur. En Norvège et au Danemark, pour le réveillon du Nouvel An, on prépare un dessert nordique appelé kransekage: un grand gâteau sur plusieurs étages, à base de massepain et décoré de drapeaux et autres ornements. Les Danois sont convaincu que briser des assiettes sur le porche de leurs voisins porterait aussi bonheur ; ainsi, si vous trouvez de la vaisselle cassée sur votre seuil le 1er janvier, plus grande sera votre fortune pour l’année à venir. Les Finlandais lisent l'avenir dans l'étain fondu. Selon le folklore islandais, c'est au réveillon du Nouvel An que les morts quittent leur tombe. En Sibérie, on plonge à travers un trou dans un lac gelé, tout en déplaçant un tronc d'arbre sous la glace. Les Italiens pensent que porter des sous-vêtements rouges la nuit du réveillon du Nouvel An est une garantie d'amour, de prospérité et de bonne fortune. Recevoir en cadeau du massepain ou des cochons en chocolat est considéré comme porte-bonheur en Autriche ; en plus de ces friandises, les Autrichiens se régalent également d'un cochon de lait pour la nouvelle année. En Hongrie, la célèbre "roue du temps", le sablier de Budapest, est tournée à 180 degrés pour que l’écoulement du sable puisse reprendre au 1er janvier. Les agriculteurs roumains croient que le fait de communiquer avec leur bétail la veille du Nouvel An leur apportera de la chance pour les 12 mois suivants. Les Tchèques pensent qu'en coupant une pomme en deux et en examinant la forme de son trognon, il est possible de prédire ce que l'année à venir réserve. De nombreux ménages grecs accroche un oignon à la porte pour attirer la santé, la fertilité et la longévité pour l'année nouvelle. En Turquie, à minuit, il est de tradition d'ouvrir sa porte d'entrée et de saupoudrer le seuil de sel : les Turcs pensent que ce simple geste leur procure la paix et la prospérité, aussi bien chez eux qu'au travail. Dès que minuit sonne, il est coutume d'ouvrir un robinet. Bien évidemment, on ne le laisse pas couler pendant des heures, mais juste quelques minutes. Cette coutume symbolise le fait que l'argent et le bonheur vont couler à flot pour les mois à venir. En Arménie, un pain spécial, connu sous le nom de gata, est cuit à la veille du Nouvel An après avoir été préparé par des femmes qui pétrissent "la chance et la bonne fortune". Le soir du 31 décembre, les Canadiens, vêtus de leur plus beau costume, ont pour coutume de plonger à minuit dans l'eau glacée pour une course de 100 mètres. Au Québec, le soir du 31 décembre, la tradition impose aux hommes de s'habiller en femmes et aux femmes de s'habiller en homme. Aux Bahamas, le défilé de Junkanoo a lieu le jour de l'An. À la nouvelle année, la coutume mexicaine consiste à décorer sa maison de différentes couleurs, chacune représentant ses espoirs et ses désirs pour l'année suivante : le rouge représente l'amour, le jaune symbolise le travail, le vert l'argent. Au brésil, les habitants de Rio de Janeiro revêtent leurs plus belles tenues blanches (un symbole de paix et de chance) pour déposer des offrandes à la mer afin de se garantir une année pleine de richesses : des paniers d'osier concoctés pour l'occasion sont remplis de fleurs, de miroirs, de bijoux, de sucreries. Mais gare à ceux qui reviennent sur la plage : cela signifie que la déesse de la mer, Lemanjá, a refusé l'offrande et leur annonce douze mois de malchance. En Bolivie, de la monnaie est dissimulée dans des gâteaux et des biscuits cuits au four, et celui qui trouve une pièce décroche la bonne fortune l'année suivante. Les Équatoriens brûlent l'année passée lors du Nouvel An : des pantins à taille humaine, parfois à l'effigie de politiques peu appréciés, sont enflammés lorsque sonnent les douze coups de minuit. La veille du jour de l'An, les Colombiens transportent des valises vides toute la journée dans l'espoir de vivre une année de voyages. Si vous êtes au Pérou, assistez au festival Takanakuy, qui se tient près de Cusco dans la province de Chumbivilcas. Les habitants se rassemblent pour passer l'année en se battant pour régler leurs comptes. En Argentine, le soir du réveillon du 31 décembre, les coeurs perdus cherchant l'amour, se doivent de porter des sous-vêtements neufs et roses. Singapour est réputée pour ses sphères de vœux, des ballons flottant sur l'eau et contenant les espoirs des gens pour l'année à venir. Tout ce qui a la forme d'un cercle est considéré comme sacré aux Philippines, et cela inclut les robes à pois, des tenues très populaires lors du réveillon du Nouvel An et on cueille douze fruits ronds pour chaque mois de l’année, car ils symbolisent la prospérité. Au Japon, avant d'accueillir la nouvelle année, toute la famille se doit de donner un coup de main pour faire le ménage. Une tradition qui oeuvre à purifier l'intérieur. Ils ornent également leur demeure de décorations symboliques comme le shimenawa (une corde sacrée) ou le kadomatsu (une offrande décorative faite de pin et de bambou). Ensuite, pas de grande fête, puisqu'ils se couchent avant minuit pour contempler le premier lever du soleil de la nouvelle année. Dans la majorité du Japon, les temples bouddhistes sonnent la nouvelle année en faisant retentir leurs cloches 108 fois, un coup pour chaque péché humain de la croyance bouddhiste. Dans certaines régions d'Afrique du Sud, on célèbre le Nouvel An en jetant des meubles et des appareils usagés par la fenêtre. "L'année à venir n'existe pas. Nous ne possédons que le petit instant présent" (Sa'd od-Din Mahmoud Chabestari, poète ismaélien iranien 1288-1340). "Que cette année vous soit heureuse ; que la paix, le repos et la santé vous tiennent lieu de fortune." (Madame de Sévigné 1626-1696) "Saluons ensemble cette nouvelle année qui vieillit notre amitié sans vieillir notre coeur" (Victor Hugo 1802-1885). Le Moyen Age connut les fêtes des Fous, des Sots, des Innocents, de l'Ane, des Sous-diacres, des Cornards, etc. Ces fêtes, très populaires au moyen âge, étaient célébrées à Noël, à la Saint-Etienne (26 décembre), à la Saint-Jean d'hiver (27 décembre), aux Saints-Innocents (28 décembre), le 1er janvier (Circoncision), à l’Épiphanie (6 janvier) ou à d'autres dates ; elles résistèrent d'autant plus longtemps que l'on y trouvait un souvenir des Saturnales, des Lupercales et d'autres fêtes païennes, rappelant aux puissants de la terre que leur supériorité ne serait pas éternelle. L'Église institua le carnaval pour canaliser et contrôler les débordements des fêtes païennes célébrant notamment le solstice d'hiver et le retour de la lumière solaire. Voir dossier. Pour fêter Noël, toute la famille décore la maison pour lui donner un air de fête : le vert et le rouge sont les couleurs traditionnelles de Noël. La coutume de décorer la maison avec du feuillage est très ancienne. Le romarin Le romarin symbolise l'amitié. Il est réputé pour soigner l’épilepsie, le mal de tête, les hémorroïdes et la calvitie et pour donner une bonne mémoire. Il rendrait joyeux, pousserait à l’amour, attirerait succès et chance, protégerait de l’ivresse et fertiliserait les champs. Le lierre Le lierre symbolise l'affection et l’attachement amoureux. Il protégerait des mauvaises influences et des catastrophes. Porter des feuilles de lierre sur soi donnerait de la chance. Le houx Le houx est suspendu dans les maisons et au-dessus de la porte pour Noël. Toujours vert, il est signe de vie éternelle ; ses boules rouges sont censées porter chance et ses piquants éloigner les mauvais esprits. Les feuilles piquantes représentent la couronne du Christ et les drupes rouges, ses gouttes de sang. Le houx était sacré chez les Celtes, en raison du caractère persistant de son feuillage, de sa vitalité et de ses vertus médicinales. Le houx peut vivre très vieux, jusqu'à trois cents ans. Son bois, très dur, est employé surtout pour faire des manches d'outils. Les drupes, d'un rouge vif à la maturité, sont réputées émétiques (vomitives) et purgatives. Les feuilles ont été vantées comme diaphorétiques (sudorifiques) et fébrifuges. Selon une légende, un arbuste de houx a dissimulé la Sainte Famille à la vue des soldats d'Hérode qui avait ordonné le massacre des Innocents (une vingtaine d’enfants mâles de la région de Bethléem 40 âgés de moins de deux ans ; cf. Evangile de Matthieu II, 16). HERODE Ier le Grand (73 av. J.-C. – 4 av. J.-C.), roi de Judée en 37 av. J.-C. (tyran soutenu par les Romains), aventurier iduméen (d’Edom ou Idumée au sud de la Palestine), né de parents arabes (fils d'Antipatros, procurateur de Judée en 47 av. J.-C.), non juif mais pratiquant le rite juif, épousa Mariamne, princesse de lignée hasmonéenne (dynastie des Maccabées) qu’il fit exécuter par la suite. Il ordonna l’assassinat de son fils aîné et périt 5 jours après d’une maladie affreuse (peut-être phtiriasis) décrite par l’historien Joseph : « Une chaleur lente qui ne paraissait pas au-dehors le brûlait et le dévorait au-dedans. Il avait une faim si violente que rien ne suffisait pour le rassasier. Ses intestins étaient pleins d'ulcères ; de violentes coliques lui faisaient souffrir d'horribles douleurs. Ses pieds étaient enflés et livides. Les parties du corps que l'on cache avec le plus de soin étaient si corrompues que l'on en voyait sortir des vers ; il ne respirait qu'avec grand-peine et son haleine était si mauvaise qu'on ne pouvait approcher de lui ». Comme il avait prévu que sa mort réjouirait le peuple, il avait décidé de faire égorger les principaux notables après son décès : l’ordre ne fut pas exécuté. Grand bâtisseur, utilisant la technologie romaine, Hérode se lança dans de grands travaux de construction de 29 av. J.-C. à 9 av. J.-C.26 : théâtre et amphithéâtre de Jérusalem, puis reconstruction du Temple de Jérusalem à partir de 20 av. J.-C. qui fut un immense chantier où travaillèrent jusqu'à dix mille ouvriers. Il restaura la forteresse du Temple, l'Antonia, et les murailles de Jérusalem, fonda et rebâtit de nombreuses autres villes : Sébaste (Samarie), Panéion, près des sources du Jourdain, Césarée (Tour de Straton ainsi qu'un temple sur une colline dominant le port), Agrippium (Anthédon), Antipatris (Afek) aux sources du Yarkon, Phasaélis (au nord de Jéricho), ainsi que de nombreuses forteresses : Cypros, Hérodion, Massada, Alexandréion, Hyrcania, Machéronte. Il éleva aussi des monuments publics dans plusieurs villes de la côte méditerranéenne. Le port artificiel de Césarée, sur une côte plate et pauvre en mouillages, fut un des plus grands travaux de génie civil de cette période (https://fr.wikipedia.org/wiki/H%C3%A9rode_Ier_le_Grand). Le gui voir Le chêne Voir La symbolique du sapin, arbre toujours vert, signe de vitalité, est très ancienne. Depuis des temps reculés, les branches de cet arbre ornaient les demeures au moment du solstice d'hiver. En fait le sapin de Noël rejoint les antiques traditions liées aux arbres ou aux feuillages. En Suède, le sapin figure sur des gravures rupestres. Des conifères enguirlandés évoquaient déjà la vie éternelle aux temps les plus reculés de la Chine et de l'Égypte. Les anciens Égyptiens installaient une petite pyramide de bois, décorée et surmontée du disque solaire, pour fêter le solstice d'hiver, moment où naissait le fils d’Isis, d'où, peut-être, l'utilisation d'un sapin couronné en Europe médiévale. Chez les Celtes, le sapin était l'arbre de l'enfantement. Ils associaient l’épicéa au solstice d’hiver à partir duquel le soleil renaît. Dans certaines régions d’Europe, un bouc en paille tressée, garni de rubans rouges, le julbock, était placé au pied de l'arbre. Il symbolisait la fécondité : le char de Thor, divinité associée à la vigueur physique, était tiré par des boucs. L'étoile placée au sommet du sapin rappelle l'astre qu'ont suivi les Rois mages jusqu'à la crèche, tandis que la couronne de l'Avent, posée à sa base, évoque la couronne d'épine du Christ (elle porte du houx piquant aux boules d'un rouge censé rappeler le sang du Messie). En 580, peu avant sa mort, l'évêque Martin de Braga, apôtre des Suèves de Galice, interdit qu'on coupe des verdures de Noël. Le sapin de Noël est une tradition qui viendrait des bords du Rhin et qui aurait débuté vers 700, peut-être à cause de la légende de Boniface (v. 675-754), l'apôtre de la Germanie, qui abattit un chêne (arbre sacré des païens) lequel épargna dans sa chute un petit sapin, appelé depuis Arbre de l’enfant Jésus. Burchard, évêque de Worms entre 1000 et 1025, interdit que, pour Noël, on décore les maisons avec de la verdure prise sur les arbres. Au XIIe siècle, en Alsace, on décore les maisons avec des branches coupées trois jours avant Noël. Des documents décrivent une fête le 24 décembre 1510 à Riga en Lettonie : des marchands dansent autour d'un arbre décoré de roses artificielles avant de le brûler. Le 24 décembre est le jour de la fête d’Adam et Ève, canonisés par l’Église orientale. La première preuve écrite de l’érection d’un sapin de Noël en Alsace date du 21 décembre 1521 : dans le livre de compte de Sélestat (Alsace) conservé à la Bibliothèque Humaniste de la ville, il est question d'une dépense de 2 schillings pour payer des gardes-forestiers chargés de surveiller les arbres des forêts municipales et d'une amende infligée à quiconque coupera les dits sapins. Le sapin est d’abord dressé sur la place publique. La veille de Noël, des spectacles se déroulent devant les églises : on danse autour de l'arbre de paradis, représenté par un sapin décoré de pommes (au XIe siècle, les chrétiens représentaient, lors de leurs Mystères, l'arbre du Paradis par un sapin garni de pommes rouges 44). Puis le sapin fait son entrée dans les maisons. Des coupes sont officiellement autorisées (en 1546, la ville de Sélestat en Alsace autorise à couper des arbres verts pour Noël, au cours de la nuit de la Saint-Thomas, le 21 décembre). Les sapins sont pendus au plafond (probablement pour que les enfants ou les rats ne mangent pas les gâteaux et les confiseries avant la fête). Ensuite, on prendra l'habitude de placer le sapin dans un bac rempli de sable. Le sapin est secoué pour faire tomber les gâteaux et les petits jouets. L'Allemagne adopte rapidement cette tradition que réprouve l'Église catholique. Les premières boules qui décorent les sapins peuvent se manger, ce sont les fameuses pommes d'amour. On trouve aussi des noix peintes, des bonbons, des figurines de massepain. En 1560, au moment de la Réforme, les protestants se refusent à représenter la Nativité par une crèche comme les catholiques. Ils préfèrent développer la tradition du sapin de Noël, arbre qui symbolise le paradis d'Adam et Eve et la connaissance du bien et du mal. Martin Luther est considéré comme étant le premier à avoir posé des bougies sur un sapin. En France, l'arbre de Noël est introduit à Versailles par Marie Leszcynska, femme de Louis XV en 1738. La princesse de Mecklembourg fait décorer un arbre de Noël en 1837 aux Tuileries mais il faudra attendre la guerre de 1870 contre les Prussiens pour voir arriver les premiers sapins dans les campagnes. Le sapin de Noël est introduit en Angleterre en 1841 par Albert de Saxe-Cobourg, époux de la reine Victoria. La jeune reine et le roi placent un arbre de Noël au château de Windsor et le font apprécier dans tout le pays 44. Selon la légende, au début du XIXe siècle, une mauvaise récolte pousse un verrier de Strasbourg à pallier l'absence de fruits par des boules de verre multicolores. Produites en grande quantité en Allemagne dès 1830 sous le nom de kugels, elles sont censées éloigner du foyer les mauvais esprits. Pour d’autres, la boule de Noël est née à Meisenthal (Moselle) en 1858. En 1880, une grande chaîne de magasins vend pour la première fois des décorations spécialement destinées à l'arbre de Noël. En 1882, l'ampoule électrique commence à concurrencer les bougies. Le 22 décembre, à New York, Edward Johnson, associé de Thomas Edison, illumine pour la première fois un sapin de Noël à l'électricité, avec une guirlande de 80 petites ampoules électriques qu'il a lui-même conçue. Jean-Paul II (pape de 1978 à 2005) vaticanise les installations traditionnelles de l’arbre de Noël et de la crèche, pas toujours très bien vues par ses prédécesseurs. La légende de saint Boniface L'évêque Boniface (675-754) voulait convaincre des druides des environs de Geismar, que le chêne n'était pas un arbre sacré. Il en fit donc abattre un, le chêne de Thor. En tombant, l'arbre écrasa tout ce qui se trouvait sur son passage à l'exception d'un jeune sapin. À partir de là, c'est la légende qui entre en jeu. D'après elle, saint Boniface aurait fait de ce pur hasard un miracle, et comme il était en train de prêcher la Nativité, il en profita pour déclarer : « Désormais, nous appellerons cet arbre, l'arbre de l'Enfant Jésus. » C'est ainsi que depuis, on planta en Allemagne de jeunes sapins pour célébrer la naissance du Christ, rédempteur et symbole du nouvel Adam ; l'arbre de Noël s'oppose donc à l'arbre dont Adam mangea le fruit, image de la chute originelle (wikipedia. Boniface_de_Mayence). La véritable bûche de Noël, c'est un énorme morceau de bois que l'on fait brûler à l’occasion de Noël. Dans les campagnes, on mettait une bûche à brûler le 24 décembre au soir en mettant du sel dessus ou en versant du vin cuit en Provence. Cette pratique, liée sans doute au solstice d'hiver, donc au culte solaire, remonte à une époque préchrétienne. La bûche est choisie dans un bois très dur pour qu'elle brûle longtemps (du chêne généralement). On grave dessus des devises, des symboles ou des intentions. Décorée de feuillages et de rubans, elle est posée dans la cheminée puis allumée, avec un morceau de la bûche brûlée l'année précédente, par le plus jeune et le plus âgé, après avoir été bénie par le chef de la famille avec de l'huile ou de l'eau-de-vie. En Ariège notamment, on continue à faire ronger par le feu une bûche (choisie spécialement au cours de l’année) pendant les 3 jours qui précèdent Noël. "On appelle cette fameuse bûche : capsaou en Aquitaine, bocque dans les Ardennes, terfoux dans le Berry, kerstblock en Flandre, tronche en Franche-Comté, soca de nadal en Languedoc, cosse nadalle en Limousin, chuquet en Normandie, cosse de Nô en Poitou, cacho fio en Provence, cachefioc dans le Roussillon et trefeu en Touraine" 29. Le jour de Noël, elle est partagée en plusieurs morceaux calcinés qui sont répartis dans divers locaux où ils vont porter bonheur et, entre autres, protéger de la foudre. "Dans plusieurs régions, c’est la bûche de Noël qui pisse, pond ou dégorge ses cadeaux : tantôt les enfants doivent prier le dos tourné avant de regarder la bûche, tantôt (lorsqu’elle a été creusée) ils doivent la frapper jusqu’à ce qu’elle éclate et livre ses cadeaux" 29. En Languedoc, en Bourgogne et en Franche-Comté, notamment, la bûche, évidée, contient les cadeaux : les enfants doivent la frapper jusqu’à ce que saute le bouchon qui maintient les présents. En Bretagne, on disait que la bûche de Noël servait à réchauffer les morts qui descendaient sur la Terre cette nuit-là. Avant de partir pour la messe de minuit, les familles plaçaient des aliments sur la table afin que les morts puissent venir manger et boire pendant que les vivants étaient à la messe. En Corse, après le réveillon, on ne débarrassait pas la table avant d’aller se coucher et les portes de la maison restaient ouvertes pour que les morts puissent venir s'alimenter. En Languedoc, le nombre d’étincelles que l'on faisait jaillir en frappant la bûche de Noël avec des pincettes, indiquait le nombre de gerbes à moissonner et le nombre de poulets à naître dans l’année à venir. 29 En Auvergne, les jeunes filles allaient à reculons prendre une bûche au bûcher : on disait que leur futur époux serait aussi beau ou tordu que la bûche était lisse ou biscornue… 29 Aujourd’hui, les foyers consomment des bûches pâtissières, lesquelles, paradoxalement, sont souvent glacées. En Provence, la bûche n’est qu’une douceur parmi les treize desserts symbolisant le Christ et ses apôtres. C'est en 1879 que le pâtissier parisien Antoine Charabot invente la bûche patissière : un gâteau roulé avec de la crème au beurre. Dans les cérémonies religieuses instituées par Zoroastre en l'honneur de Mithra, un antre représente le monde. Les Pythagoriciens, et après eux Platon (IVe s. av. J.-C.), appellent le monde un antre ou une caverne. Plotin (+ 270) commente ce symbolisme en ces termes : « La caverne, chez Platon, comme l'antre chez Empédocle, signifie, me semble-t-il, notre monde, où la marche vers l'intelligence est pour l'âme la délivrance de ses liens et l'ascension hors de la caverne. » (Plotin, Ennéades IV, 8, 1). Chez Empédocle, les forces qui conduisent les âmes disent : « Nous sommes venues sous cet antre couvert d'un toit » (Porphyre + 305, De l'antre des Nymphes 6-9). La caverne est un lieu de passage entre la terre et le ciel. En Chine, les êtres célestes descendent dans les cavernes. Les cavernes de pierre de Jean de la Croix (+ 1591) sont les mystères divins, qui ne peuvent être atteints que dans l'union mystique. Jésus est né dans une grotte, d'où rayonne la lumière du Verbe et de la Rédemption. Il a enseigné à ses apôtres dans la Grotte dite du Pater ou du Credo sur le mont des Oliviers à Jérusalem. Il fut enseveli dans une grotte, pendant la descente aux Enfers, avant de s'élever vers le Ciel. Ce rôle intermédiaire explique sans doute que le Purgatoire ait été, notamment dans les traditions celtiques, localisé dans des grottes, et que la caverne de Platon ne soit elle-même qu'une sorte de Purgatoire où la lumière n'est perçue que par reflet et les êtres que par leurs ombres, en attendant la conversion et l'ascension de l'âme vers la contemplation directe des idées. Archétype de la matrice maternelle, la caverne figure dans les mythes d'origine, de renaissance et d'initiation de nombreux peuples. La Vierge des catholiques est très souvent associée à une grotte ou à une crypte. La grotte de l’Annonciation, où la tradition chrétienne a toujours vu une dépendance de la maison de la Vierge, se trouve à Nazareth sous l’église de l'Annonciation. C’est dans cette grotte que l’archange Gabriel aurait fait son annonce à Marie. La Grotte du Lait (Crypta lactea ou Cryptea lactationis) appelée aussi Grotte de la Vierge se trouve hors de la ville de Bethléem, non loin de l'église de la Nativité. La Vierge s'y serait cachée, lors du massacre des saints Innocents : et c'est là qu'en donnant le sein au petit Jésus, elle laissa tomber quelques gouttes de son lait sur une anfractuosité de cette roche qui devint alors entièrement blanche. Cette terre blanche, aux vertus miraculeuses, porte le nom de Lait de la Vierge. Depuis très longtemps, bien avant que l'on fêtât Noël, de nombreuses coutumes suédoises étaient liées à l'utilisation de la paille. On répandait de la paille sur le sol pour chasser les mauvais esprits. On préparait les lits pour le cas où des morts reviendraient sur terre. La famille couchait par terre sur la paille. Cette coutume se poursuivit avec l'apparition des fêtes de Noël, car on ne devait pas dormir plus confortablement que Jésus. En Pologne, on place de la paille entre la table et la nappe avant de servir le repas du Réveillon, afin de se rappeler l'humble naissance de Jésus. En signe d'humilité, le repas de la veille de Noël ne comporte pas de viande et on servira du poisson et des rouleaux au chou farcis de riz et de champignons. La crèche (du latin cripia), c’est, littéralement, la mangeoire qui servit de berceau à Jésus après qu'il fut né dans une bergerie (une grotte selon le Protévangile apocryphe de Jacques au IIe s.) près de Bethléem 40. Selon une légende, le bois de la mangeoire et celui de la croix provenaient du même arbre. Dans cette crèche se trouvaient un âne et un boeuf, selon une tradition attestée dès le IVe siècle [sur un sarcophage du IVe siècle (musée du Latran), sont représentés un âne et un boeuf réchauffant l’Enfant, un berger s'approchant, les Mages s’avançant de l'autre côté et la Vierge assise sur un rocher 6] et consignée dans l’Evangile apocryphe du Pseudo-Matthieu (fin 6e/début 7e) dont le texte a été considéré comme authentique jusqu’au concile de Trente (1545-1563) : « Or le troisième jour après la naissance du seigneur, Marie sortit de la grotte et elle entra dans une étable et elle déposa l'enfant dans la crèche et le boeuf et l'âne l'adorèrent. Alors s'accomplit ce qui avait été annoncé par le prophète Isaïe (1,3) : "Le boeuf a connu son maître et l'âne, la crèche de son Seigneur". Alors s'accomplit ce qui avait été dit par la bouche du prophète Habacuc : "Tu te manifesteras au milieu de deux animaux »28. Selon les Pères de l’Église interprétant le prophète Isaïe, l’âne symbolise les païens pliant sous le poids des idoles, le bœuf représente les juifs placés sous le joug de la Loi. Selon certaines légendes, durant les douze coups de minuit de la nuit de Noël, les animaux peuvent parler et même se mettre à genoux. Dans la région de Saint-Flour, on ajoute que, au douzième coup de minuit, les bêtes suspendent leurs conversations et que les bœufs cessent de ruminer pour ne pas réveiller le nouveau-né divin. Dans les Ardennes, cela se passe entre onze heures et minuit ; mais pas question de les écouter : les bêtes évoquent entre elles les noms des prochains morts de la famille et l’on pourrait en faire partie si on est trop curieux… La tradition place deux autres personnages dans la crèche, deux sages-femmes : la dévouée Abigail 51 (de l’hébreu Abigayil = mon père exulte), servante à la ferme-auberge de Bethléem qui affichait complet, a indiqué à Joseph et Marie la grotte-étable où ils pouvaient trouver abri. Après son service, elles les a rejoints et a aidé Marie à accoucher, avec Salomé, considérée, selon certaines sources, comme l'autre sage-femme ayant aidé la Vierge à mettre Jésus au monde. Selon le Protoévangile de Jacques ou Evangile de l'enfance de Jacques, un texte apocryphe du 2e siècle, Salomé était la sage-femme de Bethléem et fut appelée par Joseph pour assister l’accouchement de Marie, mère de Jésus, dont elle ne pouvait croire qu’elle était encore vierge. Parce qu'elle souhaita ausculter Marie pour réfuter cette affirmation, sa main fut brûlée, puis soignée dès qu'elle toucha l'enfant tout juste né (https://www.sciencesetavenir.fr) : le chapitre 19, 3 se lit comme suit: "La sage-femme sortit de la caverne et Salomé vint à sa rencontre. Elle lui dit: Salomé, Salomé, j'ai un nouveau spectacle à t'annoncer. Une vierge a enfanté ce que sa nature ne permet pas. Salomé répondit : Le Seigneur mon Dieu est vivant ! Si je ne fais pas l'épreuve de sa nature, je ne croirai pas qu'une vierge ait enfanté. Salomé n'était pas convaincue de la conception miraculeuse, elle a donc passé la main sous la robe de Marie pour vérifier, et ses mains se sont brûlées. Salomé a alors prié Dieu de lui pardonner son manque de foi. Un ange du Seigneur est apparu à Salomé et lui a dit: "Approche ta main du petit enfant et prends-le, et il y aura pour toi salut et joie." Salomé a touché l'enfant Jésus et a été guérie". Selon l'Evangile apocryphe du pseudo-Matthieu : "Et Joseph était allé à la recherche de sages-femmes. Lorsqu’il fut de retour à la grotte, Marie avait déjà mis au monde son enfant. Et Joseph lui dit : « Je t’ai amené deux sages-femmes, Zélomi (ou Azel, Zahel, Zébel, Rachel, Abigail, ndlr) et Salomé : elles se tiennent dehors, devant la grotte, et n’osent pas entrer à cause de cette lumière trop vive ». Et Marie, entendant cela, sourit. Mais Joseph lui dit : « Ne souris pas, mais sois prudente, de peur d’avoir besoin de quelque remède ». Alors il fit entrer l’une d’elles. Et Zélomi, étant entrée, dit à Marie : "Permets que je te touche". Et Marie le lui ayant permis, la sage-femme poussa un grand cri et dit : « Seigneur, Seigneur grand, aie pitié de moi. Voici ce qu’on n’a jamais entendu ni soupçonné : ses mamelles sont pleines de lait et elle a un enfant mâle quoiqu’elle soit vierge. La naissance n’a été souillée d’aucune effusion de sang, l’enfantement a été sans douleur. Vierge elle a conçu, vierge elle a enfanté, vierge elle est demeurée". Selon des légendes védiques tardives, Agni naquit d’une mère vierge, Maya ; son père terrestre, Twastri, était charpentier 20 : le feu sacré (Agni, ndlr) a pour père Twastri (Viswakarman dans le Rig Veda), le charpentier divin ou le constructeur , et pour mère la divine Maya, emblème de la puissance productrice 18. Twastri est le plus grand des dieux et le père des dieux (Dieu est appelé, même par les monothéistes, l'Architecte de l'Univers) 19. La naissance, précédée par l’apparition d’une grande étoile (Savanagraha) eut lieu dans une grotte, entre la vache mystique et l’âne porteur du Soma, la sève d’immortalité 20. Agni (Ignis pour les Romains) était le dieu du feu sacrificiel et domestique de l'Inde brahmanique ancienne. Feu de la vie mais aussi feu du sacrifice, il était le lien entre les dieux et les hommes. Agni signifie aussi trois parce que les Védas (textes les plus anciens de l'Inde) mentionnent 3 feux rituels. Cette divinité des temps védiques aurait été importée en Inde par les Aryens, envahisseurs indo-européens, venus du Caucase (1500 à 800 av. J.-C.) La grande divinité féminine celtique qui a noms Dana ou Ana ou Brigitte (Brigantia chez les Gaulois), possède à la fois les aspects de la vierge et de la mère. Après chaque naissance, la mère redevient vierge (Marie, par contre, est Aieiparthenos = toujours vierge). Les Vierges Noires, adorées jadis dans les cryptes (ou les grottes) et dont la couleur symbolise la terre fertile, rappellent les déesses de la Terre et de la fécondité vénérées autrefois dans des cavernes : Gaïa, Cybèle la Grande Mère (Magna Mater), Déméter, Isis, etc. Marie conserve, en les transcendant, toutes leurs caractéristiques, à la fois de création cosmique et de bonté universelle. Chronologie historique Saint Justin, Palestinien de Naplouse, est le premier, vers l’an 160, à parler d’une grotte vénérée proche du village de Bethléem que l’empereur Hadrien avait profanée quelques années auparavant : «Comme Joseph n’avait pas où loger dans le village, écrit-il, il s’installa dans une grotte voisine de Bethléem, et c’est pendant qu’ils étaient là que Marie enfanta le Christ et le plaça dans une mangeoire ». L’archéologie a confirmé très exactement ces données: c’est bien sous l’actuelle basilique de la Nativité que Jésus est né. 53 Dès le IIIe siècle, les chrétiens vénèrent une crèche dans une grotte de Bethléem 40, supposée être le véritable lieu de la Nativité. Origène écrit vers 248 : "A propos de la naissance de Jésus à Bethléem, (...) si quelqu'un désire d'autres preuves, qu'il sache que conformément à ce que l'Evangile raconte sur sa naissance, on montre à Bethléem la grotte où il est né, et, dans la grotte, la mangeoire où il fut enveloppé de langes. Ce qu'on montre est si connu en ces lieux que même les personnes étrangères à notre foi savent que dans cette grotte est né le Jésus admiré et adoré par les chrétiens." La première représentation de la crèche connue est une peinture murale retrouvée à Rome et datant du IVe siècle. François d'Assise organise une crèche vivante dans une grotte avec les habitants de Greccio, petit village des Abruzzes, pour la messe de minuit du 24 décembre 1223 [depuis plusieurs siècles, des tableaux vivants (Mystères) étaient déjà jouées par des acteurs sur les parvis des églises]. En 1283, le pape Martin IV commande une crèche dont les personnages vivants sont remplacés par des statues (il n’en reste que cinq). Considérée comme la plus ancienne crèche du monde, sculptée dans du bois de tilleul et d'orme par un sculpteur inconnu à la fin du XIIIème siècle, la monumentale Adoration des Mages, composée de statues rondes, est conservée par les Frères mineurs dans la basilique de Santo Stefano à Bologne. La Reine Jeanne de Naples (1343-1382) offre, pour l’église des Clarisses, une crèche dont les personnages sont en bois peint (il ne reste que la Madone gisante exposée au musée San Martino de Naples). Ce n'est qu'à partir du XVIème siècle que s'impose la tradition d'une crèche en trois dimensions construite à l'intérieur des églises ou sur le parvis, avec des personnages de cire. L'art de la crèche se répand de l'Italie à toute l'Europe. Les Jésuites réalisent des crèches d'église, faites de petits personnages de plâtre, notamment celle de Prague, en 1562, qui figure parmi les plus anciennes connues. Les recueils de Noël se sont multipliés à la fin du XVIe siècle. On y trouve, à côté des chants de Noël, des petites scènes faisant dialoguer plusieurs personnages, et dans lesquelles les bergers ont un rôle important. On les appelle des Pastorales. Là se trouve certainement l'origine des crèches pastorales qui détrônèrent les crèches de théâtre populaire. Les artisans de la ville ou de la campagne sont représentés, évoluant dans leur décor naturel. La plus célèbre Pastorale a été écrite en 1844 en langue provençale par Antoine Maurel ; elle est encore jouée aujourd'hui. Progressivement les crèches entrent dans les maisons sous la forme d'une vitrine peuplée de petites figurines de verre filé de Nevers ou de porcelaine (chez les plus riches), de cire, de mie de pain ou de bois sculpté. On les appelle alors chapelles 29. Riches et élégantes, elles sont très demandées dans toute l'Europe au XVIIIe jusqu'au milieu du XIXe siècle. Le raffinement atteint son apogée avec les crèches napolitaines dans lesquels tous les personnages sont richement ornés. A la fin du XVIIIe siècle, un artisan, Jean-Louis Lagnel, crée des personnages pour les crèches à partir de l'argile rouge ou grise d'Aubagne. Le XIXe siècle marque l'essor des santons de Provence, dont la production se concentre dans le triangle santonnier : Marseille-Aubagne-Aix. Les santonniers se transmettent de père en fils leur art populaire dans le respect des traditions. Le matériau utilisé est l'argile locale de Marseille ou d'Aubagne, de couleur rouge. Marseille est capitale santonnière depuis 1803. Des crèches du monde entier sont exposées chaque année à Aubagne. La crèche bisontine est une crèche de marionnettes qui prend son essor en France, peu avant la Révolution. A cette époque, un marionnettiste de Besançon a l'idée d'ajouter à ses personnages traditionnels de la crèche, des personnages types de la société locale ; ce qui donne au spectacle un caractère de critique sociale. Ce genre de crèche est interdit pendant la Révolution. La crèche bisontine perd progressivement son caractère de critique pour devenir un spectacle pour enfants à la fin du XIXe siècle. En 1865, l'abbé Bailly fixe le texte qui était transmis oralement. La crèche bisontine est encore jouée de nos jours. L’interdiction, faite pendant la Révolution française, de présenter en public des scènes religieuses, favorise le développement des crèches domestiques et le commerce des petits personnages parmi lesquels des bergères aux joues roses en costume du XVIIIe siècle. Puis, au fur et à mesure, les crèches s'inspirent de la vie locale. Dans un style naïf, les artisans évoquent des personnages typiques de la région ou du village ou des défunts de la famille. Selon la croyance populaire, le "caganer", berger accroupi et occupé à faire ses besoins, dont l'origine remonterait au 18ème siècle, apportent fortune et joie dans les foyers : avec son bonnet rouge, sa chemise blanche et son pantalon baissé, le "caganer" est le traditionnel santon "chieur" des crèches catalanes. En France, les crèches ne rencontrent guère de succès qu'à partir du XIXe siècle. La tradition des crèches s'est développée dans le monde entier : crèches africaines en bois, asiatiques avec un petit Jésus aux yeux bridés, certaines sont même en argent (Roumanie). En Amérique Latine, on compte autant de crèches que de villages. Elles sont en bois, en terre cuite, en pâte à sel ou même en sucre. Créé en 1937 pour sauver la tradition qui tombait dans l'oubli au lendemain de la Première Guerre mondiale, le concours des crèches traditionnelles de Cracovie (Pologne) continue de prendre de l'ampleur avec un record historique de participation pour cette année 2003. Jean-Paul II vaticanise les installations traditionnelles de la crèche et de l’arbre de Noël, pas toujours très bien vues par ses prédécesseurs. Le dimanche 12 décembre 2004, à l'occasion de la prière dominicale de l'angélus, Jean-Paul II défend la tradition des crèches de Noël : « La crèche constitue une représentation familière et très expressive de Noël. C'est un élément de notre culture et de l'art, mais avant tout un signe de foi en Dieu ». Du haut de la fenêtre de ses appartements, il donne, comme chaque année, sa bénédiction aux bambinelli, ces figurines représentant l'Enfant-Jésus dans son berceau qui seront placées dans les paroisses romaines ou dans les maisons. Le 13 décembre 2009, troisième dimanche de l'Avent, lors de l'Angelus, Benoît XVI bénit les figurines de l'Enfant-Jésus destinées aux crèches : "Je me réjouis de savoir que dans vos familles, on continue de faire la crèche. Mais il ne suffit pas de répéter seulement un geste traditionnel tout important qu'il soit. Il faut chercher à vivre dans votre quotidien ce que la crèche représente, c'est-à dire l'amour du Christ, son humilité et sa pauvreté... " Le 1er décembre 2019, premier jour de l'Avent, un fragment de bois issu de la mangeoire dans laquelle fut déposé Jésus à sa naissance retrouvera Bethléem. La précieuse relique, don du pape François, arrive de Rome, où le berceau est conservé en la Basilique Sainte-Marie-Majeure. Le même jour, à Greccio, François signe sa Lettre apostolique Admirabile signum sur la signification et la valeur de la crèche. Le 5 décembre, François déclare que la crèche est un signe simple et merveilleux de notre foi qui n'est pas perdu et que c'est une véritable façon de communiquer l'Évangile, dans un monde qui semble parfois avoir peur de se souvenir de ce qu'est réellement Noël, et qui efface les signes chrétiens pour ne garder que ceux d'un imaginaire banal, commercial. Les crèches de Noël dans les bâtiments publics en France La nouvelle version du Guide de la laïcité (15 octobre 2015 36) réalisé par l'Observatoire de la laïcité prend soin de rappeler que la loi de 1905 laisse une large marge d'appréciation dans la qualification ou non d'emblème religieux de ces représentations figuratives. Cette appréciation est donc guidée notamment par les circonstances locales de temps et de lieu, par exemple l'existence d'une tradition culturelle locale. (source : AFP) L’article 28 de la loi de 1905 interdit d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. Le 9 novembre 2016, le Conseil d'État juge que dans les bâtiments publics, sièges d'une collectivité publique ou d'un service public, une crèche de Noël ne peut pas être installée, sauf si des circonstances particulières montrent que cette installation présente un caractère culturel, artistique ou festif et qu'une telle installation ne peut en aucun cas signifier la reconnaissance d'un culte ou une préférence religieuse. 39 Le 16 novembre 2022, le Conseil d’Etat confirme l’interdiction de la crèche de Noël à la mairie de Beaucaire : la commune, qui a mis en avant le caractère culturel, artistique ou festif de la crèche, a épuisé tous les recours. Le 14 décembre, le tribunal administratif de Montpellier rend sa décision en référé : la mairie de Béziers est sommée de retirer sa crèche installée dans la cour de l'hôtel de ville le 2 décembre ; la Ligue des droits de l'Homme, à l'origine du recours, se félicite. Le 21 décembre 2022, saisi par la Ligue des droits de l'Homme (LDH) en référé, le tribunal administratif de Perpignan ordonne à la commune de Perpignan de "retirer la crèche de la Nativité, ou pessebre (en langue catalane, NDLR)", sous peine d'une astreinte de "cent euros par jour de retard". L’astre des rois « Voici que des mages venus d’Orient arrivèrent à Jérusalem et demandèrent : "Où est le roi des Juifs qui vient de naître ? Nous avons vu son astre à l’Orient et nous sommes venus pour l'adorer" (…) ils se mirent en route ; et voici que l’astre, qu’ils avaient vu à l’Orient, avançait devant eux jusqu’à ce qu’il vint s’arrêter au-dessus de l’endroit où était l’enfant. A la vue de l’astre, ils éprouvèrent une très grande joie » (Matthieu 2, 1-10). L’étoile Regulus (= le petit roi, Basilikos en grec), dans la constellation du Lion, permettait aux astrologues perses, de déterminer la naissance des rois. Les étoiles Alnitak (ζ Ori), Mintaka (δ Ori) et Alnilam (ε Ori), qui constituent la ceinture ou le baudrier d'Orion, sont appelées également les trois rois ou les trois mages 22. Qu'ont vu les mages astrologues ? - apparitions de comètes : comète de Halley en 12 av. J.-C. ; comète dans le Capricorne en 6 av. J.-C. ; - apparition soudaine, en mars ou avril de l’an 5 av. J.-C., de la nova de l’Aigle, l’étoile variable DO AQL, qui reste immobile et parfaitement visible à l’aube pendant 70 jours, notée par les astronomes chinois ; - conjonctions de planètes : Vénus devant Jupiter le 17 juin de l’an 2 av. J.-C. ; conjonction Jupiter-Saturne à trois reprises dans la constellation des Poissons en l'an 7 av. J.- C. (attestée par une tablette babylonienne et découverte au XVIIe siècle par le célèbre astronome Kepler) avec alignement parfait Soleil-Terre-Jupiter-Saturne le 15 septembre (date de naissance de Jésus ?) Au XVIe siècle, un rabbin portugais, Isaac Abravanel, avait annoncé que le Messie naîtrait lorsqu’une telle conjonction apparaîtrait. En effet, Jupiter était chez les Juifs le symbole de la Royauté, Saturne celui d’Israël, et la constellation des Poissons (autrefois appelée les Queues) celui des Pays de la mer, Palestine et Syrie. Au début du XXe siècle, l’archéologue allemand Schnabel trouva de nombreuses tablettes cunéiformes sur le site de l’ancienne cité de Sippar en Mésopotamie, à 32 kilomètres au sud de Bagdad, un des observatoires les plus réputés de l’époque. Or, sur l’une d’elles figure une éphéméride confirmant l’apparition de cette conjonction à trois reprises lors de l’année 7 avant notre ère. Grâce aux calculs scientifiques on a pu en déterminer les dates précises. La conjonction fut visible entre le 29 mai et le 8 juin, puis une nouvelle fois entre le 26 septembre et le 3 octobre, une date très importante que ce 3 octobre puisqu’on y célèbre Kippour, la grande fête juive du pardon. Ceci permet de supposer que des mages juifs de la diaspora qui étaient restés à Sippar ont pu avoir le désir, s’appuyant sur la tradition juive de l’étoile du devin Balaam, que cette conjonction annonçait la naissance du Messie. Ils se seraient mis en route à ce moment-là, arrivant à Jérusalem à la fin de novembre ou au début de décembre, à temps pour assister, conformément au texte de Matthieu, à la réapparition de l’étoile entre le 5 et le 15 décembre. Or, à cet instant, l’astre apparent était parfaitement visible en direction du sud, suivant exactement la marche des mages qui se rendaient de Jérusalem à Bethléem. 53 - une double éclipse de Jupiter, provoquée par la Lune, qui se produisit dans la constellation du Bélier le 20 mars et le 17 avril de l'an 6 avant Jésus-Christ : cette dernière hypothèse en date, publiée dans le magazine New Scientist, est celle d'un astronome américain, Michael Molnar, qui a trouvé trace de cet évènement astronomique dans un manuscrit du IV e siècle, rédigé par un astrologue romain converti au christianisme, Firmicus Maternus. 21 - l'étoile Spica (dénommée Al Zimach en arabe, ou Tsemech en hébreu, signifiant de la branche de David) qui, en l'an 2 av. J.-C., se leva exactement à l'est le jour de l'équinoxe de printemps. 16 - un OVNI ? Cette étoile reste mystérieuse puisque la date de la naissance de Jésus ne peut être déterminée en raison du manque de précision et de concordance entre les données des évangiles et les événements historiques. Et si ce signe de l'Etoile n’était que purement symbolique ? - Et si cette étoile guidant les Mages symbolisait simplement la lumière divine (Epiphanie venant du grec epi = sur, au-dessus et de phainein = briller) ? - Serait-ce l’étoile à 5 branches (représentant habituellement l’astre des mages), le pentacle ou pentagramme, le pentalpha des pythagoriciens, l’étoile flamboyante des hermétistes et des francs-maçons, symbole de l’accomplissement, de la totalité et de la perfection ? - Ou l’étoile à 6 branches, l’hexagramme, l’étoile juive, le Bouclier de David (Maguen David) figurant sur les bouclier des soldats du roi David, le Sceau de Salomon que ce dernier aurait porté sur son anneau magique 54 ou le Bouclier de Mikael des kabbalistes, symbole macrocosmique très ancien qui apparaît dans les écrits et les rituels des mages de l’Orient ? - Ou encore l'étoile à 8 branches figurant au sommet du campanile de la Basilique Sant’Eustorgio de Milan où se trouvaient les reliques des Mages avant leur transfert à Cologne. Selon la symbolique d'Ambroise de Milan (+ 397), la forme octogonale symbolise la résurrection 15. Les fonts baptismaux ont souvent une forme octogonale à la base ; parfois ils s'élèvent sur une rotonde de 8 piliers. - Ou l'étoile d'argent à 14 branches (avec l'inscription latine : Hic de Virgine Maria Jesus Christus natus est), incrustée dans le marbre à l'endroit où Jésus naquit dans la grotte de Bethléem 40 sise sous la basilique de la Nativité, et indiquant que 14 générations séparent Joseph de David. "Le nombre 14 représente la durée de la phase ascendante qui précède la pleine lune et de la phase descendante qui la suit. La pleine lune correspond à un climax dans le cycle lunaire, à un moment crucial où l'être peut soit quitter la sphère lunaire pour des cieux plus cléments soit retourner vers cette même sphère et connaître d'autres états humains. Le nombre 14 symbolise en fait le processus d'évolution de l'individu à partir de la sphère lunaire." 25 La Piñata La Piñata est une tradition du Noël mexicain qui se déroule du 16 au 24 décembre. La piñata est une étoile multicolore à 7 ou 9 branches de 1 mètre de diamètre qui libère bonbons et fruits quand on la brise. La piñata à 7 pointes fait référence aux 7 péchés capitaux, celle à 9 pointes aux 9 mois de grossesse de Marie. La première Piñata s'est déroulée dans le monastère des Augustins, non loin des célèbres pyramides de Teotihuacan, en 1587, lorsque coïncidèrent les dates des célébrations de Huitzilopochtli, dieu aztèque de la guerre, et de Noël. Les religieux espagnols brandissaient un objet représentant le diable et ses tentations ; les indigènes étaient invités à se défaire du mal en brisant la pinata, les yeux bandés, témoignage de leur foi aveugle en la religion. Citations Je le vois, mais non maintenant, Je le contemple, mais non de près. Un astre sort de Jacob, Un sceptre s'élève d'Israël. Il perce les flancs de Moab, Et il abat tous les enfants de Seth. (Nombres 24,17) Le sceptre ne s'éloignera point de Juda, Ni le bâton souverain d'entre ses pieds, Jusqu'à ce que vienne le Schilo (terme désignant le Messie, ndlr) Et que les peuples lui obéissent. (Genèse 49,10 ; le patriarche Jacob prophétise sur la tribu de Juda, de laquelle plus tard naîtra David duquel serait issu le Messie) Pour vous qui craignez mon nom, le soleil de justice brillera avec le salut dans ses rayons. (Malachie 3,20) Nous avons vu se lever son étoile. (Matthieu 2,2) Et nous tenons pour d'autant plus certaine la parole prophétique, à laquelle vous faites bien de prêter attention, comme à une lampe qui brille dans un lieu obscur, jusqu'à ce que le jour vienne à paraître et que l'étoile du matin se lève dans vos coeurs. (II Pierre 1,19) Moi, Jésus, j'ai envoyé mon ange pour vous attester ces choses dans les Églises. Je suis le rejeton et la postérité de David, l'étoile brillante du matin. (Apocalypse 22,16) Cette lumière était la véritable lumière, qui, en venant dans le monde, éclaire tout homme. Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l'a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l'ont point reçue. (Jean 1, 9 à 11) Les Mages Les Mages [du vieux perse magu (= prêtre), d'un radical indo-européen mag (= grand)] sont des prêtres de la religion mazdéenne réformée par le prophète Zarathushtra ou Zoroastre (vers 600 av. J.-C.) notait Rabelais en 1546. Pour Hérodote, c’est le nom des membres d’une tribu mède qui a l’exclusivité du pouvoir sacerdotal (la tribu des Mages aurait été une des premières à se convertir à la religion prêchée par Zarathushtra). Vêtus de robes blanches, coiffés d'une tiare et tenant un rameau, ces prêtres pratiquent un rituel de libation, versant du lait, de l'huile et du miel dans le feu au rythme de récitations d'hymnes et de prières. Leur religion a emprunté des éléments à Babylone, tels que l'astrologie, la démonologie et la magie (le mot est employé par Platon). Etymologiquement, la magie désigne l’art des Mages, caste sacerdotale des Mèdes, qui cultivent l’astrologie et autres sciences ésotériques. A noter que, paradoxalement, Zarathushtra, dans ses Gâthâs, maudit la sorcellerie et l’astrologie. A la fin du Ve siècle av. J.-C., les Maguséens, mages d'Asie Mineure, qui fusionnent le mazdéisme perse et l'astrologie babylonienne, introduisent dans le monde grec un culte des astres. En général, on considère que les Mages sont des rois-prêtres. Certains disent qu'ils viennent de Perse ou de l'Arabie heureuse, qui fut habitée par les enfants qu'Abraham eut de Cétura, sa seconde femme, à savoir : Jecsan, qui fut père de Saba, et Madian qui fut père d'Epha. C'est ce que le Roi-Prophète semble témoigner lorsqu'il dit que notre Seigneur « serait adoré par les rois des Arabes et de Saba, et qu'on lui donnerait de l'or d'Arabie » (Ps. 71) ; et le prophète Isaïe, lorsqu'il dit qu'on « viendrait de Madian et d'Epha sur des chameaux pour le reconnaître (Is. 60). 52 Les chrétiens de Syrie racontent que Saint Nicolas était accompagné d'un tout petit chameau qui a transporté les Rois Mages : bien qu'épuisé par le voyage, le camélidé a refusé d'abandonner jusqu'à ce qu'il atteignît l'Enfant Jésus. C'est lui qui donne des cadeaux aux enfants syriens à Noël. Il mange le foin à l'intérieur des chaussures déposées en son honneur sur le pas de la porte et les remplit de cadeaux en échange. Premiers à être informés de la naissance de Jésus et à lui rendre hommage, les bergers et les Mages tiennent une place capitale dans la spiritualité de Noël, car leur visite revêt une dimension universelle : les bergers représentent les humbles et les mages le pouvoir. Jésus est ainsi reconnu par les pauvres comme par les puissants. Les bergers apprennent par un ange du Seigneur la naissance du Sauveur. Ils se rendent à Bethléem 40 pour adorer le nouveau-né et s'en retournent en annonçant partout la venue sur Terre du Messie. Les Mages, venus d’Orient, peut-être de cette Chaldée d’où partit Abraham, sont conduits à Bethléem par un signe astronomique qui, pour eux, annonce la naissance d'un personnage illustre (des chercheurs ont retracé l'itinéraire qu'ils auraient vraisemblablement emprunté et ont conclu qu'il leur aurait fallu pas moins de deux ans pour arriver à destination). "En Iran oriental, des Mages astrologues se recueillaient chaque année sur une montagne pour y guetter durant trois jours l'étoile du grand roi" 7. Ecrit en Orient au VIème siècle, le Livre de la caverne des trésors rapporte que, selon une prophétie, de l’or, de l’encens et de la myrrhe, avaient été déposés par Adam en Perse, sur le mont Nud (paradis), afin d’être apportés au Messie quand sa venue serait annoncée par un astre extraordinaire. De génération en génération, 12 mages guettaient ce signe du ciel en montant tous les ans sur la montagne. "Zoroastre, étant assis près de la source d'eau vive, ouvrit la bouche et parla ainsi à ses disciples : « Écoutez, que je vous révèle le mystère prodigieux concernant le Grand Roi qui doit venir dans le monde. En effet, à la fin des temps, un enfant sera conçu et formé avec tous ses membres dans le sein d'une vierge, sans que l'homme l'ait approché. Il sera pareil à un arbre à la belle ramure et chargé de fruits, se dressant sur un sol aride. Les habitants de cette terre s'opposeront à sa croissance et s'efforceront de le déraciner du sol, mais ils ne pourront point. Alors ils se saisiront de lui et le tueront sur le gibet. La terre et le ciel porteront le deuil de sa mort violente et toutes les familles des peuples pleureront. Il ouvrira la descente vers la profondeur de la terre, et de la profondeur il montera vers le haut. Alors, on le verra venir avec l'armée de la lumière, porté sur les blanches nuées ; car il sera l'enfant conçue de la Parole génératrice de toutes choses. Quand se manifestera le début de son avènement, de grands prodiges apparaîtront dans le ciel. On verra une étoile brillante au milieu du ciel, sa lumière l'emportera sur celle du soleil. Or donc mes fils, gardez le mystère que je vous ai révélé, qu'il soit écrit en votre cœur et conservé dans le trésor de vos âmes. Et quand se lèvera l'astre dont j'ai parlé, que des courriers soient envoyés par vous, chargé de présents, pour l'adorer et lui faire offrande. Ne le négligez pas, car il est le Roi des rois, et c'est de lui que tous reçoivent la couronne." (Zend-Avesta, bible mazdéenne attribué à Zoroastre). L'Evangile de l'Enfance (apocryphe), un texte arabe de source syriaque, affirme : "Des Mages arrivèrent d'Orient à Jérusalem, selon ce que Zoroastre avait prédit". Dans La légende dorée (1261 à 1266), l'archevêque de Gênes, Jacques de Voragine, écrit : "Une fois, c'était le jour de la naissance du Seigneur, pendant qu'ils (les Mages) étaient là, vint vers eux sur la montagne une étoile singulière : elle avait la forme d'un magnifique enfant, sur la tête duquel brillait une croix, et elle adressa ces paroles aux Mages : "Hâtez-vous d'aller dans la terre de Juda, vous chercherez un roi nouveau-né, et vous l'y trouverez" 8. Arrivés à Jérusalem, les Mages demandent au tétrarque de Galilée et de Judée, Hérode, de plus amples informations. Celui-ci les invite à revenir le voir dès qu'ils auront trouvé l'enfant, afin qu'il aille lui présenter ses hommages. Ses intentions sont bien différentes : il désire éliminer l'enfant, qui représente un péril pour lui. Les voyageurs, toujours guidés par l'étoile, arrivent auprès de Jésus, le roi des rois, fils de Dieu et fils d’homme, devant lequel ils se prosternent. Dans de nombreux villages, on allume encore les feux des Rois rappelant ceux qui, dit la légende, brûlèrent cette nuit-là à Bethléem pour cacher l'Étoile au roi Hérode. Les Mages regagnent ensuite leur pays, instruits par un songe de ne pas retourner chez Hérode, pour que le Messie garde la vie sauve. S'apercevant de la trahison des mages, Hérode ordonne la mise à mort de tous les nouveau-nés masculins : Jésus échappe au massacre, car Joseph a emmené sa famille en Égypte. Le Nouveau Testament (Matthieu 2) n’indique pas le nombre de Mages qui, selon les diverses traditions, se situe entre 2 et 12. 9 Le chiffre symbolique de 3 (à cause des 3 offrandes et du triple aspect de la personne de Jésus à la fois roi, prêtre et prophète), d’abord fixé par Origène (+ 254, Homélies sur la Genèse XXVI, 28), a été adopté vers 450 par Léon Ier le Grand. Docteur en théologie de l’université Harvard et professeur assistant d’études bibliques à l’université d’Oklahoma, Brent Landau a travaillé pendant deux ans sur La Révélation des Mages, un texte syriaque du VIIIe siècle oublié pendant 250 ans dans les Archives du Vatican. Selon son livre Revelation of the Magi, publié en 2010, les mages n’auraient pas été trois, mais une multitude ; et ils ne venaient pas de Perse mais de Shir, un pays identifié aujourd’hui avec la Chine 27. Tertullien, un auteur chrétien du début du IIIe siècle – s’inspirant du psaume 72 parlant des rois de Tarcis et des îles et des rois de Séba et de Saba venus apporter des offrandes au Messie –, en fit des rois, originaires symboliquement des trois continents connus, l’Europe, l’Asie et l’Afrique. C’est seulement dans un texte du VIe ou VIIe siècle que la traduction latine d'une chronique grecque rédigée par un anonyme (Excerpta latina barbari), leur donne les noms de Bithisarea, Melichior et Gathaspa. 53 A la même époque, l'Évangile arménien de l'Enfance (apocryphe) les nomme : Gaspard (roi des Indes ; il offre encens et cannelle) ; Balthazar (roi d'Arabie ; il offre or, argent et perles) et Melkon (roi de Perse ; il offre pourpre, lin et mousseline). Une légende arménienne précise qu'ils étaient frères. Ce pourrait être un rappel des 3 fils de Noé (Genèse 10), Sem, Cham et Japhet, ces pères de l'humanité postdiluvienne... Beltshatsar, nom akkadien, signifie Dieu protège la vie du roi (c’est aussi le surnom du prophète Daniel) ; Melkon et Melchior viennent de l’araméen melek (= roi) et Gaspard du sanscrit gath aspar (= celui qui vient voir). Jacques de Voragine (1228-1298), dans La Légende Dorée, en fait des rois et précise : « Leur nom latin c'est Appellius, Amerius, Damascus ; en hébreu, on les nomme Galgalat, Malgalat et Sarathin ; en grec, Caspar, Balthasar, Melchior. » La visionnaire Anne-Catherine Emmerich (+ 1824) révèle leurs noms : Théokéno qui habitait au-delà du pays où Abraham avait d'abord vécu (c'est-à-dire Ur en Chaldée), Mensor et Saïr, le noir, habitant aux confins de cette contrée. (Vie de la Vierge Marie, Presses de la Renaissance, Paris 2006 – page 262). A noter qu'Anne-Catherine Emmerich n'a écrit que par le truchement du poète Clemens Brentano. 31 Bède le Vénérable (673-735), moine bénédictin anglais, les décrit vers 700 : « Le premier s’appelait Melchior ; c’était un vieillard à cheveux blancs et à la barbe longue ; il offrit de l’or au Seigneur pour reconnaître sa royauté. Le second Gaspard, jeune encore, imberbe et rouge de peau, lui offrit de l’encens pour reconnaître sa divinité. Quant au troisième, de visage noir et portant également toute sa barbe, il avait nom Balthazar ; il présenta de la myrrhe, sachant que Jésus, Fils de Dieu, était aussi fils de l’homme et que comme tel il devait mourir pour notre salut » (La Crèche, 43). Autre version : Gaspard, le plus jeune, est jaune ; Melchior, le plus âgé, blanc, et Balthazar noir. Autre version : Melchior, vêtu de vert, apporte la myrrhe ; Gaspard, en bleu, offre l'encens ; Balthazar, en rouge, remet en présent de l'or. Autre version (abbé Julio + 1912) : Gaspard fert myrrham, thus Melchior et Balthazar aurum (Gaspard offre la myrrhe, Melchior l'encens et Balthazar l'or). Autre représentation : Melchior, à genoux, porte un habit bleu ; Balthazar, vêtu de rouge, lève un doigt vers l'étoile ; Gaspard est un noir vêtu d’une robe orangée ou blanche. A noter que, sur la mosaïque de Saint-Apollinaire de Ravenne, remontant vers 500 au temps du roi ostrogoth Théodoric, les Mages, dont c’est la première représentation, sont tous blancs. Ils portent une tunique courte serrée à la taille et des pantalons collants. Ils sont coiffés du bonnet phrygien, caractéristique des prêtres de Mithra. Leurs noms sont écrits au-dessus d'eux :Gaspar, Melchior, Balthassar. En 614, les envahisseurs perses furent frappés par la représentation des Mages sur le fronton de la basilique de la Nativité à Bethléem : leur costume leur rappela celui de leurs ancêtres et ils épargnèrent le lieu... Les Mages ne sont représentés avec une couronne royale qu'à partir du Xe siècle. Selon Bernard de Clairvaux (1090-1153) : "Ils offrirent de l’or à la sainte Vierge pour soulager sa détresse, de l’encens, pour chasser la puanteur de l’étable, et de la myrrhe pour fortifier les membres de l’enfant et pour expulser de hideux insectes." Au XVe, les Mages symbolisent l'humanité à travers 3 continents : Melchior pour l'Europe, Gaspard pour l'Afrique et Balthasar pour l'Asie. Le 23 juillet 1164, Rainald (Renaud) de Dassel, archevêque de Cologne et chancelier de l’Empire, amène en grande pompe à Cologne les reliques des Rois Mages que lui a confiées, Frédéric Ier après la chute de Milan (1162). Recueillies par Hélène (+ 329), la mère de l'empereur Constantin, elles ont d’abord été vénérées à Constantinople ; ensuite, Eustorge dut les transférer à Milan. Au sommet du campanile de la Basilique Sant’Eustorgio de Milan, une étoile à huit branches rend hommage aux Rois Mages. A Cologne, une vaste fresque, constituée de plusieurs tableaux, raconte leur histoire dans le chœur plus ou moins inaccessible de la cathédrale, de l'étude des étoiles en Perse jusqu'à leur mort en passant par l'adoration de l'Enfant Jésus, leur baptême par l'apôtre Thomas, leur consécration épiscopale et leur ministère en Orient. 42 Marco Polo (Le Devisement du monde ou Livre des Merveilles, 1299) dit avoir vu leur tombe dans la cité de Saba en Perse : "Ils sont enterrés côte à côte, en trois grands et beaux sépulcres surmontés d'une maison carrée. Leurs corps sont toujours intacts, avec cheveux et barbe". Le prêtre carme Johan von Hildesheim (v.1315-1375) écrit l'Histoire des Rois Mages (Historia Trium regum). Il parle d'un Royaume du prêtre Jean où se trouvent les tombeaux de ces illustres personnages et indique que ce prêtre Jean est le descendant de l'un d'eux. En 2018, la pharmacie du Vatican, institution d'apothicaires ouverte en 1874 par le Frère Eusebio Ludvig Fronmen, religieux de l'Ordre des hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu, lance une gamme de parfums à base des précieux produits des Rois Mages : or, encens et myrrhe ; elle est ouverte au grand public L’Epiphanie L’Epiphanie (du grec epiphaneia = manifestation, apparition ; issu de epi = sur, au-dessus et de phainein = briller), d’origine orientale, est fêtée le 6 janvier par les Églises anglicane, orientale et catholique. En Espagne, la célébration de l'Épiphanie est particulièrement importante : le jour est férié. La liturgie de l'Eglise latine, là où ce jour n'est pas férié, reporte la célébration de cette fête au dimanche le plus proche, afin que le plus grand nombre des fidèles puissent la commémorer dignement 13 . La date du 6 janvier correspondait à la fête du dieu Dionysos et à la célébration de la naissance de l'enfant de la déesse Isis 38. Il est à noter également que c'est ce jour (en tout cas son équivalent, car le calendrier de la Rome antique n'était pas le nôtre) qu'avait lieu la fête des 12 Dieux Epiphanes (autrement dit les 12 Olympiens) 11. L'origine de l'Épiphanie est la fête préchrétienne en liaison avec le solstice d'hiver ; elle avait lieu 12 jours après. Ces 12 jours viennent du décalage entre le calendrier lunaire et le calendrier solaire : 12 mois lunaires font 354 jours, il faut donc rajouter presque 12 jours pour faire une année solaire. Ces 12 jours ont été considérés dans le monde préchrétien comme le temps nécessaire à la maturation du soleil après le solstice d'hiver. Ce sont des nuits critiques, enchantées, où les démons reviennent pour restaurer le chaos primordial. Le soleil doit revenir de sa mort et renaître. Témoin de cette origine, l'Épiphanie chrétienne est appelée en anglais la douzième nuit (Twelfth night) et en suédois le treizième jour après Noël (Trettondag Jul). Ces douze jours ont donné naissance à des coutumes très diverses. En Angleterre, en Irlande et dans les pays scandinaves, on allumait tous les soirs de Noël à l'Épiphanie la grande bougie de Noël. Dans la tradition scandinave, pendant ces douze jours les hommes devaient éviter tout mouvement rotatif car le temps s'arrêtait ; c'était un temps de pose pour tout ce qui roulait. En Grèce, on allumait des feux pour éloigner les kalikantzari, esprits démoniaques, qui envahissaient la terre pendant douze jours. Ces feux devaient rester allumés les douze nuits jusqu'à l’Épiphanie où la grande bénédiction chassait les esprits maléfiques. Dans certaines régions d'Italie, on laissait brûler une grosse bûche pendant ces nuits 12. En Orient, les orthodoxes ne fêtent le 6 janvier que le baptême du Christ où s'est manifestée la Trinité : cette Fête du Baptême du Christ est appelé Sainte Théophanie (ou aussi Épiphanie = manifestation de Dieu) de Notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. À Jérusalem, à l'Athos, en Russie, en Serbie et en Géorgie, l'Epiphanie est célébrée par les orthodoxes russes et serbes le 19 janvier du calendrier grégorien (6 janvier selon le calendrier julien). A partir de minuit dans la nuit du 18 au 19 janvier, en mémoire du baptême de Jésus, des milliers de Russes sautent dans les eaux glacées de lacs et de rivières pour se purifier, toute source d'eau étant bénite durant 24 heures. Durant les Sviatki (les jours saints), période festive (on chante, on danse, on se déguise, on s'amuse) s'étalant du Noël orthodoxe (l'église orthodoxe célèbre Noël la nuit du 6 au 7 janvier) à l'Epiphanie (19 janvier), des femmes russes se réunissent le soir pour un rituel païen censé leur permettre de connaître leur avenir professionnel ou amoureux : cire chaude versée dans l'eau froide, soulier jeté par la fenêtre ou étude de l'ombre d'une boule de papier... Certaines placent un miroir sous l’oreiller pour voir leur futur fiancé en rêve. Les arméniens orthodoxes célèbrent le 19 janvier non seulement la théophanie mais aussi la fête de Noël pendant laquelle on bénit aussi les eaux à la fin de la Divine Liturgie. Plusieurs Eglises orthodoxes, notamment celles des pays faisant partie de l’Union Européenne, ont adopté le calendrier grégorien utilisé par les catholiques et les protestants. Dans les Églises occidentales, l’Epiphanie célèbre la manifestation faite aux païens de la messianité de Jésus-Christ à travers l’adoration des Mages ; c’est donc aussi la Fête des Rois (XIVe s.) ou le Jour des Rois (1564). En Espagne, à Madrid et à Barcelone, au Portugal et en Amérique latine, il y a des défilés la veille de l'Épiphanie, le 5 janvier en fin d'après-midi. Des carrosses paradent dans les rues. Gaspar, Balthazar et Melchior défilent sur des chars en jetant des bonbons, suivis de cavaliers à cheval : c'est la cabalgata (cavalcade) des rois mages 14. Cette fête dans la rue est également respectée en Belgique et aux Pays-Bas, même si elle est en perte de vitesse. Puis, le 6 janvier, l'Espagne chôme pour l'Epiphanie ; les enfants se lèvent et découvrent que les Rois ont mangé les friandises et les chameaux le foin qu'ils ont laissés et que leurs chaussures sont remplies de cadeaux. Les familles partagent un repas ou une galette des rois (roscón de Reyes). En Italie, pendant la nuit de l'Épiphanie, la Befana (déformation d’Epiphania), une vieille et gentille sorcière chevauchant son balai, apporte bonbons et petits cadeaux aux enfants sages et des morceaux de charbon aux autres. Selon la légende, elle avait été avertie de la naissance de Jésus par les mages qui l'invitèrent à les accompagner mais elle arriva trop tard. On confectionne des biscuits, les befaninis, en l’honneur de la vieille Befana qui apporte les cadeaux. A Venise pour l'Épiphanie, les gondoliers défilent déguisés en sorcières et des joutes sont même organisées. En Allemagne et en Autriche, le Jour des Rois, des enfants, déguisés en mages, groupés par trois, entonnent dans les rues de vieux chants populaires et sonnent aux portes pour réclamer une friandise ou une offrande. Ces enfants remercient en inscrivant à la craie, sur les portes, les initiales des Mages C+M+B (C représentant Caspar, nom allemand de Gaspard) en y ajoutant le millésime de l’année, formule censée protéger les habitants du malheur. C+M+B est aussi une abréviation de la bénédiction latine Christus mansionem benedicat, qui signifie que le Christ bénisse cette maison. De nombreux Chrétiens (anglicans, luthériens, méthodistes, presbytériens et catholiques romains, entre autres) tracent sur leurs portes cette bénédiction de la craie. En Roumanie, on fait bénir les chevaux. En Inde, on rend hommage à Notre Dame du Mont, censée rendre fertile les femmes stériles, en la couvrant de bijoux. A Goa (ancienne colonie portugaise), les enfants se déguisent en rois mages, et on mange du pongal, un mélange de riz, de lentilles, de lait, de sucre, de raisins, de noix et d'épices, cuit dans des pots en terre. Galette et fève L’usage de faire les Rois (1680) ou de tirer les Rois (1870) à l’Epiphanie nous ramène aux Saturnales déjà évoquées et au cours desquelles le roi du festin était élu au moyen d'une fève. Un roi était ainsi désigné parmi les soldats d'une garnison ou dans une famille : il pouvait, pendant une journée, réaliser tous ses désirs et commander tout ce qu'il lui plaisait. Un culte solaire préchrétien paraît être à l’origine de la galette (ronde et dorée comme le disque solaire lié au solstice d'hiver) dont on faisait tirer les parts (l’une d’elles contenait une fève) par un enfant (ditle Petit Roi ou l'Enfant Soleil) caché sous la table. En Normandie on s’adressait à l'enfant en l'appelant Phoebe Domine (= Seigneur Phoebus, autre nom d’Apollon, dieu de la lumière). La galette des rois est évoquée dans un texte rédigé en 1311 à Amiens. L'acceptation de la galette des rois n'a pas été de tout repos : luthériens, calvinistes et même certains catholiques ont un temps rejeté cette coutume païenne. En 1664, le chanoine de Senlis a notamment confié dans des discours qu'il était contre le côté un peu trop festif de la galette. A l'origine, les galettes des rois étaient de simples pains dans lesquels une fève maraîchère ou grosse fève était glissée. La brioche, encore en usage dans de nombreuses régions, notamment dans le sud de la France, serait donc la forme la plus traditionnelle de la galette des rois, puisqu'elle est la plus proche d'une boule de pain. Dans le Nord, mais aussi en Provence et dans le Languedoc, elle est devenue le gâteau des rois, recouverte de sucre et de fruits confits. La frangipane quant à elle serait née au XVIIe siècle sous l'impulsion d'Anne d'Autriche et de son fils Louis XIV. La galette feuilletée aurait ainsi vu le jour à Paris, à tel point qu'elle sera un temps surnommée la parisienne 45. La fève (c'était parfois un haricot, un pois chiche ou un petit pois) symbolisait l’embryon, la fécondité, la réincarnation, la renaissance. On remplaçait parfois la fève par un bébé (un baigneur) ou un petit poisson. Principe de vie et d'abondance de l'élément Eau, le poisson fut l'emblème des premiers chrétiens qui utilisèrent le mot ichthus (grec ancien) comme idéogramme (les initiales donnant : Iesu Christos Theou Uios Sôter : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur) que l'on peut remarquer dans des inscriptions funéraires. Il figurait parfois l'eucharistie : le Christ ressuscité en avait mangé (Luc 24,42). Il faisait aussi allusion au baptême : le chrétien était comparé à un petit poisson (Tertullien, Traité du Baptême). Trois poissons formant une boucle sans fin ou un poisson n’ayant qu’une seule tête pour trois corps, symbolisaient la Trinité. La mitre, que le pape et les évêques portent sur la tête lors des cérémonies religieuses, a la forme d'une tête de poisson (3 000 ans avant l’ère chrétienne, les prêtres sumériens d’En-Ki étaient coiffés de la mitre du dieu-poisson de la médecine et de la magie). Origène conseillait aux chrétiens de porter sur un anneau l’image d’un poisson, d’une ancre ou d’une colombe. Les fèves étaient offertes rituellement à l’occasion des labours ou des mariages. Elles étaient employées également dans le culte des morts qui retransmettaient à travers elles leur fécondité aux vivants. Les Égyptiens considéraient la fève comme un don des dieux ; les défunts attendaient leur réincarnation dans un champ de fèves. Les Romains votaient avec des fèves blanches ou noires. En Angleterre, comme en Bourgogne, on formait un couple d'occasion en mettant dans la galette une fève et un petit pois. Quant aux chanoines de Besançon, ils élisaient jadis leur supérieur en cachant une pièce d’argent dans un pain. Au XVIIIe siècle, la fève en porcelaine commença à remplacer les pièces (en or ou en argent). Les fèves artificielles représentaient à l’origine la Nativité et les personnages de la crèche. Mais à la révolution, les fèves prendront d'autres aspects, à commencer par celui du bonnet phrygien... La fève est devenue un véritable objet de collection et les fabophiles parcourent les marchés aux fèves à la recherche d’objets rares. Autrefois, la fève n'était pas cachée dans la galette mais dans un sac où l'on mélangeait par exemple un haricot noir ou rouge au milieu de haricots blancs, autant au total que de personnes présentes. C'était le plus jeune enfant de la famille qui tirait les rois : il plongeait la main dans le sac et sortait un par un les haricots du sac en nommant les convives ; lorsqu'il sortait la fève noire ou rouge, on s'écriait "Vive le roi !" et on fêtait tout le jour celui que le sort avait désigné. Ensuite le gâteau était partagé. La première part de galette était la part du pauvre ou la part de Dieu et de la Vierge. Il y avait aussi la part des absents (le fils aux armées, le parent sur un vaisseau du roi, le pêcheur en mer). La part était rangée dans la huche jusqu'à leur retour. Si elle se gardait longtemps, sans s'émietter et sans moisir, c'était un bon présage. Autrefois, les plus malheureux allaient ce jour-là de porte en porte demander La petite part, la petite bouchée, la part du Bon Dieu, pour l'amour de Dieu. Gare à celui qui ne voulait rien offrir ! Les quêteurs chantaient férocement : "Si vous ne voulez rien nous donner, Nous irons au jouc aux poules" (Poitou) ; ou bien : "Que Dieu vous donne Diarrhée mortelle Jusqu'à l'autre Noël !" (Charentes). En revanche, les pauvres chantaient un remerciement s'ils étaient bien reçus : "Salut à Messieurs et Dames d'honneur, Je vous donne le bonsoir de grand coeur, Divertissez-vous bien dedans ce saint jour" 10 . En Basse Bretagne, c'était un pauvre, tirant un cheval orné de buis et de laurier, qui s'arrêtait de porte en porte pour recueillir la part des pauvres. Les Bretons croyaient que les tisons du feu de la Saint-Jean, placés près de leur lit, entre un buis béni le dimanche des Rameaux et un morceau de gâteau des Rois, les préservaient du tonnerre. En Franche-Comté, les enfants se déguisaient en roi mage et portaient une ceinture dorée sur une chemise constellée d'étoiles. Ils allaient de porte en porte en chantant et en agitant des sonnettes pour réclamer leur part de galette de goumeau (aujourd'hui la galette bisontine typique est à base de pâte à choux aromatisée à la fleur d’oranger), appelée aussi papet, qui peut peser jusqu'à 150 kilos). En Allemagne, au XVIIe siècle, des boulangers écrivirent une supplique au pape pour faire tomber l'interdiction d'utiliser du beurre dans la pâtisserie et boulangerie de Noël. En France, l'arrêt du Parlement de 1713 interdit l'usage des œufs, même pour seulement dorer le pain. Quand vint la Révolution de 1789, la fête des rois tomba comme un couperet : plus question de couronne. On la transforma en fête du bon voisinage et le gâteau devint celui de l’Egalité. On continua à tirer la fève au sort pour savoir qui offrirait la galette. Depuis, les boulangers-pâtissiers de France offrent une galette au président de la République, mais ils se gardent bien d’y placer une fève pour ne pas risquer qu'un roi soit proclamé. En Espagne et en Italie, le Jour des Trois Rois, on partage un pain en forme de couronne contenant une pièce d’argent ou un haricot. En Grèce, on sert la vassilopita, un gateau parfumé à l'orange dans lequel on a glissé une pièce : celui qui la trouve aura de la chance toute l'année. Au Mexique, une fougasse, la rosca de los Reyes, contient un petit Jésus ou une fève : l’élu devra inviter tout le monde pour la Chandeleur. Hymne de l'Épiphanie O vous tous qui cherchez le Christ, Levez vers le ciel vos regards : Le signe, vous le pourrez voir Où brille Sa gloire éternelle. La roue du soleil est moins belle Et splendide que cette étoile. Dieu est venu, annonce-t-elle, Il s'est vêtu de votre chair. Des portes du soleil, du sein De la terre persique, ils voient, Les interprètes exemplaires, Les Mages, l'étendard du Roi. Le premier feu qu'il a lancé A mis les sphères en déroute, Et Lucifer, si beau soit-il, Craint de paraître devant lui. « Quel est donc ce roi glorieux, Disent-ils, qui commande aux astres ? Tout le redoute dans les cieux Et la lumière est son esclave. Quel est cet étrange prodige Qui ne saurait avoir de terme ? Altier, sublime et plus antique Que le ciel et que le chaos ? (Prudence [Rome, vers 348-410], traduit par R. Gouast, Anthologie de la Poésie latine, Stock) Citations Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera un soleil de justice, et la guérison sera dans ses rayons ; vous sortirez et vous bondirez comme des veaux d'étable. (Malachie 3,20) Lève-toi, et resplendis ! Car ta lumière paraît, et la gloire de Yahweh s'est levée sur toi. Voici que les ténèbres couvrent la terre, et une sombre obscurité les peuples ; mais sur toi Yahweh se lève, et sa gloire se manifeste sur toi. Les nations marchent vers ta lumière, et les rois vers la clarté de ton lever. (Isaïe 60,1-3) Les rois de Tarsis et des îles apporteront des présents, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande. Tous les rois se prosterneront devant lui, tous les pays le serviront. (Psaume 72, 10-11) Aujourd'hui, les mages considèrent avec une profonde stupeur ce qu'ils voient ici : le ciel sur la terre, la terre dans le ciel ; l'homme en Dieu, Dieu dans l'homme ; et celui que le monde entier ne peut contenir, enfermé dans le corps d'un tout-petit ! Et dès qu'ils voient, ils proclament qu'ils croient sans discuter, en offrant leurs dons symboliques : par l'encens, ils confessent Dieu ; par l'or, le roi ; par la myrrhe, sa mort future. (Pierre Chrysologue + 450, Sermon pour l'Épiphanie) En la personne des trois mages, que tous les peuples adorent le Créateur de l'univers ; et que Dieu ne soit plus connu seulement en Judée, mais sur la terre entière ~ Ainsi que l'annonça le prophète Isaïe : Le peuple des nations, qui vivait dans les ténèbres, a vu se lever une grande lumière, et sur ceux qui habitaient le pays de l'ombre, une lumière a resplendi. Le même prophète a dit à ce sujet : Les nations qui ne te connaissaient pas t'invoqueront ; et les peuples qui t'ignoraient accourront vers toi. ~ Nous savons bien que tout cela s'est réalisé quand une étoile guida les trois mages, appelés de leur lointain pays, pour leur faire connaître et adorer le Roi du ciel et de la terre. Cette étoile nous invite toujours à suivre cet exemple d'obéissance et à nous soumettre, autant que nous le pouvons, à cette grâce qui attire tous les hommes vers le Christ. (Léon Ier le Grand + 461, Sermon pour l’Epiphanie) Aujourd'hui la Vierge met au monde l'être supra-substantiel, et la terre offre une grotte à l'Inaccessible. Les anges avec les bergers chantent sa gloire, les mages avec l'étoile vont leur chemin : car c'est pour nous qu'est né, petit enfant, le Dieu d'avant les siècles. Bethléem a rouvert l'Eden, allons voir. Nous avons trouvé les délices en un lieu caché, allons reprendre dans la grotte les biens du Paradis. Là est apparue la racine qu'on n'a pas arrosée, d'où a fleuri le pardon. Là s'est retrouvé le puits qu'on n'a pas creusé, où David jadis eut envie de boire. Là une vierge, par son enfant, a étanché aussitôt la soif d'Adam et la soif de David. Hâtons-nous donc vers ce lieu où est né, petit enfant, le Dieu d'avant les siècles. (Romanos le Mélode + 555, 1er hymne de la Nativité) Les coutumes, ou pour mieux dire les inepties, dont nous avons barbouillé la face de l'Epiphanie et déshonoré la majesté du jour des Rois, ne furent jamais de l'esprit et de l'invention de la sainte Église. Faire un roi de gâteau ; le tirer au sort d'une fève ; lui faire prendre possession de son trône et de sa royauté par un verre de vin qu'il boit en spectacle et en cérémonie, aux cris du roi boit ; un roi qui n'est fait que pour la table, pour s'enivrer souvent et pour enivrer les autres, qui lui servent de courtisans et de sujets ; je dis que tout cela ressent l'esprit de Satan, qui préside à la fête, sous le nom et l'invocation de quelque idole. Que ce soit, messieurs, sous l'invocation de Phoebus ou de qui vous voudrez, il ne m'importe ; car j'apprends qu'il y a des raffinés qui prétendent que je me suis trompé au précédent discours; que j'ai parlé comme le vulgaire, en disant : « Phoebe domine », au lieu qu’il faut dire, à leur avis, plus correctement : « Fabae domine ». Prenez-le comme il vous plaira, vous ferez et vous faites, en toute manière, une cérémonie païenne. Dire « Phoebe domine », cela signifie "seigneur Phébus", et c'est invoquer le soleil par son nom. Dire « Fabae domine », cela signifie : "dieu ou seigneur de la fève, viens ici à la bénédiction et à la distribution de ce gâteau ; viens, dieu de la fève, présider au sort que nous en voulons tirer pour en faire un roi de notre table, qui nous fasse bien crier et bien boire ; car c'est là où se terminera son règne"... Dites-nous donc, je vous en prie, si vous êtes de ces Égyptiens desquels il est parlé au banquet de Plutarque, qui adoraient la fève comme une grande divinité ; car nous savons que ces misérables peuples divinisaient jusques aux choux et aux oignons de leurs jardins ; mais surtout la fève leur était si sainte qu'ils n'osaient ni en semer, ni en manger, ni même la regarder à deux yeux ; ils la tenaient dans leur temple, cachée d'un voile comme un grand mystère. Ne prétendez-vous pas la même chose quand vous la cachez si bien dans la pâte de vos gâteaux et sous la serviette, ainsi que sous un voile...? (Abbé Déplions, chanoine de Senlis, Discours ecclésiastiques contre la fête des Rois, 1654) Dictons Pour les Rois, le jour croît. Fou qui ne s'en aperçoit. Il faut boire du vin rouge le jour des Rois pour se faire du bon sang pour toute l'année. Un temps clair pour le jour des Rois nous annonce un regain de froid. Les hivers les plus froids sont ceux qui prennent vers les Rois. Le Vieux ou Noël Les mascarades sont sans doute l'un des rites les plus anciens de la culture européenne : à la nuit tombée, des cortèges de jeunes hommes habillés en peaux de bête et le visage recouvert d'un masque de forme humaine ou animale, se rendaient de maisons en maisons, de fermes en fermes pour réclamer à boire et à manger. Les porteurs de masques incarnaient les esprits des ancêtres, imitant leur cohorte nocturnes à travers les villages, chantant, dansant et quêtant des offrandes en échange de bons présages pour les saisons à venir. Parmi les masques, le Vieux incarnait l'esprit du patriarche, d’un ancêtre chaman qui connaissait tout et savait tout. Il se plaçait souvent en tête du cortège et simulait le sacrifice d'un bouc. Cette forme archaïque de mascarade a existé en Europe centrale et orientale jusqu'à la moitié du XXe siècle. Pendant le solstice d'hiver, notamment, le vieil homme se rendait de maisons en maisons, accompagné d'autres créatures masquées, afin de récolter des offrandes. Après l'arrivée du christianisme, on l’appela simplement le Vieux en Europe orientale et Noël en occident... En Angleterre, on signalait à la fin du XVIIe siècle, des mascarades, connues sous le nom de mumming, depuis longtemps établies au moment du solstice d'hiver dans toutes les îles Britanniques et menées par un personnage appelé father Christmas. Comme en Europe orientale, il était très vieux, portait une longue barbe et allait de maisons en maisons, accompagné d'autres personnages masqués, pour réclamer à boire et à manger. En France, au XIIIe et au XVIIe siècle, plusieurs textes parlent également de ce mystérieux personnage nommé Noël (parfois Sire Noël) qui quêtait jadis de porte en porte à cette période de l'année. La coutume très populaire des mascarades hivernales est condamnée à plusieurs reprises et durant des siècles par les pères de l'Église. En Europe centrale, où le christianisme a du mal à faire oublier à la population ses anciennes traditions, l'Église donne aux mascarades des noms chrétiens : saint Martin pour les cortèges du début de novembre, saint Nicolas, sainte Lucie, saint Thomas ou saint Etienne pour les cortèges de l'Avent et de Noël... Dans le Sud de l'Allemagne, saint Nicolas est substitué au Vieux des anciennes mascarades et apparaît, parmi les autres personnages, muni de sa barbe, d'une crosse et de sa célèbre mitre d'évêque. Odin Le solstice d'hiver marquait le début de l'année pour les Scandinaves et les Germains. Pendant la fête du solstice d’hiver, le dieu du soleil Odin (Wotan, Woden), vêtu d’une grande cape à capuchon, parcourait le ciel, monté sur Sleipnir, son cheval blanc à 8 pattes, puis il descendait sur terre avec un sac plein de pièces de monnaie destinées aux pauvres et parcourait les maisons dans chaque village en donnant des friandises aux enfants sages et en punissant les polissons. En Angleterre, "Old Father Christmas" (inspiré du Dieu germanique Odin capable de sillonner les airs sur son cheval volant) était représenté avec une cape à capuche verte et une couronne végétale sur la tête dès le 17e siècle. Moins engageant que le Père Noël actuel, il symbolisait alors davantage l'arrivée prochaine du printemps que l'hiver, ne distribuait pas de cadeaux (!) mais passait de logis en logis pour souper, promettant quand même, s'il était bien reçu, de rendre les longs mois d'hiver plus doux (Quoi.info) Gargan Selon le chanoine de Cossé-Brissac et l’historien Guy Breton, le géant Gargan, fils de la déesse Belisama (vierge fécondée par l’esprit du dieu de la lumière Belenos), se promenait dans les campagnes gauloises, au solstice d’hiver, en distribuant des cadeaux. Le chanoine de Cossé-Brissac émit l'hypothèse, en 1952, que le Père Noël pouvait constituer la synthèse de plusieurs traditions antérieures au christianisme, tel le premier Gargan, un géant portant une hotte, géant parfois confondu avec Thor, le dieu du Tonnerre. Rabelais s’en inspira pour son Gargantua. Gargan a donné son nom à de nombreux sites en Europe tel le Gargano en Italie (but de pèlerinage au cours des premiers siècles chrétiens pour les fidèles qui se rendaient au sanctuaire de Michel Archange apparu sur le Mont) et le Mont Gargan en Haute-Vienne où était pratiqué un culte solaire (ce qui pourrait aussi être le cas du Mont Gargas près de Notre-Dame de La Salette en Isère). C'est du Mont Saint-Michel (Rocher de Mont Tombe consacré à Belenos) que Gargantua s’embarqua vers la Grande-Bretagne pour y combattre aux côtés du roi Arthur). Olentzero Au Pays Basque, quelques localités essaient de sauver Olentzero (variantes : Olentzaro, Orentzaro, Onentzaro), un antique personnage dont l’histoire aurait débuté sur les rives de la Bidassoa pour gagner progressivement l’ensemble du territoire basque. Olentzero serait le dernier survivant des Jentilak (= Gentils : géants païens constructeurs des mégalithes, dolmens et cromlechs du Pays Basque) qui se sauva en se convertissant au christianisme ; les Jentilak utilisaient le mot Kixmi (= singe) pour désigner le Christ : « Kixmi est né, la fin de notre race est arrivée" 1 2 47. Figure de paille et de chiffons que l'on promène en faisant du porte à porte (chants, quête) et autrefois tronc (grosse bûche), Olentzero est le plus souvent une personne déguisée : un berger ou un paysan avec un bouquet d'ajoncs et une faucille, mais généralement, un charbonnier. Cet homme noir descend de la montagne pour annoncer la naissance de Christ-Kixmi ; à l’origine c’était une fête du solstice d’hiver célébrant la renaissance du soleil. Sa venue étant liée au solstice d'hiver, Olentzero représente les forces de la Nature qui se renouvellent chaque année. D'après l'historien Isasti de Lezo, Onenzaro désignait cette époque de l'année au XVIIème siècle. Individu sale, noir, glouton, ivrogne et sot, Olentzero a une grosse tête avec 366 yeux rouges (1 année + 1). Il fume la pipe et tient une hache ou une faucille à la main. Il descend dans les maisons par la cheminée et l’hôte doit servir à manger le bacalao (filet de morue avec pommes de terre à l’huile d’olive) à cet invité à l’appétit pantagruélique sinon il est capable de trancher des gorges ou de voler les enfants... Il ne distribue pas de cadeaux, au contraire, on éloigne les petits parce qu’il n'est pas un bon exemple pour eux. Olentzero est aussi représenté par un enfant laid avec une grosse tête coiffée d'un grand chapeau et vêtu d'une large veste ; il a le visage souillé de noir et la pipe à la bouche. On le place dans une caisse décorée de feuilles de laurier et d'une lanterne, que quatre enfants portent sur les épaules comme une litière. Un autre, plus grand, va devant frappant aux portes pour faire la quête. Les gamins parcourent tout le quartier en chantant à chaque porte. Le rite, d'origine rurale, gagna la ville, mais sa présence au milieu des festivités de Noël prêta à confusion et, dans les années 1960, Olentzero fut assimilé au Père Noël. Depuis, cet homme noir aviné dont la seule évocation faisait peur aux enfants, s’est mis à leur apporter des friandises. Weihnachtsmann : l'Homme de Noël En 1778, des Landgraves du Nord de l'Allemagne, magistrats protestants rendant la justice au nom de l'empereur germanique, décidèrent, en faveur de la décatholicisation voire de la laïcisation, de faire resurgir des tréfonds du passé l'homme de Noël (Weihnachtsmann) qui incarnait dans les anciennes mascarades l'esprit de l'ancêtre. Comme dans les cortèges masqués de l'hiver, il apparaît munit d'une longue barbe et d'un grand manteau en fourrure. La légende raconte que l’Homme de Noël passe toute l'année au sein d'une montagne parmi le petit peuple dont il fait partie. Chaque nuit, un nain monte la garde à la fente du rocher qui sert d'entrée et un autre nain vient le remplacer à l'aube du jour suivant. Au bout de 360 gardes, le dernier rentre en criant : « Voici bientôt Noël ! » Alors, le Weihnachtsmann et sa cour sortent de leur repos. Ils vont dans la forêt, armés de scies et de haches ; avec ardeur ils coupent des sapins destinés à la fête, les placent sur des traîneaux et les conduisent dans leur palais souterrain afin de les décorer de bougies, de pommes d'or, de noix et de bonbons. La nuit de Noël venue, le Weihnachtsmann parcours en traîneau les villages environnants pour s'informer si les enfants sont sages. S'il en est ainsi, il laissera dans la maison un beau sapin couvert de présents. Dans les mythologies du Nord de l'Europe, les ressortissants du petit peuple (kleines volk en allemand), lutins ou gnomes, incarnaient, tout comme l'homme de Noël, les esprits des ancêtres qui vivaient sous terre, c'est à dire l'Au-delà, l'empire des morts. La croyance populaire les faisait sortir en général la nuit et surtout à certaines dates de l'hiver pour venir importuner les vivants jusque dans leur maison en leur jouant des tours pendables ; mais ils pouvaient également les aider dans leurs tâches quotidiennes en échange de nourriture par exemple. Le Weihnachtsmann allemand fera progressivement des émules dans les pays voisins comme en France où on l'appellera le Bonhomme Noël, en Savoie et en Suisse le Père Chalande, en Bourgogne et dans le Nivernais le Père janvier, en Normandie Barbassionné, et, en Angleterre, Father Christmas. L’Enfant Jésus, Christkindel, Sainte Lucie et les fées de Noël Les protestants portèrent un rude coup à Saint Nicolas, jugé trop papiste, en préférant confier au Petit Jésus la mission d'apporter des jouets à leurs enfants. Il fallut donc déplacer la date de distribution des cadeaux. Toutes les régions protestantes suivirent ce changement. Désormais, l'Enfant Jésus (Christkindel en allemand), parfois accompagné d'un croquemitaine, parfois aidé par des anges ou par une Dame de Noël 29, rendit visite aux enfants le soir de Noël, veille de son anniversaire pour leur offrir jouets et friandises en échange de prières. Des historiens affirment que le Christkindel est la déformation de la fête de la Sainte Lucie – jeune fille vêtue de blanc avec une couronne de bougies – qui avait lieu le 13 décembre avant la réforme du calendrier grégorien en 1582, ou qu'il s'agit d'un personnage créé par Luther au XVIe siècle pour concurrencer la Saint-Nicolas refusée par le protestantisme. Le Christkindel avait l'apparence d'une jeune femme (en Alsace notamment, l’enfant Jésus était personnifié le soir de Noël par l’apparition d’une jeune fille voilée et vêtue de blanc) pour les raisons suivantes : quand les protestants passèrent du calendrier julien au calendrier grégorien, le jour de Noël se confondit avec la Sainte-Lucie, jour du solstice d'hiver où avait lieu le passage des fées (christianisées en sainte Lucie) qui allaient de maisons en maisons mendier des offrandes en échange de bons présages ; avant le passage au calendrier grégorien, en 1582, sainte Lucie se fêtait le 13 décembre. En Suède, dans une partie des pays germaniques et en Catalogne espagnole, sainte Lucie (dont la fête est le 13 décembre) assure la distribution des cadeaux ; saint Nicolas et sainte Catherine l’accompagnent parfois. Les landgraves décidèrent ensuite de changer le nom de la fête de Christkindel (Enfant Jésus)/Sainte Lucie en lui redonnant son nom populaire et antique de Frau Holle (nom des fées des anciennes croyances germaniques.) Ces fées étaient à l'origine les esprits divinisés des femmes qui avaient donné naissance aux grandes familles et qui veillaient sur la naissance, la vie et la mort de leurs descendants. Elles revenaient au solstice d'hiver (12 jours de Noël) accompagnées de la cohorte des ancêtres pour prendre les offrandes que les vivants leur avaient préparé. Dans leur nouveau rôle, les fées de Noël se chargèrent d'apporter les étrennes destinées au jeune âge, notamment dans le canton de Neuchâtel. Comme saint Nicolas, elles arrivaient dans les maisons tantôt par la cheminée, tantôt par quelque fenêtre entrouverte, tenant en main des cadeaux pour les enfants sages et des verges pour les paresseux. Dans le sud de l'Allemagne, en Autriche ou en Suisse orientale, la Fée de Noël était appelée Berchta. Dans les cantons de Neuchâtel, du Jura et en Franche-Comté, la Dame de Noël, appelée Arode ou Tante Arie, une vieille dame au visage jeune et aux pieds en forme de pattes d’oie, qui vivait dans une grotte, se déplaçait avec son âne pour apporter des cadeaux aux enfants sages ; elle était aussi armée de verges destinées aux chenapans. En Pays Vaudois, le Bon Enfant venait sur son âne distribuer des cadeaux ; la Chauchevieille avait préparé sa hotte : elle était pleine de cadeaux pour les enfants méritants et de verges pour les désobéissants. Dans le Berry, les cadeaux étaient déposés par un enfant, le petit Naulet. Au Canada, pour les francophones, c'était l'Enfant Jésus qui venait garnir le bas de Noël des enfants, la nuit du 25 décembre, alors que saint Nicolas s'occupait des petits anglophones. Le Christkindel et Nicolas resteront les deux principaux donateurs de cadeaux jusqu'au lendemain de la première guerre mondiale. L'Enfant Divin détrôna donc peu à peu Nicolas qui résista cependant en Alsace, en Lorraine et dans le Nord où ces deux bienfaiteurs distribueront séparément les cadeaux : pour le saint, ce sera les 5 et 6 décembre ; pour Jésus, les 24 et 25 décembre. Le Julenisse ou Jultomte : Lutin de Noël scandinave À partir des années 1840, le nisse (ou tomte, petite créature humanoïde légendaire du folklore scandinave comparable au lutin français) des fermes devient le porteur des cadeaux de Noël au Danemark ; il prendra ensuite le nom de Julenisse (lutin de Noël). En 1881, le magazine suédois Ny Illustrerad Tidning publie le poème Tomten de Viktor Rydberg, où le Tomte, seul éveillé pendant la nuit froide de Noël, considère les mystères de la vie et de la mort. Ce poème comporte la première illustration par Jenny Nyström de ce personnage légendaire de la tradition suédoise, qu'elle a transformé en bonhomme amical à la barbe blanche et aux habits rouges, lié depuis à Noël. Peu après, et évidemment influencé par l'image naissante du père Noël, aussi bien que par la nouvelle tradition danoise, une variante du nisse appelé Jultomte en Suède et Julenisse en Norvège, commence à apporter les cadeaux de Noël en Suède et en Norvège, au lieu de la traditionnelle Julbock (Chèvre de Noël) 32. De Santa Claus au Père Noël Santa Claus qui vient du néerlandais Sinter Klaas (saint Nicolas) et dont la fête fut introduite en Amérique au début du XVIIe s. par les colons hollandais, fondateurs de New Amsterdam (rebaptisée New York), est à l'origine du personnage du Père Noël. Le Père Noël, nommé ainsi depuis le XIXe s. (1855, G. Sand), ou Papa Noël, ou même Bonhomme Noël, est la transposition laïque de saint Nicolas. Il ne connaît pas de frontières : Father Christmas en Angleterre, Santa Claus aux États-Unis, Babbo Natale en Italie, Weihnachtsmann en Allemagne. Le petit Papa Noël remporta dans les pays francophones, sauf en Belgique et dans le Nord de la France, un très grand succès, tandis que déclinait le mythe du bon évêque Nicolas. Le 6 décembre 1809, Washington Irving publie Knickerbocker’s History, un roman dans lequel il décrit un Sinter Klaas qui se déplace dans le ciel, sur son char céleste, et descend dans les cheminées pour distribuer des cadeaux aux enfants. Le 23 décembre 1823, le journal Sentinel de New York publie le fameux poème du pasteur Clement Clarke Moore, professeur de théologie et de littérature grecque et orientale, intitulé A Visit From St. Nicholas dans lequel l’auteur met en scène un vieux lutin joufflu qui vole à bord d’un traîneau tiré par huit rennes minuscules nommés Dasher, Dancer, Prancer, Vixen, Comet, Cupid, Donder et Blitzen (= Tornade, Danseur, Furie, Fringuant, Comète, Cupidon, Éclair et Tonnerre) et apporte des cadeaux dans un grand baluchon en passant par la cheminée. Un neuvième renne, Rodolphe ou Rudolph, au nez rouge, sera créé en 1939. En 1830, un graveur sur bois, Myron King, réalise une première illustration de ce Saint Nicolas et de son équipage, exactement comme ils sont décrits dans le poème de Moore : un petit lutin, pas du tout bedonnant, et huit rennes nains. Vers 1850, le dessinateur John Tenniel en fait un joyeux petit bonhomme à barbe blanche. En 1860, Thomas Nast, illustrateur du magazine new-yorkais Harper's Illustrated Weekly, affuble le généreux lutin d’un costume rouge et d’une large ceinture. Il l’arme d'une baguette menaçant les enfants désobéissants, lui faisant ainsi tenir également le rôle du Père Fouettard. Partisan de Lincoln, il dessine, en 1862, un gnome distribuant des cadeaux aux soldats nordistes. Jusqu’en 1889, Nast fera évoluer son personnage qui deviendra même son autoportrait. Santa Claus. Harper's Weekly newspaper January 1, 1881 En 1885, Nast établit la résidence officielle du père Noël au pôle Nord par un dessin représentant deux enfants qui regardent, sur une carte de monde, le tracé de son parcours depuis le pôle Nord jusqu'aux États-Unis. L’année suivante, un écrivain américain, George P. Webster, explique que l’usine de fabrication de jouets du Père Noël (où s’affaire une armée de lutins) reste camouflée sous la glace du Pôle Nord durant la période estivale. Au cours de la Première Guerre Mondiale, les troupes américaines amènent sans grand succès le Père Noël en France 37. La carrière commerciale du Père Noël ne débute qu'en 1931, lorsqu'il est utilisé comme support publicitaire par la marque Coca-Cola. Entre 1931 et 1966, Haddon Sundblom, peintre illustrateur américano-suédois, réalise pour la firme américaine des dizaines de toiles sur le thème de Noël. Grâce au talent artistique de Haddon Sundblom, Santa Klaus, revêtu de sa houppelande écarlate, a désormais une stature humaine (le rendant ainsi plus convaincant et nettement plus accessible), un ventre rebondissant, une figure sympathique et rubiconde, un air jovial et une attitude débonnaire. Coca Cola souhaite ainsi inciter les consommateurs à ingurgiter son soda, même en plein hiver. John Ronald Reuel Tolkien (1892-1973), l’auteur du Seigneur des Anneaux, renforce, dans les années 30, le mythe du père Noël en publiant ses Lettres au père Noël. Durant le second conflit mondial, le Père Noël entretient le moral des G.I. ; il débarque en force sur nos rivages avec les troupes américaines et le fameux soda, mais ne s'impose qu’à partir de 1948 avec l'application du Plan Marshall. Le 23 décembre 1951, des catholiques, hostiles à cet usurpateur laïc et désireux de lutter contre la paganisation des esprits, brûlent son effigie sur le parvis de la cathédrale Sainte-Bénigne à Dijon, devant plus de deux cents enfants des paroisses. Le 24 décembre, le porte-parole de l'épiscopat déclare dans le quotidien France-Soir : Le Père Noël et le sapin se sont introduits dans les écoles publiques alors qu'ils sont la réminiscence de cérémonies païennes qui n'ont rien de chrétiennes tandis que, au nom d'une laïcité outrancière, la crèche est scrupuleusement bannie des mêmes écoles. Le Cardinal Saliège, archevêque de Toulouse, déclare : « Ne parlez pas du Père Noël pour la bonne raison qu'il n'a jamais existé. Ne parlez pas du Père Noël, car le Père Noël est une invention dont se servent les habiles pour enlever tout caractère religieux à la fête de Noël. Mettez les cadeaux dans les souliers de vos enfants, mais ne leur dites pas ce mensonge que le Petit Jésus descend dans les cheminées pour les apporter. Ce n'est pas vrai. Ce qu'il faut faire, c'est donner de la joie autour de vous, car le Sauveur est né. » Le cardinal Roques, archevêque de Rennes, dénonce les invraisemblables stupidités d'un imaginaire chiffonnier, dénommé père Noël. Le dimanche 12 décembre 2010, dans son sermon, l'évêque de Resistencia au nord du Brésil déclare : "Nous ne devons pas confondre Noël avec un gros monsieur habillé en rouge [...] Les enfants doivent savoir qu'en vrai ce sont leurs parents qui font les cadeaux, au prix d'efforts et avec l'aide de Jésus". LA MERE NOEL La Mère Noël,apparaît en 1851 dans Yale Literary Magazine : la femme du Père Noël aide son mari dans son travail. C'est toutefois l'écrivaine Katharine Lee Bates qui popularise véritablement la figure de la Mère Noël, via son poème "Goody Santa Claus on a Sleigh Ride" (1989). "Goody" est en effet l'abréviation de "Goodwife", équivalent de "Miss" ou "Mrs" aujourd'hui, donc de "Madame" en français. Le titre du poème peut donc se traduire en "Madame Père Noël sur un traîneau". Mais que raconte-t-il ? La Mère Noël y déplore que son mari soit le seul à être reconnu alors qu'elle-même fournit un travail acharné pour confectionner les cadeaux. Elle rejette l'unique statut de femme au foyer et supplie son époux de l'emmener sur le traîneau pour qu'elle puisse elle aussi distribuer les cadeaux de Noël aux enfants. Le Père Noël accepte mais n'est pas très enthousiaste à l'idée que sa femme dépose elle-même les présents à l'intérieur des maisons. Finalement, il la laisse faire et la Mère Noël descend dans une cheminée afin de réparer les chaussons d'un enfant pauvre et les remplir de présents (https://www.linternaute.fr). Noël dans le monde En France : - En Bretagne : Les expressions sont nombreuses pour souhaiter un bon anniversaire, une bonne année ou encore de bonnes fêtes. Pour Noël, les Bretons emploient «Nedeleg laouen», prononcée «nédélègue Laouèn». Il s’agit de l’équivalent en gallois de «Nadolig llawen» ou encore de «Nadelek lowen» en conique. Pour le nouvel an, c’est plutôt l’expression «Bloavezh mat» qui est utilisée. - En Alsace : Les Alsaciens ne manquent pas d’expressions pour se souhaiter un «joyeux Noël». Ils peuvent s’échanger des «Fràliche Wihnorde», «gleckika Wïanachta» et «Sheeni Wiehnacht». Pour le nouvel an, on peut entendre «A Güata Rutsch» de la bouche des Alsaciens. Cette expression veut littéralement dire «bonne glisse !». À noter également qu’une autre formule, dont la prononciation est difficile à maîtriser, peut aussi être employée. Il s’agit de «a glicklig nèi johr», soit «bonne année» en français. - En Corse : A prononcer «bon nadalé», le joyeux noël corse peut également se retrouver sous sa forme exhaustive: «bon natale à tutti». Soucieux de répondre à toutes les formes de vœux et messages de sympathie, les Corses proposent la formule «bone feste», à savoir «bonnes fêtes». Sans oublier, à l'approche du nouvel an: «bon dì, bon annu e bon capudannu», littéralement: «bonne journée, bonne année et bon début d'année». Et pour finir: «Pace e salute», «Paix et santé à tous»! - En Occitanie : "Bon Nadal". L'expression semble originaire d'Espagneet pourtant elle provient de l'occitan. La langue du sud-ouest de la France recoupe aujourd'hui six dialectes. Il est ainsi possible, outre cette formule prononcée à Noël, d'entendre au Nouvel an diverses expressions. Notons Bon nadau en gascon et Bona Annada. Cette dernière peut être suivie d'un complément: «plan granada e de maitas acompanhada» à savoir «une bonne année fructueuse et accompagnée de bien d'autres encore». La locution possède une variante: «A l'an que ven que se siam pas maï que siguèm pas men» qui signifie: «À l'année prochaine! Que si nous ne sommes pas plus, nous ne soyons pas moins!» - Au Pays Basque : En basque, on lance un «Eguberri on» pour souhaiter un «bon 25 décembre». L’expression est composée de «egu», qui se traduit par «jour» en français, «berri» qui signifie «nouveau», et «on» qui veut dire «bon». Au nouvel an, les Basques utilisent l’expression «Urte berri on», prononcée «urté» (année), «berri» (nouvelle), «on» (bonne). - Dans le Nord: Dans le Nord de la France, on rivalise d'expressions hautes en couleurs à l'occasion des fêtes de fin d'année. Il est ainsi fréquent d'entendre les locuteurs picards prononcer la formule «Joyeux Noé» le 25 décembre, mais aussi les locutions «boène énée», «boinne énée» ou encore «boinne inée» le soir du 31 décembre. Notons qu'en ch'ti, la «bonne année!» sera suivie de «à tertous». - En créole : En créole, les formules de Noël et du nouvel an sont reines. Il est ainsi commun de s'échanger le 25 décembre des «Bon Nwèl», «Jénwèl» en Martinique et en Guyane. Les vœux des Dom-Tom font également l'éloge des particularismes français. On se dit «Bon Nannen» en Guyane, «Bon Lanné» en Martinique ou «Bone erëz ané» sur l'île de la Réunion. De quoi attendre maintenant, le soir du 31 avec impatience, pour toutes et tous les prononcer! En Italie Les traditions de Noël varient d'une région à l'autre et les petits italiens ne reçoivent pas tous leurs jouets en même temps. Dans certaines régions, c'est Babbo Natale (Papa Noël) ou Gesu Bambino (le Petit Jésus) qui apporte les cadeaux le 25 décembre. Ailleurs, c'est Sainte Lucie (Santa Lucia), le 13 décembre. La Befana, qui signifie Epiphanie, est la concurrente de Babbo Natale. Selon la légende, elle a été avertie de la naissance de Jésus par les mages qui l'invitèrent à les accompagner mais elle arriva trop tard. Dans la nuit du 5 au 6 janvier, vêtue de noir, les souliers percés, un grand sac sur le dos, cette vieille femme chevauche son balai (ou son cheval) pour porter des cadeaux (pièces en chocolat et jouets) aux enfants sages d’Italie. En revanche, s’ils ont été désobéissants, elle remplit leurs souliers de charbon… Le dessert de Noël, le panettone, un pain aux fruits, a vu le jour à Milan vers 1490 ; rapidement on l'adopta dans toute l'Italie, des Alpes à la Sicile. A Milan, les hommes d'affaires prirent l'habitude de donner le panettone en cadeau à leurs clients pour Noël 30. Joyeux Noël ! = Buon Natale ! En Espagne Les enfants d'Espagne, qui ne connaissent le Père Noël que depuis peu de temps, reçoivent traditionnellement leurs cadeaux des Rois Mages (= Reyes Magos) à l'Epiphanie. Ils déposent leurs sabots sur le balcon et y laissent un peu d’avoine pour nourrir les chameaux des illustres visiteurs. Traditionnellement, les rois mages ont apporté jusqu'au XIXème siècle des articles de première nécessité : Gaspar des sucreries, du miel et des fruits secs, Melchior des vêtements et des souliers, et Balthazar, du charbon, du bois et des pierres pour punir les enfants qui n'ont pas été sages. Depuis, le charbon, fabriqué en sucre, est offert par plaisanterie, et l’enfant reçoit quand même ses vrais cadeaux. Autrefois, dans les villages espagnols, le soir du réveillon ou le matin de Noël, on remerciait son voisin pour l'aide donnée au cours de l'année. Le voisin, muni d'un panier tressé d'osier, devait venir chercher sa récompense : de l'huile d'olive, des noix ou des fruits secs. Aujourd’hui, on trouve dans les magasins, à l'approche des Fêtes, des paniers de Noël composés des plus fins produits du pays. Joyeux Noël ! = Feliz Navidad ! Au Portugal Au Portugal, à partir du 25 décembre, la table reste mise en permanence jusqu'au dimanche des rois afin que tous les amis et parents puissent se servir à volonté. Anciennement, on échangeait les cadeaux le dimanche des Rois ; la coutume subsiste encore dans certaines contrées. Joyeux Noël ! = Feliz Natal ! En Grande-Bretagne En Grande-Bretagne, pour remercier le père Noël, Father Christmas, les enfants n'oublient jamais de mettre sur le tablier de la cheminée un verre de sherry et une tartelette au mincemeat. Dès que la reine Elisabeth II avait terminé son discours, le 25 décembre, les Britanniques se mettaient à déguster le fameuxChristmas Pudding. Joyeux Noël ! = Merry Christmas ! En Irlande En Irlande, une bougie est placée sur le rebord de la fenêtre le jour de Noël. Avant de partir pour la messe on laisse un verre de whisky pour le Père Noël et des carottes pour les rennes. Les cadeaux sont ouverts le jour de Noël et le repas de Noël a lieu dans l'après-midi. Le lendemain est encore un jour de fête : Stephen's Day (Jour de Saint Etienne). Dans les campagnes, de jeunes garçons, les wren boys, vêtus de vieux habits, chantent et jouent de la musique en allant de maison en maison récolter quelques pièces de monnaie. Joyeux Noël ! = Nollaig Shona ! Le 26 décembre, le site Wren Day est consacré à la chasse au troglodyte (un oiseau): bien sûr, aucun animal n'est tué, tout est figuré. En Islande Noël se dit Jol en islandais. Les Jolasneinar, les treize petits lutins de Noël, sont les enfants de Gryla, une géante monstrueuse à trois têtes. Mais, depuis l'apparition du Père Noël, ils sont devenus gentils et passent leur temps à préparer les cadeaux. On dit que l'horrible chat de Gryla, cet énorme chat maléfique Jólakötturinn ou Jólaköttur (« chat de Noël ») se cache dans la campagne islandaise enneigée pendant les vacances de Noël et se nourrit des personnes qui n'ont pas reçu de nouveaux vêtements à porter avant la veille de Noël. Joyeux Noël ! = Gleðilegt Jól ! En Allemagne Joyeux Noël ! = Fröhliche Weihnachten ! En Allemagne, après la fête de Saint Nicolas (6 décembre), la fête de Noël se fête durant deux jours (le 25 et le 26 ). Les cadeaux sont donnés dans l'après-midi ou dans la soirée du 24 (der Heilige Abend ) non pas par le Père Noël mais par le ChristKind (Enfant Jésus). Le menu traditionnel est composé d'une oie grillée, accompagnée le plus souvent de chou rouge et de pommes. En dessert, on déguste le gâteau de Noël par excellence : le fameux Christstollen. En Allemagne (mais aussi en Ukraine), il est de coutume de mettre une toile d'araignée parmi les décorations de Noël. En Pologne En Pologne, la veille de Noël est un jour maigre même chez les non pratiquants. Le pain azyme, composé exclusivement de farine de froment et d'eau et décoré de motifs religieux, est confectionné et mangé dans les églises durant la période de Noël. On partage le pain azyme avec ses proches en s'adressant des vœux de Joyeux Noël et de bonne année ; ce signe de paix, de réconciliation et de pardon, ouvre le repas de Noël qui doit comprendre 12 plats différents. Joyeux Noël ! = Wesołych Świąt ! En Tchéquie Ponikla, en République tchèque, est le seul endroit dans le monde qui produit des décorations de Noël en perles de verre soufflé. Aux Philippines Aux Philippines, le cochon de lait rôti, le traditionnel lechon, passe des heures à tourner au dessus des braises sur sa broche de bambou. Au Japon Les petits Japonais se lèvent à l’aube du 25 décembre pour découvrir leurs cadeaux aux pieds du sapin décoré sous l’œil amusé du cygne immaculé, symbole de la lumière solaire, de la pureté, de la sincérité et de la paix, qu’on retrouve un peu partout dans la maison au moment des fêtes. Au Japon, le 25 est aussi la fête des amoureux. Quant aux derniers Aïnous de l’île de Hokkaido, ils fêtent l’ours, l’ancêtre de leur tribu. Lors de la fête de l’ours (Kamui omante), l’ours descend sur terre et laisse divers cadeaux aux humains, avant de retourner au monde divin. Joyeux Noël ! = Merī kurisumāsu ! En Chine Les Chinois échangent des Shang Tar Kuaï Loh (Joyeux Noël) à la sortie de la messe de minuit puis font un repas autour d’un sapin décoré. Les Chinois, qui fabriquent la plupart des décorations de Noël, fêtent Noël de plus en plus. En Corée du Sud En Corée du Sud, le 25 décembre est un jour férié. Jusque dans les familles bouddhistes, les enfants reçoivent des cadeaux et tout le monde connaît Grand-père Santa. Joyeux Noël ! = Meli keuliseumaseu ! Aux Antilles Les Antillais dégustent du porc accompagné de galettes à la noix de coco et dansent sous les cocotiers enguirlandés en dégustant du rhum spécialement préparé. Au Brésil Les Brésiliens attendent le passage de Papai Noel autour d’un plat de poulet et de riz arrosé d’une bière locale. Dans de nombreux pays d'Amérique centrale et du Sud C'est l'Enfant Jésus (Niño Dios) qui apporte les cadeaux aux enfants à minuit, le soir de Noël. L'un des rares pays au monde à ne pas fêter Noël est l'Uruguay où cette fête, devenue laïque depuis 1919, porte le nom officiel de "Journée de la famille". Aux Etats-Unis Aux États-Unis, à la Maison Blanche, on déguste le Gâteau du Président, une recette et une tradition qui remontent à Abraham Lincoln. Au Mexique Les Mexicains, très attachés à leurs coutumes locales, célèbrent, dans la joie et la bonne humeur, « Las Posadas » (les « auberges ») : Ce sont les 9 soirées pendant lesquelles Marie et Joseph voyagent de Nazareth pour se rendre à Bethléem. Dans chaque ville étape, ils se faisaient héberger et nourrir par qui voulait bien. Au Mexique, la fête de Noël commence le 16 décembre par la reconstitution du voyage de Joseph et de Marie à Bethléem. Les personnages de Joseph et Marie, fixés sur un brancard, sont portés par deux jeunes filles jusqu'à la maison choisie à l'avance pour demander l'hospitalité. Le couple est promené ainsi, allant chaque soir dans une famille différente qui brise alors unePinata dont la destruction symbolise celle du mal. Les pinatas renferment en leur cœur bonbons et chocolats. Elles sont représentées avec 7 picots autour, symboles des 7 péchés capitaux et donc des mauvaises actions des hommes sur Terre. En les détruisant, les enfants permettent de disperser les bonnes actions à savoir, les bonbons. Finalement, le 24, Joseph et Marie sont déposés près du petit Jésus dans la crèche dressée devant l'église. Au Mexique, c’est à la fois Jésus, Marie, Joseph, les trois Rois mages, les bergers et les anges, qui assurent la distribution des cadeaux. La Nuit des radis est une parade qui a lieu chaque année le 23 décembre à Oaxaca (Mexique): ce jour-là, des personnages ou des scènes sculptés sur des radis apparaissent sur le marché de Noël. Chez les orthodoxes Le Noël orthodoxe est célébré dans la nuit du 6 au 7 janvier. Cependant, plusieurs Eglises orthodoxes, notamment celles des pays faisant partie de l’Union Européenne, ont adopté le calendrier grégorien utilisé par les catholiques et les protestants. À partir du 1er septembre 2023, date du début de la nouvelle année liturgique dans la tradition byzantine, l'Église gréco-catholique ukrainienne utilisera le calendrier grégorien pour la célébration des fêtes fixes, telles que Noël, l'Épiphanie et les journées commémoratives des saints. En revanche, l'utilisation du calcul selon le calendrier julien pour la date de Pâques et les fêtes qui s'y rapportent demeure. - Serbie En Serbie, l’homme le plus âgé doit aller chercher des branches de chêne. A son retour, il est accueilli par des chants. Chacun doit lécher du miel sur les branches. Du blé et des noix sont jetés aux quatre coins de la demeure. Joyeux Noël ! = Hristos se rodi ! - Russie Les enfants russes ne reçoivent pas leurs cadeaux le 25 décembre et doivent s’armer de patience jusqu’au jour de l’An. Lors de la nuit de la Saint Sylvestre, Ded Moroz (Père Gel), descend dans les cheminées pour apporter des cadeaux aux enfants sages. Il partage sa tâche avec la mythique Babouchka (Grand-mère) qui n’a pas voulu accompagner les rois mages, ou avec Sniegourotchka, la fée des neiges, sa petite-fille et son assistante qui l'aide à distribuer les cadeaux. Une légende russe raconte que c'est un quatrième roi mage qui conduit sur la steppe un traîneau, rempli d’offrandes, tiré par des rennes : parce que depuis 2 000 ans il a renoncé à trouver l'Enfant Jésus qu'il cherchait en vain, il se rattrape en remettant les cadeaux aux enfants. Les bolcheviks avaient supprimé les traditions bourgeoises, Noël en particulier, et il ne restait donc plus que la fête païenne du Nouvel An. Aujourd’hui, Ded Moroz fait sa tournée le premier de l'an et le 7 janvier, jour de Noël orthodoxe. Joyeux Noël ! = S rojdyèsstvom ! - Grèce Les enfants grecs attendent le 2 janvier, jour de la Saint Basile, pour recevoir leurs cadeaux. C’est en effet, Basile le Grand, évêque de Césarée et père de l'Église grecque, qui se charge de la distribution. Toute la famille s’est réunie la veille pour faire la fête. Nicolas est néanmoins l'un des saints les plus populaires en Grèce. Les Grecs ne manquent pas de le fêter chaque année comme patron des bateliers. Joyeux Noël ! = Kala Khristouguenna ! En Scandinavie Dans les pays d'Europe du Nord, on s'attache à revendiquer le titre de Pays du Père Noël. Les pays scandinaves s'opposent à ce sujet depuis des décennies. On s'accorde en général pour localiser le bonhomme en Laponie, près du cercle polaire. Cependant, chaque pays a développé ses propres traditions : le rituel du sauna la veille de Noël chez 70 % des Finlandais, l'émission de timbres spéciaux au Danemark, la bière de Noël norvégienne, les décorations de paille des sapins suédois. Sans oublier la terreur des enfants islandais : recevoir en cadeau une patate, qui sanctionne leur manque de sagesse ! Le Noël nordique est convivial : les préparatifs se succèdent pendant l'Avent, avec l'illumination, chaque dimanche, d'une bougie. Ce rituel se déroule en famille et entre amis, autour d'un verre de vin chaud épicé, le glögg. De même, le 13 décembre, jour de la Sainte-Lucie (du latin lux, lucis = lumière), ce sont les municipalités, les écoles et les entreprises qui prolongent la tradition de cette martyre venue conjurer les ténèbres des nuits les plus longues de l'année. Ce matin-là, la famille suédoise déguste le vin chaud et les biscuits proposés par la fille aînée, vêtue d'une robe blanche et d'une ceinture rouge, portant une couronne hérissée de bougies (ou une cornette blanche, moins dangereuse !). La famille fêtera ensuite Noël, sans oublier d’ajouter un couvert pour le pauvre éventuel. - Suède En suédois, les cadeaux de Noël s'appellent juklappar (coups de Noël), parce que, anciennement, dans la nuit du 24 décembre, on frappait fort aux portes de ceux à qui on destinait un présent, avant de disparaître pour ne pas être aussitôt reconnu. Le destinataire ne pouvait découvrir l’identité du donateur qu'à la lecture de la dédicace, souvent irrévérencieuse. C’était un bouc, figure mythologique ancestrale, qui distribuait autrefois les cadeaux aux enfants. Bien que cette fonction soit assurée aujourd’hui par Jultomten, leur Saint Nicolas, les Suédois utilisent toujours un bouc en paille en guise de décoration. Les gnomes nommés Tomte et autres petites figurines prennent place sous le sapin. Joyeux Noël ! = God Jul ! - Norvège La veille de Noël, les Norvégiens décorent le sapin, à l’insu des enfants. Ils doivent ensuite se rendre à l'étable pour offrir un bol de porridge au nisse, un gnome protecteur de la ferme, puis, déposer une bougie sur chaque tombe de la famille. Ils pourront passer à table après les sonneries des cloches d'églises et la récitation des prières. Joyeux Noël ! = Gledelig Jul ! - Finlande La Finlande entière cesse de vivre le 24 décembre : les restaurants sont fermés et les transports en commun ne circulent plus. Bien que Joulupukki soit aujourd'hui indiscernable du Père Noël, il s'inspire du folklore hivernal scandinave ; la légende raconte qu'il s'agissait de "bouc de Yule", une créature païenne qui aidait à préparer la fête d'hiver de Yule. Comme au Moyen âge, la trêve de Noël de Turku, l'ancienne capitale, est proclamée solennellement ; les Finlandais sont très attachés à cette cérémonie symbolique. Joyeux Noël ! = Hyvää Joulua ! - Danemark Au Danemark, le dîner de Noël commence vers 18 h 00. A la fin du repas, on sert du riz au lait dans lequel est cachée une amande entière. Celui qui la trouve reçoit un petit cochon porte bonheur en pâte d'amande. Après le dîner le père va seul dans la pièce où se dresse le sapin de Noël pour allumer les bougies tandis que les autres attendent derrière la porte. La famille entre ensuite ; elle forme un cercle autour de l'arbre en se tenant par la main et entonne un chant de Noël en faisant une ronde. Le Julemanden, ou "L’Homme de Noël" est un petit personnage à barbe du folklore danois, généralement vêtu d'une veste grise et d'un chapeau rouge qui apporte les cadeaux aux enfants lors du réveillon de Noël (auparavant, c'était les nisser, des créatures ressemblant à des lutins, qui venaient apporter la bonne fortune pour l'année à venir, aux familles qui les accueillaient avec un bol de porridge). Joyeux Noël ! = Glædelig Jul ! En Iran En Iran, le nouvel an n'est pas célébré en décembre, mais en avril ! À cette occasion, Baba Nowruz, un personnage issu du folklore iranien apparaît pour apporter des cadeaux aux enfants. Semblable au Père Noël, il porte une longue barbe blanche ; il est accompagné par son fauteur de troubles, Haji Firuz, qui joue du tambourin et exige que les enfants lui offrent des cadeaux. La demeure du Père Noël Depuis 1963, le congrès mondial des Pères Noël (12 pays européens, Canada et Japon) se tient chaque année en plein été au Danemark car les Danois prétendent que le Père Noël est leur compatriote. Le Père Noël du Groenland, possession danoise située dans l'Arctique, reçoit, à Nuuk, la capitale de l'île, 40 000 à 50 000 missives du monde entier. Le Santa Claus groenlandais prétend être le véritable père Noël et considère ses alter ego finlandais, canadien, suédois, et autres, comme des usurpateurs. Suivant l’initiative d’un agent de voyage britannique en 1984, les Finlandais assurent, de leur côté, que l’illustre bonhomme vit en Laponie finlandaise, pas très loin du cercle polaire, à Rovaniemi où il reçoit de nombreux touristes. Le père Noël finlandais reçoit environ 500 000 lettres du monde entier (Santa Claus, 96930 Cercle polaire, Finlande). Le succès commercial de Rovaniemi a suscité des vocations en Suède et en Russie où existent aujourd’hui des sites du Père Noël. Le courrier du Père Noël Chaque année, du 20 novembre au 20 décembre, la Poste française répond à chaque lettre au Père Noël. C’est Michel Maurice-Bokanovski, ministre des PTT du 5-2-1960 au 14-4-1962, qui prit cette initiative après avoir appris que deux postières, Odette Ménager à Nueil-sur-Layon (Maine-et-Loire) et Magdeleine Homo à Veules-les-Roses (Seine-Maritime), répondaient elles-mêmes aux lettres envoyées au Père Noël, Cette décision fut mise en pratique, à Noël 1962, par le nouveau ministre, Jacques Marette : la Poste répondit à 2 000 lettres par une carte rédigée par Françoise Dolto, psychologue et belle-sœur du ministre. En 2021, 1 200 000 lettres venues de 150 pays et 100 000 courriels ont été reçus par la cinquantaine de lutins-secrétaires du Père Noël, à Libourne en Gironde, qui s'engagent à répondre en deux langues (français et anglais) à tous les enfants et à toutes les classes qui lui écrivent avant le 21 décembre : lettre à Père Noël, 33500 LIBOURNE ou courriel à pere-noel@laposte.net. Les enfants recevront une belle lettre du Père Noël accompagnée d'une carte postale à colorier qu'ils pourront envoyer à leur famille et à leurs amis. Les postes canadiennes (Société canadienne des postes) et bulgares, elles aussi, répondent aux lettres envoyées à l’illustre bienfaiteur. Les enfant suédois écrivent au Tomten. La Poste suédoise reçoit chaque année plus de 15.000 courriers pour le Père Noël envoyés des quatre coins de la planète. Parmi ces lettres, elle en archive une poignée qui rejoignent son musée qui compte plusieurs milliers de lettres collectées depuis 1890 (Géo). Les enfants russes peuvent adresser leurs lettres à Ded Moroz à Veliky Ustyug. En 2020, grâce à une petite entreprise de Strasbourg, le Père Noël écrit aux enfants "pour de vrai", avec un courrier personnalisé. Après avoir salué l'enfant de son prénom et de son fameux "Ho Ho Ho !", le Père Noël lui parle de ses qualités et défauts, de ce qu'il a bien fait, ou moins bien fait durant l'année. Autant de confidences qu'il a discrètement recueillies de façon bien réelle auprès des parents s'étant inscrits sur le site internet d'Epopia (https://www.epopia.com/) pour recevoir l'histoire de Noël. La pérennité du mythe Un sondage réalisé en 1999 a révélé que 4 % des Français ont cru au Père Noël jusqu’à l’âge de 15 ans. Et c’est à l’âge de 8 ans, en moyenne, que les enfants sortent du mythe. Il est bien loin le temps où le Vieux de Noël passait, la nuit, de porte en porte, accompagné de la cohorte des morts, pour réclamer des offrandes aux vivants en échange de bons présages pour l'année nouvelle. Bonhomme Noël" ou "Père Janvier" selon les régions, était aussi déjà souvent vêtu d'un costume blanc et rouge mais n'avait pas l'air en bonne santé et portait des baguettes façon Père Fouettard à la ceinture pour effrayer les enfants turbulents. Cependant, qu’on l’appelle Odin, Gargan, Nicolas ou Noël, qu’il soit dieu, fils du soleil, géant, lutin, saint évêque, père ou simplement bonhomme, ce personnage mythique et sans âge, providentiel et généreux, protecteur et rassurant, radieux et chaleureux, cet être féérique, qui répond à notre besoin de merveilleux et symbolise notre attachement à notre famille et à nos proches, a encore de beaux jours devant lui... Par contre le Père Noël peut aussi déclencher une peur irrationnelle et incontrôlable chez les enfants comme chez les adultes : la paternatalophobie. C’est le Seigneur lui-même qui doit vous donner un signe. Le voici : la jeune fille est enceinte et va enfanter un fils qu’elle appellera Emmanuel (Isaïe 7,14). Et toi, Bethléem Ephrata 40 ; Petite entre les milliers de Juda ; De toi sortira pour moi Celui qui dominera sur Israël ; Et dont l'origine remonte aux temps anciens ; Aux jours de l'éternité. (Michée 5,1-2). Mais le signe qui est vraiment "signe" et devait devenir le motif de la crédibilité pour le genre humain - c'est-à-dire que le premier-né de toutes les créatures, en assumant la chair d'un sein virginal, se serait vraiment fait enfant - Dieu l'annonça au moyen de l'Esprit prophétique, pour que quand il se réaliserait, on sache qu'il s'accomplit par la puissance et par la volonté du Créateur de l'univers (Justin + 165, Dialogue 34: PG 6, 673). Le Fils de Dieu, notre Seigneur, Verbe issu du Père, est aussi le Fils de l'homme, car Marie était issue de créatures humaines et créature humaine elle-même. Or, c'est par elle qu'il fut engendré et qu'il s'est fait Fils de l'homme (Irénée + 202, Traité contre les hérésies). C'est nous, nous qui sommes étrangers aux sabbats, aux nouvelles lunes, et aux fêtes, nous qui étions autrefois agréables à Dieu, c'est nous qui fréquentons maintenant les Saturnales, les fêtes du solstice d'hiver, les Matronales ; on porte çà et là des présents, les cadeaux du nouvel an se font avec fracas, les jeux, les banquets se célèbrent avec des cris ; oh ! Comme les païens sont plus fidèles à leur religion ; comme ils prennent soin de n'adopter aucune solennité chrétienne ! (Tertullien + 230/240) O Vierge Immaculée, Mère de Dieu et pleine de grâce, Celui que tu as porté, c’est l’Emmanuel, le fruit de ton sein. Tu surpasses, ô Marie, toute louange ! Je te salue, Marie, Mère de Dieu et Gloire des anges. Car voici que tu dépasses en plénitude de grâce toutes les annonces des Prophètes. Le Seigneur est avec toi, tu enfantes le Sauveur du Monde (Prière anonyme gravée sur un tesson de poterie du IIIe siècle, trouvé en Egypte). Notre transgression provoqua la philanthropie du Verbe, de telle sorte que le Seigneur vint jusqu’à nous et apparut parmi les hommes. Car nous sommes devenus la cause de son entrée dans un corps. C’est pour notre salut qu’il a été pris d’amour jusqu’à se rendre humain et paraître dans un corps. Le Seigneur n'est pas venu seulement pour se montrer, mais pour soigner et enseigner ceux qui souffraient. Pour se montrer il lui suffisait d'apparaître et d'étonner ceux qui le verraient. Pour soigner et pour instruire, il lui fallait se mettre au service des hommes, sans excès qui dépasseraient les besoins de l'humanité et rendraient inutiles l'apparition de Dieu (Athanase + 373, Sur l’Incarnation du Verbe). Le Seigneur vint en Elle (Marie, ndlr) pour se faire serviteur. Le Verbe vint en Elle pour se taire dans son sein. La foudre vint en Elle pour ne faire aucun bruit. Le pasteur vint en Elle et voici l'Agneau né, qui pleure sans bruit. Car le sein de Marie a renversé les rôles : Celui qui créa toutes choses est entré en possession de celles-ci, mais pauvre. Le Très-Haut vint en Elle, mais Il y entra humble. La splendeur vint en Elle, mais revêtue de vêtements humbles. Celui qui dispense toutes choses connut la faim. Celui qui étanche la soif de chacun connut la soif. Nu et dépouillé Il naquit d'Elle, Lui qui revêt (de beauté) toutes choses. (Ephrem le Syrien + 373, Hymne De Nativitate 11,6-8) Nous ne devons pas nous troubler lorsque se produisent des événements étrangers aux divines promesses. Dieu réalise toujours ses plans par des moyens qui semblent paradoxaux. De la sorte, il manifeste sa puissance. (Jean Chrysostome + 407, Homélie sur les saints Innocents). Il a daigné venir à nous pour se manifester dans la forme d'esclave. Qu'il ait pris chair est le chemin qu'il a choisi. La fatigue du chemin n'est rien d'autre que la faiblesse de la chair et Jésus est faible dans la chair. Mais toi, ne te laisse pas aller à la faiblesse. Toi, sois fort dans sa faiblesse à lui. Parce que ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes et la faiblesse du Christ est notre force (Augustin + 430, Sur l’Evangile de Jean). Je trouve très surprenant qu’il y ait des gens pour se demander vraiment si la Sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu. Car si notre Seigneur Jésus est Dieu, comment la Vierge qui l’a porté et mis au monde ne serait-elle pas la Mère de Dieu ? Telle est la foi que nous ont transmise les Saints Apôtres, même s’ils n’ont pas employé cette expression (Cyrille d'Alexandrie, Lettre aux moines d’Egypte, 431). Notre Sauveur, mes bien-aimés, est né aujourd'hui : réjouissons-nous ! Il n'est pas permis d'être triste, lorsqu'on célèbre l'anniversaire de la vie. Celui-ci détruit la crainte d'avoir à mourir, il nous donne la joie de l'éternité promise. Personne n'est tenu à l'écart de cette allégresse, car le même motif de joie est commun à tous. Notre Seigneur, chargé de détruire le péché et la mort, n'ayant trouvé personne qui en fût affranchi, est venu en affranchir tous les hommes. Que le saint exulte, car il approche du triomphe. Que le pécheur se réjouisse, car il est invité au pardon. Que le païen prenne courage, car il est appelé à la vie. En effet, le Fils de Dieu, à la plénitude des temps fixée clans la profondeur impénétrable du plan divin, a épousé la nature humaine pour la réconcilier avec son Créateur ; C'est ainsi que le démon, inventeur de la mort, allait être vaincu par cette nature même qu'il avait vaincue. À la naissance du Seigneur, les anges bondissent de joie et chantent : Gloire à Dieu dans les hauteurs ; ils annoncent : Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime. Ils voient en effet la Jérusalem céleste qui se construit avec toutes les nations du monde. Combien la pauvre humanité doit-elle se réjouir devant cette œuvre inouïe de la bonté divine, puisque celle-ci inspire une telle joie à la nature sublime des anges eux-mêmes ! (Léon le Grand + 461, Sermon pour Noël) Le Christ aime l’enfance par laquelle il a débuté, en son âme comme en son corps, modèle de douceur. C’est vers elle qu’il ramène les adultes, c’est vers elle qu’il ramène les vieillards. Ce n’est pas aux amusements de l’enfance ni à ses tâtonnements maladroits que nous devons retourner. Il faut lui demander le rapide apaisement des colères, le prompt retour au calme, l’indifférence aux honneurs, l’amour de l’union mutuelle. (Léon le Grand, Sermon pour l’Epiphanie) Le premier Adam est devenu, pour celle qui l’avait porté, la terre, cause de malédiction. Le nouvel Adam a rendu bénie celle qui l’a engendré. Et non seulement cela, mais il l’a constituée source et communicatrice de bénédictions pour tous les autres (Théophane, + 845/850, Discours sur la Mère de Dieu). Marie est la mère du Créateur de tout, incomparablement conjointe avec Lui (Fulbert, évêque de Chartres + 1028). Nous souffrons bien misérablement de trois sortes de maladies, car nous sommes faciles à séduire, faibles pour agir et fragiles pour résister. Si nous voulons discerner entre le bien et le mal, nous nous trompons ; si nous essayons de faire le bien, le courage nous manque ; si nous faisons des efforts pour résister au mal, nous nous laissons vaincre. De là la nécessité de la venue d'un Sauveur, afin qu'en habitant avec nous par la foi, il illumine notre aveuglement ; qu'en restant avec nous, il aide à notre infirmité et qu'en se posant pour nous, il protège et défende notre fragilité (Bernard de Clairvaux + 1153). O naissance supérieure à la nature et survenue à la faveur de la nature, naissance supérieure à tout par la grandeur du miracle qui le réalise et réparant tout par la vertu de son mystère. Mes frères, qui nous contera cette naissance ? (Bernard de Clairvaux, Sermon pour la vigile de Noël) En ce jour, le Seigneur a lancé sa grâce. La nuit a retenti de sa louange. Voici le jour que le Seigneur a fait, Jour de joie, jour de triomphe (Prière de François d’Assise + 1226). C’est déjà une merveille pour les saints de recevoir une grâce qui sanctifie leur âme. Mais la grâce que reçut l’âme de la Vierge fut une telle abondance qu’elle rejaillissait sur sa chair, afin que cette chair conçût le Fils de Dieu (Thomas d’Aquin + 1274). La Bienheureuse Vierge Marie, parce qu’Elle est Mère de Dieu, a une dignité infinie d’une certaine manière, parce qu’elle découle du Bien infini qui est Dieu (Thomas d’Aquin, Summa Theologiae, I, q. 25, a. 6). Fais-moi chanter l’amour de la Bienheureuse, de la Dame qui se réjouit du Christ. Donne-moi réconfort, Mère du Bel Amour et mets feu et flamme en mon cœur. Confortez-vous en grande allégresse, vous qui avez grande espérance en Dieu. Voici la Madone et son Fils. Ne sommes-nous point en sûreté ! (Laudes italiennes du 13ème siècle) Mon très doux Seigneur [.] Nous sommes ton image et tu es devenu notre image par ton union avec l'homme tu as voilé ta divinité éternelle en prenant la chair d'Adam, misérable et pécheresse. D'où vient cela ? Uniquement de ton amour inexprimable (Catherine de Sienne + 1380, Dialogue sur la Providence). Certaines irréfléchis ne savent pas se taire. Lorsque Dieu leur accorde une grâce ou une lumière, ils se hâtent de le publier partout, souvent fort mal. Ces gens ressemblent à une poule qui ne cesse de caqueter : elle trahit l’œuf qu’elle vient de pondre et, sur le champ, on le lui ravit (Vincent Ferrier + 1419, Sermon sur la Nativité). Marie est « Mère de Dieu » : voilà son premier titre de gloire, celui qui englobe tous les autres. On n’en saurait imaginer de plus sublime. Tous les autres ne seraient rien par rapport à celui-ci, même si leur nombre dépassait celui des étoiles du ciel et des grains de sable de la mer (Luther + 1546, Commentaire du Magnificat). Qu'il est admirable de songer que Celui dont la grandeur emplirait mille mondes et beaucoup plus s'enferme ainsi en nous qui sommes une si petite chose ! (Sainte Thérèse d'Avila + 1582, Chemins de la Perfection) Le mot incarnation retentit souvent dans nos églises, en ce temps de Noël. Mais quel est son sens ? Pour l’expliquer, saint Ignace d’Antioche et surtout saint Irénée partent du Prologue de Saint Jean qui dit : « Le Verbe s’est fait chair » (1, 14). Le mot chair indique l’homme dans son intégralité. Dieu a pris notre humanité pour nous donner sa divinité et nous permettre d’être ses fils. Voici le grand don de Noël : en son Fils, Dieu s’est donné lui-même pour nous. Il nous montre ainsi le modèle du don. Celui-ci ne doit pas se réduire au matériel. La personne qui est incapable de donner un peu d’elle-même, donne toujours trop peu. Notre foi ne concerne pas seulement notre esprit et notre cœur, mais toute notre vie. Le Verbe incarné était au commencement auprès de Dieu. Par lui, tout a été créé. Son Incarnation réalise une nouvelle création. Le Christ est le Nouvel Adam qui révèle pleinement l’homme à l’homme et lui montre son vrai visage et sa vocation... (Benoît XVI, 9 janvier 2013) Noël est une fête de la foi et de l'espérance, qui surpasse l'incertitude et le pessimisme. Notre espérance réside dans le fait que Dieu est avec nous et qu'il a encore confiance en nous. Il vient parmi les hommes et choisit la terre comme demeure pour vivre parmi nous et partager nos joies et nos peines. Ainsi la terre n'est plus une vallée de larmes mais le lieu où Dieu a planté sa tente, le lieu où l'homme le rencontre, le lieu de sa solidarité avec l'homme... Cette présence ne s'opère pas dans un monde idéal mais dans un monde réel, marqué par tant de belle choses et tant de maux, lacéré par les divisions et les guerres, l'oppression et la pauvreté. Dieu a décidé de vivre notre histoire telle quelle, avec ses limites et ses drames... Il est bien Dieu avec nous pour toujours... La Nativité démontre que Dieu s'est mis pour toujours du côté de l'humanité, pour la sauver et la relever de ses misères et de ses fautes (Pape François, 18 décembre 2013, Catéchèse VIS). Tant crie l'on Noël qu'il vient (François Villon + 1463 ?, Ballade des proverbes). La galette des Rois fait la galette du boulanger (Jean-Paul Coudeyrette, Autocitations). Quand en décembre il a tonné, l'hiver est avorté. Décembre de froid trop chiche ne fait pas le paysan riche. Décembre trop beau, l'été dans l'eau. Décembre prend ; il ne rend. En décembre, fais du bois et endors-toi. Froid et neige en décembre, du blé à revendre. Quand Noël est sans lune, de cent brebis il n'en reste qu'une. A la Noël froid dur annonce épis durs. Noël au balcon, Pâques aux tisons. A Noël les moucherons, à Pâques les glaçons. Noël humide donne grenier et tonneau vides. Vent qui souffle à la sortie de la messe de minuit dominera l'an qui suit. Les jours entre Noël et les Rois indiquent le temps des douze mois. Vent du premier janvier souffle un semestre. Le mauvais an entre en nageant. Quand le soleil brille le jour de l'an, c'est signe de gland. Jour de l'an beau, mois d'août beau et chaud. A l'aguilonneu, les jours croissent d'un pas de bœuf. Beaucoup d’étoiles pour la nuit des Rois et sécheresse en été tu auras. Pluie aux Rois, blé jusqu’au toit, et dans les tonneaux, vin à flots. Pour les Rois, le jour croît. Fou qui ne s'en aperçoit. Il faut boire du vin rouge le jour des Rois pour se faire du bon sang pour toute l'année. Un temps clair pour le jour des Rois nous annonce un regain de froid. Les hivers les plus froids sont ceux qui prennent vers les Rois. Janvier sec et sage est d’un bon présage. Quand sec est janvier ne doit se plaindre le fermier. Voir dossier Jésus. Marie Notes 1 Wikipedia 2 http://autourdalos.fr/html/mytho1.htm 3 http://quran.al-islam.com/frn/Default.asp 4 Grand Dictionnaire Universel du XIXe siècle, Pierre Larousse 5 http://racines.traditions.free.fr/festes/festes.pdf 6 CASA info n°42 -Décembre 1993 7 Paul du Breuil, Histoire de la Religion et de la Philosophie Zoroastriennes 8 Jacques de Varazze ou de Voragine, 1230-1298, La légende dorée 9 Opus imperfectum in Matthaeum, VIe s. 10 http://www.notrefamille.com/v2/editorial-dossiers/la-galette-des-rois.asp 11 Zeus, Héra, Hestia, Déméter, Apollon, Artémis, Héphaïstos, Athéna, Arès, Aphrodite, Hermès, Dionysos. https://www.geo.fr/histoire/qui-etaient-les-dieux-de-lolympe-204755. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89piphanie 12 http://catholique-nanterre.cef.fr/faq/fetes_epiphanie_sens.htm#pré chrétienne 13 http://www.eglise.catholique.fr/actualites-et-evenements/agenda/saint-du-jour.html 14 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/cefepiphanie/epi21106.html 15Dictionnaire des symboles. Jean Chevalier- Alain Gheerbrant. Ed. R. Laffont. 1995 16 http://fr.wikipedia.org/wiki/Rois_mages 17 Benoît de Ste-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 12934 18 A la recherche des destinées/Eugène Nus - E. Flammarion (Paris) - 1891 19 http://www.american-buddha.com/blavatsky.secretdoctrine.book2notes.htm 20 Dictionnaire des symboles. Jean Chevalier- Alain Gheerbrant. Ed. R. Laffont. 1995 21 http://www.leparisien.fr/societe/l-enigme-de-l-etoile-de-bethleem-peut-etre-resolue-24-12-2001-2002681867.php 22 http://fr.wikipedia.org/wiki/Orion_(constellation) 23 Benoît XVI, 23 décembre 2009 24 Coran, traduction de Kasimirski, 1840 25 http://users.skynet.be/lotus/flag/cresc0-fr.htm 26 http://fr.wikipedia.org/wiki/Gui_(plante) 27 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/archives/deuxmil12sem/semaine01/212nx011asiea.html 28 http://www.cetad.cef.fr/actualite_11-la-creche-de-noel.htm 29 Marie-Odile Mergnac, Les Noëls d'autrefois. 30 http://chez.le.pere.noel.free.fr/traditions/italie.html 31 http://www.maria-valtorta.org/Personnages/Mages.htm 32 http://fr.wikipedia.org/wiki/Nisse_%28folklore%29 33 A en croire certains, les druides criaient « O ghel an heu ! » (Que le blé lève !) : Histoire et mémoires de l'Académie royale des sciences, inscriptions et... Par Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse. Page 89. 1837 34 http://www.chretiensorientaux.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=78:les-differentes-dates-de-noel&catid=48:faq&Itemid=76 35 http://infocatho.cef.fr/fichiers_html/cefepiphanie/epi21102.html 36 http://www.gouvernement.fr/guide-laicite-et-collectivites-locales-reactualise-octobre-2015-3072 37 Le Coca Cola, bien que disponible en France depuis 1919, ne fut officiellement connu qu'en 1933. 38 http://users.skynet.be/cercle.humaniste.philippeville/fetes_chretiennes_ou_fetes_paiennes.htm 39 http://actu.orange.fr/france/autorisation-sous-condition-des-creches-dans-les-batiments-publics-CNT000000wUgKh.html 40 Entre 1992 et 2003, l'archéologue israélien Aviram Oshri a conduit des fouilles de sauvetage dans le village homonyme de Bethléem en Galilée, à six kilomètres à l'ouest de Nazareth. Il y a mis au jour les vestiges d'une occupation juive d'époque hérodienne (Ier siècles av. et ap. J.-C.) et ceux d'une basilique chrétienne du VIe siècle, associée à un monastère et à une hôtellerie. De ces indices, il a conclu à l'existence d'un pèlerinage chrétien et émis l'hypothèse que le village galiléen de Bethléem serait le véritable berceau de Jésus. (Aviram Oshri, Where was Jesus Born ?, in Archeology, vol. 58 n° 6, novembre/décembre 2005, cité par https://fr.wikipedia.org/wiki/Bethl%C3%A9em) 41 http://montseguraucoindestemps.unblog.fr/2009/12/08/neo-helios/ 42 http://www.astrologie-et-christianisme.fr/articles/102-les-rois-mages 43 https://fr.wikipedia.org/wiki/Controverses_de_No%C3%ABl 44 http://www.linternaute.com/actualite/histoire/1183294-origine-de-noel-une-tres-vieille-histoire/1183301-le-sapin-de-noel 45http://www.linternaute.com/actualite/histoire/1183525-epiphanie-2017-les-francais-consomment-30-millions-de-galettes-des-rois-chaque-annee/#origines-epiphanie 46 https://fr.wikipedia.org/wiki/Calendrier_de_l%27Avent 47 https://fr.wikipedia.org/wiki/Kixmi 48 https://fr.wikipedia.org/wiki/Jour_de_l%27an 49 Dictionnaire des antiquités grecques et romaines... par Samuel Pitiscus traduit par Pierre Barral. Libraire Charles Pougens, 1797. 50 https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article14724 51 http://the-visionnaire.over-blog.com/article-le-mystere-de-noel-93849192.html 52 http://religion-orthodoxe.eu/article-epiphanie-theophanie-42347974.html 53 https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2020-12/naissance-de-jesus-que-dit-l-historien.html 54 Dans des versions plus tardives, l'anneau porte simplement un pentalpha, soit cinq A entremêlés en forme d'étoile à cinq pointes, aussi appelé pentagramme, pentangle, pentacle ou pentacule. Voir : Jésus de Nazareth. Le christianisme. Les dogmes. Les sacrements. Semaine sainte (La). Sources Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur Date de mise à jour : 30/11/2024 |