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Né à Albano (Latium), Innocent succède à son père, Anastase, le 21 décembre 401. Il appuie Augustin dans sa lutte contre le pélagianisme. Il revendique la souveraineté du pape sur les Eglises d’Occident. Il écrit dans une lettre à Descentius, l’un des évêques d’Ombrie, que tous les sièges d’Italie, d’Espagne, de Sicile, d’Afrique et des Gaules ont été fondés par Pierre ou par ses successeurs. Il va plus loin dans sa réponse au concile de Carthage : « II est de droit divin de consulter le Saint-Siège sur toutes les affaires ecclésiastiques avant de les terminer dans les provinces ». Il approuve l’Ordre de Saint Basile. Il meurt le 12 mars 417 et est enterré au cimetière de Pontien. Il est l'auteur d'une Liste de livres canoniques de la Bible incluant tous les livres qui seront finalement retenus au Concile de Trente (source TOB, introd. à Judith) 8. On a des Décrétales et des Lettres de saint Innocent Ier, fêté le 12 mars. "Que les petits enfants peuvent, même sans la grâce du baptême, jouir des récompenses de la vie éternelle, cela est stupide au plus haut point. Si, en effet, ils ne mangent pas la chair du Fils de l’homme et ne boivent pas son sang, ils n’auront pas la vie en eux. Ceux qui soutiennent que ces enfants l’auront sans être renés, me paraissent vouloir rendre vain le baptême lui-même, en prêchant qu’ils ont ce que la foi professe ne pouvoir leur être conféré que par le baptême." (Innocent I). "C'est de lui que Jérôme 2 disait à la vierge Démétriade : "Gardez la foi de saint Innocent, fils et successeur d'Anastase de bienheureuse mémoire en la Chaire Apostolique ; ne recevez aucune doctrine étrangère, si prudente et habile que vous croyez être. Comme le juste Loth, écrit Orose, la providence de Dieu, pour lui épargner la vue de la ruine du peuple Romain, le retira de Rome et le mit en sûreté dans Ravenne." Après avoir condamné Pelage et Célestius, il décréta expressément, à l'encontre de leur hérésie, que les enfants même nés d'une chrétienne devaient renaître par le baptême, afin que cette nouvelle naissance purifiât en eux la souillure de la première. Il approuva aussi qu'on jeûnât le samedi, en souvenir de la sépulture de notre Seigneur. Il siégea quinze ans, un mois et dix jours. En quatre ordinations au mois de décembre, il créa trente prêtres, quinze diacres, et cinquante-quatre évêques pour divers lieux. On l'ensevelit au cimetière nommé Ad Ursum Pileatum." 4 "Le pontificat de saint Innocent sera surtout un affermissement de la juridiction romaine en Occident comme nous le voyons au travers des 36 lettres que nous avons de lui. Il se sent qualifié pour dire le droit de l'Eglise. Les querelles relèvent des conciles provinciaux, conformément aux canons des conciles de Nicée et de Sardique. Rome intervient en dernière instance en Occident, en raison de l'antériorité de Rome sur toutes ces Eglises. Pour les Eglises d'Orient, il respecte l'antériorité des sièges patriarcaux mais intervient quand un arbitrage est demandé. Avec l'Eglise en Afrique, il est plus nuancé. Dans le domaine doctrinal, saint Innocent n'innove pas. Il se veut le gardien d'une Eglise qui doit sans cesse retrouver sa pureté." 5 401. 21 décembre, selon Jérôme 2 (Ep, 130, 16), Innocent succède à son père, Anastase. En hiver, le concile d’Ephèse, présidé par Jean Chrysostome 1, dépose six prélats simoniaques. 402. 11 janvier, Théodose le Jeune, fils d'Arcadius, est proclamé Auguste. Fin février, le consul Stilicon, après avoir combattu avec succès pendant l'hiver les Vandales et autres Barbares conduits par Radagaise en Rhétie et en Norique, descend en Italie pour débloquer Milan ; Alaric abandonne le siège d'Hasta (Asti) où s'est réfugié Honorius, puis se rend à Pollentia sur la rivière Tanarus où il décide d'attendre les troupes romaines de Stilicon lancées à sa poursuite. 6 avril, à Pâques, les Wisigoths d'Alaric Ier sont battus par Stilicon à la Bataille de Pollentia, qui n'est cependant pas décisive ; Alaric, dont la famille a été capturée, se retire sur l'Apennin ; des négociations s'ouvrent au terme desquelles Alaric accepte de quitter l'Italie. Eté ou automne, Honorius, menacé par les Wisigoths, déplace la cour impériale d'Occident de Mediolanum (Milan) à Ravenne. 403. En juin, les Wisigoths d'Alaric Ier, qui ont l'intention de passer le col du Brenner pour envahir la Rhétie puis la Gaule alors dégarnies de leurs troupes, sont battus par Stilicon à la bataille de Vérone ; ils sont rejetés hors d'Italie et installés comme fédérés en Illyrie. 18 juin, le concile (conciliabule) de Chêne (ad Quercum), près de Chalcédoine, présidé par Théophile d’Alexandrie, rend une sentence de déposition contre le patriarche de Constantinople Jean Chrysostome 1 ; l'impératrice d'Orient, Eudoxie, blâmée pour adultère par Jean Chrysostome, le fait exiler. Au concile de Constantinople, la sentence de déposition portée contre Jean Chrysostome est solennellement annulée. 25 août, le concile de Carthage décide qu’on invite les donatistes à se réunir avec les catholiques, pour examiner en commun les motifs de leur division. 404. Après le combat du 1er janvier, Honorius interdit les combats de gladiateurs. 20 juin, au concile de Constantinople, le patriarche de Constantinople, Jean Chrysostome 1 est déposé une seconde fois pour avoir critiqué la vie dissolue de l’impératrice Eudoxie ; il est chassé de la ville le 24 juin ; le pape écrit à l’empereur Arcadius en le privant, ainsi qu’Eudoxie, de la participation aux saints mystères ; Arcadius répond en demandant pardon ; le pape lève l’excommunication et anathématise ceux qui ont persécuté Jean Chrysostome : Théophile, patriarche d'Alexandrie, est démis et excommunié par le pape. 26 juin, le concile de Carthage condamne les donatistes qui ont refusé l'invitation à une conférence l'année précédente. 405. 20 février, Innocent écrit à l'évêque de Toulouse Exuperius une lettre dans laquelle il confirme dans la continence les prêtres et les diacres selon la règle édictée par Sirice dans la lettre à Himerius 6. 406. Vigilantius de Barcelone, prêtre en Lombardie, condamne le célibat du clergé. A Rome, installation des vitraux d’église. 31 décembre, près de Mayence, des bandes de Vandales, Alains et Suèves franchissent le Rhin gelé et entrent en Gaule qu’ils ravagent ; ils seront suivis par les Alamans qui s’installeront en Alsace et dans le Palatinat, les Burgondes et les Francs. Vers 407. Angles et Saxons envahissent l’Armorique. 407. 15 juillet, le concile de Carthage, présidé par Aurèle, évêque de cette ville, adopte des canons sur la réunion à l’Eglise des évêques donatistes et sur les érections de nouveaux évêchés. Constantin le Petit est empereur des Gaules. 408. Constant, fils de Constantin le Petit, l'empereur des Gaules, est assassiné. 1er mai, Constantinople, mort d'Arcadius premier empereur romain d'Orient : son fils Théodose II, 8 ans, lui succède (sous la tutelle du préfet du Prétoire Anthémius). 22 août, mort de Stilicon, général et homme politique romain, régent de l’Empire romain d’Occident qu'Honorius, persuadé par son entourage que Stilicon complote contre lui, a fait exécuter. 409. Vandales (Germains), Alains (non-Germains : Sarmates), Quades (Germains confondus longtemps avec les Suèves) et Wisigoths (Germains orientaux) pénètrent en Espagne. Vers 410. Installation de cloches dans les églises italiennes. 410. Julien, 2e fils de Constantin le Petit, est empereur des Gaules (il sera assassiné en 411). L’empereur Honorius annonce aux Bretons qu’ils auront à se défendre eux-mêmes contre les envahisseurs : les troupes romaines quittent l’île de Bretagne. 24 au 26 août, pendant 3 jours, Alaric Ier, roi des Wisigoths, fou de rage contre Honorius qui lui refuse une place dans l’Empire (Alaric voulait que l’on puisse tenir les Romains et les Goths pour un seul peuple), pille Rome (inviolée depuis 8 siècles) d’où le pape Innocent vient de s’absenter (?), provoquant les pleurs de Jérôme de Stridon 2 et la douleur d'Augustin d'Hippone ; Alaric, en bon chrétien, a cependant fait placer tous les prêtres et les sénateurs sous sa protection personnelle, interdit le pillage des trésors de l’Eglise et fait respecter le droit d’asile dans la basilique Saint-Pierre ; Alaric étant entré dans Rome sans combattre, on peut raisonnablement avancer que la reddition de la ville a été négociée. 410 à 445. En Gaule, arrivée des Francs. 411, 416 et 418. A Carthage, conciles (auxquels participe Augustin) relatifs au péché originel et à la nécessité de la grâce mise en cause par Pélage et son disciple Célestius. 411. Jovin est proclamé empereur à Mayence (tué en 413). Maxime le tyran est proclamé empereur des Gaules en Espagne (dernier empereur des Gaules). Nestorius (+ 451), patriarche de Constantinople, affirme qu’il y a deux personnes en Jésus (autonomie de son humanité) et que la Vierge n’est pas la mère de Dieu. 1er juin, à la demande d'Honorius, ouverture du concile-conférence de Carthage (conférences les 1er, 3 et 8 juin), présidée par le légat impérial Marcellin, qui organise un débat contradictoire entre les catholiques et les donatistes : Augustin et un grand nombre de ses collègues offrent de quitter leurs sièges en faveur des évêques donatistes qui se réuniraient à leur communion. 14 juin, le concile de Carthage préconise le baptême des enfants, règle la cérémonie de l’ordination des exorcistes et condamne les donatistes : il demande à l’empereur Honorius de leur retirer la liberté d’exercer librement leur religion (édit impérial du 30 janvier 412). 412. Augustin écrit une série d’ouvrages dans lesquels il attaque violemment les préceptes que formule Pélage sur l’autonomie morale de l’Homme et élabore sa propre formulation subtile du rapport entre liberté humaine et grâce divine ; ces critiques sont à l’origine des accusations d’hérésie prononcées à l’encontre de Pélage. 18 octobre, Cyrille 3 succède à son oncle Théophile comme patriarche d'Alexandrie. 413. 6 avril, à Carthage, le légat impérial MARCELLIN, accusé faussement par les donatistes de complot contre l’empereur (ces derniers veulent se venger d'avoir été condamnés par le concile de Carthage en 411), est exécuté malgré les intervention de son ami Augustin d'Hippone : « Probité de mœurs, fidélité en amitié, zèle pour la doctrine, sincérité en matière religieuse, chasteté en son ménage, retenue dans l’exercice de la justice, patience envers ses ennemis, affabilité envers ses amis, promptitude à rendre service, retenue dans ses requêtes, amours des bonnes actions et douleur devant les péchés : voilà quelles étaient ses qualités » (Eloge funèbre de saint Marcellin par Augustin) ; l'Eglise fête saint Marcellin le 6 avril. 414. 1er janvier, à Narbonne (royaume wisigoth de Toulouse) : le wisigoth Athaulf, beau-frère et successeur de Alaric, épouse Galla Placidia, la sœur d'Honorius. A Constantinople, la sœur de Théodose II, Pulchérie, devient Augusta, fait vœu de virginité et impose une politique antijuive et antipaïenne. A Bethléem, Jérôme 2 termine la Vulgate. Vers 415. Jean Cassien fonde Saint-Victor de Marseille. 415. En mars, à Alexandrie, l'évêque Cyrille accuse la mathématicienne, philosophe et astronome HYPATHIE (fille de Théon d’Alexandrie, mathématicien, philosophe et astronome, directeur de l'école réputée appelée Mouseion, elle dispense, à la tête de la fameuse école néoplatonicienne que son père lui confie, un enseignement public) d'être impie, de pratiquer la magie et d'ensorceler beaucoup de gens par ses dons sataniques 9 ; selon Socrate le Scolastique, comme Hypatie rencontre assez souvent le préfet romain Oreste fraîchement converti au christianisme, cela déclenche contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens selon laquelle elle est bien celle qui empêche des relations amicales entre Oreste et l’évêque Cyrille ; aussi, des membres de la confrérie des parabalanis, conduits par Pierre le Lecteur ou le Clerc, guettent Hypatie qui rentre chez elle, la jettent hors de son siège et la traînent à l’église (l'église Saint-Michel, l'ancien Cæsareum, ndlr) où elle est mise en pièces à coups de tessons puis ils chargent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantissent par le feu 7 ; il n’est pas prouvé que le patriarche d'Alexandrie, Cyrille 3, a effectivement autorisé ce meurtre, même si l’histoire lui en attribue la responsabilité. Le concile de Jérusalem renvoie Pélage aux évêques latins pour qu’il soit jugé par eux. 20 décembre, le synode de Diospolis (l’ancienne Lydda) révèle des incompréhensions chroniques entre l’Orient et l’Occident concrétisées par l’opposition entre Jean l’évêque de Jérusalem et la communauté monastique de Jérôme 2 et absout Pélage. 415 à 430. L'évêque du Puy, Scutaire, fait construire la première cathédrale du Puy ; convaincu de la réalité de l'apparition de la vierge Marie sur le Dolmen, il le fait placer à l'intérieur de l'église, chose tout à fait exceptionnelle. 416. Le concile de Carthage (77 évêques) condamne les thèses de Pélage (théologien de l’Eglise de Bretagne, acquitté par les synodes de Jérusalem et de Diospolis) et son disciple Célestius ; l’Église de Carthage adresse un appel pressant à Innocent, à l’autorité du Siège apostolique, pour demander confirmation de cette sentence. En juin, le concile de Carthage, anathématise Pélage et Célestius. Au concile de Milève (Numidie), 61 évêques écrivent au pape Innocent ; Augustin lui écrit au nom de 5 évêques une seconde lettre dans laquelle il explique plus longuement l’affaire de Pélage. Le pape souhaite que le baiser de paix soit donné une fois la messe achevée pour manifester l’effet ultime du sacrement : l’amour mutuel de tous les communiants ; Innocent remplace la coutume du baiser (en usage dans l’Eglise primitive et recommandé par Paul) par une plaque de métal que le célébrant embrasse et fait embrasser en disant : "Pax tecum". 417. 1er janvier, Honorius, le frère de Galla Placidia, lui impose de se marier à Constance, futur empereur romain d'Occident. 27 janvier, l’épiscopat africain, animé par Augustin, obtient du pape Innocent une double condamnation de Pélage et de Célestius ; Pélage fait agir ses amis romains et, en septembre, le successeur d’Innocent, Zosime, le réhabilitera. 12 mars, mort du pape Innocent. Notes 1 JEAN CHRYSOSTOME, docteur et père de l’Eglise, fêté le 13 septembre et nommé patron des orateurs chrétiens par Pie X, naquit vers 349 à Antioche. Il étudia l’art oratoire et commença sa carrière comme avocat. À 18 ans, il devint évêque d’Antioche sous l’influence de Mélétos, qui l’orienta vers une école monastique et le baptisa peu de temps après. Après avoir vécu comme moine pendant 6 ans dans les montagnes, Jean fut ordonné diacre en 381 et fait prêtre en 386. Ses sermons éloquents, sérieux et pratiques lui valurent d’être considéré comme le plus grand orateur de l’Eglise primitive. En 398, Arcadius, empereur d’Orient, le nomma patriarche de Constantinople. Ses prêches contre les vices suscitèrent la haine de Théophile, patriarche d’Alexandrie (règne de 385 à 428), et de l’impératrice Eudoxie qui le chassa de la capitale en 403. Jean, rappelé, fut exilé à nouveau en 404 dans le désert du Taurus où il mourut en 407 après avoir essayé de convertir les Perses et les Goths au christianisme. En 438, Théodose II ramena le corps du saint à Constantinople pour l’enterrer en toute solennité. Le nom de Chrysostome (du grec chrysostomos = bouche d’or) fut utilisé pour la première fois au VIe siècle. "Qu’est donc la grandeur humaine ? C’est le songe d’une nuit. Tout s’évanouit avec le jour. C’est comme fleurs printanières. Le printemps est passé et tout est fané" (Sermon sur la vanité). "De retour en nos demeures, dressons-y deux tables : l’une pour les mets du corps. L’autre pour ceux de l’Ecriture Sainte. Que chacun de vous fasse de sa maison, une église !" (Homélie sur la Genèse). "Le fidèle doit se montrer non seulement par son offrande, mais encore par la transformation de sa vie. Il doit briller non seulement par ce qu’il a reçu de Dieu, mais encore par ce qu’il apporte lui-même" (Homélies sur saint Matthieu). "Je ne prends pas la parole pour accuser les riches. Je vise les riches qui usent mal de leur richesse, car la richesse n’est pas un mal. Encore faut-il s’en servir comme il faut" (Jean Chrysostome). "Nous ne devons pas nous troubler lorsque se produisent des événements étrangers aux divines promesses. Dieu réalise toujours ses plans par des moyens qui semblent paradoxaux. De la sorte, il manifeste sa puissance" (Jean Chrysostome, Homélie sur les saints Innocents). "Il lui fait prendre la mesure de celui qu'il combat et dont il ne pourrait soutenir la vue lorsqu'il récompense ou punit. Ce n'est pas l'obscurité qui le plonge dans les ténèbres, c'est l'éclat de la lumière qui l'enveloppe d'obscurité" (Jean Chrysostome à propos de la conversion de saint Paul). 2 JEROME de STRIDON (Eusebius Hieronymus), père et docteur de l’Eglise, saint fêté le 30 septembre, naquit v. 345-347 à Stridon, à la frontière des provinces romaines de Dalmatie et de Pannonie. Après des études à Rome, il se retira dans le désert, où il mena une vie d’ascèse et poursuivit l’étude des Saintes Ecritures. En 379, il fut ordonné prêtre. Il passa ensuite 3 ans à Constantinople avec Grégoire de Nazianze, père de l’Eglise d’Orient. En 382, il rentra à Rome, servit de secrétaire au pape Damase Ier et commença à jouir d’un grand prestige. Il devint le directeur de conscience de nombreuses personnes dont une noble romaine veuve, prénommée Paula, et ses filles Blésilla et Eustochia. Après la mort, en 384, de la pieuse Blésilla (ou Blésille), âgée de 20 ans, décès que le peuple imputa à ses jeûnes répétées, et aux funérailles de laquelle, la foule, s’en prit aux moines en criant qu’il fallait les mettre à la porte de Rome, les chasser à coups de pierres, ou les jeter dans le Tibre (Jérôme, Épist., 39), et celle du pape Damase (11-12-384), une coalition contre Jérôme dénonça la dureté de ses exigences ascétiques et sa disgrâce fut consommée lors d’un procès ecclésiastique. A l’été 385, il s’embarqua pour l’Orient avec ses deux amies (Paula et sa fille, ste Eustochia ou Eustochium + 418). Il s’établit en 386 à Bethléem, ville où Paula (ou Paule + 404) fonda 4 couvents, 3 destinés aux religieuses et le 4e pour les moines, dirigé par Jérôme lui-même. Il y poursuivit son œuvre littéraire et s’engagea dans une controverse, non seulement avec les hérétiques Jovien et Vigilantius et les partisans du pélagianisme, mais également avec Rufinus et Augustin. La polémique qui l’opposa aux Pélagiens l’obligea à vivre caché pendant deux ans environ. Il mourut en 420. Son œuvre la plus importante est la Vulgate (de vulgatus = populaire), traduction, entre 391 et 405, de l’original hébreu de la Bible en latin. Il associa le tétramorphe, les 4 êtres vivants de l’Apocalypse (4,6-8), aux évangélistes : l’homme à Matthieu car son évangile débute par la vie de Jésus, le lion à Marc car il place la prédication de Jean Baptiste dans le désert en tête de son évangile, le taureau à Luc car il illustre le sacrifice de Zacharie, l’aigle à Jean en raison de son élévation spirituelle (le Lion symbolise l’élément Feu et la résurrection ; le Taureau symbolise l’élément Eau ; l’Aigle symbolise l’élément Air et l’Homme symbolise l’élément Terre ; le tétramorphe correspond aussi à toutes les énergies se manifestant par le nombre 4, nombre de l’incarnation de l’Esprit dans la matière ; entourant le Christ en gloire, les 4 symboles illustrent les 4 horizons du monde, sa mission et sa royauté terrestre que rappellent ses bras étendus sur la croix ; le tétramorphe est aussi symbole du Christ : Christ homme en naissant, Christ bœuf en mourant, Christ lion en ressuscitant et Christ aigle en montant aux cieux). On représente Jérôme dans le désert avec un lion à ses pieds. Il voyait dans le bain chaud une atteinte à la chasteté (recherche de sensualité). « Priez-vous ? Vous parlez au Seigneur. Lisez-vous l’Ecriture sainte ? C’est Lui qui vous parle (…) Ignorer les Ecritures, c’est ignorer le Christ (...) On ne naît pas chrétien. On le devient (…) Ce qui a de la valeur, c’est d’être chrétien et non de le paraître ». (Jérôme). « Ce n’est pas à l’habit qu’on reconnaît le moine, mais à l’observation de la règle et à la perfection de sa vie. Il faut ainsi faire la distinction entre l’être et le paraître » (Saint-Jérôme, cité par le pape Grégoire IX dans une lettre composée au XIIIe siècle). Le 30 septembre 2020, le pape François signe une Lettre apostolique consacrée à Jérôme de Stridon, ce Père de l’Église occidentale : Scripturae Sacrae affectus (une affection pour la Sainte Écriture) analyse la vie, l’œuvre et l’actualité de l’auteur de la Vulgate, et invite les croyants d’aujourd’hui à se plonger avec passion dans la Parole de Dieu. 3 CYRILLE D’ALEXANDRIE, saint fêté en occident le 27 juin, et proclamé Père et docteur de l’Eglise par le pape Léon XIII en 1882, naquit à Alexandrie vers 376. Il fut élu patriarche de sa ville natale le 18 octobre 412. En mars 415, à Alexandrie, l'évêque Cyrille accusa la mathématicienne, philosophe et astronome Hypatie, d'être impie, de pratiquer la magie et d'ensorceler beaucoup de gens par ses dons sataniques 9 ; aussi des membres de la confrérie des parabalanis, conduits par Pierre le Lecteur ou le Clerc, guettèrent Hypatie qui rentrait chez elle, la jetèrent hors de son siège et la traînèrent à l’église où elle fut mise en pièces à coups de tessons puis ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu 7 (il n’est pas prouvé que Cyrille a effectivement autorisé ce meurtre, même si l’histoire lui en attribue la responsabilité). Cyrille ordonna le pillage et la fermeture des églises des novatiens, secte hérétique fondée au IIIe siècle par le pape Novatien. Il chassa d’Alexandrie les Juifs après avoir fait détruire leurs habitations. Le 19 novembre 430, Cyrille, s'appuyant sur un fort mouvement populaire contre le nestorianisme, força Théodose II à convoquer un concile général à Éphèse pour le 7 juin 431. Cyrille se rendit célèbre en présidant le concile d’Ephèse (431) qui condamna le nestorianisme et son fondateur Nestorius, patriarche de Constantinople. Il mourut le 27 juin 444. Il a rédigé des Commentaires sur les Ecritures notamment des Commentaires sur saint Jean, ainsi que des traités doctrinaux. Il a écrit contre Manès (Mani), Plotin, Apollinaire, et contre l'empereur Julien. On connaît surtout son traité intitulé Le Trésor, contre les ariens. Il a laissé 60 Lettres. "Je trouve très surprenant qu'il y ait des gens pour se demander vraiment si la Sainte Vierge doit être appelée Mère de Dieu. Car si notre Seigneur Jésus est Dieu, comment la Vierge qui l'a porté et mis au monde ne serait-elle pas la Mère de Dieu ? Telle est la foi que nous ont transmise les Saints Apôtres, même s'ils n'ont pas employé cette expression" (Cyrille – Lettre aux moines d'Egypte, en 431). "Pour remplacer ceux qui sont tombés, c’est le monde entier qui a été sauvé par la compassion de Dieu en Jésus-Christ" (Cyrille d’Alexandrie). 4 L'Année Liturgique, Dom Guéranger, 1841 à 1866, Abbaye Saint Benoît de Port-Valais) 5 http://nominis.cef.fr/contenus/saint/1581/Saint-Innocent-Ier.html 6 http://pages.videotron.com/historia/Decretales_des_papes.pdf 7 http://fr.wikipedia.org/wiki/Hypatie 8 http://fr.wikipedia.org/wiki/Innocent_Ier 9 selon Jean de Nikiou (Nicée) au VIIesiècle (trad. an.: Chronicle, 84, 87–103 Sources Pape suivant : Zosime Liste des papes Auteur : Jean-Paul Coudeyrette Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur. Date de mise à jour : 24/05/2024 |