Léon Ier dit le Grand, pape

Fils de Quintianus, Léon naît vers 400 en Étrurie (Toscane).
Acolyte en 418, il est vaguemestre du pape Zosime qui le distingue pour son humanisme solide (hormis la maîtrise du grec), sa connaissance approfondie des sciences ecclésiastiques et sa séduisante éloquence ordonnée.
Ordonné diacre par le pape Célestin Ier, il est nommé archidiacre de Rome (432) et bientôt chargé de mission.
C'est grâce à lui que le pape Sixte III déjoue les arguties de Julien d'Eclane (439) qui soutient les pélagiens.
En 440, il est désigné comme médiateur dans le litige qui oppose, en Gaule, le général Ætius au seigneur Albinus.
A la mort de Sixte III (19 août 440), Léon est en Gaule où Célestin Ier l’a envoyé pour réconcilier les généraux Aetius et Albin ; quoique absent et non prêtre, il est élu pape par le clergé et le peuple de Rome ; il est sacré à son retour le 29 septembre.
L'évêque de Ravenne, Pierre Chrysologue, est son conseiller.
Léon revendique la primauté romaine sur toutes les Eglises d’Occident ; il astreint les évêques à la discipline en leur rappelant l’autorité papale et, notamment, en confinant Hilaire d’Arles dans son diocèse. En 450, l’empereur d’Orient, Théodose II, lui donne le titre de Patriarche de l’Occident (Benoît XVI, convaincu que cette appellation attribuée à l’évêque de Rome par l’empereur de Byzance était inadaptée à la situation du troisième millénaire, la fera supprimer dans la nouvelle édition de l’Annuaire pontifical).
En Orient, Léon exerce sa juridiction sur l’Illyricum (les régions balkaniques) par l’intermédiaire de l’évêque de Thessalonique, dont il a fait son vicaire.
Il reste en rapport avec les Églises d’Afrique, ravagées par la persécution vandale.
Il lutte contre les hérésies : manichéisme en Italie (notamment à Rome), pélagianisme, nestorianisme, monophysisme ou eutychianisme [Eutychès (378-454), moine byzantin, défend le monophysisme (la nature divine de Jésus a absorbé sa nature humaine)], priscillianisme en Espagne.
Il rappelle aux évêques les conditions d’admission à l’épiscopat ou la date du baptême (Pâques ou Pentecôte) et leur obligation d’assister chaque année au synode de Rome.
Il décrète que l'on ne donnerait aux religieuses le voile sacré qu'après qu'elles auraient gardé la virginité jusqu'à l'âge de 40 ans (= âge canonique).
On lui attribue la suppression de la confession publique remplacée par la confession secrète et l’extension du célibat aux sous-diacres (cependant le concubinage est encore toléré sous son pontificat).
Le philosophe et théologien Prosper d’Aquitaine (+ 455) est secrétaire-rédacteur à la chancellerie pontificale.
Léon rénove la liturgie en créant le premier Missel qui, modifié, deviendra le Sacramentaire léonien (cette compilation liturgique du VIe ou du VIIe siècle, contient des pièces qui peuvent remonter à Léon). On lui attribue l’établissement des quatre-temps. Il ordonne d'ajouter au Canon de la Messe, ces mots : Sacrifice saint, Hostie sans tache.
On a de lui 173 lettres, 96 sermons, un Code des anciens canons, un traité sur la Vocation des gentils.
Il s'applique à la réparation et à la construction des églises. Il conseille à une pieuse femme nommée Démétria de faire bâtir sur ses possessions l'Eglise de Saint-Etienne, sur la voie Latine, à trois milles de Rome ; lui-même en élève une sur la voie Appienne, sous le nom de Saint-Corneille. Il en répare plusieurs et fait refaire les vases sacrés pour leur usage. Il fait construire des voûtes dans les trois basiliques de Saint-Pierre, de Saint-Paul et dans la Constantinienne. Il bâtit un monastère près de la basilique de Saint-Pierre, et il établit aux tombeaux des Apôtres des gardiens auxquels il donne le nom de cubiculaires 2.
D’après les anciens auteurs, le pape, vers la fin de sa vie, donna sa main à baiser à une femme d’une grande beauté et éprouva une émotion charnelle dont il se punit en se coupant la main, mais, selon la légende, la sainte Vierge intervint miraculeusement et remit en place la main tranchée.
Léon meurt à Rome le 10 novembre 461 ; il est le premier évêque de Rome à être inhumé dans la basilique vaticane.
Saint Léon le Grand, fêté le 10 novembre, est le premier pape proclamé Docteur de l’Eglise par Benoît XIV en 1754.

Le pape Serge Ier lui attribue cette devise : "Je veille pour que le loup, toujours à l'affût, ne saccage pas mon troupeau".


Paroles de Léon Ier dit le Grand :

- Il y a des pièges dans l'abondance des riches, il y en a aussi dans la pauvreté. L'opulence rend hautain et vaniteux, le dénuement engendre l'aigreur et l'amertume.
- Ne jugeons pas l'héritage (spécialement chrétien) sur l'indignité des héritiers.
- Le bienheureux Pierre persiste dans la solidité qu'il reçut. Il n'abandonnera jamais le gouvernement ecclésial. Je continue.
- Si donc, sur cette Chaire, nous faisons quelque chose de bien, si nous décrétons quelque chose de juste, si nos prières quotidiennes obtiennent quelque grâce de la miséricorde de Dieu, c'est par l'effet des œuvres et des mérites de celui qui vit dans son Siège et y éclate par son autorité. Il nous l'a mérité, frères chéris, par cette confession qui, inspirée à son coeur d'Apôtre par Dieu le Père, a dépassé toutes les incertitudes des opinions humaines, et mérité de recevoir cette fermeté de la Pierre que nuls assauts ne pourraient ébranler. Chaque jour, dans toute l'Eglise, c'est Pierre qui dit : Vous êtes le Christ, Fils du Dieu vivant ; et toute langue qui confesse le Seigneur est instruite par le magistère de cette voix. C'est cette foi qui triomphe du diable, et brise les liens de ceux qu'il tenait captifs. C'est elle qui introduit au ciel les fidèles au sortir de ce monde ; et les portes de l'enfer ne peuvent prévaloir contre elle. Telle est, en effet, la force divine qui la garantit, que jamais la perversité hérétique ne l'a pu corrompre, ni la perfidie païenne la surmonter.
- Reconnais, ô chrétien, ta dignité. Tu participes à la nature divine, ne retourne donc pas à ton ancienne souillure par une manière de vivre indigne de ta race…Tu as été transféré dans le royaume de lumière qui est celui de Dieu. (Sermon pour Noël)
- Le Christ aime l’enfance par laquelle il a débuté, en son âme comme en son corps, modèle de douceur. C’est vers elle qu’il ramène les adultes, c’est vers elle qu’il ramène les vieillards. Ce n’est pas aux amusements de l’enfance ni à ses tâtonnements maladroits que nous devons retourner. Il faut lui demander le rapide apaisement des colères, le prompt retour au calme, l’indifférence aux honneurs, l’amour de l’union mutuelle. (Sermon pour l’Epiphanie)
- Ne craignons jamais de nous fatiguer à faire le bien. Au moment venu, nous récolterons. Cette vie présente est un temps de semailles. Viendra le jour de la récolte où chacun recevra les fruits du grain à la mesure de ce qu’il aura semé.
- Car si l'homme nouveau, semblable à la chair du péché, n'avait pas assumé notre condition ancienne et dégradée, si celui qui est consubstantiel au Père n'avait pas daigné devenir consubstantiel à sa mère, si lui, seul indemne de tout péché, ne s'était pas uni à notre nature, l'humanité tout entière serait restée prisonnière sous l'esclavage du démon et nous n'aurions pu profiter de la victoire remportée par le Christ, parce que cette victoire aurait été obtenue en dehors de notre nature. (Lettre de Léon le Grand à l'Impératrice Pulchérie sur l'Incarnation)
- L’exemple du Seigneur invite la foi des croyants à comprendre que, sans avoir à douter des promesses de bonheur, nous devons pourtant, parmi les épreuves de cette vie, demander la patience avant la gloire. (Pour la fête de la Transfiguration)
- Après avoir proclamé le grand bonheur de la pauvreté, le Seigneur ajoute : Heureux ceux qui pleurent, car ils seront consolés. Ces pleurs, mes bien-aimés, auxquels la consolation éternelle est promise, n'ont rien de commun avec l'amour de ce monde. Ces lamentations que répand la plainte de tout le genre humain ne rendent personne heureux. Les saints gémissements ont un autre motif, les saintes larmes ont une autre cause. La tristesse religieuse pleure ou bien le péché d'autrui, ou bien son propre péché ; elle ne s'attriste pas de voir agir la justice divine, mais de voir se commettre l'iniquité humaine. Ici, celui qui fait le mal est plus à plaindre que celui qui le supporte, parce que sa propre malice plonge l'homme injuste dans le châtiment, tandis que la patience conduit l'homme juste à la gloire. Le Seigneur dit ensuite : Heureux les doux, car ils posséderont la terre. À ceux qui sont doux et indulgents, humbles et modestes, à ceux qui sont prêts à subir toutes les injustices, c'est à ceux-là qu'est promise la possession de la terre. Et il ne faut pas regarder un pareil héritage comme médiocre et sans valeur, comme s'il excluait la demeure du ciel, car on doit comprendre que nul autre que ceux-là n'entrera dans le Royaume des cieux. La terre qui est promise aux doux et qui sera donnée en propriété aux indulgents, c'est le corps des saints. (Sermon sur les Béatitudes)


440. En août, élection du pape. 29 septembre, consécration du pape.

441. Le concile régional d’Orange, tenu sous la présidence d'Hilaire, évêque d’Arles, et auquel souscrivent, entre autres, Maxime l'évêque de Riez et Salonius l'évêque de Genève, abroge le diaconat féminin.

442. Le 6ème concile de Vaison présidé par Hilaire d’Arles et auquel souscrivent, entre autres, Maxime l'évêque de Riez, Armentaire l'évêque d'Antibes et Salonius l'évêque de Genève, décrète dix canons sur la discipline ecclésiastique et affirme le martyre de Clément Ier.

443. Le concile provincial d’Arles, présidé par Hilaire, contient 56 canons : il proclame que les néophytes (juifs convertis) ne peuvent prétendre aux ordres majeurs, fixe les conditions d'élection des évêques et interdit le culte des arbres, des pierres et des fontaines (le concile est une occasion pour le pape Léon de s’échauffer contre Hilaire d’Arles qui s’attribue le droit d’assembler de grands conciles dans les Gaules). Aetius déporte les Burgondes du Palatinat vers la Savoie.

444. Le concile de Besançon dépose Célidonius, évêque de Besançon, qui a épousé une veuve. 27 juin, mort de Cyrille d'Alexandrie. Les 49 moines sont martyrisés par les berbères lors du raid de leur monastère dans le désert de Scété.

445. Le pape Léon, bravé par Hilaire d’Arles, a recours à l’empereur Valentinien III qui, par l’édit du 6 juin, place tous les évêques d’Occident sous la juridiction du Saint-Siège et ordonne aux gouverneurs de ses provinces d’y contraindre les récalcitrants ; à partir de ce moment, les papes étendent rapidement leur pouvoir spirituel, font partout acte de suprématie, assujettissent à leur approbation l’élection des évêques, changent les juridictions métropolitaines, etc. ; grâce à la protection des empereurs, l’évêque de Rome donne désormais des ordres à ses anciens collègues et exerce un pouvoir absolu ; toutefois, si ce pouvoir n’est plus contesté par les évêques individuellement, il se trouve contrebalancé par celui des évêques réunis en conciles œcuméniques. Au concile de Rome, Hilaire est retranché de la communion du Saint-Siège. Après avoir fait assassiner son frère, ATTILA étend les dominions des Huns vers la Gaule. Sur l’initiative de Léon, les communautés dualistes sont expulsées hors de Rome et de l’Italie (quelques membres essaient en vain de trouver refuge en Espagne).

Vers 447. Mérovée (Merovech), fils ou gendre de Clodion le Chevelu (considéré comme le premier roi de France jusqu’au XIXe s.), lui succède comme roi des Francs saliens.

447. Le concile de Tolède condamne le priscillianisme, l’astrologie et autres pratiques divinatoires : "Si quelqu'un croit devoir ajouter foi à la divination ou à l'astrologie, qu'il soit anathème". 21 juillet, Léon demande (lettre Quam laudabiliter) à l’évêque Turribius d’Astorga en Galice de réunir un concile général contre les priscillianistes : "Il faudra donc convoquer dans le lieu le plus convenable un concile général auquel assisteront les évêques des provinces voisines, afin d’examiner avec la plus sérieuse attention si quelques évêques ne se trouvent point souillés de quelques-unes des hérésies (priscillianisme, manichéisme) sur lesquelles je viens de vous faire savoir notre opinion. Si l’un d’entre eux en est infecté, il faudra le séparer de notre communion, à moins qu’il ne condamne positivement toutes les impiétés de cette secte criminelle. Sous aucun prétexte on ne doit point souffrir que celui qui a reçu la mission de prêcher les vérités de la foi ose se permettre de disputer contre l’évangile du Christ, la doctrine des apôtres et le Symbole de l’Église universelle. Quels seraient les disciples de pareils maîtres ? Quelle serait donc la religion du peuple ? Comment obtiendrait-il son salut s’il suivait les lois de ces impies qui, pour la ruine de la société, s’affranchissent des lois de la pudeur qu’ils méprisent ; brisent les liens sacrés du mariage ; défendent la propagation de l’espèce ; condamnent la nature de la chair, et qui, insultant Dieu Lui-même, rejettent la Trinité comme un mensonge ; confondent la propriété des Personnes qui la composent ; enseignent que l’âme de l’homme est d’essence divine, eux qui ont dit que sa chair était soumise au démon ; nomment Jésus Christ Fils unique, parce qu’Il est né d’une vierge, et non parce qu’Il est le Fils du Père éternel ; et qui, dans leur contradiction, vont jusqu’à dire que le Christ n’est point réellement de la race de Dieu ni de celle d’une vierge ; car ils affirment que sa Passion et sa Mort n’ont été que de trompeuses apparences, et que la résurrection de la Chair, s’élançant triomphante du sépulcre, n’est qu’un vain mensonge ? C’est en vain qu’ils portent le nom de chrétien ceux qui ne s’opposent point à ces impiétés. Il faut y croire pour ne point se sentir embrasé d’un saint zèle au récit de ces infamies. En conséquence, j’ai écrit aux frères et coévêques des provinces de Tarragone, de Carthagène, de Lusitanie et de Galice pour les inviter à se réunir en concile général."

448. Le concile de Galice frappe d’anathème les livres des priscillianistes. Au concile de Tyr, Ibas, évêque d’Edesse, est absous du soupçon de nestorianisme. Une révolte bagaude en Gaule centrale est dirigée par un médecin nommé Eudoxe ; battu, il se réfugie à la cour d'ATTILA. 22 novembre, le synode permanent de Constantinople accuse Eutychès d’hérésie monophysite ; Eutychès est condamné et déposé par Flavien, patriarche de Constantinople ; le pape ratifie la condamnation d’Eutychès. Théodose II ordonne de brûler tous les livres antichrétiens. En Chine, le bouddhisme devient religion d’Etat.

449. 13 juin, le pape écrit (lettre Lectis dilectionis tuæ) à Flavien, archevêque de Constantinople, contre l’hérésie d’Eutychès. 8 août, le second concile d’Ephèse, convoqué par Dioscore et Théodose, présidé par Dioscore (successeur de Cyrille) et qualifié par le pape de brigandage d’Ephèse à cause de la violence de son déroulement (Flavien est battu puis condamné au bannissement à Ephèse), rétablit Eutychès ; un concile, à Rome, condamne ce concile d'Ephèse.

Vers 450. Comme Origène, le pape fixe à trois le nombre des mages.

450. Le concile de Constantinople, réuni par Anatole, successeur de Flavien, anathématise Nestorius, Eutychès et leurs dogmes. 28 juillet, Théodose II meurt après une chute de cheval ; le 25 août, sa soeur Pulchérie (+ 453) épouse Marcien et le fait proclamer empereur. En Irlande, Patrick établit un évêché à Armagh. A l'automne, ATTILA lance un ultimatum par lequel il réclame à Valentinien III la main de sa sœur, Honoria, avec pour dot la moitié de l'Empire d'Occident ; l'empereur refuse ; ATTILA se prépare alors à envahir la Gaule ; comme il a envoyé sa cavalerie hunnique pour aider les Arméniens révoltés contre les Perses, il mobilise contre la Gaule ses alliés, à majorité germaniques. 27 novembre, à Ravenne, mort de Galla Placidia qui a soutenu le pape contre les monophysites.

451. Le concile de Rome, présidé par Léon, défend de réitérer le baptême donné par les hérétiques. 7 avril, avec ses Gépides, Ostrogoths, Skires, Suèves, Alamans, Hérules, Thuringes, Ruges, Pannoniens, ainsi que des Francs et des Burgondes, ATTILA (vers 395-453), roi des Huns, pille et brûle Metz, puis va détruire Reims et Troyes. 14 juin, ATTILA, après avoir menacé Paris (dont les habitants ont été rassurés par Geneviève, vierge consacrée par l'évêque Germain d'Auxerre, qui les a décidés à organiser la résistance : « Que les hommes fuient, s’ils veulent, s’ils ne sont plus capables de se battre. Nous les femmes, nous prierons Dieu tant et tant qu’Il entendra nos supplications ! »), échoue devant Orléans défendu par Agrippinus et l'évêque Aignan ; les Huns rebroussent chemin, mais ils seront rattrapés par le général romain Aetius, arrivé d'Italie, et les Wisigoths. Entre fin juin et début juillet, à la Bataille des Champs Catalauniques (champ des Gaulois Catalauni), à Montgueux (de Mons Gothorum qui signifie mont ou colline des Goths) dans l'Aube, à 7,5 km à l’ouest de Troyes, en un lieu appelé Campus Mauriacus ou Campi Catalaunici, ATTILA est vaincu par le généralissime et patrice des Gaulois, Aetius (qui fut otage chez les Wisigoths puis chez les Huns où il fut l’ami du jeune Attila), allié au roi wisigoth Théodoric Ier (tué au combat par l’ostrogoth Andages ; Thorismond est proclamé roi des Wisigoths) et au roi Franc salien Mérovée ; 50 000 (?) Huns, Ostrogoths, Gépides, Hérules, Skires, Ruges et Pannoniens sont défaits par 60 000 (?) Wisigoths, Francs, Saxons, Sarmates, Alains, Burgondes, Armoricains, Bretons et autres Lètes (du germanique Laeten signifiant laissés qui désigne les membres de certaines tribus vaincues laissés en vie par l’armée romaine) plus quelques cohortes de Romains ; les Huns, encerclés, se retranchent au milieu de leurs chariots ; ATTILA fait dresser au milieu de son camp un bûcher où il veut se précipiter avec ses femmes et ses serviteurs ; Aetius le sauve, en arrêtant l’élan des troupes alliées ; ATTILA pourra ainsi évacuer les Gaules, après avoir perdu, selon les chroniques romaines, 165 000 hommes (?!). 8 octobre, ouverture du concile de Chalcédoine contre le monophysisme, le nestorianisme et le docétisme ; le concile s'accorde sur le texte du Symbole de Chalcédoine définissant le dyophysisme, c'est-à-dire les deux natures du Christ, vrai Dieu et vrai homme, parfait dans sa divinité comme dans son humanité. Elles marquent une étape essentielle dans le domaine de la christologie et sont acceptées, encore aujourd'hui, par les trois principales confessions chrétiennes (orthodoxes, catholiques et protestants) ; les chrétiens miaphysites, minoritaires, rejettent l'intégralité du concile et produisent le schisme monophysite.

452. Le concile d’Arles (que certains fixent en 451), présidé par Ravennius l'évêque d’Arles, et auquel souscrivent, entre autres, Maxime l'évêque de Riez, Valérien l'évêque de Cimiez et Salonius l'évêque de Genève, décrète 56 canons ; le 22e défend de mettre en pénitence les personnes mariées sans leur consentement mutuel ; il précise la discipline ecclésiastique et les pratiques religieuses ; selon le canon 23, un évêque, qui souffre dans son territoire, sans s'opposer au scandale, que les infidèles allument des flambeaux et révèrent des arbres, des fontaines ou des pierres, est coupable de sacrilège. Le seigneur du lieu ou celui qui ordonne ces superstitions, s'ils ne se corrigent, après avoir été avertis, seront retranchés de la communion 1 ; le concile déclare que le suicide est un crime et ne peut être l'effet que d'une fureur diabolique ; il approuve la lettre que le pape Léon a écrite à Flavien de Constantinople pour remonter son courage et l’affermir dans la vraie croyance et écrit à ce sujet une lettre synodale élogieuse pour le pape. Au printemps, ATTILA assiège Aquilée (région de Frioul-Vénétie julienne) puis marche vers Ravenne et Rome par Padoue, Vicence, Vérone, Brescia, Bergame, Milan et Pavie. 11 juin, vers midi, à Ravenne, Valentinien III envoie, auprès d'Attila, une délégation, composée du pape Léon, du consulaire Avienus et du préfet du prétoire Trigetius ; Léon a demandé à ce que personne ne soit armé ; c’est lui qui marche en tête, portant l’étendard pontifical et un crucifix ; Léon revient deux jours plus tard : cette fois, Attila souhaite s’entretenir seul avec lui ; les deux hommes discutent longuement, et les compagnons du pape prient, craignant pour l’avenir de la ville éternelle ; que se disent-ils ? Nul ne le sait ; un armistice est signé avec ATTILA (qui parle couramment le latin) sur la rive du Mincio, à Roncoferraro près de Mantoue, le 6 juillet ; le pape obtient un arrangement favorable, probablement bien payé, au sujet des captifs, et convainc Attila de rebrousser chemin, d'autant plus facilement que celui-ci apprend que les troupes de l'empereur d'Orient Marcien ont traversé le Danube et attaquent les Huns sur leur territoire ; Attila quitte Rome le 8 juillet. Le 18 juillet, ATTILA prend et rase Aquilée après 3 mois de siège, puis il regagne son royaume en Pannonie où, le 15 mars 453 ou peu après, il mourra dans son sommeil, complètement ivre, étouffé par un saignement de nez (hémorragie cérébrale), durant la nuit de ses noces avec la Germaine Ildico 3.

452-464. Egidius, lieutenant d’Aetius, est patrice des Gaulois.

453. Révolte des Bagaudes en Tarraconaise, sévèrement réprimée par l'aristocratie. Les Vascons envahissent la Novempopulanie (Duché de Vasconie). 4 octobre, Concile d'Angers auquel souscrit Corentin, l'évêque de Cornouaille (Quimper). 1er novembre, Théodoric II est proclamé roi des Wisigoths à Toulouse après avoir fait assassiner son frère Thorismond. 11 novembre, mort de Pulchérie (Aelia Pulcheria), impératrice byzantine. 4 décembre, concile d’Arles, convoqué par Ravennius pour régler le conflit entre l'abbé de Lérins et l'évêque de Fréjus.

454. Valentinien III poignarde de sa propre main Aetius qui exerçait en fait le pouvoir et convoitait la main d’une princesse pour son fils auquel il rêvait de transmettre son pouvoir.

455. A cause des débats autour de la date de célébration de Pâques, Hilaire, archidiacre du pape, commande à Victorius d’Aquitaine une table partant de la date de la Passion du Christ (28 de notre ère). 16 mars, Valentinien III est assassiné par deux partisans d’Aetius : Optila et Thraustila. 17 mars, Flavius Anicius Petronius Maximus (Pétrone Maxime) est proclamé empereur par l’aristocratie romaine. 31 mai, à Rome, l’empereur Pétrone Maxime est lapidé par la foule qui l'a reconnu dans la rue ; son corps est jeté dans le Tibre. 2 au 16 juin, Genséric le Vandale (appelé par Eudoxie, la veuve de Valentinien III qui veut être vengée du meurtre de son époux) entre dans Rome qu’il pille, sans massacre ni incendie selon un accord passé avec le pape Léon (seul le Temple de Jupiter Capitolin est détruit), puis il retourne à Carthage en emportant un énorme butin et des milliers de captifs dont l’impératrice Eudoxie, ses filles et son gendre. 9 juillet, à Arles, le sénat gaulois proclame empereur romain d’occident l’Arverne Eparchus Avitus soutenu par le roi wisigoth Théodoric II.

456. Printemps-été : le maître de la milice Ricimer, un barbare arien de la tribu des Suèves, détruit une flotte vandale sur les côtes de Corse et une armée vandale près d'Agrigente, en Sicile. A l'instigation du patriarche de Jérusalem, massacre des moines monophysites de Nablus (Naplouse) par les Samaritains. 17 septembre, mort de Remistus (général de l'Empire romain d'Occident, commandant en chef de l'armée sous l'empereur d'origine gauloise Avitus, patricius installé dans la capitale impériale, Ravenne, à la tête d'un groupe de Goths) est attaqué par l'armée du Sénat, dirigées par le comes Ricimer et est obligé de s'enfermer dans Ravenne où il est bientôt assiégé ; capturé, il est mis à mort dans le palais de Classis. 5 octobre, Bataille de la rivière Órbigo : le puissant roi suève Rechiarus est défait et blessé près d'Astorga par les Wisigoths de Théodoric II qui commencent à avoir la haute main sur l'Espagne ; ils ne laissent à l'Empire que le littoral méditerranéen : les Suèves ne conservent plus que la Galice ; le royaume suève est divisé entre Agiulf et Framta ; le roi Burgonde Gondioc et son fils Chilpéric II prennent part à l'expédition comme alliés des Wisigoths. 17 octobre, Avitus est défait à la Bataille de Placentia (Plaisance) en Italie du Nord et obligé d'abdiquer par le général rebelle Ricimer ; il devient évêque de Plaisance et meurt peu après ; l'Empire restera vacant pendant 18 mois.

457. 7 février, le patrice Aspar (Alain) choisit Léon Ier, thrace de son entourage, comme empereur d'Orient ; son épouse Aelia Verina devient augusta. 28 février, Ricimer est nommé patrice par l'empereur d'Orient Léon Ier ; il installe un empereur fantoche, Majorien, avec l'intention de régner en son nom. 1er avril, Majorien est proclamé empereur d’Occident par l'armée de Ravenne ; Léon Ier ne lui reconnait que le titre de césar. 28 décembre, Majorien se fait proclamer empereur d'Occident pour la seconde fois et est reconnu par l'empereur d'Orient Léon Ier le Grand.

458. Jérusalem devient ville patriarcale. Dans une nouvelle Rome, plus pontificale que romaine, un édit de Majorien transforme en carrières les édifices antiques.

459. 5 avril, jour de Pâques, à Régies en Maurétanie, massacre dans l'église durant la persécution du roi arien Genséric. Concile de Constantinople contre les simoniaques. Rémi (+ 533) est évêque de Reims.

460. Première léproserie en France dans le Jura, près de l’abbaye de Saint-Claude.

461. 17 mars, mort de Patrick, évêque d'Irlande ; "Parmi les peuples, je ne cesse d'exulter et de magnifier ton nom, où que je puisse me trouver et pas seulement quand tout va bien, mais aussi dans les difficultés. Quoi qu'il m'arrive, de bien ou de mal, je dois en conséquence l'accepter d'une âme égale, et toujours rendre grâce à Dieu qui m'a montré comment avoir en lui une foi indéfectible et sans limite" (Profession de foi de saint Patrick). 2 août, à Tortone, entre Gênes et Pavie, Majorien est fait prisonnier par le patrice Ricimer. 7 août, Ricimer fait décapiter Majorien. 10 novembre, mort du pape Léon. 14 au 18 novembre, concile de Tours auquel souscrivent Anthemius (ou Athénius) le premier évêque de Rennes, Venecandus (Conogan) l'évêque de Cornouaille et Mansuet l'évêque des Bretons. 19 novembre, Ricimer porte Libius Sévère à la tête de l’Empire.


Notes
1 Histoire de l'Eglise gallicane Volume2 par Jacques Longueval, 1825.
2 http://www.abbaye-saint-benoit.ch/gueranger/anneliturgique/paques/paques02/saints/031.htm
3 http://fr.wikipedia.org/wiki/Attila

Sources


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Auteur : Jean-Paul Coudeyrette
Référence publication : compilhistoire.fr ; reproduction interdite sans l'autorisation de l'auteur.

Date de mise à jour : 05/04/2024

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